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pauvreté

Extraits

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Littérature française

Ciao bella

Nous habitions, avec mon père, dans l'une de ces îles qui font la sentinelle à l'ouest de la Sicile et du continent, une maison de pierre construite des mains patientes d'un aïeul garibaldien à quelques pas de la Méditerranée, en bout du village. Par un phénomène que je ne m'expliquais pas à l'époque, la pauvreté nous était moins pesante que pour les autres familles de pêcheurs. Mon père possédait son propre bateau dont il avait renouvelé le diesel Fiat, modèle 1933, sans trop d'efforts et il employait même pour compagnon Giuseppe Cucagna, un mort de faim dégingandé, illettré mais dévoué, qui l'aidait à tirer le filet : ceci, moyennant sa subsistance et le vin noir d'une vigne que mon père possédait à flanc de volcan et qu'il lui mesurait d'autant moins qu'à défaut de boire, Giuseppe n'était bon à rien. Nous menions une vie paisible qu'aucune ombre ne menaçait et je ne pouvais qu'espérer dans les événements à venir tant ils me paraissaient inscrits dans un programme à l'avance organisé par un destin bienveillant. Aimé de mon père, aimé d'Agrippina Foscari dont je parlerai plus loin, aimé des gens de mon île et même aimé du Duce comme quarante millions d'Italiens, je voyais s'annoncer l'été le plus magnifique, le plus prometteur de ma jeune vie, en ce temps où j'abordais les rives de l'âge d'homme. Rien. Je ne savais rien. Jean-Pierre Cabanes, né en 1949, exerce une profession libérale dans le Midi de la France et écrit des romans dont l'action se déroule souvent en Italie. Ciao bella est son dix-septième roman.

03/2009

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Sociologie

La fabrique des "meilleurs". Enquête sur une culture d'exclusion

Pourquoi la France, qui se veut modèle universel en matière de solidarité et de protection sociale, ne parvient-elle pas à résorber un taux de chômage et de pauvreté parmi les plus élevés des pays riches ? Comment se fait-il que la gauche comme la droite échouent depuis vingt ans sur ce terrain ? Le fait est que, malgré nos coûteux systèmes d'assistance, nous avons quasi autant de pauvres que la très " libérale " Amérique. Contrairement à ce que l'on pense parfois, les causes principales de cet échec ne sont ni économiques, ni techniques, mais culturelles. C'est la rançon d'un usage dévoyé de la méritocratie. Dans la très élitiste société française, c'est la performance du " meileur " qui commande et verrouille l'accès à l'emploi. Sous la devise " À chacun selon ses mérites ", les systèmes de formation fonctionnent comme une raffinerie chargée de sélectionner très tôt - bien trop tôt - la crème de la nation. Ainsi a été tracée une " voie royale " instaurant une séparation entre " élus " et " déchus ". Les conséquences de cette discrimination sont désastreuses : une relation hystérique des parents à l'égard de l'école, un mépris pour ceux qui y échouent, des réflexes corporatistes impitoyables, mais surtout un déficit tragique de main-d'œuvre bien formée. Inefficace, cet élitisme. Pour le discours devenu dominant, les éliminés ou les " déclassés " n'ont eu que " ce qu'ils méritaient ! ". Cette indifférence et ce " racisme social " imprègnent dorénavant notre culture. Dans notre pays, il est devenu très dur, pour ne pas dire impossible, de remonter la pente lorsque l'on est relégué parmi les déclassés. Sans langue de bois ni préjugés idéologiques, Patrick Fauconnier mène dans ces pages une enquête saisissante.

04/2005

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Religion

LES NOCES DE DIEU OU LE PAUVRE EST ROI. Edition 1998 mise à jour

Jean Paul II : "L'an 2 000 sera une année intensément eucharistique : dans le sacrement de l'Eucharistie, le Sauveur, incarné dans le sein de Marie il y a vingt siècles, continue à s'offrir à l'humanité comme source de vie divine." Cette transition stratégique d'un millénaire à l'autre sera vécue en accueillant, creusant, aimant, faisant aimer ce mystère par excellence de l'Amour, source de toute vie, de toute paix, de tout amour. C'est là que s'actualise - à chaque heure et en chaque point de l'espace - la plus sensationnelle des révolutions cosmiques : Dieu se faisant petit enfant, le Très-Haut devenant mon Frère. C'est dans la perspective de ce seuil décisif de l'histoire de l'humanité, que paraît cette vaste symphonie célébrant l'Eucharistie. Comme autant de lignes mélodiques harmonisant Punique thème, les différentes dimensions de l'Eucharistie ont été successivement moins creusées que chantées, moins étudiées que célébrées. En ce troisième et dernier mouvement, les connexions de l'Eucharistie avec la faiblesse (malades, personnes handicapées, sidéennes) et les multiples formes de pauvreté (divorcés remariés), le sacerdoce et le mariage, le cosmos et le monde invisible, la mort et la gloire. Tout au long de ce large oratorio d'action de grâces sont orchestrés les voix des Pères de l'église et des saints d'Orient et d'Occident, les témoignages vivants d'aujourd'hui, en pays visités lors des virées apostoliques de Daniel-Ange. Incessant chassé-croisé à travers le temps et l'espace En ce point d'orgue final, résonne surtout l'appel de Dieu à ses premiers invités : les pauvres et les petits. Ceux que nous sommes appelés à devenir en recevant le Pauvre et le Petit par excellence. Celui, dont les autres sont les très ressemblantes icônes. Des icônes de gloire.

10/1998

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Romans historiques

Le Taj Mahal au clair de lune

Agra, 1633. Depuis son balcon du Fort rouge, l'empereur Shah Jahan contemple le chantier au-delà de la Jamuna. Les premiers murs s'élèvent peu à peu, bientôt recouverts de frises de marbre blanc incrusté de pierres fines. Ouvriers, artisans, sculpteurs venus des quatre coins du pays et même de l'étranger, ils sont des milliers à travailler dans le bruit et la poussière. De cette incessante activité doit naître le Taj Mahal, fabuleux tombeau que Shah Jahan destine à la dépouille de son épouse. Mais le jour où le dôme immaculé scintillera au clair de lune n'est pas encore arrivé. Car si l'amour de l'art anime les uns, le mécontentement gagne les autres. Dans les campagnes, la pauvreté règne et le bruit court que toute la fortune de l'empire sera bientôt engloutie par le mausolée. Il n'en faut pas plus au bandit Amritlal pour gagner à sa cause de nombreux paysans affamés. Avec eux, il prépare un coup d'éclat qui les rendra tous riches. C'est une jeune princesse rajpoute, Sanjana, qui s'efforcera de déjouer les plans du brigand. Aidée par Fleur de lune, sa fille adoptive sourde et muette, et par une ribambelle d'enfants facétieux mais rusés, elle tentera aussi de retrouver la trace de son mari Austin de Bordeaux, dont le rôle primordial dans la construction du tombeau semble désormais oublié... Aventures, voyages, intrigues galantes et politiques se mêlent ici pour composer une vaste fresque de l'Inde à l'époque de la dynastie des Moghols, une civilisation raffinée et complexe dont le joyau demeure aujourd'hui le symbole du pays: le Taj Mahal, véritable chant d'amour taillé dans le marbre.

