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Thèmes photo

Chroniques de l’oiseau perdu

Les images de la photographe Christine Lefebvre semblent plus arrimées au corps qu'au langage. Elles s'apparentent à des champs magnétiques qui convergent des forces, affectent leurs sens et leurs directions. L'artiste les déploie entre les pages d'un livre qu'elle a construit comme un poème, ses espaces blancs les exposant à l'ouverture du sens. Les photographies sont des visions arrachées à l'écoulement du temps. Lors de ses promenades, loin de la ville et des hommes, ce que la photographe sent monter comme une sève au contact d'un arbre, d'une falaise ou d'un glacier se fixe à main levée, en quelques secondes et par fragments impulsifs. Le choix de l'oiseau comme protagoniste de ses chroniques provient du souvenir de lecture d'un célèbre conte mystique persan écrit au XIe siècle. La Conférence des oiseaux raconte l'épopée d'un groupe d'oiseaux perdus, en quête de vérité. Les photographies présentent des paysages immémoriaux rythmés par les battements d'ailes des oiseaux, contrastant avec les solides reliefs de paysages pétrifiés. Elle est ce "rêve de pierre" qu'évoqua Baudelaire, témoin d'une révolution où la terre, source première de toute création, perdait son aura et se figeait en objet. L'oeuvre de Lefebvre est une élégie, mais compose aussi une ode à une nature restauratrice des liens avec les cycles, avec le rythme des saisons. [extraits] Marguerite Pilven Ce livre de photographie captivant de Christine Lefebvre, nous transporte dans un monde de beauté, de tristesse et de nostalgie. Les images saisissantes capturées dans ce livre racontent l'histoire de la nature, de la vie et de la mort, tout en célébrant la beauté fragile de notre monde. Les photographies de Lefebvre sont poétiques dans leur composition, leur lumière et leur texture. Chaque image est une histoire en soi, racontant une histoire unique de la nature qui se transforme, de la faune et de la flore qui disparaissent. Les nuances de couleurs et les textures sont magnifiques, offrant un véritable plaisir visuel. En résumé, Chronique de l'oiseau perdu est un livre de photographie sensible et captivant. C'est un véritable hommage à la nature et à la vie. En 2017 Filigranes à publié l'ouvrage L'entre temps de Christine Lefebvre.

10/2023

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Faits de société

Merah, ce que l'affaire ne nous dit pas

Un soir, voilà quelques années, près de 20 ans, à Casablanca où je marchais sur les pas de ce qui avait été la vie de mes parents, le berceau de mes origines, le blues du soir me gagnait... Trop loin de chez moi, trop loin de mes enfants, de ma fille qui fêtait ses 10 ans. Alors, mes idées s'égaraient vers ce temps jadis où tout semblait plus authentique, plus beau, unique et rare. Comme un temps béni qui n'aurait jamais dû s'arrêter et qui pourtant un jour chavira corps et âmes, laissant une traînée de plaies béantes, à jamais enracinées au plus profond de nous. Pour qui, pour quoi ; qu'avaient mérité ces humbles, ces modestes qui ne pensaient pourtant qu'à travailler, bâtir, rire et chanter ? Quelle raison supérieure pour être traités de la sorte, marqués de l'indifférence, du mépris et oubliés du repenti. Et pourtant, si tous conservaient leur nostalgie du temps passé, pas un pour se plaindre, ayant toujours l'âme pour aller de l'avant pour relever le défi, parce qu'on se doit de continuer, d'avancer, disaient-ils "Quand on est un Homme"... Ici, à Casa et ailleurs, ils avaient tout construit, tout bâti de leurs mains. Du jour au lendemain, ils auront tout perdu et sans jamais spolier quiconque, qu'on se le dise. Humanistes au plus profond d'eux, ils avaient comme moi aujourd'hui tout à apprendre de l'autre, mais pas la moindre leçon à recevoir de quiconque, de quelque côté de la méditerranée que l'on se pose. Oui, qu'on se le dise... Sur la trace de mes parents, parce qu'il est écrit qu'ils m'ont tout donné. Que plus que d'autres, ils ont su ce que c'était que d'offrir son sang pour défendre la mère patrie, comme ils disaient. Mais aussi, parce que très vite ils ont su que... "La guerre est un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacreront jamais", comme l'a écrit Paul Valéry. Mais aussi et surtout, comme l'écrira un grand homme : "Il n'y a qu'une nécessité, la vérité. C'est pourquoi il n'y a qu'une force, le droit" Victor Hugo.

03/2013

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Policiers

Bird est vivant !

Le pianiste de jazz Evan Horne est de retour après une année de repos forcé, à la suite d’un accident de voiture dans lequel il a failli perdre l’usage de la main droite. La chance semble de nouveau lui sourire en la personne d’un producteur qui lui propose un contrat ; quant à son autre vie – à savoir la résolution d’affaires criminelles -, elle se rappelle bientôt à lui. En effet, son vieil ami le lieutenant Dan Cooper, de la police de Santa Monica, lui demande de venir sans délai sur une scène de crime. Le saxophoniste Ty Rodman a été assassiné dans sa loge. Le miroir de la coiffeuse est maculé de l’inscription : « BIRD LIVES ! » et on a trouvé près du cadavre un lecteur de CD qui jouait en boucle le célèbre morceau de Charlie Parker Now’s The Time. De plus, l’assassin semble s’être acharné sur le sax de Rodman. Détail encore plus troublant : la victime a été tuée un 12 mars, jour anniversaire de la mort de Charlie « Bird » Parker.Le faisceau de références à la légendaire figure de proue du be-bop se resserre encore quand Evan Horne apprend que d’autres musiciens de jazz connus ont été retrouvés morts dans des circonstances similaires et à des dates toutes liées à Charlie Parker et à son trio.Mû par un fanatisme musical, l’assassin aurait-il frappé les tenants d’un jazz plus commercial afin de les punir de s’être écartés de la grande lignée des maîtres du bop ? C’est ce qu’Evan Horne va s’efforcer de déterminer au fil d’une enquête qui réjouira les amateurs de jazz, toutes tendances confondues.Comme la précédente aventure d’Evan Horne publiée chez Rivages (Sur les traces de Chet Baker, Rivages/noir Nº 497), celle-ci mêle agréablement la résolution du mystère et l’érudition musicale, sans que cette dernière pèse le moins du monde sur l’histoire. Par la voix de son pianiste californien, Bill Moody – lui-même batteur de jazz – n’a pas son pareil pour planter le décor de la scène jazz présente et passée, entre humour et soupçon de nostalgie.Un livre qui donne furieusement envie de ressortir quelques disques des étagères ou de courir en acheter.

03/2010

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Théâtre

Vive le feu ! (On s'entend bien)

« On n'est pas du tout des Polonais, clame la Petite Fille, on est des Européens, des gens normaux ! » La pièce ébouriffante de Dorota Maslowska met en présence trois personnages féminins : la « Vieille Prostrée en fauteuil roulant », sa fille Halina et la « Petite Fille en Métal ». Trois générations : celle d'avant le déluge de la guerre, celle qui est née dans l'enclos du communisme et qui se tient désormais, sidérée, face à la télévision et aux rayons du supermarché, et enfin, la jeune génération, celle d'après la chute du Mur, incomprise, pour le moins. Tandis que la grand-mère évoque sans fin le matin d'été qui précéda l'entrée des Allemands dans Varsovie, la mère farfouille dans ses casseroles et profère un collage de phrases insensées : extraits de prospectus de grandes surfaces, de test psycho, de conseils conso. Contrairement aux ménagères du siècle dernier, elle ne rêve pas du grand amour (le mot et la chose semblent avoir disparu) : elle réactualise sans cesse le catalogue de tout ce qui lui manque et qu'elle n'aura jamais. La fillette interroge, raille, coupe la parole et le ronron des deux autres. Habitant la même et unique pièce, au énième étage d'un clapier, chacune vit dans une réalité séparée, chacune parle un langage différent, penchée sur son propre gouffre : pure nostalgie, pour la grand-mère, pure envie, ou sidération consumériste, pour la mère, et pure attente pour la Petite Fille, qui écoute le dehors : croyant parfois entendre qu'on frappe à la porte, elle se demande si ce n'est pas la Seconde Guerre mondiale, en personne, qui revient… Ces personnages plus ou moins possédés, qui se juxtaposent en restant séparés, démontrent ici l'inexistence du « Polonais moyen », l'absence d'un terrain commun qui permettrait aux gens de dire « nous ». Et s'il est bien une chose qui semble commune aux Polonais de Maslowska, c'est leur aversion pour la Pologne. Un Polonais, c'est-à-dire personne ? Une pièce à l'écriture jubilatoire, à lire comme un petit roman. Dans ce huis-clos, une petite fille, sa mère et sa grand-mère forment un mélange instable et détonnant… qui viendra peut-être à bout de la Pologne et de toutes les Nations !

