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Récits de voyage

Le tour du monde en 80 saveurs. Récits de voyage et recettes gourmandes

Comment réinventer le voyage de Philéas Fogg imaginé par Jules Verne ? Un monde inimaginable près de la côte bling-bling de Miami. Des habitudes alimentaires étranges au Malawi. Une attirance fatale à la fin d'un déjeuner au pied de la montagne Rouge à Tenerife, Léonard de Vinci et Rimbaud ont-ils goûté l'afélia et les loukoums du Troodos à Chypre ? Comment contourner l'interdiction de se rendre en Corée du Nord. Les oranges de Malte. L'art de découvrir un manoir normand en pleine cordillère des Andes. Voici quelques titres évocateurs du voyage au long cours de Pierre Bignami et William Navarrete, dont les escales sont nombreuses, non exhaustives et aventureuses. Départ de Nice, retour à Nice. Un voyage culinaire et gastronomique, qui nous conduit de la Ligurie à la Sardaigne, en Italie et en Sicile, de Malte à la Grèce et à la Turquie, sans oublier Chypre et Israël, puis l'Arabie, le Malawi ou la Réunion, l'Inde, le Vietnam et la Corée du Sud, le Mexique, Cuba, la Colombie, le Pérou ou la Bolivie, Tahiti, la Nouvelle-Orléans et la Floride, puis le Canada, ou encore les Iles Canaries, le Maroc, le Portugal et l'Espagne, enfin l'Autriche et la Pologne avant de revenir dans les Alpes Maritimes. Un itinéraire plutôt surprenant, où la littérature et l'Histoire sont toujours au rendez-vous. Sous forme de nouvelles ou de récits, Le tour du monde en 80 saveurs est une invitation à la découverte des couleurs, des odeurs, des goûts et des saveurs par deux gourmands complices, curieux et vagabonds. Explorateurs de cuisine et de gastronomie, en solo ou en duo, ces deux chroniqueurs des saveurs d'ici et d'ailleurs racontent anecdotes et souvenirs cumulés en trente ans autour du monde. Un voyage heureux et généreux, subjectif et drôle, dont les récits finissent toujours par une recette à la Perec, facile et qui donne envie. Pierre Bignami a parcouru le monde en tant que personnel navigant après avoir vécu longtemps en Asie du Sud-Est. Chez lui, la cuisine est une affaire de famille. Il est né à Nice d'une famille italienne, qui a dirigé dans les années 1960 deux des enseignes gastronomiques les plus réputées de la Côte d'Azur à Villefranche-sur-Mer où, enfant, il passait ses vacances d'été en cuisine. C'est ce qui a motivé un début de carrière dans le domaine agroalimentaire. Mais l'appel du monde fut le plus fort, même si, quand il est en France, c'est en cuisine qu'on le découvre. William Navarrete, né à Cuba, est l'auteur de Vidalina. Interdit de voyager dans son pays d'origine, il s'est promis en venant en France de parcourir le monde. Il vit entre Paris et Nice. Outre son intérêt pour l'histoire et l'histoire de l'art, il évoque souvent dans ses livres les plats qui peuplent l'imaginaire de son enfance et de ses voyages.

10/2020

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Histoire

Histoire Auguste et autres historiens païens

En 313, Constantin, empereur chrétien, accorde la liberté de culte à toutes les religions ; nul ne sera plus contraint de vénérer l'empereur à l'égal d'un dieu. En 391-392, Théodose, empereur très chrétien, interdit les cultes païens. Le monde a basculé. Ce qui est en cause, ce ne sont pas seulement des croyances et des cultes, mais toute une civilisation fondée sur la paideia - la culture, les moeurs et les pratiques de la Rome éternelle. C'est en ce sens que les historiens réunis dans ce volume peuvent être dits païens : nourris à l'antique paideia, ils en partagent toujours les valeurs. Ils écrivent entre 360 et 394 (avant 408 pour l'auteur des Vies et moeurs des empereurs) sous les règnes de princes chrétiens, occupent des postes importants, proches du pouvoir, et, par force, s'avancent masqués. De belles carrières restent ouvertes à ces lettrés, émules de Tite-Live, de Suétone ou de Tacite ; les empereurs chrétiens ne peuvent se passer d'eux. Les lois de 391-392 ne les réduisent pas au silence, mais ils sont assez lucides pour comprendre jusqu'où ils peuvent aller dans leur éloge du passé. La plupart évitent prudemment de parler du christianisme. L'Histoire Auguste, elle, s'autorise des moqueries, des parodies des Evangiles ou des Pères de l'Eglise, des allusions plus ou moins voilées. Le livre - trente vies d'empereurs, à partir d'Hadrien - est truffé d'indices révélant à des lecteurs choisis le fond de la pensée de son auteur, écrivain dissimulé, semet ridente, "souriant dans son for intérieur". Cet auteur pourrait passer pour le digne successeur du Suétone des Douze Césars. Il a du goût pour les frivolités d'alcôve, les anecdotes à portée moralisante, les prodiges et les oracles. Mais il se révèle en outre particulièrement imaginatif. L'Histoire Auguste n'est pas une oeuvre historique au sens moderne du terme : elle enrichit son récit par tous les moyens qu'offre l'écriture romanesque, jusqu'à effacer les frontières entre histoire et fiction. C'est l'occasion de savoureux morceaux de bravoure, d'autant plus soignés littérairement qu'ils sont historiquement douteux. Histoire sans autorité donc, mais pleine de vie et finalement de vérité : une oeuvre personnelle et sensible sur l'âge d'or du paganisme et sur son déclin. "Une effroyable odeur d'humanité monte de ce livre", disait Marguerite Yourcenar, qui y avait trouvé la matière des Mémoires d'Hadrien. Cette humanité en désarroi, c'est celle des païens qui assistent impuissants à la dissolution du monde auquel ils tiennent et appartiennent. A la bataille de la Rivière froide, en 394, les armées de Théodose affrontent l'usurpateur Eugène et le général Arbogast, soutenus par le parti païen. Théodose vainqueur, certains vaincus se donnent la mort. Parmi eux, Nicomaque Flavien senior, aristocrate, préfet du prétoire d'Italie, probable auteur de l'énigmatique Histoire Auguste.

11/2022

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Littérature française

Vieilles oui, angéliques non!

Dans la maison de repos "Le dernier printemps". Josephine, une vieille dame de caractère raconte avec humour et transparence les aléas physiques et psychologiques de la vieillesse. Elle détaille son environnement morose et pathétique. Sa vraie histoire commence au moment où elle fait la rencontre de trois autres femmes aux antipodes de sa personnalité. Louise, gracieuse et sophistiquée. Maria, douce et réservée. Et enfin Thaïs, hippie et joviale. A quatre, elles s'enivrent et fument du cannabis en espérant profiter à fond du temps qu'il leur reste. Elles cultivent d'ailleurs leur propre production de cannabis dans les caves de l'établissement. La directrice, Madame Vieilledent est abominable. Elle impose des règles strictes et infondées toute l'année. Comme par exemple, le fait qu'il est interdit de réserver des tables pour dîner avec les personnes de leur choix. Le quatuor décide donc d'organiser une manifestation seins nus et flanquées de calicots dans les couloirs du home. Et ce, afin d'obtenir gain de cause. Les activités avilissantes proposées sont très loin d'être la panacée. Elles élaborent donc une petite fugue à la mer afin de combler leur envie soudaine de moules/frites. Une fois rendues, les hôtels, les restaurants, le cuistax, les magasins et le casino leur tendent les bras. Maria accompagnée par la chance du débutant gagne une énorme somme d'argent aux machines à sous. Ce qui leur permet de fêter leur escapade en grandes pompes dans un restaurant renommé. Mais, une fois saoule, Maria tombe du comptoir et se fracture le col du fémur. De retour, la Vieilledent ressert encore la vis pourtant déjà bien scellée. Les quatre amies subissent ensuite leur " bêtise ", mais aussi la proximité avec les autres pensionnaires tous aussi gâteux et pathologiques les uns que les autres. Elles tentent de se faire oublier. Vient Noël et sa farandole de clichés mal placés, période propice aux bonnes idées. Pour pimenter un peu, elles élaborent une élection de Miss Vieillotte et Mister Vieillard. Le spectacle s'avère surprenant et sensationnel. Mais c'est sans compter sur la détestable commandante qui s'empare de la caisse des bénéfices. Ulcérée, la bande de viocs met un plan d'attaque sur pied. Il est alors question de faire tomber la direction pour culture et deal de cannabis. Le plan adroitement ficelé fonctionne tellement bien que la patronne est arrêtée non seulement pour production et deal, mais également pour détournement de fonds. Maria propose d'investir son pactole gagné dans le home et y place à la tête leur infirmière préférée. Des nouvelles activités bien plus intéressantes et ressourçantes ainsi qu'une organisation attractive voient le jour. Et ce, au bonheur des pensionnés. Mais Josephine, fatiguée par les derniers évènements, s'éteint discrètement un matin. Elle laisse trois amies chères à son coeur, mais s'en va sans regret ni remord et un sourire aux lèvre

05/2023

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ouvrages généraux

Internationalisme ou Résistance (1940-1957). Une Vie Contre le Capitalisme (4e partie)

1929 Premier contact avec des ouvriers spartakistes ; il milite dans le cadre des jeunesses communistes et sera instructeur politique sur un district à Düsseldorf. 1933 Arrêté par les nazis, envoyé au camp de concentration de Börgermoor. Il y assiste à la naissance du Chant des Marais. Libéré faute de preuves au bout de 6 mois, il milite dans la clandestinité sous Hitler. 1934 Sous le coup d'un mandat d'arrêt pour préparation à la haute trahison, il se réfugie en France, et milite au PC allemand en émigration. Confronté aux comportements bureaucratiques de la direction, il s'y oppose, est mis en relégation. Acculé jusqu'au suicide, il est recueilli par des militants parisiens du PCF. Il est effaré de l'inconscience qui règne en France face au danger fasciste. 1936 Choisit de ne pas rejoindre les Brigades internationales en Espagne, où il risque d'être liquidé. Il s'engage fin 1938 dans l'armée française pour y militer et contribuer à combattre le fascisme. 1939 Mariage avec Denise Neveu, jeune ouvrière couturière. Suite à une grève de la faim au 17ème RAD, il est envoyé en centre psychiatrique militaire, puis réformé. 1940 Le PCF est interdit. Gengenbach est arrêté, interné au camp du Vernet (Ariège) où la "République française" interne les "suspects politiques" . Malade, il est hospitalisé à Toulouse, d'où il s'évade avec la complicité de Denise et de médecins du centre hospitalier militaire. 1941-1944 Retour à Paris dans la clandestinité. Ecoeuré par le chauvinisme du PCF ("à chacun son boche"), il milite en internationaliste. Il contacte des soldats allemands, monte un réseau d'informations sur les déplacements de troupes et organise des filières de faux papiers. Il dénonce le désintérêt des organisations de résistance, gaullistes comme PCF, face aux rafles anti-juives. Il trouve les moyens d'en être prévenu, et en informe la communauté juive de Paris. Il organise l'élimination d'un officier SS, en évitant les représailles habituelles. Il prépare l'assassinat de l'antisémite Céline. Arrêté par la Gestapo, il ne reconnaît que ses convictions. Condamné à la pendaison pour ses activités en France, il est envoyé à Düsseldorf. 1945 Interrogatoires à la prison de Ratingen, "l'épreuve la plus barbare" de sa vie de militant. Himmler décide la solution finale pour les communistes encore vivants. Wilhelm Gengenbach s'évade de justesse lors d'un dernier "transfert" . 1946 Naturalisé français, il reste un exilé éternel. Il choisit de militer en France où existe une opposition à la politique droitière dans le PCF. 1951-1956 Il s'installe à Hermé en Seine et Marne, où il anime une cellule d'ouvriers mineurs en argile, un rare moment heureux pour lui. Il soutient les nationalistes algériens, malgré l'interdiction du PCF. 1958 Il obtient une concession de bouquiniste sur le quai Voltaire, à Paris. 1970-1980 Décès de Denise et de plusieurs de ses enfants.

