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Littérature française

Histoire de la grandeur et de la decadence de cesar birotteau. Scenes de la vie parisienne

" Durant les nuits d'hiver, le bruit ne cesse dans la rue Saint-Honoré que pendant un instant ; les maraîchers y continuent, en allant à la Halle, le mouvement qu'ont fait les voitures qui reviennent du spectacle ou du bal. Au milieu de ce point d'orgue qui, dans la grande symphonie du tapage parisien, se rencontre vers une heure du matin, la femme de monsieur César Birotteau, marchand parfumeur établi près de la place Vendôme, fut réveillée en sursaut par un épouvantable rêve. La parfumeuse s'était vue double, elle s'était apparu à elle-même en haillons, tournant d'une main sèche et ridée le bec de canne de sa propre boutique, où elle se trouvait à la fois et sur le seuil de la porte et sur son fauteuil dans le comptoir ; elle se demandait l'aumône, elle s'entendait parler à la porte et au comptoir. Elle voulut saisir son mari et posa la main sur une place froide. Sa peur devint alors tellement intense qu'elle ne put remuer son cou qui se pétrifia : les parois de son gosier se collèrent, la voix lui manqua ; elle resta clouée sur son séant, les yeux agrandis et fixes, les cheveux douloureusement affectés, les oreilles pleines de sons étranges, le coeur contracté mais palpitant, enfin tout à la fois en sueur et glacée au milieu d'une alcôve dont les deux battants étaient ouverts. La peur est un sentiment morbifique à demi, qui presse si violemment la machine humaine que les facultés y sont soudaine- ment portées soit au plus haut degré de leur puissance, soit au dernier de la désorganisation... . ".

02/2023

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Théâtre

Jeunes publics. Tome 4, Respire ; Lettre pour Eléna ; Souliers rouges

Respire, Daniela Ginevro – Lucy Ferney, 9 ans, habite dans un petit appartement avec sa maman pour qui l'heure est toujours incertaine : elle n'aime ni les horloges, ni les montres. il lui arrive donc souvent d'être en retard. C'est le cas une fois de plus ce matin où la voiture refuse de démarrer. Commence une journée difficile, surtout pour la jeune Lucy que personne ne vient rechercher à l'école. inquiétude ! Dans la soirée, la directrice désemparée appelle l'inspecteur de police de garde…Lettre pour Eléna, Erika Tremblay-Roy – Au bord d'une route de campagne, un matin d'été, trois jeunes filles en robes rouges fouillent une montagne de lettres déposées là pour elles. il y en a de tout le monde, sauf d'Eléna, leur meilleure amie, la quatrième de la bande qui reste muette pour une raison qu'elles ne s'expliquent pas. au fil de leur recherche, elles nous livrent à petits pas les mots de tout un village qui dit au revoir. Des mots secrets qu'on aime lire et relire encore...Souliers rouges, Aurélie Namur –Une orpheline est adoptée par une femme qui lui interdit le moindre souvenir du passé. La fillette vit pourtant dans le souvenir d'une mère aimante qui adorait la couleur rouge. Un jour, elle reçoit d'un mystérieux marchand, Tristan Dersen, une paire de souliers magiques qui l'invitent à danser toute la nuit pour retrouver sa mère morte. Mais quand elle les chausse, les souliers se révèlent maléfiques... Un conte sur le deuil, l'adoption et la résilience

01/2017

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Littérature japonaise

Fille de samouraï

Née en 1874 à Nagaoka dans la province d'Echigo, Etsu Sugimoto se situe au carrefour de deux époques : la fin de l'èpoque Edo qui marque l'abolition du shogunat et l'instauration de l'ère Meiji (1868) synonyme de l'entrée du Japon dans le monde moderne avec son industrialisation. Son récit personnel raconte le parcours d'une jeune fille au moment du crépuscule des samouraïs, dont son père était un représentant. Destinée à devenir une prêtresse, sa famille lui organise un mariage arrangé avec un marchand japonais installé aux Etats-Unis dans l'Ohio à Cincinnati. Afin de se préparer à cette nouvelle vie, elle suit une éducation dans une école méthodiste à Tokyo et se convertit au christianisme. En 1898, elle se rend aux Etats-Unis, se marie et met au monde deux filles. A la mort de son mari, elle retourne au Japon, mais finira par s'installer définitivement à New York où elle enseignera à l'université la littérature japonaise. Fille de samouraï raconte la vie d'une jeune femme dans un Japon traditionnel déclinant qui doit s'affranchir des pesanteurs sociales et culturelles. Experte de la culture japonaise, Amélie Nothomb a saisi toute l'importance de ce témoignage capital. Selon elle, la fille du samouraï " subit toutes les contraintes du samouraï lui-même sans bénéficier d'aucun de ses privilèges ". Elle ajoute : " Un temps autre y est contenu. J'ai pris un plaisir immense à me plonger dans la prose délicate et minutieuse d'Etsu. Elle est irrésistible. " Autant dire toute l'importance de ce livre intemporel.

05/2023

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Philosophie

Contre le libéralisme. La société n'est pas un marché

Une société libérale est une société où dominent la primauté de l'individu isolé, l'idéologie du progrès, l'idéologie des droits de l'homme, l'obsession de la croissance, la place disproportionnée des valeurs marchandes, l'assujettissement de l'imaginaire symbolique à l'axiomatique de l'intérêt. Le libéralisme a acquis en outre une portée mondiale depuis que la mondialisation a institué le capital en tant que réel sujet historique de la modernité. Il est à l'origine de cette mondialisation, qui n'est jamais que la transformation de la planète en un immense marché. Il inspire ce qu'on appelle aujourd'hui la "pensée unique" libérale-libertaire. Et bien entendu, comme toute idéologie dominante, il est aussi l'idéologie de la classe dominante. Le libéralisme est une doctrine philosophique, économique et politique, et c'est comme tel qu'il doit être étudié et jugé. Le vieux clivage droite-gauche est à cet égard de peu d'utilité, puisque la gauche morale, oubliant le socialisme, s'est ralliée à la société de marché, tandis qu'une certaine droite conservatrice ne parvient toujours pas à comprendre que le capitalisme libéral détruit systématiquement tout ce qu'elle veut conserver. Ce livre se propose d'aller à l'essentiel, au coeur de l'idéologie libérale, à partir d'une analyse critique de ses fondements, c'est-à-dire d'une anthropologie essentiellement fondée sur l'individualisme et sur l'économisme - celle de l'Homo oeconomicus. Alain de Benoist, essayiste, philosophe, est l'auteur d'une centaine de livres portant sur la philosophie politique et l'histoire des idées. Il a récemment publié Les démons du bien (2013), Survivre à la pensée unique (2015), Au-delà des droits de l'homme (2016), Le moment populiste, Ce que penser veut dire (2017) et Décroissance ou toujours plus ? (2018).