05/2006

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Sciences politiques

La revue internationale et stratégique N° 119, automne 2020 : La géopolitique par le genre : des réflexions aux nouveaux répertoires d'action

En tant que concept, champ de recherche et outil d'analyse du réel, le genre demeure peu mobilisé en géopolitique. Or, les droits des femmes, ceux des LGBTI, les violences sexuelles et sexistes, les questions relatives au corps, à la sexualité, aux rapports sociaux du sexe, quelle que soit l'aire géographique considérée, deviennent des préoccupations incontournables. En outre, analyser la géopolitique par le genre invite à (re)questionner tous les domaines "classiques" de l'agenda international : la pauvreté, le climat, l'agriculture, la religion, le développement, la santé, les migrations et les mobilités, le travail, le modèle capitaliste et productiviste, le sport, la culture, le militaire, le terrorisme, etc. Réciproquement, il est intéressant d'enrichir, par la géopolitique, les réflexions sur le genre. Outil de pensée critique, l'approche par le genre a également une fonction programmatique invitant à s'appuyer sur la recherche pour transformer le réel en promouvant la liberté, l'émancipation, la lutte contre les inégalités, le respect de l'autre et de l'environnement, contre les politiques de prédation et les manières virilistes de gouverner. Dans un contexte de crises planétaires, qu'elles soient socio-économiques, financières, environnementales, sanitaires et / ou politiques, prendre en compte la dimension genrée des sujets de l'agenda revêt un intérêt politique et prospectif pour comprendre, mais aussi pour agir. Non seulement pour mieux cibler les populations vulnérables et lever certains tabous sur les violences de genre, pour garantir un développement durable bénéficiant à toutes et tous, mais aussi pour s'appuyer sur la capacité de changement portée par les filles et les femmes dans de nombreuses régions du monde. Sans prétendre aborder l'ensemble des problématiques relatives aux liens entre genre et géopolitique, ce dossier de La Revue internationale et stratégique vise, sur quelques aires géographiques, à rendre compte de recherches pluridisciplinaires denses et à ouvrir le débat.

09/2020

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Histoire internationale

L'Inde, continent rebelle

Les Indiens et leur passivité. L'Inde et ses " intouchables ", sa pauvreté, son incapacité à décoller. Mais aussi l'Inde et l'hindouisme, son passé et son présent religieux, ses lieux de pèlerinages anciens et modernes, Bénarès et Katmandou. L'Inde et Gandhi, la non-violence et la " plus grande démocratie du monde ". Autant de clichés ? Non pas, mais une vision tronquée, encombrée, du pays qui deviendra le plus nombreux du monde au XXIe siècle. Guy Deleury a appris l'Inde à travers vingt-cinq ans de présence et de pérégrination dans ce vaste continent, en passant par des routes imprévues et grâce à des rencontres improbables qui l'ont libéré d'une masse de livres qu'il croyait bons. Et, revenu en France, il s'étonne : " pourquoi les journaux, même mes préférés, parlent-ils si peu et si mal de ma bien-aimée lointaine ? Des images de catastrophes naturelles, des visages d'enfants esclaves ou de mystiques se baignant au Gange, des entonnoirs de bombes atomique, et puis rien. " A travers des pèlerinages successifs, il nous emmène ici au cœur d'une autre Inde : celle du livre de la jungle des castes et celle de l'invention des maharajas ; celle des Indiens eux-mêmes, de leurs traditions multiples, en particulier de leur tradition - trop ignorée - de rébellion. Il nous parle de la religion des exclus, des poètes et des musiciens de la bhakti, au moins aussi importante que la tradition des brahmanes. Il explique la complexité et le poids des castes. Il détaille la " glaciation " que fut l'occupation anglaise, puis il raconte le réveil et l'indépendance, mais aussi la division en deux Etats. Au total, une formidable relecture de l'histoire ancienne et récente de l'Inde, un livre nécessaire sur l'Inde d'hier pour comprendre l'Inde de demain.

05/2000

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Récits de voyage

Voyage d'un européen à travers le XXe siècle

Au début de 1999, j'ai quitté Amsterdam pour entreprendre un périple d'un an à travers l'Europe. Un dernier état des lieux, en quelque sorte: où en était le continent en cette fin de XXe siècle ? Et en même temps un voyage dans l'histoire, dont j'ai suivi littéralement les traces, tout au long du siècle, d'un pays à l'autre, en commençant en janvier par les vestiges de l'Exposition universelle de Paris et le souvenir de l'effervescente Vienne, pour finir en décembre sur les ruines de Sarajevo. J'ai donc voyagé avec le siècle, empruntant un dédale de routes et de chemins qui m'ont conduit de Londres à Saint-Pétersbourg, de Lisbonne à Berlin... J'ai conversé avec les témoins du siècle: écrivains, politiciens, résistants, officiers. Le petit-fils de Guillaume II, des descendants de réfugiés espagnols dans les Pyrénées françaises, le secrétaire de la reine Wilhelmine, des dizaines d'Européens m'ont raconté leur histoire. Dans ce récit de voyage, il est question du passé et de ce que le passé fait de nous. De discorde et d'incertitude, d'histoire et d'angoisse, de pauvreté et d'espoir. De tout ce qui divise et unit L'Europe d'aujourd'hui. Au fil de quelque mille pages, Geert Mak dresse le tableau des principaux événements du siècle passé. A partir de témoignages et de rencontres, à travers l'expérience intime du voyageur sur des lieux chargés de mémoire, il nous donne à lire la dimension humaine, individuelle, des grandes destinées des peuples. D'une virtuosité rare, cet ouvrage, véritable vade-mecum du XXe siècle, nous entraîne à notre tour dans un voyage unique.

