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Géographie

L'espace géographique des villes. Pour une synergie multistrates

La géographie privilégie, à travers ses cartes, une vision bidimensionnelle des systèmes d'habitat. L'aménagement, planifié ou non, procède dans la même ligne par une juxtaposition de surfaces nouvelles à des surfaces déjà occupées. L'urbanisation " aérienne ", centrée ou éclatée, traduit ponctuellement par ses densités cette difficulté à loger un volume croissant de population, en respectant par habitude une contrainte surfacique limitative de la disposition des lieux selon une réseautisation de plus en plus étalée. Cet ouvrage argumente pour une transformation du regard géographique qui ouvre l'écoumène à l'élection raisonnée d'un arrangement multistrate. Il intègre la surface, libérée de l'obligation d'étalement, dans une théorie urbanologique qui la traite en synergie fonctionnelle, cohérente avec les potentialités aériennes et souterraines qui l'accompagnent obligatoirement selon des idiosynerasies de sites historiquement et géographiquement différenciées. Cette " chorotaxie tridiastatique " s'appuie sur les travaux d'E. Utudjian et de S. Barles quant à l'urbanisme souterrain et la conception d'inviduation des objets techniques de G. Simondon, appliquée ici au mode d'émergence des compositions intraurbaines, quant au maintien processuel d'une cohérence géographique qui, incontournable, ne garantit, cependant pas seule, la cohésion sociale indispensable au développement " durable " réclamé par l'inachèvement humain et technique de l'écoumène : les urbains, vivant loin de l'équilibre de leurs sites de ressources, sont obligés d'appareiller la planète de voies et de lieux néguentropiques qui organisent spatialement la solidarité de leurs accroisssements démographiques.

09/1998

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Sociologie

Québéqueer. Le queer dans les productions littéraires, artistiques et médiatiques québécois

En plus d'offrir un portrait des productions culturelles queer au Québec tant francophones qu'anglophones, dont certaines autochtones, cet ouvrage s'attarde à révéler le caractère queer de celles qui ne le sont pas de facto. Il se présente comme un manuel de référence sur le sujet, avec des essais critiques — qui portent autant sur la littérature et le monde du spectacle que sur les arts médiatiques ou la presse gay — et des textes expérimentaux — fictions, dessins, récits autobiographiques. Plus de 27 oeuvres de fiction publiées entre 1965 et 2017 y sont analysées sous différents aspects, avec des méthodologies diverses, mais toujours sous l'éclairage queer (un terme à la nature instable, paradoxale, que calque la forme éclatée de l'ouvrage). Du polyamour à l'inceste, en passant par le racisme, l'urbanité, le suicide, le non-désir d'enfant, l'alimentation ou les processus de production, le queer met en scène des personnages hétéros ou homosexuels, intersexués, cis, trans, travailleur.euse.s du sexe, gros et plusieurs autres... Cette juxtaposition d'états, de genres, de thèmes, de formes et de pratiques constitue l'une des forces de ce livre qui intéressera bien sûr un lectorat d'intellectuel.le.s et de personnes issues des communautés LGBTQIA2S+, mais pas seulement. Il deviendra, sans nul doute, une ressource indispensable pour l'enseignement de nouvelles perspectives dans le cadre des sciences humaines et sociales.

09/2020

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Critique

Passions de Saint-Simon. Ecriture de l'histoire et affectivité

Les passions, au sein des Mémoires du duc de Saint-Simon, sont partout dans l'oeuvre et partout à l'oeuvre. Elles se manifestent dans son style cruel, dans ses jugements emportés, dans ses envolées grandioses et dans ses torrents explicatifs, aussi bien que dans le monde ressuscité, celui des dernières décennies du règne de Louis XIV et de la Régence, qui grouille de personnages aussi peu sereins que le mémorialiste lui-même. Aussi le présent ouvrage se propose-t-il de faire la lumière sur l'écriture des passions dans les Mémoires, au double sens de passions qui imprègnent - et infléchissent - l'écriture du mémorialiste et de passions de cour, qui sont l'un des objets privilégiés du récit historique. Il ne s'agit pas là d'une juxtaposition de sens qui serait fortuite ou contingente : à l'inverse, ce livre part du postulat selon lequel le lien entre les deux questions est essentiel et profondément dynamique. Saint Simon est assurément le produit d'une culture et d'un milieu qui le déterminent en partie ; mais, en retour, les faits et les personnages sont saisis, sous sa plume, à l'aune d'une sensibilité irréductiblement singulière. L'auteur entend ici montrer que la cour, telle qu'elle est évoquée et même anatomisée dans les Mémoires, est le lieu d'une effervescence passionnelle sans la prise en compte de laquelle la causalité historique est vouée à demeurer inintelligible.

06/2021

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Sociologie politique

2084. Pourquoi l'Etat joue avec notre santé

On n'a jamais autant parlé de santé publique. Mais l'Etat joue-t-il vraiment son rôle ? La pandémie de Covid nous donne l'occasion de nous interroger. La démonstration de Pierre Meneton, chercheur en santé publique, est aussi convaincante qu'accablante : loin de nous protéger, l'Etat joue avec notre santé. D'un côté, un activisme forcené dans la lutte contre l'épidémie de Covid, le terrorisme, les accidents de la route ou la consommation de drogues, avant tout parce que cela lui offre l'opportunité de contrôler les individus. De l'autre, une passivité voire une compromission pour lutter contre les principales causes de mortalité et de morbidité (cancers, maladies cardiovasculaires, pollution au plomb...), car cela nécessiterait de porter atteinte à des intérêts économiques. Ainsi, certains morts sont surmédiatisés quand la majorité des autres sont rendus invisibles Le constat s'impose : au prétexte de nous protéger (sécurité ou santé) l'Etat réduit nos libertés. Il révèle sa vraie nature, une organisation totalitaire et hors de contrôle parce que personne n'en est réellement responsable, qui forme des individus incultes, hyperspécialisés, mystifiés, dépossédés de tout libre arbitre. Ce livre appelle à une prise de conscience pour imaginer une société radicalement différente. Non plus une juxtaposition d'intérêts contradictoires et d'oppositions de genre, d'origine ou de religion, mais des hommes et des femmes prenant le contrôle de leur devenir collectif et de celui de la planète.