01/2019

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Philosophie

L'éthique de la dette

Parler d'une éthique de la dette, identifier la vie éthique à un rapport créancier-débiteur ne va pas de soi. C'est en effet remettre en question la part du devoir et du don dans les relations morales. Or, la vie éthique est traditionnellement comprise en termes suffisance de ses ressources intérieures et la présence de la gratuité dans les rapports humains. Toute une éthique s'est ainsi constituée dans un effacement de la dette afin d'éviter à tout prix les problèmes d'héritage et de filiation qui compromettent la souveraineté et la divinité de l'homme. Cependant, l'opposition entre la dette et le devoir, entre la dette et le don, est réductrice d'un point de vue éthique car elle maintient un clivage schématique entre utilitarisme et idéalisme, une conception marchande et une conception désintéressée des rapports humains. La notion de dette inscrit certes la vie éthique dans l'ordre de l'économie de l'échange dans la mesure où elle implique une certaine comptabilité et l'exigence d'un retour. Cependant, la dette n'est pas nécessairement un simple mode différé de l'échange. De façon plus essentielle, la dette est indissociable de la question de l'origine. Poser la question " Qu'avons-nous reçu ? ", voire même pour reprendre l'interrogation de saint Augustin " Qu'avons-nous que nous n'ayons point reçu ? ", c'est reconnaître que l'homme n'est pas l'auteur de son existence et ne peut se rendre seul créateur de lui-même. La dette révèle ainsi, à l'origine, un rapport asymétrique, une structure de dépendance qui permet l'émergence de la subjectivité. L'éthique de la dette est une éthique de la finitude. Elle réfute la prétention de la subjectivité à être parfaite suffisance à soi et prend en compte la précarité de la condition humaine.

04/1997

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Sociologie

L'économie des singularités

Et si notre savoir nous aveuglait sur la réalité marchande ? Lorsque nous cherchons un bon roman, un bon film, vin, restaurant, médecin ou avocat, nous ne doutons pas que ces pratiques familières et répétées ne relèvent d'une connaissance sérieuse. Et, cependant, ces produits culturels, ces services professionnels personnalisés et, plus généralement, tous ces produits ici assimilés à des singularités, caractérisés par la valeur symbolique et par l'incertitude sur la qualité, restent étrangement indéterminés. Leur marché conserve tout son mystère. Telle est l'origine de l'économie des singularités. Comme système d'analyse, elle est organisée autour de deux principes généraux qu'impose le particularisme des marchés des singularités. D'une part, la nécessaire intervention, pour que l'échange puisse se former, des dispositifs de connaissance : les appellations, labels, marques, stars, marketing et promotion, critiques, prix littéraires ou cinématographiques, best-sellers, hit-parades ainsi que les réseaux. D'autre part, la primauté de la concurrence par les qualités sur la concurrence par les prix. La démarche s'oppose si frontalement à l'orthodoxie économique qu'elle appelle l'épreuve du réel. De là, des études concrètes qui portent aussi bien sur les dispositifs de connaissance, comme les guides (Michelin, Hachette, Parker), le Top 50 ou les réseaux, que sur les marchés : ceux des grands vins, par exemple, des films, des disques de variétés, des avocats et des médecins, des cours particuliers, des biens de luxe. L'économie des singularités ouvre ainsi la voie à une connaissance nouvelle. Elle rejoint aussi une des grandes inquiétudes anthropologiques du temps associée aux menaces qui pèseraient sur les singularités. Mais, loin du fantasme, elle dispose des outils d'analyse pour prendre la mesure de la réalité de cette évolution, la rendre intelligible et, par là, la soumettre à l'action humaine.

03/2007

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Sociologie

Evaluations en placement familial. Démarches normatives ? Valorisation des pratiques ?

La loi du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale et médico-sociale impose aux établissements et services une évaluation des activités et de la qualité des prestations, ceci sous deux formes : interne, par les équipes elles-mêmes ; externe, par des organismes accrédités. S'il ne s'agissait que d'évaluer les techniques et les procédures mises en œuvre par les équipes professionnelles, on peut supposer que la question serait réglée depuis longtemps par des grilles normatives faisant plus ou moins accord entre tous. Ce qui rend les choses plus délicates, c'est que l'évaluation en travail social porte sur des aspects sensibles de la vie sociale (le handicap, la maltraitance, la délinquance...), voire sociétale (l'exclusion, la citoyenneté...) ou politique et culturelle (projet de société, valeurs, références communautaires...). L'évaluation est une " construction sociale " : elle se structure et se conduit en fonction de différentes représentations, en fonction de l'idée que les uns et les autres se font de ce qu'il faudrait évaluer et des objectifs visés. Les normes construites par le secteur de la production marchande peuvent-elles être transposées aux activités de service social, et plus particulièrement au placement familial d'enfants à protéger ou handicapés ? Le champ de l'action sociale et médico-sociale peut-il se soustraire à cette tendance actuelle qui consiste à soumettre les pratiques au regard public et à l'envahissement de référentiels et de règles concurrentielles ? La diversité des actions, la complexité des interventions permettent-elles de parler d'évaluation au singulier ? Elles incitent à s'ouvrir sur des démarches exigeantes qui prennent le parti de la diversité des approches. Après avoir réfléchi aux fondamentaux du placement familial lors des journées 2003, l'A.N.P.F. vous propose de mieux cerner l'évaluation telle qu'elle se présente aujourd'hui et d'en comprendre les tenants et les aboutissants.

10/2005

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Critique littéraire

Le monde selon Joseph Conrad

Quiconque a lu Joseph Conrad n'a pas manqué d'être frappé par sa vision du monde. L'orphelin d'origine polonaise, devenu marin à l'âge adulte, ne s'est pas contenté de parcourir les océans avant de s'installer en Angleterre et de devenir l'écrivain à succès que nous connaissons, il a su lire les ténèbres de son époque et en faire un tableau aussi cruel qu'actuel. Subtil mélange d'histoire, de biographie littéraire et de récit de voyage, cette enquête nous invite à embarquer, avec pour boussole et cartes maritimes les ouvrages mêmes de Joseph Conrad, sur des bâtiments de la marine marchande qui nous conduisent, comme Conrad naguère, aux quatre coins du globe. En retraçant les périples de l'auteur de Lord Jim, de la Malaisie au Congo en passant par les Caraïbes, Maya Jasanoff s'interroge sur la naissance d'une globalisation politique et cynique, expression de la domination sociale et économique d'un Occident prédateur, dont Conrad fut le témoin privilégié à la fin du XIXe siècle. L'impérialisme et le colonialisme, le capitalisme exacerbé, les flux migratoires, le racisme d'Etat et le racisme de l'homme blanc, la révolution des communications... sont autant de sujets abordés par le célèbre écrivain dans une oeuvre véritablement visionnaire, dont Maya Jasanoff nous montre qu'elle reflète avec force les problématiques et les défis du monde moderne. Professeure d'histoire à Harvard (Empire britannique et Histoire globale), Maya Jasanoff a reçu de nombreuses distinctions pour son oeuvre. Classé parmi les "meilleurs livres de l'année 2017" par le New York Times, Le Monde selon Joseph Conrad a notamment reçu le prestigieux prix de Littérature historique Cundill 2018 et a été sélectionné la même année pour le grand prix britannique, "The James Tait Black Prize" .