10/2010

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Gestion

Compétitivité des entreprises et valeurs humaines

Le mot "compétitivité" est au centre des préoccupations des entreprises et les valeurs humaines ont pratiquement disparu de l'échiquier d'un marché globalisé. L'incohérence réelle de la situation économique et sociétale actuelle amène nos vies respectives vers l'implosion à tous niveaux : du bas de la pyramide avec l'augmentation du "burn out" des employés jusqu'en haut de celle-ci avec les crises financières auxquelles notre histoire commence à s'accoutumer. Depuis quelques années, le nirvana du système économique libéral est atteint : les travailleurs et consommateurs travaillent plus pour consommer plus, ils désirent plus pour acquérir plus, ils auto alimentent le cercle immoral de la société de surconsommation tout en alimentant le cercle lucratif des entreprises qui obtiennent des dividendes monstrueux. Il est inutile de rappeler les chiffres du chômage, de la pauvreté, des suicides et les dégâts inconcevables sur l'environnement. En parallèle et depuis quelques années, la croissance d'une économie sociale et solidaire est exponentielle. L'intérêt de ces nouvelles entreprises n'est plus uniquement le profit, mais le progrès commun, le respect de l'environnement ainsi que celui des salariés. Ce type d'économie travaille sur l'équilibre dont notre civilisation a réellement besoin. Comment et pourquoi ce type d'entreprises éthiques peut-il être aussi compétitif qu'une entreprise à vocation libérale ? Ce livre a pour but d'apporter des éléments à toutes les entreprises réticentes face à ce nouveau concept d'économie et pour toutes celles qui souhaitent emprunter cette voie. Egalement, il est un appel d'espoir vers un changement constructif de paradigme pour la survie de notre monde. Les mots clés : Compétitivité, innovation, management des connaissances, solidarité, valeurs humaines, management, leadership, avenir, respect, équilibre.

12/2014

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Religion jeunesse

L'impératrice Zita. Du conte de fées à l'Evangile

Née en 1892 et morte en 1989, c’est presque un siècle que Zita a traversé, des fastes de la Cour d’Autriche?Hongrie à la pauvreté de l’exil. Succédant à la célèbre Sissi, la dernière impératrice d’Autriche a marqué son court règne (à peine deux ans), durant la Première Guerre mondiale, par sa générosité, sa bonté, son attention aux soldats blessés et aux populations victimes de la guerre. Quand l’Empire s’effondre en 1918, Charles et Zita sont chassés d’Autriche et exilés sur l’île de Madère. Devenue veuve de l’empereur Charles à trente ans, seule avec ses huit enfants, Zita fait front avec courage et dignité, puisant sa force dans l’Eucharistie et la prière. En 1982, après soixante années d’exil qu’elle a vécues au service de la construction européenne, elle est autorisée à revenir en Autriche, sa « chère Patrie «. Elle meurt en Suisse à l’âge de 96 ans, mais c’est en Autriche que ses funérailles officielles ont lieu, en présence d’une foule émue de six mille personnes. Elle est enterrée à Vienne aux côtés des Habsbourg, tandis que Charles repose toujours à Madère où il est mort d’une pneumonie à 34 ans. Reconnu comme un artisan de paix, considérant sa charge « comme un service saint de ses peuples «, Charles a été béatifié par Jean?Paul II en 2004 et beaucoup espèrent que le couple impérial pourra être réuni sur les autels : la cause pour la béatification de Zita est en effet introduite depuis décembre 2009. « Après tout, écrit Zita en 1925, on est heureux d’avoir eu beaucoup d’épreuves : d’abord, elles sont passées et, surtout, on est heureux d’avoir quelque chose à donner au Bon Dieu. »

08/2018

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Economie

Le carcan de l'euro. Pourquoi en sortir est internationaliste et de gauche

Les traités européens et l'euro ont réduit la démocratie à la simple ratification des décisions d'institutions supranationales qui n'ont été élues par personne. L'intégration économique et monétaire européenne a fait exactement le contraire de ce qu'elle avait promis : elle a accentué les écarts économiques et les écarts de pouvoir entre les pays européens et les inégalités à l'intérieur de ceux-ci. Avec l'euro, le chômage et la pauvreté, le nationalisme et la xénophobie se sont massivement répandus en Europe pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Quitter l'euro serait-il un retour anachronique au nationalisme ou une étape nécessaire pour reconstruire une véritable solidarité entre les travailleurs européens ? L'Etat national est-il un atout à reléguer au musée de l'histoire ou le contexte dans lequel la démocratie et les droits du travail peuvent être mieux défendus ? Le but de ce livre est de répondre à ces questions. Pour ce faire, l'auteur retrace les raisons du scepticisme à l'égard de l'Etat national et de la diffusion du cosmopolitisme et de l'européisme, démontrant comment la construction européenne est née et conçue en opposition aux intérêts populaires. Les traités européens et l'euro sont placés sur une trajectoire de collision avec les Constitutions anti-fascistes et les droits démocratiques et sociaux garantis par plus de deux siècles d'histoire et de luttes qui se sont concrétisés au sein de l'Etat national. Ce n'est donc pas un hasard si nous assistons au transfert de certains pouvoirs fondamentaux de l'Etat national à des organes supranationaux. La question est donc moins d'affirmer la souveraineté nationale que de défendre et d'élargir la souveraineté populaire et démocratique, pour contrer le projet des élites économiques et politiques des nouvelles démocraties oligarchiques.

08/2018

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Photographie

Ulysses

Leïla Bousnina est photographe. Depuis près de vingt ans, elle rencontre aux quatre coins de la France des travailleurs immigrés vivants en meublés et en foyers. Des "chibanis", des anciens aux cheveux blancs donc, comme on les désigne communément, non sans affection parfois, trop souvent avec un brin de condescendance et toujours une drôle de certitude : les nommer ainsi suffirait à ce que l'affaire soit entendue. Ces hommes, sont donc, au mieux, réduits à cette catégorie commode, leur âge, Et si l'on se prête à songer à eux, quelques mots surviennent immanquablement : pauvreté, solitude, abandon. Les photographies de Leïla Bousnina nous invitent à ce que nous résistions à les nommer ainsi. Confusément d'abord, puis au fil des pages nous sommes, comme Leïla Bousnina au fil des ans, gagnés à une autre perspective. Nous sommes gagnés à la leur. Les incarnations singulières que nous donne à voir la photographe mettent en pièces la catégorie commode. Ce sont d'abord des travailleurs immigrés, des hommes sans famille à leurs côtés, des exilés, et l'âge n'est venu qu'après. Et chacune de leur vie, leur héroïsme quotidien, composent une geste ordinaire, celle d'Ulysses sans Ithaque. Ces Ulysses sont nos contemporains. C'est le travail d'une photographe qui rêve autant de sons que d'images, que de parvenir à ce que ses photographies nous invitent à l'écoute. Leïla Bousnina a aussi patiemment recueilli des dizaines de récits de vie, quatre d'entre eux ponctuent le livre, ils ont inspiré à Kamel Khelif quatre dessins originaux qui les sertissent. C'est sans doute la geste de Leïla Bousnina que de nous donner à entendre et à voir un autre vocabulaire, le leur, pour dire qui ils sont, ont été, auraient pu être...

