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Iliade Homère Papyrus

Extraits

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Pédagogie

La plus belle histoire de l'école

Quelques siècles avant Jésus-Christ, à Athènes, assisté par un esclave pédagogue, un enfant apprend à tracer les lettres, sa tablette sur les genoux. Trois millénaires plus tard, la tablette est connectée, les salles de classe se sont multipliées. Mais l'école a-t-elle vraiment changé? Enseigner, initier, guider l'élève dans le monde du savoir... Au fil d'un dialogue passionné, Alain Boissinot et Luc Ferry racontent l'extraordinaire histoire de cet effort engagé depuis l'Antiquité. Cette belle aventure, c'est celle du système éducatif mais aussi celle des idées - pédagogiques, politiques, philosophiques - qui l'ont façonné. Comment enseignait-on autrefois ? Qui a inventé l'école ? Comment a-t-elle évolué? En déroulant le fil chronologique, les auteurs nous font assister à tous les grands débats qui ont animé l'enseignement, telles les querelles récurrentes entre foi et raison, entre Eglise et Etat... Le collégien du XXIe siècle n'est pas si différent du jeune Grec qui commentait Homère, et certaines méthodes antiques sont d'une surprenante actualité. Où va-t-elle aujourd'hui, cette école que l'on dit en crise, confrontée aux incivilités et à l'illettrisme ? Quel avenir pour les enseignants ? Quels savoirs privilégier ? Le nouvel équilibre, nous suggèrent les auteurs, n'est-il pas précisément à chercher dans les leçons de l'histoire et peut-être, aussi, dans un surcroît d'humanité ?

08/2017

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Collection Budé

Sur les états de cause. Edition bilingue français-grec ancien

Les deux textes mis à la disposition du public dans cette édition critique, accompagnée d'une traduction et de notes, nous ont été transmis sous le nom de Syrianus. Ils sont contemporains du philosophe et commentateur néoplatonicien Syrianus d'Alexandrie (? 437), et très probablement de lui. Ce Syrianus, maître notamment de Proclus, pratiquait dans son enseignement le commentaire de textes anciens. On connaît de lui des commentaires sur Aristote, Platon, Homère, et donc, peut-on croire, d'Hermogène (sur les état de cause et le style), ce qui met ce rhéteur en très bonne compagnie, et ce qui constitue un témoignage de plus de l'intérêt porté à la rhétorique par les philosophes de ce temps. Sur la question des états de cause, on a de lui les deux ouvrages édités ici, un commentaire et un traité, dans cet ordre. Le commentaire est fait de scolies, qui reprennent et expliquent pas à pas le texte d'Hermogène. Ces scolies continuent et enrichissent la doctrine de nombreux commentateurs devanciers. Plus tard, sur la base de ce travail, Syrianus a choisi d'exposer ce sujet sous la forme d'un traité à part entière, remarquable notamment par ses définitions rigoureuses des quatorze, et non plus treize, états de cause. C'est une synthèse des progrès de la doctrine à cette époque.

06/2021

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Sociologie

Der träumende Held. Untersuchungen zum Traum in der Literatur

Travaillant sur une multitude de rêves fictifs, Wilhelm Richard Berger met en évidence des structures mentales modernes, de Jean Paul à Arno Schmidt, de Novalis à Thomas Mann. En contraste avec la compréhension mantique du rêve qui est celle de l'antiquité et du monde oriental (par exemple chez Homère ou dans l'Ancien Testament), il décrit le rêve comme une orientation croissante vers la subjectivité du Moi moderne. Depuis E. T. A. Hoffmann, les individus, détachés de tous les points de référence métaphysiques, font exclusivement des rêves du domaine privé, alimentés par le subconscient. Aussi bien la vision symbolique qu'également le rêve post freudien d'accomplissement des souhaits ont perdu toute dimension prophétique et renvoient, au lieu de cela, de manière récurrente aux 'restes du quotidien' et événements vécus du passé qui n'ont pas été retravaillés. Prenant appui sur l'interprétation des rêves de Freud, Berger fait apparaître la motivation psychologique du rêve dans le déroulement de l'action de divers romans. Le centre de gravité de cette étude, qui déborde largement le cadre de la discipline, est constitué par la réflexion sur la question de savoir par quels moyens du domaine de la technique narrative les auteurs parviennent à transposer dans la logique discursive du mot ce phénomène essentiellement visuel qu'est le rêve.

01/2000

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Critique

Lemures

Face à l’oeuvre de Raharimanana, devenue incontournable, on propose de remonter le temps afin de mieux comprendre la violence langagière qui s’y exhibe. Ne s’expliquerait-elle pas par la trop longue fascination teintée de respect que témoignèrent à l’égard de la langue française ses prédécesseurs, Rabearivelo et Rabemananjara ? Ce qui leur faisait défaut, c’est bien cette violence symbolique exercée à l’encontre d’une langue venue du dehors. Ce double rendez-vous raté permet de comprendre qu’un Raharimanana se voit dans la nécessité aujourd’hui de ressasser encore et toujours un même devoir de violence. Celui-ci, une fois accompli, permettra à un Johary Ravaloson de s’en «dégager», d’évoluer en roue libre. Si le parcours anthologique de l’oeuvre de ces quatre auteurs est aussi une «hantologie», c’est que les fantômes de toutes sortes y abondent : ombres dans leurs poèmes, doubles dans leurs récits, spectres et suppôts dans leur correspondance comme dans leurs traductions, larves et lémures dans leurs cahiers. Or paradoxalement ces revenants ne sont pas seulement issus de la terre malgache, de ses contes ou de sa tradition orale : ce sont, de Baudelaire à Segalen, en passant par Rimbaud, ou Leconte de Lisle, traducteur d’Homère, tous des auteurs bien français. Francophones, encore un effort avant d’être révolutionnaires ?

