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Yachar Kemal

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Critique littéraire

YACHAR KEMAL. Forgeron obligé d'écriture

Yachar Kémal, moins que le romancier-paysan que l'on a complaisamment décrit, est le romancier du déplacement, d'un mouvement encore indécis, dans le monde turc des débuts de la République kémaliste à nos jours, monde en quête de repères, de buts, déplacement guidé pour beaucoup par le seul espoir d'un peu plus de liberté. Le propos du romancier est de dire et d'accompagner ce passage dont il est partie prenante : d'une dimension verticale qui unit la communauté à la terre d'une part, au ciel de l'autre, l'inscrivant dans une perspective cosmique - c'est le rôle du pilier de la tente des nomades - nous passons à l'horizontalité d'un maillage serré qui manifeste des formes nouvelles et multiples de contrôle et de mainmise. La parole de Yachar Kémal est d'abord une parole qui soumet à son examen l'exercice des pouvoirs quels qu'ils soient, y compris le sien.

09/1998

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Littérature étrangère

Au-delà de la montagne N° 1 : Terre de fer, ciel de cuivre

Les habitants de Yalak, village de Taurus complètement isolé du reste du monde par le terrible hiver (c'est la terre de fer), vivent dans l'attente de celui qui doit venir - il en a le droit - les déposséder de tout : grains, bêtes, et jusqu'aux "culottes de leurs femmes". Celui qui doit venir est le riche marchand de la ville, Adil Efendi. La mauvaise récolte ne leur a pas permis de lui rembourser ce qu'ils lui doivent. A la menace de dépossession s'ajoute la conviction du déshonneur : dans tous les villages du Taurus, la tradition exige que les dettes soient payées après la cueillette du coton. Un seul d'entre eux, Tête de Pierre, surmonte la terreur aussi bien que le sentiment de la faute. Une lutte de prestige s'engage alors entre lui et le maire, personnage double et veule, lutte au cours de laquelle, peu à peu, dans les maisons de torchis que le gel retient de s'écrouler avant le printemps, naît le mythe : Tête de Pierre n'est-il pas un prophète, un saint peut-être ? D'abord sceptique, le héros désigné finit par s'en convaincre lui-même.

05/1977

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Littérature étrangère

Salman le solitaire Tome 2 : La grotte

Bien que deuxième tome de la trilogie de Salman le solitaire, La grotte est un roman en soi : celui de la peur. Salman a pris la fuite après avoir assassiné son père adoptif, Ismaïl agha ; il ne revient plus que pour de brèves incursions, mais la terreur qu'inspire le parricide est partout : dans le village, dans la nature sauvage et grandiose qui l'entoure, et jusque dans les villes les plus proches, colportée par des rumeurs invérifiables, mais rappelée aussi par des horreurs bien réelles, cadavres crucifiés ou décapités, chatons et chevaux égorgés, autant de signaux que Salman adresse au petit Moustafa, dont les camarades partagent l'épouvante. Et tout cela amplifié par les rodomontades des aventuriers picaresques qui viennent proposer leurs services à la veuve d'Ismaïl agha, la belle Ziro, pour lui extorquer ses dernières pièces d'or ou la demander en mariage. Brave Petit Poucet perdu entre tous ces indices, et qui apprend très tôt la veulerie des adultes, Moustafa se bat avec tout son courage contre les dangers qu'il voit surgir partout. Mais lorsque le monde autour de lui devient trop menaçant, c'est dans la grotte, pourtant le symbole même de la peur avec ses chauves-souris, qu'il ira se réfugier. Comme dans la plupart des romans de Yachar Kemal, les principaux personnages du livre sont des enfants, avec leur fraîcheur, leurs amitiés, leurs rapports avec la nature, leur univers de mythes et de rêves. Un roman où l'autobiographie a joué un grand rôle.

04/1992

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Littérature étrangère

Le pillier

Le Pilier, c'est Méryémdjé, la vieille paysanne anatolienne. Comme tous ceux de son village, poussée par la faim, elle s'est mise en route vers la plaine d'Adana, où pousse le coton, où il y aura peut-être du travail et à manger. Ce voyage a inspiré à Yachar Kemal, l'auteur de l'inoubliable Mèmed le Mince, une admirable épopée.

02/1966

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Poches Littérature internation

Mèmed le Faucon

Mèmed le Mince, le bandit d'honneur turc, le jeune et légendaire hors-la-loi, aide les paysans du village de Vayvay, soumis à l'implacable oppression de l'insatiable Ali Safa Bey, à changer d'attitude. grâce à la présence de cet allié mystérieux et puissant, les actes de résistance se multiplient, la rébellion éclate. Mèmed quitte son refuge et, sûr de la complicité profonde du peuple, tue Ali Safa Bey. Un roman d'aventures, une épopée lyrique et aussi un roman réaliste.

