Sous le soleil de l'innovation, rien que du nouveau ! Suivi de Innovation scientifreak : la biologie de synthèse

L'Ete est arrivé ! Les lois de l'été et de l'enfance sont claires, simples, un vrai manuel pour en profiter jusqu'à son solstice. Le règlement le dit, t'amuser, tu devras !

Sur ces journées de jeux où ton frère aîné sera le maître du jeu impitoyable, ne pas oublier de chaussette rouge sur la corde à linge, cela attire les lapins rouges géants.

Pendant les chasses d'étoiles filantes au filet à papillons, ne pas se munir de parapluie pour cette pluie-là et surtout, bien tenir son bocal.

Lors d'un jeu, ne jamais contredire l'arbitre, c'est comme ça, c'est ton frère aîné.

Autre règle, se faire de nouveaux amis, de préférence, avec des boulons, des armures, des antennes, c'est plus drôle.

Mémo : ne pas oublier de franchir le haut mur d'imaginaire et contempler le coucher du soleil qui sonne la fin de la journée de jeux.

Quiconque contreviendra à ses lois, ne s'amusera pas.

Tic tac tic tac, l'heure tourne, ne soyons pas en retard pour les rendez-vous avec l'imaginaire !

 de est un voyage imaginaire aux facettes mystérieuses et merveilleuses.

Le début de l'histoire suggère la nostalgie des étés et des bons moments de jeux partagés. Les jeunes lecteurs se trouvent rapidement plongés dans un univers fantastique surprenant où les robots vous partagent une partie de tennis, les aliens en armure vous piquent des fraises géantes, des corbeaux vous disputent la dernière olive du plat. Quelle imagination ces enfants !

La fantaisie est d'un humour presque pince-sans-rire, les deux frères toujours au « centre » des aventures en présence. Les jeunes lecteurs ne manqueront pas de se placer dans le rôle du grand frère ou du plus petit, victime de l'autorité du premier, la loi du « c'est mon jeu, c'est moi qui commande » est bien connue, mais à la fin, cela se finit bien, car les jeux entre frères (et sœurs!) s'apprécient ensemble.

Les deux frères apprécieront la fin de journée devant la télévision, côte à côte, comme une douce récompense de cette journée folle, l'aventure épinglée sur les murs. Les grands et petits apprécieront le talent graphique de Shaun Tan, son non-sens, son lapin rouge peut être vu comme un clin d'œil à l'univers fou d'Alice.

Shaun Tan a reçu pour l'ensemble de son œuvre le « Prix Astrind Lindgren » en 2011.

Ana Penyas @ana_penyas vient de recevoir le prix l'Eco-Fauve au festival d'Angoulême pour son album Sous le soleil, paru chez Actes Sud-l'An 2.

Je m'en réjouis car c'est un très bel album, qui dépeint l'essort agressif et dévastateur de l'industrie touristique sur les côtes espagnoles (ici, aux alentours de Valence) entre 1969 et 2019.

L'autrice y retrace le parcours d'une famille déracinée, actrice, témoin et victime des changements abruptes liés aux politiques publiques et sociétés privées qui s'accaparent et ruinent des territoires. S'en suit un ethos nouveau qui se nourrit des habitants pour finalement les digérer puis les rejeter, loin des espaces où résonne encore faiblement l'écho de leur vie. 

Les dessins aux crayons de couleurs sont très expressifs, un peu bruts, ponctués de portions de photographies plus ou moins discrètes qui confèrent aux images une douce mélancolie. Le drame n'est donc pas accentué par des images emphatiques et pathétiques, mais au contraire se place à taille humaine, au cœur de cette famille ordinaire où la chaleur du foyer prime par dessus tout. 

Un grand bravo à l'autrice pour cette œuvre saisissante, et au jury pour ce choix audacieux et tellement pertinent qui permet de donner un coup de projecteur à un album qui le mérite tant.

est un récit sur l'esclavage. Encore un me diriez-vous! En effet, pourtant de la même façon qu'il existe tant et tant de romans jeunesse sur la période de la Seconde Mondiale et de la Shoah, chacun apporte une page de plus à la vérité historique qui se construit dans nos esprits. Le triste destin de Traoré illustre une facette peu traitée, la venue des esclaves africains aux Antilles françaises. La petite histoire nous offre un triangle amoureux que le destin et les passions vont briser. Traoré, un jeune berger «peuhl», est capturé par la tribu des «Toucouleurs» pour s'être désaltérer à leur source et avoir convoité une esclave promise au fils de la tribu. Pour les punir, les deux amoureux seront vendus à des marchands d'esclaves et envoyés sur des «Négriers» afin de gagner des lieux d'exploitations sur les Caraïbes. Séparé de Vanidia sur l'île de la Guadeloupe, Traoré n'aura de cesse de faire la paix avec son esprit torturé, son corps meurtri et ses émotions. Bravant le danger d'être punis ou tué, il décide de se sauver et de retrouver sa belle.

