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Critique littéraire

Ecrire en exil. Les écrivains étrangers en France 1919-1939

Fitzgerald, Gary, Hemingway, Ionesco, Mann, Miller, Nabokov, Arendt, Tsvetaeva. Des centaines d'écrivains étrangers choisirent de s'installer en France dans l'entre-deux-guerres. Choix volontaire pour certains, orphelins d'une terre natale abandonnée par dépit. Choix contraint et forcé pour d'autres, proscrits pour des raisons politiques ou raciales. Tous ont l'exil en commun et la France comme terre d'adoption, une France vue comme un pays cosmopolite, un pays de culture, un pays de liberté. Tous sont captivés par le prestige de Paris, capitale mondiale de l'art vivant, le Paris des musées, des théâtres, du jazz, des ballets russes, des cafés qui sont les salons des temps modernes, un Paris ouvert et foisonnant où semblent possibles toutes les audaces et les transgressions. Ou encore la Côte d'Azur où résidaient déjà des écrivains venus chercher dans ce Sud ensoleillé un lieu propice à leur travail. Ces images idéales résistent-elles à la réalité ? Peut-on trouver des constantes dans la diversité des parcours ? Exilés volontaires et exilés forcés parviennent-ils à se rejoindre et à partager des valeurs ? Dans quelle langue choisissent-ils d'écrire ? Et comment se passe la rencontre avec les artistes français ? Etudiant au plus près le témoignage des écrivains étrangers ayant longuement séjourné en France, Ralph Schor montre les conséquences de cet exil, les blocages pour certains artistes, mais aussi, pour beaucoup, la richesse des expériences vécues, les évolutions intellectuelles et identitaires, les renouvellements dans le domaine de la création littéraire. Ralph Schor signe une fresque intensément vivante de la vie culturelle dans l'entre-deux-guerres.

02/2013

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Littérature française

Florbelle

Florbelle est un autoportrait que Cauda a écrit dans les blancs du roman de Sade dont nous n'avons que les notes puisque le fils irrévérencieux, à la mort de son père, a brûlé l'ouvrage. Cauda, le peintre, a son atelier bâti sur une ancienne propriété de la famille Sade, revendue quand Donatien était enfant ! Pour le dire autrement : Florbelle lui était destiné. Restait à en noircir les pages. Ce que Cauda a fait à double titre en dessinant une quinzaine d'encres qui illustrent son autoportrait en miroir du marquis ! Comme un fait exprès, il a écrit et dessiné Florbelle lors du confinement, ajoutant ainsi de l'enfermement à l'enfermement, faisant de son atelier un château (de Shilling) coupé du monde, protégé des regards autres, centré au milieu d'autour sur lui-même face à Sade. La quête dure 19 journées auxquelles s'adjoint un épilogue. En 2011 une exposition prit comme titre Florbelle (after Sade)â ; on y précisait : "L'oeuvre manquante devient prescriptionâ! " Pour parler comme Godard, dans prescrire il y a écrire. Et pour écrire Sade il y fallait Cauda. "Entré au château de Silling à l'âge de 17 ans, je n'en suis jamais sorti". C'est ainsi qu'il ouvre ses journées, par un enfermement, un lieu coupé du monde propice à toutes les transgressions. Une invitation au voyage intérieur où le corps tient lieu de donjon. Un corps qui figure, dans ce face à face Sade/Cauda, trait après trait, un habit de lumière envisagé comme un abîme de lumière. Autrement dit un autoportrait.

10/2023

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Romans noirs

Dynamique du chaos

Dynamique du Chaos fait l'effet d'un coup de tonnerre lors de sa mise en ligne sur Internet en 2007, avec plus de 100 000 téléchargements et un torrent de commentaires de lecteurs jetés à corps perdus dans cette aventure radicale. Ce texte sauvage raconte la chute libre d'un homme sur fond de drogues, de sexe, d'abus en tout genre et l'amour passionnel, irrationnel, d'un homme pour une femme. Gys, un jeune homme au passé agité, va jusqu'à l'impensable pour oublier sa séparation. Rapidement, il cède à l'ivresse nerveuse des transgressions aux côtés de ses trois amis de la " Génération Nada " : avec eux, il écumera bars et clubs de tous les excès, traquant le chaos qui lui permettra de mieux voir le monde. Il ignore qu'au loin, un train fou fonce déjà sur lui. Le monstre d'acier s'appelle Séverine. Dynamique du Chaos fait l'effet d'un coup de tonnerre lors de sa mise en ligne sur Internet en 2007, avec plus de 100 000 téléchargements et un torrent de commentaires de lecteurs jetés à corps perdus dans cette aventure radicale. Aujourd'hui publié pour la première fois sans censure et en édition papier, ce texte sauvage raconte la chute libre d'un homme sur fond de drogues, de sexe, d'abus en tout genre et l'amour passionnel, irrationnel, d'un homme pour une femme. Dans son art de la torsion, le virtuose Gilberti repousse les limites du soutenable par une obsession suprême inavouée : tenter de retrouver une forme originelle de pureté métaphysique et romanesque.

12/1949

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BD tout public

Souffre-douleur

1980, Bruce a une douzaine d'années et il fait sa rentrée dans un collège de Melbourne. Chétif, timide, pas sportif pour un sou, il est la risée de la plupart des autres enfants. Lui qui semble ne pas être attiré par les filles - une hérésie - devient rapidement un véritable souffre-douleur. Bruce se réfugie alors dans un monde parallèle où il assouvit ses pensées morbides de vengeance et où il se fantasme lui-même harceleur de ceux qui le maltraitent. Cette situation va durer jusqu'à ses 18 ans... Ce n'est qu'à l'entrée à l'université que Bruce commence à mettre en place un mécanisme de défense et qu'il parvient, grâce à l'humour et un esprit de transgression très poussé, à repousser les jeunes de son âge qui lui cherchent des noises. Mais des années plus tard, une fois adulte et sa carrière de dessinateur bien entamée, Bruce va se rendre compte que les brimades subies dans son enfance auront un impact délétère à long terme et il devra se débattre avec un problème d'anorexie qui mettra sa vie en danger. Avec beaucoup d'honnête et de transparence, Bruce Mutard se livre à un véritable exercice d'auto analyse, et revient sur cette enfance dévastée. Il livre un récit dur et émouvant sur le harcèlement scolaire et ses répercussions sur la psyché de ceux qui en ont souffert.

