Pacte sensuel

Ces derniers jours, je vous ai plutôt gâté en vous offrant de nombreux vers délicieux. Il était sans doute plus que temps de changer de mélodie. Et le texte que je vous propose aujourd’hui n’a que peu de choses à voir avec ceux qui le précèdent. Il s’agit d’un extrait d’une des pièces les plus célèbres de Molière (1622-1673) : Dom Juan.

Nous sommes à l’acte IV, scène 4 de la pièce et le père de Don Juan, Don Louis vient une nouvelle fois faire la morale à son fils. Peine perdue bien sûr. Néanmoins, les phrases du père ne sont pas anodines et lancent une réflexion sur ce qu’est la véritable noblesse. Il ne s’agit pas simplement d’hériter d'un nom à la naissance pour être un gentilhomme, il faut agir ensuite en tant que tel…

«…la vertu est le premier titre de Noblesse, que je regarde bien moins au nom qu'on signe, qu'aux actions qu'on fait, et que je ferais plus d'état du fils d'un Crocheteur, qui serait honnête homme, que du fils d'un Monarque qui vivrait comme vous. »

Habitués aux coffrets musicaux thématiques plutôt appétissants (Révoltés, 100 trésors cachés...), les Inrockuptibles ont sorti le 10 juillet, dans leur tradition « libertins / liberté de ton », un coffret à vous ouvrir une faim de loup...

Réunissant 50 morceaux de tous les styles (rock, R&B, de la soul, de la pop, de la chanson, du funk ou de l'électro), les Inrocks ont composé leur Sex Tape, autrement dit, « 50 chansons pour le sexe ».

Le très instructif livret intérieur de ce coffret conçu comme « un substitut au Viagra, une BO des siestes coquines », indique que des travaux pratiques sont obligatoires.

Afin de servir au mieux ses lecteurs, et d'être toujours au plus près de la vérité dans nos chroniques musicales, ActuaLitté s'est sacrifié à essayer pour vous ce coffret en conditions d'écoute idéales... Dur...

Tout d'abord, quelques précautions de sécurité sont à prendre avant de se lancer dans une écoute à haut risque. Attention à la surchauffe de votre platine : les baffles vont fondre, le lecteur va s'emballer. Ensuite une écoute à deux (ou plus, si vous êtes plutôt sports collectifs) est conseillée pour ne pas rester sur sa faim.

Très bien construit, le coffret est structuré en trois Cds : un « Sensuel », un « Érotique » et un « Hot ». Du langoureux « Make Love » de Daft Punk au survolté « Hot pants » de James Brown, en passant par le lascif « Je t'aime... moi non plus » de Gainsbourg et Birkin, la compilation recouvre des époques et des styles suffisamment différents pour que chacun y trouve son compte. « Sensuel » au rythme de vos caresses ou « Hot » au rythme de vos hanches, il y en a donc pour tous les goûts.

Si musicalement, nous avons préféré le CD « Sensuel », avec ses Lil Louis, 10CC, Sébastien Tellier, The Chemical Brothers ou encore Massive Attack, nos travaux pratiques ont fait ressortir le volume « Érotique » comme une valeur sûre. En revanche, une légère réserve sur le disque « Hot », assez inégal, où le R&B pourrait avoir tendance à y prendre une place trop importante.

En tout cas, le coffret est assez varié pour mériter d'être présent dans tous les lecteurs de la maison : dans la chambre pour siestes agitées, la salle de bain pour une douche chaude, le salon pour les petits creux ou dans le jardin pour dérapages contrôlés... À toujours avoir également dans son iPod pour improvisations coquines.

Laissez-vous pénétrer par les beats. Une guitare basse dans la main ils vont vous lubrifier les tympans. Quand la luxure est la mère de toutes les vertus, la musique est la reine de tous les arts.

On notera néanmoins un grand absent de cette sélection de musique pousse-au-sexe : Franky Vincent. Une bonne compilation sur tous les plans...

Vendu 20 €

Commençons la semaine par une plongée dans le théâtre du XVII° siècle avec un auteur trop vite oublié : Théophile de Viau (1590-1626). Il composa en 1621 Pyrame et Thisbé. Je vous propose d’en retrouver un extrait, tiré de la fin de la pièce : Acte V, scène 2, v. 1179-1234.

Inspirée des Métamorphoses du poète latin Ovide, cette tragédie met en scène des amours contrariées. Dans la forêt, près du mûrier où les jeunes gens se sont donné rendez-vous pour fuir, une méprise fait croire à Pyrame que Thisbé est morte. Il se suicide et la jeune fille, arrivant peu après, découvre le corps de son amant.

Commençons par un texte de Pierre Corneille (1606-1684) extrait de L’Illusion comique (1636). Il s’agit là de la scène d’ouverture où l’on retrouve Pridamant et Dorante en grande conversation. Alors qu’ils sont à l’entrée d’une caverne, Pridamant fait part de toute sa tristesse devant la disparition inexpliquée de son fils. Dorante, pour l’aider, souhaite lui présenter un magicien…