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Romans historiques

Sorcière !

De 1459 à 1461, à Arras, une trentaine d'hommes et de femmes furent accusés de faits de sorcellerie. Près de la moitié furent condamnés à être brûlés vifs en place publique. Les aveux les plus extravagants - sabbat avec le diable, vol magique, contamination des récoltes, etc. - ayant été extirpés par la torture, le procès de la Vauderie d'Arras est emblématique ; il est le premier des nombreux autres qui suivront aux XVIe et XVIIe siècles. Deux descendants de ceux qui y ont péri dans les flammes de l'inquisition décident de mener l'enquête, qui les mènera de Bruges à Paris en passant par Arras. Pour Eudoxie et son frère Perrin, il s'agit de comprendre qui a dénoncé leurs parents, et pourquoi. Pour cela, ils doivent revenir aux sources. Les pistes qu'ils suivront impliqueront de démêler les fantasmes des so-ciétés secrètes médiévales mais les amèneront surtout à réactiver le procès en appel au Parlement de Paris. Cette enquête, crédible et authentique, s'appuie sur la démarche judiciaire propre au Moyen Age : la récolte de témoignages. Mais se heurtant à des intérêts politiques qui les dépassent, le périple de ces personnages ne sera pas sans difficulté ni rebondissements. Comme pour ses précédents romans, Saltarello (Actes Sud, 2009) et Migne Mystique (Imperiali Tartaro, 2013), Matthieu Dhennin s'est assuré de l'appui et de la relecture d'historiens de premier plan.

09/2019

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Droit

Les robes noires dans la guerre économique

Séisme dans le monde des avocats : une véritable " révolution des prétoires " jette les robes noires dans la fournaise de la guerre économique. Stratèges ou fantassins de seconde classe, ces hommes et ces femmes de loi sont devenus de nos jours des acteurs indispensables de toute stratégie de conquête ou de défense des marchés. Pour dévoiler ce rôle inédit des avocats, il fallait l'un d'entre eux, expert reconnu de l'intelligence économique et des stratégies juridiques des entreprises. Décisions judiciaires à l'appui, sa plume révèle le bras de fer de Greenpeace avec Areva, société protégée par l'État ; la lutte des producteurs de champagne pour étouffer les rumeurs sur une possible contamination par les déchets radioactifs enfouis à deux pas de leurs vignobles ; la frénésie procédurale de Xavier Niel, le fondateur de Free pour s'imposer face aux trois autres opérateurs télécoms ; l'assaut des défenseurs de l'environnement qui luttent contre les coupables des marées vertes. À chaque fois, c'est une débauche d'astuces juridiques mais aussi médiatiques, d'attaques surprises et de retournements de situations dignes des grands thrillers. Les robes noires sont, dans ce combat, affaiblies par la volonté expansionniste des Anglo-Saxons qui veulent imposer leur système juridique et les tentatives d'autres professions pour réduire leur terrain d'action. Elles doivent enfin gérer l'irruption dans le prétoire des techniques de " com ". Autant de bouleversements juridiques qui conditionnent désormais les rapports de force dans le domaine économique.

05/2011

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Sociologie

Petit lexique d'optimisme officiel. Comprenant syndromes, paradoxes, directives, faux amis et autres notions obligatoirement positives

Ne dites pas " précarité ", dites " flexibilité ". Ne dites pas " antitechnicien ", dites " obscurantiste ". Ne dites pas " réforme ", dites " modernisation ". Ne dites pas " empoisonner " ni " polluer ", dites " fertiliser ". Nier l'évidence, rassurer à tout prix, même et surtout quand l'incendie fait rage, tel semble être l'objectif du pouvoir et des " communicants " face aux questions soulevées par des situations ou des risques de plus en plus inquiétants. En particulier dans le domaine sensible de l'" environnement ", la réponse est toujours la même : tout va bien, les mauvais signes apparents sont trompeurs, anodins, inexistants. Dans un monde où les paysans sont devenus " exploitants agricoles " et les patrons " entrepreneurs ", où la charité se déguise en " action humanitaire ", où derrière un " plan social " se cache un licenciement massif, ce Petit lexique nous aide à saisir comment la sémantique officielle s'applique à ne pas voir la réalité, à minimiser les périls, à désigner en termes positifs les phénomènes qui le sont le moins. Il relève à la fois les " faux amis " et les paradoxes qui signifient autre chose que ce qu'ils désignent, voire le contraire (abondance, liberté, croissance, bonne nouvelle...), les conduites aberrantes constituées en véritables syndromes (de l'autruche, du Père Noël...) ou en directives (s'obstiner dans l'erreur, jouer avec le feu...) et la contamination du langage par l'économisme (gérer ses relations, optimiser...). L'" élimination des mots indésirables " (et donc des concepts interdits) que craignait Orwell est-elle en train de triompher ?

01/2007

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Suspense romantique

Kiss me only

Los Angeles : ses plages, ses soirées branchées, ses people et... ses meurtres. Timothy Perkins, alias Ryan Seed, a été tué lors des Gay Porn Awards, et s'il a tout d'une victime de meurtre comme les autres, c'est bien le milieu dans lequel il évoluait qui perturbe l'inspectrice Ellie Burton et la ramène à ses démons. Difficile de se débarrasser des idées préconçues lorsque l'on a été trompée et que la moindre possibilité de contamination vous effraie. Or l'industrie pornographique a tout du condensé de ses pires craintes. Heureusement, Ellie peut compter sur son partenaire, Anton Bowman, pour la guider dans ses découvertes. Contrairement à elle, c'est un univers qu'il connaît bien, puisqu'il est un grand fan de Ryan Seed... et d'Ace Levine. Ace Levine, ou plutôt Scott Mills, qui n'est autre que le meilleur ami de la victime et le principal témoin à leur disposition. Et contrairement à ce que son métier laisse supposer, Scott n'est pas gay. Dès lors, Ellie sait qu'elle va devoir se battre contre ses angoisses et ses préjugés si elle veut espérer démasquer le tueur. Car le rapprochement qui s'opère entre elle et Scott malgré les circonstances ne peut être feint ou anodin. Ellie va devoir se bousculer pour le bien de l'enquête, mais est-elle seulement prête à voir sa vie chamboulée pour autant ?

12/2022

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Santé, diététique, beauté

Vies et VIH. Vivre au quotidien avec le virus du Sida

Propos recueillis par Alain Lafeuillade Médecin et Nicole Fau Journaliste Comment vit-on aujourd'hui avec le virus du Sida (VIH) ? Les auteurs se sont posé cette question, car si la maladie est toujours là, plus de 35 ans après la découverte du virus responsable, elle paraît banalisée. Qui en parle ? Les patients ? En général, non. Les médias ? De moins en moins, si ce n'est plus du tout. Ce n'est plus "une maladie à la mode" , nous a rétorqué un journaliste ! Certes, mais 150 000 patients en France vivent avec ce virus et le nombre de nouvelles contaminations par an ne baisse pas : 7 000 nouveaux cas d'infection. Alors, comment vivent ces personnes ? C'est ce que nous avons voulu savoir. A travers 20 témoignages de patients, nous en avons appris beaucoup. Pour certains, "on fait ce qu'il faut, mais on l'oublie vite" , une forme de déni en quelque sorte ; pour d'autres, "c'est le combat de leur vie" et ils s'investissent auprès des associations de malades et sur Internet. Il n'y a donc pas de "portrait-robot" face à cette maladie. Vous découvrirez, à la lecture de ces 20 témoignages de patients, que se mêlent, selon les cas, la passion, l'amour, la recherche du plaisir, la joie, la résilience, mais aussi la peur, la mort, la drogue, la prostitution, l'oubli, la honte, l'isolement. Cet ouvrage est complété de témoignages de soignants, en prise au quotidien avec cette maladie. Espérons qu'il permettra à chaque lecteur d'envisager différemment l'infection par le VIH/Sida, même si "elle n'est plus à la mode" , et de regarder son voisin séropositif d'un oeil nouveau.

