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Pogrom

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Essais

Quelques pas dans l'en-decà. Entretiens mémoriels avec le docteur Michel Guenkine

Michel Guenkine a été l'un des fondateurs de la psychiatrie ouverte. A 90 ans, il est toujours un praticien respecté, superviseur de cas psychiatriques à l'hôpital cantonal de Genève. Dans cet ouvrage d'entretiens, il illustre à travers sa propre histoire familiale et personnelle ce qui constitue le coeur de l'originalité de son approche, à savoir que l'on porte les joies et les traumatismes des générations précédentes et que l'on transmet les siennes aux suivantes. Le souvenir de la Russie des pogroms, la perte du père engagé dans les Brigades internationales, le traumatisme de l'angoisse de la Shoah sont autant de fardeaux qu'il porte mais aussi des éléments dans lesquels il puise force et espérance. L'espérance est sans doute le mot clef de ce récit, la foi dans une psychanalyse bienveillante qui permet de supporter l'insupportable. A travers ses propres cas mais aussi dans le dialogue avec des psychanalystes de renom et dans l'analyse des différentes sociétés de psychanalyse, le docteur Guenkine propose un cadre éthique, préoccupation majeure de sa démarche. Il explique et défend l'originalité de son approche non orthodoxe en analyse pour certains cas qui n'auraient pas pu être traités de manière classique, il aborde aussi avec simplicité certains échecs. Le rapport entre médecine, psychiatrie, sexualité et toxicologie est analysé de façon originale. De même qu'est interrogée la spécificité du judaïsme laïc dans une société d'essence catholique.

12/2023

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Critique littéraire

Souvenirs d'un marginal

Né en 1915, décédé le 23 mai 2004, historien, sociologue, reconnu comme l'un des plus grands spécialistes de l'Islam, Maxime Rodinson était aussi un éminent linguiste. Il fut ce militant progressiste et anticolonialiste qui, reconnaissant la validité du marxisme dans de nombreux domaines, affirma à la fois le droit d'Israël à exister comme État et celui des Palestiniens à posséder le leur dans des frontières qui en garantissent l'indépendance. Pour cela, il reçut force injures et menaces. Publiés pour la première fois, ces Souvenirs d'un marginal sont le récit autobiographique de ses années d'enfance et d'adolescence. Né de parents juifs immigrés de Russie et de Pologne, athées, pénétrés d'idées communistes révolutionnaires et de valeurs universalistes, Maxime Rodinson décrit scrupuleusement ce milieu populaire du Paris des années vingt et trente, au cceur du quartier des Gobelins. Pour cette génération, la révolution russe nourrissait alors passionnément l'espoir d'un avenir communiste. On y croise Charles Rappoport et Cholem Schwartzbard, l'homme qui, à Paris, en 1926, tua Petlioura pour venger les juifs ukrainiens victimes de ses pogroms, et bien d'autres figures, dont les propres parents de Maxime Rodinson qui devaient disparaître dans les camps d'extermination nazis. Entré dans le monde du travail à quatorze ans, la soif de savoir animait Maxime Rodinson, qui allait devenir l'un des plus grands orientalistes de son temps.

05/2005

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Histoire d'entreprises

Au bonheur des meubles. Galeries Barbès, Bleustein et Lévitan (1880-1980)

Cet ouvrage retrace l'histoire méconnue de deux grandes entreprises parisiennes de l'ameublement : les Galeries Barbès et les Etablissements Lévitan. Fondées par des Juifs fuyant les pogroms russes des années 1880, ils s'installent à Paris au pied de la butte Montmartre. Les familles Gross, Bleustein et Lévitan se croisent, prospèrent et développent, du boulevard Barbès au boulevard Magenta, de véritables grands magasins parisiens du meuble et de la décoration. Jusqu'à la fin des années 1930, l'essor rapide des deux firmes se conjugue avec un usage considérable de la publicité, auquel participe le cousin Marcel Bleustein en développant notamment les slogans radiophoniques. La Seconde Guerre mondiale interrompt brutalement cet élan, les deux firmes, désignées comme juives par l'Occupant et le régime de Vichy, sont soumises au processus dit d'aryanisation. Elles sont également victimes des jalousies, mêlées d'antisémitisme, que leur succès rapide a suscitées dans une partie de la corporation du meuble, aboutissant à un démantèlement et à une fermeture. Par delà leur résurgence après 1945, les années qui suivent apparaissent comme celles d'un lent déclin, aboutissant à leur disparition au début des années 1980. Cette traversée du siècle des Galeries Barbès et des Etablissements Lévitan offre également la possibilité, au-delà de la destinée des hommes, de suivre les évolutions d'un produit, d'un marché et des techniques de vente dans une période qui voit s'épanouir à travers le meuble une société de consommation.

04/2023

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Beaux arts

L'horizon a pour elle dénoué sa ceinture. Chana Orloff (1888-1968)

"Je suis née dans un petit village de la Russie des tsars. Il a fallu me battre à mort pour me faire revivre. Ces coups ne furent que les premiers de ceux que je dus endurer tout au long de ma vie". Lorsque Chana Orloff arrive à Paris à l'été 1910, elle n'a qu'une idée en tête : être libre. Mais qu'est-ce qu'une femme libre, à l'aube du XXe siècle, sinon une femme seule ? Pour réaliser ses rêves, elle a fui les pogroms de Russie, et les champs de Palestine, où sa famille la conjure de revenir. Agée de vingt-deux ans, elle est loin d'imaginer que le Tout-Montparnasse va faire d'elle une reine, une sculptrice reconnue dans le monde entier. Amie fidèle de Soutine et de Modigliani, elle va épouser un proche d'Apollinaire et fréquenter l'avant-garde du carrefour Vavin, à l'heure où l'amour se conjugue au pluriel. Mais quand la guerre éclate, l'ivresse des années folles n'est plus qu'un lointain souvenir. Commence alors une extravagante épopée pour sauver sa vie - s'accrochant à cette liberté à laquelle elle n'a jamais renoncée, et à son art qui lui a donné des ailes. Un récit biographique littéraire consacré à Chana Orloff, étoile oubliée de l'art moderne. De Paris à Tel Aviv en passant par Odessa, l'auteur marche dans ses pas et raconte la femme plus encore que l'artiste.