12/2022

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Ouvrages généraux

Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs

Les émotions ont mauvaise presse et souffrent depuis toujours d'un préjugé tenace. Les émotions, ce sont les " humeurs ", ou encore les " passions " ? passivité de l'âme. Aujourd'hui encore, les hommes, bien souvent, ne doivent pas montrer leurs larmes, tandis que les femmes passent pour hystériques quand elles le font. Pourtant, ce sont nos émotions, ce que nous ressentons, qui nous rendent humains. A rebours du développement personnel, c'est un guide philosophique des émotions que propose Ilaria Gaspari. Nostalgie, angoisse, gratitude, etc. : les mots que nous mettons sur nos maux ont une histoire, celle de toutes les personnes qui les ont vécues, dites, chantées, étudiées. En s'appuyant sur les plus grands philosophes et la littérature, des récits initiatiques d'Homère à Schopenhauer en passant par Spinoza, Ilaria Gaspari montre que ce qui est le plus intime est aussi universel : les émotions nous inscrivent dans la lignée des hommes. A travers ce voyage émotionnel dans le temps et la philosophie, à partir de son expérience personnelle, Ilaria Gaspari enjoint à se reconnaître comme émotif afin de ne pas se laisser dominer par elles, ne pas les subir, ni les réprimer, mais les vivre et nous fier à ce qu'elles nous disent. Car c'est l'émotion que nous ressentons qui nous rappelle nos besoins profonds, qui nous rappelle que nous sommes humains.

05/2022

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Ouvrages généraux

Penser entre les langues

"Tous les hommes vastes et profonds de ce siècle aspirèrent au fond, dans le secret travail de leur âme, à préparer cette synthèse nouvelle et voulurent incarner, par anticipation, l'Européen de l'avenir" , écrit Nietzsche en 1885. C'est à cette tâche qu'Heinz Wismann s'est consacré en interrogeant les traditions intellectuelles qui, dans leurs différences et leurs contradictions, constituent la culture philosophique et scientifique contemporaine. Au centre de ses activités de passeur entre l'Allemagne et la France : l'analyse des mécanismes par lesquels une tradition se sédimente et tout à la fois innove. La conception des rapports entre les langues en est le terrain d'exercice privilégié, car ce qui se joue entre elles modifie leur structure syntaxique. En déployant son enquête à l'intérieur d'un triangle allemand-français-grec, il met en lumière différentes hypothèses de sens, chaque fois portées par une autre manière de parler. Ainsi découvrons-nous comment certains auteurs majeurs ont dit dans leur langue autre chose que ce qu'elle dit communément : ils inventent une langue dans leur langue. D'Homère à Benjamin, de Platon à Kant, de la philologie à la musique, de la langue au texte, c'est ce tissage de la pensée qu'Heinz Wismann évoque avec un savoir et un talent exceptionnels.

10/2023

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Critique littéraire

Lémures. Hantologie de la littérature malgache en français

Face à l'oeuvre de Raharimanana, devenue incontournable, on propose de remonter le temps afin de mieux comprendre la violence langagière qui s'y exhibe. Ne s'expliquerait-elle pas par la trop longue fascination teintée de respect que témoignèrent à l'égard de la langue française ses prédécesseurs, Rabearivelo et Rabemananjara ? Ce qui leur faisait défaut, c'est bien cette violence symbolique exercée à l'encontre d'une langue venue du dehors. Ce double rendez-vous raté permet de comprendre qu'un Raharimanana se voit dans la nécessité aujourd'hui de ressasser encore et toujours un même devoir de violence. Celui-ci, une fois accompli, permettra à un Johary Ravaloson de s'en "dégager", d'évoluer en roue libre. Si le parcours anthologique de l'oeuvre de ces quatre auteurs est aussi une "hantologie", c'est que les fantômes de toutes sortes y abondent : ombres dans leurs poèmes, doubles dans leurs récits, spectres et suppôts dans leur correspondance comme dans leurs traductions, larves et lémures dans leurs cahiers. Or paradoxalement ces revenants ne sont pas seulement issus de la terre malgache, de ses contes ou de sa tradition orale : ce sont, de Baudelaire à Segalen, en passant par Rimbaud, ou Leconte de Lisle, traducteur d'Homère, tous des auteurs bien français. Francophones, encore un effort avant d'être révolutionnaires ?

11/2019

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Littérature française

Zone

Par une nuit décisive, un voyageur lourd de secrets prend le train de Milan pour Rome, muni d'un précieux viatique qu'il doit vendre le lendemain à un représentant du Vatican pour ensuite - si tout va bien - changer de vie. Quinze années d'activité comme agent de renseignements dans sa Zone (d'abord l'Algérie puis, progressivement, tout le Proche-Orient) ont livré à Francis Servain Mirkovic les noms et la mémoire de tous les acteurs de l'ombre (agitateurs et terroristes, marchands d'armes et trafiquants, commanditaires ou intermédiaires, cerveaux et exécutants, criminels de guerre en fuite...). Mais lui-même a accompli sa part de carnage lorsque la guerre en Croatie et en Bosnie l'a jeté dans le cycle enivrant de la violence. Trajet, réminiscences, aiguillages, aller-retour dans les arcanes de la colère des dieux. Zeus, Athéna aux yeux pers et Arès le furieux guident les souvenirs du passager de la nuit. Le train démarre et, avec lui, commence une immense phrase itérative, circulatoire et archéologique, qui explore l'espace-temps pour exhumer les tesselles de toutes les guerres méditerranéennes. Car peu à peu prend forme une fresque homérique où se mêlent bourreaux et victimes, héros et anonymes, peuples déportés ou génocidés, mercenaires et témoins, peintres et littérateurs, évangélistes et martyrs... Et aussi les Parques de sa vie intérieure : Intissar l'imaginaire, la paisible Marianne, la trop perspicace Stéphanie, la silencieuse Sashka... S'il fallait d'une image représenter la violence de tout un siècle, sans doute faudrait-il choisir un convoi, un transport d'armes, de troupes, d'hommes acheminés vers une œuvre de mort. Cinquante ans après La Modification de Michel Butor, le nouveau roman de Mathias Enard compose un palimpseste ferroviaire en vingt-quatre "chants" conduits d'un seul souffle et magistralement orchestrés, comme une Iliade de notre temps.

