A contre-sens Tome 3 : Jalousie

C'est ce que j'ai toujours dit : « Esthétique et pratique doit être une bibliothèque personnelle. »
Nicolas : Tiens, maître Yoda a encore frappé. Et après on se plaindra de ce que les enfants ne savent plus parler correctement...
Mario : Je ne te permets pas ! Sache, jeune padavoine, que maître Yoda m'a tout enseigné, et que sans lui je ne serai sûrement pas là où je suis actuellement.
Nicolas : C'est-à-dire dans mon bureau ?
Mario : Vas-y, raille tant que tu veux. D'ailleurs, je perçois clairement que le côté obscur de la Force s'empare de toi, jeune padavoine !
Clément : Dis... Ils ne s'appellent pas Padawan normalement ?
Mario : Pfffffffffff ! T'y connais rien. Ça voudrait dire quoi Padawan ? On dirait Oncle Bens qui fait de la pub pour Star Treck... Non, c'est Padavoine. C'est parce que l'avoine est une céréale qui aide à mieux maîtriser la Force et que ceux qui ne contrôlent pas encore leur pouvoir doivent en consommer plus.
(Consternation muette...)
Clément : Et pour se prémunir des troupes de l'Empire, on fait appel aux vertus des jets d'ails, c'est ça ? Un peu comme avec les vampires ?
Mario : Beuh... non, les vampires, c'est avec un pieu qu'on les tue...
Nicolas : Dure journée, encore, qui s'annonce...

Victor : Dites, c'est parce que l'actualité de Google est très marquée ces derniers jours que l'on a droit à une bibliothèque à ses couleurs ? Parce que niveau objectivité de la presse, ça donne plutôt l'impression qu'ils nous ont achetés.
Mario : Ah, ah ! Toi, tu as découvert la surprise que je souhaitais vous faire ! (Lui tirant l'oreille) C'est pas bien d'aller farfouiller dans mes affaires alors que je voulais que tout le monde soit là avant de vous la montrer...
Nicolas : Moi, je lui trouverai plutôt un petit côté rimbaldien à cette bibliothèque... « A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles, Je dirai quelque jour vos naissances latentes »
Clément : C'est vrai qu'elle était tellement bien cachée, posée à côté de ton bureau, qu'il fallait être très malin pour la trouver.
Victor : Clément... ça va aller. Mario, par contre tu lâches mon oreille si tu ne veux pas avoir à user de la Force le restant de tes jours pour boire ton café.
Mario : Ouh ! Il est de mauvaise humeur, parce qu'il s'est fait prendre en train de fouiller dans mon bureau !
Victor : Non, je suis de mauvaise humeur parce que je sors de chez le coiffeur et qu'avec toute l'affection que j'ai pour Van Gogh, je ne suis pas sûr qu'il faille commencer par perdre une oreille pour peindre comme lui.

Cécile : Salut ! J'étais avec le stagiaire... dans la... truc.... pour faire le... enfin... Bon, on est là.
Jubop : Ouaip.
Mario : Ah, je vais pouvoir vous présenter notre nouvelle bibliothèque alors. C'est mon ami Enzo Berti qui l'a conçue spécialement pour moi.
Jubop : Ouaip.
Mario : Comme Victor dit qu'il a des problèmes en latin, j'ai trouvé que c'était bien d'avoir l'alphabet latin devant soi en permanence. Donc maintenant, plus question de faire des erreurs et d'oublier les lettres et leur ordre.
Victor : En latin ?
Mario : Oui, tu dis toujours que quand tu lis mes sujets, tu en perds ton latin. C'est vrai que tu n'es pas très méticuleux : il faut faire plus attention.
Jubop: Ouaip.
Clément : C'est vrai, ça. D'ailleurs, je te trouve bien lâche de prétexter que tu le perds exclusivement quand tu relis les sujets de Mario.
Victor : Clém... s'il te plaît...
Mario : Il a raison !
Jubop : Ouaip.
Nicolas : Accessoirement, quelqu'un peut me dire pourquoi le stagiaire ne sait dire que Ouaip ?
En choeur : Nope.
Nicolas : Oui, je vois... On a bien fait de débuter la campagne d'alphabétisation par la bibliothèque... Ça risque de prendre du temps...