10/2011

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Religion

Au loin la liberté. Mémoires

Pays de mythes et de mystères (quels prodiges n'a-t-on pas attribué à ses lamas ! ) connu pendant des siècles par les seuls récits de quelques voyageurs intrépides, le Tibet entre brutalement dans l'actualité en 1950, lorsque les troupes chinoises envahissent Lhassa, et plus encore en 1959, lorsque ces mêmes troupes répriment dans le sang la révolte du peuple tibétain, massacrant 87 000 moines et civils. Trente ans plus tard, en hommage à la lutte de son peuple, le dalaï-lama a décidé de raconter son histoire _ et quelle histoire ! Né dans une famille de paysans, reconnu à l'âge de deux ans comme l'incarnation du treizième dalaï-lama, il est élevé dans l'austérité _ mais aussi les fastes _ du Potala, le palais aux mille chambres, fuit une première fois devant l'occupant, regagne Lhassa et doit mener dès lors une politique de compromis avec les autorités chinoises _ bien malaisée pour un adolescent de quinze ans. Il se rend en Chine, rencontre Mao, Chou, et plus tard Nehru. En 1959, sous la pression de son entourage, il réussit à s'enfuir au péril de sa vie et s'installe en Inde, dans le village himalayen de Dharamsala. Plus de 100 000 de ses compatriotes le suivront. Aujourd'hui, alors que la répression au Tibet s'est muée en un véritable génocide (un million de morts, près de 6 000 monastères détruits, la détention arbitraire, la déportation et la torture généralisées), le dalaï-lama continue à exercer ses fonctions à la tête de la communauté tibétaine en exil et oeuvre sans relâche à la cause de la paix mondiale et de la non-violence. A l'automne 1989, il reçoit le prix Nobel de la paix. Livre-souvenir, certes, qui rappelle avec humour les frasques de l'enfant-dieu turbulent, et avec nostalgie un mode de vie disparu à jamais, Au loin la liberté est aussi un livre-réflexion : sur le bouddhisme et ses liens avec le communisme, sur le malaise occidental et la politique en général vus de l'Himalaya, sur le problème de l'environnement, qui est au coeur de la philosophie du dalaï-lama, etc. Mais, plus que tout, c'est un formidable message d'espoir _ l'espoir que, malgré ce que son peuple et lui ont pu subir, le dalaï-lama place en l'humanité.

12/1990

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Littérature étrangère

Gourrama

Rédigé en 1928-1929, Gourrama accompagna en fait Friedrich Glauser tout au long de sa vie : la hardiesse de ses thèmes effrayant les éditeurs de l'époque et lui valant refus sur refus, l'écrivain ne cessa de retravailler son manuscrit, qui fut publié, dans une version censurée, l'année de sa mort. Il fallut attendre 1980 pour voir enfin paraître le texte dans son intégralité. L'histoire difficile de ce livre - qui n'est pas sans refléter la destinée même de Glauser - est à la fois compréhensible et inexplicable, car si certains sujets abordés avec une absence de préjugés étonnante (l'homosexualité, le suicide) ont certainement choqué, la beauté et l'intensité du roman en font sans contexte un chef d'œuvre - sans doute l'ouvrage le plus marquant d'un auteur essentiellement connu pour ses romans policiers, d'ailleurs eux aussi tout à fait hors norme. Il est aisé de retrouver dans Lös, le héros du récit, des aspects de Glauser lui-même. L'expérience relatée va cependant bien au-delà du rappel, si frappant soit-il, d'un épisode autobiographique : le passage de Glauser dans la Légion étrangère. Le lecteur qui chercherait une évocation des murs brutales et exotiques de ce mythique corps d'armée ne sera certes pas déçu, car le réalisme est poussé très loin dans ces pages. La vie militaire - comme toute ,te humaine ? - est ici hantée par l'ennui, qui apporte le désespoir, la révolte, la destruction des autres et de soi-même. Pour la seule raison, semble penser Glauser, que la tendresse n'y a pas droit de cité. L'ordre de la Légion n'est que le revers d'un désordre, car il oblige les hommes non seulement à renoncer à leur nom - nul hasard à ce qu'un des personnages choisisse de s'appeler Tod, la mort, et perde la vie - mais aussi, et surtout, à méconnaître une nostalgie essentielle. La garnison de Gourrama se transmue ainsi avec le recul du temps et sous le filtre de la mémoire en un lieu symbolique, un monde extrême où les soldats grossiers et bagarreurs tirent peureusement dans la nuit leurs matelas dehors, et les rapprochent, afin d'échapper au sentiment d'une solitude où leur sommeil ressemble à la mort.

04/2002

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Energie

Traverser Tchernobyl

" Ce que le journalisme littéraire peut faire de meilleur. " La Croix La nouvelle édition augmentée (deux chapitres) d'un livre important, unanimement salué lors de sa parution en grand format. Le 26 avril 1986, le réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl explosait. Galia Ackerman fréquente ceux qui sont la mémoire de la catastrophe depuis plus de vingt ans. Avec Traverser Tchernobyl, elle nous emmène dans des lieux inattendus : la plage ensoleillée sur la rivière Pripiat, les forêts habitées par une faune sauvage, le cimetière juif abandonné, les alentours du plus grand radar de détection de missiles intercontinentaux de toute l'URSS, les décharges nucléaires. Elle raconte le vieil homme heureux de sa pêche radioactive, les orphelins irradiés, les vrais et faux héros de Tchernobyl. Un tableau intime du désastre, mais aussi, en creux, de l'ex-URSS et de ce qu'elle est devenue. Un voyage sur une terre fantomatique, dans le monde d'après. " Ici point de poésie des ruines, encore moins de nostalgie du soviétisme (honni dès l'enfance) mais une singulière familiarité. Laquelle ouvre à l'auteure bien des portes (les ressorts de l'administration sont plus affectifs qu'on ne veut le croire) et place le récit dans une grande justesse de ton. " Le Monde " A la fois grave et extrêmement vivant. Un vrai roman russe. " Olivier Barrot, Un livre un jour, France 3 " Un récit pudique et anti-spectaculaire. " La Vie des Idées " Ses pérégrinations [... ] s'avèrent haletantes. Sidérantes, la plupart des rencontres qu'elle y fait. Miraculeuse, son exhumation de la mémoire juive de ce no man's land. Uniques, les pages, plus métaphysiques, où elle dialogue avec certaines figures littéraires, scientifiques et artistiques. " Marianne " Un livre tissé d'humanité, de mots sensibles, de biographies bouleversantes. " Mediapart " Au fil de ces pages qui se lisent comme un roman, le lecteur plonge dans un monde étrange, où tout paraît normal et rien ne l'est vraiment. Se mêlent astucieusement les descriptions et les témoignages avec les analyses sur les conséquences sanitaires, écologiques, économiques et culturelles du désastre. " La Croix " La force de ce récit réside surtout dans les deux grandes qualités de l'auteur, au-delà de ses talents de narration et de description : l'empathie et la volonté de la vérité. " Alternatives Economiques " Ce n'est pas le premier livre que Galia Ackerman consacre au sujet, mais c'est le plus beau. " France Inter

04/2022

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Histoire de France

Les traces coloniales dans le paysage français. Monuments et mémoires

La France continue de redécouvrir son ancien Empire. Pendant longtemps sujet de nostalgie pour certains, d'embarras pour d'autres, mais ignoré par beaucoup, ces dernières années le thème du passé colonial est devenu un sujet d'actualité. A la fin des années 1990, le 150e anniversaire de l'abolition de l'esclavage et la déclaration parlementaire définissant l'esclavage et le commerce d'esclaves comme des crimes contre l'humanité, ont rappelé l'histoire de l'esclavage dans l'Empire français, une histoire longue de plusieurs siècles. De nouvelles révélations sur la pratique de la torture durant la guerre d'Algérie — dont l'affaire Aussaresses en 2000 — ont focalisé les débats sur l'histoire trouble de la colonisation et la décolonisation du Maghreb. La loi controversée du 23 février 2005 incitant les professeurs à enseigner le rôle positif de la France en Afrique du Nord provoqua des débats intenses. Ils portèrent sur les faits et les fautes des colonisateurs, mais également sur la mémoire du colonialisme, comment l'enseigner et finalement sur le rôle du pouvoir législatif dans la transmission du savoir sur la période coloniale. Les conflits de la France contemporaine, de l'affaire du foulard aux troubles dans les banlieues, étaient liés, au moins aux yeux de certains commentateurs, aux suites de la colonisation. Les programmes de télévision et le cinéma, notamment avec le film Indigènes, ont présenté au grand public des aspects de l'histoire coloniale qui avaient été abandonnés dans les recoins de la mémoire collective. Des partis politiques et des groupes de pression, de l'extrême-droite à des organisations comme les Indigènes de la République, ont instrumentalisé l'histoire coloniale pour promouvoir leurs propres batailles. Les universitaires ont débattu du sujet de l'amnésie et de l'anamnèse coloniales et se sont interrogés sur la question d'une " fracture coloniale " dans la société française. Des personnages publics ont appelé à reconnaître publiquement les erreurs du passé ou, en opposition, ont refusé une "repentance" qu'ils considéraient comme injustifiée. Ce que Benjamin Stora définit comme une "accélération de la mémoire" a conduit à la croissance des manifestations liées au passé colonial et des débats. En effet, l'étude de "la mémoire coloniale", de l'héritage colonialiste et de l'historiographie coloniale est maintenant devenue un sujet de recherche.