11/2018

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Sciences politiques

Flux migratoires et émergence du fondamentalisme en Afrique centrale

Depuis que la crise de l'endettement de l'Afrique a commencé et s'est aggravée, les Africains ont choisi le chemin périlleux de l'émigration afin de se trouver des horizons prometteurs. La naissance des nouvelles dictatures, l'augmentation des taux de pauvreté, la stagnation de l'indice de développement humain des Etats d'Afrique centrale, l'absence de politique de gestion des peuples en errance, la réalisation des taux de croissance non inclusive, le développement de mouvements religieux sont des maux dont souffre l'Afrique centrale. L'inadaptation aux nouvelles technologies pour maîtriser les populations et l'absence totale de moyens, d'idéologies propres aux Etats afin de moraliser les sociétés africaines amsi que l'abandon de la jeunesse africaine à son triste sort constituent une autorisation officielle donnée tacitement aux agiles pour chercher d'autres voies pour survivre. Faute d'encadrement, le fondamentalisme s'installe et progresse exponentiellement ; le terrorisme se développe d'avantage dans la région. Les mouvements politico-religieux sont parfois considérés comme libérateurs de la dictature. C'est d'ailleurs dans ceux-là que l'insécurité, engendrée parle terrorisme, trouve ses racines ou fini par s'enkyster D'autres facteurs nourrissent le terrorisme : le développement des agglomérations en Afrique centrale, la petite croissance économique qui s'estompe avec le détournement des deniers publics par les détenteurs du pouvoir, l'échec de l'informatisation des services publics, surtout ceux devant assurer le suivi de l'évolution des populations, etc. Il est important de relever que si les Droits de l'Homme reconnaissent la liberté de religion, le fondamentalisme musulman se voit attribué un feu vert pour troubler l'ordre public. C'est ce qui expliquerait les revendications des actes barbares de mouvements tels que Boko Haram, Al Qaeda, etc.

11/2018

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Economie

La dépendance alimentaire de l'Afrique du nord et du Moyen-Orient à l'horizon 2050

Les besoins en produits agricoles de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient sont aujourd'hui couverts à 40 % par des importations, alors qu'au début des années 1960, seuls 10 % de ces besoins provenaient d'importations. Croissance démographique et évolution des régimes alimentaires se sont combinées pour entraîner une forte hausse de la demande alimentaire alors que la production agricole a connu une croissance certes importante mais de bien moindre ampleur. Dans cette région géopolitiquement complexe, les importations agricoles et les politiques alimentaires pèsent lourd dans le budget des Etats et leur niveau actuel peut devenir un frein au développement et à la lutte contre la pauvreté. A l'avenir, la pression démographique se sera encore renforcée et les impacts du changement climatique pourraient modifier sensiblement les potentialités agricoles de la région. Dans ce contexte, une étude visant à examiner le devenir agricole et alimentaire de cette région du monde à l'horizon 2050 a été réalisée. Après une analyse fine des déterminants de la situation actuelle, les effets d'un simple prolongement des tendances passées sur la dépendance alimentaire ont été simulés. Ce scénario central, qui intègre les effets d'un renforcement du changement climatique, a été complété par plusieurs scénarios alternatifs renforçant ou allégeant la dépendance aux importations. En tendances, la dépendance aux importations de la région pourrait s'accentuer et devenir extrême au Maghreb, au Moyen-Orient et au Proche-Orient. Aucun des différents leviers examinés pour limiter cette dépendance ne peut, pris isolément, en enrayer significativement la dérive. Seule leur combinaison, qui nécessite des politiques agricoles et alimentaires ambitieuses, et leur association à un effort mondial d'atténuation du changement climatique pourraient permettre de maintenir la dépendance alimentaire de la région à des niveaux raisonnables.

04/2017

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Histoire internationale

La Guinée, recherche du destin

Ce pays naguère appelé les "rivières du sud" devint "Guinée française" en 1891. Déjà en 1506 ses possibilités de développement étaient avérées grâce à ses riches productions de riz, d'indigo, de cire, d'or, de cannes à sucre, de peaux, d'ivoire... En 1845 l'arachide y fut introduite. Le café y connaissait déjà un début timide. Le cycle du caoutchouc débuta en 1889 et la Guinée exportait à elle seule la moitié de la production de l'ex A. O. F (Afrique Occidentale Française) composée de 8 colonies. En 1930 le caoutchouc chutait et était remplacé par la banane qui devint la principale ressource agricole d'exportation avec un niveau de 100 000 tonnes et était aux mains des Européens et des Libanais jusqu'en 1958, date de l'indépendance du pays où suite à une atmosphère houleuse avec la Métropole, tous ces planteurs durent quitter le pays. Nous sortîmes donc autonomes de la colonisation sans maîtriser les filières de productions agricoles de rente, base indispensable de l'emploi et de l'accumulation du capital dans un pays essentiellement rural. L'orientation marxiste de la jeune nation et le manque de sagesse de son premier leader ont plongé le pays dans une dictature sanglante, impitoyable et rétrograde durant un quart de siècle. Ce qui a fertilisé le terreau de l'ignorance, de l'incompétence et métastasé le cancer de la corruption, de la prévarication durant les longs règnes de successeurs sans vision, plongeant encore plus ce pays, fleuron annoncé d'une colonisation réussie dans les abysses de la pauvreté et de la mendicité. Pour la rédemption de la Guinée, une réforme en profondeur des institutions et des habitudes acquises s'imposent à tous les niveaux. Ce petit livre n'est qu'un essai de réflexion sur cette réforme.

07/2017

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Histoire internationale

Les armoires du temps

Archéologue de la mémoire, l'auteur tente de reconstituer l'histoire de deux familles, l'une grecque, l'autre roumaine. Dans ce texte hybride mêlant souvenirs, correspondances et recherches historiques, c'est une véritable enquête de détective qui est menée, à partir de fragments d'informations. S'inspirant des cahiers secrets de sa grand-mère, elle évoque la Transylvanie au tout début du Xe siècle, un arrière-grand-père d'une violence extrême, un jeune couple - ses grands-parents - qui, pour échapper à la pauvreté, s'exile en France et participe à la Résistance. La Résistance caractérise aussi la famille grecque pendant la guerre contre les Italiens et les Allemands, puis tout au long de la guerre civile qui a suivi, mal connue en France. A travers les lettres - pour la plupart censurées - et les témoignages des rares survivants d'une famille déchirée, est décrite la vie des détenus - en prison ou en déportation dans les îles, sacrifiés au nom de la peur du communisme et jugés dans des procès montés de toutes pièces - et celle de leur famille, restée à Athènes, qui souffre, mais ne peut accepter les choix des prisonniers, à qui il aurait suffi, parfois, de signer l'abjuration de leurs idées pour être libérés. Messagère de la mémoire, Anguéliki Garidis, fille de l'un de ces jeunes gens prisonniers pendant de longues années, mêle ses souvenirs d'enfant pendant la dictature des Colonels (1967-1974) et l'exil à Paris, à sa quête pour comprendre notamment les destins dramatiques de son père, de ses tantes et de leurs amis, écartelés entre leur idéal et leurs doutes. Ces voix multiples font naître une interrogation sur la notion même de mémoire et au travers de la "petite" histoire de ces familles, c'est la grande Histoire qui est en jeu.

