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Hillbilly élégie

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Poésie

Hourvari

Hourvari, terme de vénerie, ruse d'une bête traquée consistant revenir sur ses voies pour mettre les chiens en défaut. Cette suite poétique est construite de manière narrative, comme une enquête, une chasse lente et patiente dont l'objet est Reina, avatar de ce qu'on nommait autrefois la Nature, prise ici à la fois comme un texte à déchiffrer et lire dans le monde, un grand corps à étreindre et un lieu à habiter. Reina est donc aussi une figure du poème, et l'enjeu est une traque, un geste cynégétique, une quête des signes à décrypter. A la manière d'un rituel chamanique, la voix qui s'exprime ici tente de cerner Reina, de s'en approcher au plus près, de retrouver le sentiment de présence poétique au monde et aux êtres qui semble perdu. Pour cela, l'initiation doit passer par une exploration de soi, du temps (retour à l'enfance comme source de ce savoir intime) et de l'espace (bien souvent, l'espace comme construction intérieure, aussi). Le texte de la Huitième Elégie de Rilke a guidé le poème et hante comme un fantôme cette voix en quête éperdue de présence, jusqu'à la rencontre fulgurante avec l'oiseau, et jusqu'à la nécessité de regarder la mort dans les yeux. Ce recueil fait aussi l'objet d'un travail de mise en voix et en espace, dont la première version a été présentée lors d'une exposition en 2019 (à L'Aparté, Besançon), et qui sera repris lors du prochain "Labo Démo" du Centre Wallonie-Bruxelles. (voir le projet ci-dessous). Auteure d'Aix-en-Provence

04/2023

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Littérature étrangère

Entretiens avec Anna Akhmatova

Première édition intégrale en français, incluant le troisième tome (1963-1966) de l'édition russe et les "Extraits des Cahiers de Tachkent", ville où les deux femmes avaient été évacuées pendant la guerre, de novembre 1941 à décembre 1942. Traduction du russe de Lucile Nivat, Geneviève Leibrich et Sophie Benech. Edition et présentation de Sophie Benech. Notes et dictionnaire-index des noms de personnes par Lydia et Elégie Tchoukovskaïa, complétés par Sophie Benech. "En 1940, je ne notais presque plus jamais rien sur moi-même dans mon journal, et je parlais de plus en plus souvent d'Anna Andreïevna. D'elle on avait envie de parler, car de toute sa personne, de ses paroles et de ses actes, de sa tête, de ses épaules et des gestes de ses mains émanait cette perfection qui n'est le propre en ce monde que des grandes oeuvres d'art. Le destin d'Akhmatova - quelque chose de plus grand que sa propre personne - modelait sous mes yeux, à partir de cette femme célèbre et délaissée, forte et désarmée, une statue de la douleur, de la solitude, de la fierté et du courage. Les premiers poèmes d'Akhmatova, je les connaissais par coeur depuis l'enfance ; ses nouveaux vers et, avec eux, le geste de ses mains brûlant le papier au-dessus du cendrier, le profil au nez aquilin qui dessinait une ombre nette sur le mur blanc de la prison de transit, tout cela faisait désormais partie de ma vie de façon aussi naturelle et indiscutable que les ponts de Léningrad, la cathédrale Saint-Isaac, le Jardin d'été ou les quais de la Néva". Lydia Tchoukovskaïa, "En guise de préface", Entretiens avec Anna Akhmatova, 1966.

11/2019

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Poésie

Après, depuis

Après, depuis est un livre de deuil. Cette chose tout à fait commune, ce thème en soi banal se voient traités ici sur un mode particulier, qui fait basculer le ton forcément subjectif de l'expérience unique vers un cadre plus général, non pas impersonnel mais susceptible d'être investi par n'importe quel lecteur. En six étapes, de la chambre vide à la maison à vendre, chacune d'elles rédigées et composées dans un style et un rythme différents, ce livre fait le tour de ce qui reste et de ce qui change après la mort d'un être aimé. Le ton du livre rappelle par moments les grands textes lyriques de John Ashbery, mais aussi la fantaisie des listes telle qu'on la trouve chez Borges ou Sei Sh ? nagon. L'essentiel pourtant est le souci de lisibilité, puis la tentative de dépasser le vécu purement individuel. Après, depuis est une élégie dont la grande ambition est d'offrir un écho, certes décalé mais parfaitement reconnaissable, de la vie de ses lecteurs. Auteur francophone de langue maternelle néerlandaise, Jan Baetens est l'auteur de quelque vingt recueils de poésie, dont SLAM, poèmes sur le basketball, Cent ans de bande dessinée (en vers et en poèmes), Vivre sa vie, une novellisation en vers du film de Jean-Luc Godard ou Ici, mais plus maintenant. Les styles et thèmes de ces livres varient considérablement, mais leur point de départ est toujours le même : la vie quotidienne, refaite et repensée par la littérature. Il est également l'auteur de nombreuses études sur les rapports entre textes et images, dont récemment Le roman-photo (en collaboration avec Clémentine Mélois, éd. du Lombard) et Adaptation et bande dessinée (Les Impressions Nouvelles). Aux éditions JBE, il vient de publier le "? remix ? " d'une collection privée de ciné-romans-photos, Une fille comme toi.

06/2021

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Littérature étrangère

Sentences et maximes

Anthologie de maximes et de sentences puisées dans les grands ouvrages de la littérature arabe classique. Comme d'autres peuples du monde, et peut-être plus que les autres, les Arabes n'ont cessé jusqu'à nos jours d'émailler leurs propos quotidiens de sentences, de maximes et de proverbes. Dès l'époque antéislamique et les premiers balbutiements de leur littérature, des poètes, des orateurs et des personnages connus pour leur pondération et la profondeur de leur pensée ont contribué à forger une longue chaîne faite de traits sapientiaux ou "hikam". En un minimum de mots, ces propos se répandirent parmi les tribus de la péninsule arabique et de ses confins syriens mésopotamiens. Cette propension à la concision dans l'expression ressortit au génie même de la langue arabe qui affectionne particulièrement la litote, le fait d'exprimer le plus en disant le moins. D'où le recours à ces formules lapidaires qui constituent un trait caractéristique de la poésie arabe à travers tous ses thèmes, du panégyrique à la satire, en passant par la jactance, l'élégie et l'amour. C'est aussi l'une des principales préoccupations de la littérature en prose, AlAdab, dont l'objectif, depuis Jâhiz (m 867) jusqu'aux encyclopédistes de l'époque mamelouke (1260-1516), était à la fois d'instruire et de divertir. Les sentences et maximes choisies dans ce livre sont présentées par thèmes et par ordre alphabétique. Elles ont été sélectionnées à partir de plusieurs anthologies, notamment Nathr al-durr (Perles éparses) d'Abû Sa'îd ibn al-Hasan al-Âbi (Xe siècle) et Al-Dhakhâ'ir wa al-abqariyyât (Trésors et génies littéraires) de l'auteur égyptien contemporain 'Abd al-Rahmân al-Barqûqî. Des notices biographiques concernant les personnages cités figurent à la fin du volume, donnant des précisions sur leur contexte historique, social et culturel.

