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Littérature étrangère

Dossier de l'attentat

Qui a voulu tuer Porfirio Diaz : un fou, un ivrogne ou un anarchiste ? Le saura-t-on jamais, puisque l'agresseur, Arnulfo Arroyo, est mort quelques heures après l'attentat dans les locaux de la police. Mais qui l'a éliminé ? La foule en colère - comme on veut le faire croire - ou un groupe de sbires ? Et dans ce cas, quelle est la main secrète qui a armé les tueurs ? D'ailleurs, au final, a-t-on vraiment voulu assassiner le président ou s'agit-il d'une manipulation qui a échappé à ses propres instigateurs ? Mille questions agitent la société mexicaine en ce dernier trimestre de l'année 1897, après l'attentat raté qui a marqué le défilé du jour de l'Indépendance. Dossier de l'attentat, inspiré d'un événement réel, permet à Alvaro Uribe de composer une intrigue politico-policière haletante qui dépeint avec brio la vie à Mexico entre deux siècles, dans un voyage qui part de la plus grossière des cantinas pour aboutir au palais présidentiel. Chronique qui met à jour l'opacité manœuvrière entourant le régime de Porfirio Diaz, le roman évoque aussi clairement, en manière d'apologue, le Mexique au présent : l'enchevêtrement des réseaux de pouvoir, le rôle de la presse, l'action de la police et le poids de la raison d'Etat.

02/2009

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Philosophie

Le dialogue philosophique dans les contes de Voltaire

L'étude du dialogue philosophique en tant que procédé dans les contes de Voltaire, et non en tant que genre autonome et codifié, ouvre une perspective nouvelle de recherche sur son utilisation dans le genre narratif. Elle permet, en l'occurrence, de dégager des constantes sur le plan philosophique : méfiance par rapport au langage, nécessité de redéfinir une parole concise, juste et efficace dans le cadre des relations sociales, dans le domaine moral et dans celui de la recherche scientifique. L'ouverture d'esprit et l'honnêteté intellectuelle des locuteurs sont indispensables. L'esthétique des dialogues rend compte de ces conceptions : parti pris de la brièveté, dialogue prenant la forme de parabole, d'apologue ou de prophétie pour exprimer des intuitions qui ne sauraient être démontrées, traitement original du topos de la conversation. L'interaction entre le dialogue philosophique et la forme du conte donne une épaisseur supplémentaire aux propos échangés. Au cours de leurs aventures, les personnages sont confrontés aux faits. Ils vivent des expériences sur le plan social, politique, scientifique ou philosophique qui confirment ou infirment la pertinence de leurs assertions. La souplesse du genre du conte favorise l'émergence de la satire, au sens étymologique du terme et dans son acception plus moderne. Le dialogue acquiert une spécificité qui consiste en la parodie de son principe ou qui donne naissance, entre autres, à une écriture narrativo-théâtrale inédite.

06/2019

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Théâtre - Pièces

De Henri à Jean William. Six courtes comédies

Au départ il y avait juste l'envie d'écrire un texte court à la suite d'une scène dont j'avais été le témoin. S'amuser du monde tel qu'il va. Cette pièce a été lue. Puis jouée. Et le public y a trouvé du plaisir. D'autres situations, d'autres observations, d'autres pièces sont venues s'ajouter à cette première expérience. Et plus j'avançais dans l'aventure de ces créations, plus je trouvais des raisons non seulement de la poursuivre mais aussi d'essayer de comprendre d'où venait la joie que j'y trouvais à chaque fois. Les pièces courtes ne sont pas des écrits au rabais. Le petit format n'est pas un genre mineur. Les plus grands en ont fait des chefs-d'oeuvre. Ici on ne tourne pas autour du pot. Pas de temps à perdre. Tout fait acte. Les personnages sont d'emblée en situation d'agir. Le public est capté à l'instant même. A l'origine de mes courtes comédies trois fois rien : un simple geste, une phrase peuvent être le point de départ d'une succession de causes et d'effets révélateurs de comportements singuliers. Il s'agit d'inventer à partir de l'ordinaire, de le rendre particulier. S'appuyer sur le familier pour en montrer l'étrangeté. Mes pièces sont des courtes fables, des sortes d'apologues comiques où les personnages expriment des contradictions. Au théâtre, le comique vient presque toujours de l'étrange insistance des protagonistes à se mettre eux-mêmes dans l'embarras. On rit de la manière avec laquelle ils s'emberlificotent dans leurs inconséquences. C'est cette absence de prise sur le réel qui me fascine et me pousse à l'écriture. (Alain Knapp)

