Les jardins de Versailles

« Cesse de penser troc, échange, contrepartie… pense étoffe. Une étoffe où chacun est un fil qui en croise tant d’autres, un unique fil, indispensable à l’ensemble et qui pourtant n’est qu’un fil parmi tous. [...] Chacun individuellement est inutile, c’est l’ensemble qui fait naître la vie. »

Suite au décès de son fils, Paul rejoint sa sœur à Zagarand, une oasis qui n’existe pas sur les cartes.

Il y découvre un autre monde que le sien, rythmé par l’harmonie, l’équilibre et l’amour.

Le grand chef-d'œuvre du fascinant Jacques Abeille, Les Jardins Statuaires, ressort en poche chez Tripode, avec la magnifique couverture signée François Schuiten et les illustrations de Pauline Berneron.

Ce grand oeuvre profite d’une seconde naissance en 2010, grâce à une réédition du livre par les éditions Attila. La maison du Tripode emboîtera le pas de sa consoeur et publie le texte en 2016. D’abord édité en 1982, il constitue le premier volume d’un cycle de 9 ouvrages, dit des contrées.

Aussi auteur que peintre, Jacques Abeille propose ici un ensemble fragmentaire, mais travaillé à se faire écho, entre magnificence du style et expression d’un voyant.

« La détention d’un secret et la divulgation d’une sorte de science qui ne se fait qu’avec le mérite d’un lecteur qui va au bout d’un parcours initiatique dont il faut avoir le courage d’entamer. » Voici le résumé que faisait François Angelier de l'œuvre de Jacques Abeille dans une émission de Mauvais Genre sur France Culture.

Le décès de Jacques Abeille renvoie aux fondamentaux. Relire impérativement Les jardins statuaires, roman hors norme.

Un voyageur devient témoin d’une pratique ancienne : des jardiniers cultivent des statues, les font pousser comme des plantes, leur accordant une attention identiques. Tailler, rempoter, déraciner, pour alimenter la terre.

Des champs de statues, entretenues plus que les jardins de Versailles.

Une oeuvre qui semble prise dans cette formule de Baudelaire, « quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle », tant l’ambiance qui s’en dégage est celle d’un monde étrangement oppressant.

Mais l’héritage surréaliste marque aussi l’oeuvre : on sent au fil des lignes quelque chose de Lautréamont dans le récit, comme si ces Jardins répondaient aux Chants de Maldoror. La bizarrerie de l’écriture en moins.

Une merveille. Phénoménale.

Ce livre de jardinage en boîte conçu par un ingénieur agronome jardinier et un sculpteur crée l'envie, à la fois par son innovation, son originalité et la variété des compositions qu'il propose. Intéressant aussi par son côté "récup", tendance "écolo", il devrait séduire les jardiniers bobos et urbains, ceux en tout cas qui disposent de caisses à vin.

Répandus outre-Atlantique, ces mini-jardins d'extérieur ou d'intérieur nécessitent, une fois que vous aurez trouvé les caisses, quelques petites modifications pour accueillir au mieux les plantations. Ainsi, il faudra vous improviser menuisier pour renforcer les caisses par des tasseaux, assurer le drainage, les protéger par de l'huile de lin. Rien de compliqué, toutes les étapes décrites pas à pas sont illustrées.

Après ce préalable indispensable, l'auteur propose au lecteur de faire le tour des caisses qu'il a réalisées ( au total), détaille leurs compositions, livre astuces et conseils pour ne pas échouer si le lecteur choisit de les reproduire, ajoute des variantes, précise la saison la plus favorable pour les réaliser, leur durée, le degré de difficulté, etc. (mais pas leur coût).

Ordonnées par thèmes (A l'anglaise, potager, jardin de curé, jardin du monde, jardin au naturel), les compositions, souvent personnalisées par des petits accessoires amusants, agencées avec une variété de plantes et de fleurs étonnantes, d'un bel équilibre, invitent à la rêverie, au voyage, servent autant de modèle que d'incitation à se lancer soi-même.