06/2014

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Revues de psychologie

Cancers & psys N° 6 : L'amour aux temps du cancer

Gabriel Garcia Marquez, écrivain colombien, prix Nobel de Littérature, est mort d'un lymphome hodgkinien en 2014. Cent ans de solitude (1967), Chroniques d'une mort annoncée (1981), ses livres ne parlaient pas de cancer. Ni même de choléra. Mais ils parlaient souvent d'amour ! Tiens, pourquoi L'Amour aux temps du choléra (1985) ? Cette question en rappelle une autre, celle du grand poète allemand Hölderlin, qui figure dans une strophe de l'élégie Pain et Vin, composée vers la fin de l'année 1800 : " Wozu Dichter in dürftiger Zeit ? " (" Pourquoi des poètes en temps de détresse ? "). En quoi nous concerne- t-elle cette question, nous les psychistes qui intervenons au quotidien auprès de malades somatiques ? Plus largement, porte-t-elle dans son énoncé même une vérité précieuse sur notre travail au quotidien ? Remettre de la beauté aux temps de la laideur et du bonheur aux temps du chagrin ? Répondre, c'est évidemment clarifier en même temps le point de savoir qui nous sommes en ces lieux qui n'ont souvent d'hospitaliers que le nom. Et si notre tâche, à l'occasion de cette expérience extrême au sens où elle met un temps en danger de mort, était l'occasion de ré-arrimer sur Eros nos patients ? Psychologues, psychiatres, psychanalystes en oncologie prêtent-ils alors leur présence, leur corps comme espace transitionnel, espace de traduction provisoire des angoisses souvent innommables chez leurs patients ? Ne deviennent-ils pas cet objet transformationnel au sens de Christopher Bollas, qui permet d'ouvrir une aire de jeu pour que leurs patients puissent vivre pleinement le temps qui reste ? Alors, pourquoi des psychistes en terres oncologiques ? L'amour aux temps du cancer resterait-il à écrire ?

03/2023

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Latin - Littérature

La confusion des genres dans la Pharsale de Lucain. Concordia discors

Baroque, macabre et envoûtant, le récit que Lucain, dans la Pharsale, fait de la guerre civile qui déchira les Romains entre partisans de César et ceux de Pompée montre l'épopée frayer avec de multiples autres genres littéraires. Epopée en dix chants de la période néronienne, la Pharsale est la seule oeuvre de Lucain qui nous soit parvenue. Jugée inclassable parce qu'elle échappe au modèle classique de l'épopée traditionnelle, elle a longtemps été déconsidérée par la critique. Depuis quelques années, elle fait l'objet d'une redécouverte par les littéraires et les historiens qui ont mis en lumière une nouvelle esthétique propre à la période néronienne, et permis de relever un tissu d'éléments historiques de première importance à propos des années 1949-1945 avant J. -C. , déterminantes pour l'histoire de Rome et de la conquête du pouvoir par Jules César. Les diverses contributions de chercheurs européens et américains réunies dans ce volume analysent le croisement des différents genres littéraires dans la Pharsale de Lucain ainsi que la mutation du genre épique tel qu'il a été consacré par Homère ou par Virgile. L'influence des autres genres poétiques, comme la tragédie, également pratiquée par Lucain, l'élégie ou encore la satire, est en effet sensible dans l'oeuvre du poète mort à 25 ans. D'autres genres littéraires en prose, comme l'historiographie dont Lucain avait une très bonne connaissance, ou les genres philosophiques pratiqués par Sénèque, l'oncle de Lucain, ont également influencé l'écriture de la Pharsale. L'intérêt de cette approche trans-générique réside ainsi dans la lumière nouvelle qu'elle jette sur l'oeuvre lucanienne, offrant une synthèse littéraire pour repenser la normativité épique.

02/2024

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Sociologie

Rebelle, toujours. De la rue Mouffetard au DAL et à Droits Devant !!

Il est des rencontres fortement improbables qui défient la nonne et le bien-penser. Celle que je vais tenter de conter en fait partie. Elle prit sa source dans les profondeurs insondables du hasard, traversa des contrées sauvages et s'installa dans la longue durée alors qu'à l'évidence, elle n'eut jamais dû franchir le cap de l'éphémère. Mon père et ma mère en sont les acteurs. Leur rencontre généra des sentiments multiples et contraires. La douleur côtoya l'humour, la misère ouvrit des parenthèses à la joie de vivre, la sagesse tutoya la subversion, l'amour, inexorablement, céda sa place à la haine. Pourquoi avoir attendu la venue du crépuscule pour évoquer l'histoire douce-amère de ces parents terribles, qui m'élevèrent dans le tumulte et l'incertain, qui abrégèrent les rêves et le souffle de l'enfance ? Après ces milliers de lignes écrites depuis ma prime jeunesse, ces poèmes et chansons composés sur un banc de jardin public, sur un bar de bistro, sur une table de gargote, sur un bureau, chez moi, de la fin du jour au début de l'aube. Après ces centaines de tracts rédigés, consciencieusement ou hâtivement, cette agit'prop' effrénée, acharnée, tentant de rendre lisible et visible au plus grand nombre la teneur de nos combats. Après avoir compris et décidé qu'écrire m'est indispensable, voire vital, pour que ne s'échappent de ma mémoire une idée, un oxymore ou une métaphore ; pour que puisse se pérenniser et se transmette à ceux qui le voudront le fil de ma pensée... Il m'importait de rassembler dans ce livre ce que furent tout à la fois l'ode et l'élégie, le clair et l'obscur d'une vie.