Dans un monde où l'absurdité semble parfois régner en maître, il est rafraîchissant de trouver des œuvres qui mettent en lumière la bêtise ambiante avec humour et finesse. C'est exactement ce que propose le livre Faut pas prendre les cons pour des gens, une série qu’a débutée Emmanuel Reuzé en 2019, avec Fluide Glacial.

Et il nous régale.

Interrogations loufoques et saynètes ubuesques aboutissent à une critique cinglante de notre société moderne. Elles mettent en exergue les contradictions et les absurdités de notre époque, tout en faisant rire le lecteur. L'humour est ici une arme redoutable pour dénoncer et faire réfléchir.

Le dessin de Reuzé, quant à lui, est une parodie de la bande dessinée contemporaine. Il n'hésite pas à reprendre le même dessin sur plusieurs cases, moquant ainsi certaines pratiques récurrentes du milieu. Une approche décalée qui délecte les amateurs de Fabcaro et renforce l'effet comique de l'ouvrage et montre que l'auteur ne prend rien au sérieux, pas même son éditeur.

Malgré les avancées technologiques et sociétales, l’humaine demeure cette créature bêtement imparfaite, souvent guidée par ses préjugés, clichés et autres idées reçues. 

La bêtise, malheureusement, est universelle et intemporelle. Et infinie. Parce que, comme disait Einstein, pour l’univers, quelques doutes subsistent. 

Début novembre, le 4e opus de cette saga caustique sortira en librairie. L’occasion de s’offrir les trois premiers tomes : un geste salutaire.

Nous attendions le tome 3 de Yamikagishi de Nakashima et d'Akana au tournant et nous n'avons pas été déçus. Voilà qui est dit. Les mangaka ont fourni un titre à la hauteur de nos attentes, c'est bien fait, c'est prenant, l'histoire prend un peu d'ampleur. Bref, pari réussi !

Jônosuke est mené devant Hattaori, un chef ninja à la solde du shôgun. Celui-ci explique à notre humble serrurier pourfendeur de démons qu'un groupe de ninja rebelles de la province de Satsuma ont découvert un moyen de rentrer dans le château d'Edo où réside le shôgun. Pour cela, ils comptent se faire passer pour des Oniwa-Ban, les informateurs secrets du roi.

Le seul moyen pour les Oniwa-Ban de se faire reconnaître et d'accéder au château est de récupérer un ordre de mission qui se trouve caché dans un coffre dans un magasin de vêtements. Hattori demande donc à Jônosuke de fabriquer une fausse clef et de se balader avec, afin que les ninja de Satsuma s'en emparent. Ainsi, ils seront découverts.

Une histoire prenante et rondement menée

Le tome 3 de Yamikagishi, le maître des clefs apporte à la série ce qui manquait cruellement dans le tome 2, une histoire plus importante avec des ramifications politiques le tout développé de façon claire et efficace. C'est donc porté par ce souffle nouveau que l'on dévore ce tome. Pas moyen d'arrêter la lecture, il n'y a pas de temps morts, les actions s'enchaînent avec fluidité et le scénario est prenant d'un bout à l'autre.

Du côté des dessins pas de surprises, c'est toujours bien réussi avec un contraste très appréciable entre monstres et personnages humains. On pourrait peut-être dénoter un petit manque d'originalité sur les monstres cette fois-ci. En effet, on rencontre des figures assez connues, un loup-garou façon Dragon Ball et un enfant ailé avec une chevelure vorace. Peu importe, ils sont vraiment bien rendus, et restent impressionnants.

Malheureusement, la série se termine sur le tome 4. On ne verra donc pas de grandes aventures avec Jônosuke. Dommage, les auteurs semblaient très motivés dans leur petit mot de fin du tome 3. On se demande vraiment ce que le tome 4 va nous réserver comme surprises. Et on espère vraiment une fin à la hauteur de cette mini-série décidément bien originale et très plaisante. Fin du suspens courant février.