10/2021

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Sociologie politique

Les mises à l'écart politiques. Des périphéricités paradoxales

Les mises à l'écart et les exclusions constituent un objet souvent négligé par l'historiographie du politique, de même que la caducité de l'acteur public. Leur prise en compte permet toutefois d'interroger la linéarité de l'action politique dans toute sa complexité. Cet ouvrage a vocation à déterminer les sources de l'historien sur le sujet, mais également les différents dispositifs de mises à l'écart et de critiques du pouvoir en des configurations de périphéricité voire de marginalisation. On se demandera, également, si la critique du pouvoir a toujours été fonctionnelle : l'accusation de caducité a-t-elle donné des résultats (l'élimination de l'homme politique), ou l'acceptation d'être un homme du passé a-t-elle permis à cet homme de durer, de revenir, de laisser quelque chose, une trace ? Cette catégorie a-t-elle offert aux observateurs, aux historiens, des clefs réelles, des outils d'analyse ou de reconstruction ? L'approche diachronique choisie ne consiste pas à la juxtaposition de cas depuis l'Antiquité jusqu'aux temps contemporains, mais plutôt à la recherche des mises en regard entre les périodes, dans une appréhension sereine des trans-historicités. Onze auteurs ont accepté de participer à ce livre organisé autour de trois axes : les mises à l'écart politiques comme un mode de gouvernement ; la translation du pouvoir en influence ; enfin, les relations dialectiques entre les conditions du ressourcement, les possibilités du retour, et parfois l'impératif de l'oubli.

01/2023

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Littérature étrangère

Journal d'un ange gardien

« Margot Delacroix est morte depuis peu lorsqu’elle se trouve réincarnée en tant qu’ange gardien. Désormais appelée Ruth, elle est chargée de veiller sur elle-même, enfin sur Margot, qui reprend dès le début la vie que Ruth vient de quitter. Pour ce faire, elle sera devra s’en tenir aux quatre champs d’action des anges gardiens : observer, protéger, consigner et aimer. Ruth peut influer sur les choix de Margot, mais doit toujours respecter les limites du libre arbitre. La vie de Margot, qui se déroule voire se répète, est difficile, parsemée de mauvaises décisions. Heureusement, Ruth est toujours prête à voler à son secours, lui soufflant des suggestions qui seront tantôt suivies, tantôt ignorées. Ruth a surtout envie de comprendre ce que son fils – ou plutôt, le fils de Margot – a fait pour se retrouver en prison pour meurtre. Elle y voit l’occasion de s’impliquer au maximum, mais à grand frais… Journal d’un ange gardien est le premier roman de Caroline Jess-Cooke, qui vit en Angleterre. La voix narrative du texte est irrésistible, et se marie bien avec une ribambelle de personnages secondaires – humains et anges – tous plus charmants les uns que les autres. La juxtaposition constante de l’au-delà avec l’ici-bas saisit tout de suite le lecteur et l’intrigue jusqu’au bout. Jess-Cooke est un auteur remarquable. » Publisher Weekly Traduit de l’anglais par Denyse Beaulieu

02/2012

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sociologie du sport

Une histoire mondiale de l'olympisme. 1896-2024

130 ans d'histoire olympique sont revisités à travers 36 passionnants articles réunissant les meilleurs spécialistes internationaux de l'olympisme, venus de différents horizons disciplinaires – historiens, géographes, sociologues, économistes, juristes, politistes tels que Pascal Ory, Georges Vigarello, Fabrice Delsahut, Nicolas Bancel, Christina Koulouri ou Didier Poracchia. L'ouvrage est préfacé par Antoine Petit, président du CNRS, et il témoigne d'une volonté d'offrir au lecteur français un panorama international, par juxtaposition de touches successives qui, ensemble, forment un édifice bien pensé et bien pesé. L'olympisme est dépeint ici comme le reflet des enjeux et des conflits de chaque époque, depuis la question raciale à Saint-Louis en 1904 jusqu'à celle des rapports entre le CIO et les pays non-démocratiques aujourd'hui, en passant les basculements successifs du monde de la Belle Epoque à la Guerre froide et à l'émergence des Suds. Traitant tant de géopolitique que d'aspects légaux ou financiers, l'ouvrage n'hésite pas à sortir des sentiers battus, s'interrogeant par exemple pour savoir si les JO de 1900 ont bien eu lieu tant ils ont laissé peu de traces, en nous initiant aux tentatives soviétiques de créer des jeux prolétaires ou en dévoilant l'affirmation d'une puissance africaine à Montréal en 1976. Les questions gênantes ne sont pas édulcorées : gouvernance du CIO, contrôles de sexe imposés aux sportives, augmentation des corps aux jeux paralympiques, gigantisme des jeux, statut des athlètes, bon usage des boycotts...

03/2023

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Sciences humaines importation

Sijlmassa et son destin Saharien

Située aux portes du Sahara, Sijilmassa est la légendaire Cité de l'or, la plaque tournante du commerce de l'or entre l'ancien Ghana et le monde méditerranéen. Ses caravanes transportaient les richesses de l'Afrique pour un vaste commerce transsaharien. Sijilmassa a connu une succession d'empires, devenant ainsi la dernière cité aux portes du désert. Sa grandeur millénaire et sa résonance avec les temps forts de l'histoire du Maroc ont été marquées par des vagues de guerres, de renouveau et d'abandon. Aujourd'hui, ses ruines sont en sous-sol et en juxtaposition avec la ville moderne de Rissani, à l'écart du temps. Le projet de recherche maroco-américain et multi-disciplinaire à Sijilmassa s'appuya sur des données archéologiques, des textes historiques, la reconnaissance sur le terrain, la tradition orale et des légendes pour montrer comment cette ville de renom a su garder une emprise sur sa destinée. Sijilmassa contribua à la création de l'identité nationale marocaine et a occupé une place prépondérante dans l'histoire et les changements de pouvoir en Afrique du Nord. Des continuités et des discontinuités entre Sijilmassa et le paysage contemporain a utent le questionnement sur la nature de la vie humaine aux portes du désert : comment des endroits comme Sijilmassa ont-ils pu atteindre une telle grandeur ? Comment expliquer leur chute et leur ensevelissement dans les sables du désert ?