06/2020

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Histoire internationale

Les Belges

Des crimes de Marc Dutroux, en août 1996, à la contamination de poulets par la dioxine, en juin 1999, la Belgique n'a cessé de défrayer la chronique. L'évasion rocambolesque du même Dutroux et le discrédit jeté sur le Tour de France par des fournisseurs flamands de produits dopants complètent la série catastrophe qui révéla la fragilité d'une société ayant accumulé trop longtemps sans réagir deuils et pertes de repères. Le monde entier s'est interrogé : la Belgique, considérée jusqu'alors comme une démocratie stable et prospère, ne serait-elle pas en train de basculer dans l'anarchie ? Cet État fraîchement fédéralisé allait-il suivre l'exemple de la Yougoslavie et de la Tchécoslovaquie et, à son tour, disparaître du continent européen ? Malgré leur individualisme atavique et leur scepticisme chronique à l'endroit de toute forme de pouvoir, les Belges ont montré leur capacité, tant morale que politique, à surmonter cette crise et à entreprendre des réformes nécessaires à la restauration de l'État de droit. La " marche blanche " d'octobre 1996 fut le signal de ce redressement. Les élections législatives de juin 1999 ont confirmé cette volonté de réhabilitation de la citoyenneté. Le récit enlevé et l'analyse brillante de Didier Pavy constituent à l'évidence une mine riche d'enseignement pour une Europe de plus en plus multiculturelle et ouverte sur le monde, où l'État-nation se trouve remis en question et où les élites politiques et intellectuelles doivent gérer des situations économiques et sociales de plus en plus complexes.

09/1999

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Critique littéraire

Le latin de polybe. Les implications historiques d'un cas de bilinguisme

Le plus grand des historiens de Rome est un Grec. Il y vcut longtemps et subit l'influence de la culture et de la mentalit romaines. Son jugement sur la conqute, qu'il considre comme l'un des phnomnes majeurs de l'histoire universelle, s'en trouve affect, mais dans quelle mesure ? Question proccupante pour les historiens modernes, qui attachent un grand prix aux informations de leur plus consciencieux prdcesseur. La diversit des approches comme l'incohrence apparente de la pense polybienne ds qu'il s'agit de Rome ne permettent pas des conclusions unanimes : Polybe est-il un observateur grec impartial, un Grec romanis ou un collaborateur cynique ? Il faut, en fait, commencer par poser la question du latin de Polybe et de son bilinguisme. L'usage d'une langue trangre entrane pour le locuteur nombre de consquences linguistiques (contamination de la langue maternelle) et psychologiques (modification de la vision du Monde). Michel Dubuisson, en tudiant en dtail le premier de ces aspects ce qui a permis de rassembler des donnes nouvelles sur la langue de l'historien, sur son utilisation des documents et sur sa vision des ralits romaines dgage des perspectives concernant le second : les interfrences de mentalit , points de vue romains inconsciemment adopts par Polybe. Ne sont-elles pas comparables aux interfrences linguistiques par leur origine et leur nature ? L'histoire, affirmait le mdiviste belge Godefroid Kurth, est insparable de la philologie. L'histoire ancienne n'a pas fini d'exploiter les rsultats que lui apporte une rigoureuse tude philologique des textes.

04/1985

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Rock

1964. dans le tourbillon de la Beatlemania

" Qui regarde qui, au juste ? L'objectif semble changer de point de vue en permanence : il y a moi qui les photographie, la presse qui nous photographie, et puis ces dizaines de milliers de gens amassés qui cherchent à saisir le tourbillon. " - PAUL McCARTNEY Ces photographies prises par Paul McCartney racontent la saison 1963-1964 des Beatles, avec les concerts à Liverpool et à Londres puis leur passage par Paris et l'Olympia avant leur première tournée aux Etats-Unis, de New York à Miami en passant par Washington. Des images qui sont comme les notes qu'aurait prises Paul McCartney pendant cette année extraordinaire et témoignent de l'effervescence créative de l'époque comme des moments les plus intimes de la vie du groupe. Nul n'a jamais raconté de la sorte l'histoire de John, George, Ringo et de leur entourage pendant ces quelques mois où tout s'est joué. Musicien exceptionnel, parolier de génie, artiste complet, Paul McCartney se révèle, au fil de ces clichés dévoilés ici pour la première fois, un photographe-né au regard espiègle et tendre. " Vous tenez entre les mains le regard, au sens littéral du terme, de Paul McCartney sur cette fameuse année 1964, qui vit la Beatlemania se répandre sur la terre entière, comme un torrent en crue, après avoir quitté son lit britannique. Entre nous soit dit, sans le moindre doute, la contamination la plus joyeuse qu'ait pu connaître le monde au cours des dernières décennies. " - ANTOINE DE CAUNES

06/2023

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Littérature étrangère

Sovietica. Le choc des anthropologies : homo oeconomicus et homo sovieticus

Ce siècle (1917-2017) fut le théâtre, comme on sait, de l'affrontement de deux systèmes antinomiques, le capitalisme et le socialisme, mais aussi, corollairement, et ceci reste pour l'essentiel un impensé, de deux anthropologies antinomiques, homo coeconomicus et homo sovieticus, qui avaient poussé sans grand contact de chaque côté de la digue. En 19891991 les vannes ont été subitement ouvertes... A travers le présent récit autobiographique livré par une Soviétique, Irina Malenko, qui dut dans les années 90 émigrer aux Pays-Bas puis en friande, c'est le télescopage de ces deux anthropologies qui nous est raconté ; narration faite de va-et-vient entre elles, dans le temps et la géographie. Dans une véritable balade à ciel ouvert dans l'idéologie "libérale libertaire" (voir Michel Clouscard, Editions Delga), essence ultime d'homo ceco-nomicus, Irina Malenko, qui ayant grandi en URSS a été de fait préservée de la contamination de cette chimère, montre un Occident malade de l'instant trivial même qu'il corrompt (la séquence logique production-consommation y est retournée pathologiquement en son inverse), et nous découvre en contrepoint homo sovieticus comme son édifiante "rédemption". Comme tous les sondages en Russie aujourd'hui le montrent, les ex-Soviétiques regrettent majoritairement l'URSS et, ayant expérimenté à leur corps défendant et à leurs dépens les " miracles " du libéralisme débridé, ratifieraient sans aucun doute pour la plupart le point de vue anthropologique d'Irina Malenko. La publication de ce livre sans équivalent constitue un événement éditorial inédit majeur.