03/2019

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Littérature étrangère

Enfants du ghetto. Etude d'un peuple singulier

Du XVIIe siècle au milieu du XX , Londres voit s'installer des vagues successives de Juifs immigrés après trois siècles de bannissement : sépharades chassés d'Espagne et du Portugal par l'Inquisition, puis ashkénazes d'Europe centrale et orientale poussés à l'exil par de sanglants pogroms. L'East End, le quartier de Whitechapel fut, pour la plupart, à la fois le point d'arrivée et le point de départ vers une vie nouvelle. Aujourd'hui il ne subsiste rien de ce lacis de rues pittoresques et misérables qui grouillaient de toutes les activités d'un peuple, hormis la saga qu'Israël Zangwill, lui-même enfant du Ghetto, nous laisse en témoignage unique d'un monde disparu. L'immense succès des Enfants du Ghetto (1892) valut à son auteur le surnom de Dickens juif. Rires et larmes, comique et tragique, satire féroce et tendre empathie accompagnent notre immersion au sein d'une foule de personnages intensément vivants, forts d'une étonnante vitalité dans l'adversité : petites gens, parvenus, bourgeois petits, moyens et grands et certains types traditionnels du folklore juif : le schnorrer (le mendiant), le shadh'en (le marieur), le shlemihl (le pauvre type), le bouffon. Tous sont confrontés dans leur vie la plus quotidienne aux choix qui s'imposent aux immigrés : fidélité à leurs traditions culturelles, religieuses, linguistiques, culinaires, volonté d'adaptation à la société dominante, tout en navigant, au prix de quelles concessions, de quelles trahisons, de quels enthousiasmes - entre déracinement et enracinement, entre une identité transmise et une identité à construire.

01/2012

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Poésie

Je est un juif, roman

"Voilà qui est très rare, cette force d'évidence, ces mots si simples qui sortent d'une si longue nuit, ce tempo intime sans effet aucun, sans autre écho que celui qui traîne de naissance et à vie aux basques du destin. Etre qui, être quoi, et moins que rien, et plus que tout, ce Juif qui se cherche ? Comment devenir ce qui est imposé et donné hors de soi, malgré soi ? Impossible de jouer avec ce Je là qui n'est pas un double ni un hétéronyme mais un legs arraché aux exils, aux exodes, aux pogroms par les mains d'une mère. Charles Dobzynski n'a pas à décliner une identité vraie ou fausse, il est par les lieux et les errances, par les convois et les commotions de l'Histoire toujours à se déprendre d'une partie prenante, toujours à casser les dogmes, à soigner son humour, à se défier de Dieu. Avec ce livre d'une tenue qui tient du miracle, il se révèle témoin majuscule du siècle des utopies sanglantes, irréductible et juste voix de cette poésie vécue qui engage l'être tout entier sans renoncer jamais à son pouvoir d'effraction. Depuis les Feuillets d'Hypnos ou La Rose de personne, Je est un Juif est une oeuvre décisive comme il y en a peu dans le champ de la conscience et de la parole salvatrice, surtout par temps de mise aux normes et d'amnésie programmée. En fait, et tout uniment, Je est un Juif est un chef-d'oeuvre", André Velter.

10/2017

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Littérature étrangère

La chute de Constantia

La chute de Constantia. Quand le facteur, par une belle journée ensoleillée d'octobre 2005, remet à Constantia une grande enveloppe blanche, il ne se doute pas de l'émotion qu'elle va susciter chez sa destinataire. Constantia, bien que grecque, vit depuis toujours à Istanbul, qu'elle n'a pas quittée malgré les pogroms organisés en 1955 pour chasser de la Ville la plupart de ses compatriotes. Elle aurait bien préféré que sa fille unique, Anna, partie étudier à Athènes, épouse un Romiote (un Grec de la Ville – Constantinople, comme la désignent encore les habitants de la communauté) plutôt qu'un Grec de Grèce. Au moins s'est-elle mariée à un garçon de Khios, île dont était originaire la propre grand-mère de Constantia. Son gendre, Yannis, dans la très longue lettre qu'elle parcourt après avoir décacheté l'enveloppe, la plonge pourtant dans la stupeur : il serait... turc ! A peine a-t-elle lu ces mots qu'elle tombe en syncope et est immédiatement secourue par sa voisine du dessous, alertée par le bruit de la chute. C'est avec Vanguelia qu'elle va trouver le courage de lire dans sa totalité la confession de Yannis. Alternant, dans le huis clos de leur nuit agitée, extraits de la lettre et commentaires acides ou consternés des deux vieilles dames, Makridakis livre un formidable portrait de cette minorité grecque arc-boutée sur ses particularismes. Comme dans une comédie d'Aristophane, tout finira bien... mais, jusqu'au bout, il maintiendra le lecteur en haleine.

04/2015

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Histoire de la population

Permis de Séjour

"Cinquante mille Français se sont levés aujourd'hui esclaves : il dépend de vous qu'ils se couchent libres". L'Abbé Grégoire Négligés ou haïs par le monde des Lettres - dont un Voltaire franchement antisémite - admirés par un Rousseau ou un Mirabeau fascinés par leur culture et leurs valeurs, les Juifs parisiens ont joué un rôle décisif sous la Révolution en obtenant de la France qu'elle devienne le premier pays d'Europe à en faire des citoyens à part entière. Alors que les Juifs sont formellement interdits de résidence à Paris et subissent des pogroms en Province, ils sont une poignée à évoluer dans la capitale au début du XVIIIe siècle : les juifs de l'Est sur la rive droite et les juifs du Midi sur la rive gauche. André Bruguière suit leurs allers et venues, rue par rue, maison par maison. Il met en lumière leurs aspirations, exhume le détail de leur vie quotidienne, ausculte leurs relations de voisinage et décrypte les archives du service de Police chargé de leur surveillance rapprochée. Permis de séjour montre comment, par un jeu de hasard, d'audace et de réticences, ils sont parvenus à remporter ce combat pour la citoyenneté. Un statut qui ne sera plus remis en cause... avant les années 1940. A l'heure où les questions de migration et d'intégration surgissent chaque jour dans le débat public, l'extraordinaire histoire de ce combat pour l'émancipation apporte un éclairage saisissant sur la fabrique de la citoyenneté.

10/2022

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Romans historiques

La Société des Belles Personnes

1952. Zohar Zohar, expulsé et fugitif, arrive en Europe. Né pauvre dans le misérable quartier juif du vieux Caire, l'enfant chéri de 'Haret el-Yahoud, la ruelle aux Juifs, le jeune homme flamboyant, dont les clubs et bars attirent la haute société cairote, débarque sans famille, sans ami, sans un sou. Seul l'accompagne le fantôme de Dieter Boehm, son tortionnaire nazi. Zohar fuit un pays à feu et à sang, une société malade à l'image de son roi, Farouk, ramolli de luxure et détesté par son peuple, une société nécrosée par la montée des Frères musulmans, l'infiltration des anciens nazis dans l'armée égyptienne, les pogroms contre les juifs et la rébellion conduite par le puissant Gamal Abd el-Nasser. En France, son obsession va se lier à celle d'Aaron, Lucien et Paulette, trio soudé dans l'envie d'en découdre avec le passé qui les hante. Contre les bourreaux de leur passé, un même procédé : deux balles dans la tête, la première pour la vengeance, la seconde pour la signature. C'est l'histoire que son fils François va découvrir, celle qui lui fera comprendre la mystérieuse promesse faite par son père à la Société des Belles Personnes. Et qu'il décidera de poursuivre. Entre fresque historique et grand roman, des heures sombres de l'Egypte à la part enfouie de la mémoire française, Tobie Nathan écrit magnifiquement une épopée foisonnante et tragique, lestée du passé, forte de ses personnages, de leurs souvenirs et de leur cheminement.