Les résultats sont souvent artistiques (même sans caisse à vin). Le côté miniature des jardins, réellement séduisant, est idéal d'ailleurs pour des balcons, terrasses ou pour décorer avec naturel les intérieurs.

Avec le printemps et les longues journées qui commencent à s'installer, l'envie de cultiver, de reprendre en mains un jardin délaissé tout l'hiver ou de créer des décors végétaux, chez soi en intérieur, sur une terrasse ou un balcon, même sans beaucoup d'espace, s'épanouit sans résistance à la lecture de cet ouvrage passionnant qui rassemble une quantité d'idées originales et insolites pour agrémenter son habitat et son environnement de 

Réellement convaincantes, les réalisations d'Emma Hardy (styliste et designer), associant bricolage et plantations,  suscitent un enthousiasme sans frein, invitent le lecteur à se lancer avec impatience dans ses propres compositions, stimulent même son imagination et devraient satisfaire sans difficulté le décorateur comme le jardinier.

Agrémentées de nombreuses photographies, ce beau livre inspire autant qu'il initie, propose des idées accessibles et inattendues pour vous permettre de créer de jolis décors jardinés, assurément repris par votre entourage ensuite, étonné et conquis. C'est un succès garanti !

35 réalisations s'offrent au lecteur, toutes réalisables dans de petits espaces (dedans ou dehors), éphémères ou durables, utilisant au maximum des accessoires de récupération pour les contenants et les matériaux et ceci,  sans techniques particulières. Accessibles même sans être un bricoleur averti.

Une liste minimum d'outils de base indispensables (sécateur, pulvérisateur, gants, petit arrosoir, fourche à main…) et quelques informations sur le drainage, le choix d'un substrat, les semis et les plantes en pot, l'entretien, l'arrosage, l'engrais ou les maladies…suffisent pour vous lancer dans la décoration florale et végétale.

Ainsi du mini-jardin dans des coquilles d'œufs, aux tasses fleuries et cabas de fleurs, en passant par l'assise colorée (un must !), le coffre à lavandes, la valise à fleurs ou les gouttières suspendues, c'est certain, vous allez avoir envie de tout réaliser, d'aménager à la fois votre intérieur et votre extérieur de toutes ces compositions végétales, d'exploiter sans relâche tous les contenants poussiéreux, ébréchés, mis au rencart depuis longtemps et qui s'entassent quelque part chez vous, voués à l'oubli.

Un panier de fraises ou d'aromates, suspendu et à portée de mains, ravira les gastronomes ; judicieux et convoité, c'est évident, il fera son effet auprès de votre entourage.  Ce guide artistique, conçu comme un pas à pas simple a donc de quoi satisfaire un large public, débutant ou confirmé, sans distinction, manuel ou pas, main verte ou non. Juste à la portée de l'amateur du végétal.

Absolument séduisant pour un espace à vivre personnalisé et inédit. Allez-y, jetez-vous à la terre  sans crainte, c'est un plaisir assuré.

Dans l'usage quotidien ou littéraire du français, la signification originale et directe des mots constitue seulement une petite fraction de leur utilisation réelle. En vérité, c'est leur interprétation figurative qui domine largement notre communication écrite et orale.

Originant d'un contexte spécifique – qu'il soit humain, animal, végétal, ou naturel – chaque terme a la capacité de se répandre, de se multiplier, et de s'épanouir bien au-delà de son champ initial.

Un dictionnaire des sens figurés en somme, par Roland Eluerd, un érudit de la langue, agrégé de lettres modernes et docteur ès lettres, qui partage sa passion et son expertise.

« À cœur joie », « bouche cousue », « des fruits de mer », « la puce à l'oreille », « fleur de sel », « un lit de roses », « la rivière serpente », « être tout feu tout flamme »...

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La langue française, comme des graines portées par le vent, s'éparpillent et germent dans le sol fertile de notre imagination, donnant naissance à un paysage luxuriant d'idées et d'images. Ces termes, métamorphosés, nous invitent à un voyage au-delà du littéral.