09/2018

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Littérature française

L'adieu au roi

De ce livre, à la grandeur toute d'épopée et d'horreur, le sujet est simple : dans une partie de l'île de Bornéo occupée par les Japonais, deux Blancs, un Anglais et un Australien, sont parachutés avec mission d'organiser la résistance locale, celle des indigènes muruts. Ils rencontrent un Blanc : Learoyd, Irlandais déserteur, d'immenses yeux gris, intraitables... Les Muruts en ont fait leur roi. Learoyd a accepté de mettre son peuple au service des deux hommes et l'Adieu au roi, dès lors, est l'histoire de l'extermination des Japonais de Bornéo. L'histoire d'une agonie collective. Dans la grande île de Bornéo qu'entourent la mer de Chine et la mer japonaise, voici la forêt, encore la forêt, toujours la forêt, avec les montagnes, encore les montagnes, toujours les montagnes, où vivent les Muruts, si bien protégés du reste de l'île et du monde que l'on caresse avec lui le rêve fou de Learoyd : sauver de la contamination blanche, sauver en quelque sorte du temps ce peuple néolithique qui vit, heureux, avec son organisation à lui, ses mythes... Oui, le rêve d'un fou. La pluie ne cesse de tomber, l'humidité de s'épandre et persister, et Schoendoerffer, avec ses moyens qui sont ceux d'un écrivain à la veine épique et cosmique, est sans rival pour décrire les arbres géants et étouffants, les mousses fétides et spongieuses, les araignées géantes et venimeuses, les sangsues avides, toute la glauque et hallucinante vie de la jungle.

06/1973

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Droit

Le génocide en droit à l'épreuve du génocide de l'émotion. Cas de la République du Congo

" Puisqu'il faut témoigner sur le génocide, parler de notre histoire, et puisque nous avons tous vécu les mêmes faits, parlons-en donc sans tabous. Parlons-en dans nos langues communes, sans interprètes ni traducteurs. Témoignons de ce qui s'est passé réellement dans notre pays, au sein de notre peuple. [...] Seulement, que celui qui s'engage à témoigner ne rapporte que ce qu'il sait, ce qu'il a vécu, ce qu'il a vu ou entendu. Surtout, íl lui faut respecter cette directive du professeur Théophile Obenga : " Celui qui doit témoigner de l'histoire doit justifier de la compétence, de l'autorité et de la légitimité. " C'est en ces termes qu'en décidant de répondre à Nsaku Kimbembe et à Dominique Kounkou sur le Génocide des Lani, A. C. Makosso invite ses compatriotes à dépassionner le débat, à enrichir le témoignage de l'histoire et à s'abstenir de la symétrie, de la contamination et de " l'idéologie de la haine ". Prenant à son compte ce propos d'Albert Camus : " Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde ", A. C. Makosso pense que les intellectuels doivent s'interdire de galvauder la notion de génocide, par respect pour ceux qui, dans l'histoire, ont été victimes de ce crime sans nom, que Winston Churchill n'avait pas pu qualifier, interpellant ainsi la conscience de Raphaël Lemkin, obligé de réfléchir longuement pour trouver le mot que l'on veut tourner en dérision, de nos jours, à l'effet d'instrumentaliser l'émotion des populations à des fins inavouées.

02/2019

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Faits de société

Chocolaté. Le goût amer de la culture du cacao

A dix ans, Abéna travaille avec son grand-père dans les plantations de cacao, au Cameroun. Ce vaillant petit général des forêts équatoriales va vite prendre la mesure des dégâts humains et environnementaux causés par la monoculture de la précieuse fève à la base du chocolat. Alors que les pays d'Afrique fournissent environ les deux-tiers de la production mondiale de cacao, que se cache-t-il derrière le commerce de cette matière première parmi les plus prisées au monde ? Au Nord, petits et grands raffolent de desserts et friandises, mais sont-ils conscients de la misère que la " cacaomania " inflige à l'Afrique ? A travers le parcours d'Abéna, Chocolaté nous révèle le côté obscur de la culture du cacao, emblématique des rapports économiques néocoloniaux qu'entretiennent les multinationales de l'or vert avec les pays du Sud. Pauvreté des producteurs, travail forcé des enfants, empoisonnement aux pesticides, contamination des eaux et des sols, déforestation massive, perte de biodiversité... Pour les pays producteurs africains qui ne touchent qu'une infime fraction des dizaines de milliards de dollars engrangés chaque année par l'industrie, la culture du cacao a un goût bien amer. Dans ce récit vivant où s'entrecroisent habilement l'élan poétique, la transmission de la mémoire ancestrale et l'indignation politique, Samy Manga nous emmène au pays de son enfance, sous le grand manguier où se tient la vente annuelle du cacao. Au coeur de la nuit retentit son cri de rage devant la violence de l'exploitation des ressources et des humains du Continent Premier.

03/2023

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Santé, diététique, beauté

Au-delà du miracle

" En 1992, alors que j'autopsiais le corps d'une victime du sida, mon scalpel a glissé et s'est profondément enfoncé dans ma main, faisant de moi un condamné à mort en sursis. Par la force des choses, je suis devenu mon propre cobaye, et l'une des premières personnes à suivre, au tout début de l'infection, un traitement agressif à base de produits antiviraux et d'Interleukine-2. Avant ma contamination, ma vie entière était vouée à la médecine. Après des mois de solitude et de désespoir, j'ai décidé de trouver une compagne séropositive comme moi. J'ai rencontré Vickie. Son mari l'avait contaminée, et il avait aussi contaminé sa soeur - elle s'est occupée d'eux jusqu'à leur mort. Vickie m'a fait découvrir la vie et le pardon. Ensemble, nous avons décidé de prouver que nous n'étions pas " incurables ". Au moment où j'écris ces lignes, on ne trouve plus la moindre trace de virus dans mon sang ou dans ma lymphe ; peu à peu, je redeviens séronégatif. Quant à Vickie, son taux de T4 est redevenu normal, et la quantité de virus dans son sang a chuté radicalement. Mon combat marque un tournant dans la guerre contre le sida. Je suis en train de vaincre la maladie ; peut-être l'ai-je même déjà vaincue. Je suis la preuve vivante que l'espoir d'un traitement du sida est bien plus grand que les médecins ne veulent bien l'admettre. Et il faut que cela se sache. "

02/1997

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Sociologie

Chiffre

Les chiffres, omniprésents, posés comme donnés, semblent imposer une vérité laquelle nous devrions nous soumettre. Or il est temps de (re)trouver une capacité de les discuter, d'en déchiffrer les significations. Il est temps de se ressaisir de ces objets sociaux, pour retrouver une capacité d'en débattre, un droit de les critiquer et une liberté de les redéfinir. Chiffres de contamination, nombre de chômeurs, nombre de réfugiés, montant de la dette publique... Si les chiffres sont omniprésents dans nos sociétés, que nous disent-ils réellement ? De quoi parlent-ils exactement ? Davantage qu'une vérité sur le monde, ils révèlent nos besoins de nous coordonner, de trouver des manières de faire des choix et de disposer de conventions pour nous entendre. Ils nous parlent d'une multitude de choses qu'ils contribuent en permanence à créer. Fruits de l'activité humaine, ils expriment et matérialisent nos choix, nos valeurs, nos conventions : les chiffres sont des objets sociaux et humains, et non des données naturelles s'imposant à nous. Tout l'objet de cet ouvrage est ainsi de prendre la mesure des dimensions conventionnelles, sociales et politiques des chiffres, en identifiant les enjeux de pouvoirs auxquels ils sont associés. Ce déchiffrage permet de reprendre conscience des choix qui les fondent, de mieux comprendre leurs portées réelles et qu'ils doivent redevenir les objets politiques qu'ils sont en réalité, objets politiques qui doivent être aussi accessibles au débat démocratique. Il faut donc retrouver une capacité à déchiffrer les chiffres, en ne se laissant pas intimider par l'autorité que leur confère leur apparente naturalité ou les pouvoirs qui les promeuvent.

