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Pléiades

Oeuvres poétiques et dramatiques

La postérité retient parfois de Péguy l'efficacité du polémiste, le prophétisme du philosophe de l'Histoire, le moraliste aigu, l'anarchiste irréductible ou le socialiste humaniste et, d'une manière peu discutée, le patriote martyr. Mais le poète, le connaît-on vraiment ? La répétition est l'arme, redoutable, de sa versification. Elle ne produit pas de radotage. C'est le martèlement d'une voix adressée au public que Péguy entend, en quelque sorte, réinventer ; et c'est sans doute aussi la marque d'une scansion, qui rejoint la part d'oralité consubstantielle à presque toute poésie. Henri Meschonnic écrivait de celle de Péguy qu'elle était une «épopée de la voix». Elle est simple, sans affectation. Si Du Bellay et Corneille sont des modèles, Villon n'est jamais très loin. Traditionnel, Péguy ? Les étiquettes lui vont mal. Dramaturge défiant les normes dès sa Jeanne d'Arc de 1897, dont l'héroïne est une nouvelle figure d'Antigone ; vers-libriste, mais créateur d'innombrables alexandrins ; poète de la déchirure ; sonnettiste, mais artisan aussi de nouvelles formes : il n'est qu'à considérer l'effet hypnotique que produisent les enchaînements de quatrains ou de tercets pour saisir la part très contemporaine de son art. L'oeuvre de Péguy a souffert de son destin paradoxal sous l'Occupation. Indexée par la Révolution nationale, revendiquée par la Résistance. Mais sa poésie renaît aujourd'hui, dépoussiérée, et dans une nécessité plus vive. Il est temps de redécouvrir, via une édition qui en restitue enfin la trajectoire, sa parole juste.

09/2014

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Critique

Grâces matinales

François Morel s'inscrit dans la lignée d'Alphonse Allais, reconnu comme l'un des grands humoristes d'aujourd'hui. A la fameuse question " Pensez-vous qu'on peut rire de tout ? ", François Morel répond à sa façon : " Oui, mais on n'est pas obligé. " Quand un auditeur l'aborde gentiment pour lui dire : " Je ne rate jamais une de vos chroniques ", il répond : " Moi, hélas, ça m'arrive... " Ainsi parle l'auteur des centaines de textes savoureux rassemblés dans ce volume, qui, depuis septembre 2009, continue à réjouir chaque semaine des millions d'auditeurs de France Inter. En partant du principe que l'humour est un ingrédient et non une discipline, il nous amène à réfléchir en nous amusant, réussit à nous émouvoir en nous bousculant, qu'il s'agisse de nous donner des nouvelles du Bon Dieu ou du cardiologue d'Alain Finkielkraut. Il n'hésite pas non plus à flirter avec l'impertinence et la causticité lorsqu'il écrit une lettre à son papa avant un grand rendez-vous électoral ou qu'il fait la liste d'un certain nombre de personnalités qui ont fait la France sans porter un prénom d'origine française. Courageux, François Morel ? Non, réplique-t-il, pas spécialement. Mais " libre " oui. Qu'il se fasse poète en rendant un hommage félon à Jean Dutourd en alexandrins ou qu'il s'interroge sur la capacité de Francis Lalanne à déchaîner les passions, Morel croque l'époque dans ce qu'elle a de pire et parfois de meilleur, en quelques phrases ciselées avec un sens inimitable de la satire tranquille. Et c'est encela que François Morel nous est indispensable !

11/2022

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Critique littéraire

Balzac et la langue

Balzac ? Romancier "franchement détestable" , pour Brunetière, "l'un des pires écrivains qui aient jamais tourmenté la langue française" . Un auteur "respectueux en théorie des règles de la grammaire" , mais "en pratique l'un des plus méchants écrivains non seulement de l'époque, mais du siècle" , pour la Sorbonne de 1948. En face, les quelques défenseurs de l'auteur de La Comédie humaine n'ont jamais été bien à l'aise dans leurs répliques. Du fidèle Gautier, qui rappelait que son ami, si travailleur et si plein de bonne volonté, se plaignait sans cesse "de l'énorme difficulté de la langue française" . A Taine : "Cet homme, quoi qu'on ait dit et quoi qu'il ait fait, savait sa langue. Même, il la savait aussi bien que personne. Seulement, il l'employait à sa façon" . Entre véhémence malveillante et résignation désabusée, la condamnation de la langue, et donc du style, de Balzac fut ainsi le lieu commun de la critique du XIXe siècle comme des études universitaires du XXe siècle. Le présent volume souhaite faire le point sur les connaissances et expériences de Balzac lui-même en matière de grammaire et de langue, sur son sentiment linguistique et poétique, tels que l'on peut les saisir et les comprendre à travers ses déclarations mais surtout dans ses pratiques d'écriture. La langue balzacienne, cet ensemble composite qui intègre aussi bien la prose romanesque la plus polyphonique que des alexandrins de convention dramatique ou encore un idiome drolatique de fantaisie, ne peut s'appréhender au XXIe siècle autrement que dans une pensée génétique du texte qui est une stylistique de la création.

03/2019

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Poésie

Anthologie de l'épigramme. De l'Antiquité à la Renaissance, édition trilingue français, grec, latin

La littérature grecque commence avec l'Iliade et finit avec l'Anthologie, autrement dit l'Anthologie grecque, cette prodigieuse collection d'épigrammres écrites entre le VI ? siècle avant notre ère et le VI ? après, soit (on l'oublie trop souvent) la plus ancienne des anthologies, et le prototype de toutes celles qui allaient suivre. Prélever seulement la fleur de cette collection, dont la publication au seuil de l'époque moderne a été un éblouissement, offre déjà matière à un livre extrêmement séduisant et divers, puisque dès l'époque alexandrine, l'épigramme en vient à désigner tout poème court - amoureux, narratif, descriptif, moral, comique - pourvu qu'il soit doté d'un corps élégant et d'une âme pleine de subtilité. On sait cependant qu'en passant de la Grèce à Rome, l'épigramme reçoit de Catulle l'ébranlement de la violence et de Martial une mutation décisive, élargie et tout ensemble rétrécie au domaine de la satire et surtout s'armant de la pointe en un nouvel "arte de torear". Dès lors la piqûre est avec la brièveté le trait distinctif du genre. Ce qui ne le réduit pas à la cruauté, puisque les poètes de la Renaissance et de l'âge baroque, armés de la pointe latine, repartent à la conquête de la variété originelle. Et le symbole de l'épigramme devient, selon Giambattista Marino, non pas tant la guêpe que l'abeille, "au corset étroit, habile à planter son dard et à extraire, de la piqûre, le miel". Voici donc deux millénaires d'épigrammes, de Simonide à John Owen : un parcours fulgurant et tonique, pour la première fois donné en version originale et en traduction française.

07/2007

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Romans historiques

La défroquée

Religieuse, intrigante, femme de lettres : telles sont les trois carrie?res de Mme de Tencin, qui connut son heure de gloire sous la Re?gence puis sous Louis XV. Cette " nonne de?froque?e ", qui fut aussi la me?re du philosophe d'Alembert, a fait de sa vie un chef-d'oeuvre de dissimulation et d'intelligence. Alexandrine de Tencin qui vit le jour a? Grenoble en 1682 semblait avoir son avenir tout trace?. Son fre?re ai?ne? he?riterait de la fortune de leurs parents tandis que ses deux soeurs et son plus jeune fre?re seraient e?leve?s comme elle, dans un couvent. Renoncer au monde et a? ses plaisirs ? Jamais ! Son ambi@on e?tait trop grande de s'y faire un nom, une place, de briller dans les salons. Mais il lui fallait quiber cet habit de nonne pour triompher de la cruaute? des hommes. Le jour vint ou? elle fut rendue a? la vie civile et son entre?e dans le monde fut fracassante ! Tout ce qu'elle n'avait pas connu entre les murs du couvent, elle allait le vivre, intense?ment ! La poli@que, l'ambi@euse la faisait sur l'oreiller. Elle travailla sans rela?che a? l'ascension de son fre?re dans la hie?rarchie eccle?sias@que ; il e?tait bien le seul homme qu'elle eu?t jamais aime?. Et dans son salon libe?raire, elle brillait par son esprit et sa culture. Cependant, du plus honteux secret qui pesait sur son nom, tout Paris se de?lectait. Et pour tous, Madame de Tencin demeurait " La De?froque?e ".

