Recherche

Heckle Freux

Extraits

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Eloge indocile de la psychanalyse

Dans cet ouvrage passionnant, le jeune psychologue Samuel Dock défend une pratique nouvelle de son métier, plus accessible et plus humaine. Rompant avec l'élitisme de cette discipline, il présente les concepts fondamentaux (plus de cent vingt-cinq entrées, dont "amour", "désir", "hystérie", "inconscient", "refoulement", "dépression", "sexualité", etc.) pour permettre à tout un chacun d'aborder plus sereinement son quotidien et ses problèmes. En puisant dans son vécu, dans celui de ses patients ainsi que dans la culture populaire pour illustrer son propos, l'auteur signe un texte ludique et abordable. Une volonté : quitter la tour d'ivoire où trop souvent s'enferment les psychanalystes et restituer au grand public ce savoir qui lui appartient. Dans cet abécédaire mêlant essais et récits, Samuel Dock raconte aussi son expérience de la psychanalyse. Il revient sur les traumatismes et les souffrances psychiques qui l'ont conduit à consulter un psychanalyste, les forces vives et le sens qu'il a trouvé sur le divan, son désir de devenir soignant à son tour, sa formation, son travail avec les patients dans les hôpitaux, dans les services de protection de l'enfance et en libéral. Le lecteur est invité à découvrir l'envers d'une scène rarement dévoilée, à en partager les joies et les désillusions. A contre-courant des livres rédigés par des psychanalystes invulnérables et distants, Samuel Dock revendique les vulnérabilités qui nourrissent le devenir analyste et la relation aux patients. Si l'auteur défend le rôle de la psychanalyse dans une société, il rompt par ailleurs avec l'hermétisme du cabinet pour confronter la science de Freud au monde contemporain : développement personnel, médias, société de consommation, réseaux sociaux, genre, pornographie... Cet abécédaire embrasse un très grand nombre de thèmes qui sauront à la fois initier le lecteur néophyte à la psychanalyse et questionner le psychanalyste chevronné sur ses pratiques.

09/2019

ActuaLitté

Littérature érotique et sentim

A la dérive

Comment ne pas se noyer quand on a un boulet accroché au pied ? Le monde de Jake Moore est trop étroit et l'étouffe. Le moindre centime qu'il gagne en tant que soudeur lui sert à soigner son père mourant, un homme abusif et manipulateur, mais aussi la seule famille qui lui reste. Sur le plan amoureux, il n'est pas plus heureux : en raison d'une promesse faite à sa mère décédée, Jake résiste à son désir envers les hommes, alors même que cela le ronge de l'intérieur. Dallas Yates doit faire appel à des montagnes d'imagination pour percevoir les possibilités qu'offre le bâtiment Art déco délabré en périphérie de WeHo, mais ce qui le convainc de l'acquérir, c'est le sourire timide du beau soudeur qui travaille de l'autre côté de la rue. Avec douceur, Dallas décape les couches durcies qui étouffent l'âme de Jake, permettant à leur amitié de fleurir. Il est facile de craquer pour l'homme tendre et artistique qui se cache derrière la carapace fissurée de Jake, mais Dallas sait que rien entre eux ne sera envisageable tant que Jake n'apprendra pas à s'aimer lui-même. Quand le monde de Jake s'effondre et qu'il sombre au creux de la vague, il se sent partir à la dérive dans une vie qu'il n'a jamais voulu mener et c'est auprès de Dallas qu'il cherche du réconfort. Alors qu'il souhaiterait tant lui ouvrir son coeur, son passé le hante et Jake est certain de ne pas mériter l'amour que Dallas désespère de lui offrir. #Secondechance #Famille #MM #Comingout --- "J'ai vraiment apprécié ce livre, même s'il y avait des moments d'angoisse et d'émotion, il y avait assez de lumière pour équilibrer l'histoire". - Chris

01/2021

ActuaLitté

Littérature française

La mesure des vents

Convoquant la "majesté élémentaire" des Açores, La Mesure des vents entraîne le lecteur dans une initiation aux mystères de l'ouïe et des sons, inspirée du "théâtre de la nature" . Orchestrant la chorégraphie météorologique des phénomènes atmosphériques et des caprices climatiques, elle transpose en un somptueux dispositif polyphonique se répercutant en une féerie polychrome la clameur des vents dans le ballet des nuages, le frémissement de l'air, le mugissement des eaux, le battement de la pluie, le roulement des flots, la rage de l'écume, le fracas des tempêtes, le tumulte des séismes, le grondement des volcans, le craquement de la lave en fusion. Partition de mots autant qu'invitation, dans un tourbillon vertigineux de sons, de résonances, d'échos, de modulations, de vibrations, à un voyage initiatique jusqu' "au creux de l'oreille" , où l'onirique le dispute à la noblesse des paysages, pour conjurer l'expérience du vide sur fond de méditation sur la trouée, tout en mettant les sens en éveil, à l'écoute de la vie et des bruissements du monde. L'auteur nous invite à suivre Quentin, le personnage de ce récit musical, mandé en songe par le chef d'orchestre vaudois Ernest Ansermet, sur les traces de Francisco de Lacerda, son ami le compositeur et chef açorien qui le forma et le précéda à l'orchestre du Kursaal de Montreux, devenu en 1918 l'Orchestre de la Suisse Romande. Né dans le Jura vaudois, Jean-Luc Bourgeois s'est tôt intéressé aux réalités du son et de la musique (pratique du piano, de l'orgue et des gongs), sans en faire pourtant profession. Happé par l'histoire, la philosophie et les lettres durant sa scolarité et ses études, il a enseigné, avant de se vouer à la recherche en ces matières, puis à l'écriture (essais, voyages et scénarios). Il vit à Lausanne.

01/2021

ActuaLitté

Littérature française

Je suis Mystique : Rêve ou Réalité ?

J'ai toujours été, depuis mon plus jeune âge, enclin à la solitude. Les autres m'intimidaient à tel point que je les évitais prudemment. Cette solitude devînt mon refuge qui me conduisit vers une vie intérieure très riche. Je vécus, alors, de nombreuses expériences qui m'ouvrirent un monde, de prime abord, effrayant, que, petit à petit, j'apprivoisais, pour mon plus grand bonheur. Je fus amené a confronté les textes de la Bible avec les écrits de Jung, de Freud, la psychanalyse me fascinait. Cette comparaison me semblait indispensable à l'heure où chacun est en quête de sens pour orienter sa vie. Quant à moi, je suis mystique, mais est-ce un rêve ou la réalité ? C'est l'histoire, autobiographique, de cette aventure à laquelle je vous convie, celle qui m'a amenée à vivre une E. M. I. (Expérience de Mort Imminente), élément fondateur de cette existence mystique que je vous livre. Il n'y a, dans ces lignes, rien d'exceptionnel. Celui que je suis, ce que je réalise, vous pouvez l'être, vous pouvez le réaliser, sous conditions d'atteindre certains états d'être, notamment par la méditation, là est, peut-être, la difficulté. C'est pour cela que je veux partager, avec vous, cette vie modeste, jalonnée d'expériences hors du commun. Cette histoire vous est livrée pour que vous puissiez approcher ces mondes parallèles, prendre votre envol, si tel est votre désir, vers la plus grande énigme que vous côtoyez, vous-même. Outre une meilleure compréhension de vous-même, cela vous amènera à une meilleure compréhension des "autres". Votre bien-être, mon voeu le plus cher, à travers ces quelques lignes.