01/2023

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Cinéma

Le cinéma au défi des arts

Cet ouvrage rassemble des études s'efforçant de repenser à nouveaux frais la question des relations entre le cinéma et les arts plastiques. Cette question, vieille comme le cinéma, comporte une multitude d'"entrées", de facettes qui sont dans un premier temps synthétisées, puis explorées à partir de cas particuliers qui permettent de dépasser les généralités d'usage. Entre l'appel d'Aragon de 1918 à voir les avant-gardes s'emparer du cinéma et l'appropriation de plus en plus courante dans les arts actuels des techniques filmiques et du cinéma comme machine, spectacle, modalité temporalisée de la représentation, que s'est-il passé ? Pour qui se trouve, comme Charlot, à claudiquer de part et d'autre d'une frontière d'ailleurs incertaine entre ces deux "champs", la recherche des proximités et des différences s'impose sans cesse à l'esprit, mettant à jour l'inégalité de statut entre les oeuvres et leurs signataires de part et d'autre, mais aussi les continuels transferts, échanges, greffes et rapports de domination réciproque. Presque tous les grands artistes du XXe siècle ont été tentés (Picabia, Klein), ont pratiqué (Léger, Hains, Warhol, Serra, Nauman) ou ont côtoyé le cinéma (Picasso), y compris pour le refuser (Malevitch, Delaunay). Et bon nombre de cinéastes ont cultivé une affinité pictorialiste (Feuillade, Kubrick, Godard). Un curieux chassé-croisé règle bien souvent les rapports des cinéastes et des artistes : les premiers ont voulu très tôt légitimer leur "art" en reprenant à leur compte les valeurs esthétiques dont les artistes entendaient s'affranchir en recourant au contre-exemple du cinéma. De nos jours, les cinéastes indépendants et expérimentaux participent pleinement aux problématiques de l'art contemporain au point d'envisager leur "entrée au musée", et certains artistes opèrent un mouvement inverse en valorisant les attributs du cinéma industriel, son imagerie et es procédés narratifs. Les échanges et les contaminations n'ont donc pas cessé entre deux champs que l'économie continue cependant de séparer : les textes qu'on trouvera ici réunis abordent l'un "au risque" de l'autre.

03/2019

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Droit

Face aux risques. Une histoire de la sûreté alimentaire à la santé environnementale

Les grandes étapes de la sécurité sanitaire en France au cours du XXème siècle. Face aux risques retrace l'histoire de la sécurité sanitaire en France, du siècle des Lumières à nos jours. Une histoire dans laquelle se croisent et se répondent le progrès scientifique et médical, l'impact de crises majeures comme celle de l'amiante ou de la vache folle, la sophistication croissante de notre système de santé publique, et l'évolution des préoccupations sociétales. Décennie après décennie, les évolutions notables apportées à la sécurité des aliments ont mis fin aux contaminiations meurtrières des siècles passés, alors qu'en parallèle ont émergé de nouvelles inquiétudes concernant l'effet de l'environnement sur la santé des hommes, des animaux et des écosystèmes. Il s'est forgé au fil du temps une expertise spécifique à la sécurité alimentaire, la santé animale et la santé environnementale. Tantôt saluée, tantôt controversée, elle fait face à un afflux de connaissances et de questions toujours plus difficiles à investiguer - pollutions chimiques multiples, perturbateurs endocriniens, impacts combinés des risques sanitaires... - sur fond d'évolution constante des technologies et des choix de société, et de bouleversements climatiques. La nécessité d'une expertise robuste et indépendante a conduit au tournant du siècle à la création de plusieurs agences en charge des questions de santé, dont l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail. A mesure des prises de conscience et des progrès de la science, dans une société de plus en plus sensible aux enjeux de santé et à l'environnement, ce livre montre combien les responsabilités de la puissance publique, le rôle des experts, le statut même du savoir sont soumis à des questionnements constamment renouvelés.

09/2020

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Sciences politiques

Ni droite ni gauche . L'idéologie fasciste en France, 4e édition revue et augmentée

Rarement livre aura à ce point été au cour de tous les grands débats historiographiques, intellectuels et politiques depuis sa première parution en 1983. Il n'empêche : malgré la virulence du front du refus opposé dès l'origine par certains historiens, il s'est imposé comme une des références majeures pour l'histoire du fascisme et de la catastrophe européenne du XXe siècle. De quoi s'agit-il ? Enfermés dans le schéma des trois droites (légitimiste, orléaniste, bonapartiste), nombre d'historiens soutenaient que la France avait été, par sa culture républicaine, rationaliste, universaliste et humaniste, immunisée contre le fascisme ; en sorte que le régime de Pétain, appuyé sur l'Action française, était un ultime sursaut de la droite légitimiste. Zeev Sternhell fait exploser littéralement ce mur de l'oubli. D'abord, en révélant l'existence en France dès le XIXe siècle d'une droite révolutionnaire, organiciste, particulariste, irrationaliste, antidémocratique et antihumaniste (La Droite révolutionnaire 1885-1914. Les origines françaises du fascisme, Folio histoire n° 85). Puis, avec cet ouvrage, en mesurant l'ampleur, dans l'entre-deux-guerres, de la contamination des intellectuels - quand bien même l'occupation nazie en fera basculer plus d'un dans la Résistance - par cette droite révolutionnaire et sa révolte contre la République et la démocratie. Vichy, régime à beaucoup d'égards plus brutal et sanguinaire que le fascisme italien, est un pur produit de l'histoire nationale ; son essence se trouve dans cette droite révolutionnaire qui réussit à légitimer chez les meilleurs esprits l'idée qu'il fallait inventer une autre forme de communauté nationale autour du Chef et des chevaleries d'experts. La guerre froide et l'enrôlement des intellectuels dans les deux camps effaceront chez les uns le souvenir des ces textes, voire blanchiront d'authentiques collaborateurs en penseurs libéraux.