09/2020

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Littérature française

Les musiciens et la musique

Après avoir exercé sporadiquement sa plume dans Le Correspondant, L'Europe littéraire et Le Rénovateur, où il offrait aux lecteurs des professions de foi esthétiques plutôt que des critiques, Berlioz devient collaborateur officiel et donc critique "professionnel" d'abord, en 1834, à la Gazette musicale de Paris, puis, en 1835, au fort respecté Journal des Débats. Dévoilant ses enthousiasmes en langage précis et sa science en langage transparent, il se révèle plus que sceptique envers musiques et artistes estimés pour leur seule valeur marchande. Parfois il exprime son hostilité aux excès des chanteurs de façon délicieusement satirique. Dans ses Soirées de l'orchestre, recueil, publié en 1852, d'articles et de nouvelles écrits dans les années 1830-1840, mais aussi dans "Les musiciens et la Musique" ; il laisse libre court à une tribune ironique sur la musique de son temps et les facéties des musiciens. Les premiers textes journalistiques de Berlioz consistent en des polémiques dirigées contre les "dilettanti fanatiques" , c'est-à-dire les amateurs au savoir musical limité qui, au temps de la révolution de Juillet, n'appréciaient guère que les broderies, roulades et vocalises du style italien. Le "culte du virtuose" qui motive de telles polémiques est précisément ce qui amène Robert Schumann, en 1834, à fonder la Neue Zeitschrift für Musik, bien que le musicien allemand, pianiste comme le sont nombre de ses collaborateurs, s'en prenne à la virtuosité "insipide" non pas des chanteurs mais des artistes du clavier tels que Czerny, Herz, Hünten et Kalkbrenner, dont les oeuvres inondent le marché européen et suscitent, selon Schumann, un appauvrissement général du goût musical... [cf. Bloom, Peter. "Virtuosités de Berlioz" , Romantisme, vol. 128, no. 2, 2005, pp. 71-93. ]

05/2021

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Littérature française

Les brasseurs de la ville

Port-au-Prince. Une famille négocie sa survie au jour le jour. Il est maîtrepelle sur un chantier, portefaix au dos labouré par des sacs de farine ; elle est marchande ambulante de serviettes, repasseuse chez les messieurs célibataires du quartier, n'hésitant à se donner à eux car sinon " la chaudière ne monterait pas le feu ". Cinq enfants. Leur fille aînée, Babette, adolescente, est leur seul espoir : elle a son brevet, leur offrira un gendre riche car elle est belle, " longues jambes, un large bassin qui donne de l'ampleur à ses fesses rondes et hautes ". Sa mère la rêve en Shakira. Un certain M. Erickson se présente un jour, bien plus âgé qu'elle, très riche. Et surtout généreux pour la famille qu'il installe dans une confortable maison. Cet homme mystérieux pourvoit à tout. Mais pourquoi métamorphoset-il Babette en blonde dont " les cheveux se secouent et ne perdent pas leur pli ", au point que le quartier la nomme dorénavant la Barbie d'Erickson ? Sa mère constate, désolée : " ma fille n'est plus ma fille ". Qui est-il réellement, ce personnage louche aux trois maîtresses, vivant dans une luxueuse maison barricadée, entouré de gardes du corps ? En " putanisant " Babette, ses parents semblent s'être engagés sur une voie aux multiples périls, dont ils pressentent avec effroi qu'elle est sans retour. Dans Les brasseurs de la ville, épopée à travers les quartiers pauvres de Port-au-Prince, du matin au soir, chacun des multiples personnages invente ses propres pas pour danser avec sa croix. Evains Wêche signe un talentueux premier roman qui met en lumière la lutte du peuple contre la déchéance et la mort, un peuple qui brasse la ville entre les bruits et les fureurs où s'entremêlent des histoires de courage, d'amour et de folie.

01/2016

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Autres philosophes

Le Petit Thoreau illustré. 100 citations

Henry David Thoreau (1817-1862) connaît en son son heure de gloire en France. Le succès de ses oeuvres traduites témoignent de l'intérêt grandissant pour la pensée du sage de Concord (Massachusetts, Etats-Unis), mêlant considérations philosophiques, descriptions naturalistes et élan poétique. Avec son ami et mentor Emerson, il incarne d'abord l'une des grandes figures du transcendantalisme, courant spirituel et littéraire fondé sur un idéal de vie autonome et communautaire, au plus près d'une nature non corrompue. Dans son récit le plus célèbre, Walden ou la vie dans les bois, Thoreau mène une réflexion sur le sens profond de l'existence, en harmonie avec la vie sauvage et les éléments. Sa retraite dans une cabane construite de ses mains près d'un lac influença bon nombre d'exilés volontaires de la société marchande, de la beat generation et des hippies des années 60-70 jusqu'au vaste mouvement contemporain de retour à la terre. Ses textes et conférences pour la connaissance et la préservation de la nature sauvage font de Thoreau l'un des tous premiers précurseurs de l'écologie. Son engagement actif contre les autorités esclavagistes et en faveur de l'abolitionniste John Brown, évoqué dans son célèbre opuscule La Désobéissance civile, inspira profondément Tolstoï, Gandhi et Martin Luther King. A travers une centaine de citations choisies, Thoreau fait l'éloge d'une vie simple et intense, admire la beauté des fleurs et des bêtes, tout en dénonçant le monde fatigué, dominé par l'argent. Les dessins originaux de Daniel Maja accompagnent cette pensée fraîche et émancipatrice. Une chronologie réalisée avec le grand spécialiste Michel Granger situe Thoreau dans son temps. Les contributions du philosophe Gilles A. Tiberghien et du penseur révolutionnaire Raoul Vaneigem élargissent les horizons. Car, comme Thoreau, "nous voulons être les poètes de notre vie".

08/2021

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Ouvrages généraux

Province of freedom. De l'abolitionnisme au colonialisme : Naissance de la Sierra Leone

Province of Freedom. C'est le nom de la colonie à vocation agricole et marchande fondée en Afrique de l'Ouest par une association d'abolitionnistes évangéliques anglais, en 1787. La colonie, visant à accueillir d'anciens esclaves très pauvres de Londres, les "black poors" devait être gérée par un Noir et accorderait une grande place à l'autogestion et à la démocratie directe. Quatre ans plus tard, la colonie devient la Sierra Leone Company, sous une direction blanche et autoritaire, visant à accueillir les esclaves d'Amérique à qui la liberté avait été promise à condition qu'ils se joignent aux troupes loyalistes pendant la guerre d'indépendance américaine. Harry Washington, esclave fugitif de George Washington, fut l'un de ses pionniers. L'ouvrage retrace cette aventure en deux actes : acte un, la Province Liberté ; acte deux, la Compagnie de la Sierra Leone. Il replace cette histoire dans le contexte des débats qui ont animé le XVIIIe siècle, entre les penseurs des Lumières et les auteurs chrétiens abolitionnistes d'une part, et les colonialistes d'autre part. Le livre relate la reprise de la colonie de la Sierra Leone par les Anglais, provoquant ainsi le mouvement général des hinterlands et la création de colonies. Il raconte comment les puissances européennes ont instrumentalisé l'abolitionnisme afin de légitimer leur conquêtes territoriales. Tout cela débouchera sur la partition de l'Afrique lors de la conférence de Berlin, en 1884. Thierry Paulais est essayiste et a travaillé particulièrement sur l'histoire du monde atlantique et de la colonisation. Il a déjà publié un livre sur le Liberia, pays dont le passé est étroitement lié à ces thématiques. Il a un doctorat en économie et a passé la majeure partie de sa vie professionnelle à l'Agence française de développement.

