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Lévis Kalombo

Extraits

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Revues de psychologie

Enfances & Psy 96 - Le silence, ça risque de faire du buit

De nombreuses expressions incluant le mot silence jalonnent la langue française. Celles-ci résonnent dans des domaines divers tels que la musique, la loi, la religion, le scolaire, ou tout simplement au coeur de notre quotidien. "Silence, on tourne" , "la loi du silence" , "silence, s'il vous plaît" , "rompre le silence" . "Le silence est d'or" ou encore "un silence de mort" ... , ces deux expressions marquent les extrêmes des deux valences du silence : son côté positif, structurant et son côté néfaste, mortifère. Le silence n'est pas le vide, il est "une forme particulière de langage qui permet d'exprimer des choses inexprimables par les mots" (Lewis, 1977). Il y a des silences pleins, ceux qui vont donner tout leur sens aux propos qui les précèdent ou les suivent, des silences qui en disent long et des silences qui signent une fermeture. On distingue le silence imposé, le silence consenti et le silence voulu. Sauf circonstances particulières où le silence est requis, en démocratie l'adulte est libre de parler ou de se taire. L'enfant, lui, est sous la dépendance de ses parents ou des adultes qui s'occupent de lui, qui régulent plus ou moins sa parole et son silence. L'enfant apprend à les maîtriser : ne pas tout dire, savoir garder des choses pour soi, savoir taire ce qui peut blesser l'autre, savoir se taire pour écouter. Dans ce siècle de l'hyper-communication souvent futile, de la stimulation et du bruit permanent, quelle place pour le silence, la respiration ? Quels effets sur la construction psychique des enfants et des adolescents. On associe davantage le bruit à l'adolescence mais le tapage de celle-ci s'accompagne souvent d'un silence symétrique aux désirs de communiquer des parents... Comment considérer le silence de l'enfant ou de l'adolescent sommé de parler : à l'école, au collège, ou autre occurrence, au tribunal pour enfant ? Et le silence des adultes face aux questions de l'enfant ? Qu'en est-il du silence lorsqu'il fait partie de la symptomatologie, de la clinique ? Qu'en est-il également du silence dans le groupe thérapeutique ? Rester silencieux dans un groupe de parole... et pourquoi pas ? Dans les synthèses cliniques ou institutionnelles, quelquefois un ange ou un convoi d'anges passent, que signifie ce silence qui s'installe ? Quels conflits sous-jacents ? Comment dépasser ce symptôme institutionnel ? "Accueillir, accepter, consentir ; écouter le silence et scruter l'invisible - tels sont les plus hauts actes de l'attention et de la conscience que doivent accomplir les vivants" (Sylvie Germain). Les vivants sont soignants, parents, enseignants, magistrats, éducateurs, intervenants du monde de l'enfance. Ce silence, nous ne le percevons pas tous avec le même filtre auditif. C'est pourquoi, dans ce numéro d'enfance&psy, nous nous interrogeons sur les différentes formes de silence qui jalonnent la vie des enfants.

06/2023

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Esotérisme

Qu'est-ce que le spiritisme ? Introduction à la connaissance du monde invisible ou des esprits

Comment on lit dans la main / Papus Date de l'édition originale : 1902 Hippolyte-Léon Rivail (1804-1869) fut d'abord l'élève de Johann Heinrich Pestalozzi, le fondateur de la pédagogie moderne, avant de devenir lui-même un pédagogue reconnu, fondateur d'une école et auteur d'un grand nombre de publications sur ce sujet. C'est en 1857 que Rivail découvre par hasard les tables tournantes, alors très en vogue. D'abord sceptique, il est initié par une certaine Madame de Plainemaison. Il entre en communication lors d'une séance avec un Esprit qui l'enjoint de devenir l'interprète des morts. Convaincu d'être un ancien druide, Rivail se fait dès lors connaître dans le monde spirite sous le nom d'Allan Kardec. En 1857, il publie Le fr. wikipedia. org/wiki/Le_Livre_des_Esprits, que l'on peut véritablement considérer comme l'acte fondateur de la doctrine spirite. L'ouvrage eut aussitôt - et continue d'avoir aujourd'hui - un succès considérable en France, mais également partout dans le monde. Dévoiler une pensée aussi novatrice ne manqua pas de susciter de vives objections de la part des plus farouches opposants au spiritisme. Dans la première partie de Qu'est-ce que le spiritisme, Allan Kardec entend ainsi répondre méthodiquement à toutes les réfutations qui ont pu être formulées, sous la forme d'un dialogue fictif avec trois interlocuteurs successifs : un critique, un sceptique et un prêtre. Tous les doutes et les objections étant levés, Kardec s'attache dans la seconde et la troisième partie à exposer les notions élémentaires qu'il est indispensable de connaître pour aborder le spiritisme. Il définit notamment le rôle essentiel du médium dans les communications avec le monde invisible : devant accepter ses dons médiumniques, il est l'intermédiaire privilégié et l'interprète des Esprits. Cet ouvrage constitue donc autant une synthèse du travail et des découvertes d'Allan Kardec qu'un point d'entrée dans la doctrine spirit, dont il expose les aspects les plus fondamentaux. A ce titre, il demeure une lecture passionnante et indispensable. Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF. HACHETTE LIVRE et la BNF proposent ainsi un catalogue de titres indisponibles, la BNF ayant numérisé ces oeuvres et HACHETTE LIVRE les imprimant à la demande. Certains de ces ouvrages reflètent des courants de pensée caractéristiques de leur époque, mais qui seraient aujourd'hui jugés condamnables. Ils n'en appartiennent pas moins à l'histoire des idées en France et sont susceptibles de présenter un intérêt scientifique ou historique. Le sens de notre démarche éditoriale consiste ainsi à permettre l'accès à ces oeuvres sans pour autant que nous en cautionnions en aucune façon le contenu. Pour plus d'informations, rendez-vous sur www. hachettebnf. fr