01/2013

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Faits de société

Bure, la bataille du nucléaire

Un sarcophage gigantesque censé tenir des dizaines de milliers d'années ! C'est au nom de ce projet fou, qui serait le plus grand chantier d'Europe, que Bure, entre Meuse et Haute-Marne, se transforme en zone grillagée et quadrillée de gendarmes. Pour l'industrie nucléaire, ce territoire relégué serait l'exutoire ultime des déchets radioactifs qui s'accumulent et dont elle ne sait que faire. Sur place, les habitants sont de plus en plus nombreux à s'insurger contre la transformation de leur région en " poubelle atomique". Depuis deux ans, des dizaines de personnes s'installent sur place, occupent une forêt, bloquent les travaux. La nouvelle bataille du nucléaire est lancée, pour empêcher de croire que cette industrie peut continuer sans risque, réinventer des manières de vivre et lutter, imaginer d'autres possibles pour ce pays. Dans cette enquête où l'engagement vécu se mêle au regard journalistique, Gaspard d'Allens et Andrea Fuori n'écrivent pas un livre de plus sur le nucléaire, mais l'histoire en train de se vivre d'une rébellion déterminée contre la violence du monde industriel. Ils révèlent aussi les méthodes manipulatrices des nucléaristes, et la façon dont l'Etat achète les consciences pour imposer le silence. Le combat vaut d'être mené : ce récit impétueux et pourtant réfléchi convainc qu'il est possible de faire reculer les puissants.Plutôt que la contamination radioactive, parier sur la contagion joyeuse d'une force de résistance. Gaspard d'Allens est journaliste. Il a déjà publié Les Néo-paysans (Seuil-Reporterre), avec Lucile Leclair, un livre qui a révélé l'importance d'une passionnante mutation agricole, et qui connaît un grand succès. Andrea Fuori s'est installé à Bure il y a plus d'un an, complètement bouleversé par ce qui s'y jouait. Il écrit occasionnellement pour Reporterre et des médias autonomes.

10/2017

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Physique, chimie

Radioprotection pratique pour l'industrie et la recherche . Sources scellées et générateurs de rayonnements X

Le rôle de la personne compétente en radioprotection (PCR) s'est largement développé ces dernières années pour occuper désormais une fonction essentielle dans l'entreprise : étude des postes de travail, délimitation des zones réglementées, surveillance de l'exposition, relations avec les autorités... Désignée par l'employeur, la personne compétente en radioprotection doit nécessairement suivre une formation, définie par arrêté ministériel et structurée en deux modules : un module théorique servant de tronc commun et un module pratique spécifique aux différents secteurs d'activité (industrie et recherche, institutions médicales et établissements nucléaires) ainsi qu'au type d'utilisation des rayonnements. Ce volume correspond au module pratique dédié aux installations de l'industrie et de la recherche concernées par la détention ou la gestion de générateurs X et de sources scellées. Conforme aux exigences réglementaires stipulant que ce module doit permettre d'appliquer les acquis de la formation théorique à des situations concrètes de travail susceptibles d'être rencontrées, il comprend 11 chapitres traitant les aspects suivants : un panorama détaillé de l'application de ces sources dans l'industrie et la recherche ; la radioprotection dans les installations de l'industrie et la recherche : les moyens de prévention, protection, formation, détection associés ; les critères de choix des détecteurs, la mesure de la contamination radioactive et des fuites de rayonnement, l'exposition, associée à des méthodes d'estimation des débits de dose et des écrans de protection ; la gestion des situations incidentelles et dégradées ; la méthodologie d'analyse des postes de travail complétée par des études de cas pratiques. Cet ouvrage prépare ainsi efficacement au contrôle des connaissances du module pratique et constitue un outil d'aide indispensable à l'obtention de l'attestation PCR.

06/2010

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Physique, chimie

Physique nucléaire et radioprotection à l'usage de l'environnement nucléaire

Cet ouvrage s'adresse aux étudiants se destinant à l'industrie du nucléaire, à la médecine nucléaire ou encore à la recherche. Les utilisateurs de rayonnements ionisants, opérateurs, techniciens, ingénieurs, personnes compétentes en radioprotection, médecins du travail, pourront également y trouver des informations utiles et actualisées. Plus largement, toute personne ayant un intérêt pour les sciences aura un point complet sur les phénomènes liés à la radioactivité et aux rayonnements ionisants. Cet ouvrage propose des cours de physique nucléaire, allant des constituants de la matière aux interactions entre rayonnement et matière ; des cours de radioprotection, incluant la dosimétrie, la détection, les moyens de protection contre l'exposition aux rayonnements ionisants ; la réglementation liée à la radioprotection mise à jour. Un point complet sur la culture nucléaire est fait allant de l'historique à l'utilisation de la radioactivité et des rayonnements ionisants, en passant par leurs effets biologiques ou encore les accidents et l'exposition de la population. A chaque chapitre, des exercices d'application et des corrigés sont proposés. Ils permettent d'appréhender l'aspect quantitatif de la radioprotection, en étudiant la contamination, l'exposition du personnel ou encore des calculs d'activité. Ainsi, chaque lecteur y trouvera son compte...un lycéen en baccalauréat y trouvera des informations claires et actuelles ; un étudiant en 81.5 ou licence professionnelle aura toutes les bases pour ses cours dans un même ouvrage, avec des exercices d'entraînement ; un étudiant en école d'ingénieur ou master aura un point complet sur l'ensemble du spectre de la radioprotection et des méthodes de calculs associées ; un intervenant en nucléaire aura des informations précises sur le thème qui l'intéresse ; une PCR aura dans un seul ouvrage toutes les données et les formules nécessaires à ses missions, et un support de cours pour le passage des formations PCR.

03/2019

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Ethnologie et anthropologie

Ville de lignages. Généalogies urbaines à Ajace/Xogbonu/Porto-Novo

Ville historique, puis capitale administrative et politique de la République du Bénin, Ajacé/Xogbonú/Porto-Novo constitue un point de départ intéressant pour engager la discussion autour des trajectoires urbaines des villes historiques d'Afrique de l'Ouest. A partir d'un travail de terrain à Ajacé/Xogbonú, les anciens quartiers de la ville, cet ouvrage analyse les formes spatiales associées à la notion d'espace public et la manière dont ces dernières se transforment en interaction avec des pratiques, des discours, des normes. Pour ce faire, la ville est appréhendée à partir de l'intérieur, des attachements et valeurs qui importent et font sens ici et maintenant. Ajacé/Xogbonú, la ville se pense et s'organise depuis le coeur de ses maisons familiales. Ce n'est qu'en franchissant les grands portails de ces maisons, en écoutant les récits de fondation des collectivités, que se donne à lire l'ordonnance du monde des lignages et la capacité des humains et des non-humains à vivre ensemble. Au fil des enquêtes, la notion de matière urbaine s'épaissit : elle inclut aussi bien des connexions, des divinités, des histoires, des parentèles ... Une telle approche révèle des rapports de continuité et de discontinuité autres que ceux suggérés par la proximité spatiale ; des rapports qui engagent à dépasser les limites conventionnelles du quartier, du tissu historique ainsi que de la ville administrative. D'un point de vue méthodologique, une attention particulière est accordée aux nouvelles formes de contamination entre les outils propres aux architectes et urbanistes (le dessin d'architecture, etc.) et ceux qui relèvent d'autres champs disciplinaires tels que la géographie, les sciences sociales... C'est notamment par le biais de ces explorations méthodologiques que cet ouvrage défie le concept moderne de ville et dépasse les oppositions binaires qui l'accompagnent (public/ privé, sacré/profane).