03/2011

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Collection Terre humaine

De la pierre à l'âme. La prescience sauvage

Une immersion au coeur du chamanisme inuit, en suivant le parcours et les combats de Jean Malaurie. De la pierre à l'âme, ce grand livre est l'aboutissement d'une vie de recherches et d'exploration menées par Jean Malaurie dans l'Arctique, tout autour du cercle polaire ; du Groenland, point de départ du périple, jusqu'à la Tchoukotka sibérienne, durant plus de cinquante ans. C'est aussi une oeuvre de mémoire, un retour sur soi, une tentative jamais achevée d'élucidation intérieure, une somme intellectuelle qui plonge dès le début le lecteur dans l'effervescence intellectuelle des années de l'immédiat après-guerre. " Je n'enseigne pas, je raconte " dit Jean Malaurie, dont le propos scientifique ou ethnographique n'est jamais didactique, mais s'inscrit dans une aventure personnelle faite de rencontres, d'épreuves, d'obstacles au travers du récit d'une errance souvent périlleuse au milieu d'un décor grandiose. Jean Malaurie est un conteur donnant à lire, à la manière d'un Jules Verne, les tribulations d'un géographe dans le grand nord. De la pierre à l'âme est un texte d'apprentissage et une quête initiatique menant de l'étude de la pierre à travers le prisme d'une science exacte, la géomorphologie, à l'animisme et au sacré. L'histoire d'un chemin de Damas qui conduit un jeune géographe épris de chiffres et schémas à une conversion du regard au contact des Inuit. Au terme d'une lente et douloureuse chrysalide, le narrateur est " inuitisé " et Jean Malaurie raconte ici les moments exceptionnels de communion avec le cosmos vécus auprès d'un peuple animiste. On ne peut qu'être frappé par l'actualité et le caractère prophétique de ce livre entrepris il y a déjà une décennie et revenant sur une aventure humaine inaugurée il y a soixante-dix ans. Jean Malaurie y dénonce le lien rompu avec le cosmos, la destruction de la faune et des milieux naturels, la réduction de la bio - diversité, l'exploitation productiviste des ressources, l'agonie programmée de ces " sentinelles " que sont les peuples racines. " Dans le regard d'un chien ou d'un oiseau, il y a une telle humanité que l'on est pris par la nostalgie d'un paradis perdu ".

10/2023

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Palestine

Figures du Palestinien. Identité des origines, identité de devenir

De la chronique du conflit palestino-israélien, de l'histoire séculaire de chaque camp, des enjeux stratégiques ou des négociations de paix, de l'actualité aussi, il n'est pas question dans ce livre. Voici pourtant un des ouvrages les plus éclairants sur la question, car il livre, grâce à une approche d'anthropologie historique, les clés fondamentales de l'identité palestinienne. Peuple expulsé de sa terre en 1948, les Palestiniens, sans jamais oublier ou négliger leur histoire, se définissaient d'abord par leur géographie si particulière, celle de la Terre sainte. Trois figures retracent leur identité de devenir. Gens de la Terre sainte : du temps de l'Empire ottoman, les Palestiniens, plus encore qu'Arabes occupés, se définissent par le pays où coexistent communautés et religions et dont les paysages sont marqués par les fusions des lieux de culte et de pèlerinage des monothéismes. Arabes de Palestine : du temps du Mandat britannique, lorsque se bâtit le "Foyer" sioniste qui prétend appuyer ses droits sur une antériorité des Juifs sur les Arabes, au point que la "montée" vers la Palestine est un retour et non une venue, les Palestiniens, pris dans la double tourmente des colonialismes britannique et juif, deviennent, malgré résistance et révoltes, graduellement des étrangers sur leur propre terre. L'Absent ou le Palestinien invisible : après l'expulsion de 1948, alors que le nouvel Etat d'Israël gère les biens des expulsés comme "biens des absents" et qu'il efface ou modifie méthodiquement, au fil des années, toponymie et topographie, les Palestiniens, parqués par villages entiers dans les camps de réfugiés, cultivent la mémoire des lieux et nourrissent l'idée du retour. Un rapport à l'histoire, évoluant en pure nostalgie, aurait peut-être permis que les Absents se dissolvent dans les pays arabes voisins, confirmant les voeux longtemps émis à travers le monde : "Les Palestiniens, ça n'existe pas". Mais le rapport à une terre exilée dont on enseigne les paysages originaires aux nouvelles générations explique cette survie, contre les vents de l'histoire et les marées des guerres. Après des siècles de présence chez lui, le peuple palestinien réclame un Etat, puisque la communauté et le droit international ont érigé l'Etat-nation en seule forme possible, pour un peuple, de présence libre et souveraine sur sa terre.

03/2024

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Littérature étrangère

Confiance, confiance...

Pour John Updike le roman est le genre où se manifeste avec le plus d'éclat son talent de narrateur, sa verve et son imagination. La poésie, elle, est un simple divertissement et la critique littéraire un exercice de style qui est à la littérature «ce que le cabotage est à la navigation de haute mer». La nouvelle est le mode d'expression où s'affirme le mieux, en même temps que sa vision désabusée des choses et des êtres, son imagination et son goût du paradoxe. Confiance, confiance... : au titre de ce nouveau recueil de nouvelles, fait écho la devise qui ponctue l'oeil magique gravé au verso du dollar américain : IN GOD WE TRUST. Entre ces deux pôles - affirmation d'une foi transcendante et intuition de la relativité de toutes choses - s'inscrivent vingt-deux petits textes qui, par-delà leurs disparités de situations et de décors, sont autant de variations douces-amères sur le thème de la confiance, et de son homologue la foi. Ni état de nature, ni état de grâce, aveugle ou lucide, menacée ou trompée, la confiance est sans cesse remise en cause ; la trahison (dont nul n'est à l'abri) revêt de multiples formes : lâcheté, mensonge, égoïsme, mais aussi goût du pouvoir et quête du plaisir, tout ce qui incite l'individu à transgresser les lois et les valeurs de la société, aux dépens de l'amour et de la famille, de la paix du corps et de l'âme et, en définitive, de la vie. Un constat illustré par des situations et des événements à l'apparente banalité, démentie par leurs dimensions dramatiques et baroques, et qui débouche sur la certitude de la nature éphémère et de la fragilité humaines. D'où la prévisible conclusion, qui clôt l'une des nouvelles, que «l'Homme n'est pas fait pour vivre au Paradis». Comme dans toute son ouvre romanesque et dans ses nouvelles antérieures, entre autres Des musées et des femmes et La concubine de saint Augustin, c'est en moraliste que s'exprime John Updike. Ces récits-paraboles sont tous marqués par le reflet de ses préoccupations métaphysiques, ainsi que par la nostalgie ou le rêve d'un monde où l'Homme pourrait avoir confiance en soi, en les autres et en la vie. Toujours sarcastique et irrévérencieux, écartelé entre Eros et Thanatos, Updike poursuit son étude sans concession, mais non sans une certaine tendresse, d'une humanité résignée à sa condition, à son «incarcération dans une immédiateté sans perspective». Il dissèque son mal de vivre et évoque ses paradoxes d'une plume acerbe et brillante.

10/1989

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Histoire régionale

Histoire de l'eau en Béarn : rivières, fontaines, barrages, lacs...

Saint-Exupéry a écrit : Eau, tu n'es pas nécessaire à la vie : tu es la vie. Il est indéniable que la vie sur Terre et plus particulièrement celle de l'être humain est indissociable de l'eau, compte tenu que l'histoire de l'eau est étroitement liée à la sienne. Deux événements suffisent à l'imager : le jour de sa naissance ainsi que le jour de sa mort, une toilette lui est administrée. Ce qui se passe entre ces deux dates, même si cela semble réducteur, n'est qu'anecdotique et nous rapproche du but de cet ouvrage : l'eau en Béarn. Boire est la première nécessité dont instinctivement l'homme a eu besoin ; laver, arroser, pêcher, capter, exploiter, manipuler, détourner, ne sont venus que bien plus tard. Qu'importe sa provenance, qu'elle tombe du ciel ou émerge du sous-sol, l'eau en Béarn, au-delà de sa fonction vitale et indispensable à toute existence, est le sujet de bien de réflexions, de nombreuses anecdotes et parfois de mystère... Aux origines des sources, des fontaines, des gaves et des orages se trouvent, en filigrane de la réalité, des fées et des phénomènes étranges... Plus pragmatiques sont les évolutions physiques et mécaniques que l'eau a permis de réaliser, alliée à l'ingéniosité humaine, notamment les moulins de tout acabit et les microcentrales électriques, pour ne citer que les usages les plus connus. L'eau dans tous ses états et tout ce qui gravite autour d'elle est ici abordée : Les moyens de la passer d'une des rives à l'autre, les drames, les joies et les nombreux paradoxes qu'involontairement elle provoque, les eaux thermales issues des entrailles de la Terre, l'hygiène, la vie sauvage et les écosystèmes qui sans elle ne pourraient-être, etc. Des dizaines de villages béarnais, dévoilent ici au travers d'une source, d'un ruisseau, d'un pont ou d'une fontaine, un pan de leur histoire souvent ignoré, mais qui grâce à eux en font des lieux uniques. L'auteur de cet ouvrage n'a nullement l'intention de se poser en spécialiste des questions relatives à tout ce qui touche à l'hydrologie, il n'en a ni les compétences... ni l'envie. Son seul souci est de rassembler un maximum d'anecdotes, de témoignages (fantaisistes ou pas) de fables et de récits qui n'ont plus les faveurs de l'actuel, mais recèlent pourtant, sinon de la nostalgie, un brin d'humour. Saura-t-il vous faire partager sa passion invraisemblable pour ce périple ? Mais c'est une autre histoire...