07/2023

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Cinéma

Brigitte Lahaie. Les films de culte, avec 1 DVD

Vivez l'aventure incroyable du cinéma d'exploitation des années 70 et 80, à travers le parcours et les films de Brigitte Lahaie, la plus culte des actrices françaises. Un livre regorgeant de superbes photos, d'interviews, d'anecdotes, d'infos et d'analyses, et accompagné d'un DVD bonus exclusif ! Tout a commencé quand deux cinéphiles, Cédric Grand Guillot et Guillaume Le Disez, fans de films de genre, réalisent que personne n'a, à ce jour, raconté les exploits cinématographiques de Brigitte Lahaie. Brigitte Lahaie, l'icône de l'âge d'or du X français, mais dont la carrière et l'aura, toujours intactes aujourd'hui, ne sauraient se réduire à la pornographie. En effet, elle a joué dans plus d'une centaine de films de tous genres, de l'horreur au polar, en passant par l'aventure et la comédie. Soit ce qu'on appelle communément le " cinéma bis ", un cinéma populaire à la marge des grosses productions mais qui fit les beaux jours des salles de quartiers des années 70 et 80. Assurés du soutien de Brigitte elle-même, co-auteur du livre, celui-ci retrace donc deux décennies folles, où une jeune femme timide découvre le fascinant pouvoir de son corps. Elle embrasse le courant joyeux et libertaire qui soufflait alors sur la production érotique et pornographique, en affirmant une liberté sexuelle absolue dont elle deviendra l'incarnation, avant de travailler avec des stars telles que Christopher Lee, Alain Delon, Henri Verneuil, Helmut Berger, Roger Carel, Stéphane Audran, Aldo Maccione, Jean-Jacques Beineix, Pierre Richard, Max Pécas, Michel Galabru et bien d'autres... Brigitte Lahaie, Les films de culte invite le lecteur à embarquer dans ce voyage via de nombreux entretiens, témoignages, surprises et révélations, mais aussi d'images fortes et souvent rares, telles de nombreuses photos de plateau inédites. Avec les contributions de Francis Mischkind, producteur et distributeur, fondateur d'Alpha France, Gérard Kikoïne, réalisateur et auteur du récent Kikobook, René Chateau, producteur et distributeur, Burd Tranbaree, réalisateur, Fabrice du Welz, réalisateur, Richard Allan alias "Queue de béton", comédien, Philippe Vandel, journaliste, ainsi que de nombreux autres. Le livre accueille aussi les " visions " de l'icône Brigitte Lahaie par des graphistes ou artistes tels que Jean-Sébastien Rossbach ou il Maestro Milo Manara. Enfin, un DVD bonus inclus dans le livre rassemble des bandes-annonces, des extraits, des interviews et un documentaire. Si les images de Brigitte Lahaie ont guidé votre éveil à la sexualité et que chacune de ses apparitions filmées vous inspire une volupté langoureuse, si vous aimez la poésie des films de Jean Rollin, dont Brigitte Lahaie fut l'égérie, si vous avez un faible pour les nanars sympas avec des infirmières maléfiques, des nazis crétins, de l'humour en-dessous de la ceinture ou des femmes-flics avec des gros calibres, soyez les bienvenus ! Le contenu de ce livre et de son DVD est strictement interdit aux moins de 16 ans.

11/2016

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Pléiades

Romans, nouvelles et récits. Volume 1

Au sommaire de cette édition figurent toutes les nouvelles connues à ce jour, dans l'ordre de leur rédaction ou de leur première publication. Ce corpus est complété par l'unique roman de Zweig publié de son vivant, Impatience du cour - célèbre en France sous le titre La Pitié dangereuse - et par ses deux romans inachevés, Ivresse de la métamorphose et Clarissa, qui révèlent un Zweig s'essayant à une écriture nouvelle, plus soucieux des facteurs sociaux et des conséquences morales de la Grande Guerre. À ces fictions s'ajoutent deux ouvrages de nature également narrative, sinon fictionnelle : d'une part les miniatures historiques réunies (en plusieurs étapes) sous le titre Sternstunden der Menschheit, Grandes heures de l'humanité ; de l'autre, Le Monde d'hier, témoignage personnel sur la première moitié du XXe siècle, somme autobiographique qui se présente comme la nécrologie d'une Europe disparue ou en train de disparaître, celle qui fut le cadre de l'existence de Zweig et d'une bonne part de ses fictions. La popularité planétaire de l'ouvre de Zweig doit sans doute beaucoup au regard d'anthropologue étonné et curieux que porte l'écrivain sur ce «monde d'hier». Les événements de sa vie personnelle coïncident avec les dates charnières d'un siècle tristement mémorable ; il a vingt ans ou presque en 1900, il assiste en témoin à la Première Guerre mondiale, ses livres sont jetés sur les bûchers dès 1933, on lui interdit de publier en Allemagne puis en Autriche, et il partage, sans la déportation ni l'extermination, mais dans l'exil, l'existence persécutée des juifs d'Europe. Son ouvre projette sur ce monde stupéfiant de nouveauté l'effarement de l'enfant d'un univers disparu. Il reste jusqu'à la fin le citoyen nostalgique de l'Empire austro-hongrois : bien élevé, affable, attentif aux formes, écrivant tout d'une plume appliquée, gardant vivante dans la plupart de ses nouvelles la mémoire d'un monde magnifié par la catastrophe de celui qui l'a brutalement aboli et supplanté. Ses lecteurs le devinent sensible, attentif, mélancolique et passionné, capable de fantaisie et d'aventures, mystérieusement intelligent, secret, parfois même inquiétant. Il apparaît comme par essence rétif aux révolutions, il résiste aux ruptures, aux dépassements, à la négativité - mais il les perçoit et donne à percevoir dans ses livres. Il eut trop de succès pour n'être pas critiqué. Son excès de notoriété s'accompagne parfois d'un déni de grandeur. Il n'est pas facile d'être le contemporain de Rilke, Kafka, Musil, Schnitzler, Joseph Roth, Hermann Broch. Mais, quelque jugement que l'on porte sur elle, son ouvre de fiction ne fut jamais un simple divertissement. Plus qu'ailleurs s'y révèle son être libéré du regard d'autrui, ambigu, contradictoire, authentique. Qui ne verrait en Zweig qu'un auteur à succès passerait à côté d'un phénomène unique, auquel cette édition voudrait.

04/2013

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Correspondance

Nous sommes de vieux amis qui allons refaire connaissance. Correspondance

Un grand amour platonique et romanesque dans l'Orient du XIXe siècle. L'historien des religions et érudit passionné que fut Salomon Reinach (1858-1932) est aujourd'hui méconnu et quelque peu oublié. Or il fut une figure fondatrice de l'archéologie et de l'anthropologie. Son livre de 1912, Culte, Mythes et Religions (republié en Bouquins-Robert Laffont en 2009), dévoile l'étendue étonnante de son savoir et de ses centres d'intérêt. Ces correspondances inédites ont été adressées entre le début du mois d'octobre 1883 (date de la première rencontre entre Salomon et Blanche Lee Childe, alors que Reinach fouille Carthage et que Blanche Lee Childe et son mari voyagent en Tunisie) et la mort de Blanche, en février 1886. En effet, par le hasard presque miraculeux de la conservation d'une correspondance croisée, les courriers du savant et de la voyageuse - ; dont la publication devait attendre l'an 2000 selon les voeux de Reinach - ; offrent le reflet d'une double aventure partagée. L'une est scientifique ; l'autre, amoureuse. Un archéologue de 25 ans, pionnier de l'exploration de Carthage, tombe sous le charme d'une femme mariée de 46 ans et l'instruit de son métier. Celle-ci, venue en touriste avec son époux sur le sol tunisien pour se divertir et se soigner, s'éprend d'un jeune célibataire et le console de ses déboires professionnels. Ce lien, noué dans l'hiver 1883, se renforce de jour en jour jusqu'à la mort, en février 1886, de cette " chère et inoubliable amie ", victime de phtisie. L'ensemble de cette correspondance constitue une véritable initiation à l'amour idéal. Dans le secret de l'échange épistolaire s'exprime un sentiment amoureux interdit mais cette affection reste pure car elle unit deux âmes soeurs. Elle réalise la perfection d'Eros selon le Banquet de Platon. Ces 176 lettres offrent ainsi le récit d'une passion impossible entre un jeune homme de 25 ans et une femme de 47 ans, fille du sculpteur Henry de Triqueti, épouse d'Edward Lee Childe - ; le neveu du général sudiste - ; mais elles constituent aussi un précieux témoignage, au travers d'une série d'impressions d'Afrique, celles d'un archéologue fouillant en Tunisie au début du protectorat et rencontrant bien des difficultés à Carthage, mais aussi celles d'un couple de touristes visitant l'Algérie après la Tunisie à la fin du XIXe siècle. A Paris, Blanche tient salon, joue en virtuose du Chopin et inspire de nombreux intellectuels, de Gustave Schlumberger à Pierre Loti, dont elle est l'égérie. C'est donc tout un milieu littéraire et artistique que fait renaître cette correspondance. La fin est terrible : aussi poignante - ; mutatis mutandis - ; que la mort pathétique de la Dame aux camélias. La vaste introduction d'Hervé Duchêne (" Une initiation à l'amour idéal ") est très éclairante.

06/2022

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Essais

Incertitudes en psychanalyse

Comme toujours dès qu'on décentre durablement l'humain de son apparente et naïve quiétude, dès qu'on sème le doute sur ses souvenirs et l'origine de ses passions, on le rend malade. Malade de la peste. Le dimanche 27 aout 1909, sur le pont du George Washington qui l'amenait à New-York, contemplant la découpe des gratte-ciels de Manhattan, Freud ne s'y était pas trompé. "Ils ne savent pas que nous leur apportons la peste... " avait-il confié pensivement à Ferenczi et Jung. La psychanalyse comme peste des certitudes. Vérité impossible à formuler en Europe ? Ironie d'un viennois ciblant la naïveté américaine ? En tout cas, la mesure de cette "peste" et la qualification de ses symptômes ne sont pas plus aisés aujourd'hui qu'en 1909. C'est pourtant cela que vise ce recueil. Au demeurant, la véracité de la phrase citée fait débat. Elle ne figure ni dans les oeuvres de Freud, ni dans celles de Ferenczi ou de Jung. Pourtant, le 7 novembre 1955, à Vienne, lors d'une conférence prononcée sur le sens d'un "retour à Freud", Lacan affirme la tenir de Jung. Mais l'aurait-il finalement inventé pour propager, au nom de son fondateur, l'annonce des méfaits de la jeune science ? Comme pour le pangolin du XXIème siècle, un doute subsiste sur l'identité de l'agent infectieux. Rendre à l'incertitude son bien, tel est donc l'enjeu. Mais encore faut-il pouvoir la défaire de l'irritation qu'engendre toute retenue, fût-elle celle du jugement. Séjourner "dans les incertitudes, les mystères et les doutes sans se laisser aller à la quête agacée de faits ou de raisons" exige une solide capacité négative. John Keats en faisait la source du génie de Shakespeare, et Bion en rappelle l'impérieuse nécessité dans l'exercice de l'analyse. C'est à ce prix que l'écoute s'affranchit de tout agrippement au savoir, qu'elle accueille l'angoisse et l'effondrement pour permettre, le moment venu, les salutaires mouvements de la curiosité. Certes on pourra regretter que depuis plus d'un siècle "la jeune science" ait pris quelques rides et qu'elle puisse parfois s'essouffler sous le poids de trop généreux commentaires. Pourtant l'incertitude demeure l'ordinaire du psychanalyste. A condition, bien sûr qu'il accepte de suivre les chemins du scandaleux et de l'inouï en s'arrachant aux ornières du bien connu et du prédictible. Comme on le verra, les textes ici assemblés partent souvent de "petits riens", rencontrés au fil du quotidien analytique. Dans la cure, dans l'échange entre collègues, en marge de lectures. Ils sont comme autant de pensées incidentes. Elles en disent souvent longs sur les vastes et complexes théories qui les sous-tendent et se sont constituées au cours d'un lent parcours. A l'écart de tout conformisme assuré, chaque auteur a voulu se laisser distraire par l'imprévu et l'incertain. Sans fausse pudeur. Sans naïveté ni complaisance non plus.

12/2021

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Poésie

Rusticatio Civitati Piratarum. La Ville des pirates

Souvent considéré comme un cinéaste littéraire, auteur de plusieurs ouvrages, théoriques comme de fiction, on ignorait que Raoul Ruiz était aussi poète (il est l'auteur de plus de 500 poèmes dont une anthologie est parue au Chili en 2019), et qu'il lui arrivait d'écrire des recueils de poèmes pour préparer ses films, ce qui est probablement un cas unique dans l'histoire du cinéma. Rusticatio Civitati Piratarum : La Ville des pirates est le seul exemple de ce type qui ait été conservé dans ses archives. Le livre, écrit en 1974, tisse en un jeu d'évocations labyrinthiques le motif de deux films que le cinéaste franco-chilien réalisera en 1983 : Les Trois couronnes du matelot et La Ville des pirates. Ces poèmes ne constituent pas un scénario avant l'heure, ils ont plutôt pour Ruiz la fonction de réservoir à images dans lesquels il puisera librement ; ce seront les oiseaux migrateurs, les pièces de monnaie glissées sous la langue, les bateaux et les ports dans Les Trois couronnes du matelot, les miroirs, le prophète et les meurtres pour La ville des pirates. Poèmes et films partagent ainsi des visions communes, agissent les uns sur les autres comme deux dimensions autonomes d'un même monde - "le monde a deux dimensions" déclare d'ailleurs l'un des personnages des Trois couronnes du matelot - et nourrissent ce sentiment de passage fluide entre le temps des vivants et celui des morts, entre l'espace vécu et l'espace rêvé qui est si caractéristique de l'oeuvre de Ruiz. Poésie où tout se fait énigme, tout fait signe en d'infinis dédoublements, aussi bien dans la lecture du vol des oiseaux que dans celles des lignes des rues ou de la main. D'obscures malédictions foudroient les hommes au détour d'une phrase comme s'il y avait des mots interdits, des villes fantasmées flottent dans le regard des marins, des vaches sont sacrifiées dans la nuit, les miroirs séparent les visages, les chansons s'échangent contre une pièce de monnaie aussitôt changée en sel. Ces poèmes, en levant le voile sur la matrice créative de Raoul Ruiz, révèlent tout autant ce qu'il y a de littéraire dans son cinéma que ce qu'il y a de cinématographique dans son écriture. Comme le souligne Bruno Cuneo dans sa préface, la poésie était la "première vocation artistique" du cinéaste - grand lecteur de Pessoa et de Pound, et bien-sûr de ses compatriotes Gabriela Mistral, Pablo Neruda, Nicanor et Violeta Parra - qui cherchait dans ses films à ce que "chaque plan ait sa vie propre" , tout comme chaque poème existe en lui-même. Raoul Ruiz aura trouvé avec le poème le moyen d'irriguer ses films d'un réseau de visions d'où jaillissent des récits composés d'évocations fulgurantes à la symbolique mystérieuse, avec en guise de viatique pour naviguer entre les mondes de l'exil et de l'errance, deux pièces dans la poche des vivants et une dans la main des morts. Du mystère, ou, pour reprendre les dernières paroles du matelot du film : "de la poésie, c'est de la véritable poésie ! " .