09/2020

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Animaux, nature

Alpha chat

Les Alphachats sont une race à part : ce sont tout d'abord des chats (de race ou de gouttière) peints "au poil près" par l'illustratrice naturaliste Gabriella Gallerani, et bien rangés dans un ordre "alpha-bêtique". A chacun sa lettre, qui pour y grimper, se cacher, jouer, s'étirer, bailler ou simplement prendre la pose : A comme Angora, B comme Bengal, C comme Chartreux, ou encore G comme Greffier, M comme Maine Coon, P comme Persan, S comme Siamois... jusqu'à Zzz pour les 18 à 20 heures par jour qu'un chat passe à dormir. Les Alphachats sont aussi les chats qui ont fait l'histoire, la littérature, le cinéma, la BD, la musique et, naturellement, le bonheur des auteurs qui ont vécu en leur compagnie. Qu'ils soient tigrés ou écaille-de-tortue, roux ou noirs, avec ou sans pedigree, ces chats ont quelque chose en commun : chacun a un nom. En voici donc plus de 600 assortis d'autant d'anecdotes glanées par Paola Gallerani : sans Apollinaris, Bébert, Boise, Catarina, Giuseppe, Jellylorum, Murr et Tyke, est-ce que Twain, Céline, Hemingway, Poe, Morante, Eliot, Hoffmann et Kerouac auraient écrit les mêmes oeuvres ? Si nous sommes certains que c'est pour Pulcinella que Domenico Scarlatti a composé la fugue Le Chat pour clavecin, sans Elvis (le chat, what else) John Lennon aurait-il composé les mêmes chansons ? Et s'il n'y avait pas eu Spithead, Newton aurait-il inventé la chatière ? Sans parler du Fripouille de Klee, des Sam de Warhol et de la Polly de Kubrick... Les chats muses, dans le sens le plus traditionnel, mais aussi les chats comme Micetto qui se cachait sous la soutane du pape Léon XII, ou Brilliant, l'angora favori de Louis XV, Lucifer et Perruque, les éminences à fourrure de Richelieu, ou encore Jock, qui assistait avec Churchill aux conseils de guerre, et Socks "First Cat" à la Maison Blanche sous Clinton, tous ont contribué à inspirer bien des décisions. Et si Mitsou et Marcus sont les chats d'acteurs célèbres (Marilyn Monroe et James Dean), Orangey et Pyewacket montent eux-mêmes sur les podiums pour recevoir le PATSY Award (pour Diamants sur canapé et L'Adorable Voisine). Enfin qu'en serait-il d'Alice sans le chat du Cheshire, ou de Titi sans Gros Minet ? C'est pourquoi même les chats "de fiction" ont leur place ici. Et comme les derniers seront les premiers : CC, le premier chat cloné, Nadjem le plus ancien chat égyptien dont on connaisse le nom et All Ball, le premier chat adopté par une gorille. Voici donc un portrait inédit pour le style et la beauté des illustrations de ces fascinants "tigres de maison", en forme de recueil des faits et dits mémorables de tous les chats qui ont su se rendre dignes de leur nom.

09/2013

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Sociologie

Le Sens pratique

L'anthropologie ne peut s'accomplir comme science qu'à condition de prendre aussi pour objet les actes et les instruments de la pratique scientifique et, plus précisément, le rapport que le chercheur entretient avec son objet. Ainsi, ce que nous appelons pensée " primitive ", " prélogique " ou " sauvage ", n'est autre chose que la logique pratique, à la fois commode et tournée vers l'action, à laquelle nous avons recours chaque jour, dans nos actions et nos jugements sur les autres ou sur le monde : nous n'agissons pas autrement, lorsque nous classons des hommes politiques ou des peintres, que les " primitifs " lorsque, pour mettre de l'ordre dans leur monde, ils mettent en œuvre des principes classificatoires comme masculin et féminin, sec et humide, haut et bas ou est et ouest. De même, nous supportons avec impatience les analyses des sociologues lorsqu'ils décrivent nos conduites dans le langage de la règle ou du rituel. Pourtant, nous ne voyons rien à redire lorsque les ethnologues emploient ce langage pour parler des peuples dits primitifs : et cela, tout particulièrement, lorsqu'il s'agit de mariage ou de magie. Pourquoi sommes-nous spontanément objectivistes lorsqu'il s'agit des autres ? Le mouvement qui conduit de la règle à la stratégie est le même qui mène de la pensée " prélogique " ou " sauvage " au corps géomètre, " corps conducteur " tout entier traversé par la nécessité du monde social. La pratique rituelle, comme la plupart des pratiques, est une gymnastique symbolique, dans laquelle le corps pense pour nous. Une véritable compréhension des pratiques suppose un double mouvement, qui conduit au-delà de l'objectivisme, moment inévitable (symbolisé en ethnologie par l'œuvre de Lévi-Strauss), et du subjectivisme (représenté sous une forme limite par la phénoménologie sartrienne) : il s'agit d'objectiver les structures objectives (par exemple, les régularités statistiques des pratiques) ou incorporées (par exemple, les catégories sociales de perception), ce qui suppose une mise à distance fondée sur l'emploi de techniques d'objectivation ; mais il s'agit aussi d'objectiver l'objectivation, c'est-à-dire les opérations qui rendent possible l'accès à cette " vérité objective " et le point de vue à partir duquel elles s'opèrent, afin de surmonter la distance inhérente à l'objectivation. Et de découvrir ainsi qu'il y a une objectivité du subjectif, que la représentation que les acteurs se font de leur pratique et que le chercheur, armé de ses instruments d'objectivation, doit mettre en question pour saisir les structures objectives, fait encore partie de l'objectivité. Les illusions collectives ne sont pas illusoires et les mécanismes les plus fondamentaux, tels ceux de l'économie, ne pourraient fonctionner sans le secours de la croyance qui est au principe de l'adhésion accordée aux jeux sociaux et à leurs enjeux.

02/1980

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Cinéma

Sous tant de paupières. Bergman avant la mondialisation des écrans

Sous tant de paupières qui ne sont plus une magique exaltation de la pure contradiction de la rose ni la volupté de n'être le sommeil de personne, mais plutôt le joint visible derrière la caisse des salles obscures du monde entier qui vendent, fort chères, des images de nulle part et de partout, répétitives, le spectacle continue. Désireuses, au départ, d'éveiller peut-être l'esprit du spectateur, elles abrutissent à coup sûr, maintenant, les foules conditionnées par le marketing de compagnies internationales déterminées à supprimer la nature et la civilisation pour enrichir leurs bilans. Marée noire de la conscience universelle, une telle mondialisation détruit à l'ordinateur sophistiqué ce qu'autrefois les humains constituaient bien ou mal en valeurs, pour ne récolter que l'argent, système transcendant qui n'aboutit, évidemment, qu'à l'argent. Tout le reste ne sera, dès lors, que le tableau des performances idéalisées et sponsorisées, culturelles ou sportives, emblèmes de la transformation des sociétés post-modemes. Le rêve commun, auparavant, fabriqué par la technologie et déposé photographiquement sur la pellicule, offrait aux auteurs, pauvres ou disposant de studios faramineux, le choix des instants privilégiés de l'époque afin d'exprimer au mieux ce qu'ils voulaient dire, malgré de considérables facteurs commerciaux redoutables et, néanmoins, détournables. Après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, en sept décennies consacrées à la conservation, illégale souvent, des films officiellement voués au pilon et à l'appréciation personnelle de leurs qualités ou de leurs défauts, j'ai vécu le cinéma comme un art véritable qui me portait vers les livres, la peinture et les autres écritures susceptibles d'améliorer ma compréhension de la vie. Or, depuis la mort d'Ingmar Bergman et celle de Michelangelo Antonioni pendant l'été 2007, puis du montage prodigieux d'Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard, la rétrospection émouvante s'enflamma tandis que l'avenir parut s'éteindre à l'ombre d'Internet. La situation multiplia, par bonheur, la quantité des pays producteurs cités en désordre ici avec une insistance sur les thèmes abordés qui discutent la tonalité permanente de la servilité nourrie par les astuces de la publicité, du faux bonheur et du mensonge médiatique. A travers de petites ouvertures, néanmoins, qui s'efforcent de clamer ce que les peuples refusent d'entendre et qui butent devant la télévision massive et l'énorme flux iconographique aux méthodes pavloviennes, des cris et des chuchotements parviennent encore jusqu'au solitaire citoyen de même que chez Lévi-Strauss après les pages de Tristes Tropiques (titre exact de notre planète funeste) " dans le clin d'oeil alourdi de patience, de sérénité et de pardon réciproque qu'une entente involontaire permet parfois d'échanger avec un chat ".