04/2017

ActuaLitté

Littérature française

L'usine

Ne pas tomber dans le voyeurisme quand on écrit sur le monde (lu travail demande du doigté. surtout quand il "animalise les hommes" pour en faire "des automates, de simples rouages, des brutes sans autre horizon que la paie du samedi, la soupe du soir, l'amour à la va-vite du samedi soir et la partie de cartes du dimanche". Jean Pallu relève le défi avec brio en 1931. En treize récits, il compose en creux le portrait de L'Usine et de ses travailleurs pour façonner une communauté et un lieu de vie. Au moment où se posait la question de l'écriture du travail, Jean Pallu choisit d'apporter un témoignage de première main, lui, le prolétaire pointant tous les matins à la fonderie. Il parvient d'emblée à raconter le peuple à l'ouvrage avec ces textes qui sont autant de vies dévoilées que suggérées. Dans le large panorama de ce film donnant à "voir le peuple", ce premier livre s'inscrit clans l'air du temps des années 1930 où la figure de l'ouvrier s'imprime durablement dans l'inconscient collectif. L'usine, traitée en objet symbolique, révèle la peine des hommes et l'aliénation du prolétariat au quotidien. L'Usine procure un véritable plaisir de lecture par un style associant une écriture fluide, sans emphase ni effets, sachant tenir à distance aussi bien le ton journalistique que la condescendance. Louis Guilloux écrit dans Europe en octobre 1931 : "Je donne son livre comme un des plus beaux qui aient été écrits depuis longtemps sur la vie des travailleurs... Ces courts récits, ces tableaux pathétiques ont tous le même centre : le travail... En un mot, c'est un livre de tout premier ordre".

02/2018

ActuaLitté

Beaux arts

Le sein du père. Abraham et la paternité dans l'Occident médiéval

Un vieil homme rassemblant contre lui de petits enfants : telle est l'image qui, dans la chrétienté médiévale, donne à voir la destinée paradisiaque des élus après la mort. Qu'est-ce donc que ce sein paternel où viennent se lover les justes ? Que signifient ces formes textiles, enveloppant de leur mystère le repos des défunts ? Le vieillard, c'est Abraham, l'ancêtre commun du judaïsme, du christianisme et de l'islam, bien apte à exprimer l'idée de concorde et de fraternité. Et si, entre XIe et XIIIe siècles, il parvient avec succès à figurer la récompense céleste, but ultime de la société chrétienne, c'est parce qu'il montre cet idéal paradisiaque comme réunion à une figure paternelle, donnant forme à ce " besoin de protection par le père " que Freud situait au cœur du sentiment religieux. Or la relation entre le patriarche et les élus est si intime et parfois si fusionnelle qu'on peut la qualifier d'inclusion corporelle. Abraham serait-il alors une mère qui accueille les élus en son sein ? Si l'on a récemment insisté sur l'essence féminine du christianisme, les œuvres dont il est question ici invitent plutôt à un rééquilibrage paternel et à une réflexion globale sur la paternité et la maternité et sur l'articulation de ces notions au Moyen Age. Dessiner ainsi un vaste réseau iconographique autour du sein d'Abraham, lequel est à la fois la version masculine de la Vierge à l'enfant et la réplique de Dieu le Père tenant son Fils dans ses bras, permet de mettre en pratique une méthodologie novatrice - construire une iconographie sérielle - tout en contribuant à l'analyse d'un aspect décisif de l'histoire sociale de l'Occident médiéval, qui pensait essentiellement le monde comme parenté.

10/2000

ActuaLitté

Sciences politiques

L'histoire du B'nai B'rith. La plus importante organisation humanitaire juive mondiale

Le 13 octobre 1843, dans un café de New York, douze immigrés juifs allemands fondent, sous le nom hébreu de B'nai B'rith (les Fils de l'Alliance), une association dont le but est ainsi précisé dans le préambule de sa Constitution : "Le B'nai B'rith se charge de la mission d'unir les israélites afin de défendre leurs valeurs les plus élevées pour le bien de l'humanité, de développer et d'élever le niveau moral et intellectuel des personnes de notre confession, de subvenir aux besoins des nécessiteux, de secourir et de protéger les victimes de persécutions". Ainsi, vingt ans avant la Croix-Rouge et cinquante ans avant le Rotary Club, naissait l'une des toutes premières organisations qui inventait le "droit d'ingérence" et l'aide humanitaire qui, précisons-le, s'étendit au cours des ans aux personnes de toutes confessions. Certains des plus grands écrivains ou savants juifs furent membres du B'nai B'rith, tels Ben Yehouda, Bialik, Stefan Zweig ou Sigmund Freud. Le B'nai B'rith compte de nos jours plus de 500 000 membres dans cinquante-huit pays, dont vingt-sept pays d'Europe. Jusqu'alors, le public a peu entendu parler du B'nai B'rith, si ce n'est à travers les calomnies et diffamations de ses détracteurs le présentant bien souvent comme un groupe agissant dans l'ombre pour arriver à des fins inavouables. Il est donc temps de dire ce qu'il est véritablement et de préciser comment son rôle est à tout point de vue essentiel dans l'histoire contemporaine, pendant les deux Guerres mondiales, au Proche-Orient et dans le rapprochement judéo-chrétien. Le lecteur disposera avec ce livre d'une information fondée sur l'histoire et non sur une rumeur, qu'elle soit bien ou mal intentionnée.

10/2013

ActuaLitté

Sciences de la terre et de la

Souvenirs entomologiques. Etudes sur l'instinct et les moeurs des insectes Tome 2

Les Souvenirs entomologiques constituent une somme exceptionnelle d'écrits relatant une démarche accomplie tout entière dans la grande lumière de la Provence. Cette œuvre est par excellence révélatrice de la vie la plus intense. Pendant la plus grande partie de sa longue existence, loupe et carnet d'observation en poche, dans les garrigues entre Rhône et Ventoux, Fabre allait étudiant les mœurs des insectes sur les terrains brûlés par le soleil, surprenant tel hyménoptère dans les chemins creux ou encore parmi les rochers éblouissants des dentelles de Montmirail. Romantique dès l'enfance, Lamartine, Reboul furent les inspirateurs de ses premières créations poétiques. Adolescent conquis par les mathématiques, il se plaisait à scruter, à tenter de comprendre l'univers. Plus tard, sa démarche d'observateur de la nature le conduira à vivre à l'écart de l'agitation des sociétés humaines mais ce savant profondément affectif, à la tête d'une nombreuse famille, aspirait à l'amitié travailleur infatigable, il n'en aimait pas moins rire et bien vivre. À l'Harmas de Sérignan, les œuvres de Rabelais étaient en permanence à son chevet : devant ses amis, il récitait, apprises par cœur, des pages racontant Panurge, Pantagruel et Gargantua. Fort de la connaissance des Anciens dont la mythologie était riche d'innombrables métamorphoses, Fabre, décrivant d'autres transformations des êtres, en biologiste exemplaire nous livre ici-même des chapitres qui ne sont pas moins remplis de merveilleux. Dans notre monde si souvent privé de ses hôtes et de ses mystères, les Souvenirs entomologiques devraient être mis entre les mains du plus grand nombre, et des jeunes en particulier, afin que les générations à venir soient incitées à remédier à cette redoutable méconnaissance qui frappe la plupart d'entre nous aujourd'hui à l'égard du monde vivant.