05/2021

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Revues de psychanalyse

Cliniques N° 25 : Histoires et récits en clinique institutionnelle

La mise en récit de l'histoire du sujet est consubstantielle des pratiques de soins. Elle lie le sensoriel, le perceptif, l'affect et le langage, elle organise notre rapport au temps en contribuant à recréer le passé. Mettre en récit, en d'autres termes créer une intrigue, sollicite un travail psychique qui forme des liens de causalité cohérents et une trame temporelle repérable, tenant ensemble des morceaux de vie qui demeureraient sinon une juxtaposition événementielle brute sans signification particulière et potentiellement traumatique. La clinique institutionnelle permet presque toujours un moment de reprise et de mise en forme des histoires de vie de chacun. En effet, les problématiques qui conduisent les sujets vers une institution de soin psychique nécessitent un travail de symbolisation, de liaison et d'appropriation subjective : vécus traumatiques, failles narcissiques, impossibilité de contenir les mouvements pulsionnels, du côté de la destructivité comme de la sexualité... L'institution de soin psychique doit alors pouvoir imaginer toutes sortes de dispositifs et de médiations pour s'adapter aux difficultés de chacun et aux résistances inconscientes. Encore faut-il qu'elle soit à même de se relier à sa propre histoire, de se raconter, de transmettre ce qui la fonde et ce qui l'anime. Encore faut-il également qu'elle soit à même d'entendre les mouvements transférentiels et le négatif refoulé, indicible, mais toujours agissant en chaque individu comme au sein du collectif.

06/2023

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Littérature française

J'ai connu le Moyen Age. Récit de vie : enfance

1917 Il n'a pas encore quatre ans. Sa mère vient de mourir, poitrinaire comme on disait alors. Son père, mobilisé, vêtu en soldat, un homme qu'il n'a jamais vu, le dispute à sa famille maternelle. Il l'emmène de nuit, sur ses épaules, parcourt vingt-deux kilomètres et le dépose chez ses parents. Ils ont élevé dix enfants sur les treize qui leur sont nés. Celui-ci sera le onzième. Le petit-fils pousse chez sa grand-mère qui l'aime bien, mais sans chaleur. Il grandit dans l'atelier de son grand-père, maréchal-ferrant. Tire le soufflet dès cinq ans. Le père, ouvrier boulanger à Paris, ne revient guère à la campagne qu'une fois par an, pour quelques jours. Attentif à tout ce qui se passe autour de lui, l'enfant assiste à un événement capital : l'arrivée du courant électrique dans son village. 1925 Début d'une évolution qui ne s'arrêtera jamais. Pourtant les coutumes résistent au progrès. Le mode de vie rural ne se modifie guère. Les relations traditionnelles affrontent l'emploi de machines aratoires nouvelles. Ces faits sont rapportés par l'enfant qui les observe et les relate dans une autobiographie. Ce gamin, témoin oculaire d'un passé lointain, déjà effervescent, pose toujours des questions. C'est la juxtaposition de l'évolution d'un village, en proie à la modernité naissante, avec l'éveil d'une enfance aux métiers, à la religion, à l'école du passé, que peint cet ouvrage. Avec le bonheur d'un style alerte.

02/2004

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Critique littéraire

Poètes de l'amour

Les poétiques de l'amour étudiées dans ce recueil semblent traversées, d'une époque à l'autre et d'un poème à l'autre, par la question de la trace, de l'empreinte, de l'esquisse. Dessin presque évanoui de ce qui fut peut-être un amour avant d'être de la poésie. Ou tout autant, invention de ce qui aurait pu être un amour, de celle (celui) qu'on eût aimé(e). Pourtant ces poètes qui, tous, rencontrent, sinon la mort, du moins sa menace, son double, la trahison, l'éloignement, ne se veulent pas seulement poètes de la déploration. Il semble qu'ils soient, de ce fait même, inventeurs d'une histoire à travers un ordre précaire. La quête amoureuse est donc aussi celle d'une forme nouvelle, d'une poésie en rupture avec celle qui avait cours, d'un modèle qu'il faut parfois renouveler, quitte, parfois, à prétendre imiter... l'Orient par exemple. Car l'invention, chez ces poètes, comme le montrent savamment les contributeurs de ce recueil, ne va jamais sans la trace de ce qui s'écrivit avant, dans ces textes qui sont autant de réécritures d'autres textes. La blessure, si elle existe, se dit aussi en cherchant sa voix à travers d'autres voix. Ainsi, construire l'être aimé dans la juxtaposition de figures et de pièces éparses n'est pas cesser d'être un " poète de l'amour ", c'est bien chercher à saisir la silhouette du vers idéal.

11/2004

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Beaux arts

Surréalisme

Né après la Première Guerre mondiale, mouvement tout d'abord littéraire, le Surréalisme dérive directement du Dadaïsme, opposé aux conventions sociales et morales de la bourgeoisie. Influencés par les conceptions freudienne et jungienne de l'inconscient, les artistes s'attachent à exprimer tout ce qui est du ressort du rêve, du pulsionnel, de l'instinct, du désir, et prônent la révolte et la liberté. Puis le surréalisme gagne rapidement les arts plastiques, la photographie et le cinéma. Leurs moyens d'expression sont l'écriture automatique, les « cadavres exquis », les jeux verbaux, les associations, le dessin spontané, le frottage et le collage ou encore le décalage entre le titre de l'œuvre et son contenu, la juxtaposition d'images ou d'objets incongrus. André Breton, dans son premier Manifeste du Surréalisme, définit ce mouvement comme un « automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée… » Ce volume de la collection Le Génie de l'art nous entraîne dans le monde de l'imaginaire et de l'irrationnel, sur les pas, de Max Ernst, Man Ray, Hans Arp, Giorgio de Chirico, Magritte, Miro, Salvador Dali pour les plus connus et dont l'influence se ressent encore dans certaines œuvres contemporaines. Le Génie de l'art offre une série d'encyclopédies visuelles claires, concises et abondamment illustrées, complétées par une chronologie et un glossaire. Une visite guidée des grandes civilisations et des mouvements artistiques les plus marquants de notre histoire.

10/2014

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Humour

Bon sens ne saurait mentir

Il ne faut pas croire que TOUS les jeux de mots font rire. Certains suscitent l'étonnement par la juxtaposition imprévue ou improbable de phonèmes, de syllabes, de mots, d'expressions ; d'autres demandent de la réflexion ou de l'imagination ; et d'aucuns, enfin, peuvent faire un flop. Bien évidemment, quelques-uns sont tirés par les cheveux. L'auteur en sait quelque chose : il est chauve. Plusieurs sont au deuxième, voire au troisième degré : ils furent rédigés pendant l'hiver. Mais tous visent à satisfaire le goût de la dérision et de l'absurde. Ainsi, il faut prendre ce livre uniquement pour ce qu'il est : dispenser les plaisirs de la distraction, de l'humour et de l'esprit. Partageons donc le texte suivant attribué à Léopold Sédar Senghor (1906- 2001). " Cher frère blanc, Quand je suis né, j'étais noir, Quand j'ai grandi, j'étais noir, Quand je suis au soleil, je suis noir, Quand je suis malade, je suis noir, Quand je mourrai, je serai noir. Tandis que toi, homme blanc, Quand tu es né, tu étais rose, Quand tu as grandi, tu étais blanc, Quand tu vas au soleil, tu es rouge, Quand tu as froid, tu es bleu, Quand tu as peur, tu es vert, Quand tu es malade, tu es jaune, Quand tu mourras, tu seras gris. Alors, de nous deux, Qui est l'homme de couleur ? " P.S. Pour conclure, à titre personnel et sans prétention : " Le frère blanc n'hésite pas à faire de l'humour noir ".