07/1993

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Littérature étrangère

Salman le solitaire Tome 3 : La voix du sang

Après Salman le Solitaire et La grotte, La voix du sang achève la trilogie consacrée aux aventures d'une famille Kurde qui a dû fuir les Russes pendant la Première Guerre mondiale pour se réfugier dans le sud de la Turquie.Salman a assassiné Ismaïl agha dont le fils, Moustafa, vit dans la hantise d'être tué à son tour et communique sa terreur aux enfants du village. Seule le distrait de sa peur et de son désir de vengeance la fascination qu'exerce sur lui la belle Éminé, qui aimait Ismaïl agha d'un amour vain et que Salman vient voir. Au gré des saisons qui passent dans la superbe vallée de la Tchoukourova, ponctuées par l'arrivée des hirondelles, la récolte du coton, les chutes de neige et les irruptions menaçantes de Salman, le village entier participe à l'histoire de Moustafa. Il constitue, sous la plume de Yachar Kemal, tout à la fois un choeur antique et une extraordinaire galerie de portraits : il y a Mèmet l'Oiseau, Youssouf la Chenille, Ali le Sergent, toujours à la poursuite de l'aigle qui le nargue, Abbas, le vieux sculpteur sur bois. Mais il y a surtout, là-bas, "de l'autre côté du Mont Dudul", une contrée fabuleuse où Moustafa cherche à s'enfuir et qu'il finira par atteindre après la mort de Salman, au risque de voir s'effondrer ses rêves d'enfant.

11/1995

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Littérature étrangère

Le Dernier combat de Mèmed le Mince

Depuis 1955, date à laquelle les lecteurs turcs découvrirent les premières aventures d'un jeune justicier, Mèmed le Mince est devenu, avec les années, un héros légendaire, pour se transformer souvent en une créature de chair et de sang. Une anecdote résume la place prise par ce personnage de roman dans la mémoire collective de son pays : «Mèmed, ce n'est pas toi, déclara un jeune berger, l'oeil méfiant, à Yachar Kemal. Mèmed, je le connais bien, va ! Je le rencontre si souvent dans la montagne !» Dans ce dernier tome, Mèmed tente une fois de plus de découvrir la paix et le bonheur. Il s'éloigne des montagnes où il a vécu en hors-la-loi et décide de mener une vie nouvelle au bord de la Méditerranée, dans un gros bourg entouré de plantations d'orangers et de citronniers : le paradis. La vieille Huru et Seyrane, qui attend un enfant, viennent l'y rejoindre. Mais autour de lui, il n'est question que des combats que Mèmed le Mince et Ferhat hodja continuent à mener au loin, dans les montagnes, avec l'aide de centaines de jeunes paysans armés, qui se font tous appeler Mèmed. Et puis au bord de cette mer si belle, sous ce ciel clément, sur cette terre si riche, si douce, les journaliers sont aussi opprimés que les paysans sans terre de la région du Taurus. Mèmed se reproche la vie trop facile qu'il mène. Le mystérieux inconnu qui surgit sans cesse sur son chemin, est-ce un ami, un ennemi, ou tout simplement l'ancien Mèmed le Mince, celui qui ne rêvait que de justice ? Il ne connaît plus la paix. Et quand est assassiné son ami l'instituteur, qui se battait seul contre les grands propriétaires, Mèmed, repris dans l'impitoyable engrenage qui a fait de lui un redresseur de torts, abat l'agha qui a ordonné ce meurtre, et retourne à ses montagnes, où il rejoint ses compagnons de lutte. Jusqu'au dernier combat, jusqu'au jour où il disparaîtra. Et les gens diront : «On n'entendit jamais plus parler de Mèmed le Mince, jamai on ne retrouva ses traces...» Nous retrouvons ici le souffle puissant, le lyrisme éblouissant de Yachar Kemal. Et bien des personnages de sa grande saga : Ferhat hodja, Bayramoglou, l'ancien brigand au grand cour, Ali le Boiteux, Petite-Mère Sultane, accusée de sorcellerie, et dont la mort sera impitoyablement vengée... L'alezan ensorcelé hante toujours le Taurus, avec ses majestueuses forêt et ses pics, où «tout n'est plus que roche dénudée», comme l'écrivait Vinci dans ses Carnets. Et aussi la mer, dont la description par le grand écrivain devient un fragment d'épopée.