05/2020

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Littérature française

Objets perdus. (à quelque chose)

Que transmet-on en héritage ? Souvent, un certain nombre d'objets plus ou moins précieux quand ils ne sont pas purement utilitaires. Mais il arrive aussi que rien ne subsiste de ce qui comptait pour les absents, sauf dans la mémoire de celles et ceux qui restent. C'est le cas de ces Objets perdus, où l'histoire familiale et les réminiscences personnelles passent par des images de choses évanouies, avec le regret, le rejet ou l'ironie dont le recul dans le temps les a teintées. En dix-neuf chapitres, Denitza Bantcheva évoque avec tendresse, et liquide avec humour, son histoire intime dans une gamme qui va de l'élégie à la satire en passant par le poème en prose métaphysique. De la pitié pour les chaussures à la haine des parapluies, des boutons de manteaux à la gamme des rouges à lèvres, d'un fabuleux sac jaune au goût des cigarettes, elle tente une nouvelle fois, en écrivant, de conjurer la perte. Ce qu'elle avait commencé de faire avec l'émouvant portrait de sa mère, Visions d'elle, paru en 2021 aux éditions do. Née en 1969 à Sofia (Bulgarie), en France depuis 1991, Denitza Bantcheva a publié des romans ("La Traversée des Alpes", "A la rigueur", "Feu de sarments", aux éditions du Revif), un récit ("Visions d'elle", éditions do, 2021), des nouvelles, des poèmes et des monographies consacrées aux cinéastes et au cinéma : "René Clément", "Jean-Pierre Melville : de l'oeuvre à l'homme", "Un florilège de Joseph Losey", "Le Film noir français" ; le plus récent, "Alain Delon : amours et mémoires", éditions de la Martinière, 2023. Elle donne des conférences d'histoire du cinéma et fait partie du comité de rédaction de la revue Positif.

04/2024

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Autres philosophes

De la France

Qu'elle a été grande, la France ! De l'individualisme et du culte de la liberté pour lesquels, autrefois, elle avait versé son sang - elle n'a retenu, dans sa forme crépusculaire, que l'argent et le plaisir... Quand on ne croit à rien, les sens deviennent religion. Et l'estomac finalité. Le phénomène de la décadence est inséparable de la gastronomie... Depuis que la France a renié sa vocation, la manducation s'est élevée au rang de rituel. Les aliments remplacent les idées. Les Français depuis plus d'un siècle savent qu'ils mangent. Du dernier paysan à l'intellectuel le plus raffiné, l'heure du repas est la liturgie quotidienne du vide spirituel. Le ventre a été le tombeau de l'Empire Romain, il sera inéluctablement celui de l'Intelligence française... Rien n'est plus gênant que de voir une nation qui a abusé - à juste titre - de l'attribut " grand ", grande nation, grande armée, la grandeur de la France -, se dégrader dans le troupeau humain haletant après le bonheur... La France n'a plus de destin révolutionnaire, parce qu'elle n'a plus d'idées à défendre... Les peuples commencent en épopées et finissent en élégies. Cioran

02/2024

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Critique littéraire

En face du Jardin. Six jours dans la vie de Rainer Maria Rilke

Entre le 23 et le 29 octobre 1920, le poète Rainer Maria Rilke, alors âgé de quarante-cinq ans, séjourne seul à Paris, à l'hôtel Foyot, face au jardin du Luxembourg. Six journées vécues dans la plus parfaite clandestinité, où semble s'établir un accord inespéré entre le lieu, le moment, la disposition du cœur et de l'esprit. Pendant six jours, le ciel reste d'un bleu limpide, comme si rien ne devait entraver les retrouvailles de l'auteur des Carnets de Malte Laurids Brigge avec sa ville, qu'il a quittée six ans plus tôt. Paris lui avait offert Rodin, Verhaeren et Gide, et lui offre aujourd'hui, après la fracture de la guerre, la permission de " circuler librement à l'intérieur de sa conscience ". Paris n'est plus que " points de jonction " entre aujourd'hui et autrefois, entre ici et là-bas, Saint-Pétersbourg, Rome, Venise, Worpswede, Berlin... Et la vie apparaît soudain comme une succession de " correspondances sublimes ". En cet automne miraculeux, Rilke est un homme amoureux. L'aimée, Baladine Klossowska, baptisée Merline, est restée à Genève. Mais Rilke est surtout un poète en attente. En attente de cette solitude qui permettra peut-être le jaillissement de ses Elégies, commencées six ans plus tôt au château de Duino.

01/2007

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Scandinavie

L'Edda poétique

Nés d'une lointaine tradition orale, les textes de L'Edda poétique, traduits ici dans leur intégralité, constituent, avec les autres textes scandinaves réunis dans cet ouvrage, un pan capital de notre patrimoine indo-européen. A plus d'un millénaire de distance, ils nous permettent de découvrir la richesse de l'âme germanique ancienne. Loin d'être des Barbares, ceux qui passèrent à la postérité sous le nom de Vikings formaient une communauté d'humains qui idéalisèrent leur condition sous forme de mythes et de légendes poétiques. Les dieux et les grands héros du Nord ont ainsi inspiré des "dits" , des lais et des élégies, dont la qualité littéraire rappelle celle des grandes sagas. Grâce à des images inoubliables, ces textes nous dévoilent une vision fondamentale de la vie et du monde, un monde imprégné par la toute-puissance du Destin auquel nul n'échappe, qu'il soit dieu, alfe ou homme. Régis Boyer était linguiste et traducteur, spécialiste des civilisations de l'Europe du Nord. Il a été professeur de langues, littératures et civilisation scandinaves et directeur de l'Institut d'études scandinaves à l'université Paris-Sorbonne. Il a également été membre du comité scientifique de la revue Nordiques.

10/2023

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Critique littéraire

Louise Labé 2005

En 1555, une Lyonnaise de petite extraction faisait publier ses Œuvres. Mince volume, fait d'une Epitre dédicatoire où elle appelait les femmes à " élever un peu leur esprit au-dessus de leurs quenouilles ", d'un Débat sur l'amour où elle parodiait l'éloquence judiciaire et s'amusait des idéologies à la mode, de trois Elégies et vingt-quatre Sonnets où elle chantait le bonheur et la douleur d'aimer ; le tout suivi d'un bouquet d'hommages rédigés par les auteurs les plus célèbres de son temps. Mince volume, mais succès durable, et même immense, puisque Louise Labé est depuis fort longtemps l'une des autrices françaises les plus connues dans le monde. Il aura pourtant fallu bien du temps pour que l'institution reconnaisse la valeur de ses écrits. C'est aujourd'hui chose faite : quatre siècles et demi exactement après leur parution, Louise Labé est au programme de l'Agrégation de Lettres, pour la première fois dans l'histoire de ce concours. Conçu pour les étudiant-e-s, pour leurs enseignant-e-s, mais aussi pour tous les admirateurs et admiratrices de Louise Labé, ce volume propose un choix d'études pour l'essentiel déjà parues mais d'accès difficile, choisies pour leur importance critique et leur représentativité, ainsi que deux contributions nouvelles. Il est complété d'une très riche bibliographie.