10/2020

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Histoire de France

Les Ardennes dans la guerre 1939-1945

Pauvres Ardennes, point faible d'un dispositif défensif censé protéger le boulevard des invasions ! Elles ont longtemps misérablement subi, comme un affront, le fulgurant assaut du Blitzkrieg qui précipita la France sous le joug de l'occupation nazie. Bien que profondément traumatisés par les terribles cinquante-deux mois d'occupation de la Première Guerre mondiale, les Ardennais, en grande majorité, ont servi sincèrement, comme ils le pouvaient, l'honneur de la France en s'opposant aux multiples aspects de l'oppression nazie. Il fallait le dire. Passionné par la Seconde Guerre mondiale, l'auteur s'est investi totalement dans sa recherche. Le dépouillement de multiples archives publiques ou privées, la collecte de témoignages de survivants, la compilation de documents inédits : photographies, carnets de guerre, relevés épigraphiques, conduisent à des publications. En retour, les lecteurs lui offrent un flux permanent de dossiers, protégés jusque-là jalousement ; les mairies lui procurent la contribution inconditionnelle de leurs archives. Cousus bout à bout, ces récits restituent la trame de destins exceptionnels, souvent douloureux, qui reconstituent la vraie histoire des Ardennes dans la guerre. L'auteur : Gérald Dardart, docteur en Sorbonne, est l'historien référent des Ardennes. Il collabore à divers périodiques à l'instar de Sedan magazine, de Charleville-Mézières magazine, du Patriote Résistant... Il est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages parus à ce jour : parmi eux citons La presse ardennaise, un combat pour une identité (Ministère de la Culture, 1995), Ardennes 1940 : Tenir ! (préface du Ministre des Anciens combattants Jean-Pierre Masseret, Éditions Ardennes 1940, 2000, rééditions en 2001 et 2003), Mourir un 11 novembre (préface de l'historien Pierre Miquel, Les Cerises aux Loups, 1998), Autrefois Sedan (préface du Prince Léopold d'Arenberg, SOPAIC, 1998) et Charleville-Mézières histoire de rues (GDP, 2001). Il a enfin contribué à la rédaction d'ouvrages collectifs : Mémoire du Cinéma dans les Ardennes (Terres Ardennaises, 1996), Le Guide bleu Champagne-Ardenne (Éditions Hachette Tourisme, 2004), Balade dans les Ardennes (un texte sur l'historien Jules Michelet) aux éditions Alexandrines, 2004.

04/2015

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Poésie

America suivi de En Orient

Avec Jean-Claude Pirotte et Jean-Pierre Verheggen, William Cliff (né à Gembloux en 1940) est l’un des poètes les plus singuliers de l’actuel champ poétique belge. Usant d’une forme ostensiblement classique, il réussit, par les situations et les thèmes abordés, à créer de parfaits objets de scandale. Il a le verbe violent et voyou, l’inspiration à l’affût des désirs quotidiens, en tous lieux et en tous pays. Ce dont témoignent à l’évidence les deux recueils initialement parus en Blanche repris dans ce volume de Poésie/Gallimard : America et En Orient, respectivement publiés en 1983 et 1986, et qui assurèrent d’emblée à leur auteur audience publique et reconnaissance critique. Les voyages, avec leur part d’errances et de rencontres imprévues, donnent le mouvement et le cadre de ce livre double qui vagabonde et passe du continent américain aux contrées d’Asie. Ainsi America est composé de poèmes inspirés par deux longs séjours en Amérique du Sud et deux voyages aux Etats-Unis. Tavalera décrit en alexandrins la traversée vers l'Amérique du Sud à bord d'un cargo allemand qui porte ce nom. Puis viennent Montevideo et Cône Sud. William Cliff évoque les plages, les bidonvilles, ses brèves aventures homosexuelles. Dans les deux dernières parties, Philadelphie et Cape Cod, il raconte les étapes de son périple aux Etats-Unis. Dans cette déambulation de poète voyageur, William Cliff est à son meilleur. Le Nouveau Monde lui inspire des images aussi désolées que l'Ancien. Il est désespéré, grinçant, funèbre et malgré tout drôle. Dès les premières pages, on reconnaît un ton, une allure, une désinvolture révoltée qui n’appartiennent qu’à celui qui avoue pratiquer l’alexandrin « comme on gratte dans son nez pour s’occuper ». William Cliff : un dynamiteur de pensées molles et de comportements convenus, un maître du langage impeccablement dévoyé.

02/2012

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Franc-maçonnerie

Le Ms. Regius

Depuis près de vingt ans, l'auteur propose des traductions des textes sources qui ne soient pas marquées par une idéologie maçonnique particulière, mais qui, au contraire, soient réalisées sur des bases linguistiques impartiales. L'un de ces anciens textes, revendiqué par la Franc-mac?onnerie, est le Regius, du milieu du XVe siècle. On sait citer ce texte, mais on en oublie le contexte, en n'y prenant que des extraits permettant de saupoudrer quelque production personnelle. Selon l'auteur, il convient certainement d'approcher ce texte pour découvrir ce qui n'est pas apparent au premier regard, et qui ne peut qu'enrichir sa propre culte à propos d'une ère pré-maçonnique. Ce texte, oeuvre d'un clerc bien au fait de la réalité du chantier, mais n'y appartenant certainement pas, donne des indications sur la vie en commun des ouvriers, sur l'obligation respectueuse dont ils doivent faire preuve vis-à-vis de l'Eglise et des règles sur leur vie, tout simplement. Le caractère réglementaire du Regius a été coulé, par l'auteur anonyme, dans une forme versifiée octosyllabique, courante à son époque et destinée à être facilement retenue (effort de mémoire) qui a été transformée ici en alexandrins plus faciles d'accès à notre culture francophone. Pour faciliter la compréhension du contenu, l'auteur ajoute de nombreuses notes sur le vocabulaire employé, un lexique. Ce type de précisions n'est généralement pas retenu, alors qu'elle peut apporter un éclairage essentiel sur le texte. Comme il l'avait fait dans de précédents ouvrages, l'auteur a cherché à rendre clair un document souvent obscur, la majorité des traductions ne fournissant pas toujours l'outil d'élucidation des notions proposées que l'on est en droit de posséder.

03/2021

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Critique littéraire

Zola. Tome 3, L'honneur (1893-1902)

Trois volumes, trois mille pages, quatre cents illustrations documentaires : la biographie d'un des géants du roman français, à la mesure de sa personnalité, de sa carrière et de son œuvre. Le troisième volume couvre la troisième et dernière période de la carrière de Zola : 1893-1902, celle qui commence après l'achèvement des Rougon-Macquart, et qui se termine par une mort sans doute criminelle. Malgré sa relative brièveté, cette période est aussi chargée de matière et de péripéties que la précédente. Zola publie deux nouveaux cycles romanesques : Les Trois villes et Les Quatre Evangiles (le troisième, posthume, et le quatrième, inachevé). Mais l'épisode le plus dramatique de ces dix années est son engagement dans l'affaire Dreyfus : " J'Accuse... ! ", dans l'Aurore du 13 janvier 1898, son procès aux Assises de la Seine, son exil en Angleterre, son retour victorieux. Inexorablement, " J'Accuse... ! " a conduit de proche en proche à la révision du procès qui a envoyé le capitaine juif en déportation. Les dernières années sont celles d'un regard sans illusion, mais sans pessimisme, sur la France fin de siècle : Fécondité, Travail, Vérité disent sur le mode du mythe et de l'utopie l'espoir dans une société régénérée. Histoire publique, histoire privée. Zola est aussi pendant ces années le personnage de deux romans personnels, parce qu'il partage son affection entre deux femmes : Alexandrine, qui reste la compagne de ses créations et de son combat, et Jeanne, jeune femme intensément aimée, la mère de ses deux enfants et le modèle de ses dernières héroïnes. Le livre s'achève sur les enquêtes qui ont tenté d'apporter un peu de lumière sur sa mort : Zola a-t-il payé de sa vie son combat pour la vérité et la justice ?