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discriminations, exclusion, ra

Jim Crow. Le terrorisme de caste en Amérique, Edition

On associe la notion de caste avec l'Inde brahmanique mais, dans le Sud des Etats-Unis entre les années 1890 et 1960, les Noirs, descendants d'esclaves, étaient traités comme une sous-caste, véritables "intouchables" dans le pays berceau de la démocratie. Jim Crow est le nom communément donné au système de domination raciale qui les a tenus sous son emprise féroce et contre lequel le Mouvement des droits civiques de Martin Luther King s'est insurgé. Mais en quoi consistait-il au juste et comment fonctionnait-il ? S'agissait-il seulement de "ségrégation du berceau à la tombe" , de fontaines d'eau et de places de bus réservées aux Blancs, de bagnards noirs trimant les fers aux pieds et de lynchages épisodiques, comme on le croit généralement ? Loïc Wacquant dresse un bilan historique méticuleux visant à construire un modèle sociologique robuste de ce régime. Il montre qu'il se composait de quatre éléments étroitement imbriqués : une infrastructure économique de métayage virant à la servitude pour dettes ; un noyau social fait de bifurcation institutionnelle et d'exigence de déférence des Noirs envers les Blancs ; et une superstructure d'interdiction électorale et judiciaire. Mais les Afro-Américains n'ont jamais acquiescé à ces trois mécanismes d'exploitation, de subordination et d'exclusion. Il a donc fallu les sécuriser au moyen d'un quatrième élément, la violence terroriste, violence protéiforme (intimidation, agression, viol, chasse à l'homme, pogrom, supplice du fouet, lynchage et torture publique, mais aussi arrestations arbitraires, embastillements hâtifs et exécutions sommaires) qui plane sur chaque interaction sociale entre Blancs et Noirs et qui peut frapper à tout moment pour communiquer un message politique strident : l'impériosité de la suprématie blanche. Ce livre lucide et révélateur est une invitation urgente à repenser de fond en comble les rapports historiques mais aussi contemporains entre caste, justice et démocratie en Amérique ainsi que dans les pays qui, redécouvrant leur passé colonial, se débattent aujourd'hui avec la "question raciale" . Il est certain de changer l'idée que le lecteur se fait de la race, du terrorisme et de la démocratie en Amérique.

04/2024

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Littérature étrangère

Sans repos

1859, Cassovie/Kosice. Un jeune perruquier d'art, Frantisek Schön, s'entiche de la jeune aristocrate Alzbeta, qu'il épouse malgré le scandale suscité par cet amour interdit au sein de la bonne société. 1855, Trieste/Fiume. Costanza Modigliani, surnommée la "femme-girafe" à cause de sa stature démesurée, est mariée par intérêt à Lazarro Israël. Juif de son état, ayant fait fortune dans le commerce de la tannerie, il tient davantage du nain que du géant. 1859, Bergame. Serafino, 9 ans, l'aîné de cinq enfants, voit les jours heureux et les rêves de l'enfance prendre fin subitement lorsque son père meurt d'un accident de travail. Il devient dès lors l'homme de la famille... Ainsi se déploient les trois lignées d'une même famille qui sillonnera l'Europe entière avant de trouver enfin où se poser en Suisse. Les uns sont coiffeurs de père en fils, les autres commerçants, violonistes virtuoses, maquilleurs ou peintres. Dans cette galerie de personnages tous plus truculents les uns que les autres, on trouve des hommes et des femmes anticonformistes, en avance sur leur temps. Au cours de ces destinées qui se calent sur la grande Histoire, la Suisse apparaît comme une terre d'accueil, de travail et de refuge au gré des guerres, des persécutions, des pogroms. Par sa prose ample et nourrie, Michèle Minelli saisit des existences prises dans les contraintes de leur temps... Roman-monde où s'enchevêtrent les destins dans une galerie vivante de personnages, Sans repos nous aide à comprendre ce qui a poussé ces hommes et ces femmes à devenir des "oiseaux migrateurs".

10/2019

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Poésie

Inscriptions. Précédé de Cà et là

Inscriptions suivi de Ca et là est constitué de deux livres majeurs de Reznikoff, inédits en français, séparés par une période de 18 ans sans aucune publication (Ca et là, 1941, Inscriptions, 1959), et tous deux édités à compte d'auteur - le succès du poète ne sera que tardif. Le livre propose certains des textes les plus emblématiques du poète (dont le fameux Kaddish) et constitue une parfaite introduction à la méthode objectiviste, faite de précision, de concision et d'intensité. Le poète objectiviste, Reznikoff nous dit, s'efforce de voir les choses objectivement - non pas symboliquement, allégoriquement ou subjectivement - et de regarder sincèrement dans un poème, en n'utilisant que les mots nécessaires. Ca et là, écrit pendant la Guerre, est dédié à la mémoire de la mère du poète récemment morte, une Russe qui avait fui les pogroms du tsar et émigré aux Etats-Unis. Reznikoff y affirme, avec d'autant plus de force en raison du contexte historique et de ce deuil personnel, son rapport à la tradition et à l'identité de ses contemporains. Inscriptions est le premier livre post-holocauste publié par Reznikoff. Cet ensemble d'une cinquantaine de poèmes, comme en écho au ton " biblique " du précédent recueil, est constitué de fragments urbains et diasporiques. Toute la maturité poétique de Reznikoff est dans ce livre, qui atteint l'économie de langage et la charge émotive de ses célèbres Holocaust et Testimony. Ces deux livres se répondent, se prolongent, et portent en eux les thématiques essentielles de l'oeuvre de Reznikoff. Ils constituent un sommet de la poésie objectiviste.

05/2018

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Histoire internationale

Relégué en page 7. Quand le New York Times fermait les yeux sur la Shoah

Le sait-on ? Le plus grand journal de tous les temps a fermé les yeux sur le plus grand massacre de tous les temps. Laurel Leff enquête sur ce qui a pu mener le Times à minorer systématiquement les informations sur le sort des Juifs d'Europe entre 1939 et 1945. Ainsi, le 27 août 1943, un article annonçant l'anéantissement de trois millions de Juifs " par la famine, le travail forcé, les déportations, les pogroms et les meurtres méthodiques, dans des centres d'extermination régis par les Allemands ", a été publié en bas de la page 7 plutôt qu'en " une ". Les journalistes doutaient-ils de la véracité de l'information ? Souhaitaient-ils dissimuler ces accablantes nouvelles ? Ni l'un ni l'autre. C'est la crainte de manifester un intérêt trop marqué pour les Juifs qui semble avoir dicté cette politique éditoriale. Issu d'une famille patricienne de la côte Est, Arthur Hays Sulzberger, le patron du Times, est un Juif très assimilé. A priori, on pourrait penser que nul ne serait plus motivé que lui pour dénoncer la Shoah aux lecteurs de son journal et - par l'influence profonde du Times sur les autres médias - au public américain en général. Pourtant, lui et ses journalistes hésitent à brandir les faits sous le nez d'un establishment américain dont ils savent qu'il n'est pas immunisé contre l'antisémitisme, et qui sera prompt à les soupçonner de communautarisme - un soupçon qui pourrait être fatal à la crédibilité du New York Times. Et c'est ainsi que les victimes furent trahies par ceux-là même qui étaient le mieux placés pour faire connaître leur martyre.

