Si la loi fédérale interdisant un certain niveau de plomb dans les jouets pour enfants de moins de 12 ans s'abat sur les États-Unis, et que les bibliothèques sont normalement exemptes pour une année encore de sa mise en application, l'AP vient de publier un rapport inquiétant. En effet, deux établissements auraient le mois dernier retiré de leurs étals des livres pour enfants imprimés avant 1986, date fatidique posée par la loi, et la Consumer Product Safety Commission.
Si cette dernière a précisé que les livres pouvaient être inclus dans ce cadre juridique, elle n'a pas posé d'ordre formel ni livré de recommandations aux bibliothèques qui se sont livrées à cet exercice. Pourtant, l'interprétation de la loi fédérale par la CPSC a déjà fait couler de l'encre. Car des dizaines de millions d'exemplaires pourraient tomber sous son coup, prévient le bureau sis à Washington de l'American Library Association.
Pour un spécialiste de la question du plomb et des enfants, le risque est d'ailleurs moindre. Exception faite de celui qui va mâchonner le livre et qui pourrait alors courir un risque. Sauf que sur l'échelle de 0 à 10 posée par Jay Dempsey, ce dernier serait de 0,5...
Les professionnels se débattent
Les industries de l'édition et de l'imprimerie ont mis en ligne un site permettant de vérifier et comparer les mesures de plomb - que l'on trouvait avant 1986 dans l'encre - contenues dans les livres. Mais les résultats semblent montrer que la présence est quasi indétectable, et de toute manière bien inférieure aux recommandations fédérales sur le sujet. Maintenant, en l'absence d'une étude réalisée par un cabinet d'audit privé et non subventionné par l'industrie, la question restera soumise au doute.
Les bibliothèques, du plomb dans l'aile ?
Reste que ces deux bibliothèques qui ont restreint l'accès aux livres pour les enfants de moins de 12 ans pourraient être tout à la fois un symptôme, autant que l'on espère qu'elles ne seront qu'un cas isolé. Dans tous les cas, voir un ensemble de livres recouvert d'une bâche ne doit pas être du meilleur effet pour un enfant, et l'interprétation qu'il en fera ne manque pas laisser dubitatif.
Emily Sheketoff, directrice de l'ALA, ajoute son grain de sel : « Les collectivités feraient une attaque si les bibliothèques publiques commençaient à jeter des centaines et des centaines de livres uniquement parce qu'ils sont sortis avant une certaine date. » La sécurité avant tout, certes, mais pas non plus aveuglément...