En Israël, c'est en train de chauffer assez fort pour les groupes qui auraient des visées expansionnistes un peu trop développées, nous signale Haaretz, après que deux députés envisagent clairement de casser et empêcher toute construction d'un développement dans lequel une maison s'approprierait un ensemble de librairies. Un peu comme Hachette avec Relay, oui, par exemple...
Dimanche, un projet de loi a été examiné, visant donc à interdire la propriété croisée dans l'industrie du livre, lequel a pour but d'aider les indépendants à ne pas se faire engloutir - qu'ils soient éditeurs ou libraires. Carmel Shama et Shelly Yachimovich ont tous deux planché sur la réalité actuelle du marché dans le pays. Leur conclusion est simple : le secteur du livre n'est pas un marché libre. On y retrouverait même « une faille flagrante. Le marché du livre en Israël est contrôlé par un duopole de deux chaînes de libraires », expliquent-ils.
Bilan des courses, on s'en doute, les librairies indépendantes ont mis la clef sous la porte les unes après les autres, au point de ne presque plus exister aujourd'hui. Mais ce n'est pas tout. Aujourd'hui, une pratique anticoncurrentielle a cours, puisque le plus grand éditeur du pays possède également « la plus grande chaîne de librairies ». Et il revient donc à l'État d'y fourrer son nez pour mettre de l'ordre dans tout cela et rétablir un certain équilibre... Et il ne resterait que quelques dizaines de boutiques indépendantes dans le pays...
C'est évident, qui empêcherait un éditeur possédant un faisceau de points de vente, de l'arroser, par exemple... mettons du dernier Dan Brown, au moment de sa sortie, juste avant les fêtes, parce qu'il sait qu'il ne fera pas de ventes après Noël (ou si peu) et qu'il doit concentrer le tir pour atteindre son million d'exemplaires en un minimum de temps ? Hmm ? Qui, donc, pourrait l'empêcher ?
Ventes privilégiées, ristournes et monopole, tout simplement
Eh bien en Israël, personne. Sauf si le projet de loi de nos deux compères arrive à son terme. « La situation actuelle crée une menace réelle pour l'avenir de la littérature en Israël et en particulier pour la diversité des ouvrages mise à la disposition du public israélien », concluent nos deux députés... Selon eux, ne pas appartenir à une chaîne empêche d'obtenir les mêmes rabais sur les ventes de livres, et donc d'être compétitifs tout simplement.
D'ailleurs, les deux compères se sont également penché sur une toute autre question : celle des droits reversés aux auteurs, en tentant d'imposer un paiement minimum qui serait de l'ordre de 7 %.