11/2010

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Sciences politiques

Tchad : démocratie, crimes, tortures et mensonges d'Etat. Autopsie d'un assassinat annoncé le 3 février 1999, programmé et exécuté le 3 février 2008

Au cours de ses études en France, le Député Ngarlejy Yorongar a eu l'occasion d'avoir, en 1976, un collègue de stage à la préfecture de l'Oise (Beauvais) venant de l'Ecole Nationale d'Administration (ENA). Celui-ci deviendra, plus tard, le Premier Ministre de France. Tout comme 1978-1979, il fut le condisciple de l'Université de Paris X Nanterre de M. Paul Stéphane Nicolas Sarkozy De Nagy-Bosca élu Président de la République Française. Agé de 60 ans, le Député Ngarlejy Yorongar a échappé plusieurs fois à la mort par tortures et notamment par balle au cimetière de Ngonbah à N'Djaména où les tueurs à gages d'Idris Déby l'ont conduit dans le dessein de l'exécuter froidement dans la nuit du 21 au 22 févier 2008 après l'avoir kidnappé, le 3 février 2008 à son domicile. Après avoir tiré deux balles dans la direction de sa tête dans le but de la broyer afin de le rendre méconnaissable. Le laissant pour mort, ils s'en sont allés tombaux ouverts vers N'Djaména avec la certitude d'avoir accompli leur sale besogne. Le Député Ngarlejy Yorongar s'est relevé et a pris la direction de Kousséri jusqu'à Maroua pour finir à Yaoundé où le gouvernement français l'a contacté pour lui proposer l'asile politique qu'il a poliment décliné, estimant que sa place est au Tchad pour continuer son combat. Accompagné par la Sénatrice française, l'Honorable Alima Boumediene-Thierry, membre du comité français de l'Union Interparlementaire de Genève, le Député Ngarlejy Yorongar est arrivé, en décembre 2008, à N'Djaména. Etant tombé, entre-temps, gravement malade, il s'est vu refuser le visa d'entrée en France où l'attendait son médecin du Centre Primo Lévi spécialisé en soins et soutien aux personnes victimes de la torture politique et physique. Condamné ainsi à une mort certaine, il est toutefois évacué par trois médecins à une clinique de Bruxelles où l'Imagerie par Résonnance Magnétique (IRM) a confirmé une thrombose dans son cerveau et un traumatisme au cou, thrombose et traumatisme consécutifs aux coups de crosse qu'il a reçus à la tête. Le Député Ngarlejy Yorongar que ses fans appellent affectueusement " Député des 301 puits de pétrole ou Cabri mort, etc. " raconte ici avec force les détails de son enlèvement, le 3 février 2008, par la garde présidentielle, sa séquestration dans une des prisons secrètes sise dans le jardin privé d'Idriss Déby à Farcha ; la mort d'Ibni Oumar Mahamat Saleh, les atroces tortures subies par Lol Mahamat. Choua, ancien chef de l'Etat du Tchad, le rôle de M. Bruno Foucher, Ambassadeur de France au Tchad et celui du dispositif militaire français Epervier dans cette tragédie.

05/2010

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Sciences politiques

Violence politique au Pérou 1980-2000, Sentier lumineux contre l'Etat et la société. Essai d'anthropologie politique de la violence

La question de la violence politique reste encore sous-étudiée en histoire, en anthropologie et dans les autres disciplines humaines et sociales. Dans ce livre, qui a largement puisé dans les données recueillies par la Commission de la Vérité et de la Réconciliation (CVR), dans les travaux d'Alberto Flores Galindo et de Carlos Ivan Degregori, mais aussi de Primo Levi, de Hannah Arendt, de Tzvetan Todorov et de Françoise Héritier, Mariella Villasante avance que le Pérou a traversé une guerre civile qui ne veut pas dire son nom. Entre 1980 et 2000, dans les régions andines du centre et du sud, et de l'Amazonie centrale, les populations se sont divisées en deux camps ennemis, pour et contre la subversion armée déclenchée par le Parti communiste du Pérou, Sentier Lumineux (PCP-SL), qui luttait contre l'Etat et la société. Pour autant, cette guerre ne fut en aucun cas une "guerre ethnique". Les gouvernements civils accordèrent un pouvoir total aux militaires pour arrêter la subversion, et les territoires soumis à l'état d'urgence furent régis par la loi martiale entre 1982 et 2000. Du coup d'Etat de Fujimori, avec l'appui des Forces armées, le 5 avril 1992, jusqu'en novembre 2000, date de sa destitution, le Pérou fut gouverné par une junte civilo-militaire. La répression militaire fut excessivement brutale et aussi barbare que les méthodes terroristes du PCP-SL, d'une violence inutile et d'une cruauté extrême. Selon la CVR, la guerre interne péruvienne fit au moins 70 000 morts. Et plus de 6 000 Indiens Ashaninka sont morts dans des camps d'internement sendéristes. Une réalité encore peu connue au Pérou et dans le monde. En septembre 1992, la capture d'Abimael Guzman, chef historique du Sentier Lumineux, marqua le début du déclin de la guerre civile. Les actions armées ont continué jusqu'aux années 1998-2000, puis elles se concentrèrent dans la vallée des fleuves Apurímac, Ene et Mantaro (VRAEM), où elles se poursuivent de nos jours. La guerre péruvienne présente des traits singuliers en Amérique latine, différents des dictatures (Argentine, Chili), et des guerres civiles de l'Amérique centrale. Elle se rapproche cependant de la guerre au Guatemala, et du cas de la Colombie qui combine subversion et trafic de drogue. Le recrutement par le PCP-SL de jeunes, pauvres, déracinés, abandonnés par l'Etat et en quête d'une "cause", fut semblable à celui qui a cours dans les groupes islamistes de la mouvance d'Al-Qaeda ou, plus récemment, de l'Etat Islamique (Syrie et Irak). Cette guerre présente également des similitudes avec la guerre civile en Algérie dans les années 1990. Toutes ces comparaisons sont abordées à la fin de l'ouvrage.