09/2021

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Actualité et médias

Douce France, où est (passé) ton bon sens ? Lettre ouverte à un pays déboussolé

Réveillons-nous ! Il y a urgence. Urgence de partir à la (re)conquête du bon sens oublié. Dans différents domaines, la voie de la sagesse populaire a été délaissée. Tout se passe comme si nous avions collectivement égaré notre faculté de discernement. Il ne s'agit pas ici de faire l'éloge de l'immobilisme ou de tomber dans une quelconque nostalgie, mais, au contraire, d'avancer sur le chemin du bon sens. Un chemin qui passe par le savoir de nos aînés, celui des campagnes et surtout, par une connaissance qui ne se trouve pas dans les livres, mais dans l'observation du monde tel qu'il est. Dans notre société, on confond simplicité et simplisme. Le bon sens, synonyme de ringardise et de désuétude, a mauvaise réputation. Mais qu'a-t-il pu se passer pour que nous en arrivions là ? Comment avons-nous fait pour le reléguer au rang de valeur désuète et dépourvue de légitimité ? Ou pire encore, puisque selon certains esprits "éclairés" et élites auto-proclamées, réfléchir avec bon sens reviendrait à verser dans le populisme ? Il est ainsi devenu dangereux d'être proche du peuple, de penser comme le peuple. En vérité, avec ce genre de raisonnement, on marche vraiment sur la tête. Ou, comme dirait ma grand-mère, qui n'est pas dénuée de sens commun : "le monde ne tourne pas rond ma petite-fille". "Tous les gens très intelligents qui gouvernement nos vies apportent plus de problèmes que de solutions, je les appelle les fournisseurs de crises !" a-t-elle l'habitude de me dire. Voilà qui me rappelle une maxime de Frédéric Dard : "Le bon sens, c'est ce qui permet d'être écouté quand vous n'êtes pas intelligent". Avec une ironie cinglante, l'auteur de San-Antonio a résumé la soi-disant opposition entre intelligence et bon sens, une dichotomie qui nous aveugle et nous éloigne du bon chemin. C'est la raison pour laquelle il est urgent d'ôter nos oeillères. C'est la raison d'être de ce livre qui, exemples à l'appui, invite à quitter la doxa dominante pour adopter de nouveau l'une de nos valeurs cardinales, ce sens commun ou, comme disait George Orwell, cette "common decency", la "décence ordinaire". C'est en croyant de nouveau au bon sens, à ce génie populaire, que la France renouera avec le destin qu'elle mérite, celui d'une grande nation. C'est à cette condition que nos vies seront plus riches de l'essentiel. Redonner du (bon) sens à nos vies, c'est retrouver le chemin de l'authenticité.

09/2019

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Comédie romantique et humorist

People we meet on vacation

Deux meilleurs amis. Dix road trips. Une dernière chance de tomber amoureux. Poppy et Alex n'ont absolument rien en commun. Il est grand, calme et aime rester chez lui avec un bon livre. Elle est petite, grande gueule, mordue de fêtes et de voyage. Pourtant, ils sont les meilleurs amis du monde. Depuis dix ans, chaque été, ils se donnent rendez-vous pour une semaine de vacances ensemble. Jusqu'à il y a deux ans, quand ils ont tout gâché... Coincée dans son train-train quotidien, Poppy ne rêve que d'une chose : retrouver son ami et leur traditionnel road trip estival. Lorsqu'Alex accepte de repartir avec elle, Poppy sait que c'est sa dernière chance de tout arranger entre eux. Mais après deux ans de silence, peuvent-ils vraiment faire comme si rien ne s'était passé ? La nouvelle reine de la comédie romantique revient avec un roman pétillant, qui vous laissera une douce impression de chaleur et de nostalgie, comme au retour des meilleures vacances. Le phénomène TikTok enfin traduit en France et bientôt adapté au cinéma ! " La force de People We Meet On Vacation réside dans l'humour des dialogues, l'intelligence des observations que le roman dresse sur la vie et dans la justesse des personnages. la fois drôles, maladroits et attachants, ils valent vraiment le détour. " The Wall Street Journal "L'autrice nous offre dans ce nouveau roman des dialogues pétillants, souvent à mourir de rire, en particulier les conversations entre Poppy et Alex. Le résultat final est un charmant hommage aux comédies romantiques classiques, qui apporte tout de même sa propre touche d'originalité. Une version moderne et réussie de Quand Harry rencontre Sally, qui coche toutes les cases du genre". Kirkus Reviews "J'ai absolument adoré cette comédie romantique des plus parfaites ! Emily Henry pourrait vraiment être la Nora Ephron de notre génération. Un page turner subtil et chaleureux". Sophie Cousens " Le talent d'Emily Henry pour créer une ambiance et des personnages attachants brille ici de mille feux. Un choix judicieux pour les lecteurs à la recherche de vacances d'été par procuration. " Publishers Weekly " Emily Henry est particulièrement douée pour l'écriture des dialogues. Le badinage entre Poppy et Alex est si naturel, dynamique et drôle que Shonda Rhimes elle-même en serait admirative. " The Associated Press "People We Meet On Vacation est une comédie romantique chargée de tension sexuelle, qui fait monter doucement la température. Alex et Poppy m'ont conquise, j'ai adoré voyager avec eux aux quatre coins du monde". Beth O'Leary

06/2023

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Pléiades

Oeuvres. Tome 2, 1871-1885

La nostalgie était ce qu'elle était. En 1848, ils avaient cru à la Révolution, et ils avaient récupéré le prince Président, sous lequel ils vivaient. Puis vint Sedan, et la chute. Du coup, les vieux anarchistes et les jeunes libertaires déposèrent leurs plumes, pour faire la Commune. Ce fut, pendant quelque temps, l'irruption du rêve, qu'on appelait depuis longtemps. Le temps se renversait et, sous le désordre, on espérait un ordre nouveau qui s'accorderait à l'homme. On sait qu'il fut de courte durée. Mais, pour Vallès et quelques-uns de ses amis, tout ce qui avait été en ces jours-là sera désormais. La suite de la Commune, pour Vallès, c'est l'exil londonien et, de ce bord, l'auteur de La Rue prend avec soi une distance. Ce qui flottait d'épars - dans ses articles - d'une imaginaire autobiographie, l'exil va le coaguler. C'est de l'exil en effet que naîtront L'Enfant, Le Bachelier et, pour une bonne part, L'Insurgé. On n'a sans doute pas encore mesuré ce qu'instaure Vallès dans cette trilogie : la recherche d'un temps perdu, étonnamment bâtie sur un "Je" et sur un "Jacques ", qui donne au genre romanesque - à mesure que s'éloignant dé la mère le "Je" disparaît - un caractère tout à fait nouveau. Deux êtres se répondent, qui narrent, et ils sont à la fois le même (Vallès) et l'autre, le héros (Jacques). Faut-il ajouter que, rédigés à Londres, ces romans ont pris au brouillard anglais un tremblé que les impressionnistes donneront, un peu plus tard, à leurs toiles ? Quand Vallès pourra rentrer à Paris, il reprendra sa plume de pamphlétaire. Mesurant que le temps s'en va et qu'il ne revient plus - un certain visage de Paris a disparu -, Vallès consacrera désormais toute son énergie à désacraliser : le passé, qui nous englue ; l'histoire, qui maintient en vie ce passé ; les prêtres de toutes obédiences et leurs statues ; les écritures saintes et l'instrument sournois de cette société-là, l'école. On croit, parfois, avant la lettre, lire du Péguy. Mais sous cette encre noire et sous le sang rouge inoubliable de la Commune, il y a peut-être une obsession qu'on n'a pas assez notée, celle de la mort représentée par toutes les formes du blanc : chez Vallès, les murs sont toujours blêmes, les statues trop blanches et les visages irrémédiablement pâles.

11/2000

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Littérature française

Contes et légendes de Bretagne. Tome 2, Les bienheureux ; L'enfer et les demons ; Les revenants ; Les suppôts du diable

"Ce deuxième recueil de Contes et Légendes qui diffère complètement du premier par les sujets et les commentaires, n'aura pas épuisé la matière, tant s'en faut. [...] La terre des Chevaliers de la Table ronde et de Roland restera longtemps le domaine du merveilleux. On ne lui enlèvera pas sa physionomie étrange, son originalité saisissante, sa nature tourmentée, et ses habitants auront beau changer d'habitudes, ils garderont au fond de leur âme un petit coin de ciel bleu où ils aimeront à se réfugier aux heures d'énervement, de lassitude et de nostalgie, et où ils enten­dront chanter la voix enchanteresse des fées. N'y aurait-il plus place dans le monde que pour l'uniformité et la banalité, filles du progrès moderne; la poésie et le rêve seraient-ils bannis de partout qu'ils trouveraient ici un asile sûr, à l'abri de barrières protectrices. Sauvegardée par une langue qui prétend vivre, en dépit de la guerre sourde ou déclarée que mènent contre elle des gouvernements à courtes vues et des intelligences bornées, la légende ne saurait interrompre le cours de ses gracieuses fictions. Il suffira d'aller glaner aux bons endroits pour récolter à pleines gerbes. Je les ai cherchés d'abord dans mon pays natal du haut Morbihan, parmi les paysans de l'Argoet, puis je suis descendu parmi les marins de l'Arvor. J'ai étendu mes investigations jusque chez les Bretons-Gallos, chez les Cornouaillais, les Léonards et les Trégorois, et à mesure que je m'en allais engrangeant, il me semblait que les épis se multipliaient davantage..." (extrait de la Préface, édition originale de 1919). Les Contes & légendes de Bretagne (1914, 1919, 1922) et les Nouveaux Contes & légendes de Bretagne (1922, 1925), sans compter les onze fascicules qui les précèdent, publiés entre 1903 et 1914 (et partiellement repris dans les Contes et Nouveaux Contes), font l'objet de cette nouvelle édition, entiè­rement recomposée qui comprendra 6 tomes. François Cadic, (1864-1929), né à Noyal-Pontivy (Morbihan), prêtre, pro­fesseur d'histoire, écrivain et folkloriste qui a consacré toute sa vie à recueillir contes, légendes et chansons de Bre­tagne. Il crée, en 1897, l'association la Paroisse bretonne de Paris et rapidement le journal du même nom où seront publiés, initialement, la plupart des contes et légendes de Bretagne. Avec François-Marie Luzel, il est aujourd'hui considéré comme un des collecteurs majeurs de la littérature orale de la Basse-Bretagne.

