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Littérature française (poches)

Notre-Dame du Nil

Au Rwanda, un lycée de jeunes filles perché sur la crête Congo-Nil, à 2 500 mètres d'altitude, près des sources du grand fleuve égyptien. Les familles espèrent que dans ce havre religieusement baptisé Notre-Dame du Nil, isolé, d'accès difficile, loin des tentations de la capitale, leurs filles parviendront vierges au mariage négocié pour elles dans l'intérêt du lignage. Les transgressions menacent au cour de cette puissante et belle nature où par ailleurs un rigoureux quota "ethnique" limite à 10 % le nombre des élèves tutsi. Sur le même sommet montagneux, dans une plantation à demi abandonnée, un "vieux Blanc", peintre et anthropologue excentrique, assure que les Tutsi descendent des pharaons noirs de Méroé. Avec passion, il peint à fresque les lycéennes dont les traits rappellent ceux de la déesse Isis et d'insoumises reines Candace sculptées sur les stèles, au bord du Nil, il y a trois millénaires. Non sans risques pour sa jeune vie, et pour bien d'autres filles du lycée, la déesse est intronisée dans le temple qu'il a bâti pour elle. Le huis clos où doivent vivre ces lycéennes bientôt encerclées par les nervis du pouvoir hutu, les amitiés, les désirs et les haines qui traversent ces vies en fleur, les luttes politiques, les complots, les incitations aux meurtres raciaux, les persécutions sournoises puis ouvertes, les rêves et les désillusions, les espoirs de survie, c'est, dans ce microcosme existentiel, un prélude exemplaire au génocide rwandais, fascinant de vérité, d'une écriture directe et sans faille.

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Théâtre

Registres. Tome 6, L'école du Vieux-Colombier

Inspirées par une haute pensée, les expériences de l'École du Vieux-Colombier procèdent d'un désir de retrouver la vertu fondamentale du Théâtre, qui n'est pas de divertissement mais de formation, morale autant qu'esthétique. Copeau tend à l'harmonie, à la communion dans la beauté. L'authentique n'est pas une valeur que l'on décroche, mais un idéal dont on tente de s'approcher. Le Patron ne nous a pas laissé une doctrine, une méthode que ses successeurs pourraient tenter d'appliquer ou d'adapter, mais l'exemple d'un combat qui, arraché an temps sans qu'il l'ait expressément voulu ni même pressenti, prend valeur pérenne. Les tâtonnements de ce microcosme symbolique nous racontent au quotidien l'histoire exaltante d'un rêve : comédiens, écrivains, poètes, retrouveront un jour, pense Copeau, " le vrai sens dramatique ". Qu'est-ce à dire, sinon que, débarrassés des artifices et des recettes, libérés de l'ankylose confortable des habitudes, ils s'approcheront enfin de l'émotion pure, celle qui nous laboure au tréfonds comme un frisson sacré ? Toute l'ambition de Copeau a tendu à " dépouiller le vieil homme ", à faire du comédien ce truchement éternellement fraternel que notre solitude appelle, capable, par la fulgurance d'un regard, d'une inflexion, d'un geste, de nous arracher à la meurtrissure de l'instant et, partant, d'alléger nos angoisses. Paradoxe des gens de théâtre véritables : ils travaillent dans l'éphémère à traquer la permanence. C'est leur misère et leur grandeur. C. S.

01/2000

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Actualité et médias

Une ménagerie était attelée au carosse du Bicentenaire

Il y a maintenant deux ans, la République commémorait solennellement et copieusement l'évènement historique auquel elle doit son existence. Malgré quelques dissonances les choses apparemment se présentent bien. Le 14 juillet 1989, le monde étonné assiste à un défilé où les couleurs des civilisations se mêlent dans un ballet étrange et futuriste. Puis tout recommence comme avant. Mais en dépit de son inflation, ce Bicentenaire ne fut pas convaincant. Jean-Jacques Lubrina, qui en fut un des artisans, nous explique pourquoi. En nous montrant de l'intérieur les rouages de cette machine molle et pourtant agitée, il décrit le microcosme d'une comédie humaine où les Droits de l'Homme en dépit des recommandations du Premier Ministre ne résistent guère à la technocratie culturelle. C'est alors à une véritable guérilla balzacienne que nous assistons dans un décor qui n'a rien à envier à celui de Versailles. Français encore un effort ! Un an de Bicentenaire de plus et vous deveniez tous royalistes ! Pâtissier, pompier, concierge, socialiste, professeur de philosophie, Jean-Jacques Lubrina a réussi à vivre pendant quarante huit ans sans croire à la sécurité de l'emploi. Il a participé au Bicentenaire en tant que conseiller du Président Edgar Faure et chargé de mission pour les Droits de l'Homme. Je crois au talent de Jean-Jacques Lubrina. Il sait prendre de la distance avec les expériences de sa vie, qui sont déjà par elles-mêmes exceptionnelles et bizarres ; il les raconte et les regarde avec humour ; il a souvent des trouvailles que je lui envie. Vladimir Jankelevitch (juin 1983)

06/1991

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Policiers

Assassinat sur ordonnance

Ceci est le témoignage d'un médecin de campagne qui après plus de quarante années au service de ses malades et de ses confrères a fait l'erreur de " monter " à Paris. Il y a effrayé par ses travaux et ses prises de position le microcosme parisien ordinal ce qui lui a valu une haine mortelle de ses collègues. Ce n'est pas une autobiographie, encore moins un roman, mais un récit désespéré d'une illusion de la vie, victime de la tromperie de confrères et de collaborateurs. Ils ont sans aucun scrupule obtenu son bannissement du corps médical, au prix de mensonges éhontés devant la justice. C'est aussi le constat malheureux de l'égoïsme et de l'appât du gain des médecins, en particulier des spécialistes qui ont fait passer leurs intérêts particuliers avant toute humanité même envers un confrère en détresse, surtout s'ils lui étaient redevable. C'est le récit de la fidélité des malades et du personnel soignant du service hospitalier qu'il dirigeait, mais aussi l'investissement des personnels des associations sanitaires qu'il avait fondées et présidait depuis des décennies. Enfin, c'est la confirmation de la réputation odieuse faite à l'Ordre qui est décrit comme un véritable " panier de crabes parisiens ", aux mains de " cliques " uniquement soucieuses de conserver leurs privilèges. Malheureusement, ils possèdent le droit de vie ou de mort de leurs confrères de province ou qui ne pensent pas comme eux, à l'aide d'une justice d'exception héritée des années noires de l'histoire de notre pays.