05/2019

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Histoire ancienne

La Mort rouge. Homicide, guerre et souillure en Grèce ancienne

Tuer quelqu'un, ou l'absolue transgression : l'Antiquité grecque, une fois de plus, nous parle. Le parricide Oreste subit les assauts des impitoyables Érinyes. Dans la plaine de Troie, Achille et Hector, tueurs héroïques, sont portés par un instinct de mort qui a nom Arès. Aux rives de la mer Noire, vers 400 avant J-C, les rescapés de l'armée des Dix Mille prennent part à une mystérieuse cérémonie de purification. Ailleurs, l'orateur Antiphon agite une étrange croyance : la souillure de l'homicide se répandrait partout, le fantôme de la victime criant vengeance. Et, dans un coin de la Sicile, la magie de rituels curieux chasserait les démons du meurtre. L'Athènes démocratique, inventive, n'est pas en reste ; ici, elle laisse s'exiler l'assassin, s'il le veut, avant même la fin de son procès ; là, elle promulgue une loi encourageant l'assassinat de quelque apprenti tyran qui menacerait son existence. Mais Aristote met en garde : l'homicide constitue en toutes circonstances, sans exception, une faute. Littérature, histoire, droit, philosophie, anthropologie contribuent à cette étude approfondie des représentations, lato sensu, de la mort violente chez les Grecs. Le tableau d'ensemble est, pourrait-on dire, versicolore. Versicolores, aussi, les paroles ailées de l'immortel Homère, pour l'instant fatal où le guerrier s'effondre : "La mort rouge et le puissant destin se sont emparés de ses yeux".

04/2012

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Gestion

Frapper sans heurter. Quelle éthique pour la publicité ?

Jusqu'où ne pas aller trop loin ? Pour se faire entendre, la publicité ne J recule pas, le cas échéant, devant la provocation, voire la transgression. Mais où passe le curseur entre l'atteinte à la personne humaine, à la dignité des femmes et des enfants notamment, et la liberté de création et d'expression, qui crispera les uns en enchantant les autres ? Plus de législation ? La publicité, depuis plus de cinquante ans, s'est organisée pour pratiquer une autodiscipline qui s'est révélée plus efficace que bien des réglementations. Critiquer le rôle quel'(économie de marché reconnaît à la publicité est un droit, l'accuser d'une propension systématique à la dégradation morale serait une contre-vérité en porte-à-faux avec l'existence d'une éthique publicitaire bien établie, que tout annonceur, agence ou média se doit de connaître et de respecter. Quelles sont les règles déontologiques qui forment ce code éthique ? Sont-elles suffisantes ? Comment les rendre plus efficaces ? Qu'en est-il de leur mise en ceuvre ? Celle-ci relève du Bureau de Vérification de la Publicité (BVP), association professionnelle dont on relate ici l'histoire, peu connue mais éclairante. Au-delà du bilan, cet ouvrage, à travers un parcours complet des domaines d'intervention de la publicité, illustré par des exemples concrets, offre une contribution majeure à la définition d'une sagesse pratique, propre à réconcilier la société et sa publicité.

03/2004

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Littérature étrangère

Devant mes yeux le désert

"En écrivant, j'ai voulu vérifier le pouvoir qu'ont les mots du quotidien, les mots du langage le plus éculé, de déboucher sur la métaphysique. Par un collage de fragments de chansons populaires, de termes sportifs, de dialectes, de citations romanesques ou poétiques, il me semblait possible d'entrevoir un autre monde. C'est un roman de la rue, de ses labyrinthes et ruelles interdites." C'est dans le quartier de Kabukicho, à Tokyo, que vivent les personnages de Terayama. Loin du zen du Tokyo propre et traditionnel de la littérature japonaise classique, l'univers de Terayama est celui de la fureur, de la saturation, de l'interlope, du crime, des corps cras- seux, de la transgression déguisée en norme sociale. Dans Devant mes yeux le désert, son seul livre jamais traduit en français au début des années 1970, l'éclat des néons du quartier rouge de Kabukicho jette une lumière crue sur des héros qui apparaissent dans leur nudité, leur nullité : garçon coiffeur bègue qui cherche une rédemption dans la boxe, salarymen s'adonnant au plaisir solitaire dans les cinémas érotiques de la capitale japonaise, prostituées exsangues aux mains des yakuzas. Tous obéissent à la nécessité de vivre dans le paysage chaotique d'une ville anarchique, dans ce désert de pierre où se multiplient pourtant les marques d'une civilisation profonde. Ici, l'obscénité est moins obscène que la souffrance et l'injustice.

05/2018

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Critique littéraire

Isaac Bashevis Singer

Isaac Bashevis Singer détestait les biographies : " C'est l'œuvre qui compte, disait-il, pas le bonhomme. " J'ai quand même mis mes pas dans les siens. J'ai tenté de reconstituer ses trente premières années, en Pologne. Je suis allée à Leoncin, sur la Vistule, et à Radzymin, le village de son enfance. J'ai cherché ce qui avait pu échapper à l'enfer nazi, et retrouvé quelques très vieux témoins qui l'avaient connu à Varsovie. J'ai interrogé le fils que Singer avait laissé derrière lui, en Pologne, à l'âge de cinq ans... À New York, j'ai convaincu des femmes qui comptèrent dans sa vie de bien vouloir me parler de lui. À Stockholm, j'ai rencontré ceux qui, en 1978, décidèrent d'attribuer le prix Nobel à ce grand écrivain qui s'exprimait dans " la langue de personne ". Peu à peu m'est apparu, derrière le facétieux fabuliste de l'âme juive, un champion du désarroi physique et métaphysique, l'un des virtuoses les plus modernes de l'angoisse, de l'inhibition et du fiasco. Ce Singer-là est à mille lieues des stéréotypes généralement véhiculés sur lui. Qu'il me pardonne donc cette biographie, qui n'est pas un ouvrage de chercheur, mais une lecture de sa vie. Ce livre contreviendra peut-être à sa conception des écrivains et de la littérature. Mais, après tout, il a bien connu, lui aussi, le plaisir de la transgression. (Florence Noiville)