03/1989

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Littérature étrangère

Les Seigneurs de l'Aktchasaz Tome 2 : Tourterelle, ma tourterelle

Si, dans Meurtre au marché des forgerons, Kemal nous contait l'histoire sanglante d'une vendetta entre les Akyollous et les Sarioglous, on y assistait déjà à la décadence de ces deux grandes familles, ainsi qu'à l'avènement au pouvoir de nouveaux riches. Tourterelle, ma tourterelle, deuxième volume de la trilogie Les seigneurs de l'Aktchasaz, voit cette décadence accomplie, du moins en ce qui concerne Moustafa Akyollou, malade et abandonné, qui passe sa vie dans son lit à rêver de vengeance. Mais Derviche Sarioglou, lui, n'a pas renoncé : pour se débarrasser d'un pauvre type utilisé par ses nouveaux ennemis pour l'insulter, il arme le bras du jeune Youssouf, fils d'un de ses serviteurs. Youssouf accepte naïvement. Mais au moment d'agir, pris de peur, il cherche en vain à prendre la fuite et se retrouve prisonnier d'un univers onirique où, sans cesse, il vient buter contre le cadavre de l'homme qu'il devait abattre. Est-ce bien lui qui l'a tué ? En tout cas, tout l'accuse. A présent, il est devenu dangereux pour Derviche Bey. Une seule solution, comme toujours : la mort. Mais c'est la fin aussi des traditions de loyauté et d'hospitalité qui constituaient le fondement de l'univers de Derviche Sarioglou.

05/1982

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Littérature étrangère

Une histoire d'île Tome 2 : La tempête des gazelles

L'Île Fourmi, sur la mer Egée, est un îlot paradisiaque, mais désert depuis que la population grecque en a été chassée après la Première Guerre mondiale. Peu à peu, de nouveaux arrivants débarquent, groupes bigarrés venus de tous les coins de l'ancien Empire ottoman. Tous ces migrants portent en eux le goût pour l'aventure, mais aussi les traumatismes et les cauchemars engendrés par les conflits armés. Chacun d'eux tente de recréer une patrie sur ce morceau de terre, tandis que des millions de fugitifs errent encore à travers l'Anatolie. Le roman s'ouvre sur l'arrivée d'un inconnu à la recherche de Poyraz Musa et qui semble vouloir le tuer. Au fil du texte, de nombreux personnages apparaissent, de toutes origines et confessions, formant une véritable arche de Noé d'une humanité rescapée. Ils apprendront à se connaître, et formeront peu à peu, dans un irrépressible besoin de fraternité, une sorte de conjuration amenée à subir de dures épreuves. La tempête des gazelles, récit limpide et d'une beauté sereine, révèle une fois encore le regard pénétrant que Yachar Kemal porte sur l'histoire du XXe siècle et le cour des êtres humains.

11/2010

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Littérature étrangère

La saga de Mèmed le Mince

Mèmed est le premier cycle romanesque de Yachar Kemal, dont l’écriture l’a occupé pendant plus de trente ans. Le tome I a été publié en turc en 1955, le II en 1969, le III en 1984, le IV en 1987. Les lieux, les personnages et leur psychologie s’enracinent directement dans l’enfance de Kemal, né dans une tribu turkmène, dans une famille où l’on rencontrait aussi bien des bardes qui célèbrent les hauts faits des vivants et des morts et la splendeur de la nature que des bandits d’honneur qui avaient « pris le maquis », brigands qui serviront de modèles au personnage de Mèmed. La mère de Mèmed est une jeune veuve et l’enfant travaille dur dans les champs de coton, dont il revient le soir tout ensanglanté par les chardons qu’il doit arracher, pour assurer leur survie. L’agha local, un de ces paysans parvenus et sans scrupule qui ont les pleins pouvoirs sur les faibles, s’en prend à ces deux êtres sans défense. C’est là que la révolte de Mèmed prend racine et c’est ce qui fait de lui un bandit au grand coeur réfugié dans la montagne. Sa révolte ne fera que croître au cours de nombreux épisodes, dont le principal est l’amour passionné et partagé de Mèmed pour Hatché, la jeune fille qu’il enlèvera au mépris des plans de mariage décidés par l’agha. L’argent volé aux paysans, la corruption, les trafics en tout genre, l’arbitraire, l’avidité, voilà contre quoi Mèmed va lutter tout au long de cette épopée dont les rebondissements trouvent leurs sources dans la ruse et la cruauté des accapareurs de terres qui dépouillent une population sans défense, mais aussi sans courage. Le bandit d’honneur qu’est Mèmed sauve parfois la vie des faibles, plus souvent encore leur honneur et leurs droits en usant de ruse, de violence et de meurtre. Si le terreau de l’enfance est la première source de Mèmed, une grande culture littéraire a permis à Kemal d’en opérer la transformation en chef-d’oeuvre épique.