02/2022

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Essais

L'attrait du silence

CNLMusique – Quand bien même on le réclame sur la plupart des plateaux avant chaque prise de vue, le silence au cinéma est difficilement tenable. Instinctivement associé au vide, au néant, à la contemplation, à la passivité, au temps suspendu, à la mort, ou encore à l'impossibilité de l'événement, le silence est craint. 

L'attrait du silence manifesté ou subi par les cinéastes et les personnages dans la quinzaine de films ici réunis (du Prince étudiant d'Ernst Lubitsch à Paterson de Jim Jarmusch en passant par Silence et Cri de Miklos Jancso) doit donc être entendu comme aspiration jamais véritablement concrétisée ni satisfaite.

Le silence au cinéma est toujours relatif, perturbé, rompu, brisé, irrégulier, provisoire, dénaturé. Mais il ne provoque en rien une sclérose du sens, du récit ou encore de l'émotion, pour redonner temporairement la main au visible, à défaut de son autonomie complète. Le motif du silence - décliné selon quatre approches entrecoupées de focalisations sur des moments silencieux - sera donc ici mis en exergue dans sa capacité à stimuler des récits fictionnels mais aussi documentaires.

Dès lors il conviendra de se poser la question : par quoi est-il compensé ? C'est que le silence est très vite devenu un recours dramatique très efficace, non pas à le considérer isolément, mais grâce à sa confrontation ou sa juxtaposition avec les composantes de la bande-son que sont la parole, la musique et les bruits. Autrement dit, le silence a besoin d'elles pour résonner, à défaut de s'imposer comme quatrième composante.

04/2021

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Critique littéraire

L'escrime, la danse et l'art de la guerre. Le livre et la représentation du mouvement

D'abord essentielle à l'art de la guerre, et mise en oeuvre dès l'Antiquité, la transcription du mouvement passe par une simple juxtaposition de dessins qui, comme autant d'instantanés visuels, montrent le mouvement à chaque étape de son déploiement, permettant ainsi d'en garder la trace et de l'imiter. Cette représentation se heurte cependant à une tension irréconciliable entre la volonté d'être minutieux dans la description et synthétique dans le schéma.
Au Moyen Age puis à la Renaissance, les maîtres d'escrime cherchent à développer une notation du mouvement plus complexe. Camillo Agrippa, mathématicien, architecte et ingénieur, révolutionne la notation du mouvement en 1553 au moyen des principes géométriques. Les maîtres d'escrime et de danse recherchent dès lors un système aussi efficace que l'écriture musicale. C'est à un parcours à travers ces "partitions du geste" , qui rivalisent de beauté et de sophistication, que nous convie Sydney Anglo.
Combats à la barrière, combats simulés et dansés, mouvement des troupes et des corps de ballet : les arts de la guerre, de l'escrime et de la danse se préparent avec le même soin, la même attention accordée aux gestes, au rythme et à la synchronisation. Le prisme de leur transcription révèle leur parenté. Né en 1934, Sydney Anglo fait son doctorat à l'institut Warburg, sous la direction de Frances Yates.
Historien des idées et personnalité de la radio, il est aujourd'hui professeur émérite de l'Université du Pays de Galles, membre de la Society of Antiquaries, de la Learned Society of Wales et de la British Academy.

07/2011

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Beaux arts

La relève du réel. Les arts du chaos et du virtuel

Peut-on représenter aujourd'hui la multiplicité d'univers virtuels que décrit la science contemporaine ? Les avant-gardes du XXe siècle, Picasso comme Malevitch ou Duchamp, avaient fondé la représentation du réel sur l'espace-temps d'Einstein. Mais la science apporte aujourd'hui, sur la nature de cette réalité, des réponses inattendues. La physique quantique décrit un animal étrange, un chat, dont on ne peut dire s'il est mort ou vivant. Comme lui, nous existerions sous forme de multiples copies dans des univers virtuels dont le tissu n'est fait que d'ondes de probabilité. L'espace-temps aurait vingt-six dimensions. Il cesserait complètement d'exister en deçà d'une certaine échelle. Sa forme serait infiniment fragmentée. Le chaos y régnerait. Des distorsions du temps, les trous noirs, permettraient de passer dans d'autres univers. Depuis une dizaine d'années, Serge Salat et Françoise Labbé ont construit des espaces multi-sensoriels conjuguant réalité virtuelle et art fractal. Ces installations, de la taille d'une pièce dans laquelle le sujet peut pénétrer, ont été exposées dans de nombreux musées, tant en France, au Centre Georges-Pompidou, qu'à l'étranger : à Milan, Copenhague, New York, Chicago, Tokyo, Séoul, Singapour, Bangkok, notamment. Ces oeuvres aux multiples dimensions fusionnent l'architecture, la sculpture, le film avec les techniques de la réalité virtuelle et renouvellent les conditions et les limites des formes d'art traditionnelles. L'écriture en apparence fragmentée de ce livre propose un tissu polyphonique de récits et d'essais qui sont comme un voyage dans l'espace-temps et dans l'art, la science, la philosophie, la psychologie. Originale et somptueuse, son iconographie crée, par des juxtapositions inédites et des parallèles inattendus et forts, des harmoniques nouvelles. Grâce à cette approche plurielle, le livre offre une synthèse des grands thèmes artistiques et scientifiques contemporains, ainsi que des mutations de la création et de la pensée entraînées par les images virtuelles, le cyberspace, la théorie du chaos, dont il rend la complexité abordable à un large public.