12/1989

ActuaLitté

Religion

"Mais que foutait Dieu avant la création ?"

Bien sûr, il y a blasphème à demander avec le dramaturge Samuel Beckett : "mais que foutait Dieu avant la création ?" Pourtant, c'est la question sous-entendue aux "blasphèmes" de Job, dans la Bible. L'église en propose la lecture lorsqu'elle fait prier les moines pour les morts. C'est le cri, l'appel, la plainte de tout être humain. C'est la préface de toute existence, de toute recherche scientifique et, finalement, de toute l'histoire. Se poser des questions révèle la grandeur et la misère de l'homme. Un animal se bat pour survivre. L'homme se demande pourquoi. On peut n'être pas d'accord sur la réponse. Il est au moins possible de s'entraider pour porter en commun les interrogations inévitables. Il ne s'agit pas de savoir si Dieu existe, ce n'est pas la première question. Mais pourquoi j'existe. Qu'est-ce qui a pris à Dieu de créer ? Pourquoi ne s'est-il pas contenté d'être Dieu ? Le bouddhiste et le musulman, le chrétien et le dilettante, l'artiste ou le révolté, le moine ou le débauché se rencontrent ici. Qu'ils s'expriment en creux ou en amitié, en nostalgie ou en paix, en négatif ou en positif, en révolte ou en adoration, l'interrogation est là. Il n'y a pas "d'avant" la création. Dieu est, mais Il n'est pas devant moi comme un autre. J'existe bien cependant, avec ma question et ma liberté devant Lui. "L'Amour n'a pas permis à Dieu de demeurer seul". Celui qui demande à l'amour ses raisons, aime peut-être déjà un peu moins. Reste que certains, poètes, philosophes ou mystiques, ont voulu en savoir un peu plus. Nous aussi.

01/1997

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Un mystère plus lointain que l'inconscient

Qu'y a-t-il dans le regard étonné que le nouveau-né pose sur le monde? dans le "pourquoi" insistant de l'enfant? dans la sidération de l'adulte à l'écoute d'une note, d'un rythme, d'un trait d'esprit inouïs? dans le vol suspendu du danseur? Le surgissement d'un nouveau radical qui va bien au-delà du renouveau lié à la remémoration d'un signifiant refoulé, tel que Freud l'avait formulé. Il est la clé d'un lieu auquel le mot ne donne pas accès et que Lacan situait " plus loin" que l'inconscient. Mais comment s'approcher d'un tel lieu? L'acte de création semble y mener lorsqu'il offre à notre perception de quoi appréhender l'invisible, l'inouï. Et n'y a-t-il qu'une réponse à cet étonnement? Quelles instances psychiques met-il en jeu? Pour répondre à ces questions, la religion offre une piste intéressante: le choix inconscient que provoque le nouveau radical sera celui de l'hérétique (qui veut que l'étonnement subsiste) ou celui de l'inquisiteur (qui veut le voir abdiquer). C'est ainsi que certains philosophes contemporains -tel Alain Badiou - sont conduits, au nom du dogme chrétien inventé par saint Paul, à ne voir qu'une imposture dans l'étonnante universalité des lois de la Parole données par Moïse. L'étonnement est ce qui cesse avec le dogme: lorsqu'il est la voie par laquelle le sujet entre en résonance avec la loi et l'outrepasse; lorsqu'il rend le complexe d'OEdipe plus complexe en le renvoyant à son ancêtre Dionysos, dieu de ce qui sonne et résonne; lorsqu'il donne accès au nouveau absolu délivrable par le réel.

04/2010

ActuaLitté

Littérature française

La femme qui avait deux bouches. Et autres récits

Le monde que j'ai fait mien, dont je me sens à la fois l'héritier et le dépensier, et qui doit beaucoup à l'Europe centrale, centre excentrique, cœur " oublié " de notre siècle (pensons au Golem, à Kafka, à Freud, à Stroheim, à Schiele, à Bartok) est évoqué ici par une constellation de formes brèves et variées - récits, nouvelles, fragments autobiographiques - indépendantes dans leur régime, gravitant librement autour d'un astre législateur éteint, celui du baroque, et abandonnées en somme à la nuit. La plupart de ces récits critiquent l'état des choses et la marche du monde réel, quitte à côtoyer des états critiques de la raison : des machines nous soupèsent et nous jugent, des vampires et des ogres donnent des interviews, des spectres se font servir des restes dans une auberge, des hommes parlent en sifflant, un autre en riant, une cantatrice se divise ou se multiplie dans la double voix, la double parole, que lui offrent ses deux bouches, etc. D'autres de ces récits disent les métamorphoses dune conscience douce et douloureuse, toujours prête à me quitter et toujours de retour. Pour que chacun de ces écrits soit le reflet d'un monde, il fallait, bien sûr, que chacun de ces mondes soit une écriture. Tout en y travaillant, je me répétais à moi-même, en guise de légende, leur possible sous-titre commun : Histoires de goût, façons de parler. Et toujours il s'agissait d'abus : abus de nourriture et de boisson, et abus de langage, abus de tout ce qui entre et sort du corps par la bouche, jusqu'au dernier souffle. Ivresse des mets, ivresses des mots. Mais qu'on se rassure : l'abus de la littérature n'est pas dangereux. C'est la modération qui est mortelle. Alain Fleischer

08/1999

ActuaLitté

Policiers

Faux-semblants

Oslo, au coeur de la nuit. Le corps sans vie d’une jeune femme est retrouvé dans une benne à ordures. Nu, le cadavre a été soigneusement enveloppé dans un film plastique, les parties génitales ébouillantées, comme si l’on avait cherché à masquer une quelconque trace de viol. Dépêché à l’institut médico-légal, l’inspecteur Frank Frolich est chargé de l’enquête. Quand il découvre le visage de la victime, son trouble est manifeste. Cette femme, il ne la connaît que trop bien : la veille, il l’a arrêtée en flagrant délit mineur de possession de stupéfiants avant de la croiser quelques heures plus tard au bras d’un vieil ami d’enfance perdu de vue depuis des années et qui célébrait son mariage. On dit souvent que la mariée est trop belle. Celle-ci semble trop mystérieuse… Tiraillé par ce conflit d’intérêt, et alors qu’une nouvelle affaire éclate avec la disparition d’une jeune étudiante ougandaise, Frank Frolich se rend vite compte qu’il va devoir replonger dans les moments troubles de son adolescence pour trouver les clés du mystère… Pour la troisième enquête de Gunnarstranda et Frolich, Dahl a décidé de mettre la focale sur Frolich, son héros le plus sombre et le plus torturé. Dans ce roman de la divagation et de la dissimulation, nous sommes face à des personnages en rupture, en fuite dont la psychologie est un mélange explosif de rationalité, de passion et de superstition. Pas de course-poursuite pétaradante, mais une progression psychologique en creux, pas à pas, comme si nous levions le voile sur les traumatismes de la jeunesse et les secrets sur lesquels nous nous construisons. Traduit du norvégien par Alain Gnaedig.