09/2002

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Littérature française

OEUVRES. Tome 2, Les noces

Raymonde Roussel a-t-il voulu rivaliser avec " Le Roman de Rose ", ne serait-ce que par la longueur de ce roman en vers inédit ? Toujours est-il qu'avec leurs 20 000 alexandrins, dont 5 000 inachevés, " Les Noces " surgissent de l'horizon des premières années du XXe siècle comme un monument jusqu'à présent insoupçonné. Et un monument fascinant, à plus d'un titre. D'abord, avec son couple d'amoureux nous entraînant tour à tour " En bateau-mouche ", " Au bois de Vincennes " et " A l'ambigu ", ce roman en vers nous offre une irremplaçable collection de portraits et tableaux du Paris 1900. Par ailleurs, venant vraisemblablement clore dix années (1897-1907) de " prospection ", des " Noces " se présentent comme un panorama kaléidoscopique de tout ce que Roussel a déjà tenté sous la forme versifiée. Ainsi, y reconnaîtra-t-on décors, lieux, dialogues, tournures, cadrages..., apparaissant et disparaissant, mais pour être transformés, déformés ou abandonnés à l'intérieur de registres complètement nouveaux. Car " Les Noces " sont aussi à lire comme une épopée de la représentation, rendant compte du tourment de Roussel qui fait alors de celle-ci une question de vie et de mort. Enfin, inachevé parce qu'inachevable, ce roman en vers raconte l'histoire d'un grandiose échec. Et on ne peut qu'être pris par le vertige qui emporte cette œuvre d'un bout à l'autre, pour en faire l'équivalent d'un splendide naufrage laissant Roussel au bord de ses grandes trouvailles imaginaires. Au bord du rivage absolument inconnu qu'il va découvrir peu après avec les " Impressions d'Afrique " pour s'aventurer alors sur un continent de la poésie qui remet en cause l'existence de toute poésie.

07/1998

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Critique littéraire

Aratea ; Fragments poétiques

Cicéron était aussi poète. On le sait moins, mais le célèbre avocat n'a jamais cessé d'écrire des vers, depuis son adolescence jusqu'aux dernières années de sa vie. Sans doute ce n'est pas à son oeuvre poétique que Cicéron doit sa renommée. Tacite et Martial, entre autres, eurent des mots assez durs à son propos, cependant celle-ci, abondante et variée, laisse entrevoir tout un pan méconnu de l'oeuvre de Cicéron ainsi que les goûts littéraires de l'époque. La présente édition rassemble en un volume toute la poésie de Cicéron, le plus souvent connue par des citations glanées dans divers textes. La riche introduction replace l'oeuvre poétique dans le corpus cicéronien et dégage trois grandes périodes, correspondant à trois styles de poèmes : l'oeuvre de jeunesse, très marquée par la poésie alexandrine contient notamment les Aratea, traduction en vers latins du fameux texte d'Aratos, et qui occupe la plus grande partie du recueil. Puis, à l'âge adulte, Cicéron se tourne vers des sujets de plus grande envergure et plus proches de son époque. Il écrit alors des épopées d'actualité, dont le De Consulatu suo et le De Temporibus suis sont les exemples les mieux conservés. Enfin, au crépuscule de sa vie, Cicéron philosophe orne ses traités de traductions des plus grands poètes grecs, d'Homère à Euripide. Après ce panorama de la poésie cicéronienne, l'introduction relate en détail l'histoire du texte et de ses éditions. Des notes accompagnent la lecture et sont développées, pour chacun des poèmes, par des notes complémentaires. L'ouvrage est en outre enrichi par une précieuse table de concordance ainsi que par un Index Nominum.

01/1993

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Théâtre - Essais

Ganymède, grand-échanson des dieux

"?Mon cher Alcibiade ; la beauté est ainsi faite que le vin, et l'amour s'y conserve en une lie sublime. Laisse-moi te donner une leçon, et te conter les faits de Ganymède, échanson des dieux – et en vérité, le plus beau des mortels qui foula le sol de Troie ; car c'est en sa vie que tu trouveras la philosophie des tentations, de l'amour et de ses vérités.?" Ganymède est le mythe fondateur de la pédérastie grecque, véritable institution politique et morale de l'homoérotisme et de l'homosexualité dans la formation guerrière et philosophique des jeunes citoyens de la Grèce ancienne. Quoi de mieux, ainsi, pour en découvrir les ressorts, qu'un récit théâtralisé complet – une première ! – du mythe de Ganymède ? Comportant en outre une mise en abyme avec des discussions philosophiques, héroïques et érotiques de Socrate et Alcibiade tirées du fameux Banquet de Platon, ce mythe retrouve ici toute sa vigueur et tout son élancement esthétique au travers d'une reconstitution faite par l'auteur, Frédéric Eberhardt, alors encore adolescent... Vous y trouverez un langage aéré mais rigoureux, en alexandrins, dans le respect des conventions du théâtre classique à la française ; mais, aussi, dans une visée d'écriture à l'esprit romantique proprement allemand. Fruit d'un travail scolaire effectué tout en ayant largement dépassé son cadre dans sa réalisation, Ganymède, Tragédie en cinq actes souhaite aujourd'hui combler une lacune essentielle dans la construction de la culture gay contemporaine, en y apportant un regard conservateur et inséré, en même temps, dans une vision printanière, bucolique, et tragi-comique de la relation la plus masculine de tous les temps : l'histoire de l'amant de Zeus, un manifeste pour le ré-enchantement du monde.

04/2022

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Histoire internationale

Louis II de Bavière. Le trône et la folie

Louis II de Bavière entendait " demeurer une éternelle énigme pour lui et pour les autres " et le but a été atteint. Dès le jour de sa mort, il est devenu le Märchenkönig, le roi de légende dont l'image s'affiche encore dans les rues de Munich et attire les foules vers les châteaux de Bavière. Mais le mythe a masqué le véritable personnage. Louis était-il fou ou un simple original ? Fut-il un mécène, un grand artiste ou un pâle imitateur construisant d'étranges édifices ? Quelles furent ses amours et quels furent ses liens avec Sissi, l'impératrice d'Autriche dont il faillit épouser la jeune soeur ? Quelle fut la raison de l'attachement passionné qu'il éprouva pour Wagner dont il demeura l'inlassable mécène ? Comment gouvernait-il son pays ? Même les conditions de sa mort restent mystérieuses. Fut-il assassiné ? Devint-il un meurtrier ? Car au soir du 13 juin 1886, ce furent bien deux corps que l'on trouva sur les rives du lac de Starnberg. Dans cette biographie, Catherine Decours a tenu compte des dernières recherches concernant notamment la falsification du Journal laissé par Louis II. Elle révèle un homme qui, dans une période décisive pour la Bavière, a affronté avec ses démons une histoire tragique, un souverain qui, au prix de grandes souffrances, a réussi sans le vouloir l'une des plus étranges mystifications de l'histoire. Catherine Decours est l'auteur de La lettre à Alexandrine (mémoires apocryphes de Charlotte Corday) couronné par l'Académie française, prix de la Ville de Caen, de La dernière favorite (biographie de la comtesse du Cayla), prix de la Biographie de l'Académie française, prix des Maisons de la Presse, du Lieutenant de la frégate légère, couronné par l'Académie de Marine, ou de Juliette Récamier.