02/2019

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Littérature étrangère

Dépressions

En dix-neuf récits, Herta Müller évoque les plaines du Banat et ses habitants. Cette région autour de la ville de Timisoara, ses villages souabes et ses dépressions constituent le microcosme que la plume de Müller dissèque avec férocité. L'univers si fermé de la petite communauté germanophone de Roumanie après la Deuxième Guerre mondiale, ses us et coutumes, sont souvent vus à travers les yeux de l'enfant. Au-delà de l'univers familial qui se trouve au centre de plusieurs récits, c'est la vie villageoise qui intéresse la nouvelliste Herta Müller, les habitudes des "petites gens", et leurs lieux de vie, la cuisine, l'école, le marché, l'église ou encore le cimetière. Derrière ces endroits et ces rituels, Müller débusque l'hypocrisie ou l'oppression, l'intolérance ou le mensonge, voire le grotesque et le ridicule. Elle fait surgir des crimes de guerre passés sous silence, traque les enfants illégitimes des générations précédentes, l'alcoolisme, l'adultère. Le grotesque affleure sous la description du bain hebdomadaire d'une famille souabe et le fantastique n'est pas loin quand la narratrice rêve de mettre le feu au village. Herta Müller a publié Dépressions en 1982 à Bucarest dans une version censurée, avant de réussir à faire passer le texte en Allemagne de l'Ouest. Le style métaphorique de Müller, ses images insolites et le rythme d'une langue très personnelle caractérisent déjà son oeuvre à venir. L'observation impitoyable de la petitesse humaine, alliée à une prose hypnotique et puissante, fait d'elle un grand écrivain, dès ce premier livre.

10/2015

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Critique littéraire

Faits divers

Embauché le 1er avril 1970 au Progrès, le grand quotidien lyonnais, Robert Belleret y fait de fructueuses années d'apprentissage, qui donnent la matière de ce récit. En pur reporter généraliste, il touche alors à tous les sujets : les chiens écrasés, le grand banditisme du temps de Chicago-sur-Rhône, les turbulences sociales, la délinquance en col blanc, la chanson, le cinéma, les concerts de pop, le théâtre, les manifs, les meetings, les mondanités, les procès et, selon le titre d'un des chapitres, il pénètre " l'aveuglante pénombre du paysage politique lyonnais "... Il s'immerge surtout dans la vie d'une rédaction très contrastée avec ses conflits, ses empoignades et ses rigolades. Sur l'introuvable objectivité ou sur les marronniers - ces sujets qui reviennent avec les saisons -, sur le fonctionnement d'un journal, où les reporters côtoient encore les typos et les rotativistes, Faits divers livre des informations précieuses qui permettent de toucher de près la réalité journalistique et de découvrir les coulisses d'un métier aujourd'hui en pleine mutation. Derrière l'événement ou l'anecdote se profilent les jeux d'influence et les rapports de pouvoir, éclairant le rôle fondamental de la presse régionale dans une grande métropole. Mêlant la justesse du regard, l'ironie et une vraie tendresse pour un métier qu'il continue d'exercer avec passion, Robert Belleret rend également justice dans ce livre aux sans-grade, à ces localiers qui, loin des stars de la profession et du microcosme parisien, font tourner les rédactions.

03/2007

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Critique Poésie

Poésie pure et société au XIXe siècle

Du romantisme au symbolisme, la " poésie pure ", formule de combat contre toute soumission du langage poétique à des fins instrumentales, tend à s'imposer en valeur directrice au sein du microcosme des poètes : " La poésie n'a pas la Vérité pour objet, elle n'a qu'Elle-même ", affirme Baudelaire en 1857. Pascal Durand s'attache à montrer que cette poésie de plus en plus repliée à l'intérieur de ses propres signes revêt des dimensions sociales spécifiques. Suivant une démarche nourrie de sociologie de la littérature et de rhétorique des textes, il y procède à deux échelles. Tantôt par l'examen de configurations répondant aux dynamiques de différenciation et de coalition du champ littéraire moderne : l'offensive des romantiques contre le formalisme, la doctrine de combat de Leconte de Lisle, le rapport officiel de Gautier sur les " Progrès de la poésie " en 1867, ou le Tombeau à la mémoire du même Gautier orchestré par les parnassiens. Tantôt par des lectures rapprochées, mettant en relief les opérations qui assurent, au coeur des textes, diverses médiations du social : transposition des structures du système poétique chez Mallarmé, mécanisme parodique des " beau comme " chez Lautréamont ou poétique du décor chez Laforgue. De la " forme idée " portée par Hugo à " l'initiative aux mots " chez Mallarmé, en passant par la prose furieuse des Chants de Maldoror, réflexivité faite oeuvre, une troisième perspective se dessine : celle de théories proprement poétiques de la signification dont certains principes continuent de régir notre conception de la poésie.

05/2022

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Littérature française

Mon séjour dans la fosse aux lions de la politique belge

Paul-Henry Gendebien a été un acteur et un témoin de notre vie politique. Elu aux Parlements belge, wallon, européen, mandataire communal, président de parti, il fut l'un des porte-parole du Mouvement wallon. Comme délégué général, il a représenté la Communauté française auprès de la Francophonie, à Paris. Il évoque ici les coulisses d'un théâtre dans lequel nos institutions ont subi leurs premières chirurgies à coeur ouvert, pendant les dernières décennies du XXe siècle. Analysant notre fédéralisme de dissociation, il montre que les réformes de l'Etat ne sont le plus souvent que les fruits amers de compromis provisoires, additionnant les insatisfactions des uns et des autres. Des réformes toujours inachevées et toujours recommencées. Et une Belgique qui ne possède pas vraiment la capacité ni même la volonté de se guérir de ses contradictions et de ses dysfonctionnements. L'auteur ressuscite un microcosme où se succèdent les rebondissements obliques, les manoeuvres subtiles, les trahisons assumées. Une époque cruciale et orageuse ! Agir était une ardente obligation, et les succès comme les échecs n'étaient pas contraires à l'honneur. Par fidélité aux aspirations de la Wallonie et aux exigences de la démocratie, P. -H. Gendebien a voulu sauvegarder son indépendance et sa liberté plutôt que de se soumettre au régime des partis. Il raconte ses années de jeunesse, ses engagements, ses espérances, sans oublier sa vision de l'Europe et de la Francophonie internationale. Et en prime, il nous livre des anecdotes parfois rocambolesques et des portraits colorés des personnages de tous bords qu'il a croisés en cours de route.