La langue française se révèle alors non seulement comme un moyen de communication, mais comme une œuvre d'art vivante, constamment réinventée par le jeu poétique de ses utilisateurs, de Ronsard à Aya Nakamura.

Avec le printemps qui s'annonce, (re)naît l'envie des jardins fleuris et odorants. Ce qui est bien, avec ce livre, c'est qu'il s'adresse d'abord à ceux qui conçoivent le jardinage comme un plaisir, une détente avant tout, et qu'il met en avant, non pas des techniques élaborées de plantation ou de culture mais plutôt des suggestions simples et originales, toujours respectueuses de l'environnement, pour élaborer soi-même des bouquets de fleurs, embellir son jardin comme son intérieur, et développer ensuite, avec succès,  ses propres créations florales et les occasions d'offrir un cadeau personnalisé.

Nul besoin d'un grand espace pour démarrer, quelques carrés, une petite parcelle permettent déjà d'obtenir une variété intéressante de fleurs à couper qui pourront agrémenter votre intérieur du printemps jusqu'en automne. Comme les légumes, la culture des fleurs varie selon les saisons et le printemps est sans doute la meilleure période pour démarrer.

Ce livre pratique, illustré avec naturel par aide pas à pas le lecteur  dans la conception de son jardin ;  du choix de la plante la plus adaptée au type de sol et d'environnement, d'orientation au soleil, de résistance au vent, etc. à la préparation de la parcelle, aux outils indispensables, à la plantation puis à l'entretien, la cueillette et la réalisation de bouquets, chaque étape est détaillé avec soin, accessible et suffisamment concrète pour donner envie de se lancer immédiatement. 

De plus, différents schémas de plantation, avec la liste des fleurs à se procurer facilitent la mise en application et la description des trois grands types de plantes destinées à devenir des fleurs coupées (annuelles rustiques, semi-rustiques et bisannuelles) n'auront plus de secrets pour vous. Une sélection de bulbes également et des conseils de culture devraient vous permettre de vous lancer sans appréhension. Les techniques de plantation, repiquage ou rempotage sont photographiées étape par étape. Il ne reste plus ensuite qu'à entretenir, surveiller les cultures et se réjouir des boutons qui se forment.

Pour finir un chapitre sur l'art du bouquet si vous êtes en mal d'inspiration, des astuces pour les enrichir et les embellir avec des branchages ou des feuillages. Bien pratique aussi en fin de volume, un calendrier des travaux du jardin et une liste d'adresses de fournisseurs de graines, bulbes et matériel de jardinage.

Avec une telle prise en main, il serait dommage de ne pas essayer.

En guise de jardin, Célestin n'avait qu'« une vieille bassine en zinc, ronde et grise, un peu trouée, un peu rouillée. » N'y poussait que trois pommiers et quelques fleurs, mais cela suffisait à son bonheur. Ses voisins n'y comprenaient rien : comment Célestin pouvait-il obtenir de si belles plantations dans une simple bassine alors que rien ne poussait dans leurs beaux jardins à eux ?

Mais il ne pouvait rien expliquer : c'était le jardin qui décidait. Que de convoitise autour de ce récipient des plus banals ! Mais peu importait à Célestin l'argent qu'on lui proposait pour acheter sa bassine ou le remue-ménage autour de ce miracle. Ce qu'il aimait, c'était s'asseoir près de sa bassine et écouter son jardin lui raconter sa vie. Car ce jardin, il en avait connu des lieux et des récipients. Et son aventure n'allait certainement pas s'arrêter là…

Pourquoi rechercher l'argent et la gloire quand le bonheur est fait de petits riens et de rêverie ? Eh oui ! pour être heureux, il faut savoir se contenter de ce qu'on a et s'émerveiller de tout ce qui nous entoure, car bien souvent le bonheur nous attend au coin de notre rue.

À la philosophie du texte de s'ajoute la douceur et la beauté des illustrations de . Elles nous entraînent dans un univers aux couleurs pastel fait de volutes, de fleurs, de feuilles…

La bassine jardin de Célestin, un album poétique et enchanteur plein de sagesse.

