La fissure. Précédé de Malicotte-La-Frontière
Malicotte-la-Frontière est la première pièce (et la première oeuvre monographique publiée), en un acte, de Robert Pinget. Elle confronte un ancien contrebandier, Malicotte et une jeune femme,
Célise, tous deux retenus par la pluie dans une auberge. La discussion s’engage autour du thème de la frontière qui tient Malicotte magiquement prisonnier par la fascination qu’elle exerce sur lui.
Célise, portraiturant Malicotte, réussira à capter les lignes de cette frontière abstraite, libérant du coup Malicotte et elle-même. Elle choisira, après cette rencontre, de laisser son ancienne vie pour,
elle aussi, passer la frontière. La Fissure est un roman inédit de Pinget. La distribution formelle
du texte reproduit celle du manuscrit, conservé à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet à Paris. Roman polyphonique, destructuré narrativement, La Fissure claudique de fragments de récit en
fragments de récit, qui parfois correspondent entre eux, répétant dans des variations infinies les tours et détours de la narration pingétienne. La Fissure se présente sous une forme tout à fait inhabituelle pour le lecteur familier de Pinget, dont on connaît uniquement, parmi l’oeuvre publiée, des textes sans fantaisie de mise en page, mais ce texte comporte des thèmes, des lieux, une onomastique et tout un lexique récurrents chez cet auteur. De facture résolument inédite, il s’inscrit néanmoins dans un ensemble d’oeuvres qu’il éclaire différemment. L’aspect visuel de La Fissure, distribuant le texte autour d’un schéma en croix (qui rappelle l’ambiance de la Toussaint et des cimetières largement évoqués dans les deux « récits » présentés dans chacune des colonnes), pourrait aussi bien se comprendre comme une boussole indiquant les quatre points cardinaux. Cette
disposition tout à fait inhabituelle est susceptible de soutenir un parcours renouvelant le corpus pingétien.
02/2010