Le quotidien de mères au foyer du quartier d’Arlington Park, ni chic ni défavorisé, dans une banlieue résidentielle anglaise. Les jours se ressemblent, comme les cafés bus à longueur de journée, et personne ne se connaît vraiment. Car si l’on gratte l’image de la mère de famille dévouée, omniprésente en façade, apparaissent bien vite fêlures et démons.
Nous voilà chez les cousines anglaises des héroïnes de la série Desperate Housewives. Une fois n’est pas coutume, elles sont moins drôles, plus contemplatives, et beaucoup plus déprimées. Un livre offrant de beaux portraits, sans fard certes, mais qui a souvent la main lourde sur le pathos du quotidien.
Dans une banlieue résidentielle anglaise, ni chic ni pauvre, les mères au foyer se croisent quotidiennement. En façade, ce sont toutes des mères de famille dévouées, qui tiennent la maison propre et s’occupent des enfants. En réalité, elles cachent toutes fêlures et démons, et souffrent d’un mal de vivre profond. Les rapports humains sont superficiels, voire faux, et chacune est seule, enfermée dans une vie qu’elles n’ont plus l’impression d’avoir choisie.
Arlington Park parle du temps qui passe, du regard en arrière sur sa vie, des rêves abandonnés. Le style est bon, l’auteur maîtrise sa plume et sait manier l’allégorie et la métaphore. Prose et nostalgie se mêlent et sont distillées au fil du récit. On pénètre l’esprit de ces femmes, on suit leurs pensées, et c’est peut-être justement toute la limite du livre.
Celui-ci s’adonne à la contemplation, la nostalgie, aux regrets. Mais à l’instar de la vie de ses héroïnes, il ne s’y passe rien. Pas d’action, juste du quotidien. Le ménage, la sortie de l’école, le parc, les invitations en journée d’autres mères du quartier… Le mordant promis sur la quatrième de couverture manque, et la révolte n’est pas vraiment d’actualité. La routine et le caractère déprimant de leur vie sont tellement bien retranscrits, que le lecteur peut s’ennuyer d’une telle lecture.
D’aucun pourra y voir une grande vérité, la cruauté de la vie, des portraits sans complaisance. Mais on peut aussi remarquer que le thème commence à être éculé, et a été traité de manière plus fine, moins prévisible, moins déprimante surtout. Reste un bel exercice littéraire, une plume joliment maniée. Ceux et celles à qui le pathos ne fait pas peur peuvent foncer !