10/2021

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Poésie

LES SAISONS DU POEME I - R. Froger / L. Guilbaud / G. le Cœur / L.-E. Martin / J. Salesse

Pour un panorama libre d'une poésie vivante (An 2022) : Rémi Froger - Poursuites, Luce Guilbaud - Retour de l'envers, Geneviève Le Coeur - Sortie de nuit, Lionel-Edouard Martin - Posés là, peu mobiles, Jeanine Salesse - Au delà du paysage / Les saisons du poème paraîtra une fois l'an, et cristallisera le désir ancien de restituer en une sorte de panorama, la diversité des formes littéraires du poème, le parcours de son aventure, proche ou éloignée mais également les différents paysages qui composent la poésie vivante, active en ses rhizomes, s'écrivant, significative par ses manquements ou au contraire par sa surprésence sur les réseaux habituels du microcosme... ou encore à la recherche de nouvelles formes à venir. Les saisons du poème, c'est également une façon de faire le point, manière de bilan que présenter différentes écritures dans différentes situations générationnelles, différentes formes et approches du poème, sa modernité ou au contraire, le retour à une certaine tradition, toutes questions qui traversent la poétique contemporaine et partant, interrogent notre propre pratique éditoriale. Concrètement, se trouvent ici rassemblés en un seul volume, cinq recueils de poèmes, sinon issus de la même génération, du moins dotés de particularités incontestables, - et pas forcément en remorque de la philosophie -, la poésie pense et se pense et pas nécessairement en collusion avec d'autres sciences, même si psychanalyse et philosophie y ont installé leur campement pour longtemps. Instrument supérieur de connaissance, la poésie est audace, révolution et source permanente d'énergie créatrice, littérairement à la confluence incandescente de la forme et du fond.

02/2023

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Littérature étrangère

Si nous vivions dans un endroit normal

Le jeune Oreste, surnommé "Oreo" (en raison des biscuits chocolatés pour lesquels se damneraient tous les enfants du monde), vit au sommet d'une colline dans un petit village près de Guadalajara, peuplé de vaches, de prêtres et d'innocents qui croient aux fantômes, aux OVNI et aux miracles. Il dispute vaillamment à ses frères les sempiternelles quesadillas (galettes de maïs fourrées au fromage) que prépare chaque soir une mère mélodramatique, très soucieuse de convaincre sa progéniture que la famille appartient à la classe moyenne et ne peut donc être qualifiée de pauvre. Le père est professeur d'éducation civique et docteur ès insultes. Sa grande passion pour la Grèce l'a conduit à affubler ses sept enfants de prénoms tels que Aristote, Archiloque, Callimaque ou Castor et Pollux (les jumeaux pour de faux). C'est-à-dire qu'ils ressemblent moins à une famille qu'à l'index d'une encyclopédie. Alors que des turbulences politiques agitent le village à cause d'une fraude électorale, les jumeaux pour de faux disparaissent dans un supermarché. C'est l'occasion rêvée pour Oreste d'entreprendre la grande aventure de sa vie, qui l'amène à croiser le chemin de voisins venus de Pologne, (c'està- dire de nulle part, comme dirait le père Ubu), de navettes spatiales, de joyeuses vaches laitières inséminées, et de pastèques psychédéliques. Il y apprendra la lutte des classes, et tentera surtout de trouver sa place au sein de la singulière fratrie, microcosme d'un pays livré au non-sens, où l'absurde est le seul fondement sociétal.

10/2014

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Littérature étrangère

Bagdad Hotel

"Il a un bon fond pourtant, ce Rojo. Mais il n'y en a pas deux pour foudroyer comme lui, d'un trait de plume, le plus petit travers de ses semblables et plus particulièrement ceux de ses frères journalistes. Principale tête de turc : Peter Arnett, le reporter de CNN. Car contrairement à ce qu'il s'est ingénié à laisser croire, Arnett n'était pas le seul journaliste occidental resté à Bagdad quand le déluge de feu s'est déclenché le 17 janvier 1991. D'un côté, le représentant opulent d'un grand network américain. De l'autre, le reporter fauché et débrouillard du journal espagnol El Mundo". Marcel Trillat, l'un des envoyés spéciaux d'Antenne 2 en Arabie Saoudite, de l'autre côté du front, a apprécié le livre d'Alfonso Rojo, resté sans interruption dans la capitale irakienne durant les cinquante-cinq jours de la guerre du Golfe. Récit d'un huis clos dans le microcosme de l'hôtel Rachid, où viennent échouer diplomates soviétiques et cubains, pacifistes égarés, journalistes concurrents, dignitaires et censeurs, son journal de guerre décrit avec ironie ces vies de naufragés confrontés au rationnement et aux bombardements, nouant des liens insolites dans un lieu fantomatique. Ce témoignage unique est aussi une réflexion sur la guerre et ses manipulations. "Rojo, écrit encore Trillat dans sa préface, n'a jamais oublié cette vérité élémentaire : s'il est une attitude franchement incompatible avec l'exercice de notre profession, c'est bien le garde-à-vous".