04/2016

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Histoire de France

L'oeuvre exquis du jubé. Notes et documents sur un témoin majeur du patrimoine de la Cathédrale de Tournai

"L'oeuvre exquis du jubé!" s'exclame en 1620 le chanoine Jean Cousin, en admirant le chef d'oeuvre de l'architecte anversois Corneille Floris de Vriendt qui ornait sa cathédrale depuis deux générations. Anne Dupont et Florian Mariage ont eu raison d'intégrer cette délicieuse expression dans le titre de leur ouvrage, partageant de la sorte l'enthousiasme du chanoine historien. Toutefois, si le célèbre jubé Renaissance suscite toujours autant d'enthousiasme, il ne se laisse pas facilement appréhender. Pour en saisir toute la richesse, il faut tout à la fois plonger dans les troubles politico-religieux du 16e siècle tournaisien, s'interroger sur les préceptes religieux mis en oeuvre au Concile de Trente et se représenter les courants artistiques au seuil de ce que les historiens ont coutume d'appeler les "Temps modernes" . Comment se présentait le jubé médiéval ? Le jubé, tel qu'on le voit aujourd'hui, est-il resté semblable à sa forme originelle ? Quels en ont été les ajouts et les modifications au cours des temps ? La réponse à ces interrogations exige de recueillir toute la documentation disponible. Anne Dupont et Florian Mariage - jeunes chercheurs engagés dans le cadre des recherches historiques, financées par la Région wallonne, en vue de préparer le dossier de restauration de la cathédrale - avaient eu l'occasion, jusqu'en février 2003, d'explorer minutieusement les riches Archives de la Cathédrale de Tournai, et d'y relever toute une série d'informations inédites, qui permettaient de jeter un regard nouveau sur le jubé. Interpellés par les répétitions inlassables de "ce qu'on a toujours dit sur le jubé" , ils ont résolu de mettre, dès maintenant, à la disposition de tous, le dossier documentaire complet de ce chef d'oeuvre, depuis son projet, en 1569, jusqu'à la fin du 19e siècle. "Mettre à disposition" signifie : prendre le risque de traduire en français les documents rédigés en latin, en faire la critique et les situer dans leur contexte. Le monument de Floris n'est pas sorti de terre en un jour : repentirs et aménagements lui ont donné sa forme Renaissance. A l'époque de sa construction, ce nouveau jubé remplissait les mêmes fonctions et les mêmes usages que le jubé médiéval, détruit en 1566. L'introduction, très dense et remarquablement documentée, en offre aux lecteurs les clés d'interprétation. A ce jour, le jubé de Floris compte déjà 437 années d'une histoire qui n'a pas toujours été "un long fleuve tranquille" . Il a d'ailleurs failli disparaître à plusieurs reprises, au gré des modes liturgiques et des humeurs. A sa manière, l'histoire du jubé est aussi une histoire des mentalités et des sensibilités. Anne Dupont et Florian Mariage nous la retracent de manière minutieuse et la complètent par 88 documents, largement inédits. Ce matériau, de nature diverse, allie minutes de contrats aux devis, relations de voyageurs aux décisions des "Messieurs du Chapitre" . Leur souhait est de "préparer un renouvellement de la problématique" et de "donner un nouvel élan aux recherches" . Ils laissent à d'autres "le soin d'en tirer les enseignements dans le domaine artistique" .

01/2006

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Beaux arts

Jean Dubuffet, un barbare en Europe

Atalogue de l'exposition présentée au MUCEM, Marseille, 24 avril au 2 septembre 2019, puis à l'IVAM, Barcelone, du 8 octobre 2019 au 16 février 2020, et enfin au Musée d'Ethnographie de Genève, du 8 mai 2020 au 3 janvier 2021. Peintre, écrivain, mais aussi inventeur de l'Art Brut, Jean Dubuffet (1901-1985) fut un acteur majeur de la scène occidentale du XXe siècle. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, cet artiste insaississable et polémique met en jeu une critique radicale de l'art et de la culture de son temps, en faisant de l'invention sans cesse renouvelée le pilier de son travail et de sa pensée. Empruntant à l'anthropologie, au folklore et au domaine de la psychiatrie, il poursuit l'activité de décloisonnement opérée par les avant-gardes de l'entre-deux-guerres, dynamite la croyance en un art supposé primitif et engage la création sur des voies inédites, en prise avec la vie courante. Ce catalogue s'articule en trois grandes sections : 1. Célébration de l'homme du commun La figure fantasmatique de l' "homme du commun" est mise en oeuvre par le peintre au coeur de ses écrits et de sa peinture dès 1944. L' "homme du commun" est à tout à la fois une manière de se définir et se situer dans le monde en général, et dans le monde de l'art en particulier, le sujet de sa peinture et la représentation qu'il se fait de l'artiste authentique. 2. Une ethnographie en acte Dès l'entre-deux-guerres, Jean Dubuffet s'intéresse aux productions plastiques situées aux franges de l'histoire de l'art occidental. L'entreprise de l'Art Brut initiée en 1945 est au coeur de sa réflexion. Si l'on retient bien souvent son intérêt pour les dessins, peintures, sculptures et assemblages réalisés dans le milieu asilaire, il ne faut pas négliger son appétence et ses connaissances relatives à l'art populaire, au dessin enfantin, aux arts anciens ou aux artefacts extra-occidentaux. Le large réseau de coopération mobilisant ethnographes, psychiatres et autres amateurs d'altérité l'atteste. Plus avant, le peintre détourne les usages ethnographiques au profit de son oeuvre et de sa pensée, procédant à une ethnographie en acte détournée. 3. Critique de la culture La célébration de l'homme du commun et les rapports étroits qu'entretient Dubuffet avec les réflexions de l'ethnologie de son temps alimentent ce qui, dès 1949, s'institue comme une critique radicale de la culture humaniste. Dubuffet remet en cause la distribution des valeurs qui fondent celle-ci. Au coeur de son travail, le point de vue, le langage, les systèmes de croyance et les valeurs de l'art sont questionnés. La forme de relativisme absolu à laquelle procède alors le peintre ne va pas sans faire écho au travail de son contemporain Claude Lévi-Strauss, anthropologue intéressé par les démarches du peintre. Cette xposition voyagera ensuite à Barcelone puis au musée d'ethnographie de Genève.

