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Philosophie

Ontologie. Herméneutique de la factivité

Dans ce cours délivré pendant le semestre d’été de l’année 1923 à l’université de Fribourg-en- Brisgau, le jeune Heidegger, alors assistant (Privatdozent) de Husserl, aborde la question qui était, à cette époque, au centre de sa pensée, celle de la « vie factive », du Dasein tel qu’il est à chaque fois, et qu’il s’agit non pas de décrire, mais de comprendre ou d’expliciter dans sa structure d’être. Cette explicitation prend la forme d’une herméneutique phénoménologique originale qui vise d’abord et avant tout à éveiller le Dasein à lui-même, et à la possibilité éminente qui lui appartient en propre et qui est appelée ici « existence ». Après avoir exploré la manière dont la vie a tendance à se comprendre aujourd’hui dans l’histoire et la philosophie, Heidegger met en place un certain nombre de thèmes qui seront ensuite repris dans le traité d’ontologie fondamentale de 1927, tels que l’être-au-monde, la significativité, la curiosité ou encore le souci. Ce cours, contemporain des premières esquisses de Sein und Zeit, constitue un document capital sur l’approche heideggerienne au début des années 1920. Il représente une étape décisive sur le chemin ayant conduit à Être et Temps dont la démarche est au fond implicitement contenue dans le titre : Ontologie. Herméneutique de la factivité. Un titre qui articule déjà à sa manière la question de l’être avec cette phénoménologie du Dasein qui prendra plus tard le nom d’analytique existentiale.

10/2012

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Religion

Monseigneur Julien évêque d'Arras, un évêque face aux problèmes du monde

Rencontre de deux personnalités exceptionnelles, tel est ce portrait de Mgr Julien, l'ancien évêque d'Arras, par Edward Montier, portrait du maître par un disciple. Edward Montier s'est révélé, par l'expérience quotidienne et par ses écrits directement inspirés de cette expérience, un précurseur en matière d'éducation populaire, faisant des "Philippins" de Rouen qu'il dirigea pendant plus de trente ans, un foyer de vie religieuse, culturelle et civique dont le rayonnement a été considérable et exemplaire à l'étranger comme en France. Educateur, professeur, écrivain, il n'a jamais manqué de dire ce qu'il devait à Mgr Julien qui lui témoigna amitié jusqu'au dernier jour. L'évêque d'Arras, de son côté, avec la sérénité audacieuse qui l'avait caractérisé lorsqu'il était supérieur de Saint-Joseph du Havre ou archiprêtre du Havre, ne craignit jamais de prendre nettement position sur les problèmes qui n'ont cessé de se poser à la conscience des chrétiens en race de la vie sociale et de la vie internationale. En des heures difficiles, dominant courageusement passions et partis pris, il fut la voix de l'Eglise, une voix dont l'enseignement demeure et à propos de laquelle le P. Carré écrit dans sa préface : Une fois refusés les rapprochements factices entre les problèmes d'hier et ceux de maintenant, l'actualité d'un homme apparaît dans ses exactes dimensions : actualité de la pensée pour une part, actualité des comportements qui échappent à la caducité de toutes choses par leur valeur exemplaire. Or ici nous sommes comblés.

01/1971

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Romans historiques

Guerre et femmes Tome 6 : Les anges des ruines (1919)

1919. La paix reste à signer et les grands chefs de guerre se concertent. En début d'année, où les miasmes de la grippe espagnole reviennent, si les soldats ne se battent plus sur le front, ils sont loin d'être tous rentrés. Les dernières classes sont toujours mobilisées. Dans les campagnes, les villes, les usines, les entreprises, les femmes qui ont contribué à l'effort de guerre se voient refoulées par les hommes qui reprennent leurs droits. Il faut repeupler la France et c'est dans leur foyer qu'elles doivent le faire. Les plus déterminées à ne pas laisser ce qu'elles ont acquis montreront aux autres que la Première Guerre mondiale leur a entrouvert des portes, comme Yolande, qui ne cesse de mener sa lutte pour le droit de vote des femmes ; Sabine, qui poursuit son désir de piloter les avions ; Sidonie, qui réclame de garder le tramway qu'elle a conduit pendant toute la guerre et même Mélanie, la factrice, qui a appris à aimer son métier. Dans sa nouvelle saga " Guerre et Femmes ", Jocelyne Godard a choisi de se pencher sur un sujet inédit. Une fois de plus, elle prend le parti de raconter " les femmes " en rendant hommage à toutes celles qui ont parsemé la guerre de 14-18 par leurs exploits et leur courage en y mêlant, selon son style, ses héroïnes fictives tout en s'appuyant sur une documentation riche et abondante et sur des sources authentiques qu'elle tient de sa famille. Une saga qui fait honneur à la fois à l'Histoire et au roman populaire.

