la Foire du Livre d'Abou Dhabi et de la London Book Fair, les Salons littéraires n'en finissent pas de se mettre à dos les auteurs. Le Salon du Livre de Québec a suscité la colère des auteurs locaux après une déclaration pour le moins à l'emporte-pièce de son président-directeur général Philippe Sauvageau lors d'un entretien.
Au cours d'une interview au journal Le Soleil, dans laquelle il se félicitait d'une fréquentation record, le président-directeur général du Salon du Livre de Québec, Philippe Sauvageau, n'avait probablement aucune idée de la bombe qu'il allait lancer.
À la question du journaliste Didier Fessou « Au lieu de confier la présidence d'honneur du Salon du livre à un écrivain de l'extérieur, un Montréalais la plupart du temps, pourquoi ne pas l'offrir au lauréat du prix littéraire du Salon du livre et de la ville de Québec ? », le responsable a répondu « Comme président d'honneur, on essaie d'avoir un auteur québécois qui soit très connu et qui ait une propension à parler facilement, quelqu'un qui aime parler au monde. Si on avait quelqu'un comme ça à Québec, on le prendrait. »
Histoire de creuser encore, l'organisateur propose ensuite un vote du public, concluant par un « Ce serait le fun! » pour le moins désarmant.
Logiquement, les auteurs ont plutôt mal pris la chose : dénonçant des « propos à la fois blessants et grossiers », 68 écrivains québécois ne sont pas restés cois et ont fait parvenir une lettre (l'intégralité de celle-ci est disponible ici) au conseil d'administration du Salon qui réclame la démission de Philippe Sauvageau. Elle rappelle également l'« obligation de promotion des auteurs de Québec » qui est celle de l'évènement, « ne serait-ce que par le soutien financier octroyé par la ville et ses partenaires ».
Dans une parodie plutôt bien tournée de la déclaration du président-directeur général, la lettre se clôt sur une proposition : « Peut-être devrions-nous remplacer Philippe Sauvageau par quelqu'un de Montréal qui ait une propension à réfléchir de manière plus aiguisée et à mieux s'exprimer avec la presse. À la limite, on pourrait faire un concours et demander aux écrivains de la capitale nationale qui ils voudraient avoir à sa place. Ce serait le fun! »
John Keyes, le président du conseil d'administration a bien pris en compte la missive et fait parvenir au Soleil un communiqué garni des plus plates excuses, et a défendu la cause du président-directeur général, lui-même profondément désolé. « Pour chacun des cinq jours du Salon, nous sollicitons la collaboration d'un "invité d'honneur" et depuis 1999 les auteurs de Québec figurent justement parmi ces invités d'honneur » explique Keyes, qui insiste sur les honneurs réservés chaque année au Québec.
Cette année, le Salon du Livre de Québec accueillait 975 auteurs, pour une fréquentation estimée à 66 000 visiteurs en quatre jours.