Le différent opposant la Maison Tsaba et l’association des écrivains romanciers d’Amérique (RWA) se prolonge suite aux accusations de Tsaba la semaine dernière à l’encontre de RWA qui ferait de la discrimination envers les petites presses en refusant à leurs auteurs de concourir au prix RITA de la RWA. RWA rétorque qu’elle considère Tsaba comme un éditeur subventionné en raison de clauses de refacturations aux auteurs sur leur contrat de base.
Selon la politique de RWA, un éditeur subventionné est défini comme suit : « Tout éditeur qui publie des livres en faisant participer l’auteur aux coûts de production de quelque manière que ce soit, y compris les frais d’évaluation de l’éditeur ou tout autre frais d’édition et/ou de distribution. » LA RWA bannit ces éditeurs de ses programmes et de ses concours.
« Ils utilisent cet argument comme moyen d’empêcher les petites presses de se présenter aux concours. Il me semble également qu’ils essaient de contrôler l’issue du concours en régulant l’inscription des postulants », explique Pam Schwagerl, directrice de la publication chez Tsaba.
Tsaba contre la RWA, round 2
David Koehser, un avocat de Minneapolis, spécialisé depuis 20 ans dans le droit de la publication et qui représente la plupart des éditeurs des Villes Jumelles (Minneapolis et Saint Paul) ainsi que des auteurs de tout le pays appuient les propos de Schwagerl.
« Ces clauses sont très communes », déclare-t-il, « Elles sont présentes dans la plupart de mes contrats. L’auteur se doit de rendre un manuscrit approprié à l’éditeur et est obligé de fournir du matériel complémentaire. Cela n’est pas considéré comme un dispositif de subvention. Cela ne transforme pas une presse en éditeur subventionné. »
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La RWA a réfuté vendredi sur son site Internet l’article du 13 mars du quotidien Publisher Weekly. L’organisation soutient que Molly Noble Bull, l’auteur qui selon Tsaba, aurait été banni par la RWA au prix RITA, aurait en réalité contacté la RWA car elle « souhaitait s’inscrire » aux concours Yellow Rose et Gayle Wilson, deux prix sponsorisés par des branches de la RWA et non l’organisation nationale.
« Les règles relatives aux concours organisés par les branches sont décidées par chaque branche, a déclaré la RWA. « À aucun moment, l’auteur n’a fait mention du prix RITA lorsqu’elle est entrée en contact avec nos bureaux. »
A la demande d’une clarification, Schwagerl a confirmé les dires de la RWA : Bull avait dit à Schwagerl qu’elle avait tenté de soumettre son roman, Sanctuaire, à « un des prix RWA » et s’est vu rétorquer qu’elle ne pourrait pas concourir tant que la Maison Tsaba n’avait pas prouvé à l’organisation nationale RWA qu’elle n’était pas un éditeur subventionné.
Aucun auteur admis qui serait issu de maisons subventionnées
Après avoir reçu le contrat de base de Tsaba, la RWA a renvoyé une lettre de son siège du Texas expliquant que la RWA considérait que Tsaba était une presse subventionnée ; aucun de leurs auteurs ne sera accepté sur les listes du programme « Premières Ventes » ou pour le prix RITA. « Je ne savais pas que [Bull] n’avait en fait pas postulé au RITA, affirme Schwagerl. C’est la RWA qui nous a mentionné RITA dans la lettre. »
« Ils sont contrariés, car nous avons dit que Bull avait essayé de postuler au prix RITA alors qu’a priori, ce n’était pas le cas, constate Schwagerl. Le problème reste que Tsaba est considéré comme un éditeur subventionné et que nous sommes d’emblée interdits de postuler au prix RITA. Pourquoi n’abordent-ils pas ce sujet-là ? »
Les références aux Premières Ventes et au prix RITA dans les lettres de RWA sont « des expressions standardisées que nous utilisons quand on informe les éditeurs qu’ils ne sont pas conformes aux standards de la RWA, » répond Allison Kelley, directrice exécutive de RWA, ajoutant que si Tsaba modifiait son contrat de base, la RWA serait « enchantée » de réviser leur jugement.
Vers une inévitable action en justice ?
Schwagerl, qui a déjà envoyé une lettre à la RWA menaçant de lancer une injonction obligeant l’organisation à accepter l’inscription du roman de Bull au prix RITA (bien que la date limite soit passée, le nom des finalistes étant prévu pour le 26 mars), consulte aujourd’hui un avocat avant ce passer à l’étape suivante.
Schwagerl refuse de modifier son contrat en accord avec les standards de la RWA. « Je pense sincèrement qu’ils n’ont pas leur mot à dire dans la rédaction de mes contrats ou dans la redéfinition pour l’industrie du terme presse subventionnée », déclare-t-elle.