Yamikagishi, le maître des clefs, tome 3 de Nakashima Kazuki et d'Akana Shû est édité par Doki-Doki. Ce tome compte 208 pages et coûte 8,95 €. Le tome 4 devrait paraître courant février.

On ne présente plus Battle club, dont voici le troisième tome. Et encore une fois nous n'avons pas été déçus à la lecture de celui-ci.

L'entraînement spécial de Tamako se poursuit. Pour sa deuxième épreuve, elle doit aller chercher une clef sous l'eau à une grande profondeur avant que le deuxième gardien ne l'attrape. Pour y arriver Tamako devra contrôler son souffle. Y parviendra-t-elle sachant qu'un être humain normal ne peut pas passer cette épreuve ? De son côté Mokichi continue son chemin pour atteindre le lieu de la troisième épreuve et neutraliser le troisième gardien pour ouvrir la voie à Tamako.

Un tome axé sur la psychologie des personnages

Après un premier tome très original et un deuxième assez surprenant, Battle Club bifurque encore avec ce troisième volume vers quelque chose d'inattendu. Et nous attendons le quatrième tome avec impatience pour savoir véritablement de quoi il retourne. Il semblerait que Yuji Shiozaki soit passé maître dans l'art de surprendre ses lecteurs. Et on passe vraiment un bon moment à la lecture de ce manga.

Encore une fois, humour, fan service, combats, situations cocasses et personnages délirants sont au rendez-vous. Quoique l'on trouve peut-être un peu moins de combats dans ce tome, plus axé sur la psychologie des personnages et sur le dépassement de leurs propres limites. On en apprend donc plus sur Tamako et l'histoire de sa mère ainsi que sur les circonstances de la venue au monde de notre lutteuse préférée. Les membres du club de lutte du Lycée Shiratori commencent à se souder les coudes et on sent qu'ils formeront bientôt une redoutable équipe.

Mais toujours aussi drôle

En bref, Battle Club c'est toujours du bonheur et on trépigne d'impatience à la fin de chaque tome, tellement on a envie de lire le suivant. Avec ce troisième tome les personnages prennent en profondeur et une intrigue plus longue parsemée de combats terrifiants se profile à l'horizon. Battle Club reste un titre réservé à un public averti. Eh oui, il y a pas mal de scènes avec des personnages dénudés, mais comme nous vous l'expliquions ce n'est pas le principal intérêt, et si vous avez envie de vous détendre avec un bon titre comique, nous vous conseillons Battle Club.

Battle Club tome 3 de Yuji Shiozaki est édité par Asuka. Et vous pourrez vous bidonner tout au long de ses 192 pages pour 7,95€. La sortie du tome 4 est prévue pour le 11 septembre 2008.

Si, viens t'asseoir, je t'assure, tu vas voir, c'est super confortable !
Clément : Je suis balade, laisse-boi bourir.
Mario : D'accord, mais après avoir essayé mon nouveau fauteuil de bureau.
Clément : ...
Mario : Je comprends même pas comment il a pu échapper à ma vigilance, celui-là. Imagine, le confort, le raffinement associé au côté pratique. Je trouve ça merveilleux. Je me trouve merveilleux...
Clément : Aaaa...tchoum !
Mario : Dis, t'essaieras quand même de pas laisser de tes virus dessus, hein ?
Clément : Je bais bourir, bais tu bourras avant boi...
Mario : C'est pas évident de te suivre, hein. Bon, voilà l'objet : tu en penses quoi ? Formidable, non ?
Clément : Non.
Mario : Je le savais. Et tu vois, on peut même ranger ses livres !
Clément : Oui. Je bois.
Mario : T'as soif ?
Clément : ...
Mario : Alors là, tu vois, je m'assois et comme je m'ennuie un peu, et que j'ai bien envie de lire un livre, hop, je me lève je fais le tour de mon fauteuil et hop je me rassois...
Clément : Et t'as pas oublié de brendre un libre ?
Mario : Un libre ?
Clément : Oui... un libre... Un bouquin, quoi !
Mario : Ah ça, non. On peut pas.
Clément : C'est effectivement berveilleux alors.
Mario : En fait j'ai collé les livres.
Clément : T'as raison. Cobbe ça bersonne beut te les biquer.
Mario : Non, en fait c'est pour qu'on me les prenne pas.
Clément : En fait, tu bas be tuer...
Mario : Mais c'est surtout pour éviter de rompre l'harmonie des couleurs. J'ai organisé les livres en fonction de la couleur de la tranche. Alors je veux pas qu'on me foute ça en l'air.