05/2016

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Géographie

Du risque en Afrique. Terrains et perspectives

Dans l'Afrique actuelle, le risque n'est plus seulement au coin de la case et du champ, dans les caprices du ciel, dans les épidémies renforcées par la pauvreté. Il s'est diversifié, comme le montrent de nombreux exemples puisés dans les symboles d'une certaine modernité. Les accidents de la route, selon la conférence FANAF (Dakar 2011), y causent le taux de mortalité le plus élevé du monde, 28 décès pour 100 000 habitants. Dans le domaine des pollutions chimiques, un document du PNUE daté de septembre 2012 estime que les coûts liés à des empoisonnements par des pesticides en Afrique subsaharienne excèdent désormais les aides au développement versées annuellement à cette région du monde pour la santé, notamment pour la prise en charge du sida. Les explosions de pipelines et de gazoducs (Nigeria), les empoisonnements par des boissons frelatées (Kenya) sont d'autres événements significatifs. En cela, l'étude des risques constitue un révélateur très pertinent des modes de fonctionnement et de dysfonctionnements des sociétés, en Afrique comme ailleurs. La question des acteurs, des moyens de la régulation et de la gouvernance politique y est souvent au premier plan. Les enjeux sociaux et économiques sont énormes, comme le montrent les contributions dans ce livre à propos des risques professionnels dans le monde du travail. Cet ouvrage, qui fait le bilan du programme quadriennal (2007-2010) "risques en Afrique" de la Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine (MSHA), laisse une place importante au débat. De nombreux aspects restent en chantier et nécessiteront d'autres investigations : la cartographie des risques, les indicateurs, la mondialisation des risques, les systèmes multirisques, etc. Appuyée sur des terrains étudiés par des chercheurs africains et extérieurs, cette réflexion n'est qu'une étape qui permet de montrer qu'à partir du continent africain, on peut poser des questions concernant l'ensemble du monde.

10/2015

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Religion

Religieuses et religieux au XXIe siècle. Une proposition à la suite de Michel de Certeau

Où en est la vie religieuse aujourd'hui ? N'y a-t-il pas lieu de la réinventer ? Semblant condamnée à un inexorable déclin en Europe, on n'en voit guère les redéploiements disent les pessimistes. Or de fortes attentes la concernent. De nos différents lieux de vie, Paris, Lyon, Ouagadougou, nous voudrions en montrer le dynamisme évangélique. Nous connaissons bien les différents défis qui la traversent : celui de la fragilité, de la précarité, du sens, de l'interculturel, de l'intergénérationnel... Mais plusieurs points d'appui de la vie religieuse sont encore très solides : une vie de foi enracinée dans le Christ, une vie de communauté en Eglise, un goût de la rencontre avec tous, indépendamment même de la sécularisation grandissante. Comment éviter cependant que d'autres - de la compréhension du voeu de pauvreté dans les transformations de la conscience écologique à l'impact des technologies de l'information et de la communication sur ses formes de vie - ne soient sans effets ? En cette année du 30e anniversaire de son décès, nous avons choisi de vous faire une proposition à partir des écrits de Michel de Certeau sj (1925-1986). Le jésuite était un fin connaisseur de la vie religieuse. Même si le contexte a changé, c'est dans le sillon de sa pensée que s'inscrira cette proposition. Celle-ci comprendra trois temps : une ouverture sur la situation actuelle, un détour par sa théologie spirituelle ; un envoi, volontairement assez pastoral. Chacune de ces trois parties pourra être lue indépendamment l'une de l'autre. Mais nous croyons volontiers qu'un " diagnostic de crise e - au sens d'une mise au travail - renvoie aussi à une " crise du diagnostic e en Eglise, ce à quoi ce livre entend, pour une part, remédier.

01/2016

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Economie

L'innovation en stratégies de développement en Afrique. Acteurs nationaux, régionaux et internationaux de 1960 à nos jours

Ce livre s'intéresse à la question de l'innovation politique et institutionnelle en Afrique subsaharienne. Il propose une analyse du rôle des acteurs internationaux, régionaux et nationaux dans l'émergence et les trajectoires des stratégies de développement depuis 1960 - stratégies incluant les plans quinquennaux, les programmes d'ajustement structurel, les filets de sécurité sociale, les objectifs du millénaire pour le développement et les plus récentes stratégies de réduction de la pauvreté et de croissance. Une analyse comparée de neuf pays francophones apporte de la substance empirique aux arguments théoriques. Il s'agit du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, du Congo, de la Côte d'Ivoire, du Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo, auxquels il faut ajouter des acteurs régionaux et internationaux comme le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et les Nations unies. Contrairement à la plupart des analyses qui accordent une attention particulière aux phénomènes de continuité, ce livre propose de renouveler la discussion sur le changement institutionnel, en s'intéressant aux processus d'innovation. Afin d'expliquer l'origine et la séquence des innovations, les institutions et le temps sont les variables indépendantes qui ont été retenues. Les concepts de situation critique, de diffusion, d'apprentissage, de sédimentation, de conversion, et de dépendance au sentier sont utilisés dans une perspective critique qui permet d'en développer de nouveaux, ceux d'inclusion et d'intrusion institutionnelles, rendant ainsi mieux compte des phénomènes complexes observés en Afrique. Ces nouveaux concepts, mi- stratégiques, mi- idéationnels et mi-structurels, expliquent les marges de manoeuvre et les stratégies qu'utilisent les acteurs africains pour transformer les interactions et contraintes internationales ou régionales en opportunités et innovations politiques, tout comme l'émergence et les transformations de ces innovations sur trois décennies.

07/2015

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Economie

L'Afrique : un géant qui refuse de naître. La solution, c'est de tout reprendre à zéro

Tout le monde est unanime à reconnaître l'immensité des ressources en tout genre dont regorge l'Afrique pour devenir un des géants de la planète. Et pourtant elle ne parvient toujours pas à se positionner sur la voie de la croissance forte et du développement durable. Sur les 19 pays que compte le G20 un seul est africain : l'Afrique du Sud ; alors que le continent en compte 54. Après plus d'un demi-siècle d'autonomie relative dans la gestion des affaires publiques, tous les modèles expérimentés pour sortir l'Afrique du cul-de-sac de la pauvreté et de la misère se sont essoufflés sans atteindre les résultats escomptés ; et ce dans tous les secteurs de la vie économique et sociale. Tout porte à croire que le géant africain refuse de naître, alors qu'il jouit de tous les moyens nécessaires. L'agriculture africaine a failli à sa mission. L'industrialisation du continent est bloquée. Le processus d'intégration continentale a du plomb dans l'aile. L'école africaine a raté sa cible. La gouvernance en Afrique n'est que du bricolage. L'Afrique se trouve dans la tourmente des partenariats que lui propose le reste du monde. Près de 70 % d'Africains n'ont pas accès à l'électricité. L'Union africaine est frappée d'inertie. Que faire pour sortir de cet immobilisme ? Cet ouvrage propose à l'Afrique de reprendre tout à zéro, sans quoi il lui sera impossible de s'extraire de cet immobilisme aux relents pathologiques. Il justifie le bien-fondé de cette option et met en lumière des thérapies appropriées permettant à l'Afrique de se développer, d'avoir une voix audible et respectée et de recouvrer toute sa dignité.

