Gea Tome 5 : La voie du Noir

Tatsu l'immortel, le coriace yakuza, s'est converti... En homme en foyer. Et il prend sa tâche avec autant de sérieux que s'il risquait de se faire couler dans du béton pour désobéissance !

Dans son petit tablier rose et avec son regard de tueur, Tatsu continue ses frasques pour notre plus grand plaisir. On ne se laisse pas du contraste entre le dramatique des paroles et la banalité des actions. On rit encore comme au premier tome !

Que ce soit au camping comme à l'anniversaire du boss rival, Tatsu aura toujours des astuces de professionnel à vous proposer. Le dessin de Kousuke Oono est toujours aussi soigné - un vrai régal pour les yeux.

Au Ve siècle après Jésus-Christ, l'Empire romain est exsangue, il est bien trop étendu pour être administré correctement et est cerné de surcroît par les Vandales. Les croyances anciennes laissent peu à peu place au christianisme. C'est dans cet univers moribond qu'a grandi Thya, une jeune patricienne exilée en Aquitaine, où elle peut dissimuler ses visions et s'épanouir loin de l'influence néfaste de son frère aîné. Mais quand le père de Thya est attaqué par des mercenaires mandatés par son propre fils, la jeune fille est brutalement jetée sur les routes, sur la foi d'une intuition : elle doit à tout prix se rendre à Brog, haut lieu militaire qui a vu le triomphe de son père vingt ans auparavant.

nous plonge aussi bien dans le joyeux chaos des cités gauloises que sur les routes désertes aux pavés descellés de l'Empire : Estelle Faye nous offre une reconstitution historique de qualité, redonnant vie à une période troublée, à une ère de transition qui voit l'avènement d'un catholicisme tout puissant au détriment du panthéon romain et des croyances celtes.

Par petites touches, Estelle Faye nous montre des créatures mythiques désemparées face à la disparition progressive de leur culte et la répression sauvage dont est capable le tout jeune clergé de l'Église catholique. C'est dans ce contexte tendu que Thya s'élance sur les routes : courageuse, mais parfois trop insouciante et bornée pour son propre bien, la jeune fille peut heureusement compter sur deux partenaires de poids, l'ancien militaire Mettius  et le séduisant Enoch, un maquilleur plein de ressources.

Premier tome bien ficelé, mais de facture somme toute classique, La Voix des Oracles – Thya vous plongera dans un monde antique où la magie prend vie pour votre plus grand bonheur. Aventure, Histoire et secret vieux de vingt ans sont au programme de ce roman des plus prometteurs.

Cette semaine j’ai lu Suivre sa joie écrit par Kobu Yamada et illustrée par Charles Santoso.

“Si tu as envie de quelque chose de nouveau, essaie quelque chose de nouveau. Créé ce que tu aimerais voir exister.”

Ce livre est un recueil de magnifiques mantras “pour tous les enfants de 99 et moins”. Son objectif ? Aider chacun et chacune à retrouver la joie ! 

“Bats-toi pour ce en quoi tu crois, même si tu as les jambes qui tremblent. Avoir du courage et avoir peur : cela arrive souvent en même temps.”

“Nous sommes souvent nos plus grands obstacles. Si tu penses que tu n’en es pas capable, tu n’y arriveras sans doute pas. Mais si tu t’en crois capable, tu y parviendras sûrement.”

Chi, c’est une petite minette qui lors d’une promenade s’est égarée et ne retrouve plus sa maison. Heureusement un petit garçon et sa famille vont le recueillir. On suit au fil des « chat pitre » - oui Chi est bien une pitre ! – les différentes étapes de la vie avec un animal de compagnie. De l’apprentissage de la propreté à la première visite chez le vétérinaire en passant par les jeux, les peurs, le choix du prénom et les stratagèmes pour ne pas que le propriétaire découvre la nouvelle venue qui n’a pas le droit d’être là !