Victor : Dites, je cherche la dernière critique de Nicolas, l'éditeur veut qu'on lui renvoie le livre...
Mario : C'est pas possible.
Victor : C'est pas la bonne réponse.
Clément : Il l'a collé à son fauteuil...
Victor : Non...
Mario : Ben, si, peut-être.
Clément : Tu sais, dans l'art boderne, le concept c'est aussi imbortant que l'artiste. Bais là, je crois que c'est toi l'oeubre d'art.

Une maison d’édition se propose de nous faire entrer dans la pensée chinoise avec les contes du grand auteur Shen Qifeng. Deux tomes ont déjà paru.

Yin, femme jalouse, vit l’amour véritable avec Pan le magnifique et à eux deux ils forment le couple le plus beau de la Chine. Malheureusement, un jour, Pan quitte le monde des vivants pour continuer son existence dans les pensées de sa femme. Les années passent et la Belle Yin se morfond toujours, drapée dans son amour volé. Son cousin Huisheng invente donc un stratagème pour lui faire oublier son défunt mari et la rendre à la vie. Il se sert de son art, la peinture, et du défaut de Yin, la jalousie…

Fierté et dévouement dans l’Empire du milieu

Xiaoying, jeune femme habitant la Chine, s’est promis d’épouser quiconque tuerait le responsable de la mort de son père. Le destin joue des tours à la belle enfant et leur horrible voisin Xue meurt dévoré par un tigre sur une route de campagne. La mère de Xiaying, craignant pour ses vieux jours, recherche alors un genre capable de subvenir aux besoins de la famille. Elle ne s’attendait certainement à ce que le tigre revendique la main de sa fille.Plein de finesse, ce conte évoque subtilement la question de l’amour spirituel et la question du dévouement en mettant en scène le tigre, animal symbole de prestige et de fierté.

Shen Qifeng, érudit chinois du XVIIIe siècle a œuvré de poésie dans des contes magnifiques réunis dans un recueil appelé Xieduo, que l’on peut traduire par « À la manière des classiques ». Ces contes adaptés naviguent hors des sentiers battus de la BD et nous font voguer dans la philosophie chinoise.

Une belle initiative

Ce bel essai de la toute jeune maison d’édition HongFei mérité d’être souligné, avec toutefois quelques bémols. Comme précisé dans l’explication de la ligne éditoriale – à la fin de l’album – l’objectif est « de favoriser la rencontre des cultures européennes et extrêmes-orientales par la littérature augmentée d’illustrations originales ». En somme, les illustrations, aussi belle soit-elle, interagissent très peu avec le texte et la narration graphique s’efface complètement. Difficile exercice me direz-vous… C’est tout à fait exact. On est donc obligé d’admettre que les éditeurs et l’illustrateur s’en sortent plutôt bien.

Ces ouvrages sont pour les amoureux des beaux contes, prêts à voyager dans d’autres systèmes de pensée. En refermant ces livres, on se dit qu’il y a vraiment plus que quelques milliers de kilomètres qui nous séparent de la Chine : on en ressort avec plus de doute que de certitude et c’est agréable.

Yin la jalouse de Shen Qifeng et Bobi+Bobi, Tigre le dévoué, de Shen Qifeng et Agata Kawa, publié chez HongFei au prix de 16 € chacun.

Le centre Pompidou de Metz (CPM) est inauguré aujourd'hui par le président de la République. Il sera ouvert au public à partir de demain et sera pour l'occasion accessible jusqu'à dimanche gratuitement. Par la suite il faudra compter 7 euros l'entrée sauf pour les chômeurs, enseignants, handicapés et jeunes de moins de 26 ans (entrée gratuite).