04/2019

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Beaux arts

Crépuscules arctiques. Pastels du Groenland à la Sibérie, jusqu'en Tchoukotka

Jean Malaurie, un monument qui incarne à lui seul la défense et l'amour des peuples arctiques ! Ses Derniers rois de Thulé ont fait le bonheur de centaines de milliers de lecteurs, comme sa collection Terre humaine. Il dévoile enfin ses Pastels arctiques, témoignages inédits d'un homme inspiré, chamanique, habité par les forces cosmiques. C'est l'un des plus grands explorateurs, le premier français à avoir atteint le pôle géomagnétique Nord, le 29 mai 1951, en traineau à chiens. Il a révélé au monde le peuple des Inuits, vécu de longs mois avec eux. Mais c'est aussi un immense scientifique, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, un ethnologue, anthropologue, un éditeur et directeur de collection célèbre. Terre humaine, c'est lui, et il peut s'enorgueillir d'avoir " lancé " Claude Lévi-Strauss avec Tristes tropiques. Aujourd'hui, à 98 ans, dans une forme toujours éblouissante, Jean Malaurie accumule les titres de gloire. A la vérité, il s'en moque. Jean Malaurie n'a qu'une idée en tête, résister, comme ce rebelle dans l'âme l'a toujours fait. Résister contre l'implantation d'une base militaire secrète américaine au coeur du Groenland, en 1951, résister en faveur des peuples premiers et des minorités de l'Arctique, sa grande mission et la passion d'une vie. De ces années au pôle Nord, il a rapporté la matière de livres indispensables, dont Les derniers rois de Thulé, qui ont fait le bonheur de centaines de milliers de lecteurs. On aurait pu croire que tout était dit mais cela aurait été mal connaître Jean Malaurie. Oser, résister , publié l'année dernière, a été salué par la presse et les lecteurs. Et puis maintenant, plus surprenant encore, ces Crépuscules arctiques, Pastel, du Groenland à la Sibérie Tchoukotka Comment, par des températures extrêmes, un homme a-t-il pu réaliser des pastels ? Comment l'idée lui est-elle venue, quel besoin, quelle " folie " le poussait d'apporter ses craies, son papier, pour dessiner au coeur d'un monde de glace ? Il lui fallait saisir, explique Jean Malaurie, ce moment mystérieux où le ciel polaire lutte entre la lumière et l'obscurité, pour sombrer peu à peu dans le noir. Ce moment où des forces qui dépassent les hommes, et presque l'imagination, entrent en jeu. Rendre compte de ce mystère absolu. Voici donc ces oeuvres d'art raffinées qui sont aussi des témoignages d'une pensée devenue quasi " primitive ", en communion profonde avec la nature et l'espace. Car Jean Malaurie, grand homme de science, est aussi un homme habité, sensible aux forces telluriques et cosmiques, un véritable animiste et presque un chaman. Cette quarantaine de pastels de la nuit polaire nous invite à découvrir ce visage inédit et ce témoignage unique, de toute beauté, explicité par un très important texte de présentation de Jean Malaurie lui-même.

10/2020

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Archéologie

Archéologie médiévale N° 51/2022

Delphine Cense-Bacquet avec la collaboration de Murielle Meurisse-Fort, Tarek Oueslati, Didier Pousset et Sabrina Save L'habitat alto-médiéval du Chemin de Visemarais à La Calotterie (Pas-de-Calais) : approches de l'occupation d'un quartier du portus de Quentovic 7 Edward Impey Une image sur pierre d'un château en bois : un graffiti médiéval au château de Caen 55 Astrid A. Noterman, Alison Klevnäs, Edeltraud Aspöck, avec la collaboration de Martine van Haperen et Stephanie Zintl La perturbation des sépultures mérovingiennes est-elle " élémentaire " en archéologie ? Nouveaux regards sur les réouvertures de tombes au haut Moyen Age en Europe 69 Mélinda Bizri, Quentin Borderie, Gaëtan Jouanin, Yannick Mazeau, Coline Lejault, Guillaume Saint-Didier, Sabrina Save, Alys Vaughan-Williams, avec la collaboration de Magali Labille, Amélie Laurent-Dehecq, Jean-Michel Morin, Dany Souchet Vivre aux ixe-xie siècles sur le promontoire de Gien (Loiret) : architecture, activités et environnement d'un habitat privilégié 93 Chronique des fouilles médiévales en France en 2020 Répartition régionale des chantiers de fouilles médiévales 167 I - Constructions et habitats civils - environnements rural et urbain 171 II - Constructions et habitats ecclésiastiques 215 III - Constructions et habitats fortifiés 241 IV - Sépultures et nécropoles 279 V - Installations artisanales 289 VI - Archéologie subaquatique, épaves et installations portuaires 299 VII - Diverses chroniques 307 Bulletin critique Patrice Beck et Benjamin Saint-Jean Vitus (dir.), Le couvent des Cordeliers du Mont Beuvray. Histoire et archéologie (Panayota Volti) 311 Aurélia Bully, Sébastien Bully et Alain Dubreucq (dir.), Colomban et son influence. Moines et monastères du haut Moyen Age en Europe (Pascale Chevalier) 313 Emmanuelle Boube, Alexis Corrochano et Jérôme Hernandez (dir.), Du royaume Goth au Midi Mérovingien, Actes des 34es Journées d'archéologie mérovingienne (Toulouse, novembre 2013) (Claude Raynaud) 314 Marie-Cécile Truc (dir.), Saint-Dizier " La Tuilerie " (Haute-Marne). Trois sépultures d'élite du vie siècle (Florence Carré) 316 Anne Baud et Christian Sapin (dir.), Cluny. Les origines du monastère et de ses églises (Pierre Martin) 319 Pierre Gillon et Christian Sapin (dir.), Cryptes médiévales et culte des saints en Ile-de-France et en Picardie (Christian Gensbeitel) 321 Marie-Christine Bailly-Maître (dir.), L'entreprise minière de Brandes, xie-xive siècles (Danielle Arribet-Deroin) 323 Michael Lewis et Ian Richardson, Inscribed Vervels. A Corpus and Discussion of Late Medieval and Renaissance. Hawking Rings found in Britain (Baudouin Van den Abeele) 324 Marion Foucher, Annie Dumont, Lukas Werther et Doris Wollenberg (dir.), Inland Harbours in Central Europe : Nodes between Northern Europe and the Mediterranean Sea (Camille Gorin) 328 Claudine Munier et Inès Pactat (dir.), Le verre du viiie au xvie siècle en Europe occidentale (Elisabetta Neri) 332 Giovanna Bianchi et Richard Hodges (dir.), The nEU-Med project : Vetricella, an Early Medieval Royal Property on Tuscany's Mediterranean (Luc Bourgeois) 333 Marianne Senn et Jürg Tauber, Eisenverhüttung im Dürsteltal. Ein Hochofen des 13. Jahrhunderts in Langenbruck (Alexandre Dissier) 337 Marie-Hélène Corbiau, Baudouin Van Den Abeele, Jean-Marie Yante et Anne-Marie Bultot-Verleysen, La route au Moyen Age. Réalité et représentations (Sandrine Robert) 338 Etienne Hamon, Mathieu Béghin et Raphaële Skupien (dir.), Formes de la maison. Entre Touraine et Flandre, du Moyen Age aux Temps modernes (Florence Journot) 340 Yves Henigfeld, Philippe Husi et Fabienne Ravoire (dir.), L'objet au Moyen Age et à l'époque moderne. Fabriquer, échanger, consommer et recycler (Julie Renou) 342 Alice Vanetti, Archéologie du bâti, Histoire et épistémologie des origines à nos jours (France, Italie, Suisse) (Bastien Lefebvre) 345 Morimond 1117-2017. Approches pluridisciplinaires d'un réseau monastique, Benoît Rouzeau et Hubert Flammarion (dir.) (Denis Cailleaux) 347 Livres et périodiques reçus 349