11/2021

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Littérature étrangère

Nom d'un chien

Tout a commencé par un pari alcoolisé entre Hermès et Apollon : si les animaux avaient l'intelligence humaine, seraient-ils aussi malheureux que les hommes ? Les deux dieux décident alors d'accorder conscience et langage à un groupe de chiens passant la nuit dans une clinique vétérinaire de Toronto. Tout à coup capable d'élaborer des raisonnements plus complexes, la meute se divise : d'un côté les chiens fidèles à la vieille école canine, qui refusent de se soumettre à ce nouveau mode de pensée, de l'autre les canidés progressistes qui y adhèrent sans condition. Depuis l'Olympe, les dieux les observent, témoins de leurs tâtonnements dans ce nouveau monde qui s'offre à eux. Ils les regardent se déchirer avec une violence telle que seuls trois d'entre eux survivent : Wily Benjy, qui va de maison en maison, Prince, qui devient poète, et Majnoun, qui développe une relation amicale avec un vieux couple. Si Hermès veut l'emporter, au moins un des chiens doit être heureux à la fin de sa vie. Avec Nom d'un chien ! , Alexis André modernise le genre de l'apologue et nous offre une réflexion douce-amère sur les beautés et les dangers qu'implique la conscience de soi. Oscillant sans cesse entre rêverie et désillusion, à la fois charmant et dérangeant, Nom d'un chien ! est la preuve qu'un vieux chien peut toujours apprendre de nouveaux tours.

02/2016

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Essais

La distance

Que peut nous dire la psychanalyse contemporaine de la question de la distance, et tout particulièrement des enjeux de variations de distance dans la relation à soi-même ou à l'objet, notamment à l'objet " analyste " ? La distance est une notion qui peut ainsi nous permettre de remettre au travail la question de l'intrapsychique et de l'intersubjectif. Une lecture élargie de Freud, et en particulier Psychologie des masses et analyse du Moi (1921), nous invite à entendre ses allers-retours entre une conception purement intrapsychique de l'appareil psychique et une conception où l'objet, voire l'environnement, ont une place essentielle dans la construction psychique interne. Freud se réfère à la parabole des porcs-épics de Schopenhauer et écrit : " Nous nous figurons bien comment les hommes, en général, se comportent affectivement les uns envers les autres. D'après le célèbre apologue Schopenhauer des porcs-épics transis de froid, aucun ne supporte de l'autre un rapprochement trop intime. " Il montre ainsi sa préoccupation pour les enjeux d'écart, de distance, de rapprochement et d'éloignement entre les individus... En effet, deux souffrances menacent le sujet humain : trop près/trop loin ; trop proche/trop distant ; intrusif/absent ; trop chaud/trop froid... Ces polarités parlent implicitement de ce qui peut mettre en péril fondamentalement la vie psychique. Ce volume se propose d'en explorer les énigmes et le sens, mais aussi de montrer la mise au travail de ces questions dans le processus analytique.