12/1991

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Histoire de France

Vauban

Trois siècles ont passé depuis la mort de Vauban, mais son souvenir est toujours présent dans beaucoup de villes et villages de France. Bernard Pujo, en étudiant les nombreux écrits de Vauban et grâce à des sources privées non encore exploitées, en redécouvrant les lieux où il a vécu, en particulier ce coin de Morvan auquel il était très attaché, a recherché l'homme sous l'effigie et la légende. Derrière le guerrier qui a mené cinquante sièges victorieux et le bâtisseur qui a construit plus de trente places neuves et en a fait restaurer plus d'une centaine, apparaît une personnalité aux multiples ressources, ingénieur et architecte, urbaniste et hydrographe, économiste, statisticien et financier, stratège mais aussi philosophe et moraliste, un esprit étonnamment inventif, un homme en avance sur son siècle, traversé par des intuitions fulgurantes. Ce soldat, sans cesse sillonnant les chemins de France pour mettre en place une défense cohérente, le "pré carré", se bat aussi avec sa plume. Ecrivain prolifique, il traduit sa pensée dans un style savoureux. Grand serviteur de l'Etat, profondément attaché à son Roi, il est en même temps un esprit libre qui n'hésite pas à exprimer ses désaccords aux ministres et au souverain lui-même. Face au microcosme versaillais, il est en définitive le représentant de la France profonde, défendant le "menu peuple" dont, mieux que personne, il connaît les misères. Là encore précurseur, Vauban sera le défenseur de la liberté d'opinion et de la dignité des hommes.

04/1991

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Littérature française

Un long voyage ou l'empreinte d'une vie Tome 9 : L'amour déchu

Quand débute ce neuvième tome, second et dernier de la 2e Epoque, Louis est parisien depuis près d'une année. Il poursuit son travail mercenaire et routinier à la Recette des Finances du 20e arrondissement, un microcosme où fleurissent potins et aventures extraconjugales entre employés. Mais son souci principal est sa maîtresse, Flora, une Italienne dans la plénitude de la quarantaine, gérante de la maison meublée où il loge. Flora s'est attachée à Louis, mais celui-ci, grisé par sa découverte de la femme, papillonne d'une locataire à l'autre. Parmi elles, une jeune coiffeuse à domicile, Lucienne, avec qui il entretient une curieuse relation de copain à copine, non exclusive de rapports épisodiques plus intimes. Flora, suspicieuse, d'abord en souffre, puis, lassée, s'éloigne petit à petit. Louis, au contraire, s'attache davantage, et supporte de plus en plus mal son amour à éclipse. Exaspérant sa jalousie, deux nouveaux locataires allemands, Helmut et Gunther, prendront bientôt une place grandissante dans la vie de la gérante. Après une fête bien arrosée donnée par eux dans leur chambre pour son anniversaire, Flora se refusera obstinément à Louis, le plongeant dans une incompréhension désespérée. Il apprendra finalement par Lucienne que la gérante s'était donnée à Gunther lors de cette soirée, et de plus, et elle-même est bien placée pour le savoir : Gunther lui a vraisemblablement transmis sa blennorragie mal soignée. La rupture deviendra dès lors inévitable. Une peccadille, du moins ce que certains jugeront ainsi, va la précipiter.

09/2017

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Littérature française

Les bandits de l'Atlas

Epopée ou microcosme, l'histoire d'Hassan se passe en Algérie au plus fort de l'ère coloniale. Pour les paysans pauvres qui vivent aux confins de l'Atlas, dépouillés, contenus et refoulés dans l'arrière-pays, sur les pentes arides et raides en lames de couteau, sous le régime des communes mixtes (régime militaire) et la main de fer des caïds, potentats locaux cruels, cyniques et implacables, il n'y a que deux solutions : mourir de faim en travaillant pour une part misérable les années de mauvaise récolte, ou se révolter et devenir un bandit, un hors-la-loi. Hassan se retrouve malgré lui projeté en avant de l'histoire, après le meurtre de son père tué par les hommes de main du caïd. Il connaît la misère la plus noire avant de se joindre à la bande de Boucetta, le chef des bandits, dans l'espoir de se venger. Pris avec eux dans un guet-apens tendu par le caïd, ses hommes de main et les gendarmes, à la lisière de la forêt où ils veulent se cacher, Hassan seul en réchappe. Ayant appris que sa mère et son frère ont péri dans l'incendie criminel de leur maison, il décide d'accomplir son voeu. En tuant le caïd il devient une sorte de héros populaire, magnifié par les paysans et préfigurant le libérateur. Concret et saisissant, fait de brèves scènes âpres, ce roman montre les haines paysannes, la férocité des coeurs et les durs affrontements annonciateurs de grands bouleversements.

03/1983

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Derrida

Jacques Derrida

Ecrire la vie de Jacques Derrida (1930-2004), c'est raconter l'histoire d'un petit Juif d'Alger, exclu de l'école à douze ans, qui devint le philosophe français le plus traduit dans le monde, l'histoire d'un homme fragile et tourmenté qui, jusqu'au bout, continua de se percevoir comme un "mal aimé" de l'université française. C'est faire revivre des mondes aussi différents que l'Algérie d'avant l'Indépendance, le microcosme de l'Ecole normale supérieure, la nébuleuse structuraliste, les turbulences de l'après-68. C'est évoquer une exceptionnelle série d'amitiés avec des écrivains et philosophes de premier plan, de Louis Althusser à Maurice Blanchot, de Jean Genet à Hélène Cixous, en passant par Emmanuel Levinas et Jean-Luc Nancy. C'est retracer une série d'engagements politiques courageux, en faveur de Nelson Mandela, des sans-papiers ou du mariage gay. C'est relater la fortune d'un concept - la déconstruction - et son extraordinaire influence, bien au-delà du monde philosophique, sur les études littéraires, l'architecture, le droit, la théologie, le féminisme, les queerou les postcolonial studies. Pour écrire cette biographie passionnante et riche en surprises, Benoît Peeters a interrogé plus d'une centaine de témoins. Il est aussi le premier à avoir pris connaissance de l'immense archive personnelle accumulée par Jacques Derrida tout au long de sa vie ainsi que de nombreuses correspondances. Son livre renouvelle en profondeur notre vision de celui qui restera sans doute comme le philosophe majeur de la seconde moitié du XX ? siècle.

