Récemment consacré par le prix Dan David, qui remet trois fois la somme d'un million de dollars aux personnes qui ont effectué un travail remarquable dans les domaines scientifiques, technologiques, culturels et sociaux, Amos Oz est un auteur israélien qui a donné de la voix, intervenant dans le conflit israélo-palestinien.
Mardi, Ehoud Barak a en effet envisagé un mouvement armé dans la bande de Gaza, dirigé directement contre le Hamas. Certes pas dans l'immédiat, mais qui se déroulera, selon ses propos, « au moment propice ».
Prônant au contraire un cessez-le-feu, dans les affrontements contre le Hamas, Oz a pris la parole sur la radio publique pour déclarer : « Israël doit se garder de dépêcher son armée à Gaza. » Au cours d'une autre intervention, à l'université de Tel-Aviv, il a également exprimé ses craintes : « Israël s'exposerait à beaucoup plus de pertes dans une telle opération que par celles occasionnées par sept ans de bombardement à la roquette. »
Un risque humain
Ce refus de l'approche militaire, pour le fondateur du mouvement Peace Now, incarne surtout une mesure de prudence. « Nos forces d'occupation se feraient harceler jour et nuit et une telle occupation pousserait les Palestiniens à resserrer les rangs derrière le Hamas. » Selon lui, il existe « un prix politique à payer », qui est préférable à celui d'une intervention militaire « qui pourrait être catastrophique ».
Alors que du côté palestinien, un membre du mouvement de résistance islamique invitait à une trêve, Israël a encore fait fi de cette proposition.
Turin, sur le devant de la scène
Or en parallèle, alors qu'à Turin, le boycott des écrivains arabes alimente encore les polémiques, Amos Oz aura à marquer sa position, lui qui déclarait : « Qui refuse le dialogue est fondamentaliste ».
Ce boycott fait long feu en Italie tandis que des associations palestiniennes incitent à une mobilisation générale le 10 mai prochain, à prompt renfort de slogan contre Israël. Invité d'honneur du 60e anniversaire de la Foire du Livre à Turin, l'État juif est dénoncé par la ligue des écrivains arabes.
Et en France, le Salon du Livre reste serein ?
En ce qui concerne le Salon du livre, aucune information ne filtre, et les responsables restent muets, bien que et récemment une maison d'édition algérienne ait exprimé son refus de participer. Amos Oz, toujours lui, avait durant un temps menacé de n'y pas prendre part, si les auteurs palestiniens et arabes israéliens n'étaient pas conviés. L'arabe et l'hébreu sont les deux langues officielles d'Israël, et l'invitation d'écrivains qui rédigent en hébreu uniquement pouvait déranger.
Politique des politiques et tout est politique...
En arrière-fond, on envisage toujours la notion strictement politique de cet affrontement linguistique : l'État d'Israël est avant tout bâti sur une langue, et l'existence même de cet État est insupportable pour beaucoup. Il n'est pas évident qu'inviter des auteurs s'exprimant en plusieurs langues aurait changé réellement la donne...
L'oeuvre d'Amos Oz a pour sa part, été traduite en plus de 30 langues.