04/2023

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Sciences politiques

Pirates et empereurs. Le terrorisme international dans le monde contemporain

Saint Augustin raconte qu'Alexandre le Grand, ayant capturé un pirate, lui reprocha de " molester " la mer. " Comment ! dit l'autre. Mais toi et moi faisons la même chose ! La seule différence, c'est que tu as beaucoup plus de bateaux que moi ! " Cet apologue a inspiré le titre de l'ouvrage de Chomsky, et on comprend pourquoi. Pour Chomsky, l'activité, bien réelle, des groupes terroristes, islamistes et autres, n'est jamais qu'un " terrorisme de détail " (tout comme il existe un commerce de détail). Elle fait seule l'objet de virulentes dénonciations, alors que le " terrorisme de gros ", celui des Etats, est toujours passé sous silence ; le premier a même pour fonction de faire oublier le second. Les différents chapitres qui composent cet ouvrage ont été rédigés entre 1986 et 2001. Ce sont autant d'études de cas, abordant aussi bien le rôle de la Libye dans la " démonologie " américaine que celui des Etats-Unis au Moyen-Orient, en particulier dans le conflit israélo-palestinien et ses derniers développements. Surtout, comme à son habitude, Noam Chomsky s'attache à démonter le véritable système idéologique mis en place par les Etats-Unis pour justifier leur propre action et disqualifier tous ceux qui s'y opposent. Même les plus anciens de ces textes n'ont rien perdu de leur pertinence ; hélas, les problèmes sont restés les mêmes, et n'ont souvent fait que s'aggraver.

09/2003

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Littérature française (poches)

Nouvelles orientales

Orientales, toutes les créatures de Marguerite Yourcenar le sont à leur manière, subtilement. L'Hadrien des Mémoires se veut le plus grec des empereurs, comme Zénon, dans la quête de son Œuvre au Noir, paraît souvent instruit d'autres sagesses que celles de l'Occident. L'auteur elle-même, cheminant à travers le Labyrinthe du Monde, poursuit une grande médiation sur le devenir des hommes qui rejoint la pensée bouddhiste. Avec ces Nouvelles, écrites au cours des dix années qui ont précédé la guerre, la tentation de l'Orient est clairement avouée dans le décor, dans le style, dans l'esprit des textes. De la Chine à la Grèce, des Balkans au Japon, ces contes accompagnent le voyageur comme autant de clés pour une seule musique, venue d'ailleurs. Les surprenants sortilèges du peintre Wang-Fô, " qui aimait l'image des choses et non les choses elles-mêmes ", font écho à l'amertume du vieux Cornelius Berg, " touchant les objets qu'il ne peignait plus ". Marko Kralievitch, le Serbe sans peur qui sait tromper les Turcs et la mort aussi bien que les femmes, est frère du prince Genghi, sorti d'un roman japonais du XIè siècle, par l'égoïsme du séducteur aveugle à la passion vraie, comme l'amour sublime de Vania l'Albanaise ou le deuil sacrilège de la veuve Aphrodissia répondent au sacrifice de la déesse Kâli, " nénuphar de la perfection ", à qui ses malheurs apprendront enfin " l'inanité du désir... ". Légendes saisies en vol, fables ou apologues, ces Nouvelles Orientales forment un édifice à part dans l'oeuvre de Marguerite Yourcenar, précieux comme une chapelle dans un vaste palais. Le réel s'y fait changeant, le rêve et le mythe y parlent un langage à chaque fois nouveau, et si le désir, la passion y brûlent souvent d'une ardeur brutale, presque inattendue, c'est peut-être qu'ils trouvent dans l'admirable économie de ces brefs récits le contraste idéal et nécessaire à leur soudain flamboiement.

06/2006

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Littérature étrangère

Les enfants et les fous

A travers les déviations linguistiques très scrupuleuses de l'écriture de Fried, ce sont les mécanismes mêmes de la logique, les habitudes de pensée, qui sont ici visés. D'où un perpétuel désamorçage du réel qui retient le lecteur de tomber dans le piège de l'idée reçue, en même temps qu'il l'inquiète, comme faisait le précédent livre de l'auteur, Le Soldat et la Fille. "S'il faut en croire le proverbe, écrit Erich Fried, les enfants el les fous disent la vérité, leur propre vérité, mais aussi notre vérité, refoulée ou niée, combattue par des conventions que les enfants ignorent encore - et dont les fous ont été exclus à la suite de conflits dramatiques". L'enfance à vrai dire joue dans ces récits un rôle plus sensible que la folie (à moins que la folie ne soit une manière de prendre au mot les images de l'enfance, comme le fait ici le narrateur). Bâtis sur une logique qui supprime le temps - non pas en revenant au passé par la réminiscence, mais en laissant le passé agir dans le présent - les récits de Fried donnent une dimension autre aux habitudes. Ainsi le "je" d'un des textes les pIus significatifs ne se rappelle pas une certaine tasse de lait ; il boit maintenant la tasse de lait qu'enfant il ne parvenait jamais à finir : l'adulte reprend les choses du point où il a dû les laisser en grandissant. Faisant signe de loin à certains textes de Michaux, à certaine manière qu'a Michel Leiris de questionner le langage, ce livre poursuit donc des fins aussi littéraires qu'antilittéraires, tandis qu'il reprend des écrivains baroques l'usage concerté de la rhétorique et le mythe du "monde à l'envers". Trente récits, petites fables, apologues d'une ironie poignante tentent de dire cette vérité difficile dans une prose sans affectation, pure et droite, sensible et juste.