10/2003

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Mythologie

Les grands mythes. Dieux et héros de la mythologie grecque

Les grands mythes sont des histoires de super-héros autant que des précis de métaphysique, des romans psychologiques aussi bien que des thrillers décapants. Ils nous permettent d'appréhender un sentiment, une émotion, une folie. Ils représentent la part secrète - mais essentielle - de nos sociétés. Ils dépeignent les conflits intérieurs qui rongent des hommes et des dieux humains, trop humains. Tout est là : l'amour, la mort, la sexualité, la guerre, la jalousie, la trahison, la volonté de pouvoir, le bonheur, le deuil, la malédiction, le suicide, le sacrifice, la faute, la transgression, le don de soi. Les grands mythes éclairent un monde où les repères sont confus. Les Grecs, en rapportant ces grands mythes, ont inventé le suspense en même temps que la poésie, la tragédie et la philosophie. Socrate ne s'y trompe pas qui convoque Zeus et sa bande à tout bout de champ pour mieux aider le commun des mortels à penser. Il y a là de l'ironie, de la comédie, de l'espoir et du désespoir. La vie, en somme. Tout est tragique, tout est poétique, tout est philosophique : tel est le mantra des Grecs, la magistrale leçon qu'ils nous offrent". (François Busnel) François Busnel nous embarque dans une exploration captivante de la mythologie grecque et de ses récits originels, illustrée par les chefs-d'oeuvre de Botticelli, Picasso, Munch, Klimt et bien d'autres.

10/2023

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Littérature

Anachronisme(s) dans les mondes hispaniques et lusophones. Textes en français et en espagnol

Concept officiellement "à charge" depuis la première moitié du XXe siècle et l'anathème jeté sur lui par les historiens de l'Ecole des Annales, l'anachronisme s'est dès lors vu imputer la transgression épistémologique la mieux caractérisée : celle d'une subjectivité invasive, antagoniste supposée de toute scientificité. Mais, on le sait, le statut de la subjectivation a beaucoup évolué, et notamment depuis que la littérature a pu elle-même être considérée comme épistémologiquement modélisante. La conviction à l'origine de cet ouvrage est ainsi que les réhabilitations de l'idée d'anachronisme auxquelles les philosophes, théoriciens littéraires et même historiens n'ont eu de cesse, dès la fin du siècle dernier, de procéder, peuvent gagner en intelligibilité quand on les appréhende depuis les Mondes Hispaniques et Lusophones, ne serait-ce que parce qu'elles y ont été, à de nombreux égards, anticipées. Le moteur narratif du premier - et peut-être plus important - roman de l'ère moderne, Don Quichotte est ainsi, on ne peut plus explicitement et directement, l'anachronisme. On sait aussi à quel point Jorge Luis Borges militait pour une poétique dont ce concept, avec lequel il a notoirement joué dans ses fictions, était une des pierres angulaires. Quelques années après, au-delà du champ littéraire, dans celui des idées, Octavio Paz stigmatisait à son tour la répudiation systématique, par les avant-gardes culturelles, de "l'obsolescence", anachronisme supposément coupable, cette fois, non plus d'anticipation, mais de retard.

12/2021

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Critique littéraire

Marguerite Duras à contre-jour

Ce livre est l'histoire d'une relation étroite et privilégiée, longue de plus de vingt ans, entre l'écrivain Marguerite Duras et Bernard Sarrut, l'auteur. Ce témoignage singulier vous parle d'abord et surtout de cinéma, et plus précisément du cinéma de Marguerite Duras. Et puis, de manière contiguë, il vous brosse le portrait de cette femme hors du commun dont l'existence s'est construite autour des illustrations de la transgression. Bernard Sarrut raconte comment on vivait à Neauphle-le-Château ou rue Saint-Benoît à Paris. Il évoque les lieux importants, la cuisine ou la chambre de Marguerite. Il dépeint cette cour hétéroclite qui gravitait autour d'elle, où qu'elle soit. Ce texte composé de souvenirs, tels des séquences cinématographiques, met Marguerite Duras en scène : Duras dans sa cuisine, Duras entourée d'homosexuels, elle qui ne l'est pas, Duras en train de tourner Le Navire night, Duras et son public d'admirateurs, Duras et l'amour, Duras avec son fils, Duras et la maladie, Duras au restaurant à Paris, Duras dans le jardin de Neauphle, Duras et la mort. Il expose des images très intimes parfois, mais qui rendent plus présente, à nos veux, cette petite femme sans âge. Bernard Sarrut, en osant dire certains souvenirs que d'autres n'auraient pas révélés, nous entraîne au cœur du secret de cet écrivain, cinéaste, marginale, éblouissante, fascinante. Une femme du XXe siècle, toujours vivante.