01/2012

ActuaLitté

Sociologie

Marché au sexe

Aucun amateur de cuisine épicée ne se verra privé de liberté ou victime d'ostracisme pour avoir satisfait ses papilles gustatives. En revanche, on peut être jeté en prison pour trop aimer les chaussures en cuir. De même, l'homosexualité, le sida, la pornographie, le transsexualisme, et aujourd'hui la pédophilie, donnent-ils lieu à ce que Gayle Rubin appelle une " panique sexuelle ". Chaque panique désigne une minorité sexuelle, généralement inoffensive, comme population-cible. Au terme du processus, celle-ci se trouve décimée, et la société tout entière, juridiquement et socialement, réorganisée. Gayle Rubin a jeté les bases d'un champ autonome d'études sur le sexe où désir, jouissance et diversité érotique, pourraient trouver leur raison théorique et politique. Les trois textes publiés ici s'inscrivent dans une filiation politique (le féminisme, la nouvelle gauche, les luttes antiracistes, les luttes pour les droits civiques) et théorique (les sexologues, Freud, Lacan, Marx, Foucault, Derrida). Les paradigmes ne valent rien sans l'enquête de terrain, et rien non plus s'ils ne s'actualisent en choix de stratégie et de tactique politiques. L'ensemble s'éclaire du partiel, le partiel de l'ensemble. Nous sommes loin ici du communautarisme béat qu'on prête parfois en France aux intellectuels américains. Qu'on lise les critiques acerbes de Judith Butler sur les replis identitaires : les lesbiennes n'ont rien d'autre en commun que leur expérience du sexisme et de l'homophobie. Ou ses réserves sur le coming out : " La sexualité reste-t-elle sexualité quand elle est soumise à un critère de transparence et de révélation ? Une quelconque sexualité serait-elle possible sans cette opacité qui a pour nom inconscient ? " Gayle Rubin et Judith Butler soulignent constamment la nécessité de ne pas troquer une violence contre une autre, une démonologie religieuse contre une démonologie laïque, laissant ainsi sa chance à l'érotologie moderne.

04/2002

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Génésique. Féminologie III

Voici enfin en édition de poche le troisième recueil d'essais de féminologie d'Antoinette Fouque, paru initialement en 2012, après "Il y a deux sexes. Féminologie I" (Gallimard, coll. " Le Débat ", 1995 –2004 ; Folio 2015) et "Gravidanza. Féminologie II" (éditions des femmes-Antoinette Fouque, 2007) qui paraît en même temps au même format de poche. " La pensée qui m'a poussée à agir, en créant le Mouvement de libération des femmes en octobre 1968 avec Monique Wittig et Josiane Chanel, questionne [...] la compétence de procréation de toute femme comme productrice de richesse, comme moteur de l'évolution de l'Homo erectus à aujourd'hui ", écrit Antoinette Fouque en introduction à "Génésique". Dans cet ouvrage, qui regroupe des textes écrits entre 1974 et 2012, elle poursuit son questionnement sur ce qu'est une femme, à travers une pensée originale de la gestation comme " paradigme de l'éthique " c'est-à-dire de l'accueil de l'autre, de l'hospitalité charnelle. De la gestation pour autrui comme levant " la forclusion sur le corps d'une femme comme producteur de vivant ", à l'élaboration d'une écologie humaine qui n'oublie pas que le premier environnement de l'être humain est le corps d'une femme, et s'attache à souligner la transmission entre mère et fille, Antoinette Fouque pose les bases d'une alternative à l'économie phallique dominante et affirme : " Libérer la libido creandi de chaque femme, c'est donner sens, signification et orientation, à ce qui vient, à l'Avenir. Du creux du corps à la sculpture la plus accomplie, de l'oeuvre d'être à l'oeuvre d'art, la génésique, à la fois nature et culture, transcende la capacité spécifique des femmes en compétence symbolique, en mouvement de civilisation. "

01/2021

ActuaLitté

Littérature étrangère

Dora la dingue

"Je ne sais pas comment, mon père s'est mis dans la tête que j'avais besoin d'un psy", se demande Ida, adolescente en crise qui décide un soir de se raser le crâne avant de passer à table, au grand dam de son père, volage et égoïste, et de sa mère, dépressive et alcoolique, qu'elle surnomme M et Mme Pharmazombie. Ida, ou plutôt Dora comme l'ont rebaptisée ses amies, double clin d'oeil à Dora l'Exploratrice et à la Dora de Freud, jeune patiente hystérique que le célèbre Sigmund a soignée en 1901, se voit ainsi obligée d'aller consulter un psychanalyste, qu'elle surnomme ironiquement Sig. Et Sig a du pain sur la planche car Dora souffre de toux persistante, d'évanouissements intempestifs et d'aphonie psychosomatique au moindre geste d'affection ou de désir à son égard. Gênant, surtout lorsque Obsidienne, amie dont Dora est secrètement amoureuse, tente de l'embrasser. Petite sueur du Tyler Durden de Fight Club, Dora conçoit l'analyse comme un combat de boxe mental qu'elle doit absolument remporter, et à chaque uppercut psychanalytique du vieux Sig, Dora riposte en prenant des poses lascives pour le déstabiliser. On suit hilare, choqué et fasciné, les aventures de Dora et ses amis (Obsidienne, mystérieuse Amérindienne ; Marlene, transsexuel rwandais féru de littérature érotique ; Little Teena, rouquin gay de 141 kilos, et Ave Maria, blonde maigrichonne s'exprimant uniquement par vocalises) qui lancent des raids artistiques dans les centres commerciaux ou prennent en filature Sigle psy en le filmant après avoir émietté 5 viagras dans sa tisane. Roman classique sur l'adolescence ? Bien au contraire... Dora la Dingue est un concentré de folie, un hymne aux décalés, aux névrosés du monde entier, dont Dora est l'électrique et inoubliable porte-parole.

