Deadman Wonderland de Jinsei Kataoka et Kazuma Kondou est un shonen assez corsé et plutôt sanglant à la lisière du seinen qui devrait ravir les amateurs de science-fiction option fantastique mâtinée de thriller.
Ganta Igarashi est un jeune collégien de 14 ans tout ce qu'il y a de plus normal qui s'apprête à partir en voyage scolaire avec ses camarades de classe quand un homme étrange vêtu d'une sorte d'armure rouge débarque et les déchiquette tous. Ganta, le seul survivant de ce carnage, est inculpé pour le meurtre de ses amis. La justice le condamne à mort et sa sentence sera mise à exécution à « Deadman Wonderland », la seule prison privée du pays.
Cet établissement pénitencier participe activement à la reconstruction de la capitale, Tokyo, dévastée par un grand tremblement de terre qui a eu lieu 10 ans avant les faits. Le principe est simple, il s'agit d'un parc d'attractions, haut lieu du tourisme, et les attractions ce sont les prisonniers. Pour survivre, ils doivent gagner des « Cast Points » (1CP = 1 yen) qui leur permettent de s'acheter de la nourriture et toute sorte de choses, y compris les bonbons nécessaires aux condamnés à mort pour prolonger leur vie de trois jours. Pour gagner des « Cast points », ils doivent participer à des épreuves très dangereuses, voire mortelles.
Quand le cauchemar rencontre la féerie
Deadman Wonderland est un titre surprenant sur bien des points. Transformer une prison en parc d'attractions, l'idée est savoureuse et le décalage entre le discours enjoué réservé aux visiteurs et la réalité de la vie dans la prison donne un peu de piquant à ce manga déjà bien relevé. Pour le coup, on se retrouve dans un univers à l'ambiance proche des films Running Man (de Paul Michael Glaser) et Course à la mort (de Paul W. S. Anderson).
Les colliers portés par les détenus qui permettent de les localiser (et de les tuer à petit feu pour les condamnés à mort) rappellent aussi ceux du roman Battle Royal de Koshun Takami (adapté en film par Kinji Fukasaku avec Takeshi Kitano dans le rôle du professeur Kitano, et adapté en manga par Masayuki Taguchi). Voilà le décor est planté et bien évidemment les âmes sensibles devront s'abstenir.
Les deux premiers tomes de cette série présentent bien les bases du scénario et permettent de commencer à découvrir des personnages qui devraient se révéler complexes. La tension est toujours palpable et le suspens est toujours présent (notamment grâce au système du collier). Si l'univers de Deadman Wonderland est très sombre, les auteurs ne se privent pas d'un peu d'humour, ce qui apporte au lecteur des temps de respirations bien venus.
Quand le « kawaii » devient terrifiant
Au niveau du dessin, le style est plus réaliste que ce que l'on trouve généralement dans les shonen. Cela dit le charac-design est encore assez proche des styles utilisés en shonen, avec par moment des expressions de visages qui tranchent. Ce décalage est assez intéressant et rappelle celui entre le parc d'attractions et la vie des prisonniers.
Le découpage des vignettes est assez carré avec quelques planches un peu plus explosives pour soutenir le rythme de l'action. Les combats et scènes d'action sont bien clairs. On accordera des mentions particulières aux dessins de la prison « Deadman Wonderland » dans son ensemble, un bâtiment imposant entre féerie et cauchemar et aux mascottes kawaii (mignonne) mais aussi effrayantes. Les pages en couleurs au début des deux tomes sont vraiment réussies. On appréciera aussi les bonus parfaitement dans le ton décalé du manga.
Deadman Wonderland est un shonen sombre et sanglant très original à la croisée de Running Man, Course à la mort et Battle Royal mais le tout transposé dans un univers décalé entre féerie et cauchemar. Un manga sur lequel il faudra s'arrêter (si l'on n'est pas une âme sensible) et qui devrait encore apporter son lot de bonnes et terribles surprises.
Un régal !
Crédits couvertures : Deadman Wonder Land © Jinsei Kataoka - Kazuma Kondou 2007 / Kadokawa Shoten Publishing Co., Ltd.