04/2011

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Littérature française

Et la mer se fâcha

Dans le café de Ménekché, village de pêcheurs proche d'Istanbul, le jeune Zeynel tue à bout portant Ihsan le maquereau. Sélime lui crache alors au visage, mais il ne le dénoncera pas à la police. Désormais les destins de ces deux hommes, si différents, seront indissolublement liés, dans une lente progression qui les conduira inéluctablement l'un vers l'autre, jusqu'à la fin tragique. Cependant Zeynel, qui a peur de Sélime, fuit à Istanbul où se déroule une chasse à l'homme, à mesure que grandit sa légende, alimentée par les journaux, par les rumeurs les plus invraisemblables et par les photos de faux assassins, tandis que Sélime, le Pêcheur au cour pur, poursuit sur sa barque un rêve d'amour qu'accompagne la tristesse d'avoir vu massacrer ses amis les dauphins dont on dépèce les corps sur la plage pour les brûler et recueillir leur huile. Ce roman qui met en scène de nombreux personnages, tels Moustafa le Borgne, Hassan le Boiteux, la belle Zuhré assassinée par son mari, le petit Doursoune Kémal qui adore Zeynel, Husséyine l'indicateur et Véziroglou le gangster milliardaire, souvent agités par des sentiments contradictoires, à la fois généreux et cupides, lâches et téméraires, tendres et cruels, se déroule dans un décor d'une beauté saisissante, où les jeux de lumière, sur la mer et dans les îles, s'opposent à l'agitation et aux bruits du port, des marchés, des embouteillages d'Istanbul, ville «corrompue, divisée en mille factions, puante, menteuse, mauvaise, qui a perdu son âme...». Une beauté qui rachète toutes les horreurs et tous les crimes, il suffit, pour la voir, d'ouvrir les yeux. Pour la première fois, dans ce livre, Yachar Kemal aborde, avec le thème d'Istanbul, la période agitée des années 1970, où ses héros, des gens du peuple, se trouvent entraînés avec leurs passions dans des conflits qui les dépassent et dont ils ne perçoivent pas les enjeux.

10/1985

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Littérature étrangère

La Légende des mille taureaux

L'auteur de Mèmed le Mince trouve le ton de l'épopée pour relater l'aventure d'une tribu de Turcomans, nomades à qui l'on refuse les sites traditionnels où ils menaient leurs troupeaux à la pâture. Dans ce combat désespéré pour survivre où, comme toujours, les pauvres et les humbles s'affrontent aux riches et aux puissants, on rencontre quelques figures inoubliables. C'est Süleyman, le chef, et aussi Haydar le forgeron qui a fait la plus belle épée du monde, et surtout les amoureux, Halil et Jeren, au sort tragique. Les histoires de ce grand conteur qu'est Yachar Kemal atteignent ici une dimension mythique. Le romancier nous fait voir la ruée nocturne des Mille Taureaux, qui anéantissent les maisons, les villes, les voitures, les camions et les trains, puis, retournant à leur demeure, forment la Montagne Binboga.

05/1979

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Littérature étrangère

Alors les oiseaux sont partis

Chaque année, à l'automne, des nuées de petits oiseaux de toutes sortes s'abattent sur le Plan de Florya, bande de plage voisine d'Istanbul. Une coutume qui remonte à l'époque de Byzance voulait qu'à la porte des mosquées, des églises et des synagogues les gens achètent ces oiseaux et les laissent ensuite s'envoler, messagers qui plaideraient leur cause au paradis. Mais aujourd'hui, les trois enfants miséreux, Sémih le loubard, Hayri aux yeux en triangle et Suleyman le Long, ont beau remplir leurs cages, au point que des oiseaux y meurent étouffés, non seulement personne ne veut plus gagner son paradis, mais sur les places publiques, au bruit des voitures et aux appels des cireurs de chaussures et des marchands de boulettes de viande se joignent bientôt les insultes et les moqueries des passants. C'est sur ce thème que Kemal développe son récit qui vous serre le coeur, où la cruauté, l'indifférence et l'incompréhension, souvent dues à l'ignorance et à l'oubli, ne laissent plus de place à la joie d'un instant, au geste d'une main qui s'ouvre, comme ça, pour rien, pour la liberté.

10/1983

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Poches Littérature internation

Mèmed le Mince

Sur un plateau des contreforts du Taurus, un village sous la férule d'un agha local : un adolescent, Mèmed, dit le Mince, s'est heurté à son autorité et n'a qu'une ressource : le banditisme. Craint les riches et des oppresseurs, aimé des pauvres, il devient un personnage légendaire à travers plaines et montagnes d'Anatolie. ce roman d'aventures d'un moyen Age dont nous sommes les contemporaines est à la fois une épopée lyrique et un chant de révolte prolétarien.