J’avais découvert ce manga au cours de différentes visites sur les blogs et forums. Moi les histoires de chat, ca me fait craquer ! Alors quand elle nous a regardés avec ses petits yeux pleins de larmes dans la vitrine d’une boutique BD, avec mon homme on a craqué ! Et puis maintenant je sens bien qu’il va falloir acheter aussi les prochains tomes ! (déjà 6 sont parus en France, j’ai encore une fois un train - voire plus - de retard !).

Un avantage de ce manga (je ne connais pas encore très bien ce genre) c’est qu’il est en couleur et qu’il se lit dans le sens français donc pas d’embrouillage ! Et puis aucune violence (si comme moi vous n’y connaissez rien et avez des a priori des que vous entendez le mot « manga » et accessible à toute la famille et vous pourrez les lire avec vos bout ‘chou quelque soit leur âge !

Je voulais vous mettre le premier épisode en dessin animé mais Youtube a supprimé la vidéo pendant la nuit...

Chi, Une vie de Chat Tome 2 est un manga très doux publié chez Glénat Kids. C'est une série très mignonne mais qui n'en reste pas moins intéressante. Elle va, si ce n'est pas déjà fait, vous rendre accroc aux aventures d'une petite chatonne nommée Chi. Cette série manga est publiée dans le sens français.

Elle convient donc autant à des personnes qui souhaitent s'initier à ce genre littéraire mais qui se heurtent au sens de lecture japonais, qu'aux jeunes enfants et enfin bien sûr aux inconditionnels du « manga félin ». A noter que Chi une vie de chat sous ces airs kawaii a une réelle valeur pédagogique ce n'est pas un ouvrage à laisser pour compte, les parents y trouveront pas mal de mise en situation pour illustrer des étapes clés dans l'éducation d'un enfant.

À l'approche du festival de Cannes, Philippe Dupuy sort son dernier album, J'aurais voulu voir Godard. Pour ce livre, le dessinateur a rencontré le réalisateur...ou pas...enfin peut-être...on sait pas vraiment...et peu importe...on s'en fiche bien, finalement, de savoir si les deux hommes se sont vus, car indéniablement, Philippe Dupuy dialogue dans cet ouvrage avec Jean-Luc Godard.

Et plutôt que dans un café, cette conversation s'ancre dans les écrits et films de ce dernier, dans son œuvre dont la modernité résonne encore avec autant de force. L'auteur s'interroge à travers le prisme de ce réalisateur unique, à travers la fascination qu'exercent sa liberté de création et l'articulation de sa pensée.

Cette rencontre n'est pas tout à fait fortuite et survient alors que l'auteur semble en pleine introspection sur sa pratique artistique. En effet, celui qui a débuté en démontrant une pleine maîtrise du récit classique ne cesse de déconstruire les supposées ontologies du médium pour développer une pratique singulière qui tend vers le sensible.

Il l'écrit lui même dans ce livre : "Je rêve d'une bande dessinée INSTANTANÉE que je dessinerai sur le même fil temporel que mes pensées", ajoutant plus loin "mais peut-être qu'il faudrait moins la lire que la ressentir". Abrogeons alors le conditionnel car justement, dans ces pages et dans ses albums précédents, Philippe Dupuy parvient justement avec une grande finesse à mettre en oeuvre des expériences de lecture singulières qui mêlent réflexions sur le fil et expérimentations graphiques dans une parfaite synchronie.

Il bouleverse alors notre rapport à la lecture et au récit de bande dessinée, mais n'est-ce pas ce que l'on cherche aussi, dans une œuvre d'art : être bousculer dans nos certitudes pour redéfinir voire redécouvrir notre perception du monde.

Le dessin est libre, beau, vivant, incarné, il ne s'épuise jamais et se ressource sans cesse, et l'on se plaît à imaginer des albums entièrement composés de ces interludes graphiques qui racontent autant que les planches de dialogues, juste différemment.

Si les œuvres de Fiodor Dostoïevski ont traversé le temps par la force de sa prose, la vie de l’auteur est peu connue.