12/2004

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Critique littéraire

George Sand. Les années Aurore

Descendant du maréchal de Saxe par son père et d'un oiselier parisien par sa mère, Aurore Dupin voit le jour à Paris le 1er juillet 1804. Trop tôt privée de la présence paternelle, la future George Sand partage son enfance entre sa mère et sa grand-mère, deux femmes qui ne s'aimeront jamais. Ces premières années sont jalonnées d'événements douloureux, avec la mort du petit frère, et d'images traumatisantes comme celles du Dos de Mayo lors d'un voyage en Espagne, en 1808. Mais c'est aussi la découverte de Nohant, où Aurore développe un amour des animaux et de la nature qui ne la quittera plus, et de fréquents séjours à Paris. C'est là, au couvent des Anglaises et sous l'œil vigilant d'une abbesse intrépide, que la jeune effrontée lie ses premières amitiés féminines, s'adonne au théâtre et... rencontre Dieu. En 1822, après, avoir éconduit nombre de prétendants, elle épouse François Dudevant dit Casimir, dont elle aura deux enfants. Loin de s'assagir, elle revendique son indépendance et au travers de ses liaisons, supposées ou avérées, et de sa collaboration avec Jules Sandeau, affiche son goût de la transgression et de la liberté. Des années de jeunesse tumultueuses où, de Paris à Nohant, se croisent précepteurs, archevêques, hommes politiques, journalistes et soupirants, préfigurant ce que sera la destinée de George, née le 2 mai 1832, date à laquelle s'achèvent ces Années Aurore.

02/2004

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Sociologie

La transplantation d'organes. Un commerce nouveau entre les êtres humains

Considérée comme la plus grande avancée thérapeutique du dernier tiers du XXe siècle, la transplantation d'organes pose un problème inédit. Avec le " greffon ", ou organe à transplanter, une nouvelle ressource sociale apparaît, ressource essentiellement produite par la mort. Du coup, la mort elle-même devient une ressource qu'il faut optimiser. La loi, les relations familiales et la technologie médicale y contribuent, mais sans parvenir à produire un volume suffisant de greffons. A la différence du plasma ou des gamètes, l'organe est " incorporé " et " appartient " à ce titre à la personne. Sous réserve de l'accord de celle-ci ou de sa famille. il peut certes passer d'un corps à un autre, mais sans jouir pour autant d'un statut juridique clair qui lui permettrait d'entrer de plain-pied dans le commerce social. Cette grande question contemporaine est pour la première fois abordée clans toutes ses dimensions par Philippe Steiner. La transplantation d'organes a déjà entraîné la transgression de deux frontières : celle de la vie et de la mort et celle de la peau. Elle suggère maintenant d'en franchir une troisième, celle du commerce marchand. Déjà l'Iran a légalisé la vente d'organes, et la Chine s'est faite exportatrice des greffons prélevés sur les condamnés à mort exécutés. La traversée de telles frontières politiques pose le problème de la commercialisation de l'humain et, au-delà, celui de notre humanité.

03/2010

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Sociologie

Transgresser au Maghreb. La normalité et ses dépassements

Boire de l'alcool, avoir des relations sexuelles extra-conjugales, fumer du Kif, mettre en scène son corps dansant, se prostituer, écrire ou chanter des textes contraires aux pratiques, avoir des relations homosexuelles... la question de la transgression est très présente dans les sociétés musulmanes d'Afrique du Nord, et interroge leurs rapports aux pouvoirs religieux et politique. Cet ouvrage s'intéresse non pas à la façon dont ces derniers façonnent les sociétés, mais à la manière dont une partie du corps social s'arrange avec le Coran et le système politique. Il décrit comment certains groupes se constituent contre les autorités religieuses et/ou politiques, sans néanmoins les affronter directement, sans les remettre en question, ni rendre publique leurs comportements et leurs actions. Il permet ainsi de mettre en lumière l'indicible et de présenter ces sociétés sous un jour nouveau, en décrivant les mécanismes de prises de distance par rapport aux normes et de construction d'univers sociaux originaux, grâce à la mise en place de stratégies et de modes d'actions partagés, telles que la non monstration des actes transgressifs ou l'utilisation d'espaces spécifiques. Cet ouvrage vise donc à aborder la dynamique des sociétés musulmanes d'Afrique du Nord en privilégiant leurs dysfonctionnements pour mieux comprendre leur fonctionnement. Il permet de remettre en cause l'image de sociétés "soumises", véhiculée par le sens commun et par certains médias occidentaux.

02/2018

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Littérature française

Les complicités involontaires

Par un jour d'avril, Corinne V., psychiatre, reçoit dans son cabinet une quinquagénaire, Zoé B., désireuse d'entreprendre une analyse. Reconnaissant en elle une ancienne amie, elle s'apprête à l'adresser à un confrère, quand Zoé lui révèle qu'elle souffre d'une amnésie ayant effacé ses souvenirs de jeunesse. Et qu'elle est atteinte depuis toujours d'une "mélancolie" dont la cause, elle en est persuadée, réside dans la mystérieuse histoire de sa famille paternelle - histoire dont son père ne lui a transmis qu'une infime partie. La curiosité est la plus forte : enfreignant les règles de sa profession, Corinne décide d'ignorer leur lointaine et brève amitié, et accède à la demande de Zoé. Elle ne peut imaginer les conséquences qu'une telle résolution aura sur leurs existences respectives. Car, tandis que l'analysante déroule son "enquête" en assemblant, telles les pièces d'un puzzle, les quelques éléments dont elle dispose - bribes de vieilles conversations, documents et photos -, l'analyste se voit confrontée, par un plongeon dans le passé, à un jeu de miroirs pour le moins inattendu. Dans ce roman de la transgression, Nathalie Bauer raconte l'odyssée d'une famille ballottée par le chaos de l'histoire du XXe siècle, la recherche obsédante d'une femme qui en subit les soubresauts, et explore les multiples complicités qui unissent les êtres à leur insu pour mieux se jouer de leur destin.

