#Essais

Les traces coloniales dans le paysage français. Monuments et mémoires

Robert Aldrich

La France continue de redécouvrir son ancien Empire. Pendant longtemps sujet de nostalgie pour certains, d'embarras pour d'autres, mais ignoré par beaucoup, ces dernières années le thème du passé colonial est devenu un sujet d'actualité. A la fin des années 1990, le 150e anniversaire de l'abolition de l'esclavage et la déclaration parlementaire définissant l'esclavage et le commerce d'esclaves comme des crimes contre l'humanité, ont rappelé l'histoire de l'esclavage dans l'Empire français, une histoire longue de plusieurs siècles. De nouvelles révélations sur la pratique de la torture durant la guerre d'Algérie — dont l'affaire Aussaresses en 2000 — ont focalisé les débats sur l'histoire trouble de la colonisation et la décolonisation du Maghreb. La loi controversée du 23 février 2005 incitant les professeurs à enseigner le rôle positif de la France en Afrique du Nord provoqua des débats intenses. Ils portèrent sur les faits et les fautes des colonisateurs, mais également sur la mémoire du colonialisme, comment l'enseigner et finalement sur le rôle du pouvoir législatif dans la transmission du savoir sur la période coloniale. Les conflits de la France contemporaine, de l'affaire du foulard aux troubles dans les banlieues, étaient liés, au moins aux yeux de certains commentateurs, aux suites de la colonisation. Les programmes de télévision et le cinéma, notamment avec le film Indigènes, ont présenté au grand public des aspects de l'histoire coloniale qui avaient été abandonnés dans les recoins de la mémoire collective. Des partis politiques et des groupes de pression, de l'extrême-droite à des organisations comme les Indigènes de la République, ont instrumentalisé l'histoire coloniale pour promouvoir leurs propres batailles. Les universitaires ont débattu du sujet de l'amnésie et de l'anamnèse coloniales et se sont interrogés sur la question d'une " fracture coloniale " dans la société française. Des personnages publics ont appelé à reconnaître publiquement les erreurs du passé ou, en opposition, ont refusé une "repentance" qu'ils considéraient comme injustifiée. Ce que Benjamin Stora définit comme une "accélération de la mémoire" a conduit à la croissance des manifestations liées au passé colonial et des débats. En effet, l'étude de "la mémoire coloniale", de l'héritage colonialiste et de l'historiographie coloniale est maintenant devenue un sujet de recherche.

Par Robert Aldrich
Chez Société Française d'Histoire des Outre-Mers

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Histoire de France

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trad. Ly-Lan Dill-Klein
01/03/2011 388 pages 26,00 €
Scannez le code barre 9782859700447
9782859700447
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