Chantal Van den Heuvel et Henrik Rehr reviennent sur son existence rythmée par les déchirements, la souffrance et la solitude.

« Le Soleil Noir » évoque dans un dessin détaillé, son passage au bagne, la perte d’enfant et la maladie. Des ruptures qui ont nourri son œuvre irriguée par une critique de la religion et de la société capitaliste.

Qu’est-ce que j’aurais aimé lire cette BD étant enfant ! 

Touché malgré moi par le Grindle, j’ai finalement aussi adoré m’y plonger en tant qu’adulte !

C’est formidablement écrit, aussi imagé dans la prose que dans les superbes illustrations de Boulet. Le duo ici formé a clairement mis la barre très haute au niveau de leurs exigences et le résultat est absolument hors norme !

J’avoue, je l’ai lue en deux fois, mais c’était avec une grande gourmandise que j’ai repris cette épopée qui incite une fois terminée à la recommencer, encore et encore, en quête de tous les détails dont elle foisonne !

Un ouvrage qui ne sous-estime pas le jeune lectorat et on en veut encore plein des comme ça.

Un jeune homme et un vieux moine cheminent sur les routes de Bretagne. Le premier, fruit d'une humaine et du diable possède de grands pouvoirs. Son nom est Merlin et il s'apprête à écrire une page de l'Histoire de son royaume.
Mais il peut compter pour cela sur l'aide et l'attachement sans faille de Blaise, son fidèle ami. Pour le meilleur et pour le pire.
Venez découvrir la véritable Histoire du légendaire Merlin. Parcourez en sa compagnie la forêt de Brocéliande, l'Armorique et autres contrées mystérieuses.

nous offre ici un récit passionnant. Loin de livrer une vision manichéenne des êtres et des évènements, il crée des personnages soumis à de nombreuses contradictions et nuances. Son Merlin est ainsi méconnaissable, décrit comme un jeune homme en proie à de perpétuels tiraillements entre ses natures humaines et démoniaques. Souvent sûr de lui, parfois arrogant, il agace et émeut à la fois et nous entraîne dans des péripéties oscillant entre noirceur, émotion et parfois même humour.
Un souffle épique plane donc sur ce premier tome de Graal Noir et emporte le lecteur dans une épopée magique captivante. Une grande réussite !

Après une terrible et ravageuse épidémie de peste animale, les humains se sont vus dans l'obligation de ceinturer la Terre d'un gigantesque mur. Au sud, des terres désolées et des animaux féroces, au nord, les Hommes qui survivent dans des villes surpeuplés où les pauvres vivent dans la fange et les riches en hauteur, dans des quartiers protégés. C'est dans une de ces villes que Ellie, 12 ans a disparu il y a 1 an. Tout le monde la croit morte, seul Mika, son jumeau garde espoir. Quand on lui propose à l'école de participer à un nouveau jeu vidéo et qu'on l'oblige à boire des "boissons vitaminés", le jeune garçon sent que sa quête pour retrouver sa sœur va commencer et que les étranges pouvoirs qu'il semble développer devrait l'y aider. Mais la vérité se trouve de l'autre côté du mur ...

Voilà un excellent roman d'anticipation que nous offre les Editions Pocket jeunesse. Dans la droite lignée des classiques du genre mais avec une modernité étonnante, est une très bonne surprise. Parfaitement ancré dans le réel, ce roman aborde par le biais de la science-fiction des thèmes qui résonneront dans l'esprit des lecteurs tels que la répartition des richesses, la malbouffe, la protection de l'environnement entre autres. Par ailleurs, en positionnant une partie de son récit dans un univers où les loisirs vidéo ludiques ont une importance capitale, sait capter l'air du temps et s'en servir pour enrichir la fiction. Les personnages principaux sont très attachants et c'est un vrai plaisir de les suivre dans ces aventures au suspense savamment élaboré.

Amateurs de science fiction mais aussi profanes du genre, n'hésitez plus et plongez-vous dans ce premier tome captivant et très prometteur pour la suite!