11/2017

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Littérature française

Les Républicains

Novembre 2016 : trente ans après s'être connus à Sciences Po où ils ont préparé l'ENA, deux anciens camarades se retrouvent à l'occasion d'une émission de Thierry Ardisson consacrée à la promo 1986 de l'école de la rue Saint-Guillaume. La fille en noir est une essayiste qui s'est vite affranchie de la « négritude » au service des puissants pour consacrer sa plume à Retz et à Swift. Guillaume Fronsac est énarque, banquier d'affaires et auteur d'un livre sur Machiavel qui, pense-t-il, fait de lui un écrivain. Unité de temps : ces deux là ne se quitteront plus, de 17h00 à Minuit. Unité de lieu : du 93 faubourg Saint-Honoré à leurs appartements respectifs en passant par les décors luxueux du Régina, de l'hôtel Meurice et celui de Talleyrand, ils vont déambuler dans le coeur du Paris historique du pouvoir régalien et de la Révolution française. Unité d'action : une joute intellectuelle et un suspense amoureux où se joue, à travers le bilan de leurs vies, celui d'une génération qui aura vu les politiques abandonner la mémoire culturelle et historique de leur pays. Que le spectacle commence ! Nous sommes successivement dans sa tête à elle, dans sa tête à lui et dans celle d'un narrateur omniscient. Anatomie cruelle de la chute de la maison France, advenue en trente ans avec les premières cohabitations, la collusion progressive du public et du privé et la décomposition du politique réduit à cet éternel bal des prétendants dont les fantômes jamais rassasiés de pouvoir ne cessent de nous hanter. Nostalgie sur son identité aussi, fracassée depuis le divorce de la République des lettres et de la République tout court, dans un pays où la littérature avait jusqu'alors toujours été politique et la politique littéraire. Jeu entre ces deux personnages qui s'étaient jadis embrassés le temps d'une fête, qui se cherchent et se défient, et pour lesquels, jeux de pouvoir et de séduction se confondent. En sept puissants chapitres qui scandent les heures et les lieux traversés, Cécile Guilbert mêle la grande histoire à la petite pour dresser un portrait peu flatteur d'un pays dont les élites sont à la dérive. Et elle n'épargne personne : pas plus les importants du jour croqués dans des portraits assassins que ses propres personnages, dont elle se joue avec une ironie grinçante. D'une plume allègre, cruelle et brillante, elle nous emporte dans son roman comme dans une pièce de théâtre dont on ressort séché. Autant qu'impressionné.

02/2017

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Ecrits sur l'art

Le bonheur dans la littérature et la peinture

Qu'il y ait une fatigue du bonheur, l'Occident a fait sienne cette disposition de l'esprit, avec la rapidité de ceux qui pensent ne pas tirer de l'existence autant de jouissances qu'ils s'imaginent en droit d'en connaître. Les esprits chagrins se consolent d'être impossibles à consoler par la revendication d'une amertume élevée à la noblesse d'un sentiment fondé en raison. Il faut les détromper. Si le bonheur est une création que notre culture a voulue, une croyance qu'elle a renouvelée maintes fois au cours de son histoire, cela ne veut pas dire qu'il soit une fiction. Sa redéfinition permanente atteste du désir tenace de le goûter, mais aussi, et surtout, du besoin d'en faire un horizon constant. "  Le bonheur est une chose si rare en ce monde, a écrit Théophile Gautier, que l'homme n'a pas inventé de paroles pour le rendre, tandis que le vocabulaire des souffrances morales et physiques remplit d'innombrables colonnes dans le dictionnaire de toutes les langues " . Si le bonheur est réputé indicible, considéré comme une idée subjective entre toutes, et sujette aux métamorphoses, il existe des lieux privilégiés, des moments choisis, des visages radieux, sur lesquels se lit la langue du bonheur comme une évidence. Quels sont les discours que l'Occident a tenus sur le bonheur, et quels sont les visages qu'il lui a prêtés en plus de vingt siècles  ? Telle est la perspective de cet essai. Les représentations du bonheur dans la littérature et la peinture en Occident, depuis l'Antiquité jusqu'à l'époque contemporaine, sont examinées en dix chapitres successivement consacrés au bonheur des dieux, au mythe de l'âge d'or et à la nostalgie d'une humanité perdue; au bonheur selon l'enseignement de l'Évangile; à celui prôné par les sagesses antiques, notamment stoïcienne; à celui de la fête et du divertissement; au bonheur simple des jardins; à celui tumultueux de l'amour; à celui, serein, de l'espace domestique, familial et amical; à celui recherché dans l'exotisme et l'évasion de la civilisation; à l'injonction à être heureux et aux fausses promesses d'un bonheur collectif standardisé; enfin au seul fait d'exister et à l'approbation inconditionnelle de l'existence. Chance ou effort, évident ou inatteignable, le bonheur, nous dit Kant, est "  un idéal non pas de la raison, mais de l'imagination " . On peut l'envisager, en suivant Camus, comme "  la plus grande des conquêtes, celle qu'on fait contre le destin qui nous est imposé " .

09/2022

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Comédie romantique et humorist

Veux-tu passer tous tes Noël avec moi ?

Ancien séducteur cherche mode d'emploi pour comprendre l'amour. Maxime n'aime pas Noël. Pourquoi tout le monde s'enthousiasme autour d'un vieux barbu obèse qui distribue gratuitement des cadeaux aux gamins ? Ca sent l'embrouille. Heureusement, cette année, la tournée du groupe de rock à succès dans lequel il est batteur devrait lui changer les idées ! Enfin, c'est ce qu'il pensait jusqu'à ce qu'il apprenne le retour de Mathilde, leur photographe officielle. Cela fait deux ans qu'ils ne se sont pas parlé ni vus. Avec Mathilde, les conversations ont toujours été animées et les disputes, mémorables. Pourtant, Maxime pouvait compter sur ses muscles bien dessinés, son sourire craquant et son humour sarcastique pour se faire pardonner auprès de celle avec qui il a passé tant de nuits à refaire le monde et à défaire ses draps. Mais il semblerait que ses techniques ont perdu en efficacité : Mathilde n'a aucune intention de reprendre leur relation là où ils l'ont laissée. Pire, elle lui propose de devenir... amis. " Humour, amour et beaucoup de paillettes, c'est la recette (gagnante) d'Emily Blaine " LE COURRIER PICARD "Emily Blaine est la reine de la romance française moderne" LIRE "Emily Blaine est passée maître dans l'art d'observer les errements du coeur" AuFéminin A propos de l'autrice Traduite dans six pays dont le Royaume-Uni, l'Allemagne ou encore l'Espagne, Emily Blaine s'est imposée comme l'ambassadrice de la romance moderne à la française avec plus de 700 000 exemplaires vendus. Emouvantes, drôles et ancrées dans la vraie vie, ses romances abordent avec justesse et finesse les grandes thématiques d'aujourd'hui. Avis de lecteurs " J'ai adoré plonger dans cette ambiance rock n'roll ! J'ai totalement été transportée par cette histoire autour du thème de la musique, des tournées, des répétitions... " the. story. of. jo_bouquine " Sur fond de noël, Emily Blaine nous offre une jolie comédie romantique, fraîche, pleine de peps et de rebondissements " books_trip_cats_and_coffee " J'ai passé un excellent moment de lecture avec ce nouveau roman d'Emily Blaine que j'ai dévoré en une soirée. J'ai adoré l'ambiance, le côté doudou qui fait du bien mais aussi le fait qu'on y aborde des thèmes poignants. Il y a une touche de nostalgie mais qui est admirablement bien amenée et la magie opère dès les premières pages. " The Lovely Teacher Addictions

10/2023

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Histoire de France

Appelé en Algérie. 50 ans pour défaire mon paquetage

Depuis Napoléon III, la France s'écrit un " roman " avec l'Histoire : censure, oubli, déformation, lois et décrets... Et la période 1954-1963 est certainement celle qui cristallise tous les défauts. Ce que l'on a nommé jusqu'en 1974 " les événements d'Algérie " est une période de notre Histoire que l'on a cherché à enfouir, d'autant plus que, dès 1954, la Métropole avait tourné la page. Indochine, Maroc, Tunisie, Algérie, Madagascar, ... que d'obstacles à abattre pour que démarre les trente glorieuses. Les " engagés ", qui ont enchaîné 39-45, l'Indochine et l'Algérie, ont apporté leurs témoignages, leurs révoltes. Quant aux appelés du contingent, la " Nation en armes ", cela a été la chape de plomb dès leur retour. La Nation, à ce moment-là, préférait déambuler sur les Champs Elysées ou découvrir Saint Tropez plutôt que de porter les armes. Interdit de se souvenir ! De commémorer ! Un petit noyau d'appelés ont commencé à bouger. Les événements d'Algérie sont devenus Guerre d'Algérie, des monuments aux morts ont été érigés. Ce que l'on appelle aujourd'hui travail de mémoire se met en route, avant qu'il ne soit trop tard, que cette génération ne disparaisse. En 2004, Jacques Lollioz, alors maire de Magny-les-Hameaux, et Gaëtan Pellan, Responsable des affaires culturelles, à cette époque, ont souhaité créer un monument aux morts qui permettrait de travailler, avec les enfants de la Ville, sur les notions de guerre, de paix et plus largement sur le devoir de mémoire. Cela a été le point de départ d'un travail de mémoire sur la Guerre d'Algérie. Dans ce mouvement, ce livre permet de faire resurgir des mémoires la nostalgie et l'histoire d'une jeunesse. Une jeunesse volée à la vie de 21 Magnycois qui se souviennent... La mémoire nécessite un travail en profondeur, en particulier avec les enfants. Ce livre, comme le lieu de mémoire de Magny-les-Hameaux, en sont des traces concrètes. Le devoir, ou "plaisir" de mémoire que nous agitons tous les ans avec les enfants des écoles de la ville de Magny-les-Hameaux, en créant un livre infini au fil des ans, inscrit cette trace dans la lumière. Cet ouvrage constitue une étape importante dans ce travail de mémoire. D'un abord facile, il permet à chacun des 21 anciens que la journaliste Anne-Sophie Chilard a interrogé de témoigner de cette période sombre de leur vie, de dire leur ressenti. Il vous sensibilisera aux conséquences d'une guerre si mal fichue.