09/2023

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Philosophie

Les puissances de l'expérience. Essai sur l'identité contemporaine

Volume 1 : Après la perte supposée d'un " sens commun ". les héritiers des modernes se tournent vers le " monde commun ". C'est le monde partagé par ceux qui, éprouvant quelque chose, peuvent comprendre ce qu'ils éprouvent, comprenant ce qu'ils éprouvent, peuvent dire ce qu'ils comprennent et disant ce qu'ils comprennent, peuvent s'entendre sur ce qu'ils disent. Aussi, face aux verdicts fin de siècle qui martèlent notre époque comme autant de soubresauts où s'essoufflent les nostalgies du sujet, c'est plutôt dans la logique d'un verbe sécularisé que l'on s'enquiert du sens à construire. Il s'agit de la logique des procès d'entente. Du fait qu'elle mobilise les distinctions de temps, de modes, de voix, de personnes, et toute cette grammaire qui permet de communiquer par-delà les différences de langue et de culture, ce qui nous était le plus familier devient alors l'énigme : comment la grammaire est-elle possible ? Loin de tomber du ciel, elle s'enracine dans les expériences profondes au cours desquelles nos rapports au monde se sont progressivement différenciés. Jean-Marc Ferry découvre ainsi dans la préhistoire de notre aptitude à communiquer le drame fascinant des réclamations et frustrations, illusions et désillusions dont l'enchaînement définit la dialectique où chaque moment significatif d'un nouveau désenchantement marquait aussi bien la libération de cette énergie réflexive que l'on nomme " raison ". L'histoire y prend sa source. Elle se déploie comme le discours qui, à travers ses registres différents, de la narration et l'interprétation à l'argumentation et la reconstruction, élabore les compréhensions du monde où se forment nos identités. Volume 2 : La question porte ici sur les conditions réelles de la communication sociale et politique. Dans l'interdit du contact direct entre les personnes s'engendre une semiosis sociale. Elle est tissée par des régulateurs artificiels qui, tels le signe monétaire et le règlement juridique, médiatisent la reconnaissance réciproque. C'est le système. Il a remplacé, pense-t-on, la violence naturelle par une autre, car sa rationalité dure détruirait la raison molle du monde vécu dont il est pourtant issu, faisant peser une menace sur l'identité et la citoyenneté. Comment la communication peut-elle alors reconquérir sa propre essence réifiée dans l'organisation ? Comment les individus font-ils face, dans nos sociétés, à l'autonomisation des ordres différenciés, cette complexité horizontale qui définit pour le monde des personnes les ordres de la reconnaissance, où se joue notre responsabilité ? Or, en catalysant les demandes d'une responsabilité étendue aux temps jusqu'ici abandonnés à une gestion non critique des mémoires nationales, la construction de l'Europe politique invite à une réflexion fondamentale sur les relations qu'entretiennent les individus et les peuples. Entre un culturalisme pédant qui relègue les hommes au musée et un universalisme arrogant qui méprise les contextes culturels, il y a place pour considérer la situation qu'occupe chaque peuple dans une histoire de la reconnaissance. C'est cette situation morale qui doit être philosophiquement comprise et identifiée, afin d'éclairer le sens politique des relations prises entre les nations.

12/1991

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Littérature érotique et sentim

La Saga des Wingleton - Tome 1. James

Elle est étudiante et gogo danseuse. Il est professeur et héritier d'une dynastie... Nina, jeune étudiante de 20 ans, a une vie peu conventionnelle : étudiante le jour, gogo danseuse la nuit. Difficile de garder sa vie nocturne secrète... Et, comme si la situation n'était pas suffisamment compliquée, il fallait que son professeur, James Wingleton, soit cet être aussi intrigant que sexy... qui ne lui semble pas si indifférent. Arrivera-t-elle à résister à la tentation ? Saura-t-elle protéger ses secrets ? Pourra-t-elle combiner son travail de gogo danseuse avec une relation ? Plongez au coeur d'une saga sulfureuse aux accents aussi torrides qu'attachants, où secrets et faux-semblants sont au rendez-vous ! EXTRAIT - Pourquoi est-ce qu'un prof d'université s'intéresse à ce que je fais ?? James continue à lui sourire. Il avale son café d'une traite, se lève, laisse l'argent sur la table et regarde Nina. Il se penche vers son oreille. - Je dois vous avouer que je ne sais pas, mais je ne conçois pas qu'une jeune femme avec votre talent soit obligée de travailler comme ça ? ! Ha, oui... et je dois avouer, également, que vos yeux sont magnifiques ? ! Bonne soirée et bonne nuit, mademoiselle Fallen. James sort du café et Nina reste bouche bée. Elle n'arrive même plus à bouger. James repart à sa voiture et, une fois derrière le volant, se passe la main dans ses cheveux. - Pourquoi je lui ai dit ça ?? Elle est belle, intelligente, mais en même temps, je ne peux pas réagir comme n'importe qui avec elle. Je suis son professeur, je ne dois pas laisser mes émotions prendre le dessus. Avec elle, j'ai l'impression de revivre. J'ai envie de l'aider, de la protéger et d'être près d'elle, mais c'est interdit. Non, je dois agir en professionnel, mais... Au même moment, James arrête de penser et voit Nina sortir du café. Cette dernière se dépêche de rejoindre son appartement, car la pluie commence à tomber. Elle ne peut s'empêcher de remarquer que la voiture de James se trouve toujours dans la ruelle. Son regard croise celui de l'homme et elle reste là, sans rien dire, pendant une bonne minute. Elle secoue la tête et entre chez elle. Une fois la porte fermée, elle entend le moteur de la voiture démarrer. CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE J'ai plutôt apprécié la construction des personnages, la force de caractère de Nina et les doutes de James. - clotildebore180691, Babelio L'auteur a une belle plume qui se lit vite et bien, on a beaucoup d'émotions, on se prend vite dans son histoire et on reste captivé jusqu'à la fin, on veut savoir ce qui va leur arriver et comment ils vont s'en sortir. - Momominouche, Booknode A PROPOS DE L'AUTEURE Originaire de Gironde, Lola Blood est mère et belle-mère de cinq enfants. L'écriture a toujours fait partie de sa vie. Avec La Saga des Wingleton, c'est un véritable défi qu'elle se lance : dépasser le stade des fanfictions publiées sur Wattpad pour écrire sa propre série !

10/2019

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Sociologie

Disparaître de soi. Une tentation contemporaine

Nos existences parfois nous pèsent. Même pour un temps, nous aimerions prendre congé des nécessités qui leur sont liées. Se donner en quelque sorte des vacances de soi pour reprendre son souffle. Si nos conditions d'existence sont sans doute meilleures que celles de nos ancêtres, elles ne dédouanent pas de l'essentiel qui consiste à donner une signification et une valeur à son existence, à se sentir relié aux autres, à éprouver le sentiment d'avoir sa place au sein du lien social. L'individualisation du sens, en libérant des traditions ou des valeurs communes, dégage de toute autorité. Chacun devient son propre maître et n'a de compte à rendre qu'à lui-même. Le morcellement du lien social isole chaque individu et le renvoie à lui-même, à sa liberté, à la jouissance de son autonomie ou, à l'inverse, à son sentiment d'insuffisance, à son échec personnel. L'individu qui ne dispose pas de solides ressources intérieures pour s'ajuster et investir les événements de significations et de valeurs, qui manque d'une confiance suffisante en lui, se sent d'autant plus vulnérable et doit se soutenir par lui-même à défaut de sa communauté. Dans une société où s'impose la flexibilité, l'urgence, la vitesse, la concurrence, l'efficacité, etc., être soi ne coule plus de source dans la mesure où il faut à tout instant se mettre au monde, s'ajuster aux circonstances, assumer son autonomie. Il ne suffit plus de naître ou de grandir, il faut désormais se construire en permanence, demeurer mobilisé, donner un sens à sa vie, étayer ses actions sur des valeurs. La tâche d'être un individu est ardue, surtout s'il s'agit justement de devenir soi. Au fil de ce livre, j'appellerai blancheur cet état d'absence à soi plus ou moins prononcé, le fait de prendre congé de soi sous une forme ou sous une autre à cause de la difficulté ou de la pénibilité d'être soi. Dans tous les cas, la volonté est de relâcher la pression. Il s'agit ici de plonger dans la subjectivité contemporaine et d'en analyser l'une des tentations les plus vives, celle de se défaire enfin de soi, serait-ce pour un moment. Sous une forme douloureuse ou propice, cette étude arpente une anthropologie des limites dans la pluralité des mondes contemporains, elle s'attache à une exploration de l'intime quand l'individu lâche prise sans pour autant vouloir mourir, ou quand il s'invente des moyens provisoires de se déprendre de soi. Les conditions sociales sont toujours mêlées à des conditions affectives. Et ce sont ces dernières qui induisent par exemple les conduites à risque des jeunes dans un contexte de souffrance personnelle, ou qui font advenir la dépression, et sans doute la plupart des démences séniles. Si souvent les approches psychologiques occultent l'ancrage social et culturel, celles des sociologues délaissent souvent les données plus affectives, considérant les individus comme des adultes éternels, n'ayant jamais eu d'enfance, ni d'inconscient, ni de difficultés intimes. La compréhension sociologique et anthropologique des mondes contemporains peut ressaisir la singularité d'une histoire personnelle en croisant la trame affective et sociale qui baigne l'individu et surtout les significations qui alimentent son rapport au monde. Telle est la tâche de ce livre.

02/2015

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Communication - Médias

Le monde à la une. Une histoire de la presse par ses rubriques

Pour la première fois, une histoire de la presse par celle de ses rubriques. Une grande aventure, portée par les meilleur·es spécialistes, littéraires ou historien·ne·s, et qui nous fait parcourir près de deux siècles dans la presse française, tout en s'interrogeant sur la manière dont les supports informent leurs lectrices et lecteurs des événements du monde. " EDITO Depuis bientôt deux siècles, la presse française rubrique le monde. A celles et ceux que leurs vies ne jettent pas sur les grands chemins, elle a apporté et apporte encore, chaque jour, des récits et des images d'ailleurs. Elle l'a fait très différemment selon les époques. Les choses ne se passaient pas de la même façon avant le télégraphe électrique, avant le téléphone, avant le bélinographe, avant la radio, avant la télévision, avant Internet. Elle le fait très différemment, surtout, selon les rubriques. On ne raconte pas le monde de la même façon dans le roman-feuilleton, la chronique boursière, la correspondance, le reportage, la mode, le sport, la météo, l'horoscope. On ne le montre pas de la même façon à la Une, en gravures, en photographies, en caricatures, en bandes dessinées. Celles et ceux qui ont participé à ce livre sont toutes et tous, d'une façon ou d'une autre, des universitaires spécialistes de leurs rubriques et de la façon dont celles-ci ont donné à voir et à lire le monde. Nous leur avons demandé très précisément : 1°) De partir d'un exemple précisément situé : une date, un événement, un journal. 2°) Depuis ce point de vue, nous leur avons demandé de faire l'histoire de la rubrique elle-même, en remontant autant que possible dans le temps et en redescendant autant que possible jusqu'aujourd'hui. 3°) Nous leur avons demandé d'expliquer en quoi chacune de ces rubriques a permis à ses lectrices et à ses lecteurs de saisir - ou pas - la complexité du monde. 4°) Nous leur avons suggéré d'écrire leurs textes comme bon leur semblait, avec le style approprié, car ce livre veut être ce que les journaux sont depuis deux siècles : des espaces de liberté et d'invention. Nous les remercions d'avoir joué le jeu, en ces temps où les universitaires sont si occupés à des tâches parfois un peu tristes. Ils ont fait, à leur tour, la preuve que le savoir peut être joyeux. Nous vous présentons ce livre dans l'ordre chronologique des exemples choisis. Il n'est pas question de prétendre ici que la presse a toujours été une merveilleuse fenêtre ouverte sur le monde. Bien au contraire - et vous vous en rendrez vite compte - elle a souvent été le lieu de solidification des identités locales et nationales. Elle a parfois perpétué des stéréotypes dont nous aimerions nous défaire. Si elle s'est ouverte à la globalité, c'est en raison de mouvements généraux qui, pour une bonne part, la dépassaient. Mais, avec une grande diversité d'expression, dont ce livre veut rendre compte, elle a aussi fait autre chose, modelant en grande partie notre façon de voir, de comprendre et de ressentir le monde. En ces temps de profonds renouvellements du journalisme - sites Internet, commentaires, fake news - et cependant que la " mondialisation " fait l'objet de tant de débats, il est important de revenir, attentifs et amusés, sur une histoire qui nous concerne tous. Marie-Eve Thérenty et Sylvain Venayre "