05/1968

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Littérature française

Petites fables affables... des champs d'en face

Pourquoi, nous direz-vous, alors que de Grands Anciens se sont illustrés à produire d’inoubliables fables s’engager dans cette voie apparemment sans issue ? D’abord, parce que rien n’est plus ridicule que de vouloir interdire un genre du moment où il a produit des chefs-d’oeuvre. On a fait des poèmes après Homère, des tableaux après Raphaël, et nous ne sommes pas fâchés que l’on fasse des comédies et des tragédies après Molière et Racine. Sans sortir de l’apologue, nous sommes bien forcés de convenir qu’on a fait des fables charmantes depuis La Fontaine, et que plusieurs fables de La Fontaine ne sont pas dignes de lui comme l’écrivait François-Benoît Hoffman (Fables russes). Ensuite car cette littérature, hélas tombée en désuétude ou dans le cartable de nos chers bambins, a toujours été des plus prisées. Esprit faible ou forte tête, qui n’aime voir ici les petits travers de son prochain ou entrevoir là les gros défauts de ses proches dans des récits moins édifiants que clairvoyants, plus plaisants que méchants ? Critiques bon enfant produites par de sales gosses, ces contes courants, souvent animaliers mais jamais bêtes, patinés par une langue vieillie, riche de mots d’hier et parfois de la veille, ne sont ni infantiles ni puérils. Ils composent, une ample comédie à cent actes divers / Et dont la scène est l’univers (Jean de La Fontaine, Le bûcheron et Mercure) car sous la métaphore perce l’éternel et point l’universel.

11/2019

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Critique littéraire

Les citations des poètes grecs chez les apologistes chrétiens du IIe siècle. Quatrième série-47

Les apologistes grecs du IIe siècle ne suscitent plus guère d'intérêt. Cela peut sembler paradoxal alors que, dans une perspective de retour aux sources, on étudie tant les premiers auteurs chrétiens. Cette nouvelle synthèse veut mettre en évidence la pensée des apologistes en étudiant de manière approfondie leur personnalité philosophique et littéraire. Les apologistes manifestent un point de rencontre et d'opposition unique entre deux formes de pensée profondément différentes : les cultures grecque et chrétienne, à une époque où le christianisme cherche à se présenter aux Gentils sous une forme hellénisée. Or, si le recours des penseurs chrétiens à Platon est bien connu, les apologistes ont aussi largement puisé aux poètes grecs, au premier rang desquels Homère. C'est aux citations de ces poètes que s'intéresse la présente étude. L'interaction entre la conception antique du destin et la vision chrétienne de l'homme se traduit aussi par une instauration positive de valeurs nouvelles. Frisant souvent le paradoxe, les apologistes entendent défendre une image de l'homme centrée sur la rédemption, tout en s'efforçant d'intégrer dans le message chrétien des éléments fondamentaux de la pensée païenne. Les apologies ne sont pas des traités de théologie. Elles sont souvent rédigées sur le vif, dans des périodes de troubles, pour défendre des coreligionnaires attaqués, dénoncés, menacés de mort. Il serait alors vain de vouloir y trouver le déploiement serein d'une réflexion féconde qu'accompagnent la paix, la stabilité, la liberté religieuse et d'expression. Ce volume étudie principalement quatre apologistes : Justin, Tatien, Athénagore et Théophile, auxquels s'ajoutent deux autres auteurs qui, s'ils ne sont pas eux-mêmes des apologistes, ont produit trois textes importants appartenant au genre : Clément d'Alexandrie et le Pseudo-Justin.