06/2021

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Droit

Familles, devoirs et gratuité

Parce que le libéralisme économique domine notre société contemporaine, les échanges entre individus s'inscrivent le plus souvent dans une dynamique marchande. Si la famille constitue la plus petite cellule de la société, elle demeure pourtant un lieu d'échanges a priori désintéressés. Or cette appréhension de l'entraide familiale correspond à un mythe qu'il convient de replacer dans sa juste mesure sous peine de conclusions hâtives et erronées. Afin de faire preuve de réalisme et de nuance. Affirmer que la plupart des relations familiales sont désintéressées ne doit pas laisser croire que les membres de la famille agissent par charité ou altruisme. La raison de ce " non-calcul " tient au fondement de ce transfert. En effet, tant que l'entraide familiale trouve son origine dans l'exécution d'un devoir familial, elle ne donne pas lieu à un quelconque compte. C'est en ce sens qu'il est possible d'affirmer que l'entraide familiale est gratuite. Pour autant, il ne fait pas se méprendre et considérer que l'exécution des devoirs de famille entre dans le domaine de la distinction du titre gratuit et du titre onéreux. En revanche, ces devoirs de famille n'étant pas illimités, il conviendra de fixer un seuil marquant le domaine de la distinction du titre gratuit et du titre onéreux au-delà duquel l'entraide familiale peut donner lieu à des comptes. Ce sont ces limites et les évolutions de ces limites des devoirs de famille que l'auteur a voulu mettre en exergue ! Vivien Zalewski a la sagesse d'éviter à la fois les analyses abusivement économiques et souvent provocatrices et les rêves idylliques d'une famille dématérialisée pour réintroduire le droit autant qu'il faut - et pas plus qu'il ne faut.

07/2004

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Récits de voyage

Pontée

Ce livre, sorte de carnet de voyage, conjugue l'écriture poétique et l'écriture documentaire pour décrire l'atmosphère de l'un des plus grands porte-conteneurs du monde, au cours d'un trajet de trente-huit jours entre la Chine et l'Europe. Dans le vocabulaire de la marine marchande, le mot Pontée désigne la cargaison chargée sur le pont. Ce livre, sorte de carnet de voyage, conjugue l'écriture poétique et l'écriture documentaire pour décrire l'atmosphère de l'un des plus grands porte-conteneurs du monde, au cours d'un trajet de trente-huit jours entre la Chine et l'Europe. Il évoque toutes sortes d'aspects de cet univers singulier, itinérant, divers, à la fois industriel et naturel, où l'être humain est central, mais infime. Le texte prend la mer, lentement, comme un cargo, et progresse au rythme de cette traversée. Il n'adopte la forme d'une relation linéaire, chronologique, mais celle d'une juxtaposition de moments qui s'enchaînent selon des affinités plus discrètes, comme on voit se superposer les conteneurs que transporte un grand navire. L'auteur, seul passager de cette traversée, se décrit à distance, en observateur décalé dans cet univers où un terrien n'a rien à faire. Il rend compte, dans une écriture où l'on retrouve l'humour, la rêverie poétique, parfois la conversation, de ce qu'il a vu à bord, mais aussi à quai. Tout nous est conté, du matériel colossal, comme le moteur du navire, les portiques de transbordement, aux équipements plus modestes comme la couchette, la coupée, la machine à laver du bord. Et, bien sûr, la mer, dans tous ses états. Pontée est une magnifique invitation au voyage, où se mêlent l'émerveillement, la fascination, l'empathie et quelquefois l'inquiétude.

02/2019

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Sports

Le nouveau visage du rugby professionnel français

Le rugby est encore un jeune sport professionnel. Sa transformation en une activité marchande officielle en 1995 a représenté une véritable révolution pour ce sport historiquement régi par des organismes nationaux et internationaux peu enclins à une quelconque évolution, et traditionnellement acquis à la cause de l'amateurisme. Vingt ans plus tard il est intéressant de faire le point sur la situation économique de ce rugby professionnel français, dans un monde où la marchandisation du spectacle sportif est une donnée objective essentielle. La situation économique du rugby professionnel français est paradoxale. D'un côté il bénéficie de recettes en croissance régulière (sponsoring, billetterie) et de droits télévisuels en forte augmentation, mais de l'autre les déficits de certains clubs du Top 14, dont le champion 2015, se creusent année après année de manière inquiétante. Cet ouvrage analyse les conditions économiques des clubs professionnels de rugby (R Chaix), et permet de mieux comprendre les différentes stratégies déployées par la Ligue Nationale de Rugby (M. Terrien, N. Scelles, C. Durand), pour conforter et accélérer ce dynamisme afin de renforcer l'attractivité du championnat (E. Barget et F. Clipet). Les déficits et l'apport des "Sugar Daddy" sont examinés. J.-F. Brocard et J.-J. Gouguet, ainsi que W. Andreff, soulignent combien la régulation du marché du travail et "la contrainte budgétaire lâche", proposée par la DNACG et la LNR, sont insuffisantes pour contrôler certaines dérives. Au-delà du constat de P. Chaix d'un mariage à trois (World Rugby, LNR, FFR) rarement harmonieux, Pierre Villepreux et Jonathan Best, respectivement ancien et actuel rugbyman de haut niveau, donnent en conclusion, leur propre lecture de l'évolution du rugby, ce sport de gentleman confronté aux mirages de l'argent.

09/2015

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Histoire internationale

La modernité iranienne. Culture, société, organisation, pouvoir, coopération

L'Iran suscite un sentiment mêlé de méfiance et d'interrogation. Comment peut-on être persan s'interrogeait déjà Montesquieu au organisation, pouvoir, XVIIIe siècle ? Qu'en est-il aujourd'hui ? Par coopération quelles voies la société iranienne va-t-elle se développer et se moderniser ? Qu'est-ce qui fait sa singularité ? Qu'est-ce que le chiisme ? La modernité iranienne s'appuie sur l'analyse de la modernisation d'une grande entreprise du secteur de l'énergie. En filigrane, c'est tout le fonctionnement de la société iranienne qui se dévoile, avec son double héritage. Selon une vision persane, l'Iran est une société d'ordres entre lesquels s'échangent des services au sein de relations inégalitaires régies par une stricte étiquette. En référence à la culture arabo-musulmane, c'est une société marchande, unie par un idéal d'inspiration religieuse d'égalité devant Dieu, qui se manifeste par une recherche d'équité dans les échanges, de justice en société, et d'unité au sein de communautés d'amis (chiisme). L'ouvrage montre comment ces deux logiques sociales influencent les formes de coopération et d'organisation que l'on observe dans l'économie et la société. Il met en évidence les facteurs de blocage et les vecteurs de performance que l'on y rencontre. Il montre que les organisations du bazar et des usines obéissent à des logiques différentes, et finalement en quoi le fonctionnement d'une usine remarquablement efficace s'ancre dans une culture persane enrichie par l'apport d'une logique française de métier. La modernité iranienne s'adresse aux étudiants, aux chercheurs, aux entreprises, aux diplomates et à tous les voyageurs qui ont en commun de vouloir sortir des idées reçues sur l'Iran, pour saisir au plus près le fonctionnement de cette merveilleuse société.

