Dans les mains de May, se trouvait un saphir !
Elle venait de tirer du fleuve de la Tamise un énorme brochet sans l'aide de personne et, en nettoyant ses entrailles, elle venait d'y trouver cette pierre taillée, énorme comme sa main.
Quelques années plus tôt, un vieux forgeron extirpait des parois rocheuses du lointain Cachemire une énorme pierre bleue, mal dégrossie, grosse comme le poing. La bonne Fortune ou l'heureux hasard lui permirent d'échapper à la mort les minutes suivantes.
La course du saphir ne cesse de filer son chemin entre l'Inde et Londres, dans des circonstances différentes, étranges ou scandaleuses. Source de malchances ou de malveillances ?
Le Merveilleux est aussi un « précieux » qui peut faire perdre la tête.
Avec ces nombreux personnages qui se succèdent, conçoit son Merveilleux comme un voyage dans l'âme humaine.
Ce saphir détient l'ensorcelante beauté de révéler le meilleur comme le pire dans des sociétés de traditions au XIXe siècle qui souffrent déjà de leurs repères de justice et d'équité.
Un peu conte philosophique, le Merveilleux nous fait entrer dans des cultures, des modes de pensées redoutables parfois, où se dessine une forme de chaîne alimentaire humaine, réglée par le poids du savoir, du mépris ou du couteau . Comme le précieux anneau du « Seigneur des Anneaux » de Tolkien, nombreux vont se laisser tenter, du pêcheur qui troque au forgeron la pierre pour « une bouchée de pain », du policier qui ravit la pierre sur le lieu du crime à son enfant qui s'en débarrasse de peur d'être supplanté dans l'amour de sa maman.
Ici, le doute s'installe aussi dans l'adversité, les personnages se découvrent. Journal intime, récit de voyage, récit policier, Chabas livre avec richesse un propos sur le racisme et l'égoïsme avec un peu de merveilleux dans les mains. Talent et profondeur. Un véritable bijou, ce merveilleux !