10/2013

ActuaLitté

Littérature française

Fleur de tonnerre

C’était au temps où l’esprit des Lumières et le catéchisme n’avaient pas soumis l’imaginaire populaire aux lois de la raison et du Dieu unique. Partout en Bretagne, dans les forêts et les landes, sur les dunes fouettées par les vents fous de l’Atlantique, couraient les légendes les plus extravagantes. Le soir, au creux des fermes, on évoquait inlassablement les manigances des êtres surnaturels qu’on savait responsables de la misère et des maux qui frappaient sans relâche. De tous, l’Ankou, l’ouvrier de la mort, était le plus craint, et c’est cette terrible image qui frappa avec une violence inouïe l’esprit de la petite Hélène Jegado. Blottie contre le granit glacé des gigantesques menhirs, l’enfant minuscule se persuada qu’elle était l’incarnation de l’Ankou. Elle devait donc tuer tous ceux qui se trouveraient sur sa route et remplit sa mission avec une détermination et un sang-froid qui glacent le sang. Après avoir empoisonné sa propre mère qui l’avait surnommée « Fleur de tonnerre », elle sillonna la Bretagne, éliminant sans la moindre hésitation tous ceux qui accueillaient avec bonheur cette cuisinière si parfaite. Elle tuait tout le monde, hommes, femmes, enfants, vieillards et nourrissons. Elle empoisonnait dans les maisons, dans les presbytères, dans les couvents, dans les bordels. Et elle était si bonne, si compatissante aux chevets des mourants, que personne ne pouvait soupçonner un seul instant son monstrueux dessein. Au contraire, on plaignait cette personne si dévouée que la malchance conduisait toujours dans des familles victimes de la guigne. À laisser trop de traces, elle finit par se faire prendre, le jour où elle s’attaqua à un ancien juge, expert en affaires criminelles. Hélène Jegado reste la plus grande « serial killer » de France et, sans doute, du monde entier.

03/2013

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Soi-même comme un roi. Essai sur les dérives identitaires

Le déboulonnage des statues au nom de la lutte contre le racisme déconcerte. La violence avec laquelle la détestation des hommes s'affiche au coeur du combat féministe interroge. Que s'est-il donc passé pour que les engagements émancipateurs d'autrefois, les luttes anticoloniales et féministes notamment, opèrent un tel repli sur soi ? Le phénomène d'" assignation identitaire " monte en puissance depuis une vingtaine d'années, au point d'impliquer la société tout entière. En témoignent l'évolution de la notion de genre et les métamorphoses de l'idée de race. Dans les deux cas, des instruments de pensée d'une formidable richesse - issus des oeuvres de Sartre, Beauvoir, Lacan, Césaire, Said, Fanon, Foucault, Deleuze ou Derrida - ont été réinterprétés jusqu'à l'outrance afin de conforter les idéaux d'un nouveau conformisme dont on trouve la trace autant chez certains adeptes du transgenrisme queer que du côté des Indigènes de la République et autres mouvements immergés dans la quête d'une politique racisée. Mais parallèlement, la notion d'identité nationale a fait retour dans le discours des polémistes de l'extrême droite française, habités par la terreur du " grand remplacement " de soi par une altérité diabolisée : le migrant, le musulman, mai 68, etc. Ce discours valorise ce que les identitaires de l'autre bord récusent : l'identité blanche, masculine, virile, colonialiste, occidentale. Identité contre identité, donc. Un point commun entre toutes ces dérives : l'essentialisation de la différence et de l'universel. Elisabeth Roudinesco propose, en conclusion, quelques pistes pour échapper à cet enfer. Historienne, Elisabeth Roudinesco est l'auteur de livres qui ont fait date sur l'Histoire de la psychanalyse en France, Jacques Lacan, Sigmund Freud (Prix Décembre 2014), la famille, etc. Elle est traduite dans le monde entier.

ActuaLitté

Economie

Histoire de l'analyse économique. Tome 2, L'âge classique (1790 à 1870)

J. A. Schumpeter (1883-1950) a été l'un des derniers grands économistes capables d'embrasser toute l'histoire de l'économie, celle de son temps et celle du passé. Il s'en était préoccupé de bonne heure : avant 1914, il avait rédigé, pour un ouvrage collectif dirigé par Max Weber, une Esquisse de l'histoire de la science économique. Il devait y revenir, après avoir écrit Business Cycles (1939) et Capitalism, Socialism, and Democracy (1942), et consacrer les neuf dernières années de sa vie à la préparation de cette History of Economic Analysis, qui parut en 1954, après sa mort. Non seulement la science de Schumpeter est immense, mais son style, son ton, la finesse de ses aperçus appartiennent à l'un des très grands hommes de culture de notre siècle, parfait représentant de "l'école autrichienne " et contemporain spirituel de Freud, Wittgenstein, Musil, Zweig, Mahler, Schànberg... Selon Schumpeter, la science économique se caractérise par la maîtrise, dans le domaine économique, de l'histoire, de la statistique et de la théorie. " Il serait illusoire, écrit-il, d'espérer que l'on comprendra quoi que ce soit aux phénomènes économiques [...] sans maîtriser suffisamment les données historiques. Il est de fait que les erreurs fondamentales qu'on commet aujourd'hui en analyse économique sont plus souvent dues à un manque d'expérience historique qu'à toute autre lacune de la formation des économistes ". La véritable culture économique exige donc de combiner la Vision historique avec la maîtrise des techniques d'observation et des modèles théoriques. Et ce livre explique comment, par des synthèses successives, s'élabore et progresse réellement la connaissance. Deux notions, que Raymond Barre dégage dans sa préface, en éclairent la lecture : celle de filiation des idées scientifiques ; et celle de situation classique, où les progrès de l'analyse se coordonnent et se consolident.

01/2004

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Essais d'anthropologie psychanalytique. Tome 2, Le symptôme et l'esprit du temps : Sophie la menteuse, la mélancolie de Pascal... et autres contes freudiens

Soutenir contre la théorie évolutionniste qu'il faut en urgence retourner à Freud et au Lacan structuraliste implique qu'il faille ouvrir la porte du cabinet du psychanalyste pour repartir de l'analyse du cas et montrer ce que l'actualité des formes du malaise subjectif doit à l'évolution de la culture et aux inhibitions, symptômes, angoisses, délires qui, de manière très classique, se déduisent de la clinique des structures freudiennes (Névrose, Psychose, Perversion) et donc en confirment la brûlante actualité. De ce point de vue, la manie-des-toxiques est paradigmatique de ces nouvelles formes du malaise recouvrant le travail des structures freudiennes, comme le montrera l'analyse des inhibitions de Norman, du délire de Kodjo ou de la perversion de Gaël s'exprimant dans sa passion toxique pour le rhum, mais aussi son fétiche de cuir dont il fait des manteaux comme pour nous mettre sur la piste du fétichisme de la marchandise, et plus largement sur celle des ressorts inconscients de la fabrique des objets de la culture dont la dette envers la sublimation, les dispositifs de recherche de plus de jouir et, plus généralement, les logiques de la perversion est immense. Ce que montrent de manière exemplaire l'écriture du journal intime de Sophie la menteuse - l'enfant fétiche de la mère -, l'analyse de la nocivité de l'oeuvre d'art et aussi... tous les autres contes freudiens qui forment le second volume de ces Essais d'anthropologie psychanalytique, partant cette fois de la clinique du cas vers celle de la culture et trouvant leurs conclusions dans Les leçons cliniques de Socrate, où Lacan aperçoit l'émergence des formes de l'amour en Occident et donc les formes originaires du transfert, Socrate dont Lacan fait du même mouvement le patron des psychanalystes. Lacan : un génie quoi !