09/2017

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Dictionnaire français

Du couvent au bordel. Mots du joli monde

Le monde des prostituées et celui des gens de la pègre, qui les exploitent, possèdent un langage original d'une vulgarité propre à émoustiller les clients et à choquer les bien-pensants, mais dont la richesse ne laisse pas de surprendre. Et si le passage des mots d'argot dans le français familier, puis dans le français tout court, n'a commencé que dans les années 1870, ce vocabulaire pittoresque et truculent était toujours vivace à l'aube du XXe siècle. A côté des incontournables catins, filles de joie ou putains, les marchandes d'amour sont stigmatisées comme appartenant à une espèce mi-animale, mi-humaine : noms d'oiseaux ou de volatiles de basse-cour – chouettes, grues, cocottes, poules –, de batraciens, voire de larves d'insectes. Les araignées de luxure ou de pissotière offrent la parfaite représentation du rejet que suscitent ces filles, considérées comme avilissantes. S'ajoutent à ce florilège chienne, guenon, truie, femelles réputées pour leur lascivité, ou louve qui a donné le littéraire lupanar, mais encore biche et lionne, termes appliqués aux courtisanes croqueuses de diamants et aux demi-mondaines chères à Alexandre Dumas fils. Quant aux lieux d'exercice du métier, ils sont appelés : bordel, bobinard, boxon, claque, trottoir et tutti quanti. Autant de mots et expressions du " joli monde " dont Claudine Brécourt-Villars donne le sens, l'étymologie, la datation. Elle les illustre par des citations, littéraires pour la plupart, provenant aussi parfois de chansons ou de vaudevilles. Du XVIe siècle à nos jours, en passant par le XIXe – âge d'or de la prostitution où nombre d'écrivains populaires et naturalistes se sont emparés du thème –, cet ouvrage en dit long sur l'évolution de la condition des prostituées dans la société française et, inévitablement, sur celle des femmes.

01/2017

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Histoire régionale

Les chantiers et ateliers de la Perrière, 1937-1989

C'est à L'orient qu'au 17e siècle, se construisaient déjà les solides vaisseaux de la Compagnie des Indes. C'est à Lorient que naîtront, trois siècles plus tard, en 1937, les Chantiers et Ateliers de La Perrière, perpétuant le savoir-faire des Bretons en matière de constructions et de réparations navales. A partir de 1956 et pendant 33 ans jusqu'en 1989 les chantiers et Ateliers de La Perrière vont construire différents types de bateaux en acier ou en alliage d'aluminium, des bateaux de pêche, des navires à passagers, des chalands, des navires à fonctions diverses, des remorqueurs, des pousseurs, différents types de vedette de service, des remorqueurs avitailleurs pour plateformes offshore, des bâtiments de soutien de région, des bâtiments d'instruction navale, des bâtiments base pour plongeurs démineurs et des bateaux de plaisance. Ces bateaux ont été conçus et réalisés par l'entreprise pour répondre aux besoins les plus nouveaux des différents domaines d'activité de la pêche, du transport de passagers, du transport de marchandises, du remorquage, pour la Marine Marchande, la Marine Nationale et pour l'export. Certains bateaux ont navigué un peu partout dans le monde, plusieurs de ces bateaux ont eu une longévité importante et ont passé le cap du demi-siècle. Ces chantiers navals sont devenus le spécialiste français de l'aménagement des ports et des plans d'eau en appontements flottants. Les activités, arrêtées en 1989, sont reprises par la Société Leroux et Lotz sous le nom de Lorient Naval Industrie (LNI) qui s'installera en 1994 sur le site du Rohu à Lanester. Ensuite le chantier naval qui est racheté par les Chantiers de l'Atlantique, deviendra Alstom Leroux Naval, puis Aker Yards, STX, et depuis 2017, Kership co-entreprise de Naval Group et des Chantiers Piriou.

03/2021

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Mahomet

Mahomet et le Coran : la révélation. Précédé d'une introduction sur les devoirs mutuels de la philosophie et de la religion

Mahomet est né en 570 dans la ville de La Mecque (située dans l'actuelle Arabie Saoudite). Il était membre de la tribu des Quraychites, une tribu marchande. Orphelin, il fut élevé par son grand-père et son oncle. Quelques années plus tard, Il épousa une veuve qui lui donnera quatre filles. Sa mission de Prophète de l'islam débuta en 610, lorsqu'il eut la révélation du Coran pour la première fois dans les cavernes proches du mont Hira. C'est là qu'il reçoit la première des 114 révélations qui vont constituer le texte sacré des musulmans : le Coran. Trois ans plus tard, Mahomet commença à prêcher. Il attira quelques disciples, mais ses discours sur le Dieu unique n'étaient guère appréciés à La Mecque où la plupart des gens vénéraient des idoles et de nombreux dieux païens. Un voyage effectué en une nuit jusqu'à Jérusalem sur le dos d'une monture céleste (al-Buraq) et une ascension au ciel sont deux épisodes surnaturels qui interviennent avant que Muhammad et la communauté des premiers fidèles ne soient contraints, en 622, à s'exiler à Yathrib (la future Médine) : c'est l'hégire qui marque le début du calendrier musulman. Finalement, il se rendit dans la ville de Médine, qui devint le centre d'une importante civilisation islamique Muhammad n'est pas qu'un guide spirituel ; il est aussi le chef temporel des musulmans dont il conduit les expéditions lancées contre les infidèles. De son vivant, l'Arabie est convertie à l'islam ; ses successeurs, les califes, poursuivront cette expansion. Muhammad meurt en 632 ; il est enterré à Médine et son tombeau devient le second Lieu saint de l'islam.

05/2022

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Actualité et médias

Humeurs d'un quadra

Avoir quarante ans aujourd'hui, c'est être né dans un monde et continuer dans un autre. Avoir été élevé dans une certaine idée de la France et constater quotidiennement l'affaissement de l'ambition nationale, avoir vu ses parents s'échiner à obtenir le " 22 à Asnières " quand aujourd'hui ses propres enfants se promènent avec un cellulaire de poche. La politique, l'économie, la vie quotidienne, tout a changé. Tantôt en mieux, tantôt en pire. Pas de quoi fouetter un chat. Mais quand un beau soir, au 20 heures, on entend Bernard Kouchner, ministre de la République, déclarer : " La politique, vous savez, ce n'est pas seulement le mensonge ", pas seulement le mensonge, donc, l'indignation vous prend et le quadra jure de s'en expliquer. D'où cet essai brillant, écrit avec retenue mais fermeté, où Patrick Déchin dit ses humeurs, inspiré par un conservatisme mâtiné de solides références anticonformistes. Ce qui ne peut plus durer sous la Ve République : le cynisme, l'oubli des valeurs civiques, une certaine frilosité, le culte de la médiocrité (marchande ou d'Etat), et bien d'autres choses. Et si, chemin faisant, le quadra révèle son attachement à la tradition gaullienne, il émaille son texte de références tellement peu académiques et d'anecdotes si pleines d'humour que son plaidoyer en faveur d'un Etat moderne et de l'instruction libre, laïque et obligatoire se fait entendre comme ce que notre époque peut donner de plus généreux et de plus ouvert sur l'avenir. Pas seulement le mensonge, la politique ? Il est bon qu'à quarante ans on s'indigne d'une telle parole de ministre, parce qu'à vingt ans on n'y songera pas encore, et qu'à soixante...