08/2017

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Histoire de la musique

Bons baisers de Rome. Les compositeurs à la Villa Médicis (1804-1914)

A partir de son ouverture à la musique en 1803, le prix de Rome devient le sésame convoité par tous les apprentis compositeurs, point final d'une formation généralement suivie au Conservatoire de Paris. Couronnement d'un cursus, ce concours offre à ses lauréats un séjour de perfectionnement à l'Académie de France à Rome, installée sur les hauteurs du Pincio dans la somptueuse Villa Médicis. Les musiciens y côtoient leurs collègues des autres sections (architecture, peinture, sculpture et gravure) durant une période de deux à cinq ans au cours de laquelle ils doivent produire des partitions — les "envois de Rome" — destinées à être jugées par l'Institut. Cette opportunité, à première vue extraordinaire, se révèle pour un certain nombre de jeunes gens une contrainte qui les éloigne de Paris au moment où la construction d'un réseau professionnel s'avère capital. Episode souvent décisif dans l'élaboration d'un style personnel, entre fin de formation et début de carrière, le séjour italien concerne la plupart des grandes figures musicales romantiques (Hérold, Halévy, Berlioz, Gounod, Bizet, Massenet ou encore Debussy). La vie quotidienne des pensionnaires, leur production artistique et leurs voyages d'étude ou de loisir interrogent autant leur rapport avec l'Italie elle-même qu'avec les grands mouvements esthétiques européens. La Villa serait-elle simplement la "caserne académique" conventionnelle dont parle Berlioz, ou plutôt une arène animée de confrontations fécondes ? Contestation et transgression y distinguent bien souvent le talent du génie.

03/2021

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Cinéastes, réalisateurs

Pasolini corps vu - corps nu

Au début des années 1970, Pasolini renforce sa réflexion sur la société de consommation et met en crise son présent de manière provocante. Les corps vus par Pasolini ne ressemblent pas aux corps que nous sommes habitués à voir au cinéma : ils ne sont pas normés ou aseptisés. Les acteurs, choisis pour certains dans la rue par Pasolini, apparaissent à l'écran comme des corps authentiques, imparfaits, presque sauvages : ce sont des corps de femmes et d'hommes entièrement nus, des corps errants qui se meuvent sur la ligne de crête qui sépare l'interdit de la transgression. La Trilogie de la vie apparaît aujourd'hui comme la synthèse de toutes les réflexions de Pasolini sur l'érotisme et la sexualité provenant de ses expériences esthétiques et politiques précédentes. Plus explicitement encore que jusqu'alors, Pasolini se consacre à la représentation de la vie des corps, de l'érotisme, de la violence et de la répression que le pouvoir tente d'exercer sur les corps. A partir de la Trilogie de la vie, l'autrice trace un parcours à travers l'oeuvre du poète-cinéaste le plus subversif d'Italie et ne cesse de questionner la portée révolutionnaire du désir en apportant une réflexion sur le modèle hétéronormé, sur l'homosexualité et sur la féminité, en particulier à travers le personnage de Zoumourroud dans Les Mille et Une Nuits : une femme qui renverse le patriarcat.

10/2022

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Religion

Tu ne tueras point. Réflexions sur l'actualité de l'interdit du meurtre

L'interdiction du meurtre a un sens même en l'absence de toute référence à un Dieu transcendant et à l'idée selon laquelle la vie humaine serait sacrée. Bien plus, la justification de cette norme par des valeurs morales et l'effort pour la fonder rationnellement l'affaiblissent. Malgré l'apport majeur de Kant à la morale, son analyse consistant à rapprocher les devoirs envers soi-même des devoirs envers autrui passe à côté de la violence propre au meurtre et criminalise le suicide. Au contraire, en faisant de l'expérience de mon rapport à l'autre la source de l'éthique, la description du meurtre, qui renvoie à la volonté d'anéantir l'autre comme tel, permet de dégager l'essence de la violence qui est un faire taire. Il y a donc dans le "tu ne tueras point" plus qu'une prohibition de l'homicide volontaire. Affirmer l'actualité de cet interdit, c'est rappeler le sens des crimes imprescriptibles tout en invitant à prendre la mesure de ce qu'impliquent les guerres qui ne sont pas des génocides. C'est aussi préconiser des solutions adaptées aux problèmes qui se posent au début et à la fin de la vie, comme on le voit avec l'avortement, le suicide assisté et l'euthanasie. Enfin, c'est reconnaître que le droit absolu que nous nous octroyons sur les animaux relève d'une transgression.

01/2013

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Revues de psychanalyse

Topique N° 153, décembre 2021 : Le blasphème

Ce numéro de Topique réunit les analyses de philosophes, de psychanalystes, de scientifiques, de juristes et d'historiens sur une notion lourdement connotée. On s'efforcera de la définir, de retracer son origine et son existence dans les domaines où la croyance n'a pu laisser place au processus de connaissance et au dialogue. Existe-t-il toujours une intentionnalité transgressive pour celui qui l'énonce ou le commet ? Quelle est alors la visée de cette transgression et pourquoi le blasphème se substitue-t-il à la critique argumentée privilégiant l'appel à l'ironie et à l'effet comique ? Quelles sont alors les conditions requises pour que le récipiendaire du supposé blasphème le dénonce comme tel ? Le non-respect d'une règle dont on ne reconnait pas la légitimité peut-elle constituer à elle seule un blasphème ? Doit-on prendre en considération le fait subjectif de se sentir bafoué dans ses valeurs comme une situation apte à définir le blasphème ? Plus généralement quelles sont les visées tant du blasphémateur que de celui qui le reçoit comme tel et s'en clame la victime ? Que répondre au dialogue de sourds où l'un oppose sa liberté d'expression et l'autre le respect de ses valeurs ? A quelle volonté de domination et à quelles craintes cette situation répond-elle de part et d'autre et comment peut-elle faire exploser une violence sous-jacente ?