01/2005

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Poésie

Orange Export Ltd. 1969-1986

Emmanuel Hocquard (1940-2019) est l'un des grands poètes français du dernier demi-siècle : l'un de ceux qui auront contribué à repenser de fond en comble l'écriture poétique, à lui imaginer des formes et des orientations nouvelles. Parmi ses livres majeurs (tous publiés chez P. O. L), citons Les Elégies, Théorie des tables, Un test de solitude, ma haie, Une grammaire de Tanger... L'aventure d'Orange Export Ltd. inaugure le parcours d'écrivain d'Emmanuel Hocquard. Fondée au début des années 1970 avec la peintre Raquel, cette minuscule maison d'édition aura joué un rôle souterrain - mais déterminant - en réunissant une constellation de poètes qui devaient s'affirmer comme des auteurs marquants de leur génération. Imprimés à la main (et à peu d'exemplaires) dans l'atelier de Malakoff, ces livres brefs témoignent aussi d'une des dernières inventions collectives de la poésie française, avant sa dissémination actuelle. Un volume rassemblant l'intégralité des publications d'Orange Export Ltd. , augmentées de divers documents, avait été publié chez Flammarion en 1986. C'est cet ouvrage - épuisé de longue date - que nous republions aujourd'hui à l'identique, tel qu'Emmanuel Hocquard l'avait conçu. Une importante préface de Stéphane Baquey situe l'apport de cette étonnante aventure éditoriale dans l'histoire littéraire contemporaine.

10/2020

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Littérature étrangère

Histoire de la littérature russe. Tome 2, Le XIXe siècle, 1e partie, L'époque de Pouchkine et de Gogol

Ce volume de l'Histoire de la littérature russe présente l'époque de Pouchkine et de Gogol, les deux écrivains qui ont assuré aux lettres russes le rang qu'elles occupent depuis le XIXe siècle parmi les grandes littératures du monde moderne. Alexandre Pouchkine est considéré comme le créateur, non seulement de la poésie romantique russe, mais aussi de la tragédie historique (Boris Godounov), de la prose réaliste, du roman (Eugène Onéguine) et, ce qui est d'une importance capitale pour ses contemporains et sa postérité, de cette langue moderne russe, souple, riche et mélodieuse qui a servi aussi bien les poètes qui lui succédèrent que les grands romanciers, de Tolstoï et Dostoïevski à Mikhaïl Boulgakov et Boris Pasternak. Nikolaï Gogol fut à la tête de " l'école naturaliste ", de cette prose russe qui devait jouer un rôle inestimable dans l'évolution de la littérature mondiale. Il a donné forme à un type fantastique social qui a influencé tous les arts, qui est entré dans l'imaginaire européen. On trouvera dépeints ici les grands courants idéologiques, esthétiques et littéraires de la première moitié du XIXe siècle en Russie : le post-classicisme des archaïsants, le sentimentalisme de Karamzine et de ses disciples, les différentes variantes du romantisme (" l'école de la précision harmonieuse ", la poésie politique des décembristes, l'élégie de Joukovski, le démonisme de Lermontov, les tendances réalistes de la prose post-gogolienne, etc.). Comme dans les volumes précédemment parus, des chapitres entiers sont consacrés aux grands courants, suivis de monographies présentant les auteurs sous forme de portraits. De même, outre la littérature proprement dite sont traités la critique, le théâtre, la peinture, l'architecture, les problèmes de la culture en général. Tel qu'il est, nous espérons que ce tome rendra compte avec fidélité de l'extraordinaire floraison culturelle que la Russie connut en cette première moitié du XIXe siècle, " Age d'or " de la poésie russe comme on l'a souvent baptisée et véritable miracle que salua à juste titre Dostoïevski dans son discours de 1881 célébrant la mémoire de Pouchkine.

10/1996

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Littérature étrangère

Sur la terre du milieu : Nella terra di mezzo

... Déjà dans L'Hippopotame, en 1989, quelques poèmes ironiquement métaphysiques laissaient affleurer une élégie sous-jacente. Les compositions nouvelles ici réunies, sous leur ton apparemment mesuré, "moyen ", œuvre d'un homme "persécuté par les génies et les idiots ", affrontent, dix ans plus tard, des échéances rapprochées. " On passe les saisons/à creuser le tronc d'un arbre/afin de préparer la pirogue/où nous embarquerons en automne. " Constituant une sorte d'exorcisme ordinaire, sont alors convoqués par le poète, sous le voile de la facétie, les êtres, moments et objets d'un rituel exempt de rhétorique : les toits de Milan ; les quelques traces d'une ville plus secrète que la métropole connue de tous, frénétique et superficielle ; des personnages en pardessus et chapeau qui, figures passantes, y sont filles de Magritte ou de Tati ; une poignée de souvenirs - la charrette où les meubles familiaux furent évacués pendant la guerre, et qui reste liée pour le poète à un étrange et scandaleux bonheur ce jour-là, ou la "femme au sari vert "fugacement aperçue en Inde, comme l'emblème de chemins jamais pris ; une chienne perdue en montagne, certes pas l'Argos d'Ulysse, une simple Thea qui ne comptait que pour ses maîtres, ou " la chatte la plus noire ", consolatrice et messagère des ténèbres, que la main du poète caresse le soir venu. Et de grands noms de la philosophie ou de la topologie, Spinoza, Möbius, cités de manière aussi fidèle qu'irrévérencieuse - le ruban de Möbius, qui donna son titre à l'un des recueils de Luciano Erba, est cette surface pourvue d'un seul côté qui pousse le poète à écrire : " le pair est impair, et l'autre toujours le même/tiens-toi bien, on va partir !" alors que l'allusion au concept spinozien de natura naturans lui permet de railler l'excessive revendication identitaire de notre époque, et singulièrement du milieu intellectuel. Bernard SIMEONE

05/2003

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Disques et K7 Littérature

Relation d'un voyage de Paris en Limousin. 6 lettres de Jean de la Fontaine à sa femme, 1 CD audio

