On a coutume de décrire la période « Renaissance » comme celle qui a vu éclore en Europe une nouvelle liberté d'expression artistique, coïncidant notamment avec celle des balbutiements de l'imprimerie. Mais les siècles des réformateurs et autres grandes découvertes se caractérisèrent également par un rigoureux renforcement des organes de contrôle des publications. Une période prolifique en bulles d'excommunication comme d'interdictions d'Etats, et au cours de laquelle les écrivains eux-mêmes s'adonnaient à certaines formes d'autocensure afin de publier implicitement leurs pensées les plus révolutionnaires. Erasme, notre Book émissaire de la semaine, surnommé en son temps le Prince des humanistes, exprimait ainsi par l'humour et à renfort d'ironie son dédain pour les comportements moutonniers. Si bien que la censure, en chien de berger du troupeau de l'orthodoxie, allait lui montrer ses babines retroussées.