09/2021

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Histoire internationale

La décomposition des nations européennes. De l'union euro-Atlantique à l'Etat mondial, 2e édition revue et augmentée

" La deuxième moitié du XXe siècle aura été fondée sur un paradoxe. Des générations d'hommes politiques ont parlé de la " construction européenne " mais il semble s'agir d'un objectif qui, comme l'horizon, s'éloigne au fur et à mesure que l'on avance. En fait, avec les années qui passent, on assiste à la déconstruction, à la destruction des nations, sans que rien ne vienne les remplacer. Et l'on peut même se demander, hypothèse encore plus terrible, mais vraisemblable, si " faire l'Europe " ne consiste pas, en fait, à détruire les nations. L'historien allemand Rudolf von Thadden l'avait dit sans prendre de gants : " Pour faire l'Europe, il faut défaire un peu la France ". La construction européenne fut fondée, dès l'origine, sur l'idée d'une renonciation à l'exercice de la souveraineté, sous prétexte que certains pays européens, l'Allemagne, en particulier, avait cédé, entre 1914 et 1945, au vertige de la puissance. On avait libéré les nations mais pour, aussitôt, les démanteler à nouveau. Confondant la puissance et la souveraineté, on s'imaginait que l'équilibre des puissances passait désormais par l'abolition des souverainetés. Comme le montre Pierre Hillard, jeune et brillant connaisseur de l'Allemagne et des affaires européennes, on a, par cette politique de gribouille, permis à des forces fascistes et impériales de revenir sur le devant de la scène. Son nouvel ouvrage est l'occasion, pour lui, d'élargir le champ de son enquête : derrière le morcellement territorial des Etats, on ne retrouve pas seulement des organisations héritières du national-socialisme et des mouvements ethno-racistes, largement décrits dans son Enquête sur le plan allemand qui va bouleverser l'Europe : on recense, en fait, de multiples courants qui, de la droite à la gauche, militent pour la destruction des nations et, quelquefois consciemment, font le jeu de la mondialisation économique et politique, qui est, en fait, le produit du basculement des Etats-Unis d'Amérique dans l'impérialisme, comme l'avouent ouvertement les idéologues du gouvernement Bush. Pierre Hillard montre comment l'atlantisme, qui n'avait plus de raison d'être après la fin de la guerre froide, est devenu l'instrument de ce " mondialisme " que prônait, dès son élection à la présidence de la République, le père de l'Europe actuelle, Valéry Giscard d'Estaing. Chercheur scrupuleux, Pierre Hillard reconstitue un certain nombre de réseaux et identifie les fondations qui, en Europe et aux Etats-Unis, s'emploient à saper les principes mêmes de la souveraineté des Etats, au nom des droits des minorités et au service du capitalisme prédateur qui caractérise notre époque, toutes ces tendances faisant le jeu de l'hégémonie américaine. Une hégémonie que Zbigniew Brzezinski décrivait, en 1997, dans un cadre spenglerien : la vocation américaine est désormais de contrôler l'Eurasie, pour réaliser l'empire occidental. C'est la logique mortifère d'une Europe carolingienne à la fois impuissante diplomatiquement et ravagée par les désordres économiques qu'engendre l'ordre américain pour détruire la seule Europe possible, celle des souverainetés pleinement exercées par des Etats nationaux, coexistant dans la paix et la prospérité. L'auteur de ce livre s'affirme de plus en plus, en effet, comme un observateur très précieux de la politique internationale. La clarté et la précision de ses analyses sont le meilleur antidote aux tours de passe-passe idéologiques dont se servent les manipulateurs de la démocratie. "

06/2010

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Religion jeunesse

Jésus Christ est la Vérité. Cahier jeune

Lecahier " Jésus Christ est la Vérité ! " estdestiné aux jeunes du collège (5e ou 12-13 ans), et il a étéréalisé pour les accompagner dans la lecture et l'appropriation du Catéchisme pour tous les âges, " Ilest le Chemin, la Vérité, la Vie... " Ce Catéchismea été écrit à destination des familles, et c'est pourquoi il est décliné entrois langages, celui de l'enfant (pages bleues), celui du jeune (pagesvertes), et celui de l'adulte (pages rouges). Ainsi, les animateurs, lesparents comme les jeunes, y trouveront le contenu nécessaire à la structurationde leur foi. Parailleurs, ce catéchisme est articulé autour de trois parties : la Première Annonce(code couleur jaune), l'Initiation chrétienne (code couleur orange) et l'Approfondissement/mystagogie(code couleur rouge) ; il correspond donc au chemin de foi de toute personnequi veut entrer en amitié avec Dieu, il suit ce que l'on appelle une pédagogied'initiation. Envoici les grandes étapes : 1. Nous annonçonsle Christ ressuscité Enétant parti du coeur de la foi chrétienne - la résurrection du Christ - nousreprenons toute l'histoire du salut : - Lacréation : Regarder la création nous fait connaître Dieu, la création noustourne vers le Créateur. - Larévélation : Dieu existe, il parle aux hommes et entre en relation aveceux. -L'incarnation : Dieu se glisse dans notre humanité. Il vient parmi nous enJésus. 2. Nous devenonsdisciples du Christ -Nous entrons dans la vie chrétienne par le Credo, les sacrements et laprière. -Nous apprenons à vivre le commandement nouveau de l'amour. 3. Nous rendonscompte de l'espérance qui est en nous Cettevie chrétienne qui grandit en nous a des conséquences ! Par cette intimitéavec Jésus Christ, notre existence quotidienne change, et nous faisons l'expériencede la vérité et de la vie en Eglise. Lecahier du jeune " Jésus Christ est la Vérité ! " se réfèreexclusivement aux pages vertes du Catéchisme " Il est le Chemin... ", et il développe principalement sa deuxièmepartie (signets orange). Ce cahier permet donc à un jeune defaire ou de refaire le parcours de l'Initiation chrétienne en découvrantdavantage qui est Jésus Christ et en s'engageant à sa suite. Il propose unitinéraire à travers le Nouveau Testament, afin de comprendre qu'en lui toutl'Ancien Testament trouve son sens plénier selon l'antique formule : " L'AncienTestament est dévoilé dans le Nouveau. " Cecahier est précédé d'un cahier pour les jeunes du secondaire (6e, ou 11-12 ans) : " En chemin vers le Messie "qui concerne plus spécifiquement la " Première Annonce " pour des pré-adolescents. Ildéveloppe davantage la première partiedu Catéchisme (signets jaunes) et propose un itinéraire à travers l'AncienTestament, afin de découvrir en lui une préparation évangélique selon l'antiqueformule : " Le Nouveau Testament est caché dans l'Ancien... " Ilconvient qu'il soit pratiqué avant ce deuxième cahier. Dans le cahier du jeune, chaque rencontre estprésentée sur quatre pages qui sont ainsi configurées : - unepremière page avec un enseignementsur le thème - lesdeuxième et troisième pages avec des propositionsinteractives pour développer et s'approprierle thème : Bible, liturgie, réflexion, jeux... - unequatrième page consacrée à la prière. Cespropositions peuvent être vécues avec les jeunes au cours d'une granderencontre tous les quinze jours, ou au cours de rencontres plus brèves toutesles semaines, auquel cas un même thème sera développé sur deux rencontres. L'essentiel est debien vivre les activités avec les jeunes, en prenant le temps d'échanger aveceux, de répondre à leurs questions, en leur permettant d'approfondir leur foi.

12/2015

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Poésie

Un sol trop fertile

L'enfant, l'arbre, la vie, c'est toujours la même lutte, celle d'un enfant, aujourd'hui d'un homme, qui est "en danger d'être soi". Mais cette fois-ci, qui est laissé face à l'énigme simple de la violence, de l'enfance meurtrie. Plus de détour, ou de baume, de fils ou de verger - qui tenaient les livres précédents de Cédric Le Penven, en constituaient le fil et la vie - mais le face à face nu et brutal, comme s'il fallait d'abord être seul. Le problème de la peur et des coups, c'est qu'ils nous infectent et finissent par nous battre de l'intérieur et que la vitre sur quoi sa propre vie bute, c'est soi. Ce journal intérieur s'approche au plus proche de la blessure, il y a là une posture de défi, comme s'il fallait tenir tête désormais pour sauver en soi l'enfant qui ne le pouvait pas ; mais surtout une position de survie, c'est à dire regarder cette violence dévorante droit dans les yeux, sans s'y dissoudre, sans qu'elle ne finisse de happer l'homme qui est là aujourd'hui. Ecrire n'est pas suffisant et vivre semble un peu trop - que faire face à une colère noire ? La maison, les frênes par la fenêtre, les livres familiers de la bibliothèque, le verger patiemment cultivé, c'est l'édification d'une cabane grandeur nature - à la grandeur de la vie - où se réfugier. Comment apaiser en soi un enfant qui ne dort pas ? En regarder un autre grandir, ignorant de son importance et de son rôle, à la fois terreau et tuteur d'un père qui l'accompagne dans la vie. Cédric Le Penven s'entoure de la croissance des autres, pour se confirmer peut-être à soi-même qu'une main peut aider à grandir plutôt que mettre à terre, guider plutôt que frapper. Il fait tourner le prisme de la main et du poing, facettes d'une même chair, qui projettent alternativement les lumières et les ombres. Main qui caresse, qui cultive, que l'on serre, ou que l'on agite de loin, qui indique une direction ou dit non, main qui frappe, qui ferme, blesse, étrangle, ou cache ou rafraîchit un visage. Main qui palpe l'écorce des arbres, flatte la chienne en promenade, plonge dans l'eau de la rivière, cueille un fruit, accueille les êtres aimés : la vie devient enfin un environnement familier au sein le monde, dont l'indifférence apaisante aide à vivre autour de la cabane. Au milieu des chênes et des causses, dans les herbes ou sous le regard des vaches, le long des ruisseaux, des ombres douces et des prunes d'été, Cédric Le Penven regarde la beauté du monde se faire et se défaire. Dans le vol des oiseaux, les branches nues qui se chargent de feuilles, de fleurs et de fruits, les paysages qui traversent les saisons. Et soi au milieu, peut-être pas pour trouver une place qui nous attende, mais pour en dégager soi-même l'espace matinal de la croissance et de la beauté - en quête des autres, de l'amour des autres, comme s'il fallait toujours dans une dernière angoisse se faire pardonner ce que l'on pourrait être.