09/2023

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Cinéma

Il est difficile d'être un dieu d'Arkadi et Boris Strougatski et Alexeï Guerman. Le scénario interdit

Le scénario "Il est difficile d'être un dieu", écrit en 1968 par Arkadi et Boris Strougatski et Alexeï Guerman, est à la fois un bel exemple de la tradition du scénario littéraire soviétique — dont la singularité amène à s'interroger sur nos propres traditions d'écriture scénaristique — et un objet fascinant qui marque le début de l'histoire de la fabrication d'un film, laquelle va s'étendre sur près d'un demi-siècle. Adapté d'un roman essentiel des années soixante écrit par les frères Strougatski, qui met en scène l'éternel combat des artistes et intellectuels contre le pouvoir répressif, le projet a évolué au cours des décennies, entrant toujours en dialogue et parfois en tension avec l'époque contemporaine, jusqu'à ce qu'il puisse enfin, en 2013, être finalisé... Et non achevé, puisque le film, qui aurait dû être le premier réalisé par Alexeï Guerman seul, sera le dernier du cinéaste, finalisé post mortem d'après des indications laissées par lui. L'action se situe sur une planète imaginaire, au pays d'Arkanar qui rappelle fortement notre Moyen-Age sur Terre. Avec une puissance littéraire en même temps qu'imagée, est dépeinte l'insinuation du mal dans un esprit élevé, la contamination de celui-ci par le milieu violent dans lequel il se trouve plongé. La présentation du scénario, qui examine toutes les métamorphoses que le projet a connues en quarante-neuf ans, se propose de montrer en quoi cette évolution raconte le mûrissement et l'affirmation du style d'un cinéaste, mais également comment elle est le reflet du regard sans concessions que l'artiste a posé sur son époque. A la suite de sa présentation, Eugénie Zvonkine donne ici la première traduction française du "scénario littéraire" d'Il est difficile d'être un dieu.

06/2019

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Littérature française

Sang damné

Sang damné est un livre autobiographique qui raconte comment l'auteur a perdu son frère quand il était enfant, comment il a découvert son homosexualité, aussitôt condamnée par son père, catholique coincé, comment il est parti sur les routes, comment il a tenté de vivre " poétiquement " sa sexualité, ses aspirations artistiques (il a été comédien), comment il s'est prostitué, comment il a été contaminé, comment il a réagi à la maladie, d'abord par le silence et la fuite, la dénégation, la culpabilisation, puis par l'acceptation du traitement, et par la révolte. Le livre se présente en trois temps : Tu aimeras (1968-1997), L'autre intérieur (1997-2006), Primum tempus (2006-...). Ce sont les trois phases de sa vie par rapport à la maladie : le première est son enfance, ses premières amours, la prostitution, la contamination. La deuxième est la période de silence et de dénégation-culpabilisation. La troisième est celle de la combativité et du retour de la parole. L'auteur est habité par des forces obscures, qui ont pris la forme de pulsions sexuelles parfois autodestructrices, parfois envoûtantes et sereines. Le voyage en Italie (sur les traces de Pavese, puis de Caravage, de Turin à Naples) est admirable. Mais les voyages en Espagne (où il est attaqué par des voleurs) ou en Ethiopie aussi. Avec l'ombre de Rimbaud, bien sûr, celle de Pasolini, celle de Dante. Il est très étonnant de voir dans une même personnalité un tel tempérament poétique et une telle combativité, précise, politique, juridique. La description des traitements, des différents protocoles et de leurs incohérences, des intérêts des laboratoires pharmaceutiques, des malversations et des revirements des gouvernements, des chantages auxquels les pays " évolués " soumettent les pays du tiers-monde (terrain d'expérimentation et producteurs de médicaments génériques), tout cela est extrêmement dur et passionnant.

03/2011

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Littérature française (poches)

Le Bavard

Publié en 1946, remanié lors d'une nouvelle édition en 1963, Le Bavard, pure contamination des mots les uns avec les autres, étend cette contagion avec une rage qui offre peu d'exemples à l'ensemble des protagonistes du drame, gagne à sa cause délétère les figures mêmes de l'auteur et du lecteur, provoquant de la sorte un rare et extraordinaire malaise. Il ramasse de la façon la plus éprouvante et la plus sarcastique la destruction, le saccage, le désir de silence autant que l'envie de perdre et de mourir. Il rappelle à la mémoire les interminables et prodigieux jeux vains, obligatoirement perdants, du désaveu, auxquels la langue dans laquelle il s'enferme oblige parfois, en le terrorisant, un enfant qui fait vœu de se taire. Enfin il révèle un désir plus général et plus obscur : désir d'une médiation pour elle-même, dénuée de toute fin. Véhicule qui ne véhicule plus rien, que rien ne subordonne que lui-même, qui se consomme totalement en soi autant qu'il consume avec intensité les forces qui le sous-tendent. Telle une offrande. Le caractère exemplaire, presque " catégorique ", qu'un tel écrit présente est renforcé par la violence, qu'on peut dire désastreuse, qui le porte. Au sein de ce récit qui reproduit et détruit en effet intensément des textes célèbres de H. von Kleist et de F. Dostoïevski, c'est la langue même qui se résout en retournant ses armes contre elle-même, qui se porte en avant et s'expose dans le dessein insensé de perdre définitivement la bataille. Qui s'escrime à défaire, à détruire les fonctions dont les sociétés et les cultures la prétendent porteuses. Défi et carnage.

06/2006

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Actualité et médias

Peuplecratie. La métamorphose de nos démocraties

La dynamique conquérante des populismes, particulièrement en Europe, est le symptôme d'un problème démocratique. Elle reflète ce phénomène considérable de l'antipolitique qui est à la fois le rejet de toute politique et l'aspiration à une autre forme de régime. Après l'ère de la démocratie des partis et des parlements au sortir de la guerre, puis au tournant du siècle, la démocratie du public, marquée par le déclin des cultures politiques traditionnelles, le recul des grands partis et la personnalisation du pouvoir, sa présidentialisation et sa médiatisation, nous entrons dans une nouvelle ère, qu Ilvo Diamanti et Marc Lazar appellent la "peuplecratie". La peuplecratie résulte d'un double processus. D'une part, l'ascension des mouvements et partis populistes ; de l'autre, par effet de contamination, la modification des fondements de nos démocraties. Les populistes sacralisent le peuple souverain dans le même temps où ils s'attaquent aux représentants politiques et se livrent à une critique radicale des formes institutionnelles organisant cette même souveraineté populaire. Le peuple est systématiquement valorisé en tant qu'entité homogène, porteur de vérité et considéré comme fondamentalement bon, par opposition aux élites supposées sans racines nationales. Cet antagonisme, à l'heure de la prise immédiate de parole numérique, donne une nouvelle vigueur et une tout autre dimension à la vieille idée de l'expression directe, voire référendaire, de l'opinion vraie des " vraies gens . Ainsi est altérée la signification de la démocratie en tendant à récuser la représentation et les contre-pouvoirs ; ainsi est favorisée la montée en puissance des figures, pour le moins autoritaires, de l'incarnation. Cet ouvrage, qui a eu en Italie un formidable écho, réfléchit à partir de la France et de l'Italie à l'émergence sous nos yeux de la peuplecratie.