09/2014

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Littérature française

Histoires du temps jadis

Plus qu'une invitation à découvrir ou à redécouvrir un temps ancien où nos grands- parents se sont aimés, où ils sont allés à la guerre, où ils vaquaient à leurs occupations dans les champs, dans les commerces, je vous parle ici de nos racines, parfois des miennes. Il n'y a pas de nostalgie, de désir de retour, mais bien une prise de conscience du temps qui passe, qui laisse des plaies béantes ou nous couvre d'or dans ses meilleurs jours. Sans hier aujourd'hui ne serait pas, et si parfois une larme venait à couler elle n'aurait rien avoir avec celles des regrets, de l'amertume. Elle coulerait de source, de la source "Emotion" que font naître, au travers maintes descriptions poétiques et champêtres des mots simples mais évocateurs, comme l'amour ou l'envie. Ces histoires pourraient bien être les vôtres parce qu'elles parlent de l'Humain, de ses penchants naturels, bons ou mauvais, et surtout de sa faculté à créer des situations parfois tragi-comiques. L'homme, de par son intelligence, de par sa curiosité aime à inventer des situations qui au final le perturbent, le motivent, le poussent à avancer, mais jamais il ne restera à ne rien faire, c'est ce qu'on appelle la Vie, cette puissance que vous retrouverez tout au long de ces cinquante trois contes et nouvelles. Imprégnez-vous en, vivez le temps d'un livre, laissez-vous prendre par la main qui vous conduira dans des chemins escarpés, mais qui après une longue et dure ascension vous montrera une vue magnifique sur le monde et vous ouvrira les yeux sur la beauté et la diversité de l'existence. Jean Piet est né en 1967 dans la petite ville de Montmorillon, sous-préfecture de la Vienne. Il quitta son Poitou natal il y a de cela sept ans pour venir s'installer à la Châtre, dans le Berry. Il vous offre ici cinquante trois contes et nouvelles. Comme prisonnier de sa région natale il n'a pu s'empêcher de citer quelques noms de communes chères à ses yeux mais, en bon Berrichon, il vous parle surtout des paysages, des villages qu'il connaît aujourd'hui. De 1880 aux tendres années de sa jeunesse, il brosse des tableaux et des portraits de personnages fictifs ou non, que son imagination ou son parcours lui ont fait rencontrer. Sa femme, Séverine Portejoie, est l'illustratrice de la quasi totalité de ses huit ouvrages. Elle dessine à la craie de pastel sec, au feutre noir fin, ou peint à la peinture acrylique.

01/2018

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Philosophie

Les puissances de l'expérience. Essai sur l'identité contemporaine

Volume 1 : Après la perte supposée d'un " sens commun ". les héritiers des modernes se tournent vers le " monde commun ". C'est le monde partagé par ceux qui, éprouvant quelque chose, peuvent comprendre ce qu'ils éprouvent, comprenant ce qu'ils éprouvent, peuvent dire ce qu'ils comprennent et disant ce qu'ils comprennent, peuvent s'entendre sur ce qu'ils disent. Aussi, face aux verdicts fin de siècle qui martèlent notre époque comme autant de soubresauts où s'essoufflent les nostalgies du sujet, c'est plutôt dans la logique d'un verbe sécularisé que l'on s'enquiert du sens à construire. Il s'agit de la logique des procès d'entente. Du fait qu'elle mobilise les distinctions de temps, de modes, de voix, de personnes, et toute cette grammaire qui permet de communiquer par-delà les différences de langue et de culture, ce qui nous était le plus familier devient alors l'énigme : comment la grammaire est-elle possible ? Loin de tomber du ciel, elle s'enracine dans les expériences profondes au cours desquelles nos rapports au monde se sont progressivement différenciés. Jean-Marc Ferry découvre ainsi dans la préhistoire de notre aptitude à communiquer le drame fascinant des réclamations et frustrations, illusions et désillusions dont l'enchaînement définit la dialectique où chaque moment significatif d'un nouveau désenchantement marquait aussi bien la libération de cette énergie réflexive que l'on nomme " raison ". L'histoire y prend sa source. Elle se déploie comme le discours qui, à travers ses registres différents, de la narration et l'interprétation à l'argumentation et la reconstruction, élabore les compréhensions du monde où se forment nos identités. Volume 2 : La question porte ici sur les conditions réelles de la communication sociale et politique. Dans l'interdit du contact direct entre les personnes s'engendre une semiosis sociale. Elle est tissée par des régulateurs artificiels qui, tels le signe monétaire et le règlement juridique, médiatisent la reconnaissance réciproque. C'est le système. Il a remplacé, pense-t-on, la violence naturelle par une autre, car sa rationalité dure détruirait la raison molle du monde vécu dont il est pourtant issu, faisant peser une menace sur l'identité et la citoyenneté. Comment la communication peut-elle alors reconquérir sa propre essence réifiée dans l'organisation ? Comment les individus font-ils face, dans nos sociétés, à l'autonomisation des ordres différenciés, cette complexité horizontale qui définit pour le monde des personnes les ordres de la reconnaissance, où se joue notre responsabilité ? Or, en catalysant les demandes d'une responsabilité étendue aux temps jusqu'ici abandonnés à une gestion non critique des mémoires nationales, la construction de l'Europe politique invite à une réflexion fondamentale sur les relations qu'entretiennent les individus et les peuples. Entre un culturalisme pédant qui relègue les hommes au musée et un universalisme arrogant qui méprise les contextes culturels, il y a place pour considérer la situation qu'occupe chaque peuple dans une histoire de la reconnaissance. C'est cette situation morale qui doit être philosophiquement comprise et identifiée, afin d'éclairer le sens politique des relations prises entre les nations.

12/1991

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Science-fiction

Mille neuf cent quatre-vingt-quatre

"Le pouvoir nous enseigne à rejeter l'évidence de nos yeux et de nos oreilles. C'est son commandement ultime, le plus essentiel. Winston sentit son coeur lui manquer à la pensée de la puissance démesurée qui était déployée contre lui, à la facilité avec laquelle n'importe quel intellectuel le remettrait à sa place avec des arguments subtils qu'il serait incapable de comprendre, et plus encore de contrer. Et pourtant, il avait raison ! Ils avaient tort, il avait raison. Il fallait défendre les évidences, les platitudes, les vérités. Les truismes sont vrais, accrochons-nous à cela ! Le monde physique existe, ses lois ne changent pas. Les pierres sont dures, l'eau est liquide, tout objet lâché est attiré par le centre de la terre. Avec le sentiment de s'adresser à O'Brien, et aussi d'énoncer un axiome important, Winston écrivit : "La liberté est la liberté de dire que deux et deux font quatre. Si cela est accordé, tout le reste suit. "" Dans la mégapole d'une superpuissance mondiale, Winston Smith vit, cadenassé dans sa solitude, sous le regard constant du télécran. Employé au ministère de la Vérité, il réécrit quotidiennement les archives de presse pour les rendre conformes avec la ligne officielle du moment. Mais un jour, le petit employé de bureau se rebelle, commence un journal, tombe amoureux et flâne dans les quartiers où vivent les proles, soustraits à la discipline du Parti. Dans ces lieux où subsistent quelques fragments du passé aboli, il va s'engager dans la rébellion. "Novlangue" , "police de la pensée" , "Big Brother" ... Soixante-dix ans après la publication du roman de George Orwell, les concepts clés de 1984 sont devenus des références essentielles pour comprendre les ressorts totalitaires des sociétés contemporaines. Dans un monde où la télésurveillance s'est généralisée, où la numérisation a donné un élan sans précédent au pouvoir des grandes entreprises et à l'arbitraire des Etats, où le passé tend à se dissoudre dans l'éternel présent de l'actualité médiatique, le chef-d'oeuvre d'Orwell est à redécouvrir dans une nouvelle traduction et une édition critique. Parue pour la première fois au Québec en 2019 aux éditions de la Rue-Dorion, cette nouvelle version corrige les lacunes de la traduction initiale réimprimée à l'identique depuis 1950 (une quarantaine de phrases manquantes, de nombreux contresens) ; et, au contraire de la traduction "moderne" parue en 2018, restitue la dimension philosophique et la fulgurance politique du roman d'Orwell dans les termes que des millions de lecteurs se sont appropriés depuis plus d'un demi-siècle ; tout en rendant hommage à la dimension poétique de cette oeuvre pleine d'humour, d'amertume et de nostalgie.