03/2015

ActuaLitté

Critique littéraire

Le mal absolu. Au coeur du roman du dix-neuvième siècle

Existe-t-il un point commun, dans cette surprenante galerie de portraits, entre le hardi Robinson et la lunaire Jane Austen, entre le vertigineux Thomas De Quincey et l'enfant terrible Pinocchio, entre les yeux d'Emma Bovary, les chevaux de Leskov et les petites filles de Lewis Carroll ? Ou bien entre le rire de Dickens et ses incursions dans les ténèbres, la pitié infinie de Dostoïevski, la vitesse et la grâce parfaite de Stevenson, les labyrinthes aériens des phrases de Henry James et les descentes de Freud dans l'Hadès tout au long des nuits au cours desquelles il écrivit L'Interprétation des rêves ? Ce qui relie ces écrivains et ces personnages, parmi bien d'autres rencontrés dans ce livre, ce n'est pas seulement leur apparition au cœur d'une époque marquée par l'apogée du roman et par des bouleversements considérables. C'est aussi le regard subtil de Pietro Citati, son intérêt passionné pour les défis de l'esprit et les aspects multiples de l'existence, son aptitude à accueillir en lui la multitude des visages et des voix qui hantent les écrivains et leurs livres. C'est enfin le fil rouge qui court à travers ces pages : Balzac, Poe, Dumas, Hawthorne, Dostoïevski, Stevenson et presque tous les grands romanciers du XIXe siècle sont attirés par une image, celle du Mal absolu. Non pas le mal étriqué et monotone de la réalité quotidienne, mais le mal fascinant que semblent diffuser les grandes ailes sombres, encore imprégnées de lumière, de Satan et des anges déchus. Car ce siècle est aussi celui du retour de Satan qui séduit, corrompt et tue, aussi magnétique et irrésistible que Stavroguine dans Les Démons. Il tend à s'identifier au Tout, jusqu'à ce qu'il révèle n'être rien d'autre que le vide vertigineux et sans bornes qui hante la conscience moderne.

03/2009

ActuaLitté

Animaux, nature

Souvenirs de chasse

"J'avais seize ans et mon premier permis quand, accompagné d'un ami de mon père, un commandant au sourire doux, je pénétrai pour la première fois dans un maïs enchanté. C'était un champ de trois hectares, noyé d'eau. Les bécassines, bloquées par le brouillard, se tenaient au sec à la façon des piverts, en s'accrochant sur les débris de tiges. Je n'avais pas fait 10 mètres qu'une bande d'oiseaux défila par le travers comme un volier de bécasseaux. J'en ramassai quatre d'un seul coup de fusil. Coup de filet inespéré, car, par la suite, les bandes s'étant disloquées, j'enfumai toutes les isolées qui passèrent à ma main. Le commandant, qui tirait avec expérience et sang-froid, réalisa le tableau de sa vie. Cette féerie dura peu de temps. Une demi-heure après le début des hostilités, un rayon de soleil finit par percer et la crasse s'évanouit en quelques minutes. Je saluai, toujours sans réussite, quelques oiseaux qui montaient vers l'azur, heureux d'une liberté retrouvée. Le dernier me laissa une plume blanche qui atterrit presque à mes pieds, au creux d'une feuille couleur de tabac. J'ai conservé ce souvenir d'une journée historique". Ecrivain et journaliste de talent, Eric Joly raconte ses souvenirs et ses anecdotes cynégétiques. De ses premiers canards au bord de la Loire à ses chasses en Irlande, à travers la France ou au Maroc, il fait partager avec sensibilité et humour les coups heureux ou maladroits que connaissent tous les chasseurs. Les gibiers, les chiens, les armes et les chasseurs... une belle marche au rythme des saisons, de la lumière et des paysages.

01/2004

ActuaLitté

Littérature française

La Geste des Jartés. Chanson

"Une PME en difficulté, des salariés qui s'angoissent pour leur avenir, un nouveau P-DG qui arrive, un groupe acharné à rétablir des profits : pour mettre en scène cette réalité sociale tragique et banale, et faire entendre les voix de tous ses acteurs, des plus hauts placés aux "gens sans importance" qui en sont les victimes, j'ai choisi la chanson de geste la plus ancienne forme narrative de notre langue. Elle s'est imposée par sa souplesse et par la liberté qu'elle me donnait de me déplacer à travers toutes les couches du français des plus archaïques aux plus modernes, des chants de trouvères aux slams. Si j'ai choisi l'édition comme univers, ce n'est ni politique ni hasard ; c'est parce que j'ai voulu suivre à ma façon, humblement, le précepte tchekhovien de ne pas parler de ce que je ne connaissais pas ; ainsi souvenirs et rencontres se sont-ils transformés, et les voix se sont-elles mises à résonner, chacune avec sa misère, son rêve, sa peur, son espoir. Au cours de l'écriture, j'ai vu y passer les ombres de beaux ancêtres, certains anonymes, et Turoldus aussi, qui chanta Roland, Durandal, Olivier et les preux celles de Rabelais et de La Fontaine, qui m'a prêté l'un de ses deux pigeons, bien mal en point, et suggéré avec malice l'intrusion d'un hamster. Dans cette geste, il est question de sujets sérieux ; licenciements, harcèlement sexuel et le champ de la bataille annoncée (ce qu'on appelait la rencontre des hommes dans le fracas des armes et le jaillissement vermeil du sang) est un comité d'entreprise. L'excès y passe, le grotesque, le pathétique ; j'en garde avec les rires le goût âcre des larmes".