10/2007

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Sciences politiques

L'illusion mythomaniaque du Génocide des Laris au Congo

L'illusion mythomaniaque du Génocide des Laris au Congo est un livre particulier, non polémogène, mais à visée essentiellement argumentative et contre-argumentative pour décrypter tes incongruités de l'ouvrage qu'il évoque, écrit par Dominique Kounkou. L'auteur s'insurge contre une rhétorique fallacieusement élogieuse d'une ethnie (les Laris) et dangereusement ségrégationniste et diffamatoire des autres composantes de la communauté nationale fortement déshumanisées et dépréciées. Il voit dans la démarche de Dominique Kounkou une dénégation de sa qualité de citoyen du Congo-Brazzaville, tout en décelant chez cet auteur une rhétorique mythomaniaque fondée sur des illusions et non sur la véracité des faits dans la qualification de la " crise du Pool " et du " génocide des Laris au Congo ". Tout en cherchant à prévenir les Congolais de la dangerosité des thèses de l'auteur du livre incriminé, Clotaire Ouelo Louangou pense avec lucidité que de telles allégations mettent à mal le pacte républicain et sont susceptibles de freiner le processus actuel de pacification du département du Pool, d'une part, et d'intégration psycho-sociopolitique des différentes composantes de la trame nationale, d'autre part. Ce qui le conduit tout naturellement à regretter qu'une telle rhétorique fondée sur l'émotivité et la haine soit basée sur l'argumentation ad hominem avec pour corollaire le risque de ramener le pays vers des temps révolus, ceux des funestes pogroms interethniques longtemps décriés. En citoyen averti, it lance un appel pour une citoyenneté responsable autour des valeurs de la république en danger, élément essentiel qui fonde une rhétorique basée sur le logos et une éthique pour le "mieux-vivre-ensemble" des Congolais.

05/2019

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Romans historiques

L'an prochain à Grenade

Grenade, 31 décembre 1066 : 5000 Juifs sont massacrés en une nuit par une foule musulmane en furie. Parmi les morts, Samuel Ibn Kaprun, chef des armées du vizir, premier ministre, receveur des impôts, pourvoyeur d'esclaves, grand poète et... Juif. Echappent à la tuerie, sa jeune fille Gâlâh et Halim, son amant musulman vite assassiné par les brigades intégristes. Mémoire vivante de son peuple, Gâlâh traverse les siècles. On la retrouve à Séville, à Lisbonne, à Oran, à Constantinople, à Venise, à Treblinka, à Sarajevo, à New-York, à Grenade à nouveau, bien des siècles plus tard, à Paris enfin, devant une école juive, un matin de septembre 2012, où l'attend un tueur prénommé Iblis, nom qui dans le Coran désigne le Diable. L'An prochain à Grenade est un roman d'amour, qui raconte l'idylle entre une jeune femme juive et un poète musulman. Un roman épique, où résonnent les guerres, les pogroms, les soulèvements populaires. Un roman littéraire, qui par son souffle, s'inscrit dans la lignée du Dernier des Justes et de la Mémoire d'Abraham. Un roman politique, car la nuit noire de 1066 résonne d'une façon étrangement actuelle. Un conte philosophique enfin, qui débouche sur une interrogation essentielle : pourquoi l'antisémitisme, pourquoi l'intolérance, pourquoi la haine ? Ce livre fort donne à lire une indispensable méditation sur l'extrême difficulté (impossibilité ?) à faire cohabiter les croyances religieuses, sur le désenchantement d'un monde où les mots de fraternité et de tolérance ont perdu tout sens. Quelle histoire, sinon celle subie par la jeune Gâlâh - mémoire vivante du peuple juif - résume à ce point la noirceur de l'humanité ?

01/2014

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Littérature étrangère

Touvia en terre promise

La révolution secoue la Russie tsariste. Antisémitisme et pogroms font rage. Les juifs d'Anatevka ont trois jours pour quitter leur village... A bord de son chariot, Touvia le laitier emmène ses filles, dont la beauté et la grâce font sa renommée et sa fierté, sans oublier Golda, sa femme défunte, dans le cercueil qu'il a pris soin d'exhumer ! Un voyage mouvementé les conduit en Terre sainte. Mais Touvia et les siens ne sont pas au bout de leurs peines. Le pays reste à construire et Touvia, " héros malgré lui ", nous entraîne dans des aventures toutes plus savoureuses les unes que les autres, au cœur des premiers kibboutz parrainés par le baron de Rothschild. D'un naturel bienveillant et joyeux, Touvia fait face à l'adversité avec un pragmatisme qui n'a d'égal que sa foi : il vient à bout d'un marais infesté de moustiques, il lutte contre une invasion de sauterelles à l'aide des ustensiles de cuisine des pionniers, il échappe aux prisons turques, à une épidémie de choléra... tout en gardant un œil plein de tendresse sur ses filles, dont le bonheur compte plus que tout au monde. Brillant héritier de Cholem Aleichem et de son fameux Violon sur le toit, Tzvi Fishman, pétri de littérature yiddish, a su en recréer l'atmosphère et les traits d'humour incomparables. Dialogues truculents, galerie de personnages hauts en couleur, la plume de l'auteur plonge avec délices dans l'encrier d'Alexandre Dumas. L'épopée de Touvia en Terre promise est un voyage inoubliable au temps des prémices d'Israël.

05/2001

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Histoire internationale

Les Juifs dans le Reich hitlérien. Tome 2, Du nouvel avant-guerre au culte de la Shoah (1938-...)