Jean de la Fontaine. Né à Château-Thierry en 1621. Dans un premier temps avocat à Paris, il reprend par la suite la charge de son père en tant que Maître des Eaux et Forêts. Mais il est depuis longtemps passionné de lecture, et sa vocation pour l'écriture s'éveille de plus en plus. Il entre au service de Fouquet pour qui il écrit une trentaine de poèmes prévus par contrat. Il lui dédie notamment le Songe de Vaux. Au moment de la chute de Fouquet, La Fontaine reste son plus fidèle défenseur. Il écrit à cette occasion l'Ode au roi et l'Elégie aux nymphes de Vaux. Cette fidélité à Fouquet lui vaut rapidement la haine de Colbert, puis celle de Louis XIV lui-même. Il rencontre également ses contemporains : Molière, Boileau, Racine. En 1684, il est élu à l'Académie Française. Il meurt en 1695 à Paris. Connu surtout pour ses très nombreuses fables, il s'est pourtant essayé à d'autres genres. Il a notamment écrit Les amours de Psyché et Cupidon (1669), Discours à Madame de la Sablière (1678) ; ses Fables ont été publiées sur une période d'une vingtaine d'années. Nicolas Fouquet. Né à Paris en 1615. Il est d'abord procureur général au parlement de Paris avant d'être nommé surintendant des finances par Mazarin en 1653. Il occupe ce poste jusqu'en 1661. Il amasse une grande fortune qu'il investit dans la construction de son château à Vaux-le-Vicomte. Il se consacre également au mécénat, s'entourant ainsi de nombreux artistes tels que la Fontaine, Molière, Poussin, Le Nôtre. Pour fêter l'achèvement de la construction de son château, il donne les Divertissements du Roi. Suscitant les jalousies, notamment celle de Louis XIV, il est arrêté suite à un dossier établi par Colbert. Il est jugé, banni dans un premier temps, puis finalement condamné à l'emprisonnement à perpétuité. Il meurt en 1680 au Fort de Pignerol.

09/2006

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Poésie

La Pléiade. Poésie, poétique

C'est en 1547 que paraissent les premiers poèmes de Ronsard et de Du Bellay. En 1549-1550, Du Bellay publie La Deffence, et illustration de la langue francoyse, à la fois traité sur la langue et art poétique, et L'Olive, premier recueil de sonnets et de vers lyriques originaux en français. Ronsard donne le premier recueil d'Odes françaises. A Lyon, entre 1549 et 1552, voient le jour des volumes de poésie amoureuse dus à Pontus de Tyard et à son cousin Guillaume Des Autels, lequel prend en outre part aux débats sur les genres littéraires. 1552 et 1553 sont des années décisives, avec Les Amours de Ronsard, ceux de Baïf, la première tragédie française à l'antique, la Cléopâtre captive de Jodelle, et le scandale des Folastries. Dans Le Cinqieme [Livre] des Odes augmenté, Ronsard insère son élégie à Jean de La Péruse, dans laquelle il sélectionne sept poètes : lui-même, Du Bellay, Tyard, Baïf, Des Autels, Jodelle et La Péruse. Le mot "Pléiade" ne figure pas dans le texte. Il apparaît en 1555, lorsque dans l'Hymne à Henri II Ronsard dresse une nouvelle liste. La Péruse est mort ; Des Autels, effacé. Peletier fait son apparition, et Belleau "vien[t] en la brigade / Des bons, pour acomplir la setiesme Pliade". Cette année-là, Tyard augmente ses Erreurs amoureuses. Ronsard et Baïf chantent de nouvelles dames. Dans la Rhétorique de Foclin, les exemples sont tirés des oeuvres des poètes de la Pléiade. La décennie où a fleuri la Pléiade est exceptionnelle dans l'histoire de la poésie comme dans celle de la langue. Ce volume donne à lire des pièces poétiques célèbres ou moins connues, fait revivre les débats poétiques et linguistiques, et propose, outre la Deffence, le premier art poétique en français, les premières tragédies et la première comédie du répertoire français, la première rhétorique moderne. La section finale est consacrée aux réactions des contemporains.

04/2024

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Critique littéraire

Tragédies. Tome 2, Hippolyte, Andromaque, Hécube, Edition bilingue français-grec ancien

L'Antiquité grecque était prolixe en légende, même à propos de ses poètes. Ainsi on racontait qu'Euripide était né le jour même où Eschyle combattait à Salamine et que Sophocle triomphait au péan. Pourtant, à la différence de ces deux illustres prédécesseurs, l'auteur d'Hippolyte ne connut guère la faveur populaire. Il n'obtint à Athènes que quelques fois le premier prix et s'exila, à la fin de sa vie, à Pella, auprès du roi Archélaos, en partie pour fuir les quolibets de ses concitoyens, notamment d'Aristophane. Sa gloire fut en grande partie posthume, grâce à son fils Euripide le jeune, qui consacra la majorité de son talent à faire jouer les pièces de son père. Si Euripide a écrit plus de 90 pièces ainsi que des poèmes lyriques et des élégies, seules 19 de ses pièces nous sont parvenues, en comptant l'énigmatique Rhésos. L'édition de Louis Méridier rassemble en deux volumes Le Cyclope, Alceste, Médée, Les Héraclides, Hippolyte, Andromaque et Hécube. La riche introduction du tome I fournit une biographie commentée et mise en question, de l'auteur, ainsi qu'une présentation minutieuse de l'histoire, complexe, des manuscrits. Chaque oeuvre est en outre précédée d'une notice proposant de judicieuses pistes de lecture, notamment quant au genre de la pièce ainsi que de son argument. Enfin, des notes accompagnent et éclairent la lecture. Tome I : Le Cyclope, Alceste, Médée, Les Héraclides, Tome II : Hippolyte, Andromaque, Hécube.

05/1998

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Poésie

Il neige dans la nuit. Et autres poèmes

Nâzim Hikmet, partout célébré comme l'un des plus grands poètes de ce siècle, est aussi l'un des témoins majeurs des tourmentes, des révolutions, des tragédies et des combats de son temps. Treize années passées dans les prisons turques, avant de connaître l'exil, ont fait de lui un symbole, un porte-voix. Mais ce profil militant, loin de limiter l'espace de son oeuvre poétique, en assure au contraire l'élan, la vérité, la force. C'est qu'à la sincérité d'un engagement, à la générosité qui est chez lui une seconde nature, Hikmet ajoute la simplicité et la grâce : sa poésie traduit comme aucune autre, dans une langue directe, étonnamment pure, le rayonnement et les souffrances d'un destin individuel qui ne se tient jamais à distance des aventures collectives ni des sources de la mémoire populaire. Poète banni (l'État turc a attendu 1993, soit trente ans après sa mort, pour le réhabiliter), Nâzim Hikmet ne fut pourtant pas un poète maudit. Censurés dans son pays, ses poèmes ont couru le monde et rencontré un immense écho. Cette anthologie propose un parcours d'ensemble dans une oeuvre multiforme qui conjugue pièces lyriques, notations véhémentes, instants saisis au vol, élégies et vastes fresques épiques. La poésie de Nâzim Hikmet, sans jamais céder à la grandiloquence, participe d'une ambition immense : changer l'ordre des choses en changeant l'image qu'on en donne.