04/1997

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Gestion

Quand la religion s'invite en entreprise. Clés pour le management

Comment nommer ce qui semblait ne pas concerner la réalité de l'entreprise ou ce qui est censé relever de la sphère privée ? Comment aborder les différentes facettes du religieux quand il surgit sur le terrain de l'entreprise ? Quel rôle peut avoir le droit ou la règle commune ? Quelle aide peuvent apporter les bonnes pratiques en la matière, sans tomber dans la logique des recettes toutes faites ? Des questions qui surgissent, parfois sur un fond "d'inculture" religieuse et d'un manque cruel d'"outils" de connaissance adaptés. La première partie de cet ouvrage part de l'idée désormais installée dans les sociétés modernes et sécularisées sur la séparation des sphères, publique et privée. Mais le but ici est de comprendre comment cette idée a émergé. La deuxième partie de cet ouvrage aborde directement la question du management suivant plusieurs angles d'approche. En convoquant d'abord le cadre juridique, il s'agit de rappeler les contours des règles en vigueur. Deux chapitres proprement managériaux éclairent, à partir des bonnes pratiques, ou d'expériences vécues, des outils managériaux spécifiques. La troisième partie présente une particularité, elle résume les convictions fortes : – la notion de "dialogue" que les auteurs proposent comme une finalité et non pas comme une fin ; – aborder la diversité culturelle et religieuse suivant une logique interactive plutôt qu'une juxtaposition passive ; – prendre en compte la question de la spiritualité en entreprise, comme un enjeu à réfléchir ; – changer son regard sur la complexité du monde plutôt que de vouloir le changer ; – la fraternité, qui loin d'être une utopie fantasmée, peut transformer les rapports dans les sociétés et les entreprises, une valeur sûre qui interdit les discriminations et évite les cloisonnements.

06/2019

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Littérature étrangère

Contes du chemin de fer

Contes du chemin de fer. La vie a bien changé à Guilas, paisible bourgade d'Ouzbékistan, depuis que le train s'y arrête : les tribus d'Asie centrale, les voyageurs de toutes origines, et bientôt les populations déportées par le régime communiste y côtoient les autochtones, forcés de s'habituer à leurs nouvelles conditions de vie. Pendant la Seconde guerre mondiale, période sur laquelle s'ouvre cette étonnante polyphonie, le coeur de la petite ville bat à l'auberge de la gare : les bras cassés qui sont restés à l'arrière - Oumareli l'Usurier, réformé pour avoir pris seize kilos pendant son séjour en prison, Tolib le Boucher, si maigre qu'on lui confie le ravitaillement du village, et Koutchar la Tchéka, le représentant de la police politique - y égrènent ragots et anecdotes. Exilés, adultères, orphelins, profiteurs, aventuriers et mendiants de tous poils défilent en une chronique débridée, véritable plongée ethnographique dans un microcosme où l'arrivée du train n'a pas été le seul traumatisme. Le matérialisme historique a en effet pulvérisé la vieille tradition soufie et les habitudes culturelles profondément ancrées d'un islam traditionnel : maintenant, il faut choisir entre bigamie et déportation, transformer les postes de fonctionnaires en charges héréditaires, bref, les petits arrangements avec le communisme sont la matrice de multiples histoires, tragiques ou grotesques, qui s'enchaînent comme autant de motifs dans le tapis. Car c'est bien le charme et la singularité de ce livre exubérant, construit à la manière des contes des Mille et une Nuits, que de faire émerger de la juxtaposition des histoires un univers singulier et d'inviter son lecteur à un éblouissant voyage au pays des contes et légendes d'une Asie centrale méconnue.

10/2009

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Sciences historiques

Sur les traces de nos pas. Histoire et petites histoires de port-Saint-Louis-du-Rhone

Au début, il n'y avait rien. Marais et étangs se partageaient des terres hostiles envahies par les moustiques. L'embouchure du Rhône en Méditerranée. Au fil du temps, la conquête du territoire sera longue... C'est au XIXe siècle que le creusement du canal Saint-Louis verra le jour. S'y ajoutera la construction d'un port relié au Rhône par des écluses. Les travaux dureront de 1864 à 1873 et c'est en décembre 1880 que le port se mettra à fonctionner. Enfin, le 28 mars 1904, une loi érige Port-Saint-Louis-du-Rhône en commune. La ville de Port-Saint-Louis ne semble pas avoir eu d'image urbaine jusqu'aux années 1950, et l'agglomération fut longtemps une simple juxtaposition de " faubourgs " dispersés autour du port. Chaque faubourg avait son image propre, son type de peuplement, son autonomie. Avec Sur les traces de nos pas, José Valli nous propose ici un ouvrage qu'il qualifie de " passe-mémoire ". Vous y trouverez un recueil d'anecdotes authentiques sur la ville et des récits de vie s'étalant sur plus d'un demi-siècle, témoins de l'existence d'une cité en perpétuelle évolution. Par passion pour sa ville, et aussi par désir de transmettre, José Valli a constitué une mémoire collective en sollicitant les anciens " avant qu'ils ne choisissent de se taire et d'emporter à jamais leurs souvenirs ". Un ouvrage fort, riche en documents d'époque et en illustrations, incontestablement fondé sur l'émotion qui émane de ce bout de terre de Camargue qui a si particulièrement façonné la personnalité de ses habitants. "Un Port-Saint-Louisien, c'est un hardi pionnier que rien n'a pu et ne doit abattre."

12/2019

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Genres et mouvements

Penser sans concept : fonction de l'épopée guerrière. Iliade, Chanson de Roland, Hôgen et Heiji monogatari

L'épopée guerrière est une gigantesque machine à penser. La guerre qu'elle décrit est une métaphore, qui mime une crise contemporaine du public pour lui donner les moyens de l'appréhender intellectuellement. En l'absence des outils conceptuels que nous connaissons (historiques, juridiques, philosophiques), l'épopée permet une compréhension obscure mais profonde, efficace. Les outils conceptuels étant absents ou inopérants, la compréhension se fait dans et par le récit. C'est lui qui est chargé à la fois de rendre compte de la confusion radicale du monde et d'y tracer des perspectives lumineuses. Tous les procédés proprement littéraires trouvent là leur justification profonde. Ce sont les conflits apparemment psychologiques, la ritualisation du combat, le recours aux récits annexes, la juxtaposition et la variation, les parallèles, homologies et antithèses, qui font jouer les notions problématiques et permettent d'élaborer une vision profonde de la réalité. L'épopée est un moyen, et non une fin. Elle permet d'apporter la lumière sur un sujet encore bien plus confus que la mêlée guerrière : la crise qui secoue le monde des auditeurs. Elle est le lieu où s'élaborent les valeurs nouvelles, où se pense le nouveau modèle politique : pour l'Iliade, la naissance de la Cité qui va se substituer à l'univers patriarcal, pour le Roland le renouveau royal du XIIe siècle, pour le Hôgen et le Heiji monogatari, la naissance de la féodalité. La question que toutes posent, de la première à la dernière ligne, celle pour laquelle elles emploient tour à tour tous les moyens à leur disposition, c'est ainsi la question du politique : quelle forme de gouvernement, quels rapports entre les êtres dans une société qui émerge d'un âge sombre.

