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Blaise Fontanellaz

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Critique littéraire

Correspondance 1938-1958

Quelle place la tauromachie a-t-elle réellement occupée dans la vie de Michel Leiris ? Fut-elle uniquement, pour l'autobiographe, une métaphore de l'écriture ? L'arène devint-elle le lieu où se conjuguèrent ses intérêts pour l'ethnographie, la poésie, le mythe, l'éthique et le langage ? A ces questions, les 186 lettres de sa correspondance croisée avec celui qui fut son mentor dans la "planète des taureaux", André Castel — oenologue nîmois que ses contemporains appelaient "Don Misterio" — apportent une réponse circonstanciée et inédite... Les deux hommes font connaissance en 1938 alors que Leiris, encore jeune ethnographe, s'apprête à publier une série de poèmes tauromachiques, Abanico para los toron. Depuis 1926, année de son mariage, Leiris assiste en effet à des corridas (il en verra près d'une quarantaine jusqu'en 1965), mais ce n'est qu'en 1935 qu'il éprouve une véritable "révélation", lors d'une faena de Rafaellilo Ponce : "[...] je n'ai jamais trouvé, dans aucune oeuvre artistique et littéraire, l'équivalent de ce que j'ai ressenti à Valence en voyant toréer Rafaelillo, très peu de temps avant qu'il reçoive l'alternative", écrit-il à Castel. Révélation confirmée par la première corrida à laquelle ils se rendent ensemble, à l'automne 1938 : encore sous le coup de l'émotion, Leiris en rédige le compte rendu pour La NRF : "Rafaelillo le 9 octobre à Nîmes"... Après la guerre, André Castel veille à introduire Michel Leiris lequel court les arènes pour voir toréer Fermin Rivera ou Luis Miguel Dominguin — dans le "mundillo" : il lui fait découvrir les " terres à taureaux" de Camargue, l'emmène chez des manadiers, l'invite à des "tientas", lui fait rencontrer des toreros et des aficionados. Et par lettres, ils rivalisent d'érudition tauromachique en évoquant les écrits de Garcia Lorca, Bergamin, Hemingway, Montherlant, Stendhal, Melville ou Alarcon... En Castel, Leiris trouva non seulement un spécialiste avec lequel partager une précieuse conversation sur "l'art tauromachique", mais également un "ordonnateur de plaisirs" qui sut accueillir généreusement ses invités : dès le lendemain de la guerre, se sont ainsi retrouvés, dans la cour de son "labo" au coeur de Nîmes, des toreros célèbres et des chanteurs de flamenco, ainsi que Pablo Picasso (compagnon d'aficit6n avec lequel Leiris vit sa première et sa dernière corrida), Georges Bataille, Blaise Cendrars, Elie Lascaux, André Masson, Jean Paulhan, Jean Hugo, Jean Dubuffet... Mais en 1955, le départ brutal d'André Castel pour l'Espagne annonce la fin de ce commerce amical, tout entier tendu vers l'"image même de notre émotion", que Michel Leiris avait reconnue dans Miroir de la tauromachie.