05/2015

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Actualité médiatique internati

Adopte un virus.com. Quand les microbes passent de l'animal à l'Homme

Un éclairage passionnant sur les échanges entre humains et animaux par virus et autres microbes interposés, pour nous aider à mieux comprendre la Covid-19 et la crise sanitaire que nous traversons actuellement. Humains et animaux partagent beaucoup. Pourtant, ici, il ne sera question que d'un partage bien particulier celui des microbes, en tous genres et en tous sens, potentiellement responsables de divers maux. Les maladies transmissibles se transmettent, c'est dans leur nature. En revanche, la mondialisation est une réalisation humaine et l'emballement imposé par le système économique global semble bien être la cause de l'émergence de la Covid-19 et de la pandémie associée. La mondialisation a complètement bouleversé, entre autres, l'épidémiologie des maladies infectieuses et contagieuses. Nouvelles ou anciennes, ces maladies ont durablement marqué l'humanité ; l'histoire et la géographie de certaines d'entre elles (peste, coronavirus, tuberculose, rage...) sont présentées dans cet ouvrage pour mieux les comprendre. Le nouvel ordre mondial sera-t-il fondé sur des références et des contraintes sanitaires, comme c'est le cas depuis le début de l'année 2020 ? Un renouvellement de notre rapport à la nature s'impose : lutte contre la destruction et l'artificialisation des milieux, réduction des pollutions, maîtrise climatique, maintien d'espace pour le vivant non humain et non domestique. Il faut aussi s'attaquer aux inégalités sociales, à la pauvreté, à la corruption et mettre en avant l'intérêt général, planétaire. Si la santé et la qualité de vie passent avant les seuls indicateurs économiques, alors l'espoir est permis et la dure leçon du coronavirus aura été entendue. Préserver la biodiversité, son potentiel adaptatif, ses capacités évolutives et sa forte résilience, c'est peut-être réapprendre à vivre ensemble. Grâce à un virus.

04/2021

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Algérie

La Compagnie Genevoise de Sétif . Une colonie suisse en Algérie (1853-1956). Autour du texte de Suzanne Magneville, présenté, annoté actualisé et complété

Entre 1830 et 1914, 500 000 Suisses quittent leur pays, chassés par la pauvreté et la famine ; certains s'installent en Algérie. En 1852, des banquiers helvétiques proposent d'établir une colonie suisse dans la région de Sétif, demande favorablement accueillie par Napoléon III. 20 000 hectares leur sont accordés, à charge pour eux de construire 10 villages et d'y installer 500 familles, chaque colon devant être en possession de 3000 francs, dont 1000 remis à la Compagnie genevoise comme acompte sur le prix de la maison. Ce projet influencé par le saint-simonisme fait le lien entre une grande société financière et le petit colon. Les banquiers suisses entendent réaliser des profits mais aussi, en évangélistes calvinistes, mettre en oeuvre un prosélytisme religieux. Les engagements initiaux de la Compagnie genevoise, qui reste propriétaire de 15000 hectares et dégage des profits importants envoyés en Suisse, ne seront pas respectés. Son expropriation, très favorable aux Suisses, ne sera effective qu'en 1956. Suzanne Magneville (1929-2019), historienne née à Sétif, a réalisé en 1951-1952 un important travail de recherches sur l'histoire de la Compagnie genevoise de Sétif ; il s'agit d'une étude objective de la Compagnie depuis son arrivée dans la région de Sétif, qui aborde sa déontologie capitalistique, ses méthodes de travail, ses rapports avec les autorités coloniales et avec les populations autochtones. Ce travail méritait d'être mieux connu. Roger Vétillard le complète, en rappelle le contexte historique, apporte de nouvelles informations et de nombreuses illustrations, précise les conditions du départ de la Compagnie en 1956 et actualise la bibliographie. Ni bienveillante ni hostile, l'étude de S. Magneville, augmentée d'un indispensable appareil critique, laisse au lecteur le soin de se forger son propre avis.

04/2022

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Divers

Pays Noir

Cet album est un biopic. Mais pas le biopic d'une célébrité ou d'un personnage historique remarquable, c'est le biopic d'un charbonnage. Et qui pouvait mieux raconter son histoire que lui-même ? La mythologie des gueules noires est née au XIXe s. avec la révolution industrielle. La Belgique fut à cette époque la deuxième puissance économique mondiale après l'Angleterre. La raison de cette richesse tient en un mot : charbon. Le premier or noir. Ce charbonnage n'est pas n'importe quel charbonnage, son nom est étrange : le Bois du Cazier. Il a été rendu tristement célèbre à cause d'une tragédie en 1956. 262 victimes. Aujourd'hui, c'est devenu un musée, un lieu de mémoire. 2022, ce sont trois anniversaires pour cette mine. Les dix ans du classement au patrimoine mondial de l'UNESCO, les vingt ans du mémorial et les deux cents ans des débuts de la concession charbonnière. Le Bois du Cazier est un personnage qui a traversé deux siècles. Si le point culminant est la tragédie d'août 56, cette mine a une histoire parallèle, celle de la révolution industrielle au milieu du XIXe s. , des revendications sociales, des changements de société, de la culture européenne naissante, de l'immigration. Symbole ultime de cette course économique, de la richesse des uns, de l'extrême pauvreté des autres, du développement de la nation belge. Et puis son déclin. L'album raconte la vie d'un charbonnage, son agrandissement, ses modernisations successives... Dangers à tous les étages, luttes et accidents, course à la productivité mais aussi camaraderie et héroïsme au quotidien. L'histoire débute par une visite scolaire du mémorial. En d'autres temps, des enfants y ont travaillé.