09/2013

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Littérature française

La Tannerie

Emmanuel Carrère a déclaré à propos de ce roman : "La Tannerie, c'est le portrait d'une génération". La Tannerie a figuré à l'automne 2020 dans les sélections des Prix Médicis, Décembre et du Roman des étudiants France Culture - Télérama. Jeanne, ses études terminées, a quitté sa Bretagne natale pour vivre à Paris. Elle a trouvé un emploi temporaire d'" accueillante " à la Tannerie, une nouvelle institution culturelle, installée dans une usine désaffectée de Pantin. D'abord déboussolée par le gigantisme et l'activité trépidante du lieu, timide et ignorante des codes de la jeunesse parisienne, elle prend peu à peu de l'assurance et se lie à quelques-uns de ses collègues, comme la délurée Marianne ou le charismatique Julien, responsable du service accueil. Elle les accompagne dans leurs déambulations nocturnes, participe à des fêtes. Leur groupe se mêle au mouvement Nuit debout. Ils se retrouvent dans des manifestations, parfois violentes - mais sans véritablement s'impliquer, en spectateurs. Bientôt, deux ans ont passé. Dans l'effervescence de la Tannerie, en pleine expansion, chacun tente de se placer pour obtenir enfin un vrai contrat ou décrocher une promotion. Jeanne va devoir saisir sa chance... La Tannerie - tel un microcosme de notre société - forme un monde à part entière, avec ses techniciens, ses employés de bureau, ses artistes. Mais derrière la bienveillance affichée et le progressisme des intentions, la précarité et la violence dominent. Avec ce roman, qui frappe autant par la finesse de ses descriptions que par sa force critique, Celia Levi fait le portrait d'une époque et d'une génération en proie aux ambitions factices et à l'imposture des discours.

09/2021

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Littérature française

Une amitié vagabonde

Ce recueil magnifie quarante ans de complicité entre deux hommes. Michel Déon et Pierre Joannon, fondateurs du prix Audiberti créé en 1989 afin de récompenser une oeuvre littéraire célébrant la Méditerranée, en étaient respectivement le président et le secrétaire général. Ils partageaient le goût de la mare nostrum qui a vu naître la civilisation occidentale ainsi que celui de l'Irlande : l'un y habitait, l'autre la représente en tant que consul général. En réunissant ces seize textes, dont certains inédits de Michel Déon, Pierre Joannon se fait l'intercesseur entre la Grande Bleue et les terres brumeuses de la verte Erin. Discours, portraits ou éloges vantent les mérites des deux écrivains, mais aussi ceux de Jean d'Ormesson, de Lawrence Durell, de Jacques Audiberti. Ils évoquent les plaisirs de la vie : l'amour de la littérature, la passion de la bibliophilie, les raisons d'un établissement en Irlande, bien des souvenirs... Il y a même un entretien à bâtons rompus pour tenter de définir une "Apologie (modérée) de la rébellion". Ces exercices d'affection et d'admiration respirent la légèreté, l'humour et l'érudition. La préface de Jean-Christophe Rufin, un autre académicien, souligne l'insatiable curiosité de l'auteur d'Un taxi mauve : "Il avait, plus que quiconque, la passion de découvrir et la capacité d'admirer. Lecteur éclectique et sans préjugé, il détestait les gloires factices et les icônes médiatiques." La fidélité aux amis, c'est aussi entretenir la mémoire d'un "pessimiste heureux". Et cultiver l'élégance littéraire en tweed sur les rivages de la Côte d'Azur... Michel Déon aurait eu cent ans en 2019.