Ce Centre Pompidou de Metz qui dépend plus ou moins de Beaubourg à Paris. Il incarne le premier grand projet de décentralisation culturelle français. Dans deux ans ce sera au tour du Louvre d'avoir un petit frère en province, à Lens plus précisément.

À son lancement en 2001, le projet avait été critiqué, on l'estimait notamment trop cher. À l'époque le budget était d'environ 30 millions d'euros. Finallement, le musée ouvre sous les vivats de tous avec pourtant trois ans de retard sur la date d'ouverture initialement prévue et un budget deux fois plus gros d'un peu plus de 70 millions d'euros. C'est que l'on espère que ce Centre Pompidou messin aura sensiblement le même effet que le musée Guggenheim sur Bilbao. En effet, la ville, sinistrée a connu une deuxième vie grâce à son musée. Metz en aurait bien besoin surtout avec le départ des militaires (les casernes de Metz ferment).

On a beau penser au musée Guggenheim, on reste mesuré et on préfère tabler sur 200 000 visiteurs par ans plutôt que sur 1 million. Le CPM a été conçu par des architectes de renom Shigeru Ban et Jean de Gastines et une chose est sûre avec sa grande membrane blanche et sa flèche de 77 mètres, il est impossible de ne pas le voir dans la ville. De même grâce aux grandes baies vitrées des galeries d'exposition, il est impossible de ne pas voir la ville. Les habitants de Metz, lui ont d'ailleurs déjà donné des surnoms affectueux comme « la maison des Schtroumpfs » ou le « Chapeau chinois » (en rapport avec sa grande membrane blanche).

Une inauguration digne des plus grands chefs-d'oeuvre

Moins gigantesque que Beaubourg, il bénéficie d'une superficie de 10 000 m² dont la moitié est utilisable pour des expositions (c'est environ 1 dixième de la surface de Beaubourg). On y trouvera une salle de spectacle, « le studio » de 196 places, un auditorium de 144 places, un restaurant, un café et une librairie Flammarion (nous y reviendrons). Le CPM devrait pouvoir accueillir jusqu'à 1 200 personnes en même temps et devrait présenter essentiellement des expositions temporaires avec des pièces en provenance de Beaubourg. C'est justement un conservateur de Beaubourg et commissaire d'exposition, Laurent Le Bon, qui s'est vu confier la direction du CPM pour 3 ans

Pour fêter son inauguration, le Centre Pompidou de Metz propose une exposition temporaire (un an) intitulée « Chefs-d'oeuvre ? » Cette exposition réunira 800 oeuvres (dont 700 issues de Beaubourg) qui porteront le visiteur à se questionner sur la notion de chef-d'oeuvre à travers l'Histoire, dans les musées et dans la conception contemporaine. Enfin, le musée à peine ouvert proposera un programme complet, en plus de l'exposition samedi soir jusqu'à 1h du matin pour la Nuit des musées.

À retrouver en librairie Le Petit Pape de Boucq, de retour chez Fluide Glacial après plus de dix ans d'absence (il fallait bien dessiner l'incroyable Bouncer).

Des gags en quelques planches prenant pour héros un pape minuscule, bête à manger du foin d'hostie, mais plein de bonne volonté. C'est idiot, souvent absurde, politiquement impardonnable, et très peu catholique.

Mais quel dessin ! Boucq, comme Daniel Goossens, soigne au moins autant ses décors et les tronches de ses personnages que ses gags. L'album vaut le détour, rien que pour le plaisir évident que Boucq prend à dessiner le souverain pontife et sa clique, dans les décors disproportionnés du Vatican.

Danzaisha tome 3 d'Itô Ei confirme la bonne impression que nous avait laissée le tome 2. L'histoire se développe, et les personnages prennent de la consistance. Tout se met petit à petit en place pour un grand final. La mangaka assume aussi parfaitement ses influences ainsi à la fin du tome en bonus, elle s'entretient avec maître Daisuke Moriyama, le créateur de Chrno Cruisade. Un petit bonus très sympathique et plein d'humour avec pour fêter le tome 3 un dessin d'Angela par Daisuke Moriyama.