03/2019

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Spécialités médicales

Le chant sacré Une histoire du sang contaminé. Tome 1, 1955-1983

En 1973, année du premier choc pétrolier, La Grande Bouffe de Marco Ferreri prédisait à l'homme qu'il périrait de ses excès. Dix ans plus tard, le XXe siècle amorçait sa fin avec le drame planétaire de la contamination des hommes par les virus des hépatites et du sida, stigmate d'échanges frénétiques de sperme et de sang monnayés comme des biens de consommation. Chez les homosexuels, l'industrie du sexe libérait des années de répression et de frustration. Chez les hémophiles, l'industrie du sang leur fournissait des traitements curatifs puis préventifs pour éviter la survenue des hémorragies, sources de graves handicaps articulaires. Ces consommations abondantes favorisaient la libération de ces deux groupes longtemps marginaux et en lutte permanente pour leur survie dans une société grisée par l'illusion scientiste, convaincue de sa capacité à tout guérir, tout maîtriser sur le modèle du progrès nord-américain. "Avancer ou disparaître" déclarait, en 1980, le président de l'Association française des hémophiles (décédé depuis du sida) pour justifier sa demande de traitements de plus en plus sophistiqués. "Résister ou disparaître", écrivait à son tour, en 1993, Franck Arnal, écrivain gay (décédé lui aussi du sida), pour résumer l'enjeu de la lutte homosexuelle. Ces deux combats, de dimension mondiale, induisaient, de part et d'autre, un tribut à la liberté jugé comme acceptable : flambée de maladies sexuellement transmissibles chez les homosexuels et hépatites virales chroniques chez les hémophiles. Le premier volume du Chant sacré raconte cette double conquête de la santé et de la liberté, des années 1950 à son apogée en 1983, alors que, sur fond d'épidémie naissante du sida, se noue le drame du sang contaminé. Il relate les victoires successives des uns et des autres, puis leur forte résistance face au nouveau danger, leur difficulté à renoncer aux libertés acquises et aussi le cynisme des différentes industries (du sang et du sexe), vecteurs de la dissémination mondiale des virus. Il éclaire le sort cruel réservé aux premiers malades du sida et ébranle le mythe de la pureté du sang national glorifié par La Marseillaise, "chant sacré" des Français. Enfin, il annonce le thème du second volume : la chute, amorcée en 1984-1985, de ces mêmes homosexuels et hémophiles rejoints, dans leur sort fatal, par les malades transfusés.

09/2008

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Psychologie, psychanalyse

Synchronicité et Paracelsica

La synchronicité représente de toute évidence l'un des noeuds théoriques principaux de la pensée et de l'oeuvre de Jung. Alors que celui-ci en découvre très tôt la présence et les manifestations (il en parle dès 1930), en déclarant à propos du Yi King que ce dernier "repose en effet, non sur le principe de causalité, mais sur un principe non dénommé jusqu'ici - parce qu'il ne se présente pas chez nous - auquel j'ai donné, à titre provisoire, le nom de principe de synchronicité", il ne se décide cependant à publier à son sujet d'une manière systématique et réglée que très tard dans sa vie, à la fin des années quarante et au début des années cinquante. Encore ne s'agit-il pas pour Jung de fournir une explication définitive à un domaine qu'il qualifie d "obscur" et de "problématique", mais d'y ouvrir un accès dont il a la conscience aiguë de combien il se heurte à nombre de préjugés (de nature à la fois intellectuelle, idéologique et subjective) dans la société occidentale moderne. S'il se résout à cet effort, c'est par un double souci d'élucidation scientifique et philosophique, ainsi que devant l'importance humaine du phénomène, et l'exigence intérieure du souci thérapeutique qui l'a toujours animé. C'est pourquoi aussi il a semblé aux éditeurs français qu'il était non seulement temps, mais qu'il y avait nécessité de présenter ces travaux au public francophone, pour que celui-ci ait accès à son tour à l'une des réflexions axiologiques les plus profondes de Jung - qui permet en retour de mieux comprendre nombre de ses considérations dans d'autres ouvrages ou d'autres textes déjâ publiés. Entre les deux parties de ce volume consacrées à la synchronicité, nous avons intercalé les trois textes composés par Jung sur Paracelse. C'est que la vue alchimique du monde et du destin de l'homme et la doctrine des arcanes reposent sur la théorie des signatures et des correspondances, qui représente la conception même de "la synchronicité avant la synchronicité". Il ne s'agissait pas seulement par là de faire ressortir l'unité de pensée et la cohérence qui sous-tendent toute l'oeuvre de Jung dans ses multiples intérêts pour le taoïsme ou l'alchimie par exemple, mais aussi de mettre en lumière le profond arrière-plan psychique que requiert la conception de la synchronicité, et d'illustrer la loi de contamination des archétypes qui préside au travail de la réalité psychique objective.

01/1988

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Littérature érotique et sentim

Le Sextineméron. Contes et récits sadarnapalesques, grivois et lestes de l'Aquitaine médiévale

Trois personnages, deux clercs et une moniale, se retrouvent reclus dans une maison du quartier Saint-Gilles à Orthez, lors de l'épidémie de peste noire en 1348. Durant six jours et six nuits, ils doivent attendre, cloîtrés, le délai d'incubation de la terrifiante maladie pour être certains de ne pas en subir la contamination et de pouvoir revenir dans la société. Afin de s'occuper et à tour de rôle, chacun raconte aux autres des récits et des historiettes impliquant les relations humaines dans ce qu'elles ont de plus intimes, et qui se déroulèrent sur les terres du duché d'Aquitaine, du comté d'Armagnac, de la vicomté de Béarn et des fiefs de leurs vassaux. Animés par le Credo et la superstition, deux fois dans la journée, ils prennent la parole comme pour, à la fin de la semaine, parodier le poème des troubadours, la sextine composée de six sizains et d'un tercet. En se promettant, s'ils en réchappent, de former lors de leur délivrance l'ultime strophe par l'évocation d'une anecdote personnelle. Hélas, en suscitant six fois le chiffre six, nombre duquel résulte la maturation de la Bête dans l'Apocalypse de Saint-Jean, ils réveillent le Démon qui rôdait à proximité dans ces temps de grands malheurs ; celui-ci leur inspire une érotisation de leurs contes de sorte, qu'à la fin, tous trois tombent dans la plus perverse sensualité et se livrent à ses oeuvres… La Divine Providence qui possède le pouvoir de modifier les destins, cependant, veille... Bien évidemment, la vie extraordinaire de Bertrand, Guilhem et Eléonore fut rapidement effacée de la mémoire des hommes, on détruisit les textes qui en faisaient référence, l'Eglise veillant à ce que personne n'entachât sa réputation. Les pensées, réflexions, faits et gestes des trois jeunes gens heurtaient la piété dans laquelle on voulait cantonner le peuple, même si ces desservants de Dieu désiraient à toute force percer les mystères de la vie et de l'amour, pour la gloire du Tout-Puissant. Ouvrage érudit mais accessible au plus grand nombre, où, dans un style à la fois précis, suave et enjoué, l'on peut revivre les aventures picaresques d'hommes et de femmes des temps jadis qui, malgré leur évidente culture et leur désir d'atteindre aux plus hauts niveaux de la spiritualité, confrontés aux mystères de la vie, de l'amour et de la mort, se montraient francs ripailleurs et gaies luronnes. Eternelle lutte du Démon contre les oeuvres de Dieu...