06/1979

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Littérature française

Salih l'émerveillé

Dans un petit port de pêche de la mer Noire, aux environs d'Istanbul, un enfant, Salih l'Emerveillé, doit son surnom à la fascination qu'exerce sur lui un univers qu'il découvre sans cesse : la mer et le ciel et les grands bateaux bleus et les poissons dorés et les guêpes aux ailes diaphanes et les flammes de la forge et les mains de l'homme qui donnent la vie au fer et au bois, mais aussi le courage et la lâcheté, la bonté et la cruauté, l'amour et l'injustice ; un monde réel qui se confond avec celui de ses fantasmes. La vieille grand-mère qui passe ses jours et ses nuits devant son métier à tisser, en attendant le retour du jeune et beau mari qui l'abandonna autrefois, est, pour Salih, une sorcière aussi redoutable que celle des contes de fées ; Che Guevara est le fiancé d'une jolie touriste ; Témel le maître pêcheur et Métine le contrebandier passent leurs soirées à boire du vin violet avec le roi des corsaires. Et tout au long de la côte, les équipages des voiliers, qui vivent du trafic d'armes ou de cigarettes américaines, s'entre-tuent toujours comme des personnages de films de pirates. Salih, qui cherche désespérément à sauver une petite mouette à l'aile brisée, se heurte à l'indifférence et à l'égoïsme. En vain, il tente d'opposer ses rêves à l'implacable réalité. La mouette mourra, Métine sera tué... Salih a fait l'apprentissage d'une vie sans pitié.

06/1990

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Littérature étrangère

Une histoire d'île Tome 1 : Regarde donc l'Euphrate charrier le sang

La petite population grecque de l'Ile-Fourmi - sorte de paradis miniature sur terre - vit en bonne intelligence avec les villages turcs de la côte. Mais nous sommes en 1923, et le traité de Lausanne prévoit un gigantesque échange des populations pour mettre fin à la guerre. Le roman de Yachar Kemal débute au moment où la nouvelle de l'exil forcé éclate sur l'île, comme partout en Asie Mineure, où plus d'un million de Grecs doivent faire leurs bagages, tandis qu'un demi-million de musulmans doivent quitter la Grèce. Le jeune Vassilis, survivant de l'enfer des Dardanelles et du front du Caucase, refuse de partir. Il se cache, seul dans l'île désertée par tous, ayant juré sur la Bible de tuer le premier qui y mettra les pieds. C'est un étrange personnage, Poyraz Musa, jeune officier ottoman, lui aussi héros de la guerre et fuyant visiblement son passé, qui débarque le premier sur l'île, décidé à s'y installer. Les deux hommes vont alors se croiser au fil d'un étrange jeu du chat et de la souris, où les horreurs de la guerre qu'ils ont partagée ne sont jamais absentes. Ce dernier roman de Yachar Kemal revient sur un chapitre oublié de l'Histoire du XXe siècle, d'une actualité malheureusement intacte, et impressionne le lecteur par son souffle épique exceptionnel.

06/2004

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Critique littéraire

Entretiens avec Alain Bosquet

Yachar Kemal et Alain Bosquet se sont rencontrés au sommaire d'une revue américaine, dès 1957. Depuis la publication en France de Mèmed le Mince, ils entretiennent une amitié vive et véhémente. De leurs rencontres et de leurs pugilats est née, en 1984, l'idée d'un dialogue plus exhaustif. Comme ils ne parlent pas la même langue, ils se sont écrit longuement. Ces entretiens se sont terminés en 1989 : il a fallu les revoir, les resserrer, leur donner une forme dense et drue. Yachar Kemal y parle de son enfance fabuleuse, de la situation de la Turquie, de ses propres drames, de la difficulté d'être un écrivain dans un pays où la démocratie connaît des hauts et des bas. Il s'exprime aussi sur la littérature universelle et ne craint pas de prendre parti : on peut être un romancier épique et un homme d'action. Il a paru souhaitable de publier ce livre tel qu'il a été rédigé il y a trois ans, sans rien changer aux réflexions politiques, dont certains détails peuvent ne plus s'appliquer. Ce qui compte, c'est l'exceptionnelle richesse du tempérament, chez Yachar Kemal.