08/2008

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Critique littéraire

Refugié de nulle part

"Il faut du temps pour que le réfugié apprenne l'exil, mais je n'étais réfugié de nulle part. D'où m'avait-on expulsé ? De quelle matrice ? Fils du vide, il me fallait ouvrir une porte sans chambranle, sans mur, sans demeure. Il me fallait inventer la vie." Amnésique à la suie de la guerre, le petit Jean-Paul Baron va tenter, au delà de la révolte, de retrouver son enfance durant toute une vie perçue comme un roman foisonnant. Rejetant sa mère qu'il ne reconnaît pas, il se réfugie dans le giron de la littérature, signe des poèmes d'émeute sous le nom de Danielle Sarréra. La mort prématuré du père le projette dans le milieu inconnu du matériel textile et le mène dans une Asie mystérieuse. Il n'aura pas le choix, il sera baron dans les affaires et Frédérick Tristan dans l'écriture. Le Laos, Le Vietnam et la Chine notamment nourrissent l'imaginaire de l'écrivain tout comme ses séjours en Europe de l'Est. Dans cette destinée dense en rencontres surgissent les ombres d'André Breton, de Jacques Prévert, Georges Perec, François Augiéras, Gaston Bachelard, Roland Barthes, Henry Corbin, Mircea Eliade, Emmanuel Lévinas et de beaucoup d'autres.

09/2010

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Religion

Siva. Erotique et ascétique

Wendy Doniger, qui a succédé à l'université de Chicago à la chaire de Mircea Eliade, a consacré, comme lui, son oeuvre à la mise en relief des grands thèmes de la mythologie de l'Inde et à ses grandes divinités. Voici donc Siva, la plus complexe et paradoxale figure de la grande trinité hindoue, divinité à la fois érotique et ascétique qui propose la victoire sur le Désir par l'assouvissement du Désir. Dans le schème si particulier de la mythologie hindoue, l'une des plus vastes et des plus luxuriantes qui soient, se trouvent exploitées jusqu'à leurs conséquences extrêmes ces deux pulsions fondamentales et - notamment pour les Occidentaux - si irréductiblement antinomiques de l'homme : la volonté de jouissance et l'aspiration à l'ascèse. Son ludisme exacerbé permet à Siva de transcender tous les contraires et d'exprimer cet équilibre dans le mouvement, "cette incessante oscillation de la balance" que symbolise sa danse cosmique. Cet ouvrage, qui explore les phantasmes les plus extravagants de l'Eros, devrait avoir, comme l'a écrit Edmund Leach, le grand anthropologue anglais, "une influence majeure sur l'étude de la mythologie judéo-chrétienne ainsi que sur celle des religions de l'Antiquité" - et, pourrait-on ajouter, sur les spéculations de la psychanalyse.

02/1993

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Théâtre

L'abuseur de Séville et l'invité de pierre. Don Juan

Rey - Quien eres ? Don Juan - Quien ha de ser ? Un Hombre Y una mujer. Le Roi - Qui est là ? Don Juan - Hé qui ? Un homme et une femme. Cette première version du mythe de Don Juan, chef-d'œuvre de Tirso de Molina, est une pièce aussi complexe que grandiose. Ce n'est pas le drame du séducteur hanté par la chair et puni parce qu'il a séduit. C'est, sous la plume d'un Espagnol du dix-septième siècle, l'histoire à valeur exemplaire d'un homme contre lequel Dieu exerce sa rigueur, parce que cet homme profane des devoirs bien définis. Le drame de Don Juan est un drame théologique. Tisbea - Advierte, mi bien, que hay Dios y que hay muerte . Don Juan - Que largo me lo frais ! Thisbé - Considère, mon bien, qu'il y a Dieu et qu'il y a la mort. Don Juan - Bien lointaine est notre échéance.

04/1991

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Tous pays

Street Food

50 adresses et 100 recettes de la street food parisienne ! Paris est devenue une terre fertile pour la STREET FOOD ! Autrefois loin derrière l'Amérique du Nord ou l'Asie, elle a comblé son retard et compte aujourd'hui quantité d'aventures fabuleuses rendant hommage à la cuisine de rue. Une gastronomie voyageuse, porte d'entrée idéale pour déguster les cuisines du monde que des chef. fe. s de la planète entière viennent faire découvrir à Paris, en version traditionnelle ou réinventée. Des petites cantines méconnues aux mastodontes de la street-food comme DUMBO ou HOMER LOBSTER, toutes et tous ont transmis une partie de leur savoir dans ce recueil de 50 adresses et de 100 recettes. Et les grand. e. s chef. fe. s ont aussi joué le jeu : GREGORY MARCHAND, MORY SACKO, ALESSANDRA MONTAGNE GOMES, JUAN ARBELÁEZ et bien d'autres contribuent à cette scène parisienne en constante ébullition.