02/2019

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Littérature française

La grenadiere. La comedie humaine

" La Grenadière est une petite habitation située sur la rive droite de la Loire, en aval et à un mille environ du pont de Tours. En cet endroit, la rivière, large comme un lac, est parsemée d'îles vertes et bordée par une roche sur laquelle sont assises plusieurs maisons de campagne, toutes bâties en pierre blanche, entourées de clos de vigne et de jardins où les plus beaux fruits du monde mûrissent à l'exposition du midi. Patiemment terrassés par plusieurs générations, les creux du rocher réfléchissent les rayons du soleil, et permettent de cultiver en pleine terre, à la faveur d'une température factice, les productions des plus chauds cli- mats. Dans une des moins profondes anfractuosités qui découpent cette colline s'élève la flèche aiguë de Saint-Cyr, petit village duquel dépendent toutes ces maisons éparses. Puis, un peu plus loin, la Choisille se jette dans la Loire par une grasse vallée qui interrompt ce long coteau. La Grenadière, sise à mi-côte du rocher, à une centaine de pas de l'église, est un de ces vieux logis âgés de deux ou trois cents ans qui se rencontrent en Touraine dans chaque jo- lie situation. Une cassure de roc a favorisé la construction d'une rampe qui arrive en pente douce sur la levée, nom donné dans le pays à la digue établie au bas de la côte pour maintenir la Loire dans son lit, et sur laquelle passe la grande route de Paris à Nantes. En haut de la rampe est une porte, où commence un petit chemin pierreux, ménagé entre deux terrasses, espèces de fortifications garnies de treilles et d'espaliers, destinées à empêcher l'éboulement des terres. Ce sentier pratiqué au pied de la terrasse supérieure, et presque caché par les arbres de celle qu'il couronne, mène à la maison par une pente rapide, en laissant voir la rivière dont l'étendue s'agrandit à chaque pas. Ce chemin creux est terminé par une seconde porte de style gothique, cintrée, chargée de quelques ornements simples mais en ruines, couvertes de giroflées sauvages, de lierres, de mousses et de pariétaires... . ".

02/2023

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Psychologie, psychanalyse

Psychanalyse de l'hypocondrie

Hypocondrie : ce mot ancien désigne la crainte — maladive - de contracter des maladies. Le malade imaginaire vit dans un univers d'appréhension morbide, qui va de la préoccupation anxieuse à "l'inquiétude mortelle". Alors mime que l'imagerie médicale ne lui découvre aucune lésion, il souffle réellement en son corps. Aucun diagnostic médical ne le rassure pour de bon, le sujet hypocondriaque étant chroniquement défiant envers ses propres organes. Cet ouvrage s'emploie donc à dégager en trois temps cette maladie de l'imaginaire, moment de vérité du rapport du sujet à son corps propre qui se révèle foncièrement étranger. D'abord quant à la signification inconsciente de l'hypocondrie : l'examen précis de la théorie freudienne de l'hypocondrie montre qu'il y a bien des changements dans le corps, qui ne se comprennent que par recours au narcissisme et au " langage d'organe n, ce qui mène aux effets physiques de la pulsion de mort. Ensuite, sur le plan psychopathologique, le symptôme hypocondriaque s'avère un index majeur de la structure inconsciente. De la névrose d'angoisse, où la frustration pulsionnelle produit une macération interne, au moment hypocondriaque dans l'hystérie, la névrose obsessionnelle et la phobie. Surtout l'hypocondrie grave s'avère régulièrement l'élément précurseur de la psychose, de la paranoïa à la schizophrénie, de la mélancolie au syndrome de Cotard — les "maladies factices" interrogeant la dimension de perversion. Enfin, c'est l'occasion de saisir le lien entre le corps organique, celui de la médecine et le corps pulsionnel. Cela requiert une lecture anthropologique, l'hypocondrie étant en quelque sorte une forme de "possession" au coeur de la modernité scientifique, ce qui permet d'entendre concrètement, avec les ressources de la théorie analytique, le propos de Lacan, que l'homme s'angoisse foncièrement de son corps.