04/1992

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Littérature française

Kamal Jann

Kamal Jann, Syrien de 40 ans, avocat d'affaires à Manhattan, est un mystère. Sa réussite professionnelle recouvre son drame : son oncle, chef des services de renseignements syrien, homme redoutable et redouté, a fait tuer ses parents quand il avait 12 ans, mais il a aussi financé ses études à New York. Quand, début septembre 2010, la CIA l'avertit que son frère djihadiste, resté en Syrie, va commettre un attentat terroriste à Paris, Jann comprend qu'il va devoir cette fois s'engager dans la toile d'araignée des services secrets occidentaux pour faire tomber son oncle et le pouvoir syrien. Un roman puissant et sombre. Entre Damas, Beyrouth, New York ou Paris, une mosaïque de personnages liés par des relations ambiguës où le pouvoir, le désir, la manipulation, la survie poussent leurs pions sur un échiquier dément et sanglant. Une chorégraphie puissamment orchestrée où violence, trahison, peur, lâcheté, mensonge et corruption rendent impossible le moindre règlement politique au Moyen-Orient tant que les dictateurs en place serviront les intérêts de tous ceux qui ont le pouvoir en ce monde. Kamal Jann est le produit de ces interactions, de cette schizophrénie arabe, de cette conscience éclatée, pour qui l'appartenance au clan, la révolte et la liberté sont incompatibles.

01/2012

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Autres collections (6 à 9 ans)

Zémal & Senseule

"Zémal et Senseule sont frères. Ils vivent avec leurs parents dans une maison sans air. Car depuis quelque temps, il n'y a plus de chant, mais que des pleurs. La vie devient dure, quel malheur ! "

01/2023

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Histoire internationale

Docteur Bachar, Mister Assad

Bachar el Assad n’était pas normalement le successeur de son père, Hafez. Médecin, ophtalmo, il se destine à l’ouverture d’un cabinet à Damas après ses études à Londres. Mais la mort accidentelle de son frère Bassel en 1994 va changer radicalement le destin de Bachar. Il devient l’héritier. Après la mort d’Hafez en 2000, il monte au pouvoir, porté par les caciques du parti Ba’ath. Durant quelques mois, il va essayer de réformer modestement son pays. Il apparaît un temps qui appelle à la modernisation des institutions, comme Mohamed VI et Abdallah II l’ont fait chacun dans leur pays, suite aux décès de leurs pères respectifs. Mais ceci n’a qu’un temps ! En 2005, l’assassinat non revendiqué de Rafic Hariri provoque le divorce entre la Syrie et le Liban. Et en 2006, la guerre qui oppose le Hezbollah et Israël, va entraîner Bachar à trancher en faveur du parti de Nasralla. L’année suivante, l’élection de Sarkozy va remettre la Syrie dans le concert international. Les Américains et les Français ont besoin d’un intermédiaire pour contre balancer la politique hégémonique de l’Iran. En 2011, les révoltes éclatent aussi en Syrie. Entre répression et pourrissement de la situation.

11/2011

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Première guerre mondiale

1915, les Dardanelles. Kemal vs Churchill

Pour sortir de l'impasse de la guerre des tranchées en France et en Belgique, Winston Churchill, alors Premier Lord de l'Amirauté, réussit à convaincre le gouvernement anglais et ses alliés, de tenter une attaque par le sud, contre l'Empire ottoman, grâce à la marine alliée qui doit forcer le détroit des Dardanelles pour aller bombarder Constantinople. Rien ne se passe comme prévu et les Alliés sont forcés de débarquer des troupes, qui se trouvent vite bloquées par le corps d'armée turc de Mustapha Kemal, le futur Kemal Ataturk.

12/2021

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Turquie

Kémal Atatürk. Père fondateur de la Turquie

Travailleur acharné, charmeur et bluffeur, Kemal Atatürk (1881-1938) a réalisé une étonnante marche au pouvoir : en 1923, il met fin au sultanat ottoman, proclame la république de Turquie et en devient le premier président. Ayant vaincu l'occupant allié après la Première Guerre mondiale, Atatürk impose à son pays des réformes radicales - occidentalisation, laïcité, droit de vote des femmes. Fondateur de la Turquie moderne et véritable mythe, il reste au centre des aspirations, des contradictions et des déchirements du pays : problème kurde, entrée dans l'Europe, question de la laïcité du monde musulman... A partir de sources inédites et des témoignages directs, Alexandre Jevakhoff dresse le portrait de ce chef d'Etat moderne, au carrefour de l'Occident et de l'Orient, du XIXe siècle et du monde contemporain.