04/2021

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Non classé

La Porte ou la parenthèse de l’éternité

Silence, espoir, mot bleu ... soleil, voici quelques mots cueillis à l'entrée et à la conclusion de cette anthologie. Il faut les approcher et s'en servir comme des clés, des passages, des poteaux indicateurs de l'oeuvre poétique de Claudine Helft . Il y a dans les lames profondes de sa poésie, les feux de la mélancolie. Question de route, homme, condamné au voyage / vers un mieux sans port où culbute le rien. Il y a aussi des poèmes qui comme des croquis racontent des histoires comme un ange de passage près des fenêtres. Claudine Helft est un poète orpailleur qui au fil de ses milliers de vers écrits depuis l'âge de raison cherche l'or sauvage / du rêve. Je considère son art d'écrire comme un Nerval retrouvé dont le lyrisme est mesuré et compté. Je suis la question sans réponse / où s'archive une phrase échouée /sur l'éternité sans rivage. Cet art met en abîme les différents visages et facettes de l'écriture du poète. Il cherche l'autre. Du côté d'Arthur Rimbaud (Je est un autre), du côté de Gérard de Nerval (Je est autre). Mais c'est toujours Nerval qui me vient à l'esprit en lisant Helft. Car sa poésie est offrande à l'amant au carrefour des infinis, de Dieu aperçu aux confins des mondes... . C'est toujours contre le gris du lavoir que je me heurte/ lors même que l'eau est claire, et contre le vent /que j'avance, quand même le ciel est sans nuage. La quête de l'amour et de l'amant, ce dieu présent distille les parfums d'une haute mélancolie. La signification de cette oeuvre que je médite serait oser l'amour et ne pas mourir. Le poète a le sens des formules. Certains de ces vers ont des allures prophétiques. Les chiens ne contrôleront plus leurs rires perdus /La terre perdra son sexe, la parole sa nuance /L'absolu demeure l'ivresse de l'homme /Bonheur, le geste d'un fou qui tente la foi et éclaire sémaphoriquement les tensions internes du poème. Il y a aux portes des ténèbres la clarté du chant. Claudine Helft est habitée par le doute. Sa poésie se place à ses frontières. Le poème Un chant d'hiver placé au commencement du livre me paraît être celui qui résume toutes les forces telluriques et oniriques de cette anthologie. Il y a dans son écriture concise tous les thèmes chers au poète : la mélancolie, la solitude, la perte de l'amour et sa constante recherche, l'absolu et ses frontières, le divin, les pouvoirs de la rencontre, le feu des images, le dialogue avec le ciel, la lumière des mots, l'espoir questionné, Dieu... Ce chant d'hiver rend un discret hommage à Charles Baudelaire avec ce Sonnet d'horloge déracinant l'espace que fomente le temps. Le poète questionne les mots, les brumes, les cieux et le passage du temps et sa poésie ainsi défait l'éternité. La mort, autre thème intimement mêlé à l'amour et à la vie s'invite en arrière-plan au frémissement du poème. Et cette alliance a toujours ce parfum tenace de fleurs et d'orages. Eurydice demande à Orphée de voir encore plus loin... . (extrait "Avant lire") - Luc Vidal

01/2016

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Travail social

La logistique et ses monstres

Présentation - Collection Le Grand Entrepôt Nous vivons quelque chose d'une grande transformation équivalente à ce que fut en son temps la révolution industrielle. C'est d'ailleurs l'histoire de l'une qui éclaire pour nous la naissance de l'autre, soit dit en passant. Quelques précurseurs la nomment d'ailleurs révolution logistique. C'est bien en effet de logistique qu'il s'agit, de cette manière toute moderne de fonder une économie mondiale sur la circulation des marchandises. Mobilité des marchandises, des hommes, des informations, de l'argent. Nous avons donc mis en place un programme de recherche pour rendre compte de cette transformation, la fabrique qu'elle organise de nouvelles économies mondes, les acteurs économiques qu'elle suscite et ceux qu'elle éteint, les formes de travail et de mobilisation qu'elle promeut, ce qu'elle construit et ce qu'elle détruit des espaces industriels. Ce programme nous l'avons baptisé " Le Grand Entrepôt " parce qu'il nous semble que le stockage et son organisation économique joue un rôle important dans cette affaire. Des entrepôts donc, des ports devenus giga parkings à containers et des décharges. Nous avons donc rassemblé ici, dans une collection qui a le nom du programme, quelques travaux qui éclairent cette transformation, la décrive, en mesure l'impact, analyse ses conséquences. Et qui surtout essaye de penser non pas simplement les formes économiques, sociales et spatiales de cette transformation, mais son impact, sa force et sa violence. Autant le dire simplement, nous pensons que la transformation que les experts nomme logistique n'est pas, ou très peu, une transformation positive des mondes de l'économie. C'est une catastrophe, une mise en désordre de mondes qui l'étaient déjà pas mal, un dérèglement ou un échauffement sans précédent d'économies déjà pas mal déjantées. Les auteurs de ces travaux viennent de la sociologie du travail, de l'anthropologie urbaine, de la géographie économique. De ce monde qui vient nous en voyons les aspérités, les gouffres, les souffrances et les débâcles, pas le génie. Premiers titres : Titre 1 : La logistique et ses monstres. Delphine Mercier et Michel Peraldi Résumé : Cette fois encore tout pourrait avoir commencé en haute mer. L'histoire du capitalisme se fait et se défait par les conquêtes des mers et des au-delà des mers familières. Dès lors, comme la naissance du grand cycle industriel fut permise par des navires chargés de sucre et de coton (Dockès, 2009) lourds du travail des esclaves qui les ont amassés, alors commence avec les géants des mers chargés de containers, quelque chose d'un nouveau cycle : moins sans doute qu'un bouleversement général des économies mondes, mais beaucoup plus qu'une transformation managériale ou technique. La révolution logistique, commence selon les économistes et les historiens avec l'invention d'une grosse boîte dans laquelle on peut stocker des marchandises. Le container -the box-, que l'on peut manipuler avec un minimum de main-d'oeuvre, transporter du quai au bateau puis du bateau au camion sans rien décharger des marchandises qu'il contient et régler ainsi la double contrainte des ruptures de charge et l'immense pouvoir, la capacité de nuisance -telle qu'elle est vue par le grand capital- de la manutention portuaire et ses tumultueux dockers (Levinson). Une " boîte " qui rompt, selon la belle formule de S. Bologna " le pacte sacro-saint de la cale et du quai ".

08/2024

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Littérature française

Cuba Spleen

LE LIVRE : Né sur une île tropicale aux paysages verdoyants et aux plages de sable fin, William Navarrete, comme tous les Cubains, aurait pu vivre dans l'un des lieux les plus heureux de la planète. Et pourtant... son enfance et son adolescence ont été marquées par le pouvoir omniprésent d'un seul homme. Comment cette dictature a-t-elle pu durer et influencer le monde démocratique ? Comment tant d'indulgence fut possible de la part des démocraties européennes envers un tel tyran ? L'exil peut-il panser les plaies ? Peut-on tout oublier et pardonner ? A partir d'un récit intime et documenté sur son expérience personnelle, William Navarrete dénonce le castrisme qui a fait de Cuba une des prisons à ciel ouvert les plus terribles que l'on connaisse et s'interroge, entre autres, sur la raison pour laquelle la chute du mur de Berlin n'a-pas provoqué aussi celle de la dictature de Fidel Castro, peu étudiée et donc peu connue en France. Dans Cuba Spleen, William Navarrete allie la verve du conteur à la virulence du critique et nous livre un récit fort, attachant et drôle, qui nous incite à nous interroger sur ce qu'est dans les faits une dictature. . L'AUTEUR : William Navarrete est né à Cuba sous la dictature de Fidel Castro. A 23 ans, il parvient à fuir et débarque à Paris. Il s'inscrit à la Sorbonne, où il termine les études d'histoire de l'art qu'il avait commencées à Cuba, puis obtient la nationalité française. Depuis 30 ans, il réside entre Paris et Nice. Soucieux de préserver la mémoire familiale et de comprendre l'histoire de son pays natal, il a écrit plus d'une vingtaine d'ouvrages en espagnol et en français. Traducteur, journaliste et conférencier, il a fondé et milité dans de nombreuses associations en faveur des droits humains. Se souvenant combien il est parfois difficile d'acquérir sa liberté, il s'est promis de toujours la défendre et de parcourir le monde qui lui était resté longtemps interdit et inaccessible. William Navarrete a publié ses deux derniers ouvrages, Vidalina (2019) et Le Tour du monde en 80 saveurs avec Pierre Bignami (2020), aux éditions Emmanuelle Collas. . LE MOT DE L'AUTEUR : "Quiconque n'a pas vécu sous une dictature ne peut imaginer ce que les victimes des régimes totalitaires subissent au quotidien. Trente ans en France m'ont permis d'apprécier l'immense chance que j'ai d'avoir pu refaire ma vie en démocratie. Et entendre quelques amis - qui n'ont jamais connu ni la guerre ni le totalitarisme - utiliser le terme de "dictature" à propos de la France m'ont fait bondir ! Il fallait que je leur raconte "ma dictature", celle qui a failli broyer ma vie comme celle de ma famille et de milliers de mes compatriotes. J'ai malheureusement également constaté que, ici en France, certains se sentent tant à l'abri d'un éventuel dictateur qu'ils seraient capables d'en élire un ! Je me devais donc de raconter aussi la manière dont les Cubains eux-mêmes ont placé leur propre bourreau au pouvoir et comment un dictateur peut aussi jouir de la complaisance internationale la plus totale ! " - William Navarrete

05/2023

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sociologie du genre

Douze femmes inspirantes qui éclairent notre chemin

Pierre Lunel rend hommage à dix femmes extraordinaires, dix héroines inspirantes, qui se battent pour la défense de la vie et contre la guerre, l'apartheid, l'injustice et tous les massacres : de la terre, des animaux, des montagnes et des océans. Le monde d'aujourd'hui est décourageant et il est compréhensible que beaucoup veuillent baisser les bras. Pourtant il en est qui relèvent le défi. Et de quelle manière ! Ces femmes remarquables que Pierre Lunel raconte ici sont hors normes et cependant proches de nous. Telles des mères ou des soeurs... Il en a rencontré un certain nombre durant sa vie et parmi elles, il en a finalement choisi dix. La plupart sont vivantes et continuent d'agir. Elles l'ont accueilli auprès d'elles pour lui livrer leur vie, leur action, leurs défis et leurs rêves. Toutes ont eu de grands rêves mais le plus beau est de les avoir réalisés. Toutes ont vécu leur rêve plutôt que rêver leur vie. Cela a passionné l'auteur de ressentir ce qui les différencie en apparence et ce qui les unit au plus profond. Elles lui ont fait vivre le courage, l'audace, la ténacité, l'humilité, la compassion et l'amour au féminin. Leur vie est une leçon pour nous tous, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, contre l'abandon, le découragement, la peur et l'amertume. Elles sont des maîtres de vie, sans emphase ni condescendance... presque en s'excusant d'en être un ! Ces dix femmes remarquables se battent contre la guerre, l'apartheid, l'injustice et tous les massacres : de la terre, des animaux, des montagnes et des océans. Elles chérissent les malades, les abandonnés en fin de vie, les baleines et les dauphins. Et tout ce qui vit sur les terres et dans les océans. Elles sont les vraies aventurières d'aujourd'hui... Elles se préoccupent du sacré et le défendent bec et ongles, mais toujours avec le sourire. Rien ni personne ne les ferait reculer car elles sont indomptables ! AMMA est l'un des maîtres spirituels les plus influents aujourdhui. Elle livre des clefs essentielles. BIBI RUSSELL, ancienne mannequin internationale, est une créatrice de mode bangladaise, source de développement culturel et économique local et d'émancipation des femmes. SOEUR EMMANUELLE symbole, dans l'opinion française, de la cause des déshérités. MARIE DE HENNEZEL, psychologue, psychothérapeute et écrivaine française. Elle est connue pour son engagement à l'amélioration des conditions de la fin de vie. MAUD FONTENOY est une immense navigatrice et une farouche amoureuse des mers. Elle est devenue une formidable éducatrice à la nature auprès des enfants des écoles de France. ANITA CONTI fut la première femme océanographe française. ALEXANDRA DAVID NEEL fut la première femme européenne à se rendre dans la cité interdite de Lhassa, au Tibet. CHRISTINE JANIN conquiert le pôle nord et les plus hauts sommets de la terre et infuse son énergie et sa résilience aux enfants et aux femmes malades. LAMYA ESSEMLALI, la " femme pirate ", est à la tête de l'antenne française de Sea Shepherd. MARION CHAYGNEAUD-DUPUY, disciple d'Alexandra David Neel, alpiniste, connue dans le monde pour avoir été à l'origine de l'initiative Clean Everest. D'où leur vient cette force ? En quoi avons-nous tous en nous les dispositions cachées et secrètes pour en faire autant ? C'est ce que Pierre Lunel a essayé de comprendre et de transmettre dans ce livre passionnant. MAUD FONTENOY : " Je suis très touchée par cet hommage qui éclaire mon combat pour la sauvegarde des océans dont nous dépendons tous au nom de la survie de l'humanité " CHRISTINE JANIN : " Ce témoignage m'a emportée ! La vie m'a naturellement guidée des plus hauts sommets de la terre à ceux du coeur... Pierre Lunel le raconte avec force, sensibilité et poèsie. Il trouve les mots pour dire l'indicible et raconter avec justesse ce qui m'a conduite sur mon chemin pas à pas... " Marion Chaygneaud Dupuy : " Quelle sensibilité... Quelle passion. Votre écriture m'a émue ! " Auteur installé dans la Haute Garonne (31780)

04/2024

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Littérature française

Les Déracinés Edition intégrale 1921-2013 : Coffret en 2 volumes : Volume 1, 1921-1964 ; Volume 2, 1964-2013. Edition collector