Le tome 3 s'ouvre sur un flash-back amorcé à la fin du tome 2. On y retrouve Meg alors qu'elle était enfant avec son père. Celui-ci est missionnaire et il prêche la bonne parole en Amérique latine. C'est un homme bon apprécié de tous. Enfin pas vraiment, certaines personnes voient sa présence d'un mauvais oeil. Pour le faire partir, ils ont décidé de tuer sa fille en faisant tomber un grand mât sur elle lors de la fête d'Indra Jatra.

La fillette se retrouve très sérieusement blessée, en fait elle est à deux pas de la mort. Le missionnaire renie son dieu, et ne vit plus que pour tenter désespérément de sauver sa fille. Il apprend plus tard que le sort réservé à sa fille n'était pas un accident. Il est alors pris en chasse par les comploteurs et se retrouve dans une grotte qui dit on est habitée par un démon. Réveillé par la haine qui émane des agresseurs, le démon propose au père de Meg son aide pour les tuer et pour sauver sa fille.

Une séquence dramatique

Ce tome 3 nous propose d'abord de revenir sur la rencontre entre Meg et Angela. Une petite histoire située dans l'enfance de Meg. Il s'agit presque d'une histoire indépendante tant la tension dramatique est développée. Une histoire où se rencontrent l'insouciance, la bonté, la haine des étrangers, le désespoir et l'amour d'un père maudit. Ce passage est un vrai petit délice. C'est bien rythmé, le travail sur les personnages est réalisé avec justesse, les dessins sont très bien léchés avec des décors et des costumes sublimes et un charac-design poignant. Il y a même un fond philosophique propre qui pousse à la réflexion sur la relation des hommes à la religion.

Ce passage, n'est pas non plus dissociable du reste de l'histoire car il apporte de précieuses informations qui vont servir à construire l'histoire et à mieux cerner les deux personnages principaux. La deuxième partie du tome reprend le cours normal de l'histoire. Mais pas question de souffler pour autant, Meg et Angela qui sont dans le train se font attaquer par des wagons de passagers possédés. C'est le retour à de l'action bien rythmée. Là encore, la mangaka arrive à glisser deux surprises de tailles qui donnent un autre tournant à l'histoire et encore plus d'ampleur au scénario.

Le rythme s'accélère

Les dessins de ce passage sont particulièrement bien réussis. Les scènes de combats et le charac-design des monstres sont des petits bijoux. Les personnages explosent les cases qui elles-mêmes sont découpées de manières énergiques, les plans et contres plans s'enchaînent vite. Le tout donne l'impression que l'on est plongé dans l'action avec des combats féroces et rapides. Une impression d'accélération qui colle bien avec ce passage de l'histoire. On sent bien qu'à partir de maintenant tout va s'accélérer jusqu'à un final qui promet d'être explosif dans le tome 6. Cela dit, il reste des zones d'ombres et on devrait avoir encore quelques belles révélations dans le prochain tome.

Danzaisha tome 3 d'Itô Ei est le tome le plus abouti de la série jusqu'à présent. C'est un subtil mélange entre drame, action bien rythmée, révélations et réflexion. Les dessins sont toujours aussi beaux et efficaces. Les bonus sont marrants et la couverture intérieure est encore différente de celle de la jaquette de protection. Si vous avez aimé les deux précédents tomes, alors celui-là va vous ravir. Et pour ceux qui ne connaissent pas la série, nous vous invitons vraiment à la découvrir.

Danzaisha tome 3 d'Itô Ei est édité par Doki-Doki. Et vous pourrez vous procurer ses 208 pages de délice pour 6,95 €.

Battle club, nous avait déjà séduit par son originalité et sa bonne dose d'humour décomplexé, avec le tome 4 de cette série le mangaka, Yuji Shiozaki, passe à la vitesse supérieure et fait place nette aux combats.

Mokichi a été sauvé de justesse d'une bande de mauvais garçons qui l'avaient déjà martyrisé par le passé (cf tome 1). Celle qui est venue à son secours est une énigmatique jeune fille qui porte un bracelet sur lequel est inscrit N.O.B. (le sigle de Nigthmare Of the Battle).