06/2021

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Histoire internationale

Mustapha Kémal ou la mort d'un empire

C'est au destin, vraiment hors série, du premier président de la Turquie kémalienne - celui que l'on a appelé "le loup gris d'Angora" - qu'est consacré ce volume. Un portrait en pied, qui se détache sur le fond de l'un des phénomènes historiques les plus importants de notre temps : le réveil des peuples du Proche et du Moyen-Orient, vu ici sous son aspect turc. Héritier d'un empire cerné par les armées anglaise, française et russe, ramené aux dimensions d'un petit pays agricole guetté par la misère, Mustapha Kémal déclare peu avant sa prise de pouvoir : "Il faut faire plus qu'une révolution ! " La Turquie n'existe pas encore. Il faut la mettre au monde. oeuvre harassante à laquelle il se consacre jusqu'à son dernier jour et qui lui permit de léguer à ses successeurs une jeune nation, pantelante et exsangue, mais transformée de fond en comble et déjà tressaillante d'une vitalité nouvelle. Tel est le passionnant tableau d'histoire contemporaine, d'une étonnante actualité, qui vous est offert ici, sous la plume d'un l'historien consommé et d'un écrivain de grand talent. La réalité, une fois de plus, on le verra, dépasse tout ce que l'imagination peut concevoir, car l'oeuvre de Mustapha Kémal est véritablement sans précédent dans l'Histoire.

11/1954

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Turquie

Mustafa Kemal invente la Turquie moderne (1919-1924)

Paul Dumont, historien spécialiste de la Turquie, retrace l'histoire de la Turquie de la Première Guerre mondiale aux premières réformes d'Atatürk dans un livre synthétique et accessible à tous. L'histoire de la Turquie, de la fin de la Première Guerre mondiale aux premières réformes d'Atatürk Comment un général isolé, désavoué par le Sultan, éloigné des instances politiques turques traditionnelles, à la tête d'une troupe de soldats épuisés par quatre années de guerre, a-t-il réussi à s'opposer efficacement à deux des plus grandes puissances d'Europe (la France et l'Angleterre), et à accomplir une révolution qui a contribué à façonner le visage d'une large partie du monde ? La Turquie nouvelle qui succède en 1923 à celle des sultans a pour ambition principale de vivre libre, indépendante et tournée vers le modernisme. Désormais et pour de nombreux peuples à la recherche de leur identité, la révolution kémaliste sera une référence et un prototype : une large partie des démarches accomplies depuis et jusqu'à aujourd'hui par les Etats musulmans et afro-asiatiques découle de l'expérience kémaliste. Un livre proposé par André Versaille. Première édition : Complexe, 2006.

03/2023

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Actualité et médias

Dans la tête de Bachar al-Assad

Aucune notion de science politique ne peut définir la nature du pouvoir de Bachar al-Assad. Ressemblant par certains traits aux dictatures d'Amérique latine, par d'autres aux anciens régimes d'Europe de l'Est, il s'en distingue par son caractère héréditaire et communautaire, une propension inouïe à la violence contre son peuple. Massacres génocidaires, bombardements "conventionnels", attaques chimiques, Bachar al-Assad franchit impunément toutes les lignes rouges. On l'imagine s'adressant, en fils reconnaissant, au spectre de son géniteur : "Tu as massacré 20 000 personnes à Hama ? Moi, c'est beaucoup plus, beaucoup beaucoup plus, on compte les morts par centaines de milliers. Je ne te cache pas que j'ai été aidé par toutes sortes d'amis, les Iraniens et les Russes en particulier..." Au fil des pages, les auteurs dessinent le portrait d'un tyran à l'image moderne et lisse, qui a su perfectionner un système : parti unique, le Baath, élections truquées, enrichissements claniques mafieux, diabolisation de l'opposition, tortures, exécutions sommaires, police secrète omniprésente, armée d'informateurs, muftis et patriarches à sa botte, instrumentalisation du conflit israélo-palestinien... Pour aboutir à un modèle totalitaire qui n'a rien à envier aux pires dictatures de l'histoire et n'a pas gêné ses soutiens occidentaux venus tant de l'extrême droite, naturellement antidémocratique, que de la gauche "anti-impérialiste". Et pendant ce temps la Syrie devenait l'enfer d'une autre planète.

10/2018

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Littérature étrangère

VIES ET MORTS DE KAMAL MEDHAT

Le 3 avril 2006, à Bagdad, le corps d’un célèbre violoniste irakien, Kamal Medhat, est retrouvé sur la rive du Tigre. Tout indique que l’artiste, kidnappé quelques semaines plus tôt par un groupe armé, a été assassiné. La presse ne tarde pas à découvrir l’identité originelle de ce musicien, Youssef Sami Saleh, juif irakien né en 1926, contraint en 1950 d’émigrer en Israël (après avoir été comme la plupart de ses concitoyens de confession juive déchu de sa nationalité et expulsé du pays) et décédé officiellement en 1955. Un journal américain dépêche alors à Bagdad un reporter (le narrateur), en le chargeant de faire la lumière sur l’assassinat de Kamal Medhat, pour un article qui portera la signature du correspondant en titre du quotidien. S’ensuit une longue enquête qui conduit ainsi le narrateur de Bagdad à Damas et à Téhéran, trois capitales dans lesquelles le violoniste a vécu sous différents noms et différentes identités. L’artiste a en effet vécu trois vies : celle de Youssef Sami Saleh ; celle du chiite iranien Haydar Salman (faux nom sous lequel il s’enfuit à Moscou, s’installe à Téhéran, rejoint Bagdad d’où il est une fois de plus expulsé, dans le contexte de la première guerre du Golfe) ; celle du sunnite irakien Kamal Medhat (apparu à Damas en 1981, rentré en Irak en 1982, et assassiné en 2006)… Un parcours dont la complexité est à la mesure de celle du Moyen-Orient, région où les soubresauts de l’histoire et le jeu funeste des identités obligent parfois les individus à se délester de leurs appartenances. Vies et morts de Kamal Medhat, neuvième roman d’Ali Bader, est une oeuvre ambitieuse, audacieuse, mais très maîtrisée.

