Dans une école du New Jersey, on a cru bien faire, en supprimant un livre. Première erreur. Du genre qui attire les réactions des organisations pour la liberté d'expression. Lequel livre est une anthologie de textes sur l'homosexualité adolescente. Seconde erreur, plus grave encore. Parce qu'on tombe là dans la discrimination. Et que ça va coûter cher.
Revolutionary Voices est un recueil de poèmes, de dessins et d'histoires, réalisé par des jeunes homos. Et à Rancocas Valley, le lycée, suite aux plaintes de parents, et un lobbying d'une semaine pour que le livre disparaisse de la bibliothèque, on a finalement décidé de céder. « Vulgarité perverse et obscène », ouvrage « inapproprié », Beverly Marinelli, responsable de cette campagne ne manque pas de jolis mots pour désigner l'objet du scandale. Tout en insistant sur le fait qu'elle n'est absolument pas homophobe.
Bref, le bouquin tombe dans les oubliettes, et l'on aurait pu en rester là. Mais non... Un mouvement réunissant différents groupes pour la liberté d'expression s'empare de l'affaire, estimant que l'on n'a pas le droit « d'imposer son point de vue aux autres, ni demander que le contenu de la bibliothèque scolaire reflète leurs valeurs personnelles, religieuses ou morales ». Le débat ne date pas d'hier, on connaît la chanson.
Et évidemment, supprimer ce livre serait un message envoyé aux jeunes gays, lesbiennes, bi ou trans, marquant une réprobation sociale autant qu'une marginalisation de leur personne. Les divers groupes considèrent que si cet ouvrage permet une information, une prise de conscience ou une orientation dans leur parcours, personne ne devrait le leur refuser.
Une lettre qui pèse lourd...
Tout cela est fort joliment dit, dans une lettre cosignée, entre autres, par la National Coalition Against Censorship, le National Council of Teachers of English, l'American Booksellers Foundation for Free Expression, l'Association of American Publishers et le PEN America. Excusez du peu... « Aucun livre n'est bon pour tout le monde et le rôle de toute bibliothèque est de permettre aux étudiants de faire des choix en fonction de leurs propres intérêts, expériences et valeurs familiales. Même si des livres sont trop adultes pour certains, ils seront utiles à d'autres ».
Pour Berverly, l'action menée contre ce livre est évidemment portée par le besoin de protéger les enfants - une phrase typique de l'adulte qui n'a pas pris le temps de demander à son gamin ce qu'il en pense, et estime qu'il sait déjà ce qui est bon ou mauvais pour lui... D'ailleurs, censurer un livre, c'est toujours le meilleur moyen pour que la moitié d'un campus tente d'en trouver une version, juste pour savoir.