01/2019

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Religion

Inculturation et problématique de l'unité de l'Eglise

Dans la liturgie alexandrine de saint Basile, les orthodoxes adressent au Seigneur un triptyque plusieurs fois repris pour lui demander de se souvenir, d'édifier et de donner la paix à "l'Eglise Une-Unique, Sainte, Catholique et Apostolique". Ce sont là des thèmes que d'aucuns théologiens appellent "les notes de l'Eglise", c'est-à-dire les critères qui déterminent et caractérisent les communautés chrétiennes, introduites dans la confession de foi depuis le Concile de Constantinople en 381. Si, de façon globale, on estime savoir en gros, bien que cela ne soit pas toujours évident et facile, ce que sont les trois dernières notes (Sainte, Catholique et Apostolique), la première note (l'Unité de l'Eglise) elle, peut poser problème en ce qu'elle veut profondément dire et en sa constitution dans la réalité. Et de fait, d'une part, il n'est pas exclu que l'on confonde unité et union et, d'autre part, il est à craindre que la notion d'unité (et de catholicité) soit étriquée, voire hypothéquée par une certaine vision sectariste (au sens de secteur) ou marquée soit par une recherche ou une volonté de repli continental, régional, voire national, etc. L'unité de l'Eglise n'implique-t-elle pas une recherche authentique de Dieu ? Du Dieu de Jésus-Christ ? N'implique-t-elle pas et ne découle-t-elle pas d'une maturité de la foi et d'une spiritualité profonde qui débordent et franchissent les barrières des différences (légitimes) des divergences de pensées et d'expressions, des artifices de l'intelligence et des artifices des volontés humaines ? Et de fait, l'unité (de l'Eglise) ne trouve-t-elle pas sa source dans l'unité des personnes de la divine Trinité et dans celle des noces du Christ et de son Eglise, de la pleine communion du chrétien avec l'Esprit Saint ? L'inculturation implique, pour être authentique, l'unité dans la diversité.

08/2019

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Critique littéraire

Argonautiques. Tome 3, Chant IV, Edition bilingue français-grec ancien

"Je rappellerai les exploits de ces héros d'autrefois qui, par la bouche du Pont et à travers les roches Kyanées, sur l'ordre du roi Pélias, menèrent vers la toison la solide nef Argô", tels sont les premiers vers des Argonautiques d'Apollonios, sans doute l'auteur épique le plus célèbre après Homère. Le poème d'Apollonios relate le fameuse histoire de Jason, "cest celui-là qui conquit la toison", grâce à Médée, la sorcière de Thrace, et à Athéna, la déesse qui le protège depuis la proue de l'Argô. Si le mythe est connu, la vie du poète nous est plus obscure. D'Apollonios nous savons qu'il naquit, non pas à Rhodes, mais à Alexandrie, en 295 avant J-C, qu'il fut le récepteur de Ptolémée III Evergète, et sans doute qu'il devint le directeur de la bibliothèque d'Alexandrie. Il dut s'exiler à Rhodes, mais les raisons de cet exil ne nous sont pas connues. Ce grand érudit ne se cantonna pas à la poésie épique et écrivit des ouvres philologiques dont un Contre Zénodote et un commentaire d'Hésiode, ainsi que des récits étiologiques. Mais sa plus grande oeuvre est sans nul doute Les Argonautiques, long poème épique réussissant à mêler à la tradition homérique l'érudition qui charmait le public de la période alexandrine. Notre édition rassemble en trois volumes les quatre chants des Argonautiques. L'introduction générale du tome I présente en détail la vie et l'oeuvre d'Apollonios, et fait notamment le point sur son éventuelle querelle avec un autre bibliothécaire célèbre, Callimaque. Les sources du poème, comme par exemple les poèmes hésiodiques et les mystérieux Naupactiques, sont analysées, de même que la tradition manuscrite. Chaque chant est en outre précédé d'une notice qui lui est propre. Des notes accompagnent la lecture et sont développées, en fin d'ouvrage, par des notes complémentaires et des notes additionnelles.

01/1981

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Rêves

Pour bien vivre les temps à venir. Aspire le Souffle de l’Archange

En ces légers instants sacrés de la vie où l'esprit est ouvert à plus d'intuition et moins de raison, Clair Ether a reçu en claire audience 72 textes, de son Guide Céleste, l'Energie de Thot, également connue en celle de l'Archange Mickaël. La plupart sont transmis en alexandrins. Les visions qu'elle a peintes en claire vision lui sont pareillement transmises. Eclairés l'un par l'autre, textes et peintures offrent des guidances pour l'âme afin d'apaiser des blessures de notre Enfant intérieur, garder sereine la traversée du chemin qui est propre à chacun en cette vie, reprendre force et confiance en soi, clarifier et acter les choix qui se présentent, se relier à notre pouvoir créateur, tisser des liens de sympathie avec la Source afin de devenir le co-créateur de sa vie. Que cet ouvrage vous aide à ouvrir la voie de votre Intuition et à lui demeurer attentif et fidèle ! Elle seule est la véritable gardienne de votre Vie et de son intégrité en ces temps de chaos. Le but étant d'autoriser à laisser grandir en son Coeur le reflet de celui du Ciel pour, en conscience, intégrité et discernement, vivre sa vie dans le respect de son cheminement en tant qu'expérience incarnée de l'âme, souffle intime de l'Ame du Monde. En cette posture d'alignement où séjourne la paix, l'accordance avec la Source, notre Maître intérieur se met peu à peu en place et le Vrai Travail peut commencer : la mission de vie pour laquelle notre âme s'est densifiée. Aussi, en ces Temps difficiles est-il d'autant plus crucial de sans tarder Lever le Voile, c'est-dire accéder au niveau de Connaissance qui permet à l'Harmonie de nous traverser comme la juste Epée de Lumière, comme un fort réveil un matin de brume, comme l'exacte partition de la Loi des Cieux.

02/2022

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Biographies

Amadis Jamyn. Un poète et savant champenois au temps des guerres de Religion. Suivi de 8 poèmes inédits de Ronsard

Amadis Jamyn a longtemps vécu aux côtés de Ronsard. Secrétaire de Charles IX puis d'Henri III, il fut une figure éminente de la littérature du XVIe siècle. De son vivant. Amadis Jamyn a connu la gloire. Ses poèmes d'amour distillent le carpe diem en "vers doux-coulants" à l'atmosphère très ronsardienne. Il a été le premier à donner une traduction de l'Iliade et du début de l'Odyssée en alexandrins, à partir du texte grec, un travail titanesque qui lui a valu l'admiration de ses contemporains. Il était écouté pour sa culture littéraire et scientifique, sollicité pour ses connaissances philosophiques qu'il exposait à l'Académie royale d'Henri III. Ecrivain officiel de la cour lettrée et raffinée des derniers Valois et de Catherine de Médicis, il a produit de nombreux poèmes de circonstance pour les fêtes et les réceptions royales, pour les mariages et les décès. Ses écrits contiennent de précieux témoignages sur la vie de la cour pendant les guerres de Religion avec son mélange dramatique d'inquiétude et de recherche du plaisir. Jamyn fait partie de cette génération qui n'a jamais connu de paix durable. Il clame sa souffrance des enfants massacrés, de son roi contesté et calomnié, de sa religion écartelée. Cette présentation d'Amadis Jamyn est émaillée de nombreux poèmes et textes qui illustrent ses qualités littéraires et qui révèlent un homme profondément humaniste, "considérant que nous ne sommes pas nés pour nous seulement mais aussi pour la patrye parents et amys". Amadis Jamyn a été l'objet de recherches, au XXe siècle, d'érudits étrangers. Le présent ouvrage se veut un jalon pour une re- connaissance prochaine d'Amadis Jamyn dans son pays. Pour l'entrée de Charles IX à Troyes en 1564, Ronsard aide son ami Passerat à rédiger des textes de bienvenue. Ces textes, restés anonymes, doivent être redonnés à leur auteur. Ils sont reproduits dans cet ouvrage.