01/2021

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BD tout public

Outrage Fatigue

" Outrage fatigue " désigne, en anglais, le sentiment d'impuissance qui s'empare de celui ou celle qui contemple de trop près les malheurs du monde. A l'heure de l'information instantanée et de l'image omniprésente, le marché mondial de l'indignation est en accès libre et chacun peut y puiser autant de catastrophes, d'injustices, de tortures et d'exploitation qu'il lui faudra pour alimenter sa révolte ; mais à force, celle-ci s'émousse et la colère tourne souvent à l'apathie. Le livre d'Ivan Brun ne propose a priori pas de remède à ce mal moderne. Au contraire, ces 32 illustrations, réalisées à la plume ou en carte à gratter d'après des images d'actualité glanées sur le web puis mises en couleur en bichromie, ne font qu'en rajouter une couche. Comme une sorte d'inventaire imagé de ce que le monde compte comme horreurs, elles montrent toute la palette de l'oppression, de la violence et souvent de la cruauté - physique, morale ou symbolique - dont l'Homme est capable. Corps abusés, animaux dépecés, ouvriers exploités, militaires surarmés, politiciens en campagnes et starlettes survoltées : les images d'Outrage Fatigue semblent au premier abord avoir peu en commun, comme les pièces d'un puzzle impossible à assembler. Mais par leur juxtaposition, Ivan Brun nous donne au final à voir l'omniprésence des rapports de domination : des hommes sur les travailleuses du sexe, de l'Homme sur l'animal, du trafiquant ou du militaire sur le civil, du riche sur le pauvre, etc. Il semble proposer une lecture unificatrice qui, comme un pas en arrière, permet de voir enfin l'assemblage des différentes pièces du puzzle. Pour dépasser l'outrage fatigue causé par la surabondance et l'éclatement des indignations, Ivan Brun semble donc proposer une voie : " révoltés de toutes les causes, unissez-vous ! "

09/2020

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Histoire de France

AVANT MEMOIRE. TOME 4, D'un siècle à l'autre

"La troisième chronique d'Avant Mémoire, intitulée La Fauconnier, se situait dans le Paris de Louis XV, continuait sous Louis XVI et s'arrêtait à la veille de la Révolution. Elle relatait l'histoire des soeurs Fauconnier, Madeleine ma lointaine aïeule et Marie-Anne, filles du maître perruquier de la rue des Quatre-Vents. Madeleine avait eu du duc de Gramont une fille naturelle, Cécile, qui fut sa seule enfant. Que devinrent pendant la tempête révolutionnaire les personnages que nous avions rencontrés dans La Fauconnier, parents et alliés, amis et relations ? Je les ai presque tous retrouvés, non sans peine, sous des aspects inattendus dont la juxtaposition compose le tableau d'une société sinistrée. L'actualité politique occupe ici le devant de la scène, reléguant au second plan les péripéties domestiques, tant les grands événements nationaux se sont alors précipités qui se répercutèrent dans les foyers. Cependant une nouvelle génération a grandi. Cécile de Gramont de la Mothe avait épousé Jean Devaux, contrôleur ordinaire des guerres, et de leur mariage étaient nés deux enfants, Charles-Maurice mon trisaïeul et sa soeur Sophie. La longue existence de Charles-Maurice Devaux dit le baron de Vaux, né et mort à Paris, baptisé le 13 avril 1774 à Saint-Eustache et inhumé le 28 février 1856 au Vieux-Cimetière de Neuilly, a été ma plus constante référence tout au long de cette dernière enquête. Elle va, cette enquête, de la Révolution jusqu'au Second Empire et présente en coupes successives, pratiquées dans l'ordre chronologique en suivant les divisions de l'Histoire, les comportements de mes divers personnages au cours des mêmes périodes. Ainsi s'achève le projet d'Avant Mémoire, histoire sociale d'une famille française suivie à Paris pendant trois siècles (1555-1856) dans ses rapports avec son temps." Jean Delay.

03/1986

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Critique littéraire

Operratiques

Operratiques est l'un des importants manuscrits inédits que Michel Leiris a laissés après sa mort. Ce titre est construit à partir d'une juxtaposition de deux termes - opéra et erratique - qui forment ce que l'on appelle un "mot valise" , il place cet ouvrage sous le signe de ce que Michel Leiris lui-même appelait l'une de ses "aficion" - l'autre étant la tauromachie - avec, comme il se doit, ses emportements, ses retraits, ses manies et ses égarements, ses injustices et ses repentirs, avec ses interrogations aussi : celles d'un écrivain pour qui toute réflexion sur l'opéra paraissait être de nature à résoudre quelques-uns des problèmes esthétiques qu'il se posait, entre autres ceux de la "présence" , du "merveilleux" , de la "modernité" ou, plus généralement, du "langage" , en l'occurrence chanté. L'ouvrage est composé de trois mouvements. Le premier aborde l'opéra d'un point de vue objectif, parfois sociologique et même ethnographique, que ce soit par les thèmes de l'exotisme, de l'érotisme, du fantastique, de la pataphysique ou de l'engagement politique dans l'opéra sur lesquels Michel Leiris s'interroge. Le second, le plus important et de nature plus subjective, propose une réflexion sur l'esthétique et sur la dramaturgie de l'opéra, l'auteur évoquant ses souvenirs d'oeuvres vues ou entendues, justifiant ses attirances (Mozart, Verdi), exprimant ses réserves, voire ses répugnances (Wagner surtout), manifestant l'un de ses plus célèbres remords (Puccini), faisant appel à son expérience d'ethnographe et de voyageur (opéra chinois, vaudou), traitant l'opéra comme une fête, comme un plaisir de dilettante, mais aussi, empruntant l'expression d'Antonin Artaud, comme "théâtre de la cruauté" . Le dernier mouvement est surtout consacré aux chanteurs ("monstres sacrés"), à la mise en scène, aux théâtres d'opéra, aux rituels des représentations.