A la fin de 1937, l'échec de l'émigration volontaire des Juifs est patent : moins d'un quart des Juifs du Reich sont partis et plus de trente mille émigrants, se trouvant plus mal ailleurs, sont même revenus en Allemagne. La solidarité des Juifs de la planète est parfaite dans le lamento et les imprécations, beaucoup moins performante dans l'accueil des congénères. Un crime sexuel maquillé en crime politique provoque une considérable aggravation des conditions de vie des Juifs du Reich, en plus du pogrom le plus célèbre du XXe siècle : la "Nuit de cristal". L'émigration en est à peine stimulée. Les associations juives des USA poussent à la guerre contre le Reich, de même que les affairistes britanniques et quelques agités en France. Leur germanophobie haineuse ne s'embarrasse guère d'une pensée pour les Juifs restés dans le Reich : on ose donc supposer que l'Holocauste n'était pas aussi prévisible que certains l'ont prétendu ensuite. Durant cette guerre, les Alliés se refusent à toute mesure d'échange entre les Juifs d'Europe occidentale et des prisonniers de guerre allemands ou même de simples marchandises. Ils se contentent de menacer de châtiments les décideurs et acteurs de l'extermination des Juifs, dont ils ont connaissance l'été de 1942. Les estimations chiffrées de cette extermination partielle tiennent trop souvent du sondage d'opinions, voire dans certains cas, du poker-menteur. On a collationné les études les moins surréalistes, après avoir présenté les étapes de la prise de décision par Adolf Hitler et passé en revue les méthodes utilisées, sources de tant d'études contradictoires. Le livre se termine par l'historique des légitimes restitutions et indemnisations des véritables victimes, et par l'évocation du culte de la Shoah, pilier de l'Etat d'Israël, mais aussi fondement des "réparations", devenues une source inépuisable de revenus pour des particuliers et des associations jamais repus. Depuis 1953, bien plus de 3 millions de Juifs ont adressé aux gouvernements allemands successifs des demandes pécuniaires. Puis vinrent le tour d'autres pays, telles la France et la Suisse, sans oublier les très nombreuses sociétés publiques et privées soumises à de très fortes pressions. 70 ans après la fin de la guerre, les rentiers de la Shoah sont plus actifs que jamais.

10/2015

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Littérature française

Avant que les ombres s'effacent

En guise de prologue à cette fresque conduisant son protagoniste de la Pologne à Port-au-Prince, l'auteur rappelle le vote par l'Etat haïtien, en 1939, d'un décret-loi de naturalisation in absentia, qui a autorisé ses consulats à délivrer passeports et sauf-conduits à des centaines de Juifs, leur permettant ainsi d'échapper au nazisme. Avant d'arriver à Port-au-Prince - à la faveur de ce décret - au début de l'automne 1939, le docteur Ruben Schwarzberg, né en 1913 dans une famille juive polonaise, a traversé bien des épreuves. Devenu un médecin réputé et le patriarche de trois générations d'Haïtiens, il a peu à peu tiré un trait sur son passé. Mais, quand Haïti est frappé par le séisme de janvier 2010 et que la petite-fille de sa défunte tante Ruth - partie s'installer en Palestine avant la deuxième guerre mondiale - accourt parmi les médecins et les secouristes du monde entier, il accepte de revenir pour elle sur son histoire familiale. Pendant toute une nuit, installé sous la véranda de sa maison dans les hauteurs de la capitale, le vieil homme déroule pour la jeune femme le récit des péripéties qui l'ont amené à Port-au-Prince. Au son lointain des tambours du vaudou, il raconte sa naissance en Pologne, son enfance et ses années d'études à Berlin, où son père Néhémiah avait déménagé son atelier de fourreur, la nuit de pogrom du 9 novembre 1938, au cours de laquelle lui et son père furent sauvés par l'ambassadeur d'Haïti. Son internement à Buchenwald ; sa libération grâce à un ancien professeur de médecine ; son embarquement sur le Saint Louis, un navire affrété pour transporter vers Cuba un millier de demandeurs d'asile et finalement refoulé vers l'Europe ; son arrivée, par hasard, dans le Paris de la fin des années 1930, où il est accueilli par la communauté haïtienne et, finalement, son départ vers sa nouvelle vie, muni d'un passeport haïtien : le docteur Schwarzberg les relate sans pathos, avec le calme, la distance et le sens de la dérision qui lui permirent sans doute, dans la catastrophe, de saisir les mains tendues. Fascinant périple, le roman de Louis-Philippe Dalembert rend également un hommage tendre et plein d'humour à sa terre natale, où nombre de victimes de l'histoire trouvèrent une seconde patrie.

03/2017

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BD tout public

Messalina Tome 4 : Des orgies et des jeux

An 42 . Messalina profite de l'absence de son impérial mari pour tisser une toile qui va la porter vers le pouvoir suprême. Suivie de son seul et véritable fidèle amant Caïus Silius intendant du Capitole, elle se prostitue auprès du sénat et dans tous les palais de Rome en organisant des orgies afin d'acheter des faveurs. Pour faire taire les rumeurs qui l'impliquent dans l'assassinat de Caligula, elle dénonce Cassius Chereas et l'état-major de la Garde Prétorienne qu'elle avait commandités pour perpétrer ce meurtre. Elle les fait tous exécuter au cours de jeux sadiques et lubriques dans le grand cirque de Rome devant une foule rassérénée parce qu'elle se croit libérée d'un groupe factieux et dangereux pour le nouvel empereur. Des tueurs restent des tueurs. Et les jeux offerts par Messaline sont si divertissants ! Dans le même élan, elle fait exiler nombre de sénateurs, puis compromettre des dignitaires dans des scandales orgiaques comme le Tribun Général de Rome Antoninus Maximus, et assassiner les plus réticents par son amant Silius. Portée par la foule qui croit en un renouveau de Rome, elle fait élever Silius au titre de chef de la Garde Prétorienne à la place de Chéréas. Silius... un ancien esclave gardien des thermes ! Mais des bruits courent encore dans l'aristocratie, venus de Simon le Magicien qui fut l'inspirateur de Messalina et qui le regrette bien. Serait-elle pire que les tyrans qu'elle a éliminés ? Pour couper court et en quête d'une preuve d'amour, la jeune impératrice ordonne à Silius et à sa nouvelle Garde Prétorienne de pousser Maximus au suicide puis d'assassiner Simon le Magicien et certains de ses nobles invités lors d'un de ses fameux banquets. Une boucherie qui annonce la venue d'une série de pogroms.

06/2013

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Chanson française

Sauvés par la musique

"Face aux vagues d'antisémitisme qui ont parcouru l'Europe de la première moitié du XXe siècle - des pogroms russes aux camps de la mort allemands en passant par les rafles françaises - notre famille a dû son salut à la clairvoyance et à la perspicacité de notre père. Contre la barbarie, nous avons trouvé refuge et réconfort dans la musique : que ce soient les cantiques au temple de la Place Sébastopol de Marseille, le concert familial du huit août 1944 devant le château de la Chômette à St Beauzire ou l'entrée comme premier violon de mon frère Marcel dans l'orchestre des Chantiers de la jeunesse. La musique était le lien familial indéfectible entre les générations Vinitzki's. Chacun des huit enfants de Max et Khinda, nos parents, devait travailler son instrument de longues heures. C'est ainsi que j'ai baigné dans cet environnement stimulant qui représentait pour moi un univers idéal. Malgré la guerre qui m'avait fermé l'accès à l'école et au conservatoire, je suis devenu musicien. Avec mes frères et soeurs, nous apportions du bonheur autour de nous. C'était vrai pour les forces américaines dans l'immédiat après-guerre puis, pendant des décennies, pour ces grandes familles fortunées sur la Côte d'Azur. Passionnées de musique, elles se faisaient une joie de la partager avec leurs invités. Les soirées passées aux côtés de musiciens de légende comme Mstislav Rostropovitch, David Oïstrakh, Benny Goodman, Nathan Milstein, Isaac Stern et Arthur Rubinstein, ont été des instants de félicité intense restés gravés à jamais dans ma mémoire. Ces artistes hors du commun n'avaient pas de préjugés et prenaient spontanément leurs instruments pour faire le "boeuf" avec nous. La musique m'a tellement comblé qu'il était naturel que je lui rende hommage au travers de ce livre".