10/2022

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Histoire internationale

Le Führer et son image. Tome 3, Le Führer dans l'intimité (1925-1945)

S'il fallait en croire divers auteurs inspirés par la haine ou perdus dans les nuées psychanalytiques, Adolf Hitler serait un monstre, passé d'une liaison incestueuse avec sa maman à une intense sexualité de type sadomasochiste - à forte tonalité stercorale, ce qui renseigne a contrario sur les fantasmes des littérateurs -, sans oublier, bien sûr, d'insister sur sa cruauté pour les animaux, humains ou non. Manifestement, ces poètes de l'écriture, nouveaux Homère de l'ordure, confondent la famille Hitler avec la si pittoresque famille Freud. Pour un public à la fois plus soucieux de réalité historique et moins typé, l'on propose des images qui ont le mérite de l'authenticité. Elles révèlent un homme simple, plus souriant qu'on ne l'a prétendu, cherchant quelques moments de détente auprès d'amis ni snobs ni sophistiqués, ou se déridant au contact de ses compatriotes, voire de visiteurs étrangers. Certes, ce charmeur autrichien aimait conter fleurette aux jeunes et jolies femmes, mais on ne lui a connu que deux amours. L'un fut passionné, mais interdit par les lois de la génétique. L'autre fut empreint de tendresse et la jeune femme qui choisit de partager son destin en fut récompensée par un mariage in extremis. Rien de vulgaire ni même de scandaleux en tout cela. On comprend que les zélés serviteurs de la haine se soient mis à broder, pour compenser une réalité fort prosaïque.

05/2019

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Histoire ancienne

La Mort rouge. Homicide, guerre et souillure en Grèce ancienne

Tuer quelqu'un, ou l'absolue transgression : l'Antiquité grecque, une fois de plus, nous parle. Le parricide Oreste subit les assauts des impitoyables Érinyes. Dans la plaine de Troie, Achille et Hector, tueurs héroïques, sont portés par un instinct de mort qui a nom Arès. Aux rives de la mer Noire, vers 400 avant J-C, les rescapés de l'armée des Dix Mille prennent part à une mystérieuse cérémonie de purification. Ailleurs, l'orateur Antiphon agite une étrange croyance : la souillure de l'homicide se répandrait partout, le fantôme de la victime criant vengeance. Et, dans un coin de la Sicile, la magie de rituels curieux chasserait les démons du meurtre. L'Athènes démocratique, inventive, n'est pas en reste ; ici, elle laisse s'exiler l'assassin, s'il le veut, avant même la fin de son procès ; là, elle promulgue une loi encourageant l'assassinat de quelque apprenti tyran qui menacerait son existence. Mais Aristote met en garde : l'homicide constitue en toutes circonstances, sans exception, une faute. Littérature, histoire, droit, philosophie, anthropologie contribuent à cette étude approfondie des représentations, lato sensu, de la mort violente chez les Grecs. Le tableau d'ensemble est, pourrait-on dire, versicolore. Versicolores, aussi, les paroles ailées de l'immortel Homère, pour l'instant fatal où le guerrier s'effondre : "La mort rouge et le puissant destin se sont emparés de ses yeux".

04/2012

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Critique littéraire

L'écrivain, son "objet"

Dans ces douze essais, rédigés entre 1942 et 1973, Jan Patocka reprend le thème du langage abordé en 1936, dans Le Monde naturel comme problème philosophique. Le cadre général de sa réflexion est toujours la phénoménologie du monde de la vie, le propos de vivifier et concrétiser la pensée philosophique conformément au mot d'ordre husserlien d'un "retour aux choses-mêmes" , mais l'interrogation porte ici plus ponctuellement sur la littérature, figure particulière du langage qui constitue l' "objet" ou l' "affaire" de l'écrivain, au sens de ce qu'il y a pour lui à faire. Non pas objet théorique donc, mais modalité de la praxis à travers laquelle se réalise l'existence humaine. Au fil de lectures qui vont d'Homère et Sophocle jusqu'à Tchekhov et Thomas Mann en passant par Comenius, Goethe et le poète romantique tchèque K. H. Macha, le philosophe pose les questions du rapport de l'art au temps, à la vérité, au phénomène et à l'examen de l'âme, s'appliquant surtout à mettre en lumière la fonction d'ouverture et d'ébranlement propre à la saisie du monde qu'il opère. En filigrane, un double dialogue avec Hegel et Heidegger. En toile de fond, une attention sans défaillance portée au destin spirituel de l'Europe. Au bout du chemin, une vision "polémique" de l'art comme partie intégrante du combat pour le sens de la vie dans toute l'amplitude de ses dimensions sociale et historique.

10/1991

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Sciences historiques

Ecrire la guerre. De l'Antiquité à nos jours

"Les périodes de paix sont les pages blanches de l'histoire" : la formule du philosophe allemand Hegel est certes très contestable. Elle n'en renferme pas moins une vérité : depuis la plus haute Antiquité, l'activité guerrière de l'humanité a fourni la matière d'innombrables récits, depuis la Bible et Homère jusqu'aux témoignages contemporains. Sans doute n'a-t-on pas toujours parlé de la même chose. Les pratiques et les représentations de la guerre ont tellement changé au cours des siècles. Et cependant les écrivains ont bien prétendu parler de "la" guerre, comme si, par-delà l'infinie variété de circonstances, demeurait une essence du conflit, cette essence qui s'est incarnée dans un petit nombre de divinités dédiées, tels Arès ou Mars. Bien sûr, cette histoire est aussi celle de la littérature. Epopées, récits, romans, récits, essais, traités, histoires, poèmes, pièces de théâtre, témoignages, reportages ont mis la guerre en scène, la décrivant, la codifiant, l'analysant, l'interprétant, la dépassant souvent, la conduisant ailleurs que sur les champs de bataille. L'encre des écrivains a tenté de restituer quelque chose du sang et des larmes que la guerre a fait couler, que ces auteurs aient fait l'expérience de la guerre ou qu'ils l'aient seulement imaginée. Les lire aujourd'hui, c'est retracer l'histoire, sur le temps long, d'une des sensibilités les plus intenses qui ait jamais agité les sociétés humaines.