10/2022

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Histoire internationale

Expériences non violentes en Haïti. La paix est là, nous la cherchons

La Paix est là dans cette île au passé de violence et au présent marqué par la misère. Haïti " chérie " pourtant si belle, si vivante, si jeune. La Paix est là mais à chercher, encore et toujours. N'est-elle pas, au bout du compte, le chemin qui y conduit ? Récit d'une rencontre entre les Brigades de Paix Internationales et Haïti dans le concret d'une expérience et d'une aventure. Ce livre décrit cette découverte, cette marche, cet accompagnement. De 1993 à l'an 2000, des volontaires de plusieurs pays sont venus vivre avec Haïti, voir, rencontrer, partager. Chacune et chacun avaient fait le choix personnel de la non-violence. Ensemble ils ont voulu partager l'espérance de Paix avec le peuple haïtien, au-delà des clichés qui enferment Haïti dans une image ou un folklore... les zombis, les Tontons Macoutes, les boat people, le pays le plus pauvre du continent, comme s'il s'agissait de mettre ce peuple à distance, hors de la rencontre et de l'analyse, livré aux soubresauts d'une violence congénitale. Bien au contraire, le projet PBI Haïti nous est livré là, en toute transparence, singulier certes mais ouvert, offert à tous les chercheurs de paix et aux véritables amis du peuple haïtien. Par ce livre, PBI restitue au peuple haïtien le résultat modeste et pourtant si riche d'une expérience vécue. Cette évaluation sans concession ouvre un chemin en s'effaçant pour que les artisans de Paix puissent continuer d'avancer en Haïti. Mais le pari est tenu que cette avancée haïtienne peut être partagée par tous les citoyens du monde à la recherche de la paix et confrontés à la violence, à la pauvreté et à l'hégémonie économique du Nord. Bref une aventure interculturelle, une rencontre à égalité sans modèle dominant ou dominateur, une paix à partager...

10/2001

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Historique

Le chant des Asturies Tome 1

Une histoire d'Espagne vivante et incarnée : en 1934, Tristán Valdivia, journaliste sans journal et amant sans espoir, quitte la capitale pour retourner dans le nord, où l'attend son père, le marquis de Montecorvo. Le pays est plongé dans les soubresauts de la Seconde République et le vieil aristocrate tente de rester à la tête de son fief : la Northwest Mining Company. Une grande fresque en 4 volumes, best-seller en Espagne. Cette série fait revivre la vallée des Asturies alors que s'y affrontent ouvriers et patronat, militants républicains et extrême droite, sans oublier l'amour et la fraternité ! Débutée en 2015, Le Chant des Asturies est unanimement saluée comme l'oeuvre la plus ambitieuse d'Alfonso Zapico et l'incontournable roman graphique de la Guerre d'Espagne. Ce premier tome nous entraîne dans la région des Asturies durant l'une des grèves les plus marquantes de l'histoire de l'Espagne à travers l'histoire d'amour contrariée entre Tristán, journaliste à Madrid, de retour dans sa famille, fils du Marquis de Montecorvo, propriétaire de la mine de Santa Aurelia, et d'Isolina, l'employée de maison de son père, fille du mineur Apolonio. Dans ce roman graphique solidement documenté tout en noir, blanc et gris, reflet de la mine et des paysages dévastés, Alfonso Zapico retrace le parcours d'hommes et de femmes qui, s'ils n'ont pas tous une conscience politique, décident un jour de s'engager, lassés par les injustices et les humiliations. Pauvreté, alcoolisme, violence, exploitation des enfants, solidarité, doutes, colère, Le Chant des Asturies est une plongée dans un univers d'une grande noirceur. Pourtant, des personnages lumineux émergent de cette noirceur, et sous le bruit assourdissant des mines de charbon, se fait entendre le chuchotement d'une vieille chanson.

04/2023

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Sociologie

Les vulnérables. La démocratie contre les pauvres

Depuis le début des années 1980, les démocraties et les organisations internationales ont modifié leur approche des populations défavorisées, revenant sur plus de deux siècles de développement et de mise en oeuvre des idées progressistes de promotion sociale et d'accès à la citoyenneté. La notion de vulnérabilité est la pierre angulaire de ce changement. Désormais la guerre est déclarée non plus à la pauvreté mais aux pauvres, enrôlés dans ce combat contre eux-mêmes. Ils font l'objet de la vigilance des savants, de la sollicitude des experts et d'une surveillance continue des acteurs publics et ne sont plus traités comme des citoyens malheureux ou mal intégrés mais comme des incapables. Cet ouvrage revient d'abord sur les fondements de cette révolution conceptuelle. Une archéologie des termes permet de comprendre comment ils se sont généralisés dans les discours publics depuis la fin du dernier millénaire. Puis il étudie les instruments de ce nouveau gouvernement des pauvres qui les coupe de l'exercice de leurs droits humains et de leurs libertés fondamentales. Comment ce remplacement de l'égalité par l'équité, de la liberté par la dignité, de la fraternité par la responsabilité s'est-il opéré ? Sur quels principes juridiques fondamentaux et politiques contradictoires, néanmoins conciliés dans une nouvelle théorie sociale, s'appuie-t-il ? Enfin le livre met en lumière les effets de ces dispositifs d'urgence permanente sur l'existence des vulnérables assignés au rôle de victimes. Leur traitement qui combine protection rapprochée et contrôle à distance repose sur l'individualisation et la psychologisation de leur condition et en fait tantôt des martyrs médiatisés tantôt des cibles discrètes d'interventions bienfaisantes condamnées à la désubjectivation et au silence.

02/2010

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Architectes

Antoni Gaudi. L'architecte de Dieu

L'architecte Antoni Gaudí est mondialement connu et sa production d'une originalité inégalée. Son oeuvre, unique en son genre, constitue l'un des pôles d'attraction de Barcelone. Il est vrai que son art ne se comprend qu'au regard de la foi, lui qui a conçu la Sagrada Familia, son chef-d'oeuvre, comme une bible de pierre, une "forêt de symboles" pour élever l'âme vers Dieu. L'Église a d'ailleurs initié son procès de béatification, ce qui ferait de lui le premier architecte laïc reconnu bienheureux. Si tous ont entendu parler de l'architecte, qui connaît l'homme ? Cette biographie en français, parmi les toutes premières, sonde le mystère de ce génie, incompréhensible sans le cheminement intérieur de celui qui fut d'abord un jeune dandy avant de renoncer au tourbillon barcelonais.  Les péripéties et rebondissements sont absents de la vie sociale de Gaudí. L'architecte catalan n'est pas un héros, mais un aventurier de Dieu, à tel point qu'il finira sa vie dans la solitude et la pauvreté. Son parcours de marginalité et d'humilité n'est pas sans soulever beaucoup de questions abordées ici : était-ce un génie ou un fou ? A-t-il été influencé par la franc-maçonnerie ? Quels sont ses liens avec la terre et la culture catalanes ? À quoi ressemblait le quotidien de ce moine architecte ? À l'ombre de la cathédrale se dessine alors le portrait d'un homme à la dimension de son oeuvre ! Patrick Sbalchiero est docteur en histoire (EPHE), journaliste, et auteur d'une vingtaine d'ouvrages dont certains traduits en plusieurs langues. Il est l'un des spécialistes reconnus de l'histoire des expériences mystiques et des faits non élucidés.

