Lors de notre périple dans les allées du Salon du Livre nous avons rencontré JI Di et A. Geng deux auteures de BD chinoise ou manhuajia de l'écurie Xiao Pan. Elles étaient présentes pour dédicacer l'ouvrage collectif China Girls.
Ji Di pour sa part avait déjà été éditée par Xiao Pan avec My Way dont 3 tomes sont déjà parus. Nous avons décidé de faire une interview croisée des deux manhuajia, et surprise ! elles nous ont offert une petite dédicace à quatre mains. Un double autoportrait exclusif et collector pour les lecteurs d'ActuaLitté.
Dans China Girls, vous abordez toutes les deux des thématiques dures et universelles mais de manière très poétique, presque effacée. Est-ce une volonté d'atténuer la douleur par la poésie ? (Dans China Girls JI Di signe le titre Bonbons sur une mère qui a perdu son enfant et A. Geng signe Graine sur l'avortement)
Ji Di : La mort c'est la mort. J'ai raconté les choses comme je les ai senties donc ce n'est vraiment pas une volonté d'atténuer la douleur.
A. Geng : La vie et la mort sont des choses qui sont très belles et j'ai essayé de retranscrire cela d'une belle façon, avec de beaux dessins. Pour moi non plus ce n'est pas une volonté d'atténuer la douleur ou la dureté des thèmes.
ActuaLitté : On retrouve aussi dans Bonbons une note d'optimisme. C'est le message que vous teniez à faire passer ?
Ji Di : J'ai écrit ce titre peu après le tremblement de terre du Sichuan. À la télévision, j'ai vu des mères qui pleuraient. J'ai voulu passer un message à ces femmes, il faut continuer à vivre. La mort n'est qu'un passage dans la vie, c'est triste mais il faut continuer. C'est une philosophie de vie que je me suis peu à peu construite depuis le décès de ma mère.
ActuaLitté : Dans Graine, on retrouve des passages presque surréalistes, voire « techno-surréalistes » (si vous nous permettez ce néologisme). Dans Bonbons, on est carrément dans un univers fantasmagorique. Quelles sont vos influences ? Les courants artistiques tiennent-ils une grande place ?
Ji Di et A. Geng, ont répondu de manière similaire et procèdent de la même façon. Elles ne se réclament pas d'un courant artistique en particulier. Il n'y a pas vraiment d'influence marquée ou du moins consciente et volontaire (même si inconsciemment, on est forcément influencé par ce que l'on voit ou lit). Elles lisent beaucoup et essaient de comprendre ce qu'a voulu faire l'artiste qu'elles ont vu.
ActuaLitté : Comment travaillez-vous ? Comment vous vient l'inspiration ? Est-ce une idée, une image, ou une histoire qui vous vient en premier ?
Ji Di : Je travaille l'histoire d'abord. En fait, je commence à écrire en partant d'événements que j'ai vécu.
A. Geng : Pour moi c'est l'émotion qui est le moteur de tout, ensuite je mets en image ce que j'ai ressenti. En ce qui concerne l'histoire, j'écris peu le scénario.
ActuaLitté : J'ai entendu dire que vous aviez un projet d'album en commun. Comment vous répartissez-vous le travail ?
Ji Di : Je vais écrire le scénario
A. Geng : Et moi, je me charge des dessins.
Ji Di et A. Geng : L'histoire de ce titre évoquera comment le système chinois tend à étouffer les talents particuliers des enfants et jeunes adultes pour avoir tout le monde construit sur le même moule.
ActuaLitté : Que pensez-vous du Salon du livre ?
Ji Di et A. Geng : C'est complètement différent de ce qui se fait en Chine, où l'on se trouve devant de grandes files d'attente pour des signatures à la chaîne. Ici, on prend plus le temps de faire passer l'émotion et d'en recevoir. On aime vraiment la manière française de conduire un salon.
Nous remercions la pétillante Xiao Han pour la traduction et la maison Xiao Pan pour sa gentillesse.