03/1999

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Philosophie

Correspondance (1939-1975) suivie d'écrits croisés

Hannah Arendt et Günther Anders se sont rencontrés alors qu'ils étaient encore étudiants et ont été officiellement mariés entre 1929 et 1937. Leur exil hors de l'Allemagne nazie les a conduits ensemble à Paris, puis séparément aux Etats-Unis. Si l'on a longtemps pensé que le lien avait ensuite été rompu, cette correspondance, établie récemment, montre qu'il s'est prolongé jusqu'à la mort d'Hannah Arendt, malgré la distance et des réserves de tous ordres. Les premières lettres témoignent de l'attention et du soutien indéfectible qu'Anders apporte à son ex-femme au cours de sa fuite hors d'Europe et de son installation à New York. Après une longue interruption, les dernières années de cet échange entre deux penseurs majeurs du monde d'après Auschwitz et Hiroshima sont celles de la quête d'une impossible rencontre, entre rendez-vous manqués et différends intellectuels multiples. Cette correspondance est survie de plusieurs textes, écrits conjointement ou en parallèle, sur les Elégies de Duino de Rilke sur le livre de Karl Manheim Idéologie et utopie, sur Walter Benjamin : écrits de jeunesse, marqués par l'emprise des pensées de Husserl et de Heidegger sur leur formation, mais qui permettent de mesurer le chemin accompli par la suite et l'importance, pour l'un et l'autre, de leur rejet assumé d'un académisme devenu à leurs yeux inadapté à l'urgence des enjeux.

03/2019

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Poésie

Si jamais

Je vais déplier le drap qui commence par demain, nous dit Emmanuelle Sordet dans son premier livre. Livre où alternent contes rimbaldiens, aphorismes, élégies rilkéennes, odes et chants - comme autant de fragments d'une méditation toujours recommencée, au prisme d'une écriture dense et souple, précise et sinueuse, cruelle et fluide, le murmure très doux d'une guitare inassouvie. Dans ces pages brûlées de soleil, des ombres passent, furtives. Présences lucides, compagnons secrets, elles accompagnent notre courage et nos hésitations. Elles nous murmurent de lever les yeux, de regarder les paysages sans mémoire auxquels nous donnons sens. Mais si l'Histoire nous roule de vagues de sang en disparitions - amis déchiquetés, cités rasées, civilisations détruites, enfants engloutis -, si nous nous levons chaque jour Ulysse oublieux, pourquoi donner voix au poème ? Si jamais. S'il était encore possible de croire et d'accepter, nous regretterions d'avoir laissé s'éteindre le pouvoir heureux de la lumière et se taire la musique. Nous devons prendre le risque du poème, de sa démesure. "Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes" , nous prévient Rimbaud dans Une saison en Enfer. De ce combat, le recueil d'Emmanuelle Sordet porte témoignage. "Un livre qui passe de l'immédiat au lointain, de l'intime au collectif, qui les mêle avec le plus grand naturel, et c'est si rare qu'il faut y insister". Pierre Dhainaut (préface)

06/2018

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Poésie

Oeuvres complètes

Les Euvres de Louïze Labé Lionnoize (1555) sont un livre singulier. Après une dédicace aux accents féministes et un "Debat de Folie et d'Amour" en prose, on n'y trouve que trois élégies et vingt-quatre sonnets. Mais suit une section souvent omise dans les éditions modernes : les Escriz de divers Poëtes, à la louenge de Louïze Labé Lionnoize, vingt-quatre pièces anonymes ou aux signatures cryptées, dans lesquelles les "Poëtes de Louïze Labé" se jouent du lecteur au moyen de correspondances cachées et de connivences à réinterpréter. Les Italiens offraient des ouvrages similaires, où des mains masculines célébraient les plumes féminines (qu'elles avaient parfois tenues). Autour de "Louïze Labé" sont à l'oeuvre des réseaux de poètes prêts à toutes les expériences, en un temps d' "illustration" du français où sont imitées les figures antiques de manière à créer un Panthéon français, dans lequel Louïze incarnerait la nouvelle Sappho. Un Florilège rassemble ici les sources antiques (Sappho, Catulle, Ovide) et les poèmes "modernes" (de Pétrarque, Marot, Ronsard, Scève, etc.) qui entrent en résonance avec ce brillant recueil d'avant-garde. "Louïze Labé Lionnoize" n'a laissé aucune autre trace. Il subsiste en revanche des documents sur Loyse Labbé, la belle Cordière, que l'on a négligé de distinguer de Louïze, amalgamant en une figure légendaire réalité et fiction. Les éléments de l'affaire Loyse Labbé / Louïze Labé sont réunis dans la section Documents et commentaires de cette édition - de quoi lire d'un oeil neuf les oeuvres complètes de la mystérieuse Louise Labé.

10/2021

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Critique littéraire

Louise Labé. Une créature de papier

Mystère et paradoxes entourent le personnage de Louise Labé, à la réputation controversée de courtisane, ainsi que la publication en 1555 de son unique ouvrage, les Euvres de Louise Lobé Lionnoize, dont l'édition originale est ici reproduite dans son intégralité, Trois élégies et vingt-quatre sonnets lui ont assuré une gloire universelle de poète, alors même que l'ouvrage comporte un long "" Dialogue de Folie et d'Amour " en prose et qu'il est composé pour un tiers d'écrits dithyrambiques à sa louange, pièces non signées de poètes contemporains qui ne parleront ensuite plus jamais d'elle. A restituer le cercle de ces poètes de Louise Labé, dans le Lyon fastueux du milieu du XVIe siècle, il apparaît que les Euvres, opération collective élaborée dans l'atelier de Jean de Tournes par des auteurs très impliqués dans la production de ce dernier, ne sont qu'une supercherie brillante. Celle-ci ne devait pas faire illusion au lecteur lyonnais de 1555, habitué aux masques et aux déguisements, aux momeries et aux figures allégoriques comme mythologiques qui hantent Fourvière (le forum de Vénus), attaché à la littérature paradoxale alors à la mode dans cette cité où l'on débat entre néoplatoniciens italiens et français des vertus de l'Amour Le projet marotique ancien de " louer Louise ", inspiré du " laudare Laure " de Pétrarque, adapté dans des circonstances très particulières, se révèle finalement comme une mystification de poètes facétieux qui ont cyniquement couché sur le papier une femme de paille dont ils se sont joués.

