Souvenirs de voyage

On connaît Vassili Grossman pour son gros chef-d'oeuvre, Vie et destin, écoutable sur l’appli Radio France, et la folle histoire de sa publication : édité près de 20 ans après la mort de l’auteur russe dans une petite maison suisse, l’Âge d’Homme, grâce à l’acheminement clandestin de microfilms de l’Union soviétique.

On connaît moins ses autres textes. Les éditions Calmann-Lévy en éditent deux et rééditent un troisième : Tout passe, testament de l’écrivain également publié de façon posthume, et cri de liberté dans la Russie post-Staline et Beria ; ses carnets de guerre, et Souvenirs et Correspondance.

Ce dernier ouvrage rassemble extraits de sa correspondance et de ses carnets de guerre, mais aussi des archives de l’écrivain, dont certaines inédites, agrémentés des souvenirs de son fils adoptif, Fédor Gubern, et d'une préface de Tzvetan Todorov. Pointe la mélancolie d’un artiste qui a cru en l'idéal communiste.

24 octobre 1957 : “J’ai inventé un adage populaire : “Ne chante pas trop tôt, petit oiseau, on viendra t’arracher les œufs du nid. Ce n’est pas une pensée, c’est juste comme ça…” 

(Dans le langage populaire russe les œufs désignent les testicules).

Suivez Maitre Renard et Ferdinand Taupe dans une véritable course contre la montre à la recherche des souvenirs de ce dernier. À travers leur chère forêt de Bellécorce, grâce à de vieilles photographies, ils vont tout faire pour retracer l’histoire de Ferdinand avant que la terrible maladie de l’Oublie Tout ne l’emporte pour de bon…

Un roman touchant et plein de douceur, à travers un décor original, gourmand et chaleureux. Une parenthèse enchantée qui, malgré les sujets difficiles de la maladie d'Alzheimer, du deuil et de la perte de mémoire, sait nous transporter dans une véritable épopée forestière.

Le texte poétique est accompagné d’illustrations tout aussi touchantes qu’enchanteresses de Sanoe. C’est un ouvrage à mettre entre toutes les mains, celles des petits comme celle des grands, un véritable coup de coeur...

Il y a des auteurs dont la magie des motssurgit à la lecture des premières lignes d'un texte. fait parti de ces auteurs dont les histoires s'animent devant vos yeux comme un merveilleux conte.

L'aventure débuteunbeau matin, sous le soleil d'un mercredi de printemps.Marie-Apolline regarde sa mère partir chez le coiffeur et tandis qu'elle se retrouve seule avec son frère dans l'appartement, elle contemple les toits de Paris. Mais que remarque-t-elle ? Ne serais-ce pas son chat Bouboule ! Et que fait-il au bord de la gouttière ? Vite, Marie-Apolline doit intervenir pour éviter une catastrophe. A peine arrive-t-elle au rez-de-chaussée,qu'elle voit Bouboule lui filer entre les doigts, et s'en demander son reste, son chat s'enfuit vers la première bouche de métro venue.

La suite ... vous la découvrirez au fur et à mesure des péripéties de Maire-Apolline, qui n'aura de cesse de retrouver son chat, même si elle doit prendre l'avion pour traverser l'atlantique.

Un roman jeunesse des éditions Volpilièreà lire à partir de 7 ans ou à se faire conter par les parents pour les plus jeunes lecteurs. Un texte dont la poésie des motsvous entrainera dans les aventures joyeuses d'une Marie-Apolline qui saura affronter toutes les situations, même les plus rocambolesques pour retrouver Bouboule, un chat noir et blanc comme les touches d'un piano. Un mention supplémentaire pour la magnifique couverture de Cécile Vallée qui a su apporter une touche de rêve.