01/2021

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Autres philosophes

Le Livre dont Jean Baudrillard est le héros

Le Livre dont Jean Baudrillard est le héros répond à un double enjeu. Il est d'abord conçu comme une porte d'entrée vers la pensée de cet auteur inclassable et souvent mécompris dans le monde francophone. L'ouvrage répond au défi suivant : comment peut-on concevoir une initiation à la pensée de Jean Baudrillard, sans passer par le commentaire universitaire, l'exégète classique ou la glose herméneutique ? Comment détourner le savoir totémique des universitaires, qu'il disait lui-même honnir, tout en permettant aux lecteurs et aux curieux de s'approprier sa pensée et ses concepts en douceur ? L'ouvrage reprend le format bien connu des " Livres dont vous êtes le héros ", ou fictions interactives qui ont connu un certain succès éditorial notamment auprès des jeunes public, il organise donc une fiction interactive autour de cet auteur en mêlant le biographique au philosophique, l'intime au conceptuel, le propédeutique au burlesque. Trois grandes voies narratives s'entremêlent. D'abord, une première voie permet de naviguer dans la vie de Jean Baudrillard – une vie plus ou moins fictionnalisée, dans la plus pure tradition baudrillardienne. Cette voie mobilise des sources inédites de et sur l'auteur (correspondance privée avec ses parents, archives de l'IMEC, photographies personnelles, etc.) Des éléments parfois très ordinaires sont mobilisés pour dire sa pensée. Ensuite, un double fictionnel organise une voie en contrepoint (la question du double hante l'oeuvre de Baudrillard). Ce personnage est marqué par une absence de destin, des péripéties de l'ennui et de la médiocrité. Une troisième voie narrative est plus théorique, abstraite et conceptuelle. Elle permet de se balader dans son oeuvre, en sillonnant de citations en citations, sa philosophie ainsi mise en intrigue. Au final, cette première partie permet à la fois au lecteur de " jouer " à suivre et incarner la vie et la pensée de Baudrillard, tout comme elle peut être parcourue dans un ordre aléatoire. La seconde partie du livre intitulée " Morale de la Traverse " se veut réflexive et théorique, elle pose la question suivante : comment vivre sa vie avec la pensée de Jean Baudrillard, en tant que " mode d'emploi " de la vie. En quoi la spécificité de cette pensée peut être envisagée sous un angle moraliste, voire acquérir une dimension ésotérique qui ramène du hasard dans le destin ? Et comment cette dernière permet une lecture du monde au quotidien : comment traverse-t-on une existence avec le système de pensée de Baudrillard et son renversement perpétuel que nous proposons de nommer la Traverse ? On y parle autant de l'homme-dé, d'un guide de survie à l'attaque d'un ours, de la fin du recoin, du détournement médiatique, du simulacre de la nostalgie et du monde qui va se venger de nous. Avec une préface d'Edgar Morin.

01/2023

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Philosophie

Cahiers de médiologie N° 3 : Anciennes nations, nouveaux réseaux

Ouverture : Odon Vallet, Nation : genèse d'un mot Andre Guillerme, Réseau : genèse d'un mot Régis Debray, La statue descellée par ses socles même Espaces et nation : du facteur au serveur : Catherine Bertho-Lavenir, Le facteur national : la politique des réseaux postaux Odon Vallet, Sur la crête des nations André Lebeau, Satellites versus Etats : du GEO au LEO Jean-Paul Tchang, De la criée au Globex : l'interconnexion des marchés P-Frédéric Tenière-Buchot, L'Etat-nation soluble dans l'eau ? Bernard Barraque, Réseaux hydrauliques : territoires mouvants Augustin Berque, Biosphère ou cybermonde ? Seok-Kyeong Hong, Corée : bi-bop, famille, patrie Daniel Dayan, Médias et diasporas Marc Verprat, Le pays sans carte Karine Douplitzky, Quelle citoyenneté pour mon avatar ? Images et nation : de l'icône au sit-com : Jean Clair, De l'art en France à Made in France Bernadette Dufrene - Pontus Hulten, L'art est-il trans-national ? (entretien) Jean-Michel Frodon, La projection nationale. Cinéma et nation Pierre Haffner, Nations nègres et cinéma Dileep Padgaonkar, TV et Mother India (entretien) Karine Douplitzky, Chandigarhr, architecture pour une nouvelle nation Luiz Martino, Brésil : de la nation comme telenovela François-Bernard Huyghe, Voir l'ennemi : l'hostilité à l'âge cathodique Sadok Hammami, L'exil des regards Jérôme Clément, Peut-il y avoir une (télé)vision franco-allemande ? (entretien) Langages et nation : du cahier au fichier : Anne-Marie Thiesse, La construction scolaire Geoffrey Numberg, L'Amérique par la langue Jaron Lanier - François Cusset, Programmes informatiques, programmes politiques (entretien)Denis Laborde, Les Sirènes de la World Music Bruno Oudet - Jean-Claude Guédon, Vers une nouvelle écologie des langues ?François Cusset, Grand soir et petite souris Jean-Marie Apostolides, L'affaire Unabomber Jacques Perriault, De nouvelles gares pour le savoir Kiosque : Catherine Bertho-Lavenir, Saint-Simon : la thèse de Musso Daniel Bougnoux, De l'empreinte à Photoshop Jacques Perriault, De la parole républicaine à l'écrit impérial Monique Sicard, Science et culture : histoire d'une rupture - Cérémonies télévisuelles Henri Gay, Willy Ronis : humour, système, humour systématique Serge Tisseron, Du trouble du corps au trouble du clone Frederic Mora, Un cauchemar américain Serge Tisseron, Réseau symbolique et société virtuelle - La nostalgie des signes Karine Douplitzky, Chris et l'amour ; Chris. et la mort Catherine Bertho-Lavenir, Gaston technologue François Cusset, Le désert des lève-tard Jean-Michel Frodon, Beaubourg face à l'Histoire Monique Sicard, Marcheschi, le noir dessein Karine Douplitzky, Exposition temporaire à la Cité des Sciences et de l'Industrie, décembre 1997. Nouvelle image ; nouveaux réseaux Jean-Louis Malandais, L'anglais, face cachée du français Daniel Bougnoux, Pierre Bourdieu, la science et les médias - Pierre & Gilles, petits vernis Jean-Michel Frodon, Deux petites notes en passant Anthologie : Collectifs, Réseaux et nations, de Achille-Nicolas Isnard à Jacques Le Goff

04/1997

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Divers

Mam's

Une BD signée Elodie Gossuin et Céline Bailleux pour parler avec humour des défis des parents d'aujourd'hui ! 16 chroniques déjantées qui nous embarquent dans la vraie vie de famille ! Entre les petites remarques pas si anodines de l'entourage, la pression que l'on se met via les réseaux sociaux, les galères du quotidien, et les grandes questions existentielles des enfants... pas toujours facile de trouver son équilibre loin de l'image idéalisée de la super-maman, héroïne des temps modernes ! Elodie Gossuin, mère aguerrie de deux paires de jumeaux, signe ici une BD qui balaie les grands et les petits sujets de la vie de famille au travers de 16 chroniques illustrées, la mettant en scène avec sa famille. Une illustratrice avec un style girly et plein d'humour, Céline Bailleux, croque ces scènes du quotidien et y amène l'indispensable touche d'humour un poil déjantée mais pleine de tendresse. Contraception, sexualité, charge mentale, éco-anxiété et engagement, lâcher-prise en famille, complicité et moments de joie... : pour chaque thème abordé Elodie pose un regard plus ou moins sérieux (selon le thème) avec son retour d'expérience et offre ensuite un pas de côté avec des interviews d'experts, un anti-conseil ou des quiz délirants. Une BD qui s'inscrit à rebours des guides de parentalité et propose un anti-mode d'emploi grand public et 100 % authentique. Le ton est léger, plein d'humour et d'autodérision, afin de déculpabiliser les mamans qui ont l'impression de ne pas y arriver et leur faire prendre un peu de recul. Alors, #teampaillettes ou #teamboulette, plus besoin de choisir son camp ! Au menu : 16 chroniques BD du quotidien croquées avec humour et un regard déculpabilisant un pas de côté pour chaque chronique sous la forme de... paroles d'expert, anti-conseil, quiz... L'égalité du slip, on en parle ? + pas de côté : 3 questions à mon expert, Vincent Daneluzzi, infectiologue et sexologue au CH de Nanterre Un p'tit dernier pour la route ? + pas de côté : Mon tableau délire pour dire bye bye à la nostalgie du petit dernier... Instagram Life VS Real Life #MaVRAIEsemaine + pas de côté : les règles d'or quand on poste sur les réseaux C'est l'histoire d'une abeille... + pas de côté : "Help ! Je suis tombé. e sur son historique... Je fais quoi ? " => María Hernández-Mora Ruiz del Castillo, psychologue clinicienne spécialiste des questions relatives à l'addiction sexuelle et cybersexuelle et fondatrice de assodeclic. com nous livre 5 étapes pour dépasser notre gêne et parler de sexe, de porno et d'addiction (et pas des abeilles qui butinent. Hum.)

09/2023

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BD jeunesse divers

Happif Birthday. Strips 75 ans Pif

STRIP PIF 75 ans après... par Mircea ARAPU Collection Pif et Hercule Pif le chien est né le 28 mars 1948 sous le crayon de l'espagnol José Cabrero Arnal, au rythme d'un Strip quotidien publié dans le journal l'Humanité, créé par Jean Jaurès. Pif finira par donner son nom au magazine Vaillant, véritable creuset de la BD francophone. Les Editions Vaillant et Pif Le Mag ont décidé de rendre hommage à ce personnage iconique, apprécié encore aujourd'hui par 61% des Français. source Harris interactive, sondage réalisé en mars 2022) Le directeur de la publication du magazine a chargé Mircea Arapu, le Roumain débarqué tout jeune à la rédaction de Pif Gadget en 1982, de renouer avec l'esprit de ces strips drolatiques et poétiques en trois ou quatre cases. Mircea Arapu est l'homme de la situation. Il a travaillé avec les plus grands, Kamb pour Arthur le fantôme, a réalisé les Pif de couverture dès 1985, ainsi que les illustrations de gadgets, dont le fameux Artémia salina, les oeufs de la préhistoire. Amoureux du style Arnal, il incarne dans cet ouvrage un retour aux sources. Le timbre des 75 ans, édité par La Poste, en forme de strip, une première dans l'histoire de la philatélie, a d'ailleurs été choisi parmi une vingtaine de projets des dessinateurs de Pif, par La Poste et la Rédaction du magazine. Mircea Arapu en est l'auteur. Il a travaillé et retravaillé, se pliant aux désidératas de la rédaction et du directeur de la publication, conscient de la mission impossible qui lui avait été confiée par Frédéric Lefebvre, qui a voulu ce clin d'oeil historique et moderne à l'immense créateur de Pif. Des dizaines de Strips, parfois en vers comme aux tout débuts du personnage, mettent en scène Pif et son meilleur ennemi Hercule, né, lui, en 1949. Des gags de vies du couple de chien et chat le plus célèbre de l'histoire mondiale, à se tordre de rire. Nostalgie et émotion garanties à chaque case ! Et, en prime, le Strip le plus long de l'histoire de la BD... Le lecteur en redemandera en arrivant au bout de ces 48 pages de bonheur. Mircea Arapu, auteur d'histoires de Pif & Hercule, Placid & Muzo ou encore Arthur le fantôme a accepté de renouer avec le, style initial du personnage, après les innombrables Strips de Roger Mas ou ceux, plus récents, de François Corteggiani (brutalement disparu le 21 septembre 2022) avec lequel il a collaboré souvent et auquel il a finalement succédé dans le quotidien l'Humanité, au rythme effréné d'un Strip par jour... Nostalgiques ou novices, collectionneurs ou farfouilleurs, cet ouvrage est fait sur mesure pour leur plaire.