10/2018

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Ouvrages généraux

Revenir. L'épreuve du retour

On part en exil pour fuir la guerre, la famine, des conflits politiques ou familiaux ; on part en voyage pour découvrir le vaste monde, changer d'horizon. Mais pourquoi revient-on ? Qu'est-ce qui pousse Ulysse à abandonner Calypso et à retourner à Ithaque ? Pourquoi l'explorateur du bout du monde rentre-t-il chez lui ? Pourquoi le colonel Chabert est-il de retour, alors qu'il sait qu'il sera probablement méconnu et déjà remplacé ? Pourquoi quitter l'extraordinaire, l'aventure, le dépaysement ? Du désir de retour, les livres parlent peu. En français, d'ailleurs, il y a des mots pour désigner celui qui part (le voyageur, l'aventurier, l'exilé), non celui qui revient. Revenant ? Trop spectral. Rapatrié ? Celui-là n'a pas le choix du retour. Quant au "rescapé" , ses épreuves passées intéressent plus que l'épreuve de son retour. Pourquoi ce manque, qui est le signe d'un impensé fondamental ? C'est à cette question que Céline Flécheux tente d'apporter des réponses. En s'appuyant sur de nombreux exemples tirés de la culture commune, de Homère au Nietzsche de l'éternel retour en passant par la parabole du fils prodigue et ses réinterprétations picturales, elle montre que revenir chez soi, c'est d'abord faire l'épreuve d'un retour à la vie normale. Mais pourquoi retrouver l'existence quotidienne et consentir à la banalité ? Sans doute parce que revenir dans l'espace, c'est un peu revenir dans le temps...

01/2023

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Historique

Les amants de Shamhat. La véritable histoire de Gilgamesh

L'épopée de Gilgamesh est l'une des oeuvres littéraires les plus anciennes de l'humanité : la première version connue daterait du XVIIIe siècle av. J. -C. en Babylonie, écrite en caractères cunéiformes sur 12 tablettes d'argile. Les dieux créèrent Gilgamesh deux tiers divin, un tiers humain. Son épopée, racontée en 3000 vers, est digne d'Homère. Charles Berberian en raconte la génèse dans une version très personnelle et drôle ! Gilgamesh se sent seul. Il demande à Shamhat, sa compagne, de lui trouver un ami capable de le défier, en qui il pourrait avoir confiance... Shamhat lui présente Enkidu et Gilgamesh est immédiatement séduit par son allure fière. Ils ne se quittent plus. Shamhat se sent délaissée. Elle est attirée par Enkidu qu'elle essaie de convaincre de tuer Gilgamesh pour prendre sa place mais Enkidu refuse, il est heureux ainsi... Un jour, un roi d'une contrée voisine vient rendre visite à Gilgamesh pour lui proposer une alliance. Il est accompagné de musiciens qui chantent son épopée héroïque jalonnée de victoires. Gilgamesh demande à ses musiciens de chanter pour lui mais ceux-ci ne trouvent pas grand-chose à raconter. L'alliance ne se fait pas. Gilgamesh décide alors d'accomplir une action vraiment héroïque, d'autant que le peuple commence à jaser. Il décide de chasser la bête qui sévit au bord de la Méditerranée et part avec Enkidu tuer le monstre.

06/2021

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Variété internationale

Bob Dylan et le mythe

Ce volume, qui voit l'apport de grands spécialistes de Bob Dylan tels Timothy Hampton et Alessandro Carrera, explore une facette peu connue du grand public, celle de la présence des mythologies dans l'imaginaire littéraire et musicale que Dylan reverse dans ses chansons. L'univers poétique de Bob Dylan s'est toujours nourri de différentes mythologies, aussi bien anciennes (biblique, grecque, celtique, égyptienne) que modernes. Dans les interviews et dans ses propres écrits, l'artiste est revenu à plusieurs reprises sur le rôle que le mythe a joué dans sa production et dans son existence, des débuts de sa carrière jusqu'au présent. Son discours d'acceptation du prix Nobel tourne autour de deux grandes figures mythiques, l'une ancienne, (Ulysse d'Homère), et l'autre moderne (Achab de Melville). Mais la présence du mythe chez Bob Dylan n'est pas seulement de nature littéraire : Dylan est un artiste de la parole orale et chantée, qui entretient des rapports aussi bien avec la tradition littéraire qu'avec la tradition musicale. Les deux éléments ne peuvent pas être dissociés. Et chez l'auteur-compositeur, le patrimoine littéraire et mythique passe toujours par la médiation de la tradition musicale américaine et de ses deux racines, africaines et européennes. Timothy Hampton, Alessandro Carrera, Adrian Grafe, Matthew Graves, Pierluigi Lanfranchi, Claudio Milanesi, Eric Montbel, Philippe Usseglio et Perle Abbrugiati se sont réunis pour explorer les liens multiformes que la production musicale dylanienne entretient avec les imaginaires mythologiques les plus divers.