01/1972

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Littérature étrangère

Concerto fantastique. Toutes les nouvelles

La publication de Concerto fantastique est un événement, car ce livre vient combler une lacune. Papini nouvelliste n'est pas un inconnu en France - dès novembre 1907 le Mercure de France publiait trois nouvelles du jeune et talentueux écrivain italien - mais pour la première fois le lecteur de langue française dispose de la totalité de ses nouvelles, que Papini lui-même avait rassemblées sous ce titre en 1954, deux ans avant sa mort. L'écriture de nouvelles accompagne Papini pendant toute sa vie, depuis le début de sa carrière - Le tragique quotidien (1906), Le Pilote aveugle (1907) - jusqu'aux années cinquante. Les thématiques de l'étrange, du double, du surgissement du fantastique dans la vie et de la vie quotidienne, l'atmosphère onirique ou d'hallucination que Papini sait admirablement créer, inscrivent sans contredit ses nouvelles dans un contexte européen. Ses derniers recueils, de Portraits imaginaires (1940) à La sixième partie du monde (1950), laissent également apparaître le moraliste et l'utopiste, créateur notamment d'une saisissante galerie de villes invisibles. L'écriture s'oriente vers l'allégorie, l'apologue, le récit philosophique. Papini montre à son lecteur que le fantastique tient plus à l'architecture formelle du récit qu'à un répertoire thématique, d'ailleurs admirablement exploré. Tel que Papini le conçoit, le fantastique n'est pas une évasion, mais une invitation à découvrir le monde secret qui nous habite et la réalité énigmatique dans laquelle nous évoluons. Chaque jour nous côtoyons, à notre insu, des fantômes et des mystères. La tâche de l'écrivain est d'indiquer que monde caché existe. Concerto fantastique, dans la superbe traduction de Gérard Genot, va nous aider à le découvrir. Borgès ne s'y trompait pas, qui considérait les nouvelles de Papini, avec celles de G.K. Chesterton, comme les chefs-d'oeuvre du fantastique européen.

01/2010

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Littérature française

De l'essence du rire. et généralement du comique dans les arts plastiques

Cet article des Curiosités Esthétiques (1855) intitulé De l'essence du rire et généralement du comique dans les arts plastiques fut initialement écrit par Baudelaire en guise d'introduction à son étude consacrée à la caricature. Il n'en écrira finalement que deux chapitres, intitulés : "Quelques caricaturistes" et "Quelques caricaturistes étrangers". Pour Baudelaire, le rire est sans aucun doute mauvais, satanique. Il est le signe du péché originel. "Le Sage ne rit qu'en tremblant", rappelle-t-il, adaptant une maxime attribuée à Bossuet. Voici un cours magistral et très pédagogique où Baudelaire, on le reconnaît bien là, fait une brillante démonstration de toute la cruauté du rire : "le rire est causé par la vue du malheur d'autrui" ou "le rire est au fond satanique, il est donc profondément humain". Il n'est pas question pour lui du comique "ordinaire", ou significatif, comme il le nomme, pas de celui de la traditionnelle satire sociale, déclenché à la vue d'une caricature et la monarchie de Juillet, temps de la jeunesse de Baudelaire, fut la grande époque de la caricature, avec Gavarni ou Daumier. La caricature est selon lui toujours un peu complaisante, elle flatte le spectateur, en fait un compère ; c'est le comique des contes de Voltaire, typique de l'esprit français que Baudelaire n'aime pas, celui des comédies de Molière, qui suscitent des réserves chez Baudelaire ; et c'est même celui de Rabelais, chez qui le rire est utile, sert à faire la leçon et a "la transparence d'un apologue". Non, il s'agit du rire en ce qu'il est l'une des manifestations humaines les plus émouvantes, les plus mystérieuses, les plus intelligentes aussi, ce que Baudelaire appelle, dans ce traité De l'essence du rire, le "comique absolu".