01/2022

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Sciences politiques

Un monde fragmenté. Autour de la sociologie des Relations internationales de Bertrand Badie

Artasan de la formation d'une école française des Relations internationales, Bertrand Badie observe depuis 40 ans les mutations e l'espace mondial. Ses travaux, d'une étonnante actualité, forment autant de témoins des transformations qui se sont succédé depuis les années 1980 : contestations et aporie de la puissance ; multiplication des acteurs sur une scène désormais inter-sociale et non plus seulement inter-étatique ; résistances oligarchiques au coeur d'un système international dont la pérennité dépend de sa capacité à s'ouvrir à de nouveaux acteurs et pratiques, au-dela de ses fondations occidentales. Faisant de la sociologie une grille explicative des processus politiques, Bertrand Badie met en lumière de nouvelles formes de contestations. Si le monde se "retournait" au sortir de la Guerre froide, la banalisation des transgressions des normes sur lesquelles il repose lui fait désormais courir un risque d'éclatement et de fragmentation. L'histoire n'est cependant jamais pré-déterminée, comme le souligne une oeuvre qui descend dans l'arène pour appeler ses acteurs à embrasser l'altérité. Le souci d'éclairer les évolutions de l'espace mondial contemporain, des "Printemps" arabes à la valorisation de la déviance comme arme politique, forme également le fil conducteur de ce volume. Les 26 auteurs ici rassemblés, qui ont accompagné d'une façon ou d'une autre l'évolution de la pensée de Bertrand Badie, rendent ainsi hommage a ses travaux et a sa sociologie de l'international. Pour clore cet ouvrage, Bertrand Badie présente dans un court entretien ce qu'il considère comme les principaux jalons de son oeuvre intellectuelle, et revient sur certaines interprétations dont ont fait l'objet ses ouvrages les plus commentés, L'Etat importé, La fin des territoires ou encore L'impuissance de la puissance.

11/2018

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Littérature française

Le Marge. Tome 1

" Soudain, il se couche au sol puis rampe en direction d'un endroit caché par un rocher : il vient d'entendre des aboiements presque immédiatement suivis d'un bruit de moteur. Une jeep pick-up qui fait une ronde avec un ou peut-être deux chiens. Il y a peu de vent et il souffle vers le nord, ce qui fait penser à Friedrich qu'il ne sera pas repéré tout de suite par les chiens. Le jeune homme décide de se dépêcher de se rendre vers le Danemark. Il se met à courir en se penchant le plus possible, sachant que du chemin il est invisible et oubliant quelque peu toute prudence, c'est ainsi que, débouchant d'une prairie encaissée, il entend tout à coup un tonitruant "Halt"... " Belgique, fin des années soixante-dix. Friedrich a dix-sept ans et a pris sa décision, il quitte tout : ses parents, sa petite amie, cette société rigide qui ne le comprend pas et dans laquelle il ne se reconnaît pas. Il part à vélo pour Louvain et rencontre une bande de jeunes de nationalités différentes, qui vivent en communauté dans une grande maison. Il en fait son chez lui deux ans durant, avant de tenter l'aventure à Amsterdam, puis au Danemark... Soixante-huit n'a laissé personne indemne. C'est l'époque des transgressions, des expériences de toutes sortes : sexualité, drogue... Le voyage affranchit toutes les frontières, tout est à découvrir... Dans ce roman d'apprentissage alliant un érotisme parfois torride à une recherche philosophique de la profondeur de son être, Gérard Nicolas fait souffler un vent de liberté irrésistible, sans occulter pour autant la réalité derrière les illusions. Avec ce premier tome d'un voyage pas comme les autres, il signe une chronique enfiévrée et réaliste portée par une galerie de personnages hauts en couleur, croqués avec justesse.

07/2018

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Droit

Criminalité économique et atteintes à la dignité de la personne. Tome 4, Institutions internationales

Une véritable reconnaissance des droits de l'homme à l'échelle mondiale implique moins l'unification que l'harmonisation, c'est-à-dire à la fois le respect des différences et la définition de limites communes à ne pas franchir et de sanctions en cas de transgression. Dans cette perspective, plusieurs équipes de recherche ont été constituées : une équipe chinoise coordonnée par le professeur Mingxuan Gao, de l'Institut de droit pénal de l'Université du Peuple et une équipe européenne coordonnée par le professeur Mireille Delmas-Marty, de l'Université Panthéon-Sorbonne (Paris I). Une troisième équipe est en cours de constitution pour les pays d'Islam. L'étude privilégie deux thèmes de droit pénal qui concernent la communauté internationale tout entière : — d'une part, la criminalité économique, car elle porte atteinte à des intérêts dont la nature est désormais, pour une grande part, internationale, compte tenu de l'apparition et du développement d'un marché d'abord régional puis véritablement mondial ; — d'autre part, parce qu'elles intéressent l'humanité tout entière, les atteintes à la dignité de la personne qui se manifestent à travers tortures et crimes contre l'humanité, comme à travers certaines formes de proxénétisme par la traite des femmes et des enfants, ou encore de trafics d'organes humains. Après une présentation du cadre juridique national (Europe, vol. I, Chine, vol. II, Asie, vol. III) la recherche porte sur les institutions internationales, vol IV, avant de se conclure par un dernier volume Bilan comparatif et propositions.

11/1996

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Critique littéraire

Andre Gide l'inquiéteur. Tome 2, Le sel de la terre ou l'inquiétude assumée 1919-1951

Gide, après 1918, invente le personnage de l'intellectuel moderne : un intellectuel en mouvement. Pressentant avec un instinct très sûr tout ce qui semble vouloir renaître d'initiative et de vie, fasciné par la jeunesse autant qu'il la fascine, non seulement il n'ignore aucun des grands courants littéraires de son siècle, mais le voici qui anime à présent le débat intellectuel. À cinquante ans, il devient le " contemporain capital ", le maître à penser dont l'influence va s'étendre sur plusieurs générations. Ecrivain en quête perpétuelle de sa vérité, revendiquant le droit au scandale et à la transgression, Gide se bat contre le triomphe des préjugés et pour une redéfinition de la morale, mettant l'accent sur la puissance du désir, la libération du corps et la liberté de conscience, fondamentale. Ce " devoir de vérité ", dans le refus de toutes les tyrannies et de toutes les aliénations, se tourne, dans ce second volume - qui couvre les trente-trois dernières années de la vie de Gide -, du ciel et de l'inquiétude religieuse, vers la terre, la terre seule, débordant des frontières nationales pour embrasser l'Europe et tout l'espace colonial. Gide se place donc ou service de ce témoignage: il dénonce les abus de la colonisation, comme il exalte puis critique le communisme soviétique. La présente biographie s'efforce de replacer l'oeuvre de Gide dans une histoire, un milieu, une multitude mouvante de lieux, d'espaces, de groupes, de réseaux, de solidarités, au total l'humanité entière.