06/2022

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Histoire internationale

Une grande famille russe : les Gunzburg. Paris/Saint-Pétersbourg XIXe-XXe siècle

La dynastie russe des barons de Gunzburg a tenu une place considérable dans l'Europe du xixe et de la première moitié du xxe siècle tant par ses entreprises économiques que ses activités philanthropiques, son mécénat et ses engagements politiques. En mêlant approche intime et grande histoire, Lorraine de Meaux fait surgir de l'oubli l'une après l'autre les figures emblématiques de cette famille qui joua un rôle de chef de file au sein de la communauté juive de Russie : le rabbin et le banquier, le propriétaire de mines d'or et le chasseur émérite, le savant orientaliste et l'aventurier, le peintre et l'impresario des Ballets russes, le comédien à Hollywood et le résistant de premier plan... Dès le Second Empire, les Gunzburg s'installent dans un fastueux hôtel particulier de la place de l'Etoile et choisissent la France pour seconde patrie. Chacune à sa manière, les générations successives viennent enrichir cette saga entre Russie et France. Et si la fortune leur sourit souvent, elles n'échappent pas à la tragédie, subissant faillite, pogroms et antisémitisme. Des somptueux palais de Saint-Pétersbourg à la Seconde Guerre mondiale, de la révolution de 1917 à la Shoah, succès et épreuves ressuscitent un monde disparu, où se croisent grands-ducs et talmudistes du shtetl, peintres et hommes politiques, écrivains et artistes... Ce livre rend ainsi pour la première fois aux Gunzburg la dimension qui leur revient aux côtés des grandes familles juives telles que les Ephrussi, les Camondo, les Warburg ou les Rothschild. Agrégée et docteur en histoire, Lorraine de Meaux est spécialiste de la Russie. Elle a notamment publié La Russie et la tentation de l'Orient, Saint-Pétersbourg. Histoire, promenades, anthologie et dictionnaire et, en 2017, avec Patrice Gueniffey, Les Couples illustres de l'histoire de France.

03/2018

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Romans historiques

L'affaire du colonel Miassoïedov

Basé sur des faits réels, L'affaire du colonel Miassoïedov évoque à la fois les meilleurs romans d'espionnage et les fresques des grands auteurs russes. Dans un vieux numéro du Times, l'auteur retrouve un écho d'une affaire qui avait fait grand bruit dans son enfance ; c'était quelque chose comme une affaire Dreyfus russe, mais il n'y avait eu aucun Emile Zola, alors, pour prendre la défense de l'homme qu'on accusait. Voici un roman dans lequel personnages et événements sont authentiques, presque documentaires, et qui est en même temps une grande réussite littéraire. Au début de la Grande Guerre, Sergueï Miassoïedov, colonel de la gendarmerie tsariste et petit entrepreneur privé, se trouve accusé d'espionnage pour le compte de l'Allemagne : ses associés sont des Juifs cosmopolites et lui-même aurait épousé, dit-on, une femme israélite. En coulisse, le pouvoir est aux abois : il cherche à faire endosser ses défaites militaires à des traîtres, quels qu'ils soient, et c'est alors que les antisémites reprennent la main... Condamné à mort par une cour martiale, le colonel Miassoïedov est exécuté à Varsovie en 1915. Aussitôt après commence une seconde affaire, moins retentissante mais peut-être plus cruelle encore : son épouse, Klara, est inquiétée à son tour, d'abord par la police tsariste, puis par les services soviétiques. Le Prix Nobel de littérature Czeslaw Milosz considérait Józef Mackiewicz comme l'un des meilleurs romanciers polonais de l'après-guerre, et surtout le plus digne d'être loué pour ses qualités de témoin, fidèle à la vérité de ce qu'il avait vu. Des pogroms de 1903 jusqu'au bombardement de Dresde par les Alliés, c'est toute la noirceur et la violence de la première moitié du XXe siècle qui se montrent à nos yeux.

02/2020

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Histoire internationale

1914-1918 : les juifs dans la tourmente à travers la carte postale

Au début de la Grande Guerre, la nation devient une valeur supérieure aux classes sociales comme aux religions. Partout, le curé, le pasteur, le rabbin et l’iman des colonies bénissent ensemble les troupes mobilisées. Tant et si bien que la guerre va opposer les juifs des deux camps. Patriotes en chacun des pays belligérants, ils n’expriment pas de pensée propre sur la guerre. Ils ne se distinguent que dans les pays où ils subissent des persécutions. Néanmoins, l’antisémitisme que les unions sacrées avaient relégué au second plan revient rapidement tandis qu’en Russie, et surtout en Ukraine, la guerre civile qui annonce la révolution d’Octobre 1917 s’accompagne de pogroms. En Allemagne et dans la petite Autriche réduite à elle-même, la défaite et les convulsions qui en découlent préparent directement le nazisme. Le Parlement allemand réuni à Weimar proclame la République et celui de Vienne fait le même choix. Dans les deux nations germaniques, les juifs placent leurs espoirs en ces nouveaux régimes fondés sur la démocratie. Ils accèdent à des responsabilités politiques. Il s’en trouve, aussi, à la tête des mouvements révolutionnaires qui tentent d’établir une jonction entre la révolution russe, la révolution allemande et les insurrections qui éclatent dans l’Empire austro-hongrois. Les conséquences seront tragiques. Radicalisés par la défaite, des officiers et sous officiers forment des Corps Francs. Ils enlèvent et assassinent Rosa Luxemburg à Berlin et se chargent à Munich de liquider Kurt Eisner, président d’une éphémère République des Soviets de Bavière. Ces Corps Francs, tolérés par les dirigeants sociaux démocrates et libéraux de la République de Weimar préfigurent l’avenir. On y trouve le capitaine Rhöm, fondateur du parti nazi, Rudolf Hess, Reinard Heydrich et Martin Borman.