Après le succès phénoménal des Déracinés, retrouvez les quatre tomes de la saga réunis dans une magnifique édition collector. Des cafés viennois des années 1930 aux plages des Caraïbes, découvrez une formidable histoire d'amour et d'exil. Fondée sur des faits réels, cette fresque au souffle admirable révèle un pan méconnu de notre histoire. Tome 1 - Les Déracinés Vienne, 1932. Au milieu du joyeux tumulte des cafés, Wilhelm, journaliste, rencontre Almah, libre et radieuse. Mais la montée de l'antisémitisme vient assombrir leur idylle. Au bout de quelques années, ils n'auront plus le choix ; les voilà condamnés à l'exil. Commence alors une longue errance de pays en pays, d'illusions en désillusions. Jusqu'à ce qu'on leur fasse une proposition inattendue : fonder une colonie en République dominicaine. Là, au milieu de la jungle étouffante, tout est à construire : leur ville, leur vie. Tome 2 - L'Américaine Septembre 1961. Depuis le pont du bateau sur lequel elle a embarqué, Ruth, la fille d'Almah et Wilhelm, tourne le dos à son île natale, la République dominicaine. En ligne de mire : New York, l'université, un stage au Times. Une nouvelle vie... Elle n'en doute pas, bientôt elle sera journaliste comme l'était son père. Ruth devient très vite une véritable New-Yorkaise et vit au rythme du rock, de l'amitié et des amours. Des bouleversements du temps aussi : l'assassinat de Kennedy, la marche pour les droits civiques, les frémissements de la contre-culture, l'opposition de la jeunesse à la guerre du Viêt Nam... Mais Ruth, qui a laissé derrière elle les siens dans un pays gangrené par la dictature où la guerre civile fait rage, s'interroge et se cherche. Tome 3 - Et la vie reprit son cours Jour après jour, Ruth se félicite d'avoir écouté sa petite voix intérieure : c'est en effet en République dominicaine, chez elle, qu'il lui fallait poser ses valises. Il lui suffit de regarder Gaya, sa fille. A la voir faire ses premiers pas et grandir aux côtés de ses cousines, elle se sent sereine, apaisée. En retrouvant la terre de son enfance, elle retrouve aussi Almah, sa mère, l'héroïne des Déracinés. Petit à petit, la vie reprend son cours et Ruth - tout comme Arturo et Nathan - sème les graines de sa nouvelle vie. Jusqu'au jour où Lizzie, son amie d'enfance, retrouve le chemin de Sosúa dans des conditions douloureuses. Roman des amours et de l'amitié, Et la vie reprit son cours raconte les chemins de traverse qu'emprunte la vie, de défaites en victoires, de retrouvailles en abandons. Tome 4 - Un invincible été Depuis son retour à Sosúa, en République dominicaine, Ruth se bat aux côtés d'Almah pour les siens et pour la mémoire de sa communauté, alors que les touristes commencent à déferler sur l'île. Gaya, sa fille, affirme son indépendance et part aux Etats-Unis, où Arturo et Nathan mènent leurs vies d'artistes. Comme sa mère, elle livre son propre combat à l'aune de ses passions. La tribu Rosenheck-Soteras a fait sienne la maxime de la poétesse Salomé Urena : " C'est en continuant à nous battre pour créer le pays dont nous rêvons que nous ferons une patrie de la terre qui est sous nos pieds. " Mais l'histoire, comme toujours, les rattrapera. De l'attentat du World Trade Center au terrible séisme de 2010 en Haïti, en passant par les émeutes en République dominicaine, chacun tracera son chemin, malgré les obstacles et la folie du monde. Roman de l'engagement et de la résilience, Un invincible été clôt avec éclat une fresque romanesque impressionnante.

10/2021

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Monographies

Les Gérard Cochet de La Piscine

En 2009, les descendants du peintre et graveur Gérard Cochet (1888-1969) faisaient don au musée de Roubaix de 102 oeuvres sur papier, préparatoires à des costumes ainsi qu'à des décors pour des spectacles lyriques donnés à l'Opéra-Comique. Ces dessins concernent plus spécifiquement trois oeuvres : Manon Lescaut de l'abbé Prévost et Jules Massenet (1938), Les Noces de Figaro de Mozart (1939) et Amphytrion 38 de Jean Giraudoux et Marcel Bertrand (1944). Entre 1938 et 1949, Cochet travaillera ainsi à plusieurs reprises pour la salle Favard. On lui doit également les costumes pour Mesdames de la Halle d'Offenbach (1940) ainsi que pour Le Oui des jeunes filles de René Fauchois et Reynaldo Hahn. Ces créations, bien accueillies par la critique, représentent en quelque sorte l'acmé de la carrière de décorateur de Gérard Cochet. Il avait, en effet, précédemment réaliser plusieurs décors pour des bâtiments publics et, en qualité de peintre de la marine, contribué à la décoration de plusieurs vaisseaux. Né à Avranches, Gérard Cochet grandit à Nantes où il s'initia très jeune à la peinture avec son ami Amédée de La Patellière (1890-1932) auprès d'un artiste local, tout en poursuivant des études classiques. En 1909, avec l'assentiment de ses parents, il décide de se consacrer uniquement à la peinture et se rend à Paris. Il s'inscrit à l'Académie Julian et ambitionne d'entrer à l'école des Beaux-Arts. Pour ce jeune homme discret, ces premières années sont particulièrement délicates. En proie au doute, il peine à se défaire de son apprentissage quelque peu académique et à trouver sa propre voie vers une modernité à laquelle il aspire. C'est au modeste Salon des humoristes qu'il expose pour la première fois en 1913. Ces timides débuts sont vite interrompus par la guerre. Bien que réformé, il décide de se porter volontaire. Le 5 mai 1915, Il est grièvement blessé en Argonne et perd son oeil droit. Définitivement reformé en juillet 1916, il s'initie à la gravure auprès d'André Dauchez et pratique la céramique au sein de l'atelier Lachenal. De la première, il apprendra le sens de la synthèse et la seconde lui permettra de gagner en spontanéité. Au début des années 1920, il s'affirme comme graveur de premier plan, multipliant les illustrations notamment pour les éditions Crès et Grasset. En 1924, il est récompensé pour son oeuvre gravé par le prix Blumenthal. Membre fondateur de la Jeune Gravure Contemporaine en 1929 et membre des Peintres-Graveurs Français à partir de 1946, il illustre de nombreux ouvrages de bibliophilie. Parallèlement à sa carrière de graveur, il développe également sa peinture. Une première exposition personnelle lui est consacrée par la galerie Briand-Robert en 1927. Son oeuvre peint le rapproche de la Jeune Peinture Française dont les membres les plus représentatifs sont Dunoyer de Segonzac, Marcel Gromaire, Charles Dufresnes, ses amis Yves Alix et Robert Lotiron... . Ce mouvement informel incarne pour le critique Claude Roger-Marx une certaine "mesure française" . Ils élaborent un réalisme renouvelé et affirment un certain sensualisme. Il n'est pas ici question, de "retour à l'ordre" , la plupart de ces peintres s'inscrivaient dès avant-guerre dans un réalisme construit, instruits des leçons du cubisme et de Cézanne mais regardant aussi Corot, Courbet ou Delacroix comme Gauguin, Manet ou Bonnard. Gérard Cochet développera plusieurs thématiques, Il sera le peintre des paysages et des paysans de la Manche, des champs de course, des intérieurs bourgeois et évoquera aussi régulièrement l'univers du théâtre et de la musique, qu'il affectionna tant et que cette exposition met en valeur.

03/2022

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Critique littéraire

Revue de la Bibliothèque nationale de France N° 60/2020 : Ne les laissez pas lire ! Censure dans les livres pour enfants

Si la lecture apparaît comme une valeur refuge dans l'éducation des enfants, les livres qui leur sont destinés ne font pas toujours l'unanimité. Les discours actuels, de plus en plus impérieux, le confirment, et le débat reste ouvert : où s'arrête la liberté d'expression en regard des impératifs liés à la protection de l'enfance, où commence la censure ? La censure appliquée au livre pour enfants En préambule, Jean-Yves Mollier rappelle qu'au XIXe siècle, au moment même où se constitue une littérature pour la jeunesse, l'Enfant représente, de la même manière que la Femme ou le Peuple, une catégorie sous surveillance, perméable par nature à l'influence néfaste des mauvaises lectures. L'abbé Bethléem (dont les archives sont conservées à la bibliothèque de l'Arsenal) joue un rôle considérable dans la campagne menée dans la première moitié du XXe siècle contre les journaux licencieux et les illustrés pour la jeunesse (Anne Urbain). Ce sont en effet ces illustrés, français (L'Epatant) puis américains (Le Journal de Mickey), qui concentrent dans un premier temps les attaques des censeurs, dont les arguments d'ordre moral ou esthétique constituent paradoxalement l'un des premiers discours critiques sur la bande dessinée (Sylvain Lesage). La même accusation de propager, par l'exemple, la criminalité juvénile se retrouve dans les discours à l'encontre du cinéma (Roxane Haméry). En France s'est mise en place, en juillet 1949, une législation qui encadre les publications à destination de l'enfance et de l'adolescence, qui " ne doivent comporter aucune illustration, aucun récit [... ] présentant sous un jour favorable le banditisme, le mensonge, le vol, la paresse, la lâcheté, la haine ou tous actes qualifiés crimes ou délits ou de nature à démoraliser l'enfance ou la jeunesse ". Dans le même temps, aux Etats-Unis, est apparue, selon des modalités un peu différentes, la Comics code authority qui régira pendant des décennies la publication des comics américains (Jean-Paul Gabilliet). Le tournant de mai 1968 Mai 1968 bouleverse le paysage bien ordonné de l'édition pour la jeunesse, en initiant un mouvement de libération de l'enfance opprimée par la famille, l'école, et le monde des adultes en général, dont le Petit livre rouge des écoliers et des lycéens, traduit et publié en France par François Maspero en 1971, est emblématique (Sophie Heywood). La plongée de Bernard Joubert dans les archives de la Commission de surveillance des publications pour l'enfance et l'adolescence, instaurée par la loi de juillet 1949, est riche d'enseignements sur la manière dont celle-ci examine au fil du temps les publications pour la jeunesse. Au-delà de la loi et de son application, de moins en moins restrictive, les pressions exercées sur le livre pour enfants restent multiples, qu'elles viennent des responsables politiques ou des parents, et s'expriment tout particulièrement dans les bibliothèques publiques (Véronique Soulé). La parole est aussi donnée aux acteurs de cette histoire contemporaine, à un éditeur (Thierry Magnier) et à des créatrices (Agnès Rosenstiehl et Katy Couprie). Laissez-les lire ! Du XIXe siècle à aujourd'hui, les discours à l'encontre des mauvaises lectures sont révélateurs des angoisses du temps, et des permanences des interdits liés prioritairement à la violence et à la sexualité, dont le livre pour enfants, territoire doublement sanctifié, devrait être protégé à tout prix. " Ne craignons pas trop vite de traumatiser les enfants. Le danger est bien plus grand dans ce qui est mièvre et ennuyeux que dans ce qui est trop fort dans sa vérité " disait pourtant Geneviève Patte dans Laissez-les lire ! en 1978... Rubriques : " Autour d'une oeuvre " mène l'enquête à propos d'un mystérieux jeu de tarot vénitien ; La " Découverte " se penche sur le ballet que Roland Petit (1976) consacre à Nana ; La rubrique " Portrait " autour de Judith Gautier ; La rubrique " Innovation " consacrée au livre augmenté ; Le récit de Nathalie Kuperman en " Résidence " à la BnF

03/2020

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Sociologie

L'attestation

" Je soussigné(e) certifie que mon déplacement est lié au motif suivant... " Chacun d'entre nous se souvient de ces auto-attestations à remplir comme du confinement qui les accompagnait. Cet ouvrage a pour ambition de revenir sur ce moment littéralement extra-ordinaire au regard des questions qu'il a soulevées en matière de suspension des libertés et d'obéissance collective. Les sociologues Théo Boulakia et Nicolas Mariot reviennent sur ce temps si particulier du printemps 2020 durant lequel les habitants de ce pays n'eurent plus le droit de sortir de chez eux que sous des conditions très restrictives. Le livre met en avant la singularité de l'expérience alors vécue : en quelques heures, tout un chacun, quel que soit son lieu de vie, son métier ou son niveau de revenu, s'est retrouvé soumis aux mêmes obligations. En ce sens, le confinement constitue une occasion historique rare d'étudier l'obéissance et le conformisme vis-à-vis de l'Etat. Ces enjeux, souvent posés sur un mode très général et abstrait, prennent pour l'occasion des formes concrètes : les personnes les plus aisées et éduquées ont-elles vraiment été plus respectueuses des règles que les plus précaires et fragiles ? Celles qui sont habituées à donner des ordres plus que celles qui, en temps normal, les reçoivent ? Si l'ouvrage apporte des réponses claires à ces questions, c'est parce qu'elles s'incarnent dans une situation observable et mesurable : le contrôle par la police de la présence en extérieur. Du jour au lendemain en effet, des gens qui n'étaient d'habitude jamais contrôlés se sont retrouvés soumis au regard inquisiteur des forces de l'ordre. C'est cette extension du contrôle de police à toutes et tous qui représente à la fois la principale nouveauté imposée par l'événement et le fil directeur du livre. Pour ce faire, les deux auteurs ont mené une enquête fondée sur des matériaux originaux : réponses de plus de 15000 personnes, dans le temps même du confinement, à un questionnaire en ligne, données statistiques sur les contrôles et les verbalisations, ou encore innombrables " histoires du confinement " tirées de la presse locale et de la communication des forces de l'ordre. De façon très originale, afin d'entrer dans le coeur du sujet, les auteurs ont imaginé une " foire aux questions " qui permet de poser des définitions et de situer la spécificité du printemps français au regard des choix opérés ailleurs dans le monde, notamment chez nos voisins européens - on pourra même se faire son propre avis sur où... passer le prochain confinement ! L'argumentation est constamment étayée et vivante : chacun. e pourra s'y retrouver, notamment dans le rappel de l'exubérance de certaines restrictions locales décidées par les préfets et les maires. Parmi les nombreux apports de l'ouvrage, on peut mettre en avant le chapitre central qui montre comment l'omniprésence policière a produit un " inquiètement " du dehors, rendant aussi bien compte des décisions d'enfermement que de la tentation des excursions interdites. Mais encore l'effort mené pour décrire l'ampleur du travail de surveillance déployé sur tout le territoire : dans le Lot, par exemple, le nombre de contrôles de l'attestation fut plus élevé que celui de la population adulte du département ! Le livre propose aussi une riche réflexion sur la délicate question de la mesure du conformisme (qu'est-ce qu'obéir ? comment repérer " la triche " ? ). Enfin il soulève celle, tout aussi complexe, du rôle du genre : comment expliquer, sans tomber dans des stéréotypes, que les femmes se soient montrées plus " respectueuses " du confinement que les hommes ?