10/2019

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Ethnologie et anthropologie

Le mal du voyage

Après deux ans de travaux, la Black Box - la salle d'exposition temporaire du MEN - rouvre ses portes, marquant la fin d'un long chantier de rénovation. Pour cette occasion, l'équipe du Musée souhaite présenter une exposition en prise avec l'actualité, dans laquelle chacun peut interroger ses propres pratiques grâce à un éclairage anthropologique. Le tourisme s'est imposé comme un thème idéal, conjuguant phénomène de masse, interculturalité, rapports de forces, polémiques virulentes et malentendus profonds. Dès ses origines au 18e siècle, le tourisme a suscité de nombreuses critiques. Il incarnerait un double négatif du voyage : ses adeptes parcourraient le globe sans autre but que leur plaisir immédiat, nivelant les diversités culturelles, créant des mondes factices, creusant les inégalités sociales et détruisant les ressources naturelles. Cultivé dans la littérature, la production scientifique et les médias, cet antagonisme traduit pourtant un jugement de valeur. En focalisant sur les travers de l'industrie touristique, il élude trop souvent les raisons qui poussent aujourd'hui plus d'un milliard de personnes à sillonner la planète. Il masque aussi tout un pan des interactions entre visiteurs et visités, notamment des phénomènes de revivalisme culturel, d'inventions, de résistance et d'affirmation. L'exposition Le mal du voyage invite à questionner l'homogénéité du champ touristique. Un parcours en douze salles aborde autant de pratiques et d'imaginaires contrastés : projets de moralisation, sens cachés du farniente plagiste, quêtes de santé mentale et physique, appétit du monde, réactions autochtones face à l'engorgement des villes, mises en image de la nature, confessions de backpackers attirés par l'interdit, fascination pour les confins, productions de nouvelles esthétiques et blues du retour, aboutissant à formuler sans cesse de nouveaux projets de départ. Les tourismes offrent ainsi matière à une réflexion passionnante sur la condition et la mobilité humaine dans ce premier quart du 21e siècle.

11/2021

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Biographies

Sous le soleil de l'exil. Georges Bernanos au Brésil 1938-1945

" Si j'entre au ciel, je voudrais que ce fût en qualité de vagabond. " En 1938, fatigué des compromissions de l'Eglise, dégoûté par les accords de Munich, Georges Bernanos quitte la France avec sa femme et ses six enfants. Son but : recréer une France utopique en terre brésilienne. La réalité sera autre. A la place, l'ancien compagnon de route de l'Action française, le polémiste des Grands Cimetières sous la lune, le royaliste capétien, va découvrir au Brésil une forme paradoxale de liberté. Travailleur infatigable, il porte un regard lucide sur l'Europe en proie aux convulsions et prête sa plume à la France libre. En 1945, à l'appel de De Gaulle, il finit par quitter sa presque-patrie qui ne cesse, dès lors, d'accompagner ses pensées et ses écrits : " Le plus grand, le plus profond, le plus douloureux désir de mon coeur en ce qui me regarde c'est de vous revoir tous, de revoir votre pays, de reposer dans cette terre où j'ai tant souffert et tant espéré pour la France, d'y attendre la résurrection, comme j'y ai attendu la victoire. " Sébastien Lapaque, voyageant sur les traces de l'écrivain, révèle un autre Bernanos, dont l'exil choisi éclaire les contradictions d'un chrétien qui n'aimait guère les tièdes : son monarchisme utopique, son antisémitisme, sa mélancolie parfois joyeuse, son rapport avec de Gaulle, l'" homme prédestiné ". Se révèle une voix puissante en lutte avec les faveurs factices de son époque - il refusera par trois fois la Légion d'honneur et un siège à l'Académie française - et toute forme d'asservissement. Un anticonformisme qui achève de le désigner pour la postérité comme figure tutélaire des hussards. Un bel essai biographique superbement écrit.