10/2017

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Travail social

Parole donnée. Entraide et solidarité en Seine-Saint-Denis en temps de pandémie

Il faut lire ces pages avec ce trouble inquiet d'une contamination dont on ne savait presque rien. Qui a pu oublier ce 15 ? mars 2020, où tout fut soudain suspendu. L'état de panique où nous étions lorsqu'il a fallu fermer sa porte, pour un temps indéterminé, excepté l'heure d'autorisation de sortie. Qui parcourra ce livre sera saisi par cette soudaine sidération. Ces pages nous font part des peurs et des pleurs, de l'incompréhension et de la solitude, des malaises et des fatigues qui ont envahi la Seine-Saint-Denis. Elles nous parlent de ces moments d'impuissance et d'initiative spontanée, de désocialisation et de remarquables résistances. Elles recomposent le puzzle de la catastrophe sociale à partir des comptes rendus d'appel téléphonique, des mains courantes, des lettres demandant des secours, de l'observation des distributions alimentaires, des files d'attente devant les grandes surfaces ou la Poste, des solidarités... Plusieurs centaines d'agents du conseil départemental, le plus souvent des femmes, ces "appelantes volontaires" , ont engagé la conversation avec les plus vulnérables ? : comment se passe le confinement ? Qui prend de vos nouvelles ? Qui vous apporte des courses, vos médicaments ? Votre famille vous visite-t-elle ? Des voisins pourraient vous aider ? , etc. Les appels téléphoniques nous montrent les décrochages, à vif ? : les programmes sociaux en panne, les petites discriminations, la couverture sociale trop courte, les visites des soignants suspendues, la fracture numérique si invalidante, l'allocation qui n'arrive pas, les préjugés nationaux sur les langues d'usage... Ces appels visèrent à "? resserrer les mailles du ­filet ? " ? : prolonger un droit au-delà de la limite ? ; envoyer un secours ? ; ouvrir des lieux de distribution ­alimentaire ? ; offrir quelques conseils. Pour faire tenir un bout de la société. Les appelantes se souviennent : "J'ai appris à faire attention au bruit, dit l'une d'elles, pour savoir si un proche est là, voir s'il y a d'autres besoins". Monter plus haut la vigilance à la voix, au silence comme au cri. Sentir la menace et trouver les mots pour la dire. Chercher dans les bribes des récits des indices d'alarme qui pourraient ne pas se laisser voir. L'aide associative prend le relais des faiblesses de l'action publique. C'est la dépanneuse sur zone qui repère les vulnérabilités. En quatre semaines, les associations d'aide alimentaire sont submergées. Des cagnottes s'inventent, des ateliers de coutures fabriquent des masques... De l'éducateur à la bibliothécaire, du livreur au magasinier, de l'épicier du coin au stagiaire d'un service civique, on donne du temps, des bras, en équipe pour récupérer des dons auprès des grandes surfaces ou d'un maraîcher. Le constat de l'auteur résume une question simple : "Mais où était donc l'Etat social actif à la française ? "

01/2022

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Littérature Allemande

La lumière des jardins. Edition bilingue français-allemand

Utz Rachowski a écrit deux nouvelles sur des journées déterminantes de l'histoire allemande et européenne : l'une, intitulée " Les voix de l'été ", sur le 13 août 1961, premier jour de la fermeture des frontières occidentales de la RDA et de la construction du Mur à Berlin ; l'autre, intitulée " Le dernier jour de l'enfance ", sur le 21 août 1968, premier jour de l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du pacte de Varsovie. Dans les deux cas, ces journées d'été ont été traumatisantes pour la RDA, mais aussi pour l'Europe et l'utopie socialiste : l'une, en entravant la liberté de mouvement des citoyens de RDA, l'autre, en réprimant le printemps de Prague, mettaient fin pour beaucoup aux espoirs d'un socialisme à visage humain en Allemagne et en Europe de l'Est. Ces journées représentent les premières blessures de l'histoire dans la jeune existence de l'auteur. Né en 1954 à Reichenbach dans le Vogtland, région de RDA limitrophe de la Tchécoslovaquie, Utz Rachowski a sept ans en 1961, 14 ans en 1968. Dans ces deux nouvelles, largement autobiographiques, l'histoire s'invite à l'improviste au beau milieu des vacances d'été et des fêtes d'anniversaire, fige le temps, à jamais divisé désormais entre un avant et un après. Les chars qui traversent sa ville pour se diriger vers la frontière tchécoslovaque labourent de leurs chenilles la route bordant le lotissement où il grandit, à une centaine de mètres de la maison de sa grandmère. L'oeil de l'enfant enregistre ces ruptures avec une précision sismographique. L'onde de choc de cet ébranlement traversera son oeuvre jusqu'au bout. 8 – Préface Préface – 9 Mais ce ne sont pas les seules blessures dans la jeunesse de l'auteur, et les suivantes trouveront également le chemin de ses écrits. Adolescent rétif à l'embrigadement, il est interrogé dès l'âge de 16 ans par la Stasi et renvoyé peu après de la FDJ et du lycée. Motif : une supposée menace de " contamination idéologique " de ses camarades de classe. Quelques années plus tard, en 1978, après avoir rattrapé son bac par d'autres voies, il sera également renvoyé de l'université, pour manque d'" esprit partisan ". Arrêté en 1979, il est condamné en 1980 à 27 mois de prison pour rédaction et diffusion de poèmes. Au total, il effectuera un an et deux mois de prison avant d'être libéré sous la pression d'écrivains dissidents déjà exilés à Berlin-Ouest, parmi lesquels Reiner Kunze, Jürgen Fuchs et le chanteur Wolf Biermann, et d'amnesty international : racheté par la RFA, il est expulsé du pays et interdit de séjour en RDA, et ne pourra pas retourner dans sa ville et son pays avant décembre 1989. Exilé à Berlin-Ouest, il y sera rejoint un peu plus tard par sa femme, elle aussi emprisonnée quelques semaines en 1979, et leur première fille, née pendant qu'il était en prison. La sélection de poèmes que nous présentons ici donne une idée de la centralité de cette blessure. Utz Rachowski fait partie de ces écrivains marqués dans leur biographie et leur oeuvre par un événement singulier, guerre, déportation, génocide, chute d'un mur ou d'une dictature, révolutions ou décolonisations plus ou moins pacifiques. Dans son cas, il s'agit des blessures infligées par le système répressif du socialisme " réellement existant ", le Mur, les chars, la prison, l'exil. Face à cela, Utz Rachowski a déployé une écriture largement autobiographique, qui enregistre avec une précision et une sensibilité aiguës l'impact des événements et tente par l'écriture de sauver ce qui peut l'être. Auteur de RDA au regard tourné tant vers l'Ouest que vers l'Est de l'Europe, il s'inscrit aussi dans la catégorie des auteurs blessés dont les oeuvres maintiennent résolument vivante la petite flamme de l'humanité, tel cet enfant qui, dans une de ses nouvelles, cherche à tout prix, à l'approche des brouillards de l'automne et de l'hiver, à préserver la " lumière des jardins ". Ces ombres et cette lumière se retrouvent dans la plupart de ses textes : écrits de témoignage ou de documentation, essais, récits de fiction, poèmes. C'est le cas des textes que nous publions ici, qui cherchent à donner un aperçu représentatif de sa production : les deux nouvelles sur les étés 1961 et 1968, un récit sur les expériences de la prison et de l'exil, une sélection de courtes nouvelles sur l'enfance écrites dans les années 1990, une quinzaine de poèmes choisis au fil de cinq décennies d'écriture, enfin des extraits de son dernier recueil, consacré à l'affection entre un écrivain et un animal de compagnie, le chien Suki.

03/2021