,  (ou Francine Mathews également) auteure de romans policiers, a pour habitude de construire ses intrigues autour de personnages littéraires célèbres. Ses précédentes enquêtes mettent en scène , notamment. Diplômée d'Histoire européenne,  autrefois employée à la CIA, ses romans se situent souvent en Angleterre.

« Le jardin blanc » dont l'action principale débute en 2008, s'accompagne en parallèle d'une histoire plus ancienne, tourmentée par la seconde guerre mondiale et située au cœur de l'Angleterre traditionnelle. Le roman explore, cette fois-ci, l'existence douloureuse de Virginia Woolf et les circonstances de sa mort tragique.

A partir d'éléments avérés mêlés à des faits imaginaires, l'auteure retrace les derniers jours de Virginia Woolf, s'intéresse à son amie intime, ex-compagne, Vita Sackville-West (inspiratrice d' «Orlando ») et à sa demeure personnelle, Sissinghurst ; réécrit l'histoire à partir de suppositions vraisemblables, immerge le lecteur au sein du Bloomsbury group, suscitant le besoin et l'envie de redécouvrir, à l'issue du roman, toutes ces figures intellectuelles et littéraires de la société londonienne du XXème siècle. Passé cet intérêt, le roman reste assez fade, dans son ensemble, constitué d'une intrigue policière et sentimentale contemporaine peu passionnante et très convenue, sans originalité ou presque.

Jo Bellamy, paysagiste américaine, arrive à Sissinghurst pour étudier le célèbre jardin blanc, conçu par Vita, sur les conseils de Virginia, afin de le reproduire dans la propriété d'un riche Américain, Gray Westlake, son commanditaire et amant (« ils partageaient une étincelle, un frisson de connivence sexuelle qui se passait de mots »). Le jour de son départ pour l'Angleterre, elle apprend le suicide de son grand-père Jock, lui-même employé dans ce jardin lorsqu'il était jeune.

Ce voyage va donc lui permettre aussi de partir à la recherche d'une histoire personnelle, de comprendre ce geste fatal et de découvrir en parallèle, alors qu'elle inspecte la remise à outils, un journal intime dont elle suppose qu'il aurait pu être écrit par Virginia Woolf. A partir de là, aidé par Peter, un expert de Sotheby's dont on devine dès les premières pages qu'il va la conquérir, elle va mener l'enquête, s'improviser détective, visiter de prestigieuses bibliothèques (Oxford, Cambridge) et plonger dans l'existence de Virginia Woolf et de ses proches.

L'objet de convoitise d'une valeur littéraire et financière inestimables, totalement imaginé par l'auteure permet à la fois une évocation très réaliste (sans doute bien documentée) de ce cercle d'Intellectuels anglais et favorise ensuite les nombreuses digressions et inventions plutôt crédibles autour de la date du suicide de Virginia Woolf. Le fictif se mélange à la réalité historique avec une certaine homogénéité et offre ainsi au roman, rythme et fluidité.

Seulement, l'intrigue policière et amoureuse qui mène le récit reste hélas assez plate et peu haletante. Les rebondissements sont rares et sans surprise et les personnages de fiction (non historiques) sont ternes et vraiment trop stéréotypés pour éveiller un quelconque attachement. Enfin le style, parfois familier(« encore en train de glander dans un café de merde » « en congé maladie, mon cul ») accompagne assez mal la qualité littéraire des personnages évoqués.  

C'est bien dommage car l'incursion d'écrivains célèbres au sein d'un roman policier avait de quoi séduire.

est née en Iran mais partage sa vie entre Paris et Washington depuis les années 80. Exilée et opposée au régime de Téhéran depuis la chute du Shah, elle lutte contre le régime de la République islamique, en devenant notamment rédactrice en chef de la revue Chanteh. Passionnée de littérature, de langue maternelle française, elle publie aujourd'hui son premier roman en France.