06/2023

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Pléiades

Oeuvres romanesques complètes. Tome 1

"Je pourrais faire un ouvrage qui ne plairait qu'à moi et qui serait reconnu beau en 2000" : Stendhal tiendra promesse, écrira pour lui-même, tout en songeant à la postérité et aux générations futures. Il vient tard au genre romanesque, à quarante-trois ans seulement, avec Armance. Avant, il a exercé sa plume dans différents domaines. Mais ce sont ses romans qui le distinguent aujourd'hui à nos yeux. Il est considéré comme le premier romancier "réaliste", devançant Balzac d'une courte tête. Peindre l'époque sans verser dans la caricature, être réaliste sans tomber dans le vérisme mort-né, décrire des moeurs vouées à devenir caduques en lorgnant sur l'immortalité : les impératifs d'écriture qu'Henri Beyle s'était fixés pouvaient paraître contradictoires. Pourtant, Stendhal a gagné son pari : il a écrit des romans qui, quoique réalistes, sont passés à la postérité. Le Rouge et le Noir incarne l'accord parfait entre une représentation historique, réaliste, satirique, et une intrigue héroïque transcendant la situation politique et sociale de l'heure. La "chronique de 1830" est entrée dans un éternel présent. Les éditions successives des oeuvres de Stendhal reflètent l'importance toujours plus grande qu'il revêt aux yeux de chaque nouvelle génération. Celle dont la Pléiade publie aujourd'hui le premier volume comptera trois tomes et propose une organisation nouvelle, puisque tous les textes narratifs y sont classés dans l'ordre chronologique de leur composition. Enfin, pourrait-on dire : aussi étonnant que cela paraisse, c'est la première fois que cette disposition, souvent adoptée pour d'autres auteurs, est appliquée à Stendhal. L'usage, jusqu'à présent, voulait que l'on procédât à des regroupements qui, quelle que fût leur pertinence, n'avaient pas été voulus par l'écrivain, mais recueillaient plus ou moins fidèlement l'héritage de son premier éditeur. C'est ainsi, par exemple, que différents textes étaient rassemblés sous le titre de Chroniques italiennes - titre célèbre, mais qui recouvre des réalités bien différentes selon les cas : s'il a songé à réunir les histoires qu'il avait tirées de ses "manuscrits romains", Stendhal n'a jamais élaboré le sommaire d'un tel recueil... Dans les Ouvres romanesques complètes que propose la Pléiade ne figurera aucun recueil "factice". Chaque texte y est publié à sa date, de telle sorte que le parcours fictionnel de l'auteur d'Armance soit - enfin, donc - restitué dans sa continuité et dans sa logique.

02/2005

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Littérature étrangère

Oeuvres complètes. Coffret en 2 volumes

Salué comme un Attrape-coeurs moderne, le premier roman de Bret Easton Ellis, Moins que zéro, publié en 1983, lui a valu, à vingt ans, une consécration immédiate. Il est devenu le roman emblématique des années 1980, déclinant tous les thèmes qui continueront d'inspirer son oeuvre : le règne des apparences, l'hypocrisie, le nihilisme d'une époque consumériste, l'incommunicabilité entre les êtres, des vies factices et dépourvues de sens, dont la déréalisation suscite l'anesthésie et la violence. Portrait acide et cru d'une jeunesse désenchantée, Moins que zéro raconte les errances d'un jeune étudiant de la côte Est qui tente de dissiper son mal être dans la recherche incessante de tous les plaisirs, mais auquel ni le sexe, ni l'alcool, ni l'argent n'apportent le bonheur et la puissance escomptés. Les Lois de l'attraction raconte l'histoire de trois étudiants issus de cette même jeunesse dorée en mal d'elle-même, vaquant d'une dérive à l'autre et dont l'existence tragique se consume de rage et de désespoir, tout comme American Psycho, qui fit scandale aux Etats-Unis, par son tableau implacable d'une société américaine déshumanisée, ici incarnée par un jeune golden boy de Wall Street, obsédé par l'argent et la réussite, et serial killer performant le reste du temps. Zombies, évocation satirique d'un monde gangréné par le vice et la superficialité, Glamorama, qui reprend la même peinture désabusée de la faune branchée new-yorkaise, Lunar Park, où l'on retrouve les paradis artificiels et l'atmosphère violente et sulfureuse de ses précédents livres, ici restitués de manière plus autobiographique, enfin Suite(s) impériale(s), prolongement de Moins que zéro qui marque aussi la fin d'un cycle, illustrent le génie romanesque d'un écrivain hors normes, au style précis, glacé et incisif. Son sens de l'observation, de la dérision, de la formule qui bouscule, son humour au vitriol, en font un des narrateurs les plus originaux et les plus puissants d'aujourd'hui.