Dan H

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Les éditions J’ai lu avaient opéré un vaste travail de toilettage en profondeur sur les traductions de Philip K. Dick. Ce recueil de récits (ou nouvelles, au choix) n’a heureusement pas échappé à la révision harmonieuse, ou l’harmonisation revisée, d’Hélène Collon. Grande connaisseuse de l’écrivain américain, elle a repris le texte d’Emmanuel Jouanne, avec des notes de modernité bienvenues.

Le Voyage gelé réunit quelques textes, rédigés entre 1958 et 1981 : autrement dit, ils expriment tout à la fois le parcours personnel de Dick autant que l’évolution de son style. Et à ce titre, si l’on retrouve les grands thèmes — la réalité perverse, le divin inaccessible (voire trompeur), les complots ourdis à travers des temporalités inouïes — il ne s’agit pas à proprement parler du Dick si reconnu.

Son écriture, d’une sécheresse éprouvée, possède malgré tout une véritable ampleur quand se déploient un Dieu venu du Centaure, Ubik ou encore Substance mort.

Mais ce qu’il y a de plaisant et toujours séduisant, chez Dick, réside dans sa capacité à présenter le monde autrement. Et nous faire chanceler. Délicieusement.

Aucun souvenir assez solide, comme si la mémoire se limitait à une boîte de stockage pour données fragiles. Non ? Dans ce recueil, Alain Damasio explore diverses facettes de la société, des technologies, et de la nature humaine à travers des histoires variées, souvent teintées de science-fiction et d’anticipation. 

Les amateurs et connaisseurs savent que les thèmes recoupent déjà ceux des « Furtifs » ou encore de « La Horde du contrevent », avec un style plus ciselé. Etonnante écriture de Damasio, qui s’adapte aussi bien à la concision qu’à l’ampleur. 

Au fil des récits, on parle assez logiquement de mémoire, de l’identité, aussi bien (ou mal) que d’amour, de résistance face à la technologie intrusive (autant qu’exclusive), ou, dans une perspective chère aux livres de Philip K. Dick, de la nature même de la réalité. 

Logiquement, on y retrouve sa vision critique de la société contemporaine et des dérives possibles de la technologie.

Chaque nouvelle nous plonge dans un univers unique et riche, reflétant les préoccupations de l’auteur concernant l’avenir de l’humanité et le rôle de la technologie dans nos vies.

Un véritable bijou, qui renferme des lectures époustouflantes.

Hugo Pratt a changé ma vie, quand il m’a présenté Corto Maltese. Simplement parce que son marin ouvrait tout un univers d’aventures qui entraient en résonnance avec l’adolescent lecteur. Et que, oui, j’ai rêvé d’avoir l’indolence de Corto, sa répartie, son courage sans témérité, son intégrité et ses faiblesses.

Sauf que Pratt c’est bien plus que Corto, Raspoutine et tous les autres. La somme de ses personnages ne sera jamais qu’un ensemble morcelé de cet auteur qui aura vu le jour une dizaine d’années à peine après la Première Guerre mondiale, traversé la seconde durant la préadolescence et finalement, accompagné le siècle.

À moins que ce ne soit le siècle qui l’ait accompagné, comme Samaël qui marche sans ombre : qui était dans la lumière de qui ? Pratt ou le XXe siècle ?

Cette réédition de son unique autobiographie bénéficie, trente ans plus tard, d’enrichissements précieux pour les amateurs. Et offre un regard toujours passionnant sur la vie d’un de ces créateurs qui s’inscrira résolument sur les traces de Stevenson, London, pourquoi pas, Kerouac, ou Rimbaud.

Quel bel objet à manipuler que ces (Dargaud) ! Il y a un pur plaisir sensuel à toucher la couverture : essayez ! Et comme le ramage vaut le plumage... Thierry Smolderen au scénario et Alexandre Clérisse nous proposent ici un étourdissant voyage dans le temps et l'espace, un hommage émouvant à la science-fiction et plus généralement aux années 50. Il m'émeut jusqu'aux larmes en me renvoyant à mon adolescence, époque où j'achète tous les volumes des éditions J'ai lu consacrés aux "Pulps". 

chronique BD et séquence nostalgie

avec BDfugue

L'immense Jacques Sadoul - décédé il y a peu - réalise un travail d'anthologie, dans tous les sens du terme, en regroupant les meilleurs textes des écrivains de l'âge d'or de la science-fiction. Des pionniers publiés dans ces magazines aux couvertures spectaculaires, et au papier de mauvaise qualité, issu de la pulpe du bois, d'où leur surnom de "Pulps". Souvenirs de l'empire de l'Atome...