06/2021

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Monographies

Gustave Moreau. The Fables

Gustave Moreau (1826-1898) is one of the most brilliant and enigmatic artists associated with the French Symbolist movement. This book accompanies an exhibition of some of the most extraordinary works he ever made, unseen in public for over a century. Moreau's watercolours of the Fables of Jean de La Fontaine (1621-1695) were created between 1879 and 1885 for the art collector Antony Roux and their stylistic range encompasses historicism and the picturesque, orientalist fantasies and near-abstract chromatic experiments. They were exhibited to great acclaim in Paris in the 1880s and in London in 1886, where critics compared the artist to Edward Burne-Jones. One critic commented on Moreau's ' keen apprehension of the weird. ' There were originally 64 works in the series, which was subsequently acquired by Miriam Alexandrine de Rothschild (1884-1965), but nearly half were lost during the Nazi era. The surviving works have not been exhibited since 1906 and they have only ever been published in black and white. This book is the first to reproduce them in colour - many shown actual size. Created at the height of the French 19th-century revival of watercolour, the variety of subject matter and technique, their colouristic effects and the sophistication of Moreau's storytelling, will be a revelation to readers. Preparatory drawings for the Fables, including animal studies made from life in the Jardin des Plantes demonstrate the wide-ranging research that informed Moreau's visions. Prints after Moreau's Fables by Félix Bracquemond (1833-1914) translate the jewel-like colours into monochrome in some of the most innovative etchings of the age, while the most delicate effects of the watercolours were also transformed into vitreous enamels. In-depth accounts of each watercolour, explaining the story and exploring Moreau's response to it. The introduction will place the series in the long history of illustrations of La Fontaine's canonical work, whose sources include Aesop's fables and traditional European and Asian tales, as well as considering Moreau in the context of his own, turbulent, times.

08/2021

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Autres philosophes

La naissance des choses. Edition bilingue français-latin

Un des textes majeurs de la littérature antique , restitué dans sa version originelle . Il est présenté par Michel Onfray qui publie en parallèle un essai sur Lucrèce : Vivre selon Lucrèce. Sauf deux ou trois choses mineures, on ne sait rien de Lucrèce. On ne connait de lui que son immense poème philosophique, et encore. Car ces 7415 vers n'ont jamais été traduits en français autrement qu'en prose ou en alexandrins. C'est dire si l'on perd leur saveur et leur génie. Cette édition établie par Bernard Combeaud propose la première traduction respectueuse de la métrique latine choisie par le poète-philosophe. Lucrèce ne s'est pas contenté de formuler en vers la pensée d'Epicure comme il est souvent prétendu. Les Romains n'étaient pas des balourds incapables d'accéder aux concepts grecs : il se moquaient des élucubrations hellénistiques et n'ont jamais cru que la philosophie fut un art de compliquer le monde pour mieux le fuir au profit des idées. Les philosophes romains préféraient une sagesse pratique, praticable, édifiante, existentielle. Chez eux, on entretient concrètement de la vie et de la mort, de l'amour et de l'amitié, des femmes et du plaisir, de la souffrance et de la vieillesse, de la richesse et de la frugalité pour vivre sa vie et non se contenter de la penser. Lucrèce construit un monde de matière avec des atomes qui tombent dans le vide, il n'y a rien d'autre et tout en découle : les dieux existent, mais ils n'ont que faire des hommes. Dès lors, la vie est faite pour le bonheur. La mort n'est pas à craindre, elle n'est que désorganisation puis réorganisation de la matière. Il n'y a pas d'arrière-monde, la religion est une superstition. Le plaisir est le souverain bien à viser. Ce poème contient une infinité de propositions éthiques et morales qui permettent de mener une vie philosophique en général et une vie épicurienne en particulier.

11/2021

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Science-fiction

La révolte d'Albi. Réfugiés climatiques : un futur possible

XIXe siècle : Méhémet Ali Pacha, alors vice-roi d'Egypte, érige un mur gigantesque à Aboukir, près d'Alexandrie, qui lui permet de gagner 700 km2 de terres sur la Méditerranée. 2029 : En France, des émeutes en passe de tourner à la guerre civile conduisent à l'instauration du revenu universel. 2055 : Le mur d'Aboukir, que les Egyptiens pensaient invincible, cède à la pression d'une mer de plus en plus haute. La Méditerranée déferle sur Alexandrie, bâtie en grande partie sous le niveau de la mer; la catastrophe fait plus d'un million de victimes. 2056 : En échange du colossal marché de reconstruction de la ville et de son phare hautement symbolique, la France accepte d'héberger sur son sol 200 000 réfugiés climatiques alexandrins pour une période allant de trois à cinq ans. Albi est la première ville à accueillir des Egyptiens; la cité tarnaise, marquée par la violence religieuse au XIIIe siècle lors de l'écrasement de l'hérésie cathare, devient un symbole fort de la solidarité face à ce nouvel enjeu mondial. 2059 : Les entreprises françaises ont fini de rebâtir le phare mythique, mais sont très en retard sur la livraison des quartiers d'habitation. Malgré cela, un premier tiers des réfugiés climatiques est invité à quitter le territoire français, à Albi comme ailleurs... Des deux côtés de la Méditerranée, trois ans d'espoirs déçus macèrent dans une chaleur toujours plus oppressante, jusqu'au point de non-retour. La Révolte d'Albi suit le destin de quatre hommes ballottés au gré d'enjeux qui les dépassent. Ahmed, le conteur alexandrin, quitte sa ville ravagée sans savoir ce qu'il va trouver en France. A Albi, Renaud gère seul une radio militante basée dans son salon ; son fils; Robinson, est parti travailler à Alexandrie sur le chantier de reconstruction. Le jeune Fathi, lui, étouffe dans son oasis berbère perdue au coeur du désert égyptien et rêve d'une Alexandrie certes meurtrie, mais qui lui permettrait d'être enfin libre. Au bout de la révolte, personne n'en sortira indemne.

11/2013

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Théâtre

Tragédies

Jean de Virey (1548-1623) a reçu une formation de juriste sanctionnée par le grade de Licencié en lois puis il a embrassé l'état militaire aux côtés de Jacques Goyon de Matignon qui fut son mentor. À l'issue des guerres civiles qui ont ravagé la France il publie chez Raphaël du Petit Val, à Rouen, trois tragédies en alexandrins : La Machabee, martyre des sept frères et de Solomone leur mère (1595), puis La Bienheureuse victoire des Machabées sur le roy Anthiocus et la Tragédie de Jeanne d'Arques (1600). Les deux premiers sujets coïncident avec ceux des polémistes qui se sont exprimés pendant la Ligue (1572-1592) dont la Satyre Menippee et les Avertissements des catholiques anglais aux catholiques français. Le recours à l'exemple des Machabées est une banalité de l'époque qui autorise la comparaison entre les massacres perpétrés à Jérusalem sous le règne d'Antiochus IV et les troubles récents vécus par les Parisiens lors du siège de la ville par les troupes d'Henri IV. Le thème de Jeanne d'Arc s'il est absent des polémiques se trouve valorisé par quelques contemporains de Virey comme Béroalde de Verville ou Fronton du Duc et marque l'intérêt naissant pour les sujets d'histoire. L'unité de l'oeuvre se trouve dans la dénonciation du détournement des lois ; ce théâtre revêt donc un fort aspect politique. Cette préoccupation donne à l'écriture de Virey un tour parfois satirique distillé dans des stéganographies dont il a le secret. Il revisite ses sources : Flavius Josèphe, la Bible ou l'histoire de Jeanne et prend pour modèle dramaturgique ses contemporains Jodelle, Filleul et Garnier tout en se souvenant de Virgile et de Sénèque. L'oeuvre de Virey reçut à son époque un accueil chaleureux, elle fut primée et jouée de nombreuses fois tant à Valognes, sa ville natale, qu'à Rouen. Les participations multiples aux recueils quinquennaux initiés par son éditeur prouvent également l'intérêt prolongé que les lecteurs portaient à ses textes. Comme tout témoignage direct de son temps, l'oeuvre a perdu de son impact jusqu'à l'oubli que le présent travail tente de réparer.