02/2016

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Décoration

Parer la mode. Bijoux de 1750 à 1990

Les bijoux non précieux sont le fil conducteur de ce livre. Ils ont marqué, du milieu du XVIIIe siècle à la dernière décennie du XXe siècle, l'histoire du costume et son évolution, mais aussi les transformations du goût féminin et plus encore. Ces objets en matériaux non précieux sont d'un prix accessible. Deanna Farneti propose une narration illustrée, au fil des époques et des styles (bijoux victoriens, édouardiens, Arts & Crafts, Jugendstil, Liberty, créations des années 1910 et 1920 jusqu'aux années 1980), mettant en relief pour chaque période le lien étroit qui unit l'histoire du costume et les déclinaisons stylistiques de l'accessoire qui vient l'enrichir et l'embellir. La veine sentimentale et romantique des créations victoriennes s'estompe devant les strass et les ornements argentés qui caractérisent les productions de l'époque édouardienne. Dans le même temps, les formes abstraites et géométriques se répandent en Autriche et en Allemagne, et l'avènement de l'ère industrielle, associée à l'évolution du rôle des femmes - avec la fin de la Première Guerre mondiale - fait le succès de pièces en plastique, souvent colorées, qui tranchent sur les robes noires de la grande époque du charleston. Lignes nettes, couleurs contrastées et abstraction caractérisent le style Art déco. C'est justement dans les années 1920 que s'affirme en France, grâce à Coco Chanel, le concept de bijoux de mode. La réflexion de Deanna Farneti est illustrée encore plus précisément pour cette période, l'auteure soulignant que le bijou reflète de façon surprenante le style de la femme qui le porte. Pour correspondre aux goûts des années 1930, les "bijoux fantaisie" deviennent très voyants et délibérément factices. Dans les années 1950, Dior lance une sorte de renaissance, et les bijoux apparaissent comme des tissus qui s'adaptent au corps. La révolution des années 1960 bouleverse aussi le costume, tandis que les matériaux innovants et les couleurs fluo sont au premier plan. Les années 1970 revisitent le passé et les années 1980, en conclusion de l'ouvrage, sont marquées par des créations très inventives à grand succès, comme celles d'Ugo Correani pour Versace et de Karl Lagerfeld pour Chanel.

11/2019

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Sports

Rouler plus vite que la mort

Une nuit du mois de décembre 2010, Le journaliste Philippe Brunel est réveillé à son domicile par le téléphone. Au bout du fil, un mystérieux correspondant a "des informations à vendre". Il les détient d'un physicien hongrois, Itsvan Varjas, génial inventeur d'un vélo à moteur, miniaturisé mais puissant, dissimulé dans le pédalier. Un homme secret dont personne ne connaît le visage. "Je suis sûr que cela vous intéressera, ça concerne un très, très grand coureur, vous verrez, ça fera scandale" lui assure l'homme, un certain Laslo. Philippe Brunel n'ignore pas qui est Varjas. Il a fait sa connaissance quelques mois plus tôt, à Bâle, en Suisse, dans un hôtel proche de l'aéroport. Poursuivi par le fisc de son pays, le physicien y vivait en transit dans une semi clandestinité, loin de sa famille. L'inventeur venait de révéler à la télévision italienne, pour en conserver la paternité, l'existence du vélo à moteur, ultime parade au dopage biologique - d'où son usage dans les pelotons. Devant le journaliste, Varjas prétend l'avoir conçu pour permettre à des gens âgés ou amoindris par un handicap de poursuivre une activité physique. Mais disait-il la vérité ? N'avait-on pas détourné son invention dans un but moins noble, inavouable ? Et dans ce cas, qui se l'était approprié ? Brunel renoue une relation avec Varjas dans le secret de son atelier de Budapest. C'est là qu'il avait conçu son premier prototype, en 1998, il y a dix-huit ans, quelques mois avant que Lance Armstrong, rescapé d'un cancer, ne remporte son premier Tour de France, à la surprise générale. Simple coïncidence ? Varjas avait-il vendu son prototype au champion texan, auteur d'exploits surnaturels en montagne et protégé en permanence, comme son vélo, par des gardes du corps ? Au fil des mois, des confidences, le physicien dévoile au journaliste un arrière-monde féroce et fascinant où gravitent des personnages un peu louches, des intermédiaires à l'abri des secrets bancaires, des icônes du cyclisme mondial hantées par l'argent, la réussite, fût-elle factice, tous aimantés par cette génération de moteurs connue de quelques analystes aguerris mais invisibles aux caméras de l'Union Cycliste Internationale. Avec l'aide de Varjas, Brunel replonge dans les annales et s'en va à la rencontre de quelques témoins, parmi lesquels un Greg Lemond, idéaliste, déboussolé, fabriquant de cycles, que des parisiens apercevront à vélo, roulant à plus de 60 km-heure, un matin, au milieu du trafic sur l'esplanade des Invalides. Brunel poursuit ici son obsession : réinstaller de la clarté là ou tout n'est que silence, imposture, volonté d'enlisement pour saisir s'il se peut, ce qui pousse certains êtres à vivre dans le mensonge.