12/2005

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Critique littéraire

Demeures de l'esprit. Italie Tome 1, Nord

Le neuvième volume de la collection Demeures de l'esprit est consacré à l'Italie du Nord. Les compositeurs y sont fortement représentés, notamment Verdi, bien entendu, par sa maison natale, celle de son âge mûr et celle de son protecteur et beau-père Antonio Barezzi ; mais aussi Donizetti, Ponchielli, et, plus inattendu, Mahler, pour sa maison de vacances de Dobbiaco, dans les Dolomites - de son temps Toblach, alors en territoire autrichien. Les peintres sont quatre : Titien dans les Dolomites également ; Cima da Coneglianio dans la petite ville qui lui a donné son nom ; Mariano Fortuny dans son fameux palais de Venise ; et Giorgio Morandi dans ses deux résidences austères et quasiment cénobitiques, celle de Bologne et celle de Grizzana Morandi, dans les Apennins d'Émilie. On peut leur ajouter Canova, le sculpteur. Quant aux écrivains ils vont des plus illustres, tels Pétrarque, l'Arioste, Goldoni ou Manzoni aux moins connus hors d'Italie, et même peut-être en Italie, tels l'étrange Alfredo Oriani ou le crépusculaire poète Marino Moretti, sur les rivages de Romagne. Le plus excentrique et le plus fastueusement logé est certainement D'Annunzio, en son énorme Vittoriale, au-dessus du lac de Garde. Ajoutons à cette liste incomplète deux étrangers à la gloire assez différente : Alfred Nobel, le chimiste et fondateur de prix, qui mourut dans sa riche maison de Gênes ; et Rainer Maria Rilke, qui écrivit à Duino, forteresse des La Tour et Taxis en surplomb de l'Adriatique, ses Élégies du même nom.

10/2012

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Poésie

Poèmes. [suivi de Hommage à Sextus Propertius

Comment échapper à la déception de la poésie ? A ses thèmes convenus ? A sa fade et menteuse beauté ? Comment écrire après les maîtres ? Et comment rivaliser avec la prose pour la qualité première : être expressif ? La réponse d'Ezra Pound est la plus originale du XXe siècle. D'abord par la diversité des solutions trouvées dans ces Poèmes (critiques créatrices, poésie destructrice des fraudes et des truquages, imitations ou jeu des personnage, traductions littéraires ou appropriations, renouvellement de genres délaissés comme l'épigramme, etc.) ; ensuite parce que les réponses sont des ouvres ; enfin parce que les Poèmes d'Ezra Pound sont des chefs-d'oeuvre. Certains de ces Poèmes sont donc venus à nous précédés d'une réputation immense, comme en témoigne la capitale Introduction de T. S. Eliot : les textes inspirés des troubadours, Lustra, Cathay («invention de la poésie chinoise en anglais», dit Eliot), Le Vaucrant, l'Hommage à Properce, Mauberley, etc. Ces poèmes demandaient à être retrouvés dans notre langue ! Gageure ? Vaine prétention à égaler des perfections ? L'Hommage à Properce, cette rigoureuse enquête sur la poésie, est l'une des plus belles élégies de Pound, par excellence poète élégiaque. Les Poèmes fondent les Cantos, et plus d'une fois s'aventurent plus loin. Le Vaucrant est le principe des Cantos, et le dernier canto (CXX) retourne au Dôria de Ripostes Pour Ezra Pound, écrire est synonyme de vivre, et la vie est un périple, un exil où la nostalgie s'applique à retrouver (comme dans la Lettre d'exil de Cathay) un langage de Paradis, le Paradis par la parole.

11/1985

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Poésie

PoéVie Blues

Le Poète utilise ses esquisses, ses formules littéraires qui permettront d'apprendre la musique de l'âme apparemment sans connaître les solfèges des autres en donnant à chacun les échos inconnus immanquables. Ailleurs et ici, dans notre temps, dans notre coeur, où "les phénomènes synchronistiques se comportent comme des hasards gorgés de sens" (Jung) nous distinguerons par l'intermédiaire de Richard Taillefer, que les fenêtres restèrent toujours ouvertes pour nos chéris car "C'est l'endroit du monde, où l'on voit le mieux tout le monde". On peut parler de sa virtuosité d'écrire et de décrire les faits. Ces choses devant et derrière nous, en tâtonnant parfois les moindres coins de nos âmes et de nos amours et nous inviter simplement à utiliser, bien malgré nous, "la porte de service, avant qu'elle ne se ferme". Ce savoir-faire distinctif et étonnant se matérialise peu à peu, autour de la tour des mots tangibles et inusables. En cherchant un sens qui en apparence se trouve à l'extérieur de l'être humain, Richard Taillefer sait et donne dans ces poèmes en prose originaux ses réponses particulières aux questions ontologiques d'une manière où "Toute création n'a pas de sens discernable sans la conscience humaine qui la reflète, l'hypothèse du sens latente attribue à l'être humain une signification cosmogonique, une véritable 'raison d'être'" (Jung). Richard Taillefer regarde ce monde comme un témoin atemporel mais il en reconnait toujours d'avance ses faiblesses et ses maux parce que "Je pense à ceux que j'aime et à tous ceux qui ont perdu l'essence même d'exister" et Tout peut être réinterrogé jusqu'aux réalités existentielles qui résultent d'un tel consensus. Dans la contribution de nos âmes, Richard Taillefer écrit son "message in the bottle", cet élégie disco fulgurant du temps et de l'espace, où tout et tous, sont déjà configurés car "Nous ne sommes / Que matière des astres / Egarés dans l'éblouissement des nuits clandestines" parmi nos histoires fascinantes de cette tendre de la pénombre de "PoéVie Blues". Marina Nicolaev

07/2015

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Littérature étrangère

La geste hilalienne

Par une chance exceptionnelle, la récitation d'un des derniers "aèdes" a pu être recueillie. Un berger illettré du Sud tunisien conte une suite de migrations épiques des tribus hilaliennes du Nadj (Arabie Saoudite) qui vinrent peupler le Maghreb et poussèrent jusqu'en Andalousie. Les poèmes qui chantent cet événement étaient jusqu'ici connus grâce à la transmission orale et à la publication de larges fragments. La version apportée par Lucienne Saada fournit une sorte de totalité, une Geste officielle, précise le récitant qui a pourtant une idée exacte de la géographie des différentes versions de ce conte, chacune marquée par une odeur et une saveur de terroir. À travers un texte fondateur de culture, l'identité hilalienne scellée dans sa langue et sa poésie éclaire l'Histoire, une histoire de vies déjà révisée par le sociologue du Moyen Âge, Ibn Khaldoun. En outre, comme l'écrit Jean Grosjean dans sa préface, la Geste hilalienne a le mérite de nous ramener vers la source épique. Elle sait équilibrer l'alternance vitale de deux sortes de mouvements : le déroulement des faits dans la durée et les exaltations du coeur dans les crises. Ce qui sera dissocié d'une part en légendes, en histoires, en romans et d'autre part en élégies, en tragédies, en poèmes, se trouve ici lié organiquement... Il y a à nos portes des peuples que nous croyons connaître. Ils ont vu naître les cités ; ils en savent le remède. Ils réveillent sous nos habitudes cette mobilité de l'âme qui a fait dire que le fils d'homme n'a pas où reposer la tête.