10/2013

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Critique littéraire

Argonautiques. Tome 1, Chants 1 et 2, Edition bilingue français-grec ancien

"Je rappellerai les exploits de ces héros d'autrefois qui, par la bouche du Pont et à travers les roches Kyanées, sur l'ordre du roi Pélias, menèrent vers la toison la solide nef Argô", tels sont les premiers vers des Argonautiques d'Apollonios, sans doute l'auteur épique le plus célèbre après Homère. Le poème d'Apollonios relate le fameuse histoire de Jason, "c'est celui-là qui conquit la toison", grâce à Médée, la sorcière de Thrace, et à Athéna, la déesse qui le protège depuis la proue de l'Argô. Si le mythe est connu, la vie du poète nous est plus obscure. D'Apollonios nous savons qu'il naquit, non pas à Rhodes, mais à Alexandrie, en 295 avant JC, qu'il fut le récepteur de Ptolémée III Evergète, et sans doute qu'il devint le directeur de la bibliothèque d'Alexandrie. Il dut s'exiler à Rhodes, mais les raisons de cet exil ne nous sont pas connues. Ce grand érudit ne se cantonna pas à la poésie épique et écrivit des oeuvres philologiques dont un Contre Zénodote et un commentaire d'Hésiode, ainsi que des récits étiologiques. Mais sa plus grande ouvre est sans nul doute Les Argonautiques, long poème épique réussissant à mêler à la tradition homérique l'érudition qui charmait le public de la période alexandrine. Notre édition rassemble en trois volumes les quatre chants des Argonautiques. L'introduction générale du tome I présente en détail la vie et l'ouvre d'Apollonios, et fait notamment le point sur son éventuelle querelle avec un autre bibliothécaire célèbre, Callimaque. Les sources du poème, comme par exemple les poèmes hésiodiques et les mystérieux Naupactiques, sont analysées, de même que la tradition manuscrite. Chaque chant est en outre précédé d'une notice qui lui est propre. Des notes accompagnent la lecture et sont développées, en fin d'ouvrage, par des notes complémentaires et des notes additionnelles. Les tomes I et II sont assortis de cartes, tandis que le tome II contient un complément d'introduction. Le tome III est en outre enrichi d'un Index nominum et d'un Index vocabulorum, et de notabilia varia.

01/1975

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Théâtre - Pièces

Shakespeare - Tragédies - T.2 - Edition bilingue français/an

Le plus grand magicien des mots de toute l'histoire du théâtre. Le texte original avec, en regard, une nouvelle traduction française due à une équipe de quinze spécialistes internationalement connus. La seule édition bilingue complète. Parmi les trente-huit pièces que nous a léguées Shakespeare, dix sont communément appelées "tragédies". La définition du genre est pourtant moins évidente que lorsqu'il s'agit des tragédies de Racine. Pour un classique français, nourri d'Aristote, d'Horace et de leurs commentateurs, les choses peuvent paraître simples : cinq actes en vers alexandrins ; respect des bienséances ; unités de temps, de lieu et d'action ; de grands personnages traitant de grandes affaires publiques. Il n'en va pas de même pour Shakespeare : les frontières entre tragédies, tragi-comédies, pièces historiques et comédies sont mouvantes. L'emploi de la prose se mêle aux vers, le bouffon répond au roi, le fossoyeur au prince du Danemark. L'action souvent se complique, se déplace d'une scène à l'autre. On passe de la rue au palais, de la chambre de la reine dans une taverne. Les personnages se multiplient ; le théâtre devient son propre miroir. C'est cette liberté de sujet et de ton, héritée du théâtre médiéval et renaissant, qui caractérise le théâtre de Shakespeare et fonde sa modernité. Déjà présente dans les pièces historiques, cette liberté est plus manifeste encore dans les tragédies qui, chronologiquement, leur font suite. Si, dans les premières pièces, Shakespeare place l'homme face aux aléas de l'histoire, dans les tragédies il place l'homme face à ses propres incertitudes. Cette nouvelle édition bilingue des Oeuvres complètes de Shakespeare comportera huit volumes : deux volumes de "Tragédies", deux volumes de "Pièces historiques", deux volumes de "Comédies" et deux volumes contenant les "Tragi-comédies" et les "Sonnets". Elle est placée sous la direction de Michel Grivelet et Gilles Monsarrat, connus pour leurs travaux sur Shakespeare et le théâtre élisabéthain. Les traductions des "Tragédies" sont dues à Victor Bourgy, Michel Grivelet, Louis Lecocq, Gilles Monsarrat, Jean-Claude Sallé, Léone Teyssandier, qui sont également responsables des présentations, des notes et de la bibliographie.

01/2023

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Franc-maçonnerie

La Franc-Maçonnerie Egyptienne au Grand Orient de France. Mythes Fondateurs, Histoire et Pratique

Les Rites de Memphis-Misraïm ne se sont pas structurés en une seule journée. Même s'ils revendiquent une filiation remontant à l'Antiquité, il s'agit là, d'une filiation essentiellement mythique. Aussi pour le maçon égyptien, l'Egypte auquel il est fait référence reste une période sublimée lui permettant de s'ouvrir à de nouvelles spéculations. Ce livre nous conduit à recouvrer les mythes fondateurs du Rite, de l'Egypte alexandrine, en passant par le renouveau de l'hermétisme à la renaissance italienne, de la campagne de Bonaparte en Egypte jusqu'à la période moderne du XXe siècle. Mais le rite comme nous le verrons possède une double particularité. A la fois creuset d'hermétistes de la fin du XVIIIe siècle, d'alchimistes, de kabbalistes, d'ésotéristes et d'occultistes de la belle époque, il va aussi tout au long du XIXe siècle produire des combattants de la liberté tel que Garibaldi, le héros des deux mondes, Jacques Ragaigne, membre de la Commune de Paris, Pierre Leroux, ou encore Louis Blanc, l'organisateur du travail. Les loges de Misraïm, profondément républicaines se retrouveront dans le collimateur de la police et parfois interdites. On y retrouve aussi tous ces proscrits de Londres, quarante-huitards, exilés après le coup d'Etat de 1851 ou la répression de la Commune. Beaucoup seront initiés ou affilés au Rite Réformé de Memphis dans des loges aux titres évocateurs : " Les Disciples de Ménès " devenue " Les Philadelphes, Les Proscrits, Les Gymnosophistes ". Quand on parle d'Egypte en cette fin du XIXe siècle, on veut parler d'Orient. Revivre en pensée le périple qui conduisit Alexandre le Grand d'Egypte jusqu'à l'Indus. Aussi n'est-il pas étonnant au sein des rituels de retrouver des allusions à l'Egypte Antique, aux Ecoles Néo-platoniciennes, aux sages de la Perse ou encore aux Védas sacrés. Cette porte sur l'Orient, ouverture vers l'universel, permet cette étude comparée des traditions, des philosophies, des sciences et ouvre à des réflexions d'actualité autour de sujets tels que la notion de conscience, de responsabilité vis-à-vis du vivant ou de spéculations scientifiques autour de l'approche quantique. Elle permet de créer du lien entre Orient et Occident, revisiter les philosophies de la Méditerranée dont le Rite est issu, faire lien entre héritage, présent et avenir.