03/2022

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Littérature anglo-saxonne

Home [EDITION EN GROS CARACTERES

L'histoire se déroule dans l'Amérique des années 1950, encore frappée par la ségrégation. Dans une Amérique où le « White only » ne s'applique pas qu'aux restaurants ou aux toilettes, mais à la musique, au cinéma, à la culture populaire. L'Amérique de Home est au bord de l'implosion et bouillonne, mais c'est ici la violence contre les Noirs américains, contre les femmes qui s'exprime. Les grands changements amorcés par le rejet du Maccarthisme, par la Fureur de vivre ou le déhanché d'Elvis n'ont pas encore commencés. En effet, les Noirs Américains sont brimés et subissent chaque jour le racisme et la violence institutionnalisés par les lois Jim Crow, qui distinguent les citoyens selon leur appartenance « raciale ». Pour eux, le moindre déplacement, même le plus simple, d'un état à l'autre, devient une véritable mission impossible. En réponse à cette oppression, l'entraide et le partage – facilités par l'utilisation du Negro Motorist Green Book de Victor H. Green qui répertorie les restaurants et hôtels accueillant les noirs dans différents états – sont au cœur des relations de cette communauté noire dans une Amérique à la veille de la lutte pour les droits civiques. rnLa guerre de Corée vient à peine de se terminer, et le jeune soldat Frank Money rentre aux Etats-Unis, traumatisé, en proie à une rage terrible qui s'exprime aussi bien physiquement que par des crises d'angoisse. Il est incapable de maintenir une quelconque relation avec sa fiancée rencontrée à son retour du front et un appel au secours de sa jeune sœur va le lancer sur les routes américaines pour une traversée transatlantique de Seattle à Atlanta, dans sa Géorgie natale. Il doit absolument rejoindre Atlanta et retrouver sa sœur, très gravement malade. Il va tout mettre en œuvre pour la ramener dans la petite ville de Lotus, où ils ont passé leur enfance. Lieu tout autant fantasmé que détesté, Lotus cristallise les démons de Frank, de sa famille. Un rapport de haine et d'amour, de rancœur pour cette ville qu'il a toujours voulu quitter et où il doit revenir. Ce voyage à travers les États-Unis pousse Frank Money à se replonger dans les souvenirs de son enfance et dans le traumatisme de la guerre ; plus il se rapproche de son but, plus il (re)découvre qui il est, mieux il apprend à laisser derrière lui les horreurs de la guerre afin de se reconstruire et d'aider sa sœur à faire de même. rnrnrnHome est le dixième roman de Toni Morrison. À travers l'histoire dure et torturée de ce jeune soldat, c'est un roman de la rédemption que nous offre ici l'auteur. Ce retour à l'Amérique du XX e siècle, avec une focalisation sur les années 1950, est un développement nouveau dans l'œuvre de Toni Morrison, mais on retrouve pourtant les thèmes qui caractérisent son œuvre. Elle laisse le lecteur découvrir ces années 1950 qui ne sont finalement que suggérées qu'à travers de petits indices. Elle laisse le souvenir de cette époque se reconstruire à travers les images distillées dans notre inconscient collectif. C'est encore et toujours dans la suggestion que l'art de Toni Morrison se révèle. Elle réussit à faire d'un roman finalement assez court une véritable œuvre tout en subtilité, en vérités voilées qui se glissent progressivement jusqu'au lecteur avant d'exploser au grand jour.

03/2024

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Sociologie

Le structuralisme

Aborder les problèmes de notre temps en une loyale discussion - tel est le but de Verse et Controverse - devait inévitablement amener à traiter du structuralisme, non pas comme d'une mode ou d'un engouement passager, mais comme courant de pensée significatif d'une évolution culturelle. Certes, la variété des représentants du structuralisme, Lévi-Strauss, Lacan, Foucault, pour ne citer que les plus connus, explique que certains refusent d'y voir une véritable école ou un mouvement de pensée ayant des traits bien définis. La nouveauté du structuralisme est plutôt dans l'attitude globale de l'esprit affronté au réel et à l'homme lui-même. On sait que la tradition philosophique occidentale moderne a centré son attention sur l'homme, devenu vraiment pour elle mesure de toutes choses. La phénoménologie en a été l'expression la plus générale, se retrouvant sous des formes bien diverses, communes à l'athéisme et à la réflexion religieuse : le monde ne peut être appréhendé que vécu existentiellement par l'homme ; toute connaissance qui exclurait cette expérience ne pourrait être que partielle. De là à penser que c'est le regard et la conscience signifiante de l'homme qui crée le monde et les valeurs, il n'y a qu'un pas. Le structuralisme est dans le refus de privilégier la part de l'homme dans la recherche du vrai ; en, un certain sens il est bien la "mort de l'homme" , de l'homme comme centre d'organisation et de signification du réel. Si certains se sont effrayés de voir en lui resurgir une sorte de néo-positivisme, il n'en reste pas moins qu'il a été une réaction salutaire vers un sens plus réaliste de l'objectivité, même si celle-ci n'a guère de traits communs avec celle des anciens. C'est dire l'intérêt du sujet. Il touche une des questions les plus graves de la réflexion philosophique, et même théologique, que le progrès des sciences humaines pose à nouveau d'une façon singulière et propre à notre temps. Jules Gritti. Ancien professeur de philosophie au séminaire de la Mission de France, à Pontigny, est actuellement aumônier des étudiants et des jeunes réalisateurs de cinéma et de télévision. Sociologue, il participe sous la direction de George Friedmann à un centre d'études de communications de masse - le C. E. C. M. A. S. - centre qui est associé au C. N. R. S. Comme sociologue, il a le souci d'être présent à l'événement ; aussi ne s'étonnera-t-on pas de le voir ici défendre le structuralisme comme méthode d'approche et de compréhension du réel. Paul Toinet. Auteur de L'Homme en sa vérité, également ancien professeur de philosophie au séminaire de la Mission de France à Pontigny. Bien qu'ayant les mêmes options fondamentales en philosophie et en théologie que le Père Jules Gritti, c'est-à-dire d'adhésion à une métaphysique de consentement à l'être, leur situation diffère quelque peu. En effet, il se livre actuellement à un travail de réflexion et de rédaction aussi bien dans le domaine philosophique que théologique. Il nous a donc sem

