Sergueï Shikalov, auteur russe installé en France depuis 2016, publie en mars 2024 son premier roman, Espèces dangereuses, aux éditions du Seuil. Ce récit retrace la décennie 1993-2003 en Russie, période durant laquelle l'homosexualité, dépénalisée en 1993, connaît une relative tolérance sociale.
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Le narrateur, utilisant le pronom indéfini "on", évoque les espoirs et les désillusions d'une génération de jeunes homosexuels russes aspirant à une liberté nouvelle. Les références culturelles occidentales, telles que Mylène Farmer, Madonna ou George Michael, jalonnent le récit, illustrant l'influence de l'Occident sur cette jeunesse en quête d'émancipation.
L'écriture, concise et évocatrice, alterne entre souvenirs personnels et observations sociologiques, dressant le portrait d'une communauté oscillant entre optimisme et vulnérabilité. Les descriptions des lieux de sociabilité, des rencontres amoureuses et des aspirations professionnelles reflètent une époque où tout semblait possible, malgré les stigmates persistants.
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Cependant, cette parenthèse de liberté se referme progressivement avec la montée d'un pouvoir autoritaire et la résurgence de lois discriminatoires. Le roman témoigne de cette régression, soulignant la fragilité des acquis et la persistance des violences et humiliations subies.
Espèces dangereuses se distingue par sa capacité à mêler récit intime et analyse sociale, offrant une perspective inédite sur une période méconnue de l'histoire russe contemporaine. L'ouvrage interroge la notion de communauté et la difficulté de son maintien face à l'adversité, tout en explorant les tensions entre mémoire individuelle et collective.
Ce livre figure dans la sélection du Prix de la Porte Dorée 2025.
