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Shiftas

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Littérature française

Shiftas

"Il suffira d'être assez malins pour transporter tout ça, car tant d'argent ça doit faire de sacrés paquets de linge, d'en laisser une belle tranche à l'oncle millionnaire, d'embarquer dans son petit avion privé pour un aérodrome du Kenya ou du Yémen, de mettre sa part du gâteau en lieu sûr et de tout refaire, tout changer, tout rêver. Dix, vingt, trente millions de dollars, allez savoir, qu'il suffit presque de ramasser. Se faire la belle au fin fond des trous noirs de la planète, être un homme neuf, construit à partir de rien, transfiguré, incompréhensible. Avoir peur de quoi ? Qu'y a-t-il à perdre de si précieux dans nos vies moyennes ? " Echoués à Mogadiscio, un déserteur érythréen, le cuistot marseillais d'un pétrolier en rade et un berger somali fraternisent. Lorsqu'ils apprennent la mort d'un chef djihadiste bien connu qui a planqué une fortune dans une ferme abandonnée, ils se lancent dans une course au trésor rocambolesque qui sera pour chacun l'occasion d'accomplir sa révolution. Cette cavale de trois pieds-nickelés, sur fond de déménagement perpétuel du monde, a des allures de farce tragique. C'est aussi un éloge de la fuite et de l'amitié, une ode aux déclassés de la mondialisation, portés par l'écriture habitée de Léonard Vincent.

03/2019

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Littérature française

Le plongeur

Nous sommes à Montréal au début de l'hiver 2002. Le narrateur n'a pas vingt ans. Il aime Lovecraft, le métal, les comic books et la science-fiction. Etudiant en graphisme, il dessine depuis toujours et veut devenir bédéiste et illustrateur. Mais depuis des mois, il évite ses amis, ment, s'endette, aspiré dans une spirale qui menace d'engouffrer sa vie entière : c'est un joueur. Il joue aux loteries vidéo et tout son argent y passe. Il se retrouve à bout de ressources, isolé, sans appartement. C'est à ce moment qu'il devient plongeur au restaurant La Trattoria, où il se liera d'amitié avec Bébert, un cuisinier expérimenté, ogre infatigable au bagou de rappeur, encore jeune mais déjà usé par l'alcool et le speed. Pendant un mois et demi, ils enchaîneront ensemble les shifts de soir et les doubles, et Bébert tiendra auprès du plongeur le rôle de mentor malgré lui et de flamboyant Virgile de la nuit. On découvre ainsi le train survolté d'un restaurant à l'approche des fêtes et sa galerie mouvante de personnages : propriétaire, chef, sous-chefs, cuisiniers, serveurs, barmaids et busboys. Si certains d'entre eux semblent plus grands que nature, tous sont dépeints au plus près des usages du métier, avec une rare justesse. C'est en leur compagnie que le plongeur tente de juguler son obsession pour les machines de vidéopoker, traversant les cercles d'une saison chaotique rythmée par les rushs, les luttes de pouvoir et les décisions néfastes. Oeuvre de nuit qui brille des ors illusoires du jeu, Le plongeur raconte un monde où chacun dépend des autres pour le meilleur et pour le pire. Roman d'apprentissage et roman noir, poème sur l'addiction et chronique saisissante d'une cuisine vue de l'intérieur, Le plongeur est un magnifique coup d'envoi, à l'hyperréalisme documentaire, héritier du Joueur de Dostoïevski, de L'homme au bras d'or de Nelson Algren et du premier récit d'Orwell, celui d'un plongeur dans le Paris des années vingt.

02/2019

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