03/2016

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Littérature française

Kéma Baïlehe la petite Bassari

Le "Pays Bassari" est une contrée pittoresque, luxuriante couverte d'un manteau verdoyant. Parsemée de chaînes de hautes collines, on y note également la présence de bas-fonds, de vallées et de clairières. Elle est située aux confins du Fouta Djallon au sud-est du Sénégal. Cette localité est habitée par les Bassari qui sont une communauté peu connue pour ne pas dire inconnue. C'est dans cette société singulière et particulièrement différente des autres qu'est née Kema Baïléhé la petite fille bassari. Dans cette société insolite, renfermée sur elle-même, conservant jalousement sa culture restée authentique jusqu'à ce jour, Kema, à travers son cheminement social, nous fait découvrir le mode de vie, l'organisation sociale, le système d'éducation, les fétiches et interdits, les riches et variées pratiques culturelles et coutumières des Bassari.

09/2019

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Littérature française

Des égards tant fraternels Livre 3. Vers le monde étrange de Marie - Roman

Dans ce livre 3, Madaour SENE se rend compte que les déclarations prémonitoires du sorcier de Kolda, Ousmane Diawara, se réalisent. Il est fonctionnaire au ministère de la Culture, et sera bientôt Directeur des Arts et Lettres. Sa rencontre avec Marie, l'artiste plasticienne de l'île de Gorée, est imminente. Mais que seront ses rapports avec Salimata FALL ? Quoique vivant tous les deux dans le militantisme révolutionnaire, il ne voudrait absolument pas, comme le Parti le souhaite, lui donner tout son cur, mais tient absolument à ce que leurs rapports soient plus que fraternels. Ainsi donc, lorsque paraitra Marie, il pourra s'introduire dans les méandres de l'art plastique.

11/2021

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Littérature française

Gorée et sa mystique plasticienne Livre 4. Vers le monde étrange de Marie - Roman

Madaour Sène a parfaitement conscience que Marie ignore sa source réelle d'inspiration. Elle ne doit pas savoir que c'est son diable d'amant qui lui inspire ses oeuvres. Elle travaille sans relâche, essentiellement au coeur de la nuit, lorsqu'elle sent sur l'ensemble de son corps les caresses du diable. C'est à ce moment-là qu'en face de son chevalet, il lui semble que l'univers lui appartient et qu'elle peut se permettre de tout reproduire grâce à la magie de la peinture. Avant de lui offrir une exposition parrainée par le ministère de la Culture, Madaour Sène s'entretient avec elle devant les caméras de la télévision nationale sur son expression plasticienne, et sur la mission globale des artistes. Ces entretiens captent forcément l'attention de tous les hommes de culture. Cependant, pour les membres clandestins du Parti Populaire, Madaour Sène n'est rien de moins qu'un traître. Ils ont malgré tout la certitude qu'il va un jour revenir au bercail et faire avec eux la révolution.

06/2022

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Poches Littérature internation

Mirages du Sud

A travers six récits de voyage, Nedim Gürsel nous plonge, en Turquie, " dans la transe mystique des derviches de Konya " et nous mène dans la plaine de la Çukurova jusqu'au village natal de l'écrivain turc Yachar Kemal. Il nous conduit aussi en Italie sur les traces d'un autre écrivain, Carlo Levi, puis en Yougoslavie, où ressurgissent les souvenirs du Sarajevo d'avant la guerre; en Tunisie, à Carthage, dans les ruines du théâtre romain d'El Djem ; enfin dans le mystérieux Caucase, à Tbilissi, capitale de la Géorgie où, au cœur de l'été, on étouffe sous 40 degrés de chaleur... Ces Mirages du sud, qui mêlent les pays et les temps, les réminiscences lointaines au présent des lieux et des êtres comme croqués sur le vif, composent ainsi une superbe mosaïque de peuples et de cultures.

06/2005