09/2023

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Critique littéraire

L'épopée

A la charnière de la littérature orale et de la littérature écrite, liant les cieux, la terre et les mondes souterrains, le genre épique est probablement le plus ancien et le plus durable que l'humanité ait cultivé. Fondateur de la culture européenne avec Homère puis Virgile, il connaît maints avatars selon les lieux et les temps, enchantant le Moyen Age des chansons de geste et de la matière de Bretagne, marquant la Renaissance avec Dante, s'absentant ou peu s'en faut d'une France trop " classique ", resurgissant avec le Romantisme et l'affirmation des nations et des cultures, et implosant dans les sombres volutes wagnériennes... Aujourd'hui, notre monde qui se croit désenchanté lui concède toujours une place, avant tout au cinéma (de La Guerre des étoiles au Seigneur des anneaux). Paradoxalement, il nous manquait un véritable travail d'exploration et de synthèse, propre à répondre aux besoins des étudiants comme des lettrés. Le voici, qui rend compte avec précision et talent tant de l'histoire du genre en Europe que de ses motivations, de ses thématiques (chants de célébration, de mort, etc.) et de ses univers de héros, de fées, de monstres et de simple humanité. Une attention fine est également portée aux procédés d'écriture et de récit : l'épopée sera toujours de l'ordre du chant, et de l'alliance rythmée des images et de la musique...

01/2007

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Pensée positive

Grandeur de l'attente

Dans ce monde ultrarapide, qui honnit le silence et l'absence, l'éloge de l'attente... qu'on n'attendait plus ! Un ouvrage éclairé, étayé par de magnifiques références littéraires, d'Homère à Buzatti. Une suspension vitale par l'une des grandes auteures spirituelles d'aujourd'hui. " Heureux ceux qui connaissent encore la joie d'attendre - une lettre, une rencontre, une éclaircie, voire la vie éternelle. " Qu'y a-t-il de commun entre le peuple hébreu marchant dans le désert pendant quarante ans, la reine Pénélope dont l'époux, Ulysse, est absent depuis si longtemps, la Belle au bois dormant, l'arpenteur de Kafka, la sentinelle de Buzzati ? ou encore l'amour lointain chanté par les troubadours et le long désir qui brûle les mystiques ? Ici et là se manifeste une manière d'attendre - dans la paix, la détermination ou le doute, dans la confiance et la ferveur, avec parfois une joie intense. Immense et mystérieuse, l'attente tisse toute une existence et elle élève l'être humain jusqu'à l'infini. Un livre empli d'espérance. Ecrivain, Jacqueline Kelen a publié de nombreux livres qui étudient les grands mythes de l'Occident, les figures de la mystique et les richesses de la vie intérieure. Aux Editions du Cerf ont paru Le diable préfère les saints, Les compagnons de sainteté, et Histoire de celui qui dépensa tout et ne perdit rien (prix de la liberté intérieure 2020).

10/2021

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Littérature française

Le bonheur, sa dent douce à la mort. Autobiographie philosophique

Vous avez les plus belles jambes du monde, vous serez ma femme ou ma maîtresse. Voilà ce qu'est devenu l'amour de ma vie. Moi, épouser un Juif, jamais ! Barbara juive ? Tais-toi donc mon garçon, elle est si gentille. Avec un instinct sûr, vous choisirez votre siège. Vous prenez votre petit déjeuner à la table de ce nazi ! Comme c'est gentil de me reconnaître, Jacques Lacan. It's no greek ! Madame, Madame, j'ai compris l'étymologie de con-cierge. A partir de combien de livres est-on cultivé? Que pensez-vous de ce que vous voyez ? J'aime quand tu as le corps gai. Arrêtez de le regarder, laissez-le partir... Ces phrases font passer de l'anecdote à l'idée. Elles sont comme des noms propres qui titrent les souvenirs. Elles fabriquent une autobiographie philosophique, racontée à mon fils Victor et écrite avec lui. En les disant, je comprends pourquoi et comment elles m'ont fait vivre-et-penser. Si dures soient-elles parfois, elles donnent accès à la tonalité du bonheur. Un travail mère-fils qui fait redécouvrir Char, Heidegger, Lacan, la Grèce, l'Afrique du Sud, la Corse, les juifs, les cathos, des Hongrois, des Allemands... Avec Ulysse en figure de proue, l'homme d'Homère qui passe là où il n'y a pas de passage, entre Hélène qui ravit et Barbara bla-bla-bla.

08/2020

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Critique littéraire

La Muse des jardin : Jardins de l'Europe littéraire (1580-1700)

Prix triennal de l'essai Léopold Rosy. Académie Royale de Langue et de Littérature françaises (Belgique). Finaliste du Prix du Parlement de la Communauté française de Belgique, 2003. La Bible a fait de l'Eden un jardin. Rien d'étonnant, dès lors, à ce que cet endroit ait été, pendant des siècles, la cible d'un regret obsédant, qu'on le dépeigne d'habitude comme un lieu de délices et que le thème ait mis au défi une myriade d'écrivains, d'Homère à nos jours. Entre le Moyen âge et le XVIIIe siècle en particulier, nombreux furent ceux qui, stimulés par la redécouverte de l'Antiquité et la science nouvelle, ont entrepris de décrire des jardins, vues de l'esprit comme chez le Tasse et Edmund Spenser, du Bartas, Vondel et Milton, ou lieux réels qu'ont admirés Madeleine de Scudéry, La Fontaine, Martin Opitz, Constantijn Huygens, Louis XIV et Andrew Marvell. Ces pages invitent à visiter quelques-uns des sites les plus prestigieux d'Europe, de l'Italie à l'Angleterre, de la France à l'Allemagne et aux Pays-Bas. En cours de route, on abordera une série de problèmes capitaux de notre passé, lointain ou récent : le rapport de l'art à la nature, l'émergence des genres littéraires, l'influence de la science sur les belles lettres, son mariage parfois malheureux avec la religion ainsi que la persistance de formes et d'idées surannées.