05/2022

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Littérature française

Trois Alexandrines

" Rosette, Claire, Claude. Mon arrière-grand-mère, ma grand-mère, ma tante. Toutes trois descendent des barons de Menasce, illustre famille de l'aristocratie juive d'Alexandrie. Longtemps, j'ai regardé cette famille, son histoire, comme n'étant pas la mienne. Jusqu'au jour où j'ai eu envie de faire connaissance. Rosette est la baronne Félix de Menasce. Une Franco-Espagnole sortie on ne sait comment de la pauvreté à la fin du XIXe siècle. Aux yeux de la "bonne société" d'Alexandrie où elle prend soudain place, cette belle catholique convertie reste un corps étranger. Elle amuse les hommes, les femmes un peu moins. Claire sa fille, c'est une autre affaire. Si elle s'est coupé les cheveux dès les années 1920, ce n'est sans doute pas un hasard. Spirituelle et brillante, elle voit le siècle changer, l'Egypte colonisée s'agiter. Pendant la Seconde guerre mondiale, elle aide les Forces françaises libres et serait devenue la maîtresse du général Catroux, l'un des premiers soutiens de De Gaulle. Claude enfin, dont la beauté et le talent n'empêchent pas la vie tragique. Elle épouse l'écrivain britannique Lawrence Durrell, fort buveur et futur auteur du Quatuor d'Alexandrie. Du fait que Claude écrive elle aussi, je n'avais jamais entendu parler dans mon enfance. La grand-mère, la fille et la petite-fille tissent notre légende d'Alexandrie : un monde laissé en arrière dont les échos des rires, des bals et des guerres résonnent encore dans les albums photo. Trois Alexandrines pour retrouver le fil de cette légende, traverser le siècle d'Alexandrie la cosmopolite, son ascension, son apogée, son déclin. Je retrace leur histoire et dans ces retrouvailles une évidence s'impose. J'étais d'Alexandrie et je ne le savais pas. "

05/2022

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Littérature française

Hoag. Un témoignage du futur

"Des gens vêtus comme pour les grandes occasions, certains en smoking et des femmes en tailleur de grand couturier portant des sacs à main d'un clinquant ridicule, s'amoncelaient comme des fourmis prises de panique ou qui auraient plutôt découvert une proie inestimable. Cette nuée de jobards, pensa-t-il, formait des amas bariolés de chair et de vêtements et l'on vit une élégante tirée à quatre épingles ôter ses chaussures parce qu'elle ne parvenait pas à escalader une indescriptible mêlée d'individus soubresautant sans arrêt et qui jeta son dévolu sur de rares produits de luxe. Mais un forcené la saisit par les chevilles et elle chuta en se blessant grièvement à la tête. Puis, il tenta à son tour de surmonter le groupe lequel finit par s'effondrer. Tandis que l'on se débattait encore sur le carrelage en s'échangeant les plus grossières insultes, le sang coulait suite à d'autres pugilats épars dans le supermarché. Ce spectacle fixa un moment Luc dans une moue effarée, et pendant une seconde il eut pourtant envie de ricaner parce qu'il songea à une vengeance personnelle tant l'hystérie collective digne d'un carnaval déchaîné tranchait avec le luxe et la morgue hautaine des accoutrements : il put enfin admirer l'authentique mentalité de tous ces petits bourgeois d'habitude si condescendants et méprisants, ou si vaniteux de leurs bonnes manières. Ce peuple snob et friqué retiré de la vie des gens ordinaires dont il se targuait il y a des mois de moquer la pauvreté et les frustrations, se révélait soudain au grand jour obsédé par tout ce qui put être dérobé dans une dégradante et obscène spirale de l'avoir et du paraître" . Patrice Van den Reysen est un enseignant de 59 ans né en région parisienne et vivant en Alsace.

03/2021

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Sociologie politique

Petite histoire politique des banlieues populaires

L'histoire récente des banlieues populaires demeure un terrain en grande partie délaissé et inexploré. Pourtant, ces lieux concentrent depuis plusieurs décennies tous les débats, toutes les polémiques, toutes les fractures qui témoignent d'une société française qui ne sait pas comment aborder ces quartiers de relégation où dominent la pauvreté et la ségrégation. Evoquer ces quartiers, c'est convoquer toute la série de fantasmes qui servent de support aux pratiques discriminatoires quotidiennes : ils formeraient la dernière étape avant le "grand remplacement" , des "zones de non-droit" qui mettraient l'ordre républicain à feu et à sang... Revenir sur l'histoire politique de ces quartiers, de ces villes, de ces banlieues c'est constater que le droit commun n'y a jamais été instauré malgré les promesses d'égalité républicaine par les promoteurs de la politique de la Ville. C'est aboutir à ce constat implacable : la République, dans les banlieues populaires, c'est pour leurs habitants quarante années d'humiliations sociales. Cet ouvrage s'efforce de décrire et analyser ce qui s'y est joué durant cette période en abordant avec profondeur et de façon incisive une série de questions : la police, le logement social, l'islam, la politique de la Ville, les politiques conduites dans ces quartiers par les partis politiques aux affaires (de droite comme de gauche), etc. Pour cela, l'auteur s'est appuyé sur des archives locales de communes emblématiques (La Courneuve (93), Mantes-la-Jolie (78), Vaulx-en-Velin (69), Vénissieux (69), Montfermeil (93)...), des documents étonnamment souvent jamais consultés, et sur des entretiens avec des personnages historiques de l'histoire urbaine récente. Cette histoire politique des banlieues livre finalement en creux ce qu'elles ont toujours incarné : les démons des mauvaises consciences françaises.

03/2022

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Littérature française

Belle de blé noir. Ou La revanche de Robby

Dans un milieu rural déshérité, une enfant, engendrée par un commis-voyageur de passage, affublée d'un prénom et d'un physique aussi laids l'un que l'autre, devient l'exutoire de la contrée. Pour fuir le cul des vaches, sa seule ligne d'horizon, elle se présente au concours de " La Poste " et monte donc à Paris. Au centre des chèques postaux sa vie n'est guère différente de celle qu'elle a quittée, sauf le mal du pays en plus... jusqu'au jour où son sort bascule sur le pavé de Paris. Elle tombe sur un " Prof " au talent nocturne, " un suspect aux empreintes digitales imprimables, un locataire contraint à la surface corrigée du rêve, un obsédé de la liturgie de Gutenberg " qui a la conviction : " qu'écrire c'est se venger... mais de qui ? de quoi ? " Or, la Revanche de Robby a sonné. Prof, le luthier de l'inutile va donner corps à cette destinée hors du commun, passée de l'extrême pauvreté où seul le rêve enrichit, à la grande aisance où ce dernier " se dissimule sous la plaie recousue par l'apparence ". L'union entre l'ex-paumée et le Prof aboutit à une œuvre pleine d'émotion " cette intelligence sans Q.I. " manifestant une " volonté de vivre en sursis de sottise " et au-delà, de se libérer de toute entrave : " Comment fait-on l'amour quand on ne le fait plus ?.... et ne pas se jeter dans l'abîme du plaisir qui n'est rien d'autre que l'opium du ventre ". Aussi saisissante que puisse être la réalité, Jacques-Hubert Frougier a réussi " à faire admettre que l'art doit être plus léger que l'air " afin que l'on s'en enivre sans modération.

11/2005