01/1968

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Russie

Voyage au pays des Ze-Ka suivi de Le Chemin vers l’Occident

Les Ze-Ka ou Zeks (abréviation écrite sous la forme "z/k" de "zaklioutchonny kanaloarmeets") ce sont les "détenus-combattants du canal" , ces esclaves d'un des grands chantiers soviétiques du début des années 1930, le canal mer Blanche-Baltique. Le terme désigne par la suite tout détenu des camps du Goulag. Comme l'écrit Julius Margolin : "Le pays des Ze-Ka ne figure sur aucune carte soviétique et ne se trouve dans aucun atlas. C'est le seul pays au monde où il n'y a aucune discussion sur l'URSS, aucune illusion et aucune aberration". Enfin publié par nos soins dans son intégralité en 2010, sous son titre original, le Voyage au pays des Ze-Ka est l'un des plus bouleversants témoignages jamais écrits sur le Goulag. Le livre était précédemment paru, abrégé, en France en 1949 sous le titre La Condition inhumaine, bien avant les chefs-d'oeuvre de Soljénitsyne et de Chalamov. Cet hallucinant récit de cinq années passées dans les camps soviétiques ne le cède en rien à ceux de ses célèbres successeurs, ni pour la qualité littéraire, ni pour l'acuité de pensée et la hauteur de vue avec lesquelles l'auteur s'efforce de donner un sens à son expérience, aux limites de l'humain. "Il est absurde et incompréhensible qu'un livre de l'importance de Voyage au pays des Ze-Ka, [... ], n'ait jusqu'ici jamais pu figurer à sa place dans les bibliothèques : aux côtés de Si c'est un homme, de Primo Levi et des Récits de la Kolyma, de Varlam Chalamov (entre autres, mais avant tout) ; autrement dit, aux limites et au coeur de ce que la littérature peut révéler de l'espèce humaine" , écrivait dans Libération, Philippe Lançon au moment de sa parution. Douze ans plus tard, notre seul best-seller est devenu un classique de la littérature sur les camps, il a été traduit chez de grands éditeurs en Allemagne, en Pologne, et aux Etats-Unis (préfacé par l'auteur de Terres de sang, Timothy Snyder). Dans sa présentation du livre, en 2010, Luba Jurgenson écrivait : "Margolin fut témoin de cette page de l'histoire encore insuffisamment connue en France qui fait suite au pacte Molotov-Ribbentrop, à savoir la répression soviétique contre les citoyens polonais affluant massivement de la Pologne occidentale et, plus généralement, le nettoyage des confins pratiqué dès le début de l'occupation soviétique sur les territoires destinés à faire partie de l'URSS. Ces purges, qui visaient à la russification des populations, devaient assurer en premier lieu la destruction des élites et des institutions démocratiques, étape déjà réalisée partout ailleurs en Union soviétique". La Russie de Poutine, en se livrant à nouveau à ce qui s>apparente au "nettoyage des confins" de sinistre mémoire, s'est hélas chargée de rendre au Voyage au pays des Ze-Ka une brûlante actualité, et il était donc urgent de rééditer dans une collection de grande diffusion. Pour cette réédition, le livre est augmenté des neuf chapitres dans lesquels, sous le titre "Le chemin vers l'Occident" , l'auteur relate son retour en Palestine depuis Slavgorod, en Asie centrale, où Margolin s'était rendu à sa sortie du goulag, jusqu'à son embarquement à Marseille, en passant par la Pologne où il retourne à Lódz, où il marche au milieu des ombres de ses concitoyens juifs disparus "comme un somnambule" . Et des repères cartographiques qui permettent de suivre ses tribulations.

11/2022

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Littérature française

L'obstination française

Nos aïeux ont vécu le phénomène de la conscience nationale lors de la libération de Paris, le 26 Août 1944. C'est ce qu'avait exprimé le Général de Gaulle en parlant d'un de ces gestes de la France, qui parfois au long des siècles, viennent illuminer notre histoire. Après la guerre 39/45 nait la génération des baby-boomers qui ne laissera rien au hasard du temps. La reconstruction de la France ne fait pas oublier les maladies telles la diphtérie ou la poliomyélite qui touchèrent de nombreux enfants conduisant la médecine à réaliser des avancées notoires. Par la suite et dès le début des années 60, l'état d'esprit des jeunes commençait à profiler le chemin de leurs rêves. Entre leçons et devoirs d'école, la camaraderie devenait une force vive aidée en cela par l'éducation parentale, la musique, les arts et le sport, sans oublier les filles tant il est vrai qu'elles étaient jolies et sexy. Au cours des années 60, les adolescents ont fissuré la chape de plomb des longs silences qui maintenait les tabous de l'époque et qui tomberont les uns après les autres. Magie de l'époque entre combats d'idées, souffles d'émotions et de bonne humeur. Ce fut le cheminement d'une merveilleuse période qui durera près de vingt ans. Les mômes des cités vivaient sous l'influence des tempos rock d'Elvis Presley, Gene Vincent et autres rockers qui précéderont la grande et fabuleuse épopée des groupes pop/rock. Les Beatles, les Stones, mais aussi Bob Dylan, Jimi Hendrix et de nombreux autres groupes enflammèrent les cœurs des adolescents pour atteindre leurs plus grands bonheurs... C'était une manière singulière de passionner les jeunes pour soutenir inexorablement leurs idées de changement. En effet, ce fut les coups de gueule d'une jeunesse exhortant leurs revendications sur une vision plus réformiste de la société française. En Mai 1968, la révolte estudiantine avec la classe ouvrière permettait de gagner de grandes avancées sociales. En 1969, la loi sur la pilule contraceptive fut votée puis, en 1975, le Mouvement de Libération de la Femme (M.L.F) relayé par l'extraordinaire combat de Simone Veil permis de faire voter la loi sur le droit à l'avortement. Cette dernière sera suivie par la loi relative au divorce par consentement mutuel. Même si les plus conservateurs ont critiqué ces avancées sociales, il n'en reste pas moins vrai qu'elles auront marqué notre génération et les suivantes. Depuis cette époque, la France n'a pas connu de périodes aussi déterminantes. En effet, depuis plus de trente ans on assiste à une apathie quasi-générale des différents acteurs de notre société. L'économie française s'abandonne dans un immobilisme récursif. Les investissements et le retour de l'excellence de la recherche devront impérativement accompagner le sursaut français. Sur le plan sociétal, les attentats terroristes aussi surprenants que tragiques ont éveillé des craintes et ranimé la peur de l'autre. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, il aura fallu du temps et ces dramatiques évènements pour que les hommes politiques prennent enfin conscience des dangers de l'extrémisme religieux. Depuis plusieurs décennies l'immigration de masse est refusée par les autres continents. Seule l'Europe a ouvert ses portes faisant abstraction des critères d'assimilation, et, au fil du temps, certaines cités de banlieues se sont dressées comme des zones de non-droit. Les agressions verbales et physiques ont porté et portent encore le poids d'une lourde indifférence. Les attentats terroristes de ces dernières années ont déchiré le cœur des français. Dans ces situations d'insécurité multiples, les citoyens et citoyennes restent inquiets malgré la sérénité convenue des « grands penseurs » qui actionnent à l'envi la sirène de la xénophobie. Depuis trop longtemps les principaux acteurs politiques de la nation, gauche et droite confondues, se sont enlisés dans un profond déni de réalités en laissant bâtir progressivement l'échafaudage du F.N. Or, chacun sait que dans tous les domaines de la vie, l'obstination annihile le plus souvent la part des réalités et, finalement, à trop vouloir minimiser les vagues, la violence d'un tsunami n'est malheureusement pas à exclure...

