Alors que le grand méchant Amazon va implanter un centre de distribution logistique au Canada, pour s'assurer une meilleure présence sur le territoire voisin, la Canadian Booksellers Association vient de formuler une demande auprès du gouvernement fédéral pour que ce dernier reconsidère les restrictions qui sanctionnent aujourd'hui l'importation de livres dans le pays.
Selon l'ABC, les conditions actuelles ne sont « commercialement plus raisonnables et doivent être abrogées ». Un message reçu par le ministre de Patrimoine, James Moore la semaine passée. À l'heure actuelle, les libraires doivent se fournir exclusivement auprès de gros distributeurs canadiens, ou les filiales des maisons canadiennes (genre HarperCollins Canada et autres).
Si les titres ne sont pas proposés par ces groupes, les librairies peuvent les acheter directement aux États-Unis, où ils leur sont vendus à 10 % plus cher que le prix proposé aux USA.
L'actuel président de l'ABC, Mark Lefebvre, estime que la situation est donc anti-concurentielle et dénonce les droits de douane exercés sur le public canadien qui achète les livres ainsi proposés par les libraires.
Australie, Canada, même combat
Évidemment, on se retrouve dans une logique assez similaire à celle qui a été réfléchie en Australie. Les conditions pour ces derniers sont assez proches, à une différence près : tout éditeur dispose de 30 jours pour mettre en vente un livre acheté à un éditeur anglophone, avant que le libraire n'ait le droit de se fournir directement auprès de l'éditeur concerné. Une situation qui avantage évidemment les maisons d'édition australiennes, tout en se répercutant financièrement sur les consommateurs.
Ce qui devient cependant schizophrénique en l'état actuel, c'est que parmi les solutions évoquées par les acteurs du livre en faveur d'une modification de la législation australienne... on tablait sur l'idée de s'inspirer du modèle canadien. En autorisant en effet l'achat à des éditeurs tiers quand le prix affiché par l'éditeur local est trop élevé, on contournerait ainsi les problèmes posés.
La proposition n'aura pas été retenue, et le pays a décidé de conserver sa loi, sans la modifier. Mais un autre problème s'est posé : celui des cybermarchands auxquels les clients s'adressent directement. Constatant les économies intéressantes - en dépit des frais de livraison- ces dernier ont rapidement trouvé une voie tierce à leurs préoccupations.
Les cybermarchands...
Pour le Canada, le problème est le même : tout consommateur qui achète via une plateforme de vente en ligne des États-Unis ne verse pas une piastre aux éditeurs locaux. Un assouplissement serait donc le bienvenu, préconise l'ABC.