09/2002

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Economie (essai)

L'Economie au pari de la sociologie. Autour des travaux de Philippe Steiner

En revisitant l'oeuvre de Philippe Steiner, cet ouvrage s'intéresse aux rapports entre l'économie et la sociologie et montre comment s'est structuré, dans un entre-deux, le champ de la sociologie économique. Qu'est-ce que la sociologie a à dire sur l'économie ? Par la profondeur de ses analyses et la diversité de ses objets de recherche, Philippe Steiner - qui fut professeur de sociologie à Sorbonne Université jusqu'en 2022 et l'un des principaux représentants du courant de la sociologie économique en France - a approfondi et nourri le dialogue entre l'économie comme discipline académique et la sociologie de l'économie. Au terme de sa carrière, sa trajectoire et son oeuvre dessinent une oeuvre prolifique et protéiforme qui se joue des frontières disciplinaires. Dans cet ouvrage, les perspectives d'analyse d'une quinzaine de chercheurs et chercheuses, français et étrangers, entrent en résonance avec les travaux de Philippe Steiner et explorent les contours de la sociologie économique contemporaine. Les chapitres rassemblés ici abordent ainsi des thèmes variés (le rôle de l'information, la circulation de ressources non marchandes et l'altruisme, la transplantation d'organes, la sociologie de la fête ou encore de l'esclavage) et cette diversité offre un large panorama de la recherche et des débats qui la traversent (par exemple sur la place du marché dans le fonctionnement des économies aujourd'hui ou sur les rapports entre économie et sociologie). En revisitant aussi l'histoire de la pensée économique, à travers la pensée de Durkheim ou des "classiques" de la sociologie, cet ouvrage s'intéresse aux rapports entre les deux disciplines et montre comment s'est structuré le champ de la sociologie économique.

12/2023

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Droit

Le marché du mérite. Penser le droit et l'économie avec Léonard Lessius

Dans un contexte marqué par la mondialisation des échanges commerciaux, l'essor des places boursières et des bouleversements politico-religieux profonds, le théologien jésuite Léonard Lessius (1554-1623) fera figure d'"Oracle des Pays-Bas" parmi les marchands, banquiers et princes cherchant à s'orienter dans ce nouveau monde. Son principal ouvrage, Sur la justice et le droit (De iustitia et iure, 1605), gagnera rapidement le statut d'ouvrage de référence par la lucidité de ses analyses économiques et sa fine maîtrise de la technique juridique. Influencé par le renouvellement de la théologie développé à Salamanque, Lessius relaye la pensée économique des scolastiques tout en jetant les bases du libéralisme moderne. Ce livre propose de revisiter l'héritage de ce célèbre méconnu de l'histoire de la pensée économique tout en élucidant ses fondements juridico-théologiques. Très bon étudiant, mais d'origine rurale modeste, Lessius reçut une bourse qui lui permit d'étudier au collège d'Arras, à Douai et à Louvain où il termina bril-lamment le cours de philosophie en 1572. La même année il entra dans la Compagnie de Jésus. A la fin des premières années de formation religieuse il enseigna la philosophie au collège d'Anchin à Douai et après son ordination sacerdotale (1582) fut envoyé à Rome pour des études plus poussées en théologie sous la direction des meilleurs maîtres de l'époque, Francisco Suarez et Robert Bellarmin. De retour en son pays, il fut nommé professeur de théologie à l'Université de Louvain, où il résida jusqu'à sa mort Lessius est donc surtout connu pour son traité Sur la justice et le droit de 1605, qui fut réimprimé une vingtaine de fois durant le seul XVIIe siècle. C'était la première fois qu'un théologien étudiait sérieusement les problèmes moraux soulevés par l'économie et la finance. Lessius se rendit à Anvers, alors une ville en pleine expansion économique, pour y étudier sur place comment les banques et le commerce moderne fonctionnaient. La compétence qu'il acquit dans ce domaine – une chose rare parmi les clercs de l'époque – donna un poids considérable aux solutions qu'il proposait aux problèmes soulevés. Aujourd'hui encore les historiens de la vie économique admirent la subtilité de ses analyses.

11/2019

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Cuisine

Le livre de la cuisine juive

Jamais livre sur le sujet n'aura réuni une somme aussi importante de connaissances, d'érudition et de recettes du monde entier en un seul volume. Tout un peuple, depuis son exil et sa dispersion à travers les continents il y a plus de 2000 ans, et jusqu'à nos jours, se retrouve ainsi raconté à travers son histoire, ses coutumes, ses rites et sa cuisine, qu'elle soit ashkénaze, sépharade ou orientale. Claudia Roden a rassemblé 800 recettes au cours des quinze années de recherches et de voyages. Dans son introduction, elle pose la question : "Existe- t-il une nourriture juive ? Après des années de recherche sur le sujet, écrit-elle, je peux affirmer que chaque région ou pays possède ses propres plats juifs, qui sont parfois bien éloignés de la cuisine locale. Si les Juifs ont effectivement adopté la nourriture des pays dans lesquels ils vivaient, dans chacun d'eux leur cuisine a conservé une manière et une saveur spécifiques, des traits caractéristiques et des plats totalement originaux." "En dehors de ces différences, il y a toujours eu dans la cuisine juive, même il y a des siècles, un parfum d'ailleurs, un cosmopolitisme qui faisait fi des murs du ghetto... Bien avant l'ère de la communication de masse, les juifs avaient leurs propres réseaux de communication. Les passeurs de connaissances gastronomiques étaient les marchands et colporteurs, les rabbins itinérants, les prêcheurs et professeurs, les étudiants et cantors"... "L'art culinaire est important dans la mesure où il constitue un lien avec le passé, un hymne aux racines, un symbole de continuité. C'est la part d'une culture d'immigration qui survit le plus longtemps...". Selon l'historien Simon Schama, "Claudia Roden n'est pas une simple écrivaine gastronomique, pas plus que Marcel Proust n'est un pâtissier de Madeleines. Elle est tout à la fois mémorialiste, historienne, ethnologue, anthropologue, essayiste, poétesse, qui a simplement décidé de communiquer à travers le "ta'am", le goût". Ce livre est considéré comme un classique sur le sujet. Il a été couronné par huit prix internationaux et traduit en espagnol, néerlandais, allemand et hébreu.

05/2017

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Actualité et médias

Anne Sinclair. Femme de tête, dame de coeur

« Belle », « ardente », « enfant gâtée », « grande professionnelle », « exaspérante »… Les qualificatifs et les épithètes ne manquaient pas dès qu’on évoquait Anne Sinclair, avant. De fait, avant le tremblement de terre du 14 mai 2011, tout souriait à l’ancienne star de TF1 : son mari, directeur général du Fonds monétaire international et favori des sondages en France, allait annoncer sa candidature à la présidentielle. Dans un an, c’était à l’Élysée qu’Anne et Dominique réuniraient peut-être leur belle et grande tribu familiale et amicale.jusque-là, l’existence d'Anne Sinclair avait plutôt ressemblé à un conte de fées pour enfant des Trente Glorieuses. Petite-fille d’un des plus grands marchands d’art de l’avant et l’après Seconde Guerre mondiale, fille d’un combattant de la France libre, elle a grandi dans le Paris bourgeois avant de concrétiser ses rêves d’adolescente. D’Europe Nº1 à France Inter en passant par TF1, avec ses émissions 7 sur 7 et Questions à domicile, la carrière d’Anne Sinclair a été récompensée par quatre Sept d’or et a fait d’elle une star. Ce livre est le récit d’une existence exceptionnelle, avec ses parts de lumière mais aussi celles, moins connues, d’ombre. Il s’agit d’une biographie autorisée mais non approuvée : si Anne Sinclair a consacré beaucoup de son temps aux auteurs et leur a ouvert les portes de sa famille ainsi que de ses amis, elle n’a eu aucun droit de regard sur le manuscrit avant sa publication. Le non-lieu prononcé à New York au bénéfice de DSK le 23 août, s’il lève l’hypothèque judiciaire, n’efface pas les cent jours de cauchemar qui ont ébranlé le monde d’Anne Sinclair, touché son cœur, fissuré ses sentiments et fait s’écrouler nombre d’ambitions sans pour autant la faire plier ni tomber. Car tout ce qui n’a pas tué la dame de cœur a renforcé la femme de tête. Elles se retrouvent aujourd’hui l’une face à l’autre afin de décider pour demain. Pour Anne Sinclair, peut-être le face-à-face le plus difficile de sa vie.