11/2016

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Critique littéraire

Revue de la Bibliothèque nationale de France N° 59/2019 : World-building. Création de mondes et imaginaires contemporains

A l'heure où la fantasy séduit de plus en plus (Le Seigneur des anneaux, Game of Thrones...), plaçant les "mondes inventés" au coeur de la culture populaire, ce dossier s'interroge sur leurs formes et leurs usages en confrontant le regard des historiens du genre à celui des spécialistes des médias et des créateurs, qu'ils soient écrivains ou concepteurs de jeux. L'invention de mondes imaginaires L'invention de mondes imaginaires est une idée aussi ancienne que l'humanité, depuis l'Atlantide de Platon, ou encore l'Utopia de Thomas More. Mais c'est dans la seconde moitié du XIXe siècle en Angleterre, avec Lewis Carroll et William Morris, que naissent la fantasy et sa pratique, le worldbuilding. Un genre qui connaîtra un succès prodigieux à partir des années 1960, à travers l'oeuvre de Robert E. Howard (Conan le Barbare) et celle de Tolkien (Le Seigneur des anneaux). Anne Besson retrace pour nous l'histoire du genre pour lequel Tolkien tient lieu de modèle, l'écrivain-démiurge qui, pour créer sa mythologie personnelle, dessine des cartes, crée une cosmogonie, élabore des chroniques... Les cartes jouent en effet un rôle spécifique dans la création des mondes imaginaires, ainsi que l'expose Julie Garel-Grislin dans son article. La fantasy connaît en France une apparition tardive (les premières traductions datent des années 1970) : il faut attendre le nouveau dynamisme éditorial de la fin des années 1990, décrit par Marie-Lucie Bougon, pour la voir s'affirmer et se singulariser (avec des éditeurs comme Mnémos, Bragelonne...). Ce succès éditorial, très marqué chez les jeunes enfants et les adolescents, nous conduit à nous interroger, aux côtés de Laurent Bazin, sur les raisons d'une telle fascination au-delà du simple besoin de divertissement. Un succès transmédia L'engouement pour ces imaginaires contemporains s'étend bien au-delà de la littérature, porté par le développement de nouveaux médias (bandes dessinées, pulps, films, séries télévisées, jeux vidéo, jeux de rôle...), chaque support nourrissant l'autre, avec l'ambition de construire un monde complet et consistant, quoique fictif. Les créations de nouveaux univers sont pléthoriques au cinéma (Star Wars, adaptation du Seigneur des anneaux), dans les séries (Game of Thrones ou Westworld), le jeu vidéo (World of Warcraft ou Assassin's Creed) et même les jouets (Lego)... Elles sont aujourd'hui au coeur de la culture populaire au point de faire émerger une nouvelle communauté de fans, les "geeks", qu'ils soient fervents lecteurs de fantasy, de mangas, ou de comics, "rôlistes", gamers, amateurs de séries fantastiques ou de films d'horreur. David Peyron nous dit quelles pratiques se cachent derrière ce vocable, tandis qu'Olivier Caïra revient sur les jeux de rôle sur table, tels que Donjons et dragons. Les genres de l'imaginaire sont également très présents sur le petit écran, depuis Star Trek jusqu'à Game of Thrones, au point de brouiller la frontière avec le cinéma. Une évolution que décrit Florent Favard. Alain Boillat se concentre quant à lui sur le cas de Westworld qui, tout en reprenant les codes du western, explore la problématique de l'intelligence artificielle et tend un miroir à nos préoccupations contemporaines... La parole aux "créateurs" Il s'agit aussi d'entendre la parole des créateurs, de ceux qui donnent corps à ces univers, qu'ils soient écrivains ou concepteurs de jeux. Des écrivains français se sont prêtés au jeu, tels que Jean-Philippe Jaworski, auteur de deux cycles de fantasy, Récits du Vieux Royaume et Rois du monde (éditions des Moutons électriques), Lionel Davoust, auteur des Chroniques d'Evanégyre (éditions Critic), ou encore la Canadienne Karoline Georges, auteur de romans d'anticipation (SF Folio). Côté jeux vidéo, la société Ubisoft expose sa ligne éditoriale et la manière dont elle reconstruit des mondes historiques disparus, comme dans son dernier opus, Assassin's Creed Odyssey (2018), dont l'action se situe en Grèce pendant la guerre du Péloponnèse. Tout doit concourir à l'immersion du lecteur ou du joueur... Rubriques : L'"Actualité de la recherche" mène l'enquête avec Laurent Demanze sur la passion de l'investigation dans la littérature contemporaine La "Découverte" des archives comiques de la photographie relate avec humour comment ce médium a été perçu dans la presse humoristique du XIXe siècle Une " Galerie " autour du typographe Christian Delorme La rubrique " Histoire de la bibliothèque " consacrée à l'Arsenal pendant la première moitié du XIXe siècle Le récit de Gaëlle Obiégly en " Résidence " à la BnF

10/2019

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Contes de toujours

Miniconte alice aux pays des

Un grand classique de la littérature ! Une version adaptée aux jeunes lectrices et magnifiquement illustrée.

07/2023