Si Hachette UK n’est pas l’unique éditeur impliqué dans ce conflit, sa notoriété et son importance servent pour l’heure de bélier pour contraindre le libraire en ligne Amazon. Le conflit financier qui les oppose tous deux, qui concerne la négociation des remises accordées pour l’achat de livres, est désormais repris par les auteurs et les agents d’Angleterre, qui viennent de manifester leur soutien à l’éditeur.
Jonathan Loyd, de Curtis Brown, un gros cabinet d’agents littéraires anglais, s’est exprimé en ce sens : « Je pense que la totalité de la profession, éditeurs, auteurs et agents, supportent à 100 % Hachette. Quelqu’un doit fixer les limites. Les maisons d’éditions ont déjà concédé 1 % aux revendeurs par an, alors où cela s’arrêtera-t-il ? Se servir des auteurs comme l’on gère une équipe de football est une honte. » Amazon a en effet renouvelé sa technique de prise d’otage en supprimant les livres neufs de certains auteurs très vendeurs de Hachette UK pour ne proposer que des livres d’occasion aux consommateurs.
Il en va de même pour Clare Alexander de Aitken Alexander, autre cabinet : « Il s’agit d’un aperçu inquiétant de l’âme profonde d’Amazon. Je trouve leur cruauté dans la négociation extrêmement préoccupante. » D’autres, comme Derek Johns de A.P. Watt qualifient l’attitude de prédatrice, mais le soutien à Hachette est entier.
Scandaleux, attitude prédatrice, cruauté...
Mais parmi les autres éditeurs, le son de cloche s’amplifie. « Supprimer ce bouton d’achat revient à se rendre chez un libraire et lui demander si l’on peut acheter tel livre et qu’ils vous répondent ‘Non’. C’est scandaleux. D’autres remercient le ciel que ce soit Hachette qui soit touché et non pas eux, pour le moment. » L’alternative st alors de tenter de faire vendre plus chez les concurrents en ligne ?
Du ccôté d’Amazon, la réponse est immanquablement la même : « Nous sommes totalement décidés à offrir la plus large sélection de titre tant par l’intermédiaire de nos étals que par le Market Place [NdR : vente d’occasion de livres]. Amazon.co.ukl est également décidé à proposer les prix les plus bas. »
Avenir inquiétant selon Hachette
Dernièrement Tim Hely Hutchinson, PDG du groupe déclarait que le comportement d’Amazon « avait brisé la relation de confiance » avec ses clients et que Hachette adopterait une position ferme dans cette affaire. Selon lui, le cyberlibraire deviendra d’ici à trois ans le plus grand vendeur en Angleterre.