Même si elle a dû intervenir pour sauver Mokichi, cette mystérieuse combattante avoue être curieuse de la capacité de notre héros à encaisser les coups. S'il veut la revoir, elle ne lui laisse qu'une option devenir plus fort pour que leurs routes se croisent à nouveau. Mokichi subjugué par cette dernière va commencé à prendre l'entraînement très au sérieux.

Mokichi revient sur le devant de la scène

Le tome 4 fait la part belle à Mokichi, lui que l'on pensait faible et un peu lâche voire veule, va s'avérer être un combattant tenace qui monte en puissance. S'il avait été laissé de côté au profit de Tamako dans les trois précédents tomes, celui-ci lui est presque entièrement consacré. Tamako ayant quelques petits problèmes digestifs, elle ne pouvait évidemment pas tenir le haut de l'affiche.

Nous devons avouer que cela fait plaisir de voir Mokichi se réveiller. Son personnage était certes attachant mais il commençait à manquer de saveur. De personnage principal au tout début du premier tome, on en était venu à le considérer comme un personnage très secondaire. Une sorte de bouffon du roi. Dans ce tome, il réintègre sa place dans l'histoire et dans l'équipe du club de lutte de Shiratori, se positionnant même en tant que combattant à gros potentiel. Enfin, il a quand même pas mal de progrès à faire encore.

Des combats haletants

Plus généralement, l'intrigue principale de Battle Club part vers quelque chose de vraiment intéressant, laissant envisager de beaux combats. De nouveaux personnages secondaires font leur apparition, et on sent qu'ils auront de l'importance dans la suite des événements. On entrevoit même de nouvelles amitiés qui devraient donner un peu plus d'ampleur au scénario et aux scènes de combats.

Ce tome largement plus axé sur les combats et l'action que les précédents, nous permet d'assister à quelques combats haletants. La résistance des personnages est mise à rude épreuve et le lecteur en prend plein les yeux. Les combats sont fluides et bien détaillés. Si on appréciait déjà Battle Club pour son charac design très réussi, la qualité des dessins des combats autant dans le rythme que dans la précision du trait nous transporte.

Comique de situations en tout genre

L'humour est comme toujours au rendez-vous. Le mangaka s'amuse à mettre ses personnages dans situations pas possibles qu'elles soient sexy, burlesques ou encore pipi-caca, Yuji Shiozaki n'épargne aucune honte à ses héros. Et c'est peut-être parce qu'il ne respecte rien que l'on rit de si bon coeur à la lecture de Battle Club. Enfin, nous vous le rappelons à chaque fois, Battle Club est réservé à un public averti. En effet, le fan service est souvent au rendez-vous et les petites culottes et autres scènes légèrement sexy sont légion. Particulièrement dans ce tome, qui en outre contient quelques vignettes qui pourraient choquer.

Battle Club tome 4 de Yuji Shiozaki c'est encore une fois une bonne dose de bonheur. L'intrigue se construit intelligemment, les personnages évoluent, les combats sont vraiment une belle réussite et l'humour est décapant. Nous vous conseillons donc chaudement ce titre.

Battle Club tome 4 de Yuji Shiozaki est édité par Asuka. Et vous vous enivrerez de ses 192 pages de douce folie pour 7,95 €.

Le premier tome de Bokurano de Mohiro Kitoh nous avait franchement étonnés pour ne pas dire destabilisés. Le deuxième tome avait confirmé nos impressions, nous tenions dans les mains un drame psychologique avec des mecchas. Le troisième tome reste sur la même optique apportant au passage des éléments nouveaux et creusant les rapports entre certains personnages.

Le fait de se savoir condamné a plongé Isao Kako dans une profonde dépression. Il n'ose plus sortir de chez lui, et tremble à l'idée d'être appelé par Truckifouette pour aller se battre. D'ailleurs c'est à ce moment que Truckifouette fait son apparition pour lui annoncer qu'il va bientôt devoir prendre les commandes de Zearth. Kako refuse mais Truckifouette ne lui laisse pas le choix.