03/1992

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Théâtre

Corps de bois, souffle humain. Le théâtre de marionnettes Wayang Golek de Java Ouest

Le wayang golek purwa est un théâtre de marionnettes éminemment populaire aujourd'hui en pays Sunda, à l'Ouest de Java en Indonésie. Pratique complexe dans ses dimensions sociales et artistiques, le wayang golek est proclamé en 2003 Chef-d'oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité par l'Unesco, au sein de la candidature générique du « Wayang indonésien ». L'ouvrage décrit et discute le passage d'un patrimoine familial à un patrimoine commun, national, mondial. L'analyse anthropologique mêle ainsi l'étude des politiques culturelles au sein des jeux d'espaces de ces différentes échelles, l'examen de concepts globaux, l'étude détaillée du parcours de cette première candidature de l'Indonésie au patrimoine immatériel de l'Unesco et la réalité ethnographique du wayang golek. Du processus de patrimonialisation officielle surgissent ainsi des enjeux multiples, telle la construction d'une identité et d'une culture nationales, ou encore la spectacularisation et la folklorisation du wayang golek, sa conversion en un produit à exporter, une ressource à mobiliser et à exploiter. Le patrimoine devient un capital à faire fructifier dans l'intérêt notamment économique d'une région touchée de plein fouet par les crises financières de 1997 et fin 2008, au sein d'un État engagé dans un processus politique complexe de démocratisation au sortir des trente ans du régime autoritaire de l'Ordre Nouveau (1967-1998). Loin de se limiter à l'étude de la juxtaposition du concept international de patrimoine immatériel à un contexte local spécifique, l'ouvrage montre comment, par leurs pratiques, les acteurs du wayang golek se réapproprient ce signifiant nouveau, tout en apportant à leur tour des éléments à la réflexion générale sur le patrimoine dont le wayang golek fonctionne comme un métadiscours au sein de la société sundanaise contemporaine.

06/2014

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Récits de voyage

Pontée

Ce livre, sorte de carnet de voyage, conjugue l'écriture poétique et l'écriture documentaire pour décrire l'atmosphère de l'un des plus grands porte-conteneurs du monde, au cours d'un trajet de trente-huit jours entre la Chine et l'Europe. Dans le vocabulaire de la marine marchande, le mot Pontée désigne la cargaison chargée sur le pont. Ce livre, sorte de carnet de voyage, conjugue l'écriture poétique et l'écriture documentaire pour décrire l'atmosphère de l'un des plus grands porte-conteneurs du monde, au cours d'un trajet de trente-huit jours entre la Chine et l'Europe. Il évoque toutes sortes d'aspects de cet univers singulier, itinérant, divers, à la fois industriel et naturel, où l'être humain est central, mais infime. Le texte prend la mer, lentement, comme un cargo, et progresse au rythme de cette traversée. Il n'adopte la forme d'une relation linéaire, chronologique, mais celle d'une juxtaposition de moments qui s'enchaînent selon des affinités plus discrètes, comme on voit se superposer les conteneurs que transporte un grand navire. L'auteur, seul passager de cette traversée, se décrit à distance, en observateur décalé dans cet univers où un terrien n'a rien à faire. Il rend compte, dans une écriture où l'on retrouve l'humour, la rêverie poétique, parfois la conversation, de ce qu'il a vu à bord, mais aussi à quai. Tout nous est conté, du matériel colossal, comme le moteur du navire, les portiques de transbordement, aux équipements plus modestes comme la couchette, la coupée, la machine à laver du bord. Et, bien sûr, la mer, dans tous ses états. Pontée est une magnifique invitation au voyage, où se mêlent l'émerveillement, la fascination, l'empathie et quelquefois l'inquiétude.

02/2019

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Beaux arts

La cathédrale de Verdun des origines à nos jours. Etude historique et sociale d'un édifice à l'architecture millénaire, 2e édition

S'appuyant sur des sources nombreuses et parfois inédites, cet ouvrage propose une synthèse novatrice sur l'histoire et sur l'architecture de la cathédrale de Verdun depuis ses origines jusqu'à nos jours. Richement illustré - documents d'archives, plans, schémas, photographies récentes et anciennes -, il invite le lecteur à découvrir chaque recoin de cet édifice millénaire pour en comprendre les évolutions successives. Erigée à la fin du Xe siècle, la cathédrale actuelle compte en effet de nombreux styles architecturaux : roman, gothique, mais aussi baroque et classique. Ainsi, à proximité du célèbre baldaquin, réalisé au XVIIIe siècle par le chanoine De Plaine d'après l'oeuvre du Bernin à Saint-Pierre de Rome, se cachent les restes d'un splendide portail polychrome du XIIe siècle, incrusté dans le mur d'une salle gothique datant du siècle suivant. Dans le grand-choeur oriental, dont les voûtes furent construites à la fin du XIVe siècle, ce sont des vitraux réalisés par les ateliers Gruber, au lendemain de la Première Guerre mondiale, qu'on peut admirer. C'est pour comprendre la juxtaposition de ces styles, le mobilier et les oeuvres qui les accompagnent, que l'auteur a voulu insister sur l'histoire du monument et de ceux qui en ont eu la charge pendant de nombreux siècles : les évêques, bien sûr, mais aussi les chanoines et dignitaires de la cathédrale. Tous ont eu le soin de préserver l'héritage qui leur avait été confié, mais en l'adaptant parfois à leurs besoins ou au goût de leur époque. C'est cette cathédrale, fruit d'une histoire humaine riche et ancienne, que nous connaissons aujourd'hui et que tente de décrypter Michaël George au sein de ce très beau livre.

11/2015

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Géopolitique

Russie, un vertige de puissance

On a souvent quali ? é la disparition de l'URSS de divorce à l'amiable, étonnamment paci ? que. L'agression décidée par Vladimir Poutine en Ukraine en février 2022 vient contredire cet optimisme. En réalité, dès 1988, une série de con ? its ont surgi autour de la Russie, avant même que l'URSS n'éclate, en 1991. D'abord au Caucase, puis en Asie centrale et en Moldavie, ces tensions re ? ètent l'acuité des questions que le régime soviétique avait mises sous le boisseau en interdisant toute ré? exion ouverte sur des enjeux brûlants qui couvaient à petit feu. La ? n de l'URSS a consacré la naissance de quinze Etats indépendants qui ont aussitôt suscité interrogations et convoitises. Ils devaient non seulement dé? nir de nouveaux rapports entre eux et en premier lieu avec l'ancienne puissance tutélaire, la Russie, mais aussi établir des relations avec des voisins devenus de potentiels partenaires. Très tôt, la Russie a perdu le monopole d'in ? uence qu'elle exerçait sur tout cet espace depuis plus d'un siècle alors que des acteurs extérieurs (Etats-Unis, Union européenne, Turquie, Chine) pro ? taient de son affaiblissement. L'arrivée en 2000 à la tête de l'Etat russe de Vladimir Poutine marque un tournant majeur, ce dernier s'étant ? xé pour objectif de redonner à son pays sa puissance d'antan. En partant de la situation actuelle, l'agression de la Russie en Ukraine, ce livre se propose de revenir aux sources des enchaînements qui ont conduit à cette série de con ? its tragiques. Il repose sur la juxtaposition de textes synthétiques exposant les positions des différents acteurs et de documents cartographiques qui permettent, souvent plus clairement que de longs développements, de comprendre les enjeux réels et leur évolution.