11/2014

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Littérature étrangère

L'étrange mémoire de Rosa Masur

Pour son sept cent cinquantième anniversaire, la petite ville de Gigricht en Allemagne décide de favoriser l'intégration des étrangers : 5 000 marks sont offerts à ceux d'entre eux qui auraient quelque chose d'intéressant à raconter. Rosa Masur, quatre-vingt-douze ans, vieille Juive russe à qui on ne la fait pas et dotée d'un sens de l'humour à toute épreuve, se porte candidate. Elle a une anecdote. L'anecdote du siècle. Ce siècle, justement, elle l'a vécu de bout en bout, avec tous ses coups bas, ses tressaillements, ses révolutions, ses guerres mondiales, ses drames, ses tragédies. Petite Juive dans un village biélorusse où les pogroms ne sont jamais loin, jeune fille émancipée dans la Leningrad des années 1920, ouvrière dans une usine textile par moins 20 degrés (à moins 25 le travail en extérieur est interdit), puis employée comme traductrice de l'allemand, directrice de "colonie de vacances" sous les bombes allemandes de l'été 1941... Pendant l'interminable siège de la ville, mère de deux enfants, elle en est réduite à faire du bouillon avec la colle du papier peint, alors que ses voisins dévorent leur canari, ou pire ; après la guerre elle doit batailler avec les pires bureaucrates pour que son fils puisse étudier, l'antisémitisme étant entre-temps revenu à la mode. Sorcières, apparatchiks, soldats, cannibales, passeurs, commères, tous les personnages du XXe siècle défilent dans une épopée terriblement vivante, menée tambour battant par une femme extraordinaire, drôle, intelligente, et qui n'a pas froid aux yeux. Même face à Staline. Vladimir Vertlib écrit là un grand roman russe, énergique, fascinant, qui vous entraîne à sa suite aussi sûrement que le cours de l'Histoire.

02/2016

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Histoire internationale

Les vaincus. Violences et guerres civiles sur les décombres des empires 1917-1923

Pour les habitants de l'Europe occidentale, les années qui ont suivi la Première Guerre mondiale furent des années de deuil, mais aussi de paix et de prospérité retrouvée. Mais pour peu que l'on déplace le regard à l'est du continent, c'est un tout autre paysage qui se dévoile. Sur les terres des empires vaincus, jusqu'en 1923, ce furent des années de cauchemar sans fin. Robert Gerwarth reconsidère l'héritage de la Grande Guerre. Pour une large part, ce n'est pas l'hécatombe des tranchées qui s'est révélée la plus dangereuse pour l'avenir de l'Europe, mais ce qui s'est joué dans les années qui ont suivi : révolutions, pogroms, expulsions de masse, guerres civiles et crimes d'une dimension génocidaire. Des millions de civils y trouvèrent la mort. Partout, des peuples pleins de ressentiment, avides de revanche, attendaient leur heure pour se venger d'ennemis réels et imaginaires. La violence extrême qui a déferlé sur l'Europe de l'après-Première Guerre mondiale a pavé la voie des conflits génocidaires qui ont suivi : c'est la thèse centrale de ce livre novateur. " Intense et frappant. Un rappel actuel du fait que les racines de la violence de longue durée du XXe siècle remontent au cataclysme de la Grande Guerre." Richard Overy Elu meilleur livre de l'année par le Times Literary Supplement, The Financial Times et BBC History Magazine Robert Gerwarth est professeur d'histoire contemporaine à University College Dublin, où il dirige le Centre for War Studies. Il est notamment l'auteur d'une biographie de Reinhard Heydrich. Il a enseigné aux Etats-Unis, en Allemagne et en France et a dirigé un programme de recherche européen sur la séquence 1917-1923. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Aurélien Blanchard

09/2017

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Littérature étrangère

Journal (1918-1920)

25 juillet 1920, Nelly Ptachkina tombait dans la cascade du Dard, au pied du Mont-Blanc. Elle avait dix-sept ans et laissait un journal, édité ensuite par sa mère, dans les années 1920. Joseph Kessel en publia des extraits dans ses Souvenirs d'un commissaire rouge. Le Journal (1918-1920) recouvre la chronologie de la guerre civile depuis son déclenchement jusqu'aux débuts des conflits russo-polonais, lesquels entraîneront la guerre soviéto-polonaise. Mue essentiellement par la nécessité d'une introspection liée à la construction de sa personne, Nelly utilise ses notes pour rédiger de véritables "rapports" sur son état intérieur face à ces complexes bouleversements historiques. Elle ignore alors, mais plus pour très longtemps, que vivre et s'observer, pour elle, sera synonyme de se penser comme témoin historique. D'une maturité peu commune et d'une indépendance d'esprit absolue, Nelly, dont la personnalité est peu à peu façonnée par la présence constante de la mort et la perspective de la destruction du monde familier, reste cependant attachée à une Russie dont elle n'a pas encore compris ni accepté la disparition. Mais, face aux pogroms qui déchirent l'Ukraine et à l'explosion de la violence, l'émigration devient salut, même si c'est le coeur lourd qu'elle se sépare des paysages familiers. Images vues comme à travers le trou de la serrure, de façon parcellaire, fragmentée, floue: c'est ainsi que la révolution et la guerre civile apparaissent à un individu isolé, aux familles jetées dans la tourmente et, à plus forte raison, à une adolescente pensant son devenir dans un monde déstructuré. Mais l'acte de l'écriture implique une volonté magistrale : c'est de cette volonté que Nelly sera porteuse, érigeant la vie privée en acte de résistance et l'écriture de soi en un document contribuant à l'élaboration d'une micro-histoire du XXe siècle.

10/2011

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Histoire internationale

HISTOIRE DU SIONISME. Tome 2

C'est une histoire exceptionnelle que celle du sionisme. En cinquante ans, ce qui était au départ une utopie aboutit à la création d'un Etat : Israël. Ce sont les étapes de cette longue marche, faite de succès et d'échecs, de réussites et de tragédies, que retrace, avec l'objectivité de l'historien, le livre de Walter Laqueur. A la fin du XIXe siècle, l'antisémitisme s'étend en Europe. La Russie des pogroms, l'Allemagne, la France de l'affaire Dreyfus sont touchées tour à tour. En 1896, un journaliste viennois, Théodore Herzl, publie l'Etat juif. Il s'assigne un objectif : constituer un mouvement national appelant les Juifs à s'installer en Palestine et à y créer un Etat. En 1917, plusieurs dizaines de milliers de Juifs sont déjà en Palestine, alors province turque. En pleine guerre, par un acte sans précédent, l'Angleterre s'engage, par la déclaration Balfour, à créer en Palestine un foyer national juif. En 1939, une nouvelle société est née en Palestine des vagues successives d'immigration et de l'inspiration socialiste. Dès le début, un conflit inévitable oppose Juifs et Arabes, au nom de deux nationalismes, sur la même terre. Impuissante à l'arbitrer, l'Angleterre ferme peu à peu les portes de la Palestine, au moment où le nazisme chasse d'Europe des centaines de milliers de réfugiés. En 1945, la guerre s'achève. Six millions de Juifs ont été victimes du génocide hitlérien. Pour des milliers de survivants, la Palestine est la seule terre d'accueil. Les données du problème sont bouleversées. En 1948, après mille épreuves tragiques et l'intervention de l'ONU, l'Etat d'Israël est créé. L'histoire du sionisme s'achève. Fondateurs et dirigeants du sionisme, de Herzl à Weizmann, pionniers et chefs politiques, propagandistes et diplomates, tous ces acteurs de l'histoire du sionisme revivent dans le livre de Walter Laqueur, indispensable à la compréhension du conflit israélo-arabe.

