Tous les risques étaient réunis, désormais les premiers boulets rouges ont été tirés : l'union des écrivains palestiniens s'est élevée contre la présence d'Israël, invité d'honneur du Salon du livre 2008 à Paris. Le président Al-Moutawakel s'est ainsi adressé « aux maisons d'édition palestiniennes et arabes pour leur demander de boycotter ce Salon ». Et d'écraser son stylo sur la page : « Il n'est pas digne de la France, le pays de la Révolution et des droits de l'Homme d'accueillir dans son Salon du livre un pays d'occupation raciste. »
En invitant le pays, Paris est accusé de « légitimer tous ses agissements fascistes » et par conséquent, « la France ne doit pas réserver un tel honneur à Israël », a-t-il poursuivi.
Le boycott frappe donc en France, comme nous pouvions le redouter, ainsi qu'il frappera à Turin pour la Foire du livre. Et les menaces de boycott fuseraient de toutes parts, puisque Christophe Ono-dit-Biot avait déclaré au Point que les éditeurs algériens et marocains embrayeraient le pas et prendraient également pour prétexte la présence d'Israël pour ne pas se rendre au Salon.
En Égypte, Israël comme invité d'honneur est un choix « inacceptable alors qu'Israël se livre comme jamais aux violations des droits de l'Homme » a déclaré Mohamed Salmawy, président de l'Union des écrivains égyptiens et de l'Union des écrivains arabes. Flattant la bête dans le sens du poil, Salmawy joue également et une nouvelle fois sur le pathos en se disant très déçu « et surtout parce que cela se passe en France qui a toujours eu une politique plus objective et de défense des droits de l'Homme ».
L'image du salon ternie
En dépit de la réponse formulée par Pascale Andréani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères pour qui « chaque année il y a un pays qui est invité d'honneur », elle estime « extrêmement regrettable » ce possible boycott.
Dans un autre mouvement, facilité par les rumeurs qui vont désormais bon train, les attaques plus ciblées, et pourtant infondées se multiplient. « Nous aurions souhaité voir la France faire du Salon du livre une occasion pour marquer le 60e anniversaire de la Nakba au lieu de prendre parti pour le bourreau aux dépens de la victime », avait ainsi précisé M. Taha.
Nakba désigne en effet l'occupation par l'État d'Israël des anciens territoires palestiniens. La question reste donc : quelle victime doit-on préférer ?