01/2002

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Science-fiction

Olympos

Ilium chantait les exploits de la guerre de Troie, surveillée par le scholiaste Thomas Hockenberry pour le compte des posthumains divinisés qui habitent sur Mars le mont Olympos. Depuis, les choses se sont corsées. Echappant au scénario d'Homère, Grecs et Troyens, Achille et Hector, se sont alliés pour vaincre les dieux et assiéger leur forteresse martienne. Ils profitent de la porte ouverte dans l'espace par les Moravecs, qui leur apportent un sérieux appui. Mais la porte commence à se refermer... Sur Terre, les Voynix, qui ont longtemps été les serviteurs des Derniers Hommes, ont soudain entrepris de les massacrer. Les Derniers Hommes, élevés dans la soie, vont devoir apprendre à se battre. Ophu d'Io et Mahnmut sont envoyés sur Terre pour prévenir un cataclysme qui menace la planète depuis des millénaires, sous la forme d'un sous-marin doté de missiles à trous noirs. Harman retrouvera-t-il Ada après un périple qui lui fera traverser la moitié de la Terre sous la conduite d'un Prospero qui n'est peut-être que le fantôme d'une Intelligence Artificielle ? Mêlant avec génie sa vaste culture littéraire à des actions débridées, Dan Simmons fournit toutes les réponses aux énigmes dont il avait peuplé Ilium. Et en suscite quelques autres... Après Hypérion et Endymion, le nouvel exploit de Dan Simmons, Ilium, a été l'un des plus grands succès de la collection " Ailleurs et demain ".

05/2006

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Histoire ancienne

La démocratie grecque vue d'ailleurs. Essais d'historiographie ancienne et moderne

La démocratie grecque vue d'ailleurs. Titre un peu étrange, à première vue, pour ce recueil d'essais qui rassemble des textes sur Homère, Platon, la Grèce mycénienne, l'Atlantide aussi bien que le despotisme, la Révolution française et Ernest Renan... En fait, la réflexion sur le système démocratique n'a jamais cessé d'être au coeur du travail de Pierre Vidal-Naquet. Ailleurs social : on retrouvera dans ces pages l'étude des femmes, des esclaves, des étrangers, ou d'autres exclus de la Cité, qui permet d'en comprendre le noyau central. Ailleurs temporel : la Cité grecque s'oppose à des formes politiques qui l'ont précédée et que nous lisons aujourd'hui à travers elle. Toute cité n'était pas démocrate, et Sparte, sa contemporaine, est à l'opposé d'Athènes. Enfin, de réalité vivante, la démocratie grecque est devenue représentation. L'ailleurs intellectuel commence avec les critiques de la démocratie, il se poursuit avec le christianisme, il se prolonge avec la découverte, au XVIIIe siècle, des valeurs démocratiques, à travers l'époque révolutionnaire et les lectures que Marx et Renan donnèrent de l'héritage grec. Egalement, tout discours historique voit ce dont il parle d'ailleurs, il est dans l'historiographie. Moses Finley et Arnaldo Momigliano sont sans cesse présents dans ces pages car ils ont été des interprètes privilégiés. Ces essais forment un itinéraire intellectuel où se retrouvent la richesse et l'unité plurielle du monde grec.

07/2009

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Littérature française

Calypso

Dans l'Odyssée d'Homère, la nymphe Calypso disparaît du récit avec le départ d'Ulysse, qu'elle a échoué à retenir. C'est à cet instant précis que s'ouvre le roman d'Anne Luthaud : Calypso quitte sa maison, son village, sa vie – à quoi bon rester puisqu'Ulysse est parti ? Commence alors l'errance de celle qui refuse désormais les attaches, les lieux qui rassurent et enferment à la fois. Elle marche, se laisse envahir par les images, se souvient aussi de sa vie avec Ulysse. Les images de Calypso sont le contrepoint de celles de l'autre personnage central, Simon. Le jeune homme, lui, vit entouré d'écrans, à peine sort-il de sa chambre pour s'aventurer dans un Paris bien terne en comparaison des possibles démultipliés que lui offre son univers numérique. Il y rencontre des figures virtuelles, d'autres bien réelles, il suit, traque les gens, les mouvements de la vie. Les trajectoires de Calypso et de Simon finissent par se confondre, les images de l'une, bien réelles, se retrouvant dans les écrans de l'autre. Les deux figures se croisent alors, sans le savoir, au cours de leurs odyssées respectives. Jusqu'à s'effleurer en vrai, qui sait ? Anne Luthaud nous livre une belle fable sur notre monde enseveli sous les images, celles que l'on récolte, que l'on recherche, et celles que l'on subit aussi à chaque seconde.