10/2022

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Littérature française (poches)

Bois sec, bois vert

En 1933, Jean Paulhan écrivait à André Gide : " Je ne serais pas loin de voir dans Cingria un grand écrivain. " C'était aussi l'avis de Claudel, de Ramuz, de Cocteau, de Max Jacob et de quelques autres. Quinze ans plus tard paraissait Bois sec Bois vert qui, aujourd'hui encore, est comme le microcosme d'une œuvre que son auteur dispersait autant par nécessité que par insouciance, mais qui s'est révélée avec le temps considérable, et d'une rare cohésion dans sa diversité. Si plusieurs textes que réunit Bois sec Bois vert semblent ainsi relever plus ou moins du genre de la nouvelle (Xénia et le diamant), du conte fantasmagorique (Hippolyte hippocampe), de l'étude littéraire historique (Lou Sordel) ou archéologique (Le Comte des formes), ils appartiennent en fait comme les six autres au genre unique et indéfinissable que s'est créé le génie vadrouilleur de Cingria. Captant l'extraordinaire acuité de sensations d'un être qui n'ignora que l'indifférence, c'est la langue elle-même ici qui voit, fait voir, et promène délectablement le lecteur. Avec son mélange d'élaboration fastueuse et de spontanéité déflagrante, elle nous restitue de la même façon le suc des temps anciens où déambulait l'érudition imaginative de l'écrivain, et la vibration des instants de ce monde que son regard toujours neuf et libre enregistrait pour les magnifier. " Je ne suis pas un nom ", a-t-il noté un jour, " il n'y a que la vie qui m'intéresse. " En retour la vie éclate dans tout ce qui demeure sous le nom de Cingria.

05/2000

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Littérature étrangère

Calypso de nuit

En 1938, le Dr Vincent Métivier, descendant d'une famille créole française, vient de prendre en charge la léproserie située sur la petite île d'El Caracul, au large des côtes de l'île de Trinité. Il se voit confier par des prêtres, impuissants à le soigner, le jeune Théo, un garçon noir d'une douzaine d'années, muet le jour et agité la nuit par d'étranges calypsos, cauchemars où affleurent les bribes d'une enfance traumatisée. Son seul vrai soutien, il le trouve en Madeleine Weil, une infirmière devenue sueur Thérèse lors de son entrée dans la congrégation présente sur l'île : installée là pour poursuivre des recherches scientifiques qui la passionnent, elle a aussi été poussée à fuir les prémices de la guerre par son père, juif et communiste resté en Europe. Alors que Vincent est ramené par Théo à sa jeunesse et à l'oppression des minorités, il vit avec Thérèse une histoire d'amour exacerbée par le nécessaire secret qui l'entoure comme par la crise qui gronde sur fond d'émeutes raciales. Thérèse, quant à elle, attend avec une angoisse grandissante des nouvelles de son père. Autour de ces trois personnages, confrontés à leur propre passé, aux rumeurs du conflit lointain mais aussi déchirés entre la logique du savoir médical et l'obscurantisme des religieuses, se noue un roman polyphonique, magnifiquement ancré dans une nature exubérante et tropicale qui amplifie les sentiments et les douleurs. Calypso de nuit est une véritable saga romanesque, portrait réussi d'un microcosme bouleversé par les passions et les événements historiques proches ou lointains.

06/2005

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Récits de voyage

Portage

" Pendant le voyage en bateau de la mer Blanche au lac Ladoga, j'ai pris des notes, j'ai écrit mes pensées et mes rêves, le parcours, les rencontres avec les gens, la nourriture, les odeurs et les noms des plantes, les couleurs des nuages et les directions du vent ainsi que des bribes d'histoire lues pendant l'hiver. En un mot, j'ai jeté sur le papier le moment qui passait" Le monastère de Kiji et son église de bois aux vingt-deux coupoles argentées ; les innombrables lacs du Nord sous le soleil laiteux des nuits blanches ; un village revenu à la vie après avoir été l'une des " zones " du Goulag ; une liqueur de canneberge et un gâteau de poisson partagés dans une fête villageoise... Voici quelques-unes des images évoquées au fil des notes de voyage de Mariusz Wilk dans le Nord russe. L'écrivain-voyageur sillonne les îles Solovki, ce " microcosme de l'ex-Empire soviétique ", et trace son chemin à travers la Carélie. Il remonte en voilier le canal de la mer Blanche (Belomorkanal), construit sur l'ordre de Staline pour relier la mer Blanche à la mer Baltique, au prix de la vie de dizaines de milliers de forçats. Iconoclaste, provocateur, exilé volontaire en Russie et avide de décrire ce qu'il voit dans sa langue âpre et rude, Mariusz Wilk envisage le voyage comme un sentier qu'il faut inventer, au gré des rencontres et des détours inspirés par la beauté de la nature sauvage. Nul ne sait comme lui nous insuffler sa passion des grands espaces.

05/2010

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Littérature française

La vague qui vient

Après quelques déboires professionnels, passablement abattu et sans le sou, un dessinateur de bandes dessinées s'installe sur une petite île française, afin de faire le point sur sa vie et sa carrière. Au gré des saisons, il découvre alors tout un monde, aussi insulaire que versatile, et se retrouve presque malgré lui intégré à une "pittoresque" communauté. Il est bientôt sollicité par le maire pour peindre une immense fresque dans la salle des fêtes, censée rendre justice à la vie de l'île et à ses habitants. Afin de s'acquitter au mieux de sa tâche sans oublier ni froisser personne, le narrateur n'a de cesse d'observer et d'apprivoiser les insulaires qui l'entourent - depuis le vaniteux, jusqu'à l'inévitable simplet, en passant par l'ambitieux, le chamane, la commère, l'injoignable chauffagiste ; il y a aussi l'histoire de ce pirate légendaire dont chacun cherche le trésor perdu ; il y a surtout la recluse mystérieuse, une actrice de la Nouvelle Vague qui vit au bout de l'île dans son manoir, détentrice d'un terrible secret... Avec La vague qui viens, Daniel Fohr crée un microcosme réjouissant où les us et les manies d'une population coupée du monde sont sujets à d'innombrables méprises et situations cocasses. Par le prisme de son antihéros - sommé de se changer en Michel-Ange de salle des fêtes -, il se livre à la radiographie bien souvent hilarante d'une communauté prise au piège de son isolement. Mais derrière l'inénarrable comédie humaine se profile un drame ancien qui va contraindre le narrateur à faire de sa fresque davantage qu'une simple peinture.