10/2011

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E-Business

L'internet immobilier pour les décideurs. Ce que tout dirigeant immobilier devrait connaître sur ce qui conditionne au moins 2/3 de son CA

Fabien Amathie expert en marketing et webmarketing immobilier, praticien web, nous guide dans une langue claire, et pas "de bois ! ", dans la galaxie de l'Internet immobilier que chacun pense connaître ! C'est un moment rare où l'auteur, parvenu à la maîtrise de son sujet, décide de tout nous dire. Ainsi, vous comprendrez vite pourquoi votre site immobilier ne produit pas ce qu'il devrait et pourquoi vous ne le voyez pas. Vous découvrirez que l'internaute (e-prospect immobilier) se divise en deux catégories : les prospects ancrés dans le XXe siècle et les e-prospects résolument du XXIe siècle ! Ces derniers, majoritaires, et de plus en plus nombreux, appliquent à votre site les mêmes logiques de recherche, de navigation et d'exigences qu'ils ont acquises par la pratique des grands sites marchands, formidablement au point et toujours d'actualité. Vous ne les changerez pas, c'est trop tard ! S'ils ne retrouvent pas leurs habitudes sur votre site, ils vous quitteront instantanément d'un clic fatal. Vous apprendrez pourquoi le succès de la vente d'immobilier sur Internet tient à une importante et régulière contribution de l'équipe commerciale au contenu du site web. Clairement l'auteur prépare votre site commercial à ce qu'il doit être : le pilier central de toute stratégie de vente. Toutefois sans vraiment en parler, il le prépare également à la vente 100 % digitale, du moins dans ses dimensions marketing et commerciales. Vous, dont l'entreprise dépend, encore bien plus que vous ne le pensez, de votre site Internet, ne vous laissez pas abuser par les chiffres que l'on vous présente. Découvrez les indicateurs qui parlent et ce qu'ils disent vraiment. En effet, être en tête des recherches sur SEO en payant, c'est facile, mais est-ce si important que cela ! D'autant que comparé à d'autres moyens d'audience, c'est juste beaucoup plus coûteux que cela le devrait. Là aussi, l'auteur vous en dit long, tant sur le pourquoi, que le comment ! Effectivement, une lecture s'impose pour tous les décideurs immobiliers !

07/2021

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Histoire internationale

Genèses du Moyen-Orient. Le golfe persique à l'âge des impérialismes (vers 1800-vers 1914)

C'est au début du XXe siècle que fut inventé du côté des Indes ce "Moyen-Orient " qui aujourd'hui semble se défaire dans le sang sous nos yeux : il est alors conçu comme l'ensemble des territoires qui gardent, face aux menaces ottomanes, russes, françaises ou allemandes, l'approche de l'Empire anglo-indien. Cette invention, comme le démontre Guillemette Crouzet, procède d'une lente genèse qui eut pour cadre l'aventure britannique dans le golfe Persique. L'impérialisme britannique et anglo-indien est en effet actif tout au long du XIXe siècle dans les eaux et sur les rivages de la péninsule Arabique, de la Perse et du nord de l'océan Indien. Par la violence mise en oeuvre contre des " pirates " accusés de perturber la liberté des mers, par une politique systématique de traités imposés aux pouvoirs locaux, par des grandes entreprises cartographiques marquant symboliquement une prise de possession de l'espace, par une lutte acharnée contre les trafiquants d'esclaves, par le grand projet de création d'une route rejoignant la Méditerranée par l'Euphrate, Londres, Bombay et Calcutta imposent leurs règles, du détroit d'Ormuz jusqu'au Koweït. Dans ce contexte, les flux commerciaux, licites et illicites, augmentent, et le Golfe participe à une mondialisation croissante de l'économie. Ce sont alors autant de trafics de perles, de dattes et d'armes, autant de réseaux marchands et de connections multiples qui se découvrent. Guillemette Crouzet le souligne, l'or noir n'est pas encore exploité mais le golfe Persique a déjà acquis une centralité stratégique que les historiens avaient pourtant jusqu'à présent minorée. Si le "Moyen-Orient" protège le joyau de la couronne britannique que sont les Indes, il n'en est pas moins, dans la géopolitique mondiale de la fin du XIXe siècle, déjà en voie de s'autonomiser. Du siècle des Lumières finissant à la veille de la Première Guerre mondiale, cet essai d'histoire globale renoue avec des études spatiales de vaste ampleur et de longue durée pour restituer un espace multiplement connecté (mer Rouge, Perse, océan Indien, péninsule Arabique, Asie du Sud) : le golfe Arabo-Persique au coeur de sa première mondialisation.

10/2015

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Histoire de France

BIENCOURT Les aventures d'un Picard pionnier en Nouvelle-France

Abandonnée pendant les guerres de religion de la seconde moitié du XVIesiècle, la conquête par la France de l'Amérique septentrionale connut un regain de gloire sous le règne d'Henri IV. En quelques années une Nouvelle-France se développa à partir de deux solides points d'ancrage qui fixèrent définitivement la présence française. L'un en Acadie, avec la création en 1606 du premier établissement français pérenne d'Amérique : Port-Royal. L'autre, au Canada, en 1608 sur les rives du Saint-Laurent : Québec. Dans notre mémoire collective, Québec reste l'oeuvre incontestée de Samuel de Champlain mais on se souvient peu de Port-Royal et encore moins de ses fondateurs : Jean de Poutrincourt et son fils Charles de Biencourt. Ces Picards d'origine prirent le risque d'engager leurs biens et leur vie dans une entreprise incertaine. Comme Sully avait convaincu le roi de ne pas participer financièrement à ces expéditions lointaines, Henri IV se limita à encourager ces aventuriers en leur octroyant, par lettres patentes, des titres honorifiques et des privilèges souvent aléatoires... En contrepartie le souverain exigea d'eux d'emmener des missionnaires jésuites pour assurer la conversion des peuplades indiennes à la religion catholique. Nos intrépides découvreurs projetaient d'installer au-delà une riche colonie agricole organisée sur le modèle féodal et dont ils seraient les seigneurs. Chaque voyage outre-atlantique coûtait cher : la seule fortune personnelle des Biencourt-Poutrincourt n'aurait pas suffi pour réaliser leur rêve. Aussi durent-ils se transformer en hommes d'affaires en s'associant à des marchands dans des compagnies commerciales dont les profits proviendraient du trafic des peaux de castor et de la pêche à la morue. Quant aux candidats à l'exil désireux de se fixer en Acadie, ils ne furent guère nombreux dans les débuts et il fallut aux Picards beaucoup d'abnégation et de persévérance pour réussir à construire leur colonie. Dans un premier essai Jean-Claude Collard s'est attaché à suivre les aventures de Jean de Poutrincourt ; dans ce second ouvrage, il nous invite à partager la courte mais passionnante vie de Charles de Biencourt dont la bravoure ne fait pas mentir le vieil adage latin : "Qualis pater, talis filius" . Avec documents N/B, cartes, photos, illustrations.