09/2023

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Sociologie

Cachez cet islamisme. Voile et laïcité à l'épreuve de la cancel culture

En juillet dernier, la Cour constitutionnelle rendait son arrêt concernant le droit, pour une Haute Ecole de l'enseignement supérieur, d'interdire les signes convictionnels. Un arrêt qui réaffirme l'existence en Belgique de deux interprétations du principe de neutralité : " inclusive " et " exclusive ". Cet arrêt qui n'avait rien de révolutionnaire a suscité des réactions en cascade : au parlement bruxellois, à la commune de Molenbeek, où une motion autorisant le port desdits signes au personnel de l'administration a été votée, déclenchant plusieurs démissions d'élus ; dans la presse, où un affrontement par le biais de cartes blanches (tribunes) sur le voile a été à l'origine de tentatives de faire taire son adversaire par tous les moyens : injures, calomnies, mais également procédures judiciaires, le tout abondamment relayé sur les réseaux sociaux. L'été 2020 fut chaud à Bruxelles, marqué par les restrictions rendues nécessaires par la lutte contre la propagation de la pandémie de Covid 19. Pourtant ce que la presse a qualifié de coup de folie, ou même de débat nauséeux, n'y voyant qu'un dérapage de la " cancel culture " n'est peut-être pas à ranger parmi les épisodes orageux d'un été caniculaire. La laïcité tranquille à la belge ne semble pas résister aux assauts répétés des promoteurs d'une " neutralité " dite " inclusive ", qui pensent ainsi satisfaire la " diversité ", cette minorité musulmane de plus en plus convoitée, en particulier dans certaines communes de Bruxelles où elle est... majoritaire. On voit ainsi les progressistes d'hier s'allier à la frange la plus réactionnaire de l'islam politique pour faire triompher l'idée que le voile serait au mieux, un " fichu " dont nul autre que la femme elle-même ne pourrait juger de la symbolique, au pire un vecteur d'émancipation, une conquête féministe, voire l'emblème de la liberté ! Contact presse : Aurielle Marlier l 09 72 54 51 61 l presse@laboiteapandore. fr www. laboiteapandore. fr Rayons : société. Et si le débat bruxellois peut faire penser à celui qui a lieu en France, il a ses spécificités. Etouffé, il est à la fois plus sourd et plus violent. Bien qu'il débute avec la décision de la Cour constitutionnelle, ce livre n'est pas un énième livre sur les polémiques publiques autour du voile, mais un livre sur l'impossibilité de débattre de la signification et de la place de la laïcité dans la capitale de l'Europe. Pour un mandataire politique, attaché au progrès, à l'égalité des hommes et des femmes et à la laïcité, il est difficile de se déclarer contre le port du voile dans certaines fonctions sans être immédiatement taxé d'islamophobie, de racisme ou de connivence voire d'appartenance à l'extrême droite. On devient vite, à ce jeu, un " blanc " ou un " traitre à sa race ". Nous le verrons à travers des témoignages d'élus des principaux partis bruxellois qui prendront la parole sur ce sujet, certains pour la première fois. La conviction d'être dans le " camp du bien " autorise le recours aux procédés les plus contestables pour empêcher un débat de fond, comme nous le verrons avec l'affaire du " Balek Gate ", qui s'attaque à la liberté d'expression au nom de la liberté de la presse, ou défend le voile rigoriste au nom du féminisme. Outre qu'il donne à comprendre la bataille larvée, mais si cruciale qui se joue en Belgique autour de la laïcité, ce livre permet de mieux comprendre comment de nouvelles théories se proclamant de gauche ont réussi à devenir les porte-voix d'idéologies rétrogrades de l'identité, qui n'hésitent pas à pratiquer l'entrisme dans le tissu associatif et dans certains partis (l'entrisme islamiste étant fort de près d'un siècle de pratique, depuis sa naissance en 1928), et à rendre de plus en plus difficile le travail social et politique dans certains quartiers de Bruxelles.

06/2021

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Science-fiction

Les Maitres de l'orage - Tome 1. La marque de l'orage

Un roman d'initiation et d'aventure, qui se déroule sur une île imaginaire au large de la Bretagne pendant la Seconde Guerre mondiale, et qui mêle le fantastique au réalisme sur un fond historique. Septembre 1939. Alors que la menace nazie se précise, une vague de crimes se répand sur l'Ile Verte, en Bretagne. Serait-ce à nouveau l'oeuvre de la Bête mystérieuse qui a frappé il y a une quinzaine d'années ? Malgré ce climat de terreur et les interdits qui pèsent sur la forêt ancestrale de l'île, Marwen, une jeune adolescente à la santé fragile, s'y sent puissamment appelée. Là, elle va de révélation en révélation et développe peu à peu ses dons particuliers. Et si c'était elle l'Elue, seule capable de sauver l'île d'un mal venu d'un autre monde, bien plus profond que la guerre ? Dans La Marque de l'orage, premier tome de la trilogie Les Maîtres de l'orage, l'auteure brode habilement un récit fantastique sur fond historique qui ravira tant les ados que les adultes friands de légendes et d'aventures. Découvrez sans plus attendre les aventures de Marwen sur la mystérieuse Ile Verte dans le premier tome de la saga Les Maitres de l'orage ! EXTRAIT La journée avait été chaude et la nuit s'annonçait lourde. Le climat de l'île, humide et doux, était différent de celui dont Marwen avait eu l'habitude à Rennes. Son père, le docteur Goulaouenn, lui avait expliqué que le Gulf Stream, un courant d'eau chaude venu du Mexique, baignait généreusement les côtes de l'Ile Verte. De la collision entre ce courant chaud et les courants froids de la Manche et de la mer du Nord naissaient des mouvements d'air aux effets violents et complexes. Ainsi s'expliquaient, avait conclu le docteur Goulaouenn, la fréquence et la brutalité des orages sur l'Ile Verte. Un éclair déchira le ciel. Son éclat bleuté illumina un instant l'ombre de la chambre, puis la nuit engloutit de nouveau la pièce. Marwen, dans son lit, frissonna d'aise et commença à compter : ¿ Un - deux - trois - quatre - cinq... Le tonnerre fit vibrer l'air nocturne. ¿ Foudre à cinq kilomètres ! s'exclama-t-elle. Elle se plaisait à compter les secondes entre l'éclair et le tonnerre, qui indiquaient à combien de kilomètres la foudre avait frappé. Comme tous les soirs depuis son arrivée récente sur l'Ile Verte, Marwen avait entrebâillé les volets de bois, que sa mère fermait toujours soigneusement. Par la fenêtre ouverte, les odeurs, les bruits et les visions du dehors emplissaient sa chambre. Elle adorait l'intensité et la beauté des orages. Elle ne les craignait pas. Au contraire, du confort de son lit douillet, elle les savourait comme un poison délicieux, potentiellement mortel mais innocent à petites doses. L'île où sa famille et elle venaient d'emménager était connue pour ses "tempêtes électriques" (comme les appelait en plaisantant son père). Cela aurait pu effrayer un esprit moins téméraire, mais Marwen, bien que de santé fragile, avait du caractère. CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE Nous voici en présence d'un auteur à la belle plume qui plante à merveille un contexte historique des plus réel en y incluant une dose de magie et de légendes. - Dubruit dans les oreilles A PROPOS DE L'AUTEUR Véronique David-Martin est d'origine bretonne mais vit en Grande-Bretagne depuis une trentaine d'années. Docteure en littérature comparée, lectrice vorace depuis sa plus tendre enfance, elle se nourrit d'histoires, de mythes universels et de légendes celtiques, ainsi que de récits de famille sur la Seconde Guerre mondiale, intérêts qui l'ont évidemment inspirée dans l'écriture des Maîtres de l'orage.

05/2019

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Littérature étrangère

Pérégrination vers l'Ouest | Journey to the West | Xi you ji (version chinoise)

La Pérégrination vers l'Ouest (chinois simplifié : ??? ; chinois traditionnel : ??? ; pinyin : Xi Yóu Jì ; Wade : Hsi Yu Chi ; EFEO : Si Yeou Ki) est un roman de Wu Cheng En. Il est aussi connu en français sous d'autres titres : "Le Voyage en Occident" 1, "Le Singe pèlerin" 2, "Le Roi-Singe" 3, "Pérégrinations vers l'Ouest" 4, et "Monkey King" , "Monkey Goes West" , ou bien encore "Journey to the West" dans les pays anglophones. Il retrace l'expédition du moine bouddhiste Xuán Zàng (? ? )5, également appelé Táng San Zàng (? ?? ), "Tripitaka de l'Empire des Tang" , Táng San Zàng étant un titre honorifique pour les moines ayant la maîtrise de l'ensemble du canon bouddhiste, lui-même appelé en sanskrit, Tripi ? aka, les "Trois Corbeilles" . Xuán Zàng se rendit de Chine en Inde pour en rapporter les textes authentiques du courant de la "Conscience seule" (yogacara), afin de les traduire en chinois. Alors que le roman date du XVIe siècle environ, le réel voyage du personnage historique daterait en fait du VIIe siècle (602-664), décrit par son disciple dans le Dà Táng Xi Yù Jì (? ??? ? ), le "Rapport du voyage en Occident à l'époque des Grands Tang" en 646 de l'ère chrétienne. Dans ce roman fantastique, le moine rencontre toute une série de monstres prêts à le dévorer pour obtenir l'immortalité car sa chair pure donnerait dit-on 10 000 années de vie à qui la mangerait. Il est aidé par des Shén (? ) "Divinités" , des Xian (? ) "Immortels" , des Pú Sà (? ? ) (Bodhisattva) en sanskrit et des Fó (? ) (Buddha) qui tiennent à protéger son voyage périlleux. Shì Jia Móu Ní (? ??? ) (Sakyamuni), le Bouddha historique, lui envoie la Bodhisattva, Guan Yin (? ? ), la Grande Miséricordieuse, qui lui adjoint pour sa part quatre protecteurs : un singe immortel, sorte de Hanumân indien, jadis auto-proclamé Qí Tian Dà Shèng (? ??? ), "Grand Saint Egal du Ciel" , plus connu sous le nom de Sun Wù Kong (? ?? ), dont le prénom signifie "Conscient de la Vacuité" , un dragon, Lóngwáng Sanjun (? ??? ) "Troisième Fils du Roi-Dragon" , transformé en Bái Lóng Ma (? ?? ), le "Cheval-Dragon Blanc" , qui sert de monture au bonze, un cochon ou sanglier, Zhu Ba Jiè (? ?? ), "Huit Défenses (Interdits Religieux)" ou Wù Néng (? ? ) "Conscient de ses Capacités" qui ne pense qu'à manger et à fonder une famille et enfin un bonze des sables, Sha Hé Shàng (? ?? ) "Moine des Sables" , aussi prénommé Wù Jìng (? ? ) "Conscient de la Pureté" qui ne pense lui qu'à devenir meilleur. Ces quatre personnages fantastiques ont pour mission de protéger le moine San Zàng ; il s'agit pour Sun Wù Kong de s'assagir et de réaliser son potentiel, et pour les deux autres d'effacer les conséquences de leurs erreurs passées qui les ont transformés en Yao Guài (? ? ) "Démons" . Cette mission leur permettra de racheter leurs fautes passées, d'être pardonnés par le Ciel et de devenir à leur tour des Bouddhas ou des Saints du bouddhisme. Ce roman fait partie des quatre livres extraordinaires. On peut entrevoir au travers du récit l'époque Míng (? ? ) dont le système politique et administratif est reproduit dans l'entourage des démons et dans leurs relations, ainsi que le syncrétisme idéologique et religieux, mélange de bouddhisme, taoïsme, et confucianisme. A l'instar des autres romans chinois classiques, le récit accorde une large part aux usages ainsi qu'aux combats militaires. Il met au jour les mécanismes du pouvoir, notamment la façon dont sont distribuées les charges mandarinales aux puissants, afin de s'assurer de leur loyauté et non de sanctionner une compétence particulière. A ce double titre, le ton parfois humoristique fait qu'elle a pu être interprétée comme une satire de la société de l'époque.