02/1985

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Poches Littérature internation

Confession du pécheur justifié

Vous possédez la vérité ? Vous êtes l'élu du Seigneur, choisi et sauvé de toute éternité ? Prenez garde, l'étranger vêtu de noir qui vous ressemble comme un frère, vous encourage et vous protège, c'est le prince de ce monde, le démon qui règne sur les âmes en perdition. Le misérable héros de ce récit, enivré par la perfection de sa propre foi, va tuer en toute bonne conscience ceux qui sont à ses yeux des impies. Il ne comprendra pas pourquoi bientôt son protecteur l'abandonne, le jette au désespoir, et le pousse à se tuer lui-même. James Hogg, contemporain et ami de Walter Scott, auteur d'élégies et de chansons populaires, a composé il y a plus de deux cent soixante ans cette féroce et profonde parabole sur le fanatisme. Il l'a située à l'époque triomphante du presbytérianisme en Ecosse, après la victoire de Cromwell. Mais aucun récit n'est plus moderne dans sa structure et sa facture que ce roman en trois temps récit d'un chroniqueur, confession du héros, épilogue un siècle plus tard. Le souci bien écossais de la froide exactitude y va de pair avec l'extravagance des songes le démon se profile dans les brumes au-dessus d'Edimbourg, et ce sont les corbeaux et les corneilles qui annoncent au criminel l'approche de sa fin. Et comment donc a-t-il pu se pendre avec une corde de foin ? Ce chef-d'œuvre impitoyable, encore inconnu en France à la fin de la dernière guerre, a été proclamé, donné à traduire, et préfacé par André Gide. Dominique Aury

08/1987

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Littérature française

Le monde d'avant

" Je paie ma dette. Le petit garçon qui regardait est devenu l'homme qui se souvient. J'ai désormais atteint l'âge de mon grand-père lorsque je le côtoyais dans mon enfance. On croit parfois conquérir avant de comprendre que l'on retrouve. J'écris ici comme un être de la mémoire secondaire qui a vécu quelques étés d'avant dans un monde finissant. Sans ces fantômes, la main qui paraphe ne grifferait qu'une page blanche. Ces pauvres m'ont fait riche. J'ai le souci de ne pas décevoir leur digne passé. " A partir de la figure de son grand-père, Marc Lambron revisite une France perdue dans un texte bref qui a la densité d'un tombeau et la beauté d'une élégie. Pierre Denis nait en 1902 à Imphy, sur les bords de la Loire, dans la grande campagne nivernaise. La région, à la pointe du manufacturage des aciers spéciaux, est un des fleurons de la métallurgie française (un pied de la Tour Eiffel y sera forgé...). Orphelin de mère à 6 ans, placé dans la fermette de sa tante, alphabétisé à la communale, Pierre devient à 16 ans Compagnon du devoir, apprenti maçon et tailleur de pierre. A son retour de l'Algérie coloniale, il est embauché aux aciéries d'Imphy. C'est en 1929 qu'il épousera Léonie Lagarde, née quatre ans après lui à Imphy dans une famille nombreuse (6 frères et soeurs), vendeuse de vêtements, garde d'enfants et ménagère. De leur union naitra en 1931 la mère de l'auteur, Jacqueline, à laquelle ses mérites scolaires vaudront une bourse d'Etat pour aller étudier dans un collège à Nevers. Militant " rouge " en 1936 (" on a bien le temps de pâlir " disait-il...), Pierre sera Résistant dans la Nièvre pendant la deuxième guerre mondiale. Les maisons, les moeurs, la subsistance en autarcie, la vêture, la pêche, le patois, la parentèle éloignée : " tout cela peut paraître aussi lointain que la description d'un shtetl dans la Pologne d'antan. Et pourtant j'ai encore connu ce monde " . Un monde dont Jacqueline, " enfant du savoir " , s'éloigne en devenant institutrice à Nevers et en faisant la connaissance de Paul, fringuant élève de l'Ecole militaire qu'elle rejoindra à Lyon. De leur union naîtra en février 1957 le petit Marc, quatre ans avant la mort de sa grand-mère Léonie et vingt ans avant celle de son grand-père Pierre.

02/2023

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Thèmes photo

Chroniques de l’oiseau perdu

Les images de la photographe Christine Lefebvre semblent plus arrimées au corps qu'au langage. Elles s'apparentent à des champs magnétiques qui convergent des forces, affectent leurs sens et leurs directions. L'artiste les déploie entre les pages d'un livre qu'elle a construit comme un poème, ses espaces blancs les exposant à l'ouverture du sens. Les photographies sont des visions arrachées à l'écoulement du temps. Lors de ses promenades, loin de la ville et des hommes, ce que la photographe sent monter comme une sève au contact d'un arbre, d'une falaise ou d'un glacier se fixe à main levée, en quelques secondes et par fragments impulsifs. Le choix de l'oiseau comme protagoniste de ses chroniques provient du souvenir de lecture d'un célèbre conte mystique persan écrit au XIe siècle. La Conférence des oiseaux raconte l'épopée d'un groupe d'oiseaux perdus, en quête de vérité. Les photographies présentent des paysages immémoriaux rythmés par les battements d'ailes des oiseaux, contrastant avec les solides reliefs de paysages pétrifiés. Elle est ce "rêve de pierre" qu'évoqua Baudelaire, témoin d'une révolution où la terre, source première de toute création, perdait son aura et se figeait en objet. L'oeuvre de Lefebvre est une élégie, mais compose aussi une ode à une nature restauratrice des liens avec les cycles, avec le rythme des saisons. [extraits] Marguerite Pilven Ce livre de photographie captivant de Christine Lefebvre, nous transporte dans un monde de beauté, de tristesse et de nostalgie. Les images saisissantes capturées dans ce livre racontent l'histoire de la nature, de la vie et de la mort, tout en célébrant la beauté fragile de notre monde. Les photographies de Lefebvre sont poétiques dans leur composition, leur lumière et leur texture. Chaque image est une histoire en soi, racontant une histoire unique de la nature qui se transforme, de la faune et de la flore qui disparaissent. Les nuances de couleurs et les textures sont magnifiques, offrant un véritable plaisir visuel. En résumé, Chronique de l'oiseau perdu est un livre de photographie sensible et captivant. C'est un véritable hommage à la nature et à la vie. En 2017 Filigranes à publié l'ouvrage L'entre temps de Christine Lefebvre.

10/2023