01/2018

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Poésie

La troisième

Au commencement est la connaissance – dès que le pied humain se pose dans la vie, l'homme y cherche sa place, appelle à l'aide, désigne le personnage du guide. C'est Homère qui apparaît sous la forme d'un rêve dans le sommeil et Les Annales de Quintus Ennius, père de la poésie latine. Virgile dans L'Enéide reprend l'idée et se met à voyager avec Enée. Dante conçoit le projet de La Divine Comédie et s'approprie l'idée du guide en s'exposant au souffle de celui qui montre le chemin, Virgile. Jacques Lacan, parce qu'il ne peut découvrir Rome seul, cherche un guide qui l'aide à se frayer un chemin à travers un trouble. Lequel ? Jacqueline Risset apparaît – jeune inconnue, belle agrégée. Elle s'est exilée à Rome, ville qui a troublé profondément Sigmund Freud. Au fil des années, de rencontres en promenades et découvertes, de parcours en révélations, guide et docteur arpentent, regardent, écoutent, déchiffrent. Histoire séparée pour elle et pour lui dans l'Histoire. Histoire parallèle avec enjeu poétique et enjeu psychanalytique. Histoire unique, surabondante de vie où ils se découvrent tout entiers. Un dimanche matin, printanier de 2018, l'auteur compose normalement le numéro de téléphone de Jacqueline Risset alors décédée depuis 4 ans. Sonnerie normale. Sonnerie sonne et soudain lui saute à la figure la preuve. La Troisième s'écrit comme un jeu de construction.

03/2019

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Littérature française

Le bijou dans la coquille

Le bijou exerce une fascination complexe due, moins à l'esthétique de la pierre qu'aux scintillements ou aux éclats de lumières qui le nimbent et l'auréolent si bien que la recherche de sa possession peut nous transformer en nous investissant symboliquement de leur beauté. Ce roman historique raconte cette recherche. Tout commence avec les soins du siège postérieur du roi-soleil, narrés avec humour dont les conséquences furent universelles. Puis, il nous entraîne autour du monde dans un voyage inspiré par des faits réels, qui de courses effrénées en errances remplies de poésies, visite des paysages sublimes et s'enroule comme une ronde entre les époques, une route 128 intellectuelle, un fleuve aux rives multiples où le héros est plongé dans la deuxième guerre mondiale puis dans les guerres du Vietnam, d'Algérie, du Liban jusqu'aux conflits du XXIieme siècle. Face aux entrelacs du hasard, le voyage est une rencontre avec les guerres du monde, une école de modestie, un hommage aux succès, un rappel de la prudence, un traité comme celui d'Homère, une ode à l'odyssée, un clin d'oeil au temps, initié en prologue par un aphorisme de Churchill sous forme d'une mise en garde contre l'oubli des conflits, et en épilogue par une maxime de De Gaulle sous forme de conseil de vie, le salut n'est que dans l'intelligence et la grandeur.

01/2016

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Poésie

Elégies de Bierville. Edition bilingue français-catalan

En avril 1938, le général Franco abroge le statut de la Catalogne. Alors que les troupes franquistes s'approchent de Barcelone, Carles Riba, le 14 janvier 1939 passe la frontière avec Antonio Machado. Le 26 janvier, Barcelone tombe. Riba est accueilli par Marc Sangnier au château de Bierville. Fondateur du journal Le Sillon et pionnier en France des Auberges de Jeunesse, il y a organisé des camps de la paix rassemblant des milliers de jeunes français et allemands. L'un des chefs-d'oeuvre de la littérature catalane naît donc à Bierville. Ce n'est qu'en 1951 que les Elégies pourront paraître officiellement en Catalogne – et ce n'est qu'en 2017 qu'elles paraissent enfin en français. Né en 1893, Riba a connu les vicissitudes des pionniers du mouvement national catalan. Brillant polyglotte et helléniste, il a traduit dans sa langue aussi bien Homère, que Hölderlin, Poe ou Kafka. A la fin de sa vie, il était le plus prestigieux représentant de la culture catalane en Espagne. Dans ses douze Elégies transparaît son immense culture mais surtout le drame de l'exilé face au désastre imposé à sa terre. Elles témoignent aussi dans cette situation désespérée d'une expérience spirituelle intense, de "moments d'une joie ineffable". Ecrites alors que la barbarie déferlait sur l'Europe – en Espagne avec le concours militant de l'Eglise –, ces Elégies sont un témoignage de résistance spirituelle contre les totalitarismes et les intégrismes.

01/2017

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Critique littéraire

Le menteur magnifique. Chateaubriand en Grèce

Le 10 août 1806, Chateaubriand débarque à Méthoni, à la pointe sud du Péloponnèse, pour une traversée de la Grèce qui doit lui permettre de visiter Sparte, Argos, Mycènes, Corinthe, Mégare, Éleusis, Athènes. Le récit enchanté de ce voyage au pays des héros d'Homère et de Plutarque occupe le premier tiers de son Itinéraire de Paris à Jérusalem, Chateaubriand s'y montre tour à tour savant, aventurier, archéologue, peintre de paysages, observateur de peuples, découvreur de cités. Faut-il le croire ? Au terme d'une enquête qui tient tout à la fois de la traque policière, du commentaire de texte et de l'exercice d'admiration, Michel De Jaeghere a recoupé les dates, les récits et les témoignages pour tenter de reconstituer ce que fut la réalité de cette équipée. Il en ressort que Chateaubriand n'aura guère cessé de mentir, tout au long de son livre. L'archéologue était passé sans s'arrêter auprès de ruines illustres ; l'aventurier avait inventé l'essentiel de ses aventures; le profond politique était en route pour un rendez-vous d'amour. Le paradoxe est que Chateaubriand ne sort nullement diminué de cette confrontation avec la vérité, au contraire. En faisant de son Itinéraire un roman picaresque en même temps qu'un bréviaire des humanités classiques, ses mensonges ont dessiné le visage d'une Grèce idéale que les voyageurs romantiques n'ont plus cessé de tenter, après lui, de retrouver.

01/2006