Le titre est déjà un clin d'œil au roman d'Alfred Van Vogt, L'empire de l'Atome ! Et le personnage principal est Paul, écrivain de récits d'anticipation, inspiré par Cordwainer Smith: un des épisodes del'histoire se situe sur la planète Shayol, le titre d'une des nouvelles composant le cycle des Seigneurs de l'instrumentalité écrit par cet auteur. Qui, à l'instar de Paul, fait un long séjour en Chine lors de son enfance...

Les strates narratives abondent dans cette histoire. 

Pourtant, cette complexité ne nuit en rien à la fluidité du récit. Tentons un résumé : Paul, rêveur et un peu mélancolique se promène au Mexique avec sa fille et repense à son enfance.

Depuis un traumatisme lié à cette période, il est en contact télépathique avec Zarth Arn, grand chef militaire galactique vivant dans un millier de siècles. Les notes qu'il prend sur cet empire du futur alertent ses employeurs au Pentagone, qui le considèrent finalement comme un cas relevant de la psychiatrie !

Souvenirs de l'empire de l'atome

SMOLDEREN /  CLÉRISSE

sur BDfugue

Le médecin qui le soigne publie un article qui attire l'attention de Gibbons Zelbub, consultant pour le gouvernement et l'industrie militaire. Au cours d'un brainstorming se déroulant dans sa propriété, Zelbub utilise l'hypnose pour contraindre Zarth Arn, par le truchement de Paul, à révéler les secrets scientifiques du futur. 

Dès lors, une terrible lutte s'engage ! Zarth Arn est en prison pour vol de documents confidentiels et ne comprend pas l'attitude de Paul, qui en apparence trahit leur amitié. Paul essaie de s'en expliquer et de contrecarrer les projets mégalomanes de Zelbub, alors que son esprit et celui de collègues chercheurs est manipulé par ce génie du mal. 

Passé, présent et futur se frottent, se mélangent dans une réalité teintée de rêve. Lire Souvenirs de l'empire de l'Atome, c'est renouer avec un plaisir d'enfant, celui de se plonger dans un livre d'aventure ou une bande dessinée en oubliant que le monde alentour existe.

On s'amuse beaucoup, et on a la gorge serrée lorsque Paul étreint la princesse Alura, un personnage de fiction qu'il aime tant... au point qu'elle devient un petit peu réelle !

Mélange de nostalgie et de fascination, cet album est un chant d'amour pour une époque où le design naissant embellit le quotidien, où le progrès semble annoncer un âge d'or.

Un gros clin d'œil aussi à la BD franco-belge : Zelbub m'évoque un certain... Zorglub ! Et Franquin himself apparaît en génial hurluberlu. Quant au dessin de Clérisse, il touche au sublime : élégant, expressif et paré de couleurs joyeuses !!!

Voyage d’un autre genre au plus près de la nature, Carnet de voyage auprès de mon arbre est une invitation à prendre le temps d’ouvrir les yeux et à faire silence face à l’infiniment beau de la nature invisible.

Sur la terre comme au ciel, d’animaux en insectes les rencontres rythmes les observations de ce Christophe Colomb du quotidien.

Edmond de Garenne propose ici le cahier naturaliste d’un lapin à la découverte de la vaste forêt dont il est résident. Photo, dessins, croquis et notes d’observation sont autant d’anecdotes que nous partage ce petit mammifère curieux sur la vie secrète des animaux.

Une trouvaille douce et poétique à partager au plus vite.