Avant de partir, il lui révèle aussi que Yosuke et Chizuru sont en très bon terme. Et qu'il devrait faire ce qu'il rêve de faire avant de mourir, histoire de ne rien regretter. Kako, dont les capacités de jugement ne sont plus ce qu'elles étaient, décide de se rendre chez Chizuru. Il compte coucher avec elle de grès ou de force, mais la petite Chizuru n'est pas la jeune fille fragile que l'on imagine.

Peur et vengeance

Si le tome 2 de Bokurano était consacré à la dignité. Le tome 3 lui est centré sur la peur et la vengeance jusqu'à la folie aveugle. Des personnages qui paraissent stables succombent tout à coup à des ressentiments. Avec une mort annoncée en toile de fond les enfants ne parviennent pas vraiment à dominer leurs pulsions. Kako est obsédé par sa peur de la mort qui le paralyse d'un côté et lui fait envisager de faire des actes répréhensibles envers des personnes qu'il apprécie.

Quant à Chizuru, elle sombre dans un besoin de vengeance viscéral qui va l'aveugler et lui faire détruire une partie de la ville au mépris des innocents qui se trouveront sur son passage. Innocents abusés dont elle a elle-même fait partie un jour, et c'est d'ailleurs le moteur de sa soif de vengeance. Vous l'aurez compris ce troisième tome de Bokurano est tout aussi dur que les précédents. Mohiro Kitoh n'épargne personne et n'hésite pas à rentrer dans des sujets très sensibles. La prostitution était évoquée dans le tome précédent, dans ce tome on aborde la pédophilie.

De lourdes pertes humaines

En dehors, des drames personnels des personnages principaux, il y a aussi le drame des pertes humaines lors des combats de Zearth. Très peu traité jusque-là, il prend dans ce tome une place plus importante avec notamment l'intervention de l'armée. En effet, les enfants sont identifiés comme étant les pilotes du robot. Et l'armée compte bien faire en sorte que le nombre de morts lors des combats n'aille plus crescendo. Le problème c'est que les armes humaines sont inefficaces contre les envahisseurs et que seuls les enfants sont habilités à piloter Zearth. L'avenir est entre les mains d'enfants parfois instables, ce qui ne devrait manquer de créer des tensions.

Encore une fois Mohiro Kitoh nous régale avec un troisième tome entre troubles émotionnels et psychologiques sous fond de mort pour les personnages et risque de grand cataclysme pour l'humanité avec déjà de nombreux morts. Nous rappelons que c'est un manga dur et qu'il s'adresse à un public averti.

Bokurano, notre enjeu tome 3 de Mohiro Kitoh est édité par Asuka. Et vous serez happés par ces 224 pages pour 7,95 €. Le tome 4 devrait sortir le 12 décembre.

La double page Bretecher / Delfeil de Ton, pour celui qui réédite tous les articles du second pour la troisième fois, Jean-Christophe Menu, c’est d’abord le paternel lisant l’Obs, l’enfance circonspect. DDT, c’est un journal dans le journal assure l’artiste-entrepreneur : un “désintégrateur métaphysique”.

DDT,  c’est aussi Hara-Kiri, avec Reiser, Gébé, Willem, Wolinski, Cavanna, le professeur Choron…”Une nouvelle façon de rentrer dans le lard du monde”, avant de devenir une ancienne qui n’a plus le droit de citer dans la 2023 verrouillée des fesses. 

3e volume des Lundi de Delfeil de Ton par le “kamikaze” Jean-Christophe Menu : un premier tome en 2012 qui couvre les années 75-78, puis la faillite, un deuxième quand même, 10 ans plus tard, avec un dessin de Siné et une préface de Pacôme Thiellement pour les années 1978-79, et là, un an plus tard (changement radical de délai), avec une couverture signée Willem cette fois-ci, 1980-1981. Bel objet encore.

Au programme de l'avènement de ces tant décriées années 80 : sa septième semaine, madame Angst, mère de Zorn qui tente de casser le testament du mourru. Le fils a légué ces millions de francs suisses à “une organisation révolutionnaire”... Le PCF de Georges Marchais, Monsieur Propre, les boules puantes, la routine, les communistes encore, partout dans le monde à l’époque…

Henri Roussel est toujours vivant à 89 ans, vive Delfeil de Ton !