10/2022

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Philosophie

Penser l'Islam

Depuis son "Traité d'athéologie", nul n'ignore que Michel Onfray n'est pas l'ami des religions - qu'il considère, en homme des Lumières, comme des maladies propices à la haine, au fanatisme, à la négation des corps. Evidemment, l'Islam ne fait pas exception à cette critique radicale - au contraire. Il a donc accepté, dans ce livre, de répondre aux questions d'Asma Kouar, jeune journaliste algérienne - qui ne le ménage pas. Or, Michel Onfray a lu le Coran. Et il l'a lu de très près. De telle sorte qu'il ne craint pas d'y percevoir - comme dans les autres monothéismes - de fréquentes apologies de la violence et de la guerre. Citant de nombreuses sourates, confrontant les interprétations, il place les musulmans devant la réalité d'un texte qui, à côtés de ces élans sublimes, fait également la part belle à la cruauté, à la haine des femmes, à l'esprit de conquête. Puisque le retour du religieux, en occident, a pris désormais le visage de l'Islam, c'est à celui-ci, à son texte sacré, et aux conséquences de ce texte sacré - voire à ce que d'aucuns tiendraient pour de "l'islamophobie" - qu'il consacre ici sa réflexion. Ce dialogue est suivi par un texte intitulé "Puissance et décadence" - et sous-titré : "essai d'éthologie planétaire". Dans ce texte, porté par un souffle puissant qui n'est pas sans évoquer celui des grandes philosophies de l'histoire à la Toynbee ou Spengler, Michel Onfray médite sur l'Europe et son destin. Car, née chrétienne, l'Europe, selon lui, est entrée dans une phase de décadence irrésistible au profit de la seule force vitale et véritablement guerrière : l'islam. Avec une argumentation très semblable à celle de Michel Houellebecq dans Soumission, Michel Onfray analyse froidement le renoncement européen à ses propres valeurs. Et émet l'hypothèse (promise à de nombreuses polémiques) de son agonie au profit de ceux qui, à l'opposé, sont prêts à mourir pour leur foi.

03/2017

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Littérature étrangère

Alphabets

Jorge Luis Borges se plaisait à dire qu'il laissait à d'autres le soin de se glorifier des livres qu'ils avaient écrits, car il préférait pour sa part tirer gloire des livres qu'il avait lus. Cette anecdote donne le ton d'Alphabets, ouvrage dans lequel Claudio Magris nous convie à un long voyage à travers des livres qui ont laissé en lui une durable empreinte. La littérature est à ses yeux une expérience de vie. Elle soutient ou attise l'intensité de notre existence et en dilate infiniment les confins. Il évoque dans Alphabets des livres qui nous forment, mais aussi des livres qui ont à la fois le pouvoir de nous blesser et d'apaiser la blessure. Des livres qui nous permettent de connaître et d'ordonner le monde, et d'autres qui en révèlent le chaos destructeur, l'enchantement et l'horreur. Des livres qui s'entrelacent à la vie, se confrontent à l'Histoire et nous marquent parfois de leur "signe absolu" . Des livres qui transcendent leur propre perfection esthétique pour dire la douleur non moins que la beauté, l'amour non moins que la tragédie ou l'abjection. Des livres traversés par des lueurs salvatrices et d'autres qui se penchent au bord du néant. Au terme d'un vaste et passionnant périple qui nous emmène à la rencontre de nombreux écrivains et qui explore des thèmes aussi divers que la colère, le courage, la mélancolie ou la guerre, Alphabets se conclut par une réflexion lucide et nuancée sur les rapports entre littérature, éthique et politique. On découvre alors que, avec ce nouveau livre, le grand écrivain triestin a dessiné en filigrane une sorte d'autobiographie littéraire, comme dans le célèbre apologue borgésien où un artiste peint des paysages, des montagnes, des îles et s'aperçoit au soir de sa vie qu'il a en réalité composé son autoportrait.