10/2013

ActuaLitté

Poésie

La nuit ne finira jamais

Dans sa poésie, Denis Emorine incarne la Voix prophétique d'une inspiration souvent ancrée à l'Est. Il est le petit frère des très grandes Marina Tsvetaeva et Anna Akhmatova. Cette inspiration, à la fois française et russe, est unique. "La mort vient de l'Est" , leitmotiv douloureux, traverse ses livres, dessinant une sorte de pèlerinage, de chemin de croix même, véritable labyrinthe hallucinatoire dans lequel la mort exhibe le filigrane d'un passé vécu par Emorine - parfois par procuration - comme une torture. Selon moi - j'ignore s'il s'agit d'un compliment - Denis est un écrivain russe de langue française d'une grande sensibilité. L'amour et la mort s'affrontent dans son coeur en un combat destructeur. Le passé rejoint le présent, la fiction la réalité, l'Histoire est toujours tragique. De cette lutte fatale, il ne sortira jamais vainqueur, le Nitchevo ((? ??? ? ? ), qui alourdit ses épaules l'en empêche. Ce combat est celui de Sisyphe : la marque du conflit déchirant entre l'esprit latin et l'atavisme slave d'un écrivain singulier dont l'exil (vécu comme tel) dans sa langue maternelle est un véritable stigmate, gravé dans sa chair. Qui d'autre prolongerait un vers de Marina Tsvetaeva par un poème-requiem ? Qui parlerait de "la Russie qui palpite en nous/au creux de la paume" ? Ou du "train de la mort /qui caracole vers l'Est" , allusion pudique à la déportation ? J'envie les femmes, toujours associées à la mort, célébrées par le poète. Egéries dont la fascination irrigue ce recueil ; sans oublier une "jeune femme brune aux yeux bleus" qui n'est autre que la mère du poète. Cette évocation m'a mis les larmes aux yeux parce que son fantôme imprégnera l'âme de son fils à jamais... Igor Zourine

10/2019

ActuaLitté

Animaux, nature

Dictionnaire des chiens illustres à l'usage des maîtres cultivés. Tome 2, Chiens de fiction et portés en fiction

Au Dictionnaire des chiens illustres, réels, fait suite ici le dictionnaire des chiens façonnés par l’imagination des hommes dans le cadre des religions, de la littérature, de la bande dessinée ou du cinéma. Ainsi, du côté de la mythologie, souvenons-nous du féroce Cerbère, chien aux trois têtes, impitoyable gardien des Enfers pendant que pour les parsis de l’Inde, deux chiens gardent le pont Chinvat, passage obligé de l’âme vers le Paradis. Saint Christophe figurait un géant à tête de chien dans la légende orientale et saint Antoine appelait ses "frères", les animaux. Du côté de la littérature, avant de désigner nos fidèles compagnons, qui étaient Médor, Mirza ? Un preux chevalier et une grande amoureuse. De qui ? d’Azor. Qui ne connaît pas Croc Blanc et Buck, héros canins de Jack London ? Avec Jules Verne viennent Dingo, Satellite, Tiger Top, etc. Sans oublier, pour Colette, Toby le chien, ou encore Aïcha, pour Céline. Qui sont Rab, Patrasche, Beautiful Joe, Mou Mou, Mademoiselle Cocotte, Douchka, Boomerang ? La bande dessinée a de son côté immortalisé Milou, Pif, Kador, le chien des Bidochon, Rantanplan aux côtés de Lucky Luke, Idéfix le chien d’Obélix. Et Snoopy. Impossible de les oublier, parmi tant d’autres ici présentés. Le plus célèbre chien du cinéma RinTinTin a été trouvé en France, à Toul, pendant la Première Guerre mondiale. Sait-on qu’il sauva la compagnie Warner de la faillite, participa à un des tout premiers spots télévisés, et qu’il est enterré en France à Asnières ? Enfin, personne n’a oublié Uggie le désopilant Jack Russell partenaire de Jean Dujardin dans The Artist, en 2011. Ainsi, au-delà des 101 dalmatiens, ce sont mille et un chiens de fiction prêts à nous faire rêver dont on dévoile ici la grande et la petite histoire. Un grand dictionnaire de référence s’imposait !

10/2013

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Le symptôme-charlatan

Le symptôme freudien est un savoir, et qui pourrait parler. Mais il y faut la croyance, dit Lacan. Sur quoi porte-t-elle ? Sur le sens qu'il recèlerait, et qui serait à déchiffrer. Pourtant, le symptôme est aussi ce qu'il y a de plus réel dans la cure analytique : il résiste, on s'y cogne, on n'en peut mais, une répétition inexorable le soutient, le sujet sans cesse en souffre et en jouit. D'où la question récurrente dans le dernier enseignement de Lacan : puisqu'il y a du sens dans la jouissance, se pourrait-il qu'il y ait du sens dans le réel ? - alors que la " notion " même du réel exclut le sens. C'est une mise en question des fondements mêmes de la psychanalyse - bien plus radicale, bien plus méchante et pertinente, que les critiques éventées, édentées, qui ne lui ont jamais manqué. Que Freud ait été un charlatan, il n'y a que des imbéciles pour le croire, que des négationnistes pour le dire. La vraie question n'est pas celle-là, mais bien que le symptôme lui-même est charlatan. Un réel qui parle et qui ment, voilà à quoi nous avons à faire dans l'analyse. Comment le penser ? Comment s'en débrouiller ? Les post-modernes avaient cru se débarrasser du réel dans le même temps qu'ils dépréciaient la vérité (" il n'y a que des interprétations "). Ils ont en définitive nourri le nouveau bon sens, sceptique et technicien. L'heure est aux sagesses orientales, libérales, et aux Lifestyle Drugs-Prozac, Viagra. La voie lacanienne n'a rien à voir avec des idéaux d'anesthésie. Elle discrimine entre le semblant et le réel. Elle élabore le réel spécial qui est celui de la clinique : " l'impossible à supporter ".

05/1998

ActuaLitté

Littérature française

L'évanouie

Les voix de trois personnages constituent ce roman. S'élevant tour à tour, elles vont peut-être donner les clefs de trois destinées anonymes. La première est celle d'un homme, qui va s'apercevoir de la disparition de sa mère. Convaincu qu'elle se fait soigner à l'hôpital où il l'a conduite, jusqu'à la porte seulement, il est retourné à ses travaux qui portent sur un auteur latin inconnu, prédécesseur selon lui de Freud et de toute la psychologie moderne. Non seulement sa mère a disparu, mais elle a soigneusement organisé ce départ pour l'inconnu : elle s'est évanouie. La deuxième voix est celle de cette femme. Pour des raisons qu'elle ne donne pas, elle est venue habiter loin de son fils, dans un hôtel modeste. Elle se veut seule. Mais la solitude est-elle possible ? Dans le square où elle se rend chaque fois que sa maladie lui en laisse les forces, et pendant que son fils se livre à de vaines recherches, elle rencontre un vieil homme. Entre eux se nouent, presque sans paroles, des rapports si étroits et si confiants qu'elle accepte d'aller vivre, ou plutôt mourir, chez lui. Le vieil homme parle aussi. Alors qu'il croyait ne plus se soucier que de lui-même, le voici qui se consacre à cette amie rencontrée par hasard, obéissant à un sentiment dont il ne comprend la nature qu'au dernier instant. Reste le fils. Il apprend la mort de sa mère le jour même où il s'aperçoit que ses travaux n'ont aucune valeur. Héritier surpris du vieil homme, il va s'installer dans l'appartement où sa mère est morte, pour y répéter sans doute les gestes d'un homme qu'il n'a pas connu.