Le récit de Pierre Davyest une belle histoire de passions et de liberté. De racisme également, d'une tribu envers une autre, d'un blanc envers un noir, d'un captif antillais envers l'esclave africain. Le récit de Pierre Davy est intéressant sur la perspective qu'il donne de la survie et de l'amour, sur les choix lourd de conséquences lorsque notre vie est en jeu. Les jeunes lecteurs ne pourront s'empêcher d'être choqué ou amusé par la vision que portaient les peuples «civilisés» sur les hommes de couleur. C'est édifiantet intéressant! Sensibiliser les jeunes lecteurs en France, aujourd'hui sur cette période en utilisant la Guadeloupe, que certains connaissent ou dont d'autres sont natifs, est judicieux. La forme de narration qu'à choisi l'auteur, passant d'un angle de vue différent à l'autre par chapitre, est bien choisi. D'une fois sur l'autre, nous avons les pages du journal du chirurgien breton, le Kerven, racontant sa tâche sur le Négrier, sa passion interdite pour l'esclave Vanidia et sa prise de conscience sur cette légitimé de domination cruelle. Puis, l'écho de Traoré, humilié et écarté de son amour par un maître blanc chirurgien. Un texte excellent et fort!

Ulysse a 15 ans et veut mourir. C'était son grand père, avec lequel il était très lié, qui l'élevait jusque là. Mais le vieil homme décède brutalement, et Ulysse se voit contraint d'emménager chez son père, un homme avec lequel il n'a jamais eu de contact. Le jeune ado se sent incapable de se faire à cette vie, entre un père toujours absent et une belle-mère pour le moins antipathique. Le jour où cette dernière écrase son chat, Ulysse comprend que ce n'est plus possible. Il passe ses nuits sur le forum « Le soleil et la mort », en compagnie d'autres ados aux envies suicidaires. Ils sont quatre surtout, les fidèles du forum, chacun avec une histoire difficile voire sordide, à vouloir mettre fin à leur jour. Menés par le charismatique Vlad, le webmaster manipulateur, ils décident de passer enfin à l'acte, à Pâques, sur une petite île déserte.

Ulysse, le narrateur, emprunte le style concis et percutant cher à , et fait du Soleil et la mort (le titre vient de la citation de la Rochefoucauld : « Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face ») un roman dérangeant, inquiétant, mais jamais morbide. Le lecteur est bousculé, il a mal en même temps que ces jeunes qui ont oublié que l'espoir existait, que tout pouvait changer. Le suicide chez les adolescents n'est pas un sujet facile à traiter, mais Elise Fontenaille s'en sort à merveille et a écrit un récit très fort, poignant, et dans lequel c'est finalement la vie qui l'emporte. Une réussite, comme toujours.

“Plein la gueule j’en avais. Des pustules pourpres et purulentes grosses comme des pois.” 

Après s’être longuement trimballé dans la vie étudiante, Alistair, malmené dans ses débuts professionnels, est figé dans l’étau de la cruauté sociale. Pendant les années de délitement de sa jeunesse, il accumule les rencontres tragiques et désopilantes. 

Employés, chômeurs, marginaux, intellos… Des zinc bordelais aux boîtes de nuits, ce roman qui se déroule exclusivement en Nouvelle-Aquitaine dresse le portrait d’une jeunesse boutonneuse, tendre et avide de liberté.

Si les œuvres de Fiodor Dostoïevski ont traversé le temps par la force de sa prose, la vie de l’auteur est peu connue.

Chantal Van den Heuvel et Henrik Rehr reviennent sur son existence rythmée par les déchirements, la souffrance et la solitude.

« Le Soleil Noir » évoque dans un dessin détaillé, son passage au bagne, la perte d’enfant et la maladie. Des ruptures qui ont nourri son œuvre irriguée par une critique de la religion et de la société capitaliste.

Si vous êtes peu expert en soupe, avez quelques difficultés à convaincre vos enfants de l'intérêt d'en manger, si vous utilisez plutôt et avec une certaine monotonie les légumes de base du potage sans jamais varier, ce livre de et de   (auteures régulières des éditions La Plage) va vous convenir ; mieux, il va vous donner l'envie et l'énergie de cuisiner des soupes à tous les repas, à toutes les saisons, en toutes occasions et avec un plaisir affiché.

Bref, un précieux et bel ouvrage pour mettre de l'étonnement dans votre cuisine. Plus de 200 soupes gourmandes et surprenantes, plutôt globalement simples à préparer.

Répertoriées par légume principal (très pratique), regroupées sous l'appellation "partage" (celles qui plaisent à tous et prévues comme plat unique) ou notifiées "santé" pour leurs vertus énergisantes, antioxydantes ou détoxifiantes, elles sont également complétées par des recettes de soupes crues et des bouillons.