02/2012

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Histoire internationale

L'INQUISITION A L'EPOQUE MODERNE. XVème-XIXème siècle, Espagne, Portugal, Italie

Un véritable océan d'archives dispersées à travers le monde (et certaines toujours inaccessibles, comme celles de l'Inquisition romaine ?) ; une " légende blanche " fabriquée dès le XVIe siècle par les inquisiteurs eux-mêmes et par les pouvoirs politiques qui se servaient d'eux ; une " légende noire " propagée par les victimes et leurs proches, entretenue par les pays protestants ; des pamphlets et des apologies par douzaines ; des travaux d'historiens par centaines. Une institution, créée au XIIIe siècle, régénérée (si l'on peut dire) à l'aube des temps modernes en Espagne, au Portugal et dans leurs possessions d'outre-mer ainsi que dans de nombreux Etats italiens, et abolie seulement au XVIIIe siècle - voire au XIXe siècle dans certains cas ; l'un des appareils bureaucratiques les plus puissants jamais sécrétés par les sociétés d'Ancien Régime. Un monolithisme théorique, imposé par la papauté aux " tribunaux de la foi ", mais sur le terrain une hydre asservie aux pouvoirs publics et à leurs visées politiques et sociales, contrainte d'épouser leurs conflits et composée d'hommes aux personnalités et aux ambitions contradictoires. L'Inquisition - ou plutôt les Inquisitions - ne se laisse pas aisément saisir dans sa totalité. Sa compléxité défie la synthèse. Ce n'est que sur la longue durée et par une démarche comparatiste que peuvent apparaître les traits fondamentaux de cette police de la foi et des mœurs, et que s'observent les effets de la répression de l'hérésie sur les sociétés dans lesquelles elle s'est enracinée. La nouveauté et l'originalité du présent ouvrage résident dans son souci de comprendre l'Inquisition à travers quatre des aspects qui lui confèrent malgré tout une certaine unité dans le temps et dans l'espace. Les rites et l'étiquette, qui constituent des formes d'affirmation à usage externe et interne, permettent de situer la position des inquisiteurs et de leur entourage face aux pouvoirs civils et ecclésiastiques ; les formes d'organisation révèlent les mécanismes de la prise de décision et de fonctionnement ; les modes d'action sont riches d'enseignements sur les objectifs stratégiques et tactiques des tribunaux de la foi : enfin, les systèmes de représentation (notamment l'emblématique) affichent les programmes mis en œuvre. Par-delà les images rendues familières par la littérature de combat - bûchers, tortures, répression du judaïsme, du protestantisme, de la sorcellerie, surveillance de la pensée par le contrôle des livres -, cet ouvrage dévoile tout un pan mal connu des structures mentales dans les sociétés de l'Europe latine.

06/1995

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Littérature française (poches)

Histoire véritable et autres fictions

La fiction apparaît chez Montesquieu comme un véritable mode de pensée, ou même d'expérimentation : libéré de toute entrave, parfois même sans que la publication soit envisagée de manière précise (elle pouvait connaître, comme pour l'Histoire véritable, des obstacles redoutables), il peut grâce à elle aborder tous les sujets, envisager frontalement les questions les plus ardues, tout en laissant intact le plaisir d'écrire et de lire. Tout écrit peut donc être investi d'une profondeur philosophique, et inversement la philosophie ne se concoit pas chez lui autrement que comme un exercice où l'esprit s'aiguise au contact des mots. C'est une pensée complexe, ondoyante, qui jamais ne se contente des apparences et encore moins des idées reçues, qui cherche toujours un nouveau moyen d'aborder le réel, de rendre compte de l'inexplicable, de saisir ce qui paraît rebelle à toute raison. Et pour cela, rien ne vaut l'imagination et la fantaisie qui se déploient dans le roman, le conte, l'apologue, la lettre, le dialogue, la fiction antique, le poème prétendument imité du grec, toutes ces formes diverses et voisines que l'on trouve rassemblées ici : opuscules qui, sauf exception, ne furent pas publiés de son vivant, brèves compositions conservées dans les Pensées en attendant un sort meilleur, ou extraits de plus vastes ensembles (comme les contes insérés dans les Lettres persanes), auxquels les éditeurs donnent ici leur pleine valeur. Cette formule, on l'a reconnue : c'est celle du "conte philosophique", qu'il faut se garder d'identifier avec la production du seul Voltaire. Ainsi s'impose le modèle d'une écriture "totale", qui permet d'incorporer dans la même trame, comme le fait le chef d'œuvre du genre, l'Histoire véritable, la satire sociale et les considérations morales comme la réflexion politique et philosophique, le tout sur un ton allègre qui permet de détourner en les pastichant toutes les règles du genre. Comme les personnages éponymes des fictions antiques, le héros ou anti-héros est revenu de tout. Son expérience est celle de toute une humanité, conçue dans sa plus grande diversité. Dans une France où, en 1737, sous l'influence des autorités religieuses, le pouvoir n'a pas trouvé d'autre moyen pour restaurer la morale publique que d'interdire les romans, Montesquieu défend l'idée qu'on y trouve au contraire le meilleur moyen de rendre meilleurs l'individu et la société. Toujours soucieux de rendre compte du réel, Montesquieu sait que la fiction devient alors le meilleur moyen d'agir sur le monde.