04/2023

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Littérature française

Vicki et Mr. Lang

1953, Hollywood. Fritz Lang tourne "Human Desire", un remake du film de Jean Renoir, "La Bête humaine", adapté du roman de Zola : un drame de la jalousie qui met en scène un triangle amoureux et le porte à la haine, à la violence et au meurtre. Vicki, une jeune femme mariée à Carl, un homme usé et violent, tente de convaincre Jeff, son amant, jeune cheminot de retour de la guerre de Corée, de l'aider à se débarrasser de son mari. Ce dernier la fait chanter après avoir assassiné un homme riche et influent dans les bras duquel il avait poussé son épouse pour conserver son emploi. Qui est Vicki Buckley ? Une femme fatale cynique, menteuse, perverse, usant de ses charmes pour manipuler les hommes et arriver à ses fins ? Ou bien une jeune femme victime d'une Amérique puritaine, de la violence et de la lâcheté des hommes, qui cherche désespérément à sauver sa peau ? La Bête, c'est elle, martèlent les producteurs. Mais pour Fritz Lang, le Mal est partout, pas seulement sur les épaules de Vicki. Excédé par la bêtise de l'idéologie hollywoodienne et ce qu'il voit comme un moralisme niais, il se bat pied à pied pour déjouer les injonctions des producteurs avec la seule arme qui lui reste⯠: la mise en scène. C'est la mise en scène qui montrera que Vicki n'est pas la garce que le scénario a fabriquée, mais une femme beaucoup plus complexe et riche de secrets. Portrait du vieux Lang en artiste Inspiré de faits réels, "Vicki et Mr. Lang" est un roman construit autour de la relation passionnelle qui unit Lang à son héroïne (le réalisateur n'est-il pas aussi secrètement amoureux de son actrice, Gloria Grahame ? ) : l'auteur réinvente des personnages authentiques (Fritz Lang, les acteurs du film) et fond la fiction dans la fiction, le film dans le tournage du film tel qu'il l'imagine. Entrecoupant le récit de "Human Desire" de scènes d'écriture du scénario, de scènes de tournage, d'autres encore où Lang s'interroge ou se remémore des tournages passés, le roman alterne les points de vue sur Vicki, celui du cinéaste, celui du narrateur, tous deux scrutant son âme, pour mieux la cerner et percer son mystère. Jean-Paul Engélibert imagine un Fritz Lang virtuose de la mise en scène, travailleur acharné, obsessionnel, mais aussi vieillissant (il a 63 ans), solitaire et désabusé, tyrannique sur le plateau : sa carrière américaine touche à sa fin et 3 ans plus tard, ne parvenant plus à tourner à Hollywood, il rentrera en Allemagne pour y faire ses 3 derniers films. Volontiers méditatif, regrettant peut-être sa jeunesse en Allemagne, il se retourne avec nostalgie sur un passé où il avait les coudées franches pour exercer son art.

10/2022

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Franc-maçonnerie

Pourquoi les francs-maçons veulent-ils reconstruire le Temple ?

Un livre sur un sujet d'actualité Nous vivons dans une société parfois difficile, violente, dans des temps souvent angoissants. Ce pourrait être mieux, et peut-être l'humanité a-t-elle connu des temps meilleurs. La nostalgie d'un autrefois paisible et harmonieux nous renvoie à l'idée qu'un monde idéal ou idéalisé a pu être détruit, qu'il est à reconstruire pour asseoir sécurité, fraternité et bien-être. Le temple maçonnique est le lieu d'accueil de la dignité humaine où règne la fraternité universelle. La franc-maçonnerie a ce projet pour l'humanité. Elle s'appuie ici sur plus de trois siècles de traditions issues des bâtisseurs de cathédrales et des idées du siècle des Lumières. Les maçons sont proportionnellement peu nombreux dans les divers pays où l'Ordre est toléré. De plus, ils sont discrets, ce qui contraste avec le tumulte médiatique, écho bruyant de la volonté d'ostentation de ceux qui veulent avoir toujours plus d'influence. L'influence de la maçonnerie est dans l'exemplarité des frères, dans leur constance depuis des siècles à bâtir avec bienveillance un monde fraternel. La maçonnerie, une institution pour aider l'Homme à se réaliser dans le Beau, le Vrai et le Juste : la tâche du maçon est de bâtir Il existe une analogie entre l'homme et la pierre. Agresser l'un ou l'autre, le frapper avec un instrument métallique ébranle la sensibilité de l'un, fragilise la cohésion de l'autre. Aussi, aucun outil en fer n'a été utilisé pour construire le temple de Salomon. Les ouvriers du temple et leur travail pour achever la reconstruction ne peuvent pas être fragilisés et doivent avoir des assises solides. La restauration de cet édifice destiné à l'humanité passera par le réenchantement du monde. Le travail des bâtisseurs francs-maçons nécessite un engagement persévérant. Il a toute sa place dans la société d'aujourd'hui pour apporter du sens dans un monde quelque peu insensé. QUEL TEMPLE ? De l'histoire aux symboles - De Salomon aux francs-maçons Le plan du temple de Salomon, détruit il y a bien longtemps, inspire celui du temple maçonnique. Le temple que les frères veulent reconstruire avec persévérance est immatériel. Il a deux contenus, la Lumière intérieure qui brille au tréfonds de chacun et l'accueil fraternel de tous les êtres humains dans une société tolérante. Dans l'ouvrage, nous aborderons le sujet de la volonté de cette reconstruction par les maçons en suivant la méthodologie maçonnique : par des questions-réponses nous insistons sur les outils symboliques clés apportés par l'Ordre et son ancienne tradition. La volonté de rebâtir le temple est inhérente à l'ordre maçonnique et cette reconstruction est un devoir impératif pour chaque frère.

06/2023

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Théâtre

Il ne faut jurer de rien ; On ne saurait penser à tout

Sur un théâtre ancien, faisons des pièces ludiques. Tel pourrait être le mot d’ordre d’Alfred de Musset quand il s’adonne au proverbe, genre dont Il ne faut jurer de rien et On ne saurait penser à tout sont d’incontestables réussites. Impertinentes et drôles, ces pièces bousculent les formes théâtrales empesées et le sérieux des convenances. L’esprit fuse, les surprises succèdent aux quiproquos, les incongruités aux cocasseries. L’alacrité du ton, le sens du rythme et la verve de l’échange dépoussièrent les situations déjà vues et dégourdissent les dialogues. Avec Il ne faut jurer de rien (1836) et On ne saurait penser à tout (1849), voici venu le temps de la jubilation théâtrale Les deux pièces revendiquent un certain héritage intellectuel, assument une nostalgie littéraire, le génie de Musset transmuant un théâtre de société en une oeuvre dramatique originale et nouvelle. Il ne faut jurer de rien et On ne saurait penser à tout confirment la préférence pour la « fantaisie à la française », comédies où se croisent l’humour et l’esprit, deux qualités que Musset attribue au génie dramatique qu’il admire le plus, Molière. Dans nos deux pièces, cinq personnages se croisent (si l’on excepte les utilités). L’intrigue est en général assez mince. Dans Il ne faut jurer de rien et On ne saurait penser à tout, un mariage doit se conclure, mais, à la ligne droite des consentements mutuels, les jeunes héros préfèrent les courbes romanesques et les épreuves du coeur. On le voit, la mythologie personnelle de l’auteur et une pointe de marivaudage enrichissent le genre des proverbes. La part ludique des deux pièces n’exclut pas une lecture « sérieuse » des moeurs du couple « moderne ». C’est même ce qui singularise la poétique de Musset et le situe entre Molière et Oscar Wilde. Entre vérité du coeur et amusement de l’esprit, Musset travaille à la frontière d’un genre. Les deux pièces de Musset qui se caractérisent par leur sens du rythme, de la formule et de l’à-propos confèrent au présent de l’action densité et humour. Le sens du dialogue, constamment animé par une brillante énergie, imite la conversation mondaine pour mieux s’en démarquer. Jeux de mots et coq-à-l’âne démontrent la puissance de déflagration du langage. Constamment les incongruités interfèrent avec les propos sérieux ou simplement anodins. Les dialogues deviennent un peu fous. Bien des obstacles séparent les amoureux d’Il ne faut jurer de rien et d’On ne saurait penser à tout. Franchies une à une, grâce à « la transparence vagabonde », ces épreuves redonnent un sens à l’amour. Certes, personne n’est tout à fait dupe, et Musset le premier qui refusera d’épouser Aimée d’Alton, mais il est bon de croire au bonheur et de tourner la page à l’heure des confessions intimes.

04/2011