02/2022

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Romans historiques

Les eaux de la colère

Les Eaux de la colère mêle de façon subtile histoire et fiction. Cette fresque minutieuse de l'Alexandrie cosmopolite de la fin du XIXe siècle propose une reconstitution documentée de l'épi démie qui frappe alors la ville. Alexandrie, 1883. Un navire marchand en provenance de Calcutta arrive dans le port de la cité égyptienne. Outre sa cargaison d'étoffes, il transporte un dangereux passager clandestin, invisible à l'oeil nu : le microbe du choléra. Depuis Paris, Louis Pasteur dépêche sur place un groupe de jeunes scientifiques chargés de découvrir le microbe avant le Dr Robert Koch (le chercheur allemand qui a identifié l'année précédente le bacille de la tuberculose), lequel a également rejoint Alexandrie. Il en va de l'honneur de la France. L'équipe se compose de Louis Thuillier, d'Emile Roux et du vétérinaire Edmond Nocard, accompagnés de Marcus, leur assistant. Selon les instructions de Pasteur, ils installent leur laboratoire dans l'enceinte de l'Hôpital européen et se mettent au travail. Rapidement, ils font la connaissance de plusieurs notables alexandrins, parmi lesquels le docteur Malina, un juif dont la famille vit là depuis trois siècles. Sa fille Este, dix huit ans, d'abord indifférente aux recherches des Français, finit par leur proposer son aide. A force de côtoyer Louis Thuillier, elle se met à envisager un avenir à ses côtés, tout en éprouvant une furieuse envie de comprendre les subtilités du monde microscopique qu'il lui fait découvrir. Cependant, l'épidémie continue ses ravages, alors que les travaux des deux équipes concurrentes stagnent. Puis peu à peu, la rémission s'annonce, les décès se font plus rares, le danger semble s'éloigner et les chercheurs, moroses et découragés, voient le microbe leur échapper : pour Thuillier, Roux et Nocard, un retour en France est donc imminent. Et Louis espère bien repartir en compagnie d'Este... Les Eaux de la colère mêle de façon subtile histoire et fiction. Cette fresque minutieuse de l'Alexandrie cosmopolite de la fin du XIXe siècle propose une reconstitution documentée de l'épi démie qui frappe alors la ville. Le récit, dans lequel le microbe du choléra est un personnage à part entière, prend des allures de roman policier. Dans lequel rebondissements, attente, découragement, espoirs ne sont pas sans évoquer une certaine actualité...

05/2021

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Antiquité - Essai

Etudes de philologie et d'histoire ancienne. Tome 5, D'Alexandrie à Rome. L'itiniéraire de l'historien Appien

L'expression "monde gréco-romain", contestée par certains, correspond néanmoins à une réalité, incarnée, entre autres, par l'historien Appien, un notable d'Alexandrie, évidemment bilingue, qui préféra le barreau à la sophistique et acquit assez de réputation pour plaider à Rome devant plusieurs empereurs, dont Hadrien et Antonin le Pieux. Il se lia d'amitié avec Cornelius Fronton et obtint sur le tard, par son entremise, la procuratèle qu'il ambitionnait. Il n'était assurément pas le premier Alexandrin à s'installer dans les bureaux du Palatin, mais sa trajectoire nous est de mieux en mieux connue grâce à des documents nouveaux. Un papyrus d'Oxyrhynchos, publié depuis peu, éclaire d'un jour entièrement nouveau le "grammairien" Apion, qui fut aussi un poète admiré, honoré en Grèce et en Italie, fort éloigné de la caricature dessinée par Flavius Josèphe. Les Alexandrins firent de lui l'un des leurs et l'on peut penser qu'Appien compte parmi ses descendants. C'est le point de départ de ce livre. La découverte à Rome du sarcophage d'un Appien qui ne saurait être que l'historien ouvre d'autres horizons. Son épouse, la "noble Eutychia", était probablement la fille d'un grammairien natif de Sicca, près de Carthage, ami de Cornelius Fronton, lui-même originaire de Cirta. On comprend mieux dès lors comment Appien fut introduit dans le cercle de Fronton, et aussi pourquoi l'histoire des guerres puniques fut le premier sujet qu'il aborda. Comme le grammairien de Sicca semble avoir composé lui aussi une histoire des provinces de l'Empire, peut-être à la demande d'Hadrien, l'entreprise d'Appien paraît moins isolée qu'on ne le pensait. Alexandrie et Rome étaient l'une et l'autre les capitales de la Terre et du Monde, promises à l'éternité. Hadrien en était persuadé et c'est sans doute la raison pour laquelle il désigna Appien pour exercer la prêtrise d'une Vénus astrale en qui s'incarnait la Fortune de Rome. Cette biographie de l'Alexandrin n'est donc pas seulement l'histoire d'un provincial de l'époque antonine parfaitement intégré dans le système impérial. C'est aussi celle d'une époque, marquée entre autres par les dégâts du fanatisme juif et par l'évolution du paganisme, qu'Hadrien engagea dans des voies nouvelles.

01/2022

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Apocryphes

La Didachè ou l'enseignement des douze Apôtres. Suivi de l'Epître de Barnabé, livre apocryphe du nouveau Testament décrivant la vie de Jésus de Nazareth

La Didachè est un petit livre qui fut écrit en langue grecque, sans doute en Syrie, vers la fin du premier siècle ou au début du deuxième siècle de notre ère. Le terme Didachè, ou Didakhè, signifie Enseignement, ou Doctrine. La Didachè ou Didakè (traduit en français Enseignement des douze Apôtres ou Doctrine des Apôtres) est un document du christianisme primitif, écrit vers la fin du Ier siècle ou au début du IIe siècle, ce qui en fait l'un des plus anciens témoignages écrits. Le manuscrit retrouvé est intitulé "Doctrine du Seigneur transmise aux nations par les douze apôtres" . L'Epître de Barnabé est une oeuvre chrétienne composée entre la fin du ier siècle et le début du iie siècle. Composée de 21 chapitres, elle est écrite en langue grecque. Dans le Codex Sinaiticus (ive siècle), elle figure immédiatement après le Nouveau Testament et avant le Pasteur d'Hermas. Cette épître est attribuée par Clément d'Alexandrie (Stromates, II, 31, 2 ; II, 35, 5 ; etc.) au compagnon de Paul, Barnabé, qui est mentionné dans les Actes des Apôtres ; et Origène l'appelle l'épître catholique de Barnabé (Contre Celse I, 63). Le Codex Alexandrinus aussi l'attribue à Barnabé, sans spécifier s'il s'agit de l'apôtre ou d'un autre Barnabé. Mais depuis le xviie siècle prédomine chez les savants l'opinion que, pour des raisons du contenu et de la chronologie, l'auteur n'est pas le Barnabé des Actes des Apôtres. Le verset 16, 4 de l'épître, qui déclare : "par suite de la guerre, le Temple fut détruit par leurs ennemis, et maintenant les serviteurs de ces ennemis le rebâtiront" , donne lieu à la conviction que l'oeuvre fut écrite après la destruction du Temple de Jérusalem en 70, et avant la révolte de Bar Kochba en 132, dont l'épître ne fait pas état. Cette épître constitue l'un des premiers traités de polémique antijuive. On distingue deux parties dans l'épître. Selon la première partie (chapitres 1-17), les prophéties, que les Juifs n'ont jamais comprises, ont annoncé Jésus le Messie, son oeuvre salvatrice et sa crucifixion. Les prescriptions relatives au jour de jeûne, au bouc émissaire et au sacrifice de la vache rousse pour la purification des péchés étaient des prophéties de la Passion du Sauveur. La circoncision demandée par le Seigneur est celle du coeur, pas celle de la chair. Les normes alimentaires n'ont qu'une signification morale.