Inspirée d'une réalité historique récente, les élections truquées de juin 2009, l'histoire qu'elle raconte, sous forme chorale, plonge le lecteur, dès les premières pages, dans une ambiance inhabituelle (imprégnée de nombreux mots persans),  à la fois bouillonnante et exaltée mais aussi pesante et liberticide ; à l'image d'une jeunesse iranienne qui rêve d'émancipation et d'Occident, audacieuse et courageuse sans être entièrement révoltée encore, bercée d'illusions et d'espoir, prête à croire les nouveaux candidats d'ouverture qui s'opposent à Ahmadinejad. Une jeunesse qui rêve de changement et de victoire. " J'ajoute que tout le monde en Iran est jeune et tous les jeunes veulent qu'Ahmadinejad  s'en aille, que Moussavi nous donnera davantage de liberté et un meilleur gouvernement."

Raha, jeune étudiante en architecture, issue d'une famille aisée et ouverte et Kian, son jeune fiancé, fils de chirurgienne, n'ont pas connu les révolutions de leurs parents mais aspirent  ensemble, avec leurs amis, au renouveau et à la liberté.

Ils revendiquent le droit de se donner la main en public, de se promener en couple sans être marié, de nager ensemble à la piscine, d'avoir un accès libre à internet, de ne plus se cacher pour regarder un film américain ou boire de l'alcool ;  pour les filles, de ne plus être obligée de porter le foulard, de mettre des robes et de voir disparaître enfin la police du code vestimentaire. "Je veux une vie, je veux choisir  un film à regarder avec les copains, aller à la Caspienne sans être arrêté par les Gardiens  ou les rondes de morale publique […] et ne plus vivre avec ce poids, comme un nuage toxique qui empêche de respirer."

Aussi lorsqu'Ahmadinejad est réélu, leur colère et leur déception, leurs frustrations, sourdes jusqu'ici, explosent à travers des manifestations incroyables dans les rues de Téhéran. La répression ne se fait pas attendre, la police anti-émeute, les Bassidji contiennent les foules de plus en plus férocement et Raha sait qu'elle risque chaque jour un peu plus sa vie en descendant dans les rues.  "Armés de couteaux, de manches de hache et d'armes à feu, ils ont blessé et tué  et continuent,  profitant de la confusion qui règne dans les rues pour faire leur sale travail en toute impunité".

Sa rencontre avec Hossein, jeune gardien de  la Révolution, bienveillant à son égard n'empêchera pas la tragédie. Malmenée puis arrêtée, elle va devenir la victime innocente et violemment meurtrie d'un régime autoritaire et phallocrate mais sa résistance, son obstination face au régime sauront la préserver de l'anéantissement. Il faut vivre pour dénoncer même si "demander justice à la république islamique constitue une contradiction en soi."

Un destin de femme noble et éblouissant qui progresse lentement, monte doucement en tension, s'agite au fur et à mesure que les manifestations progressent et rend compte avec habileté et justesse des états d'âme de cette jeunesse iranienne. Le lecteur perçoit une naïveté, des rêves non encore bafoués, saisit tous les événements qui se produisent à travers des regards innocents et se sent préservé, un moment, de l'horreur qui se dessine. Il est au cœur de cette jeunesse.

Puis, au fur et à mesure que l'histoire se déroule, principalement après le drame qui touche Raha,  une certaine distance  semble  vouloir se dessiner entre les personnages, l'auteur et le lecteur. Comme si une tristesse intense empêchait toute autre émotion. Les voix paraissent résonner avec moins de force, ne se détachent plus les unes des autres avec la même vigueur, le même naturel, presque atones parfois et parviennent plus difficilement au lecteur, comme teintées d'artifice, d'une certaine froideur (ou alors trop brisées pour être entendues). L'auteur paraît elle-même plus détachée, étrangère, si éloignée de ce pays qu'elle ne peut ni défendre ni regretter. "j'en ai assez d'avoir honte de l'Iran".

Il n'empêche, si le rythme est inégal, si l'écriture n'insuffle pas toujours l'intrigue avec assez de force, l'histoire de cette jeune femme retient et impressionne, éclaire sur la société contemporaine iranienne, les privations de liberté et rend compte avec effroi des conditions de vie de la population soumise à un régime religieux barbare et obscurantiste, si peu respectueux des femmes et qui glace le sang.