09/2012

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Esotérisme

Le Graal en question. Un mythe pour sortir de la modernité

Où trouver le sacré au XXe siècle, dans un monde désormais marqué du sceau de la sécularisation et de la déchristianisation ? Peut-être faut-il le chercher dans la fiction. Le succès du Graal dans la littérature et le cinéma est un révélateur : ce mythe pourrait bien constituer un langage commun par lequel s'expriment des aspirations spirituelles largement partagées. S'y retrouvent en effet en toute liberté le goût de la transgression et de l'hétérodoxie, le désir de sortir de sentiers religieux qu'on croit battus, la valorisation du relativisme et de la tolérance considérés comme les seules attitudes humaines acceptables devant notre ignorance de l'Absolu, la sacralisation de l'amour humain à travers le modèle d'un couple à refonder sur des bases tout autres. De fait, le Graal lui-même, en tant qu'objet symbolique, représente l'image du sacré, cet inconnu, défini ici comme ce qui toujours échappe, mais qu'on ne se résigne jamais à trouver absent et qu'il faut chercher malgré tout, même sans espoir de l'atteindre. Dirigée vers ce but inaccessible, la quête du Graal est vécue comme une sortie de la modernité, c'est-à-dire du monde occidental tel qu'il s'est pensé depuis Descartes et construit depuis le XIXe siècle. Elle consiste d'abord à quitter ce dernier, à partir pour partir, même sans savoir où l'on va. En définitive, à travers le Graal, ce calice béant et peut-être vide, c'est le simple refus de notre monde qui rayonne et qui se fait sacré...

03/2005

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Poésie

Le Mariage du Ciel et de l'Enfer précédé de Le Livre de Thel et suivi de L'Evangile Eternel

Introduits par le Livre de Thel (1789), figure de la prise de conscience enfantine de la Mort, le Mariage du Ciel et de l Enfer (1793) et l'Évangile éternel (1818), réunis ici pour la première fois en seul volume, sont les deux " réécritures " blakiennes de la Torah juive et des Évangiles chrétiens. Blake l'affirme lui-même : il veut écrire une autre Bible - il va jusqu'à évoquer une " Bible de l'Enfer ". Messie négatif, transgresse-t-il la " loi " pour mieux l'affirmer ? De quel " Exil " serait-il la promesse enfin tenue ? Au-delà des " influences " et des " sens ", qu'est-ce qui motive le poète ? Blake n'est pas, comme le voulut Bataille, un poète du Mal. Il " montre " le Mal, mais c'est pour le fondre dans la Contradiction universelle, pour démontrer qu'il mène à la possibilité du Bien ! Il s'en prend vigoureusement aux " institutions ", mais sa Bible noire et son Evangile blanc sont des approches poétiques et mystiques qui dessinent les contours de la même Loi fondamentale : il y a du symbolique et ce champ est la dimension et l'espace du Père. Excellent connaisseur de la Bible et de la Kabbale - jusqu'à apprendre l'hébreu pour les lire dans le texte -, loin de vouloir brûler les Livres, il en rappelle l'évidence poétique. Le feu qui y brille est celui de la révolte intérieure, de l'aspiration à l'Absolu, l'appel sans fin à la transgression suprême et quotidienne. Alain Suied.

09/2004

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Formation

Formation et socialisation organisationnelle. 63

Ce nouveau numéro de la revue Savoirs comprend une note de synthèse portant sur la formation et la socialisation organisationnelle. Les autrices, Nathalie Delobbe et Charlotte de Boer, présentent une rétrospective historique de cette thématique, en distinguant quatre étapes : les travaux ethnographiques pionniers, la phase confirmatoire analysant les pratiques organisationnelles et les contenus de la socialisation, le tournant interactionniste insistant sur les comportements proactifs individuels et les travaux récents mettant l'accent sur l'expression de soi. Trois approches théoriques éclairant le processus de socialisation organisationnelle sont ensuite développées : la théorie sociale cognitive de l'apprentissage, l'approche identitaire de la socialisation et la théorie de l'échange social et du contrat psychologique. Le numéro se poursuit avec trois articles de recherche. Le premier, d'Albert Temkeng, pose la question de "l'éducation des adultes et les enjeux des sciences et technologies pour tous face aux défis de la catégorisation scolaire au Cameroun" . Il est amené à s'interroger sur les modalités de transgression de cette classification. A l'inverse, Nicolas Divert et Sophie Augagneur, en étudiant la "difficile reconnaissance des faisant-fonctions aides-soignantes par les jurys de VAE" , constatent les limites des pratiques d'apprentissage par l'expérience "brute" du travail de ces salariées. Enfin, Emmanuelle Jouet, posant le récit de vie en santé mentale comme "une enquête sur soi et de soi" , analyse en quoi cette pratique développée dans une communauté d'apprentissage de formateurs consacre "une ère nouvelle de reconnaissance de sens donné à leur expérience et de légitimité de leurs activités par les cadres institutionnels" .