05/2002

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Ouvrages généraux

Shakespeare et les philosophes

Comment les philosophes ont-ils reçu et lu Shakespeare ? L'ont-ils ignoré? Comment les textes et le théâtre de Shakespeare affectent-ils la philosophie, la transforment-ils ? L'obligent-ils à se déplacer, à se réinventer ? L'altèrent-ils ou l'affolent-ils ? Quels usages des philosophes les textes et le théâtre shakespeariens font-ils ? Qu'arrive-t-il à Platon, Aristote, aux Stoïciens, Thomas d'Aquin, Erasme, Machiavel, Montaigne, Giordano Bruno, mais aussi à Paul dans ce théâtre ? Quels sont les usages, la présence et l'importance de Shakespeare à partir du romantisme chez Hegel, Schelling, Marx, Schopenhauer, Nietzsche, Freud, Heidegger, Wittgenstein, Deleuze, Derrida, Levinas, Lyotard, et d'autres ? Quels sont les philosophes cités dans l'oeuvre de Shakespeare, répétés, déformés, altérés, contredits, récusés, moqués ? Au-delà de la question de l'influence de la philosophie sur Shakespeare, il s'agira de réfléchir à la modalité et au régime de la présence de la philosophie dans le texte et sur la scène shakespearienne. Que produit la philosophie dans ces textes de théâtre ? Comment l'écriture théâtrale de Shakespeare met-elle en scène les philosophes et quels rôles leur fait-elle jouer ? Le présent livre se tiendra loin d'une longue tradition de la philosophie qui a manifesté pour le théâtre un certain mépris. Cette tradition a été sans doute inaugurée par l'expulsion des poètes de la Cité, au livre X de la République de Platon. Occupés à inventer une théorie de l'invisible pour éclairer le monde depuis une outre-scène et à appuyer la trajectoire du monde sur une transcendance, les philosophes ont été nombreux à éprouver et élaborer, par rivalité avec le théâtre, un mépris philosophique pour l'éclat du spectacle, pour le jeu masqué et mensonger des comédiens. Ces philosophes ont subordonné le théâtre à la scène philosophique, en l'assignant à une structure de la représentation limitée, dans laquelle la scène est inféodée, soumise au texte écrit et à son auteur, auteur qui possède le sens et sait ce que parler sur scène veut dire, parce qu'il occupe une position hors scène. Ouvrage collectif sous la direction d'Isabelle Alfandary (Professeur à l'Université Sorbonne Nouvelle) et Marc Goldschmit (Directeur de Programme au Collège International de Philosophie). Avec les contributions d'Isabelle Alfandary, Carlo Cappa, Line Cottegnies, Hélène Garello, Marc Goldschmit, Dominique Goy-Blanquet, Catherine Lisak, Ronan Ludot-Vlasak, Jean Maurel, Anne-Marie Miller-Blaise, Axel Nesme, Daniel Sibony, Gise`le Venet.

02/2023

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Littérature française

Arrêt sur Horloge. La vie passe et tout change

"Arrêt sur horloge" est une suite de récits qui racontent les différentes étapes du cheminement d'un homme depuis l'enfance jusqu'à l'arrivée du grand âge. Sans être un testament mais un témoignage, ce livre est un peu à l'image de la dernière lame des arcanes majeurs du tarot où un curieux personnage avance, avec le poids de son passé sur ses épaules, un félin qui lui déchire son haut-de-chausse, comme les regrets ou les remords peuvent flétrir l'individu, comme cette fleur qui se fane à ses pieds. Pour paraphraser "l'Avis au lecteur de Montaigne" , l'auteur voit cet ouvrage comme une trace de son passage sur terre pour ses parents et ses amis afin qu'ils y retrouvent quelques épisodes de sa vie et qu'ils puissent se faire de lui une connaissance plus approfondie, encore qu'ils aient comme tous autres lecteurs la liberté de s'en faire une autre idée. Il s'agit d'un ouvrage de vécu d'un homme âgé qui voit le temps filer. Jacques Blavier, né en 1948, est philologue roman, humaniste et, ce qui donne à réfléchir, il a passé sa vie dans une ville qui a nourri le premier centre islamique de Belgique, devenu foyer islamiste, avec en contrepartie, une explosion de l'extrême-droite : Verviers, en Belgique germanophone. L'auteur évoque sa famille, le quartier où il a vécu, et qui, comme partout, s'est transformé, ainsi que ses habitants au fil du temps. Il y parle de ses voyages vécus ou rêvés, de ses rencontres, de ses lectures, de sa recherche spirituelle, avec en filigrane un parfum de franc-maçonnerie, de l'histoire de sa ville et de son pays particulier, mais surtout d'un besoin d'écrire qu'il partage. L'auteur vit à Verviers, en Belgique, quoique souvent en France. Amateur de Conan Doyle, de Stevenson, de Somerset Maugham et de Blaise Cendrars, il ne cesse de s'interroger et d'imaginer l'improbable qui pique la curiosité. Son roman "Les suites anglaises d'Archibald Fairfax" a plongé le lecteur entre deux mondes, l'Angleterre victorienne de l'avant 1900 et les îles britanniques actuelles à travers les rencontres mystérieuses de personnages qui laissent croire à l'improbable et une place importante à l'humour. Jacques Henry Blavier est également l'auteur de "Mascaron" en 2014 , de "Gare" en 2015, et, de "Le Bonheur comme à Verviers" , en 2016. Il signe ici un nouvel ouvrage en distribution et diffusion internationales, "Arrêt sur Horloge" , un texte de vécu poignant.

12/2023

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Critique littéraire

La Nouvelle Revue Française Novembre 1951 : Hommage à André Gide

Jean Schlumberger, Tout comme on avait rouvert...Hommages de l'étranger : Thomas Mann, Témoignage Ernst Robert Curtius