01/2018

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Photographes

Lynne Cohen. Observatoires/Laboratoires

Publié à l'occasion de l'exposition de l'artiste au Centre Pompidou, cet ouvrage présente des photographies inédites de l'époque où Cohen est passée de la gravure et de la sculpture à la photographie sous l'influence du minimalisme, du Pop Art et de l'art conceptuel. Figure internationale de la photographie, Lynne Cohen élabore des images vides de toute présence humaine : des espaces intérieurs - laboratoires, stations thermales, salles d'attente ou d'entraînement... - aux décors parfois kitsch et dans lesquels planent un certain mystère, une atmosphère inquiétante. Ses cadrages rigoureux, une certaine mise à distance et une lumière qui souligne matières et surfaces confèrent aux lieux qu'elle capture une apparence à la fois " surréelle " et factice. Par la neutralité de l'éclairage et l'absence de personnages, les intérieurs domestiques et lieux de travail évoquent un contrôle social qui s'exerce de manière diffuse. Fascinée par les techniques photographiques employées dans la publicité, les annonces immobilières, les catalogues de vente par correspondance ou encore celles des cartes postales, Lynne Cohen s'inscrit dans le sillon de l'art conceptuel des années 1970, celui des artistes pour qui l'art est un moyen d'analyse. Eclairage, profondeur de champ et composition rigoureuse, voire clinique, donnent à voir des univers clos qui sont autant d'enquêtes sur la configuration de l'espace social. Salles de classe, de restaurants, de sports, halls d'hôtels, bureaux, laboratoires, espaces domestiques ou dédiés aux spas, à la police... partout s'exercent les notions d'observation, de jeux et de contrôles du social. Ces vues frontales aux cadres imposants sont toujours à double fond : quelque chose, de dérisoire ou de grave, y semble camouflé. " Mon travail a toujours traité des procédés psychologiques, sociologiques, intellectuels et politiques. [... ] Je suis préoccupée par l'imposture, la claustrophobie, la manipulation et le contrôle... Je pense que mon travail a une portée sociale et politique, mais sans message concret. Voilà sans doute pourquoi je me sens plus proche de Jacques Tati que de Michel Foucault ", souligne Lynne Cohen. Publié à l'occasion de l'exposition de l'artiste au Centre Pompidou, cet ouvrage présente des photographies inédites de l'époque où Cohen est passée de la gravure et de la sculpture à la photographie sous l'influence du minimalisme, du Pop Art et de l'art conceptuel. La sélection des images, par thèmes plutôt que par séries, témoignera à la fois de la rigueur conceptuelle de la photographe et de son ironie fine en tant qu'enquêteuse permanente de la configuration de l'espace social. Déployé dans un grand format sous forme d'album, ce livre reconsidère l'oeuvre d'une grande personnalité de l'histoire contemporaine de la photographie.