02/2023

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Musiques du monde

Ekambi Brillant

Partant du postulat selon lequel les grands Hommes doivent vivre leur biographie et non l'avoir à titre posthume, Dr Mondo prend durablement racine dans le quotidien d'Ekambi Brillant qui accepte de se livre, sans idéologie ni langue de bois, grâce à la relation de confiance qui s'installe au fur et à mesure des séances de travail. Avec cet ouvrage, la musique ne sera plus le résultat d'une juxtaposition de notes et de paroles. Les artistes y puiseront des sources d'inspiration pour se surpasser. Quant à eux, les gouvernements, les organismes internationaux, les partenaires au développement, les entreprises, les décideurs, les citoyens, bref les mécène de toute nature y trouveront des raisons pour faire perdurer la création intellectuelle locale. Cette biographie réflexive démontre avec bienveillance que l'Afrique regorge de talents au-delà de ce que le bon sens pourrait imaginer. l'auteur passe le destin d'Ekambi Brillant à travers des grilles d'analyse stratégique de son jardin secret, de sa profession, son rayonnement et de sa discographie, pour tirer la sonnette d'alarme pour une prise de conscience collective. s'inscrivant dans le cortège des plans d'émergence des pays africains, il s'agit de la valorisation des Africains qui ont véritablement marqué leur époque sur les aspects social, économique, culturel, technologique, réglementaire, environnemental, démographique ou politique. L'approche scientifique adoptée par l'auteur pour produire ce récit de vie se montre d'autant plus pertinente que, avec cet essai, la culture est dorénavant perçue comme un méta problème, c'est à dire un problème qu'on ne peut plus aborder sur un seul et unique angle. Dès lors, la création immatérielle cesse d'être uniquement une affaire privée, pour devenir aussi une grande cause nationale propice à faire entrer des citoyens méritants dans le panthéon des trésors de l'UNESCO, entre autres.

04/2021

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Histoire de la philosophie

Les vérités de ϴ 10 . Remarques sur un chapitre célèbre de la Métaphysique

Dans les études sur la théorie aristotélicienne de la vérité, le chapitre 10 de la Métaphysique occupe une position aussi centrale que problématique. S'en réclament autant les philosophes de tradition analytique que les auteurs les plus continentaux, Heidegger en tête, qui a consacré à ce texte un commentaire détaillé. Cette étonnante fécondité historiographique témoigne assurément de la profondeur des enjeux de 10. Mais le texte est difficile et l'on peut se demander si ses utilisations modernes ne sont pas autant de rétroprojections, sur un locus éminemment desperatus, de décisions philosophiques trop optimistes. Notre objectif sera donc, dans un premier temps, philologique : nous présenterons une édition du texte, fondée sur la prise en compte de la tradition textuelle de la Métaphysique. Une brève description sera donnée des témoins byzantins principaux, de leurs rapports de parenté et de la façon dont la traduction arabe ancienne, du IXe siècle, permet de mieux comprendre la tradition grecque. Une fois cette tâche préalable accomplie - elle ne l'a été par aucun des cinq éditeurs de la Métaphysique (Bekker, Bonitz, von Christ, Ross, Jaeger) - nous serons mieux armés pour comprendre la lettre de ? 10. Celle-ci, toutefois, commencera par se présenter sous une forme qui accroîtra nos perplexités : loin de permettre de trancher le débat entre lecture " analytique " et " continentale ", le chapitre 10 tel qu'on pouvait le lire à la fin de l'Antiquité fournit des arguments à chacune. Cette constatation nous invitera à prolonger l'entreprise ecdotique dans une direction plus générale, prenant en compte la constitution du chapitre dans son ensemble. Nous argumenterons en faveur de la thèse suivante : 10 résulte de la conflagration de deux traitements aristotéliciens distincts, corrélés mais hétérogènes, de la vérité. Nous nous interrogerons sur leur signification intrinsèque et, bien entendu, sur les raisons de leur juxtaposition à la fin du livre.

03/2023

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Genres et mouvements

HP Lovecraft. Contre le monde, contre la vie

" Howard Phillips Lovecraft constitue un exemple pour tous ceux qui souhaitent apprendre à rater leur vie, et éventuellement, à réussir leur œuvre. Encore que, sur ce dernier point, le résultat ne soit pas garanti. " Maître incontesté de l'horreur et du fantastique, précurseur brillant s'il en est de la science-fiction, un genre appelé à connaître une fortune prodigieuse, H. P. Lovecraft est l'un des plus grands écrivains américains du XXe siècle. Il reste l'objet d'une véritable fascination pour bien des contemporains, l'étrangeté de sa personnalité étant à la mesure de celle de ses écrits. Né dans une ville portuaire, Lovecraft développa et entretint une véritable phobie de la mer. Profondément apathique et fondamentalement hostile à toutes les valeurs du monde moderne, il souffrit toute sa vie durant de cauchemars récurrents. Animé enfin d'un racisme viscéral, toutes ses tentatives pour mener une vie " normale " se soldèrent par des échecs. C'est cet itinéraire hors du commun que parcourt Michel Houellebecq, saluant dans son confrère écrivain l'auteur d'un mythe fondateur et tirant des écrits hallucinés de son aîné un plaidoyer convaincant pour une littérature vertigineuse, " juxtaposition du minutieux et de l'illimité, du ponctuel et de l'infini ". Cette réédition de l'un des ouvrages les plus emblématiques de Michel Houellebecq est admirablement servie par une magistrale introduction de Stephen King, préface à l'édition américaine du livre. Analysant avec force et lucidité ce qui, par-delà les époques, réunit les deux écrivains et confère une parenté à leur œuvre, sondant l'auteur français pour mieux trouver la source de son intérêt pour Lovecraft, le grand écrivain américain donne là une clé essentielle à la compréhension en profondeur de ce texte.

09/2005