07/2022

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Littérature française

L'arrosoir rouge

L'achevé d'imprimer de L'Arrosoir rouge est du 24 février 1955 ; Monique Saint-Hélier est morte deux semaines plus tard à Chambines, dans l'Eure. Ainsi, ce roman qui aurait dû n'être qu'un moment de la Chronique des Alérac et des Balagny est devenu le dernier texte publié par la romancière ; pour les lecteurs, c'est ici que s'achève, ou s'interrompt, l'entreprise de Monique Saint-Hélier. L'épigraphe empruntée à Suréna de Corneille (Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir) semble annoncer un récit pathétique. Cependant, Monique Saint-Hélier avait conçu d'emblée ce volet de sa chronique comme une " plage ", un intermède paisible dans l'histoire de tant de coeurs déchirés ou incertains (Carolle Alérac, Catherine, Jérôme Balagny, Jonathan Graew, Lopez) que nous offrent Bois Mort, Le Cavalier de paille, Le Martin-pêcheur. Et c'est bien l'apaisement, une espèce de lumière heureuse qui dominent dans L'Arrosoir rouge. Cette paix, c'est celle de l'accompli. Contrairement aux trois premiers romans de la Chronique qui mêlent à la remémoration le souci et l'appréhension de l'avenir, L'Arrosoir rouge est uniquement le livre du passé revécu. Le temps a fait son oeuvre; les douleurs et les deuils ont perdu leur âpreté; s'il n'y a pas d'amour heureux, les morts sont toujours vivants dans les coeurs, et les souvenirs sont " les jardiniers de l'ombre " qui " préparent à notre insu des corbeilles étincelantes ". L'Arrosoir rouge, c'est l'apparition de Revenant, l'Espagnol qui fut l'amant d'Alexandrine Alérac morte en couches. C'est M°e Huguenin revivant au cimetière, parmi les tombes des Alérac, sa passion juvénile pour Jonathan Graew. C'est surtout le passé d'Abel. Le lecteur découvrira ici le petit berger qui dénonçait à coups de cantiques les péchés des Alérac et dont la vie a fait plus tard un colporteur vendeur de Bibles. II apprendra comment un martin-pêcheur a sauvé Abel du suicide avant de destiner mystérieusement l'un à l'autre Abel et Catherine, et de désigner à cet homme sans enfant la fillette qu'il va adopter. Abel est une des plus belles figures de l'univers de Monique Saint-Hélier et le véritable héros de L'Arrosoir rouge. En lui s'incarnent admirablement les valeurs que le monde de la romancière oppose à la douleur de vivre, aux déceptions et aux frustrations dont l'existence est prodigue : la foi, la fidélité et surtout l'épanouissement dans la tendresse que la paternité, même adoptive, peut faire découvrir à un homme disgracié et démuni.

11/2013

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Critique littéraire

Anthologie grecque. Edition collector

La poésie grecque commence avec l'Iliade et finit par l'Anthologie, ce prodigieux florilège réunissant une myriade de petits poèmes appelés épigrammes, composés sans interruption depuis le VIe siècle avant notre ère jusqu'au le VIe siècle ap. J.-C., douze siècles durant lesquels le genre n'a cessé de s'enrichir. Simple inscription à l'origine, éternisant sur la pierre ou le marbre le nom du mort ou du dédicant, l'épigramme se donne bientôt le luxe du vers. Ce genre se déploie d'abord avec l'hexamètre hérité de l'épopée, puis avec l'ïambe, plus apte à exprimer des valeurs quotidiennes, et enfin, favorisé par l'élégie funéraire, grâce au distique élégiaque. Initialement figées dans le même sourire archaïque, ces petites pièces s'animent quand de grand poètes, Archiloque, Sapho, Anacréon, Simonide ne dédaignent pas d'en composer. Les guerres médiques favorisent la vogue de l'épigramme héroïque dont Simonide se fait une spécialité. Mais la véritable éclosion du genre explose à l'époque alexandrine où il fleurit partout : en Sicile avec Léonidas de Tarente et en Grèce continentale avec la poétesse Anytè de Tégée ou Mnasalque de Sicyone. Au même moment les poètes de l'école de Cos, Asclépiade, Posidippe, inventent l'épigramme bachique et amoureuse, à Alexandrie, entre les mains de Callimaque, l'épigramme, devenue la menue monnaie de tous les genres, est un bijou finement ciselé : le lapidaire est devenu un joailler. C'est l'apogée de l'épigramme en Grèce, et pourtant les siècles qui suivent ne nous décevront pas : à l'époque hellénistique et romaine de nouveaux poètes, Antipater de Sidon, admiré par Cicéron, surtout le syrien Méléagre, en qui Sainte-Beuve voyait le poeta minor par excellence et à qui l'on doit la confection de la première Couronne (recueil d'épigrammes) dont nous ayons connaissance : ce geste relance la vogue du genre, qui se développe désormais en milieu romain, marqué par des traits nouveaux : l'épigramme se faisant poésie de circonstance, ou courtisane, et finalement comique et satirique, avec Lucille. Dès ce moment, qui en latin voit naître l'oeuvre de Martial, l'épigramme grecque a achevé son évolution, elle a encore de beaux jours devant elle, mais ne fera plus, si l'on peut dire, qu'involuer. En témoignent un Agathias (qui a réuni le fameux Cycle d'Agathias) ou un Paul le Silentiaire. Il faudra attendre le Xe siècle pour qu'un érudit byzantin, nommé Constantin Céphalas, réunisse la fleur de tout cela, suivi au XIVe siècle par Maxime Planude.

04/2019

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Science-fiction

La chute d'Arthur. Edition bilingue français-anglais

La Chute d'Arthur est l'une des oeuvres les plus surprenantes de JRR Tolkien. Conçue au début des années 1930 et délaissée par la suite, elle nous offre une approche tout à fait singulière de la légende arthurienne, tant par son contenu que par sa forme : l'auteur s'inspire de la "matière de Bretagne" en recourant à la poésie allitérative anglo-saxonne constatée dans les tout premiers poèmes anglais. Dans un déploiement d'images aussi bien sonores que visuelles, nous voyons revivre avec force des personnages légendaires considérés aussi dans leur dimension psychologique : Guenièvre l'infidèle, Mordret l'usurpateur, Lancelot tiraillé entre ses amours et son devoir, Gauvain l'intrépide et Arthur lui-même, invincible et magnanime. Le poème, divisé en cinq chants, s'ouvre sur le départ d'Arthur à l'Est dans le but de conquérir les peuples barbares et de sauver "le royaume de Rome". S'ensuit la trahison de Mordret, qui usurpe la couronne confiée par Arthur mais échoue ici à séduire la reine Guenièvre : elle n'a d'yeux que pour Lancelot. Arthur rentre en apprenant le malheur survenu en son royaume et qui divise à jamais la Table Ronde. L'annonce de son retour est marquée par une grande bataille, durant laquelle périssent de preux chevaliers. Si Guenièvre retrouve la faveur d'Arthur, Lancelot est banni. Le poème s'achève au moment où le roi, à bord de son navire, s'apprête à fouler de nouveau le sol de son pays. La forme concise exigée par la métrique anglo-saxonne (et rendue ici en alexandrins allitérés) est fort propice à la description des épisodes privilégiés par JRR Tolkien, tant elle réussit à créer des images sonores aussi bien que visuelles ; l'arrivée de Mordret dans la chambre de la reine, le choc des armes dans la bataille, la beauté même des personnages n'en sont que quelques exemples. Elle n'exclut d'ailleurs pas une mise en valeur de la dimension psychologique des héros : la reine Guenièvre, qui aime Lancelot et lui seul autant que ses propres trésors d'or et d'argent ; Lancelot, déchiré par des conflits de loyauté ; Mordret, machiavélique avant l'heure ; Gauvain, modèle de pureté et de vaillance ; Arthur, d'abord trahi, qui finit par s'interroger sur les bénéfices d'une nouvelle bataille sur le point d'éclater. Grâce à une minutieuse analyse des travaux préparatoires dont il dispose, Christopher Tolkien est parvenu à reconstituer les intentions de l'auteur concernant la suite du poème et à établir la relation existant, dans l'imaginaire de son père, entre la légende arthurienne et les éléments constitutifs de l'univers qu'il s'apprêtait à créer : d'Avalon à Tol Eressëa, d'Arthur à Eärendel, les liens sont plus subtils et les analogies, plus nombreuses qu'on le croirait de prime abord. Si JRR Tolkien délaissa par la suite la légende arthurienne, il n'en retint pas moins quelques traits essentiels à l'élaboration de sa propre mythologie.

09/2013