04/2023

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Design

Hobby

Plus que la transmission d'un résultat, cet ouvrage présente les processus d'accumulation, de sélection, d'assemblage, de mélange qui transforment un ramassis d'images en objet éditorial, afin d'interroger le dispositif potentiel de monstration qu'est le livre. Hobby propose une lecture du travail de construction qui s'opère à partir d'une matière première issue du magma originel que constitue le web marchand. A l'image-pixel ordinaire, non-vue et non-pensée, se substitue peu à peu la production d'une méta-image pensée, d'une image à voir. Hobby s'affirme comme un dispositif de monstration de poche dans lequel l'attention du lecteur est sollicitée afin d'épouser un mouvement, d'opérer une mutation. Le livre se construit dans une mécanique systématique, accumulative, virale, permettant de jouer des questions de l'épuisement d'une matière, et de saisir la logique de production des images offertes par Romanet. Le livre se lit comme un répertoire de données, présentées de la plus basique à la plus complexe, sous la forme d'images de plus en plus travaillées, qui s'éloignent peu à peu de leur apparence d'origine. La matière de base, constituée d'images de rochers synthétiques imitant un idéal de nature, est présentée puis re-présentée, jusqu'à la sur-représentation. Cette matière est travaillée, re-travaillée dans un jeu d'empilement tenant à la fois de l'équilibre et de l'accumulation. Il s'agit, plus largement, de rendre compte du processus complexe de construction d'un livre, opéré ici par le graphiste / auteur. L'outil numérique, et plus particulièrement le logiciel de mise en pages, outil de travail du designer, est ici questionné, repoussé à ses propres limites. Le travail de la trame dégradée, rappel de la vibration lumineuse de l'écran, qui peine à s'exprimer en offset, offre à la version imprimée un aspect incertain qui rappelle le bug informatique. "Confronté à des images factices, inesthétiques, virales et accessoires, Grégoire Romanet les rend uniques, personnelles, précieuses et organiques, en empruntant à des techniques (de conception, d'impression, de fabrication) et à des matières (papier, terre) ce qui leur fait naturellement défaut, puisque ce sont des faux (...). Ses créations/re-créations/récréations nous invitent à observer la bonne posture du designer graphique confronté à des images atones, qu'il s'efforce de réanimer pour mieux les préparer à d'autres usages : le savoir-refaire comme alternative ludique au savoir-faire". Pierre-Yves Cachard.

06/2022

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Poésie

Oeuvres complètes. Tomes 1 et 2

En 1931, c'est avec les oeuvres de Baudelaire - choix alors peu conformiste - que Jacques Schiffrin inaugure la Bibliothèque de la Pléiade. Edition après édition, la collection ne cessera d'accompagner le poète et de contribuer à l'évolution du regard porté sur son oeuvre. Les volumes qui paraissent aujourd'hui constituent à cet égard un tournant décisif. On dit de Baudelaire qu'il est, pour la poésie en vers, l'homme d'un recueil unique. Il serait au moins aussi significatif de souligner que Les Fleurs du Mal sont l'oeuvre d'une vie, prépubliée à partir de 1845, publiée et condamnée en 1857, reprise et augmentée en 1861, prolongée jusqu'à la fin, ou presque. Or l'édition de 1857, qui n'est pas le fruit des circonstances, mais celui de la volonté de Baudelaire, n'est pas accessible à un large public. Dans le même ordre d'idées, on néglige de rééditer pour lui-même le recueil des Epaves de 1866, préférant l'annexer aux Fleurs du Mal de 1861 au motif qu'il procure les six pièces condamnées. La présentation habituelle du Spleen de Paris ne se distingue en rien de celle des livres publiés par Baudelaire, bien que ce recueil de cinquante "Petits poèmes en prose" n'ait jamais paru de son vivant et pose plusieurs des problèmes inhérents aux ouvrages posthumes. Bien des textes moins célèbres sont fréquemment regroupés au sein de recueils factices qui les coupent du contexte de leur rédaction. Les nouvelles Ouvres complètes de Baudelaire rompent avec ces usages. Pour la première fois, l'oeuvre n'est plus partagée entre poésie et critique. Le sommaire est désormais chronologique. Des Fleurs du Mal on propose les deux éditions, 1857 et 1861, dans leur intégralité. Elles sont précédées de toutes les prépublications de poèmes dans la presse, parfois réunies par Baudelaire en de petits recueils transitoires, tel Les Limbes en 1851. Les Epaves retrouvent leur autonomie et leur date. L'édition du Spleen de Paris ne dissimule plus la diversité des origines des poèmes en prose qui s'y trouvent rassemblés et fait entrer le lecteur dans l'atelier du poète : quand deux versions sensiblement différentes existent pour un même texte, toutes deux sont publiées. A leurs dates respectives, les différents Salons dialoguent avec les autres écrits. Les poèmes envoyés à Théophile Gautier dans l'espoir (en partie déçu) qu'il les publie en revue retrouvent leurs liasses originelles. Les féroces manuscrits "belges", enfin, font l'objet d'un nouvel établissement du texte et d'une présentation plus conforme à leur matérialité. L'oeuvre, en somme - "l'oeuvre qui a déterminé les voies de la poésie future" (A. Compagnon) -, s'écrit et se déploie sous les yeux du lecteur.

05/2024