07/2012

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Religion

Bordeaux. Ville d'accueil, de culture, de charité et de liberté

Il était une fois... une ville ouverte du beau nom de Burdigala, fierté de l'Empire Romain, par ses poètes et par son vin. Les barbares l'incendièrent et les fiers Gascons bâtirent trois séries de remparts pour arrêter les envahisseurs. Il était une fois... une ville close que la belle et douce Aliénor, d'Aquitaine par son (re) mariage avec Henri Il Plantagenêt offrit pour trois siècles aux rois d'Angleterre. Le Prince Noir dans son château de l'Ombrière y donna les plus grandes fêtes d'Europe.II était une fois... une ville reconquise par les rois de France qui voulurent lui imposer taxes et soldatesque. De violentes et successives révoltes, en dépit de féroces répressions, imposèrent respect au pouvoir absolu. Il était une fois... une ville de culture qui accueillit aussi bien les ordres mendiants, les grandes congrégations que la Fronde et les idées nouvelles de la Réforme dans ses collèges et universités. Élie Vinet et Michel de Montaigne offrirent à l'Europe les écrits de tolérance et de charité. Il était une fois... un intendant qui rêva de transformer Bordeaux en Versailles. Il fit abattre les murailles, ouvrir des portes, bâtir des hôtels particuliers, ériger la bourse des marchands et le grand Théâtre. Il était une fois... une ville de liberté, bouillonnante d'idées nouvelles avec son parlement, son philosophe Montesquieu, ses députés girondins, qui inventèrent la République et préparèrent avec le concours de son archevêque les droits de l'Homme et du Citoyen. II était une fois... une ville portuaire, première de France, qui lança ses trois-mâts et ses grands paquebots sur les océans et les mers du monde entier alors que sur sa rivière Il était une fois... une ville accueil, qui, par trois fois capitale de la France, servit de refuge aux gouvernements en exil tout en ouvrant ses portes aux peuples opprimés ou affamés d'Espagne, d'Italie et d'Afrique du Nord. Il est une ville... inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco qui se souvient, à travers ce Grand Journal de Bordeaux, de ses âmes charitables, de ses maîtres à penser, de ses partisans de la liberté, de son poète-académicien François Mauriac, porte-parole de la paix et de la fraternité.

11/2012

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Histoire internationale

Activités maritimes et sociétés littorales de l'Europe atlantique. 1690-1790

Au XVIIIe siècle, les navires marchands ont pris possession de la mer. Morutiers et baleiniers se déploient depuis longtemps dans les hautes latitudes. Les grandes routes maritimes, ces voies du profit, ont pour destination l'Amérique ibérique, les Antilles, le continent nord-américain, les établissements de l'océan Indien. Le développement du commerce maritime s'est fait sous la protection des privilèges. Mais les monopoles et l'exclusif du pavillon craquent de toutes parts. Sur la façade atlantique du vieux continent, de la Baltique à la Méditerranée, les lignes du cabotage donnent plus de cohésion à l'Europe océanique et apparaissent, en amont et en aval des grands flux océaniques, comme les traits d'union indispensables à la réussite de l'aventure commerciale. Rapidement, les océans porteurs de ces activités deviennent le théâtre de rivalités et d'affrontements entre les puissances européennes. Le combat de ligne de file qui s'impose comme tactique de combat favorise une certaine homogénéisation des flottes de guerre. Mais quand le commerce est l'enjeu de la guerre et que le commerce fait la guerre au commerce, la guerre change de nature. Le XVIIIe siècle invente la guerre totale. L'aventure maritime, c'est d'abord celle des hommes et ce sont les paroissiens des villes et des villages du littoral, cet espace d'interface entre la mer, " between the devil and the deep blue sea " et la terre, entre la peine et le profit. Sur le pont ou sur les quais, aux mâts ou sur les chantiers navals, à la barre ou sur l'estran, ils sont les acteurs au quotidien du littoral et de la mer. Ils ne sont aussi que la main-d'œuvre d'entreprises dominées par les détenteurs de capitaux, les négociants. Du counting house à la country house, en passant par l'échevinage, le consulat, la loge et la chambre de lecture, tracent-ils la voie à de futurs notables ou à de véritables entrepreneurs ? Organisé en chapitres thématiques, abondamment illustrés par des cartes et des tableaux statistiques, cet ouvrage présente, par une nouvelle approche, une synthèse sur les activités maritimes et les sociétés littorales de l'Europe atlantique au XVIIIe siècle.

07/1997

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Romans historiques

La poudrière d'Orient Tome 1 : L'enfer des Dardanelles

Marseille, février 1915 : Sur la Canebière, Paul Raynal essaie de se frayer un chemin jusqu'à son campement. Le petit gars de Septfonds en Quercy ignore tout de son avenir. Il imagine au pis un embarquement pour le .Maghreb. Comment pourrait-il deviner -- avec son drôle de casque colonial fabriqué par son chapelier de père - qu'il est en route pour l'enfer des Dardanelles, embringué dans la sanglante expédition navale décidée par Churchill contre les Turcs ? Quand il monte à bord du Biên Hoa, il ignore également que son sort est désormais lié à celui de trois compagnons de souffrance : Edmond Vigouroux, natif de Limoux, intégré dans les zouaves ; André Broennec, de la presqu'île de Morgat, radio du cuirassé Bouvet ; le sergent-chef Émile Duguet, niçois et artilleur. Tous quatre ont des visages d'enfants : quatre gamins de la France rurale, quatre fils de la république, quatre garçons attachés au pays natal. Ils n'ont rien de guerrier mais ils vont à la guerre. Ils s'apprêtent à découvrir, d'un coup, la beauté des déserts et la fureur des combats, le rêve oriental et la soif sous des ciels de feu, l'amour, la malaria, le naufrage en mer, la peur. C'est un corps expéditionnaire à bout de forces qui rejoint la Royal Navy à Lemnos puis à Alexandrie. Au Caire, tenus à l'écart de la stratégie conçue par sir fan Hamilton, les officiers français tentent en vain d'obtenir des informations et se laissent envoûter par les délices de la vie nocturne. Le dancing du Sheperd's Hotel voit défiler le ban et l'arrière-ban : Rockfeller qui a l'œil sur la manne pétrolière, les marchands d'armes de tout poil, les négociants de coton venus vendre leur récolte aux Allemands pour fabriquer la poudre à canon, la sublime cantatrice Lucia Signorelli espionne à ses heures, Richard Barlett arrogant reporter pour le Sunday Times, ou Lawrence d'Arabie. Les dés ont roulé, pour Paul Raynal et ses copains, et la guerre d'Orient aura bien lieu : une barbarie moderne où ces enfants qu'on dit soldats n'ont plus qu'à tomber sous la bataille, sans savoir pourquoi ni sous quel drapeau.

02/2004