Les derniers patients viennent de quitter l’établissement Raymond Poincaré de Garches annonce l’AFP. Les quatre enfants dont les familles s’opposaient à la fermeture du service sont rentrés chez eux ou ont été dirigés vers d’autres hôpitaux parisiens. Une fermeture qui fait notamment suite au départ à la retraite du docteur Nicole Delépine, chef du service concerné.
Si l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) affirme rester « mobilisée pour maintenir le lien », pour « assurer la continuité de la prise en charge » des malades, du côté de Nicole Delépine, ce n’est pas le même son de cloche. Celle-ci explique qu’il y a « actuellement une vingtaine de familles qui ne savent pas où aller. » L’AP-HP assure que les patients « bénéficient d’une prise en charge médicale adaptée. »
Le moins que l’on puisse dire est que la fermeture du service ne s’est pas faite dans la sérénité. Plusieurs familles s’y opposaient depuis de longs mois. Quatre familles avaient même entamé une grève de la fin au mois de juin.
Mais tous les recours déposés par l’association Ametist ont été rejetés par le tribunal de grande instance et le tribunal administratif de Paris. Aussi, la présidente de l’association déclare : « Le combat continue ». En guise de protestation, Ametist a organisé une marche samedi 9 août, de l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne à l’hôpital Raymond Poincaré.
En effet, il ne s’agit pas ici d’une fermeture anodine. Le service de l’hôpital Raymond Poincaré de Garches se distinguait des autres services en France, dans la mesure où un « choix thérapeutique » y était offert aux patients et à leurs familles. Les autres unités d’oncologie pédiatriques appliquent quant à elles les méthodes et les protocoles établis par la SFCE, la Société française de lutte contre les cancers et leucémies de l’enfant et de l’adolescent.
À ce titre, l’AFP rappelle également que le service du docteur Delépine refusait d’inclure les patients dans des tests cliniques.
DES MÉTHODES CONTROVERSÉES
Les méthodes mises en oeuvre à Garches divisent la communauté scientifique et les médecins. Dans un entretien au « Quotidien du médecin », le docteur Delépine explique que les « protocoles standardisés ne permettent pas un traitement personnalisé du cancer. » Elle détaille aussi la raison d’être de sa « méthode ». « Nous sommes sortis des essais cliniques dès le milieu des années 1980, après étude de la littérature internationale et rencontre avec des cancérologues américains. Nous avons pris modèle sur eux et nous appliquons des traitements éprouvés depuis des décennies. »
De fait, dans les années 1980, Nicole Delépine et son mari regardent de plus près les résultats de l’Américain Gerald Rosen. La méthode affiche un meilleur taux de guérison. Nicole Delépine explique qu’elle ne fait que l’appliquer.
À la base de cette méthode, une molécule, la méthotrexate, utilisée à plus forte dose que dans les traitements « conventionnels ». À Garches, jusqu’à il y a encore quelques jours donc, on prônait l’augmentation de la dose jusqu’à disparition de la tumeur, en fonction bien sûr de la tolérance du patient. Autrement dit, le principe est celui du traitement individualisé. Et c’est notamment à ce niveau-là que le conflit existe avec d’autres médecins.
En attendant, l’équipe de Garches ne veut pas mettre une croix définitive sur ce traitement. « Cela sera bien sûr difficile de rouvrir un service qui a été fermé, mais mon ancienne équipe est prête à aller n'importe où », annonce Nicole Delépine.
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Yuya Sekiguchi
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