01/2012

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Histoire ancienne

Palets et minches de Gargantua. Mégalithisme dans le Centre-Ouest de la France

Depuis le début de 1960, les recherches sur le mégalithisme (dolmens et menhirs) ont pris un virage significatif. Jusqu'alors, les fouilles des dolmens étaient effectuées par des amateurs d'antiquités qui s'étaient limités à constater qu'il y avait des squelettes dans les chambres des dolmens construits sur un sol calcaire. Aucune étude de ces dépôts n'avait été effectuée. Les ossements étaient le plus souvent rejetés sans autre forme de procès. Seuls les objets les plus beaux furent recueillis (haches polies, perles et quelques poteries entières). Les monuments étaient classés selon la forme de leur chambre, classement qui devait conduire à une chronologie relative plus ou moins intuitive. Quant aux menhirs, s'ils avaient donné matière à de très nombreuses spéculations intellectuelles, ils restaient très énigmatiques. Ce n'est donc qu'à partir des années 60 du siècle dernier que l'on commença à appliquer aux dolmens les méthodes de fouille des sites du Paléolithique avec relevés précis en trois dimensions de tout ce qui se trouvait dans les chambres funéraires. Différents spécialistes intervinrent dans l'étude du remplissage (anthro-pologues, céramologues, lithiciens et bien d'autres) avec datations des sujets inhumés par la méthode du carbone 14, plus récemment accompagnées de recherches sur l'ADN. Et puis les chercheurs sont sortis des chambres pour étudier leur enveloppe, le tumulus qui les contenait, seule partie visible au moment du fonctionnement du monument qui devait avoir un important rôle social : c'était il y a plus de 6 000 ans. Les méthodes d'étude de l'archéologie du bâti et les relevés 3D informatisés permettent aujourd'hui de mieux comprendre les techniques de construction de ces masses parfois impressionnantes édifiées avec une rigueur insoupçonnée pour cette époque. Cette nouvelle approche, au bout d'un demi-siècle de recherches de terrain et d'études en laboratoire, liée à des études environnementales de plus en plus précises, commence à fournir des résultats. C'est de cela qu'il est question dans cet ouvrage qui fait la synthèse de ce qui est aujourd'hui connu des dolmens et des menhirs entre Loire et Gironde. Mais ce n'est qu'une étape, une marche gravie, la route sera encore longue avant que le "phénomène mégalithique" qui parsème le monde soit parfaitement compris. Roger Joussaume, docteur en Ethnologie et docteur d'Etat en Préhistoire, fut Directeur de recherche émérite au CNRS ainsi qu'expert international pour le mégalithisme auprès de l'UNESCO (Corée, Sénégal-Gambie, Ethiopie). A côté d'investigations ethnoarchéologiques dans divers pays du monde, ses recherches portèrent plus spécialement sur le Centre-Ouest de la France et sur la Corne de l'Afrique (Ethiopie, Djibouti et Somalie).

12/2016