07/2012

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Littérature française

Les villes de la plaine

Les Villes de la plaine est un roman antique, campé dans une civilisation imaginaire qui emprunte des traits à l’Egypte et à la Babylonie, mais aussi à l’Ancien Testament. Une civilisation du Livre, monothéiste avant l’heure, qui malgré son exotisme nous est bien plus proche qu’il n’y paraît. Asral, le personnage-clef du roman, est scribe : sa mission est de produire une copie neuve du « testament d’Anouher », ce héros mythique qui donna des lois à la ville de Sir. Très vite il s’avise que la langue sacrée qu’il transcrit est vieillie, que ses mots ont changé de sens, et que par conséquent la vraie fidélité à l’esprit des lois consisterait à les reformuler, afin qu’elles soient à nouveau comprises telles qu’elles avaient été pensées quatre ou cinq siècles plus tôt. Il se lance dès lors, secrètement, dans la rédaction d’une deuxième « copie », qui est en fait une traduction. Son garde, un fruste montagnard, est pour lui un soutien précieux : pas seulement pour aller chercher des rouleaux de papyrus supplémentaire dans les magasins du haut palais, en prétextant que la réserve a brûlé. Mais aussi pour l’aider, par son bon sens et son recul d’étranger nouvellement arrivé, à trouver le mot juste : c’est qu’Ordjeneb (Ordjou pour les intimes, écrit malicieusement l’auteur) ne maîtrise ni la langue ni les codes de cette ville, qui en est confite. Il le paie chèrement le jour de son arrivée, c’est la première scène du livre, quand, demandant sur la place du marché le sens des paroles d’une chanson, il transgresse un interdit en prononçant le nom d’Anouher. Trois solides gaillards le tabassent et il ne doit le salut qu’à une jeune veuve qui l’héberge pour la nuit… Le lendemain matin, elle lui conseille d’aller voir le scribe, dont elle est la lingère et dont elle sait qu’il cherche un domestique. C’est tout le talent de Diane Meur que de parvenir, dès les premières pages de son livre, à incarner ses personnages dont les puissants affects embarquent le lecteur pour des épisodes haletants. Car il n’est pas question que de lettre et d’esprit dans ce formidable roman. Ordjou s’est follement épris de la belle lingère dont tout le sépare pendant qu’Asral soupire pour un jeune chanteur du faubourg des vanniers… Quant à l’entreprise de traduction du scribe, elle n’est pieuse qu’en apparence : les juges de la ville, exégètes attitrés de l’Ecriture, ont tôt fait d’en avoir vent et d’en mesurer le caractère subversif. Et les découvertes d’Asral sur un texte dont il comprend qu’au fil du temps il a été amendé, interpolé, voire amplifié, seront démystifiantes sur un plan religieux et, sur un plan politique, proprement révolutionnaires. Au point que, l’entreprise d’élucidation devenue hérésie et schisme, le cadre figé de la vie à Sir explose, entraînant une guerre civile qui devient rapidement guerre tout court. Car l’autre ville de la plaine, peuplée de transfuges et de bannis de la première (elle est à Sir ce que le Nouveau Monde est à l’ancien), se lance dans un jeu retors d’alliances. La dissension religieuse tournera à l’affrontement territorial et ethnique… La ville de Sir survivra-t-elle ? A long terme, il semble bien que non, quelques flash-forwards nous montrent une expédition d’archéologues prussiens, vers 1840, en train de mettre au jour ses premiers vestiges. Diane Meur, entre mythe et archéologie, érudition et parodie, brosse une fresque d’autant plus éblouissante qu’elle donne d’intéressantes clefs de réflexion sur le monde d’aujourd’hui… sans que jamais ne soit perdu le pur plaisir du mensonge romanesque.

08/2011

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Littérature étrangère

Sur les jantes

" Je suis Berl Pickett, le Dr Berl Pickett. Mais je signe chèques et documents "I. B. Pickett", et il faut sans doute que je m'en explique. Ma mère, une femme énergique s'il en fut, ardente patriote et chrétienne évangélique, choisit mes prénoms en l'honneur du compositeur de God Bless America. C'est ainsi que je m'appelle en réalité Irving Berlin Pickett, et que je suis parfaitement conscient du caractère ridicule de mon nom. Mon père aurait préféré "Lefty Frizzell Pickett", et c'eût été encore pire. En tout état de cause, mon nom, comme ma vie même, a quelque chose d'une reprise, d'un emprunt, difficile à contester. " Sur les jantes est sans doute le roman le plus tendre, le plus subtil de Thomas McGuane depuis longtemps. Berl Pickett est médecin à Livingston, petite ville du Montana. Il y mène une vie plutôt calme jusqu'au jour où, pensant venir en aide à l'une de ses amies, il s'efforce de camoufler sa tentative de suicide. C'est le début d'une série de péripéties complexes puisque, lorsque cette dernière succombe à ses blessures, il devient le principal suspect, se voit interdit d'exercer et encourt le risque d'être poursuivi pour non assistance à personne en danger. Disposant désormais de beaucoup de temps libre, Berl reprend son activité antérieure : peintre en bâtiments. Entre les missions qui lui sont confiées, il a tout loisir pour se replonger sur son passé et se remémorer les événements qui ont marqué son passage à l'âge adulte : comment, à l'âge de 14 ans, sa tante l'a initié à la vie amoureuse en se chargeant de lui apprendre les choses de la vie ; le comportement de sa mère, profondément conditionné par ses croyances : " Sa religion avait entouré ma mère d'une impénétrable réalité, et la guerre avait eu le même effet sur mon père. J'éprouvais le sentiment qu'au fond j'avais toujours été seul depuis ma naissance. " ; le médecin qui, très tôt, a repéré le potentiel en lui et grâce auquel il a trouvé sa voie professionnelle ; les aventures qu'il a eues avec quelques femmes : Jocelyn, une pilote aux activités suspectes dont il s'est pris de passion, et une collègue, Jinx Mayhall, beauté tranquille qui le déconcerte par les questions insidieuses et sans motif qu'elle lui pose incessamment : " Elle soupirait sans arrêt et paraissait troublée. Finalement, elle tendit la main et prit la mienne. J'aurais du mal à décrire ce que je ressentis : le souffle coupé, je fixai droit devant moi les collines désertes couvertes d'armoise. Elle me lâcha la main et reposa la sienne sur le volant. Je lui demandai à quoi elle pensait et elle répondit : "Au car de ramassage scolaire". " ou encore : " C'était dommage, parce que j'étais un homme de nature affectueuse qui tombait facilement amoureux, et j'aurais pu connaître des expériences enrichissantes si je ne m'étais pas constamment méfié aux moments les plus agréables. " Face aux manœuvres vengeresses du directeur administratif de la clinique où il travaille, l'accusation qui pèse sur lui de non assistance à personne en danger, les activités louches et inquiétantes de l'aviatrice, et surtout les conséquences d'une affaire où il a poussé au suicide le mari assassin d'une de ses patientes, Berl, poursuivi par la calomnie et abandonné par presque tous ses collègues et amis, s'efforce de prendre de la distance vis-à-vis des différentes épreuves de son existence. Entre comédie et tragédie, McGuane ancre son récit dans une région qu'il connaît bien pour l'avoir lui-même traversée, ce qui lui permet de mettre l'accent sur les décalages au sein d'une société disparate et moderne où l'on réalise que son héros est coupé du monde, qu'en voulant prendre un avion le 11 septembre 2001 ce n'est que lorsqu'il arrive à l'aéroport qu'on lui dira que les vols sont suspendus. Si la satire des égoïsmes est partout présente, le rire le dispute à l'émotion, comme toujours chez McGuane, exprimée en demi-teintes, mais néanmoins palpable.

01/2012

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Géopolitique

Le Régiment immortel ou La guerre sacrée de Poutine

" Il fallait tout le sérieux de l'historienne et tous les souvenirs d'une Russe exilée en France depuis la perestroïka pour écrire ce livre quasi testamentaire sur la dérive militariste de la Russie de Vladimir Poutine. " Le Journal du dimanche Réédition poche augmentée d'une postface inédite. " Avez-vous entendu parler du fusil de Tchekhov ? Il s'agit d'un principe dramaturgique énoncé par le grand écrivain russe, selon lequel tout détail mémorable dans un récit de fiction doit être nécessaire et irremplaçable. "Si, dans le premier acte, vous dites qu'il y a un fusil accroché au mur, écrivait-il, alors il faut absolument qu'un coup de feu soit tiré avec au deuxième ou au troisième acte. S'il n'est pas destiné à être utilisé, il n'a rien à faire là. ' Le Régiment immortel décrit ce "fusil de Tchekhov' qui, en 2019, était encore accroché au mur. Je décris dans ces pages la formation d'une nouvelle identité russe qui s'organise autour de la victoire remportée à l'issue de la "Grande guerre patriotique' (1941-1945), la création d'un nouveau récit national basé sur de multiples omissions et mensonges, la militarisation de la nation entière - à commencer par les enfants -, les aspirations impérialistes visant à élargir autant que possible la sphère d'influence russe, le culte païen du "peuple éternel et invincible' et la haine de l'Ukraine et de l'Occident. Ce fusil était devant nous. Il aurait dû nous sauter aux yeux. Pourtant, nos politiques n'ont rien vu venir, débattant sereinement avec Vladimir Poutine de la sécurité européenne, multipliant les échanges commerciaux et culturels, sans comprendre que la nuit noire allait bientôt s'abattre sur la Russie, capable d'entraîner dans l'abîme non seulement l'Ukraine, mais également nos autres voisins. L'Ukraine est à feu et à sang, le fusil a servi. " Galia Ackerman, mars 2022 ___________________________________________ " Un livre indispensable pour comprendre les ressorts d'une politique identitaire et belliqueuse. " Michel Eltchaninoff, Philosophie Magazine " A lire absolument si vous vous intéressez à la Russie. " Télématin, France 2 " [Galia Ackerman] démontre comment les "technologues politiques" du Kremlin ont accaparé le Régiment immortel, "apothéose païenne du culte de la nation", pour l'accorder à la nouvelle idéologie de l'Etat russe basée sur un patriotisme effréné et une militarisation sans précédent. " Isabelle Mandraud, Le Monde " Le Régiment Immortel éclaire, à la lumière de sa longue histoire, la "folie ultra nationaliste" d'un pays où règne encore le soviétisme - l'appareil autoritaire -, mais délesté de son essence communiste " Jean-Marie Durand, Télérama " Un livre formidable et passablement inquiétant. [... ] Il faut absolument [le] lire. " RFI " C'est l'évolution de la Russie poutinienne que décrit Galia Ackerman dans un tableau impressionnant et remarquablement documenté. " Etudes " Une enquête intellectuelle passionnante. (...) Courez acheter ce livre lumineux, complet et précis. " Michel Eltchaninoff, Les Nouveaux dissidents " Dans son livre Le Régiment Immortel, l'historienne Galia Ackerman (...) analyse le piège mental créé par Poutine. En réécrivant l'histoire du vingtième siècle, ce dernier a produit la vision délirante d'une Russie combattant de nouveau le "fascisme" en Ukraine -- comme si le fait de revivre, en permanence, la "Grande Guerre patriotique" de 1941-1945 était le seul moyen de rallier son peuple. " Nathalie Nougareyde, The Guardian " Un captivant essai. " L'Express " Dans Le Régiment Immortel, Galia Ackerman revient sur les relations de la Russie à son Histoire, à partir des commémorations du 9 mai, [et] analyse surtout la récupération politique qui en est faite par Vladimir Poutine, plus de 70 ans après. " Olivia Gesbert, France Culture " Un essai profond et instructif. " Laure Mandeville, Le Figaro " L'histoire du Régiment Immortel peut être considérée comme l'allégorie de ce qui est arrivé à la Russie depuis que Poutine y a imposé un tournant politique décisif. " Brice Couturier, France Culture " Le livre de Galia Ackerman permet bien de mettre à nu le travail de construction d'une nouvelle idéologie d'Etat qui est actuellement conduit en Russie, au prix parfois d'une réécriture de l'histoire. " Alain Guillemoles, La Croix " Spécialiste de l'Ukraine, de la Russie post-soviétique et de son idéologie officielle, [Galia Ackerman] analyse dans ce livre passionnant l'utilisation très politique par Poutine de la victoire sur le nazisme. " Politis " Galia Ackerman propose un essai aussi cohérent dans la thèse qu'il défend que large dans les aspects qu'il envisage. " La Vie des idées " Magistral. "The Conversation " (...) Indispensable pour comprendre la Russie actuelle mais aussi pour défaire les rouages de l'idéologie poutinienne. " Emmanuel Languille, Fnac Nantes

09/2023