08/2023

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Littérature française

La Tannerie

Emmanuel Carrère a déclaré à propos de ce roman : "La Tannerie, c'est le portrait d'une génération". La Tannerie a figuré à l'automne 2020 dans les sélections des Prix Médicis, Décembre et du Roman des étudiants France Culture - Télérama. Jeanne, ses études terminées, a quitté sa Bretagne natale pour vivre à Paris. Elle a trouvé un emploi temporaire d'" accueillante " à la Tannerie, une nouvelle institution culturelle, installée dans une usine désaffectée de Pantin. D'abord déboussolée par le gigantisme et l'activité trépidante du lieu, timide et ignorante des codes de la jeunesse parisienne, elle prend peu à peu de l'assurance et se lie à quelques-uns de ses collègues, comme la délurée Marianne ou le charismatique Julien, responsable du service accueil. Elle les accompagne dans leurs déambulations nocturnes, participe à des fêtes. Leur groupe se mêle au mouvement Nuit debout. Ils se retrouvent dans des manifestations, parfois violentes - mais sans véritablement s'impliquer, en spectateurs. Bientôt, deux ans ont passé. Dans l'effervescence de la Tannerie, en pleine expansion, chacun tente de se placer pour obtenir enfin un vrai contrat ou décrocher une promotion. Jeanne va devoir saisir sa chance... La Tannerie - tel un microcosme de notre société - forme un monde à part entière, avec ses techniciens, ses employés de bureau, ses artistes. Mais derrière la bienveillance affichée et le progressisme des intentions, la précarité et la violence dominent. Avec ce roman, qui frappe autant par la finesse de ses descriptions que par sa force critique, Celia Levi fait le portrait d'une époque et d'une génération en proie aux ambitions factices et à l'imposture des discours.

09/2021

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Littérature étrangère

Automobile Club d'Egypte

En cette fin des années 1940, sous les pales des ventilateurs de l'Automobile Club du Caire, l'Egypte des pachas et des monarques flirte avec aristocrates et diplomates de tout poil, pour peu qu'ils soient européens. Régulièrement, Sa Majesté le roi honore de son éminente présence la table de poker. Extravagance, magnificence et décadence qui s'arrêtent aux portes des salons lambrissés. Dans les communs, une armada de serveurs et d'employés venus de Haute-Egypte et de Nubie s'escriment à satisfaire les exigences de l'inflexible El-Kwo, le chambellan du roi. L'esclave du monarque est aussi le chef suprême des employés de tous les palais royaux, qui régente dans ses moindres détails leur misérable existence et se délecte à professer l'art de la soumission. Parmi ses "sujets" : Abdelaziz Hamam, descendant d'une puissante famille ruinée, venu au Caire dans l'espoir d'assurer l'éducation de sa progéniture. A suivre les chemins contrastés qu'empruntent ses enfants, on découvre les derniers soubresauts de l'Egypte pré-nassérienne : morgue des classes dominantes, dénuement extrême des laissés-pour-compte, éveil du sentiment nationaliste. De toute part l'édifice se lézarde, et dans le microcosme de l'Automobile Club, où le visage noir charbon d'un domestique ajoute une touche d'élégance au décorum, frémissent les temps futurs et l'explosion révolutionnaire qui va embraser le pays. Engagé et humaniste comme jamais, Alaa El Aswany renoue ici avec les récits populaires et hauts en couleur de l'irrésistible Immeuble Yacoubian et désigne inlassablement la seule voie juste pour son pays : une démocratie égyptienne à construire.

02/2014

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Ouvrages généraux

Les conflits humains extérieurs, expression de désordres intérieurs

Entre les féminicides, les suicides dus au harcèlement, les crimes de guerre et bien d'autres drames, l'humanité est en train de se détruire et de sombrer dans une sorte de folie collective. Pour sortir de cet état catastrophique, nous avons intérêt à changer notre façon de vivre, en commençant par changer notre conception de la vie et considérer la nature comme un être vivant, intelligent et puissant, agissant avec les quatre éléments : le feu, l'air, l'eau et la terre. Tout est lié : - les feux destructeurs dans la nature avec les feux de l'amour humain, celui des passions ; - l'air, les vents dévastateurs avec les pensées négatives et nuisibles ; - l'eau, les inondations catastrophiques, avec les sentiments et désirs de haine et de violence ; - la terre et ses tremblements avec les actes et comportements violents. Tous ces phénomènes ne sont que des conséquences visibles des désordres invisibles qui se déroulent dans le monde psychique des humains, dans leur intellect et leur coeur, leurs pensées et sentiments. Il est temps de changer : notre façon de vivre, de penser, de sentir et d'agir. Jelloul Belmakadem, né en 1953, Professeur multidisciplinaire en sciences humaines (économie, sociologie, psychologie et philosophie) considère que le macrocosme, l'univers, et le microcosme, l'homme, sont en correspondance absolue. C'est pourquoi, il énonce que les conflits humains extérieurs sont une expression de désordres intérieurs. Sa méthode de raisonnement philosophique est l'analogie : ce qui est à l'extérieur est comme ce qui est à l'intérieur de l'homme, dans son monde psychique, mais cela concerne les lois, les fonctions.

09/2023

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Histoire internationale

L'exception tunisienne. Chronique d'une transition démocratique mouvementée

Alors que les printemps arabes tournent au fiasco en Syrie et en Egypte, la Tunisie est sans doute le seul pays en train de réussir sa mue vers la démocratie. Les représentants de la société civile, syndicalistes, avocats et militants des droits de l'homme réunis, ont permis, en février 2014, la nomination d'un gouvernement d'indépendants, dirigé par un ancien cadre du groupe Total. Des élections législatives et présidentielles devraient avoir lieu d'ici décembre, à condition que la situation économique et sociale totalement plombée ne provoque pas de débordements. La surprise après une année 2013 marquée par deux assassinats politiques spectaculaires, l'apparition de noyaux djihadistes et les rumeurs persistantes de coups d'Etat, la voici : le vieux et rusé Beji Caïd Essebsi, ex ministre de l'Intérieur de Bourguiba désormais à la tête du principal mouvement politique tunisien, s'entretient à Paris avec Rachid Ghannouchi, le leader charismatique des islamistes, pour préparer un avenir démocratique commun, avec l'appui de la diplomatie occidentale. Comment en est-on arrivé à cet incroyable pacte national ? Nicolas Beau enquête sur les coulisses de ces trente mois de transition, les rapports de force au sein des forces sécuritaires dirigées par d'anciens prisonniers politiques, les arrangements secrets et les compromis passés par les principales forces politiques, les intrigues de ce microcosme subtil et souvent autiste, le rôle des puissances étrangères (Etats Unis, France, Qatar), les tentatives de déstabilisation menées depuis la Libye et l'Algérie. Une transition sans précédent dans un monde arabe et musulman en pleine décomposition après les espoirs nés du printemps arabe.