06/1994

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Littérature étrangère

Requiem pour une révolution. Le grand roman de la Révolution russe

Alors qu'il avait immigré, adolescent, à New York pour fuir les pogroms de, sa Russie natale, Alexander Til retourne àPetrograd à la veille de la révolution d'Octobre. Il s'engage dans le mouvement bolchevik, dans l'espoir de transformer la Russie en une société libre et égalitaire. Commence alors un périple mouvementé, qui le voit prendre part à chaque séquence de la grande révolution : idéaliste enflammé, il devient bientôt le témoin, horrifié des atrocités perpétrées au nom de la cause, qui plongent le. peuple russe dans des abîmes de souffrance. Entouré de Lili Ioussoupova, la sublime princesse rouge soeur de l'assassin de Raspoutine -, dont il tombe fou amoureux malgré lui, d'Atticus Tuohy, un mercenaire russo-irlandais au coeur noir; et de Ronzha, poète visionnaire qui a pressenti les purges staliniennes, il avancera pendant plus de trente-cinq ans aux côtés, tour à tour, de Trotski, Lénine et Staline, croyant en eux, doutant d'eux et enfin s'y opposant, toujours s'efforçant de trouver un sens à là marche terrifiante des événements, jusqu'à ce que l'horreur de la réalité. ait définitivement raison de ses roues. Avec sa maîtrise et son brio habituels, Robert Littell associe étroitement l'histoire et la fiction, imaginant un dénouement audacieux pour aider la Russie à sortir de l'enfer dans lequel l'ont plongée la folie de ses dirigeants et les dérives de l'idéologie. Tout au long de cette fresque portée par un souffle d'une rare puissance, initialement parue en 1989, Littell dessine le grand roman de la Révolution russe, comme il donnera, quinze ans plus tard, La Compagnie, son grand roman de la CIA. Et se repèrent déjà ici les traces d'une inspiration qui conduira à son roman consacré au poète Mandelstam, L'Hirondelle avant l'orage, qui mettra en lumière le rôle vital que l'art peut jouer dans la lutte contre le pouvoir.

03/2014

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Littérature française

La fille de l'ennemi du peuple

On entrera dans cette saga familiale comme on pénètre dans la grande histoire, par le bruit des obus et de la guerre. Nous sommes en avril 1944 et les bombardiers américains fondent sur Bucarest. La jeune Léna, assise sur les genoux de son père, Costa Cristu, contemple fascinée les machines volantes qui grondent dans le ciel. Les Cristu ont fui en voiture la capitale roumaine pour se réfugier à la campagne, loin des combats, mais l'espoir chevillé au coeur : l'Allemagne nazie perd sur tous les fronts, bientôt la Roumanie retrouvera son indépendance. Hélas, la libération ne viendra pas de l'Ouest, envahi par l'armée Rouge, le pays sera surtout libre d'obéir à nouveau maître : l'URSS. Dans La fille de l'ennemi du peuple, Lélia Dimitriu nous livre un témoignage unique et passionnant : celui d'une jeune fille qui grandit dans une Roumanie doublement meurtrie, d'abord par le fascisme puis par le communisme. Lena y raconte sa jeunesse et le destin hors du commun de sa famille, les Cristu, menée par son père, le tendre et solaire "Maestro" , un immigré macédonien qui a fondé une florissante fabrique de meubles ; les conditions miraculeuses qui auront présidé à la rencontre de ses parents et à sa naissance dans un pays où légendes, magie et religion se mêlent ; la Bucarest des grandes heures avant que la ville ne sombre dans l'horreur des pogroms ; puis l'arrivée des staliniens au pouvoir, les spoliations, le Maestro devenu "ennemi du peuple", la collectivisation des logements et des entreprises, partout la paranoïa, les arrestations, les disparitions, la terreur rouge... ; L'amour aussi, celui que Léna voue à ses parents, et l'autre, plus incandescent, qui la conduit dans les bras d'un écrivain communiste. Mais l'amour suffit-il pour respirer dans un pays asphyxié par la dictature ? Ses études achevées, Léna n'aura qu'une idée en tête : fuir la Roumanie, rejoindre Paris, être libre. Un témoignage qui se lit comme un roman : en se racontant, l'autrice éclaire un pan méconnu de l'histoire du XXème siècle.

10/2023

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Etats-Unis (XXe et XXIe siècle

Kosher Nostra. Le roman vrai des mafieux juifs américains, 1920-1940

A une époque où les Italo-Américains ne détenaient pas encore le monopole de la voyoucratie, de jeunes juifs utilisèrent la violence, seul moyen alors à leur portée pour passer du stade de miséreux à celui d'hommes d'affaires. Toutefois, contrairement aux mafieux italiens qui n'imaginaient pas d'autre perspective de société qu'une structure parallèle et criminelle se transmettant de génération en génération, les mafieux juifs n'ont jamais considéré le gangstérisme comme une fin en soi. Il n'a été qu'un moyen de s'élever dans la société à une époque où aucun autre moyen ne leur donnait cette possibilité. Comment trouver de l'argent pour monter un business dans un quartier où l'on passait son temps à se battre pour un bout de pain ? Les études, direz-vous. Pour les juifs, les quotas d'entrée dans les universités étaient alors extrêmement limités. Ils n'étaient pas assez américains pour y être acceptés et trop pauvres pour payer. Ainsi, demeuraient-ils un peuple à la dérive cherchant seulement à assurer sa survie, comme leurs parents avant eux, misérables réfugiés ayant fui l'enfer des pogroms sans même savoir où ils iraient. Ils avaient choisi New York et il leur a fallu un certain temps pour se rendre compte qu'ils avaient finalement débarqué dans un autre ghetto. Oui, l'argent du crime a effectivement permis de soudoyer les recteurs d'universités et d'ouvrir les portes des meilleures facultés aux enfants des gangsters juifs comme à beaucoup d'autres au sein de leur communauté. Je le répète, contrairement aux mafieux italiens, aucun des caïds juifs ne voulait de cette vie-là pour ses gamins qui se sont tous, sans exception, parfaitement intégrés dans la société américaine, accédant à des fonctions tout à fait honorables. Meyer Lansky, le trésorier de l'organistaion l'avoua lui-même : " Voyez mon fils, premier juif américain à intégrer l'académie militaire de West Point. Croyez-vous qu'ils l'ont accepté pour me faire plaisir ? Voilà pourquoi, la mafia juive n'a duré qu'une génération. "

06/2021