10/1985

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Une vie à soi

Ce livre a été écrit, il y a plus de cinquante ans, par une jeune femme qui le publia sous le pseudonyme de Joanna Field. Marion Milner qui n'était pas encore la grande psychanalyste qu'elle est devenue, auteur de ce beau livre qu'est Les mains du dieu vivant, tenait depuis l'âge de vingt-six ans son diary où elle consignait ce qu'elle croyait être "la meilleure chose de la journée" et entretenait l'espoir d'y découvrir "ce qu'elle désirait vraiment" . Curieuse tentative que ce journal et le livre qu'il inspira ensuite. L'auteur jouit d'une bonne santé, à des amis et un métier intéressant. A peine souffre-t-elle de difficultés de concentration. Elle est bien dans la vie, mais voilà, ce n'est pas la sienne. Elle se sent à côté d'elle-même. Alors elle établit des listes - ce que j'aime, ce que je hais, ce qui me fait peur...; elle écrit ses pensées sans contrôler leur direction; elle explore les moments où le plaisir vient et disparaît; parfois elle part d'un mot qu'elle laisse dériver selon la phonétique. Le lecteur accompagne la jeune femme dans sa quête incertaine et son enquête attentive, obstinée. Il est rare de voir quelqu'un rapporter pas à pas comment il a découvert l'existence de l'inconscient, ici partout à l'oeuvre sans être nommé, ou de la bisexualité, ou encore de ce que Conrad appelait l'élément destructeur. C'est une personne bien attachante qui se profile dans ce journal d'une âme, fraîche et franche. Comme on dit familièrement, Marion Milner, c'est quelqu'un. Et, pour paraphraser Freud, quand quelqu'un écrit, sans se cacher derrière les mots, et seul dans sa nuit, il fait clair.

04/1988

ActuaLitté

Critique littéraire

Choderlos de Laclos

Les Liaisons dangereuses paraissent le 7 avril 1782. En quelques jours, on s'arrache le roman chez les libraires. Est-ce le catéchisme d'un moraliste ou le bréviaire d'un libertin ? L'opinion publique se divise et chacun cherche à découvrir les personnes qui se cachent derrière les héros. L'auteur est Pierre-Ambroise Choderlos de Laclos, officier d'artillerie. C'est à peine si le public le connaît pour un opéra-comique dont il écrivit le livret et qui fut un " four ". Sa vie pourtant est un roman : homme de lettres, il devient politique. Conseiller du duc d'Orléans en 1789, est-il un citoyen vertueux désireux de réformer l'État et la société ou bien, " Homme noir ", un " roué " qui fomente des complots et organise des insurrections ? Directeur du Journal des Amis de la Constitution, il est l'un des membres importants du club des Jacobins. Militaire, il aide Danton à défendre Paris en septembre 1792 et contribue à la victoire de Valmy. Savant, il invente le boulet creux : l'obus moderne. Homme des Lumières, il rêve d'une cité où la femme trouverait la place qu'elle mérite. En 1793, victime de la Terreur, il connaît les geôles et l'angoisse du petit matin des exécutions. Dans la correspondance qu'il entretient alors avec sa femme, il apparaît bon époux, bon père et révolutionnaire malgré tout. Sous le Directoire, il est haut fonctionnaire et participe à la prise de pouvoir de Bonaparte. Celui-ci le réintègre dans son grade de général et l'envoie en mission en Italie où il meurt le 5 septembre 1803. " Enfer et ciel mêlés ", lumières ici, ombres là, homme-labyrinthe, Laclos est un séducteur qui, à deux siècles de distance, captive encore.

09/2003

ActuaLitté

Beaux arts

Ouvrir Vénus. Nudité, rêve, cruauté

Botticelli, poète et orfèvre de Vénus : c'est ainsi que nous regardons encore, et à juste titre, le célèbre tableau que Laurent de Médicis commanda au peintre vers 1484, La Naissance de Vénus. C'est ainsi que nous nous représentons l'idéal du nu que la Renaissance florentine fit revivre à partir de modèles antiques, telle la Vénus des Médicis. Ce livre propose un contre-motif : Botticelli, bourreau de Vénus. A travers un réexamen des sources littéraires, le lecteur découvrira comment, dès le Quattrocento, l'image de la nudité forme un ensemble impur, inquiet, menacé et menaçant tout à la fois. Humiliation ou damnation chrétiennes (Botticelli a écouté les sermons de Savonarole, illustré l'Enfer de Dante), sadisme ou métamorphoses des thèmes païens : une analyse de quatre panneaux illustrant un conte cruel de Boccace fera découvrir comment, chez le grand peintre, la nudité se tresse de cruauté et la beauté de malaise, en un travail formel qui puise dans le rêve et dans le fantasme ses opérations fondamentales. Botticelli repensé avec Freud, avec Bataille, voire avec Sade ? L'anachronisme n'est qu'apparent. Car c'est d'un même instrument que le peintre se montre tout à la fois l'orfèvre et le bourreau de Vénus : c'est bien avec son style qu'il incise et qu'il ouvre, froid et cruel, l'image du corps féminin. De plus, l'humanisme médicéen, dans la longue durée de son histoire, révèle ici toute son ambivalence, déjà notée par Aby Warburg : entre la Vénus des Médicis du musée des Offices et la Vénus des médecins du musée anatomique de Florence (1781) il n'y a que le mouvement structural, historique et esthétique d'une nudité offerte transformée inexorablement en nudité ouverte.

11/1999

ActuaLitté

Faits de société

La Fureur Delire

Marc Delire est le parfait trublion de notre paysage audiovisuel. Petit, il a lâché à sa mère : "Mon rêve est d'être reconnu à la caisse du GB. ". . Pari relevé. Les ménagères sont capables de mettre un nom sur ce crâne chauve omniprésent sur nos chaînes de télé. L'homme ne connaît pas les nuances de gris. "Je trace ma voie, je n'écoute que moi, je ne fais pas ce métier pour être populaire". Il a ses adeptes, les téléspectateurs qui apprécient sa voix un rien rocailleuse, ses phrases chocs, ses questions provocatrices, ses analyses au scalpel. Et ses détracteurs. Il a déjà dû être escorté pour entrer dans certains stades. Des fans d'Anderlecht ont voulu lui faire la peau. Des supporters du Standard l'ont carrément menacé de mort. Il a trouvé, un jour, ce petit mot coincé sous son essuie-glace : "Fais gaffe, on sait où tu habites". Marc Delire est le plus clivant des commentateurs belges, c'est le meilleur résumé. La carrière de cet étudiant compliqué à gérer, cauchemar pour les surveillants de son pensionnat, a commencé sur un énième coup de bluff. Il est entré à la RTBF en falsifiant un diplôme de journaliste. Quelques années plus tard, il a claqué violemment la porte de la chaîne publique, parce qu'il vomit l'immobilisme et les discours qui sonnent creux. Dans cet ouvrage, Marc Delire décortique les péchés capitaux de l'univers du football et du monde de la télé. Il raconte ses sorties jusqu'au bout de la nuit avec Maurane et son pote namurois Benoît Poelvoorde mais aussi ses rencontres improbables avec un vice-président américain, Johnny Hallyday et son idole absolue, Serge Reggiani. La confession de cet homme entier est une pépite.

11/2022