12/2023

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Science-fiction

Coffee city

Où mène donc le "Tube" ? Et où vont ces "trombes" qui circulent à l'intérieur de celui-ci à vitesse supersonique ? La réponse se trouve peut-être à Coffee City... Dans un monde pluvieux, privé de toute forme de communication, peuplé de clans étranges et d'épaves humaines, et surtout traversé par un inquiétant tube transparent, se nourrir, se soigner et se protéger devient chaque jour plus difficile. Un couple et sa petite fille décident de remonter le cours du Tube dans l'espoir de rejoindre une terre meilleure où s'établir. Un voyage long et risqué qui les conduira tout droit dans les mailles de la terrible Coffee City, cité caféicole dont les habitants, quasiment réduits à l'esclavage, sont contraints de cultiver les caféiers pour satisfaire aux mystérieuses exigences des trombes. Les plus productifs d'entre eux gagneront peut-être leur billet pour embarquer dans l'une d'elles, et trouver enfin... la liberté ? La mort ? Quelque chose d'autre ? Nul ne le sait, et les rumeurs courent. En attendant, défense formelle de torréfier les grains et de consommer le breuvage tabou. Mais dans cette société soumise et apeurée, qu'est-ce qui pourrait délier les langues et rétablir la chaleur humaine, mieux que la transgression de cet interdit ?Dans un registre sensible, plein de verve et d'humour, Thierry Vimal s'attache à transposer dans un futur proche et apocalyptique l'infernal quotidien des planteurs de café de l'époque coloniale. Une nouvelle d'anticipation servie par une langue moderne et qui conte aussi l'histoire intime d'une famille.

11/2013

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Ouvrages généraux et thématiqu

Vivre avec les animaux au Moyen Âge. Histoires fantastiques et féroces

Licornes, dragons, griffons : la vie des hommes du Moyen Age, de l'An Mille à la Renaissance, est peuplée de quantité de créatures fabuleuses, mais aussi réelles et redoutées. Les saints Pères du désert, les moines et des prédicateurs dignes de foi assuraient que des bêtes féroces et des créatures monstrueuses et hybrides envahissaient la terre. Et comme ces chimères étaient envisagées à la lumière de la Création, elles suscitaient des interrogations fondamentales. Un cynocéphale était-il véritablement un homme à tête de chien ? Se pouvait-il que Dieu eût créé des créatures aussi horribles ? Au Moyen Age, l'humanité vivait, en âme et conscience, dans un paradis perdu. De même qu'était perdu à jamais, après la transgression d'Adam et Eve, le merveilleux rapport de subordination que les animaux, créés pour servir Adam, avaient entretenu avec les hommes. Ces derniers ne disposaient pas d'armes efficaces pour affronter les loups, les ours et les sangliers, et à plus forte raison les lions, les tigres et les panthères, au cas où ils les auraient rencontrés. Ce qui n'empêchait pas leur imagination fertile de venir à leur secours pour surmonter leurs craintes. Dans cet essai somptueusement illustré, la grande médiéviste italienne Chiara Frugoni observe et analyse minutieusement des tapisseries, des miniatures, des mosaïques, des sculptures, des tableaux et des encyclopédies illustrées pour nous montrer les mille facettes de la tradition séculaire, aussi symbolique que réelle, qui liait les hommes et les animaux. Autant d'images commentées qui rendent vivante et palpitante cette époque lointaine dont a hérité notre culture.

03/2022

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Histoire de l'architecture

Histoires d'ordres. Le langage européen de l'architecture

Tout amateur d'architecture le constate : les grands monuments dans le monde, du Parthénon d'Athènes à la Maison Blanche de Washington en passant par le palais du Louvre à Paris ou l'Amirauté de Saint-Pétersbourg, parlent un langage ornemental commun, celui des cinq " ordres " d'architecture, trois d'origine grecque (dorique, ionique et corinthien) et deux romains (toscan et composite), auxquels, au début du XVIIe siècle, la fameuse " Tower of the Five Orders " de la Bodleian Library à Oxford rend un hommage explicite en les superposant. L'ouvrage étudie ce langage universel de l'architecture, des origines antiques et des réemplois ou copies du Moyen Age aux relectures de l'époque moderne (XVIe-XVIIIe siècle) et de la période plus contemporaine (XIXe-XXe siècle) dans l'espace géographique européen, voire de ses dépendances outre-mer. En fournissant de nouvelles clés de lecture et de compréhension des monuments, il renouvelle le regard que tout un chacun porte sur ces fragments de magnificence qui élèvent les édifices au statut d'oeuvres d'art. En intégrant les notions et les démarches propres à chaque époque et à chaque aire géographique, en étudiant la littérature théorique consacrée aux ordres depuis le traité antique de Vitruve, il a pour ambition d'éduquer le regard du public, du simple particulier à l'architecte, en lui permettant d'apprécier les protocoles de copie et d'imitation mais aussi les démarches de transgression qui participent à la création, à travers la circulation des modèles et des idées, et à l'exportation des formes, leurs transformations ou leurs hybridations.

02/2021

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Histoire littéraire

Discours de réception du prix Nobel de littérature. Stockholm, 7 décembre 1993

Ce texte magnifique est construit sur une allégorie (ci-dessous) qui lui permet de déployer avec une rare poésie l'idée qui traverse toute son oeuvre : nous sommes tous, individuellement et collectivement, responsables de notre relation à l'autre. Il était une fois une vieille femme, fille d'un esclave, sage et aveugle. Au milieu des siens, elle incarnait la loi et la transgression. Un jour de jeunes gens, se méfiant de sa sagesse et pensant qu'elle est une imposteur, vont la voir et la provoquent en lui demandant si dans leurs mains se trouve un oiseau vivant ou mort. Après un long silence, la vieille femme dit ne pas savoir si l'oiseau est vivant ou mort mais elle sait que l'oiseau est dans leurs mains : si il est mort, c'est qu'ils l'ont trouvé mort ou qu'ils l'ont tué, si il est vivant, ils peuvent le tuer. L'histoire est posée, tous les comportements sont possibles. Le discours de Toni Morrison, paru chez Bourgois en 1994, n'est plus disponible. L'éditeur l'a inclu dans le recueil La source de l'amour propre. Ce premier livre accompagne Happy Family de Kathleen Collins. Les deux autrices partagent les mêmes convictions littéraires et politiques. Par ricochet, ce premier livre fait écho : - à Actions scandaleuses et rebéllions quotidiennes de Gloria Steinem pour qui le sexisme est un racisme, et qui a passé partagé sa vie d'activiste auprès de Dorothy Pitman Hughes, avocate afro-amércaine. - et évidemment à Braves bêtes qui déconstruit les schémas de domination.

04/2021