Les éditions Dupuis ont eu l'excellente idée de réunir en album les histoires courtes dessinées par Benoît Feroumont autour de sa série Le Royaume. Certains scénarios sont de lui, d'autres sont signés par Maïa Mazaurette ou Clara Cuadrado, les histoires tiennent parfois en une seule planche, d'autres nous embarquent pour quelques pages.

Je l'avoue volontiers, quand un bouquin me plaît, j'ai du mal à le quitter, je finis par lire tous les détails de l'ours, jusqu'à l'ISBN et le lieu d'impression. Un jour, je lirai carrément le code barre. Du coup, c'est un plaisir de retrouver Anne et son moyen-âge aux couleurs chaudes, les gros oiseaux bavards et tous les abrutis du Royaume, que j'ai adoré découvrir au fil des premiers albums.

Ces histoires-ci sont plus légères, moins ambitieuses peut-être, les jeunes lecteurs vont les adorer et les adultes, comme moi, ne pourront pas s'empêcher de les conserver à côté des 6 autres titres de la série (et du volume intégral étonnant, dont la chronologie est expliquée dans ce septième album, qui est en réalité le huitième, une fois qu'on a tout compris, mais qu'on peut lire quand on veut...)

Le Royaume reste une des séries tout public les plus drôles et légères de la décennie écoulée. Si vous ne la connaissez pas encore, foncez découvrir Anne, la pâtissière médiévale la plus rebelle de l'univers.

Et je le dis et le répète, le dessin de Benoît Feroumont est canon : aussi familier et arrondi que le moyen-âge de Johan et Pirlouit, mais avec une expressivité et une nervosité qui rendent irrésistible son héroïne culottée.

Kana poursuit l'exploration des oeuvres du « créateur d'estampes de Shôwa », Kazuo Kamimura, avec l'édition du tome 1 de La plaine du Kantô. Dans ce titre, le mangaka se penche sur une période très troublée au Japon, celle de l'immédiat après-guerre.

En août 1945, juste après la capitulation du Japon un avion américain s'écrase dans un champ dans la région de Chiba. Les paysans s'approchent du pilote rescapé, prêts à lui faire passer l'arme à gauche. Heureusement, un vieil homme qui semble parler anglais s'interpose et sauve la vie du pilote. Le vieil homme c'est le grand-père de Kinta, un enfant qui va faire l'apprentissage de la vie dans un Japon meurtri par sa défaite et occupé par l'armée américaine.

Jill est une jeune fille aveugle. Et ceci est très loin de la définir. Elle refuse que son handicap fasse d'elle une victime vulnérable et limitée. Elle cherche à se dépasser, vaincre ses incapacités et aspire à une réelle indépendance. Elle vit dans un institut spécialisé, parmi d'autres adolescents atteints de cécité. Une nuit, elle s'impose une petite virée en solitaire au parc, mais sa petite escapade rebelle va virer au cauchemar. Elle assiste, impuissante, à un règlement de compte d'une rare violence. La victime disparait et personne ne prend l'histoire de Jill au sérieux. Une adolescente perturbée et handicapée n'est pas un témoin crédible. Traumatisée, notre héroïne sombre progressivement dans une sorte de somnolence glauque et se met à rêver. Pour la première fois depuis si longtemps, des images lui apparaissent dans ses songes...

Avec , Jo Witek nous embarque dans une sorte de thriller plutôt original. Ce livre, même s'il manque quelque peu de crédit tant certains passages sont invraisemblables, a le mérite de nous plonger dans l'univers si particulier des malvoyants. Les descriptions précises et la justesse des ressentis permettent une immersion parfois asphyxiante dans la tête du personnage central. Au-delà de la différence du lecteur et du héros, c'est surtout leurs similarités qui sont habilement  mises à l'index: le sentiment de révolte, la soif de liberté, l'envie de séduire et de se plaire, l'importance du regard de l'autre sur soi, tout y est. N'hésitez pas, vous pouvez choisir cette lecture, les yeux fermés.