Enfin un chapitre nec plus ultra propose des accompagnements originaux pour agrémenter plus sainement que les banals croûtons sous vide. Crackers, gressins, granolas salés, cubes sans gluten, parmesans végétaux ou toppings variés risquent bien de créer la surprise et l'engouement de vos convives. Consultable également un tableau des légumes de saison mois par mois, pour ne pas se tromper et consommer local.

Plus la soupe est réalisée à basse cuisson,  plus les saveurs sont exhalées et les légumes fondants aussi la cocotte-minute est-elle à bannir. Lui préférer le faitout en inox, hygiénique er durable. Enfin le blender offre souvent une texture plus veloutée que le mixeur.

Après tous ces conseils, impossible de ne pas être attiré par le velouté de brocoli au pesto et à la pistache ou celui de carottes, pommes et gingembre ou encore plus gourmand, le velouté de chou-fleur et cacahuète (un délice, vraiment !). 

Les recettes associent aussi certains fruits aux légumes pour un résultat inattendu et savoureux. Velouté de butternut à la clémentine, panais à la poire, à l'orange et aux noisettes, etc. Difficile de choisir tant chaque soupe met en appétit.

De ce livre naissent rapidement  l'impatience de réaliser la plupart des recettes et la difficulté de choisir. Toutes attractives, elles devraient vous permettre de passer l'hiver sereinement et sans tristesse dans vos assiettes. Succès garanti.

Index par ingrédients très utile en fin de volume.

Les photographies de Linda Louis et Emillie Gaillet offrent à l'ouvrage un caractère authentique et naturel, chaleureux et convivial, une mise en appétit immédiate. Ou quand la soupe devient une gourmandise…

est un ogre. L'ogre préféré des mamans, des enfants et de tous ceux qui n'aiment pas les vilains bruits. Le mangeur de sons se nourrit des fausses notes de musiques, des hurlements des colères des enfants, des cris des parents. Il est très gourmand, il mange tout le temps. Il avale tous les sons qui sont à sa portée: le vacarme des voitures, les sirènes des pompiers…l'ogre grossit, grossit, son ventre devient énorme. Il tombe malade. Les enfants décident de lui venir en aide. Il faut sauver l'ogre! Pour lui éviter de grignoter les sons, ils décident de réduire les nuisances sonores. Le tri commence, ils éliminent les voitures, adieu tractopelle, motos-crottes, taxis, 4X4 et vieilles pétoires. Depuis, quel calme, les habitants redécouvrent les sons disparus sous le bruit de la ville. Le chant des oiseaux, le sifflement du vent, le chant de la concierge. Beaucoup de sons oubliés que l'ogre peut picorer avec modération.

L'album de Christos Ortiz & Lauranne Quentric, commence avec grand fracas, tonitruant et tout en bazar. Les illustrations sont recouvertes d'onomatopées, les mots qui relatent un son ou le suggère sont écrits en gras ou leur typologie est accentuée. Quand le calme revient, les illustrations sont moins chargées, les couleurs sont plus douces, les mots plus légers… Chut!! Ecoutez, ça s'entend.

Il y a Wagner qui perd son chef Evgueni Prigojine, et il y a Wagner qui rythme La chevauchée des Walkyries. Quand les secondes n’auraient jamais reculées à quelques encablures du moment de vérité, le chauve passé de la délinquance à condottière a fait machine arrière… Morale de l’histoire : lorsqu’on franchit le Rubicon, le retour en arrière est non recommandé…

Le Wagner compositeur du XIXe siècle a en réalité acquis sa renommée, plus par sa production textuelle que sa musique en son temps. Des traités esthétiques, mais aussi de philosophie, des nouvelles, de la poésie, du théâtre, des pamphlets… et des récits autobiographiques, comme son Carnet brun, journal intime de 1865 à 1882.

En 1864, Wagner est au bord du suicide, entre ses difficultés pour la création de l'important Tristan et Isolde, et les échecs qui s’accumulent comme des perles sur un fil coupé ; avant le miracle Louis II qui se propose de devenir son généreux mécène.

Il y est question d’Opéra - notamment de Parsifal -, mais également de religion - entre autres du bouddhisme -, de politique, d’histoire, de littérature… Ce mystique, manipulateur selon Nietzsche, de l’art, nostalgique d’un passé idéel que l’on retrouve dans ses œuvres, se demande quelle place pour la religion dans la beauté, méprise les boutiquiers et se lamente de la montée en puissance des valeurs bourgeoises. En outre, ce sont ses déboires sentimentaux qui transparaissent, ses difficultés du quotidien.

Cette édition inédite (traduit, présenté et annoté par Nicolas Crapanne) en français de pages publiées pour la première fois en 1975 seulement, tire son nom de cet « épais cahier relié de cuir marron » orné d’une serrure, offert par Cosima Wagner, alors Liszt von Bülow. Aucune référence à ses pensées fascistoïdes donc… « Je crois en Dieu, Mozart et Beethoven. »