10/2014

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Critique littéraire

L'OEIL SURPRIS. Perception et représentation dans la première moitié du XVIIème siècle, édition 1993 entièrement revue et augmentée

Le XVIIe français ouvre l'oeil. Grâce à l'extraordinaire mise au point des lentilles et des miroirs qui vont le seconder dans son exploration du ciel et de l'homme, l'oeil va se placer au centre d'une réflexion capitale d'où naîtra la pensée moderne ; de la physique de l'oeil naîtront une métaphysique de la perception et un flamboyant discours mystique. Les artifices du trompe-l'œil en peinture et les jeux savants de l'anamorphose, le décor illusionniste de la scène à l'italienne implantée en France et la réorganisation de l'espace urbain sous Henri IV et Louis XIII seront fondés sur la règle perspective que d'aucun vont ériger en valeur absolue. Tout cela ordonnera un théâtre du monde convergeant vers l'Oeil du Prince. Vision géométrique du monde qui conforte l'absolutisme en même temps qu'elle ébranle de proche en proche toute l'épistémè. Les facettes de ce livre, à la lumière des figures qui ont traversé la période, Descartes ou Niceron, Binet ou Bosse, Corneille ou Poussin, Louis XIII ou Richelieu, recomposent un microcosme de l'oeil et un art de voir qui firent de ce siècle un fabuleux théâtre. De l'ambiguïté même des jeux dont il offre le spectacle, naîtront le plaisir du code et du décodage, l'intelligence, du sens, la finesse du calcul et de la convention, l'exploitation politique et morale des images, la reversion troublante d'imaginaire en raison et de science en poésie jusqu'à ce que cet Oeil médusé par son propre éclat se fige dans l'aveugle splendeur louis-quatorzienne.

06/1993

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Littérature étrangère

Moonbloom

Norman Moonbloom est un rêveur qui n'a jamais réussi à aller au bout des choses. Après des études avortées, il se voit confier par son frère autoritaire un poste de gérant de plusieurs immeubles à New York, pour la plupart défraîchis et sur le point de s'écrouler. D'un air distrait et distant, il fait la tournée des locataires pour récolter ses précieux loyers. Mais alors que la mission semble des plus simples, il va devoir se confronter à l'intimité des autres. Et les personnages qui peuplent ces appartements sont hauts en couleur. Il y a Karloff, un Juif d'Europe centrale centenaire qui a choisi de vivre dans la crasse et de boire pour oublier. Stan Katz, le joueur de trompette blanc qui partage un appartement avec Sidone, un batteur noir homosexuel, les deux font la bringue à défaut de faire la paire. Des familles étriquées, des couples qui se disputent à coups de jets de bouteilles, des professeurs alcooliques qui récitent du T. S. Elliot en conspuant la société. Sans parler de leurs récriminations constantes : réparer ceci, réparer cela, boucher ce trou, repeindre, remplacer, vider... Sortant peu à peu de sa léthargie, c'est plein d'entrain et de façon frénétique qu'il va alors tenter de remettre à neuf ces immeubles et de rafistoler ces êtres bosselés, et prendre du même coup conscience de sa propre existence. Edward Lewis Wallant nous entraîne avec Moonbloom au coeur d'un microcosme grouillant de vies qui, à la façon d'un George Perec dans La vie mode d'emploi, dresse un tableau de la comédie humaine drôle et émouvant.

01/2017

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Littérature française

La nuit barbare

Nostalgie jubilatoire des années 1970 et 1980, enfance, adolescence d'un enfant issu de l'immigration, trajectoire d'un voyou studieux, enfant de la République, rat de bibliothèque, dansant, chantant, maltraité, abusé. D'oeuvre en lecture, du Caravage à Flaubert, de Dalida à Mozart, le narrateur se figure en écrivain. L'auteur se livre à l'exercice de l'autoportrait. Exilé dans le microcosme normand où les ombres hostiles des hauts-fourneaux côtoient les silhouettes consolatrices des abbayes, il crée son territoire. La génération des soeurs aînées fut sacrifiée. Que deviendront les autres, après lui, ces héritiers en déshérence ? Zadig Hamroune, d'un geste rapide, résilient, compose une fresque où la vie s'anime. Le temps n'absorbe rien, l'écriture griffe le béton. Ecrire pour survivre. Normand d'adoption, kabyle d'instinct, Zadig Hamroune se passionne très tôt pour la danse, l'art lyrique et la poésie. Après une carrière d'enseignant d'anglais et de traducteur, Zadig Hamroune se consacre à l'écriture. Il publie deux romans remarqués, Le Pain de l'Exil (Editions de La table Ronde, 2015) et Le Miroir des Princes (Editions Emmanuelle Collas, 2019). Très attaché aux questions interculturelles et à la problématique LGBT, il milite pour Act Up, Le Refuge et s'intéresse de près à l'Islam progressiste. Il participe à de nombreuses résidences d'écriture, anime des ateliers d'écriture créative, travaille à un projet de Festival à Ouistreham, dont la première édition verra le jour en octobre 2023. Il se consacre également à l'écriture dramatique et prépare une pièce en collaboration avec Marie-Armelle Deguy, Karine Saporta et Marie-Agnès Gillot. La Nuit barbare est son troisième roman.

04/2023

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Contes et nouvelles

Le Tango des ombres

Ce recueil de cinq nouvelles de Jean-François Seignol, préfacé par Catherine Dufour, est la rencontre de deux passions : celle du tango argentin, avec sa tradition, ses fantasmes et son érotisme, et celle des littératures de l'Imaginaire. Comment mêler les plaintes du bandonéon et le microcosme des milongas au vertige de la relativité générale ou de l'intelligence artificielle ? Comment provoquer par cette rencontre insolite le surgissement de la sensualité, du désir, de ce qui fonde notre humanité ? La novella "Le tango des ombres" nous plonge dans un univers rétrofuturiste où un bal de tango dissimule un mouvement de résistance contre la dictature. "La nuit où tu m'aimeras" est une variation sur le thème du philtre d'amour dans le Buenos-Aires contemporain, où surgit l'inévitable figure de Carlos Gardel, à laquelle le narrateur finit par s'identifier... jusqu'à se perdre. "Candombe" se déroule sur une lointaine planète couverte de jungle où sont envoyés des colons pour en exploiter les ressources. Au son des arbres-tambours qui évoquent les percussions que jouaient les esclaves africains déportés en Uruguay s'invente une forme de danse entre les nouveaux damnés de l'exoterre et la végétation sensuelle qui couvre la planète. Une danse d'où naîtra une révolution. "Paso doble" s'inscrit en notre modernité en proposant une histoire de doppelgänger mêlée de tango-queer. "Le flot" termine le recueil par une danse sur l'horizon d'un trou noir, où un couple de danseurs s'enlace tandis qu'autour d'eux l'espace-temps se dilate. Entrez dans la danse ! Et respirez un souffle d'humanité, déraisonnable et printanier.

03/2022

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Littérature anglo-saxonne

Un ciel si bleu

Cat vient de s'installer en Floride avec son fiancé dans une magnifique maison sur la plage. Pourtant, elle s'ennuie. Un jour, sur un coup de tête, elle achète un des serpents les plus dangereux au monde, un python birman. De l'autre côté du pays, en Californie, c'est un tout autre achat qu'effectue sa mère Ottilie : de plus en plus sensible à son empreinte écologique, elle franchit un pas supplémentaire vers l'autonomie alimentaire et le recyclage des déchets en se dotant d'un réacteur à criquets. Son fils, Cooper, biologiste spécialisé dans les insectes, n'est pas étranger à ce choix. Mais alors que celui-ci accompagne sa petite amie à la recherche de tiques, il se fait piquer. Ces choix spontanés et petits incidents vont entraîner une chaîne d'événements dévastatrice qui, depuis le microcosme de la cellule familiale, va s'insérer dans un contexte général de crise climatique. Aucun membre de la famille n'en sortira indemne. Car en Californie comme en Floride, on ne vit plus, on tente de survivre. Quand on ne meurt pas de chaud, c'est l'ensemble des insectes de la planète qui sont retrouvés morts. Les alligators rodent dans les rues inondées, le vent attise les flammes qui menacent d'engloutir les habitations au milieu de la nuit - à moins que ce ne soit l'océan qui finisse par les avaler. Avec cette fresque environnementale pré-apocalyptique doublée de comédie noire, T. C. Boyle fait montre de toute sa maîtrise - et sa férocité - pour raconter l'accélération des catastrophes écologiques et intimes qui en découlent. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Bernard Turle

02/2024

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Histoire de la philosophie des

Contes de la Lune. Essai sur la fiction et la science modernes

En 1610, en guise d'étrenne, l'astronome Kepler offre à son protecteur Wackenfels la description poétique d'un flocon de neige : parce que sa structure hexagonale est l'une des figures élémentaires de la matière, le flocon révèle celle de l'univers. Du microcosme au macrocosme, cet éloge paradoxal de Kepler est à la fois un genre littéraire à la mode maniériste du temps, et l'un des accès à la compréhension du monde. Entre le tournant copernicien négocié par Kepler et Galilée (la Terre tourne autour du Soleil) et la rupture opérée par Newton (le monde est régi par des lois universelles), la vision directe et les premiers télescopes ne suffisent pas à l'exploration des lointains. L'inaccessibilité de ces nouveaux objets de la connaissance suppose des techniques d'écriture pour décrire l'invisible et dire l'inconnu des mondes cosmologiques. La fiction joue donc un rôle central : en dépassant les limitations du réel observable, elle permet de substituer une nouvelle image mentale du cosmos à l'ancienne, elle forge un point de vue inédit d'où décrire l'univers ; elle fournit à la science les textes les plus efficaces dans la transformation des représentations du cosmos. Cette part oubliée ou méconnue, Frédérique Aït-Touati la retrouve, en s'intéressant justement au XVIIe siècle, siècle du commencement moderne, de la mathématisation du monde, de la magie géométrique, des arts de voler, des voyages lunaires et de l'exploration des merveilles de la nature. Par là, elle donne matière à penser et à rêver sur une autre façon de concevoir la science.

03/2024

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Littérature étrangère

Sous le signe de Halley

Dans ces carnets de voyage, on ne sait ce qu' il faut admirer le plus : l'acuité du regard, l'humanité des rencontres, l'aptitude toujours renouvelée à une saisie émerveillée du monde. Nous sommes loin des charters banalisés qui emportent leur clientèle vers un catalogue exotique de curiosités pour touristes. La Malaisie que nous révèle Jünger est à la fois fascinante et limpide. Placé sous le signe de Halley, ce voyage répondait à une sorte de première urgence cosmique : revoir la comète qu'il avait déjà observée enfant dans le cercle familial, en 1910, et qu'il est désormais l'une des rares personnes au monde à avoir vue deux fois. Comme microcosme et macrocosme se répondent, l'exploration du firmament se complète par la "chasse subtile", cette quête passionnée d'insectes rares dont il évoque d'un trait précis le corselet brillant ou le vol à la verticale. Mais l'homme n'est pas pour autant absent de ces notes. Il semble que Jünger se meuve en permanence dans un univers balisé par l'amitié : on n'oubliera pas facilement le docteur Diehl, l'humble Chinois collecteur d'insectes ou tel peintre en renom. Le regard de l'auteur se pose sur eux avec la même sympathie sereine. L'histoire, la littérature, la métaphysique sont aussi convoquées par une conscience toujours en éveil qui s'entend à percevoir sous l'image concrète la trame d'une loi secrète. Rien de flou ni de brumeux dans ces évocations tropicales : la langue est comme épurée par le grand âge, et le génie de styliste de l'auteur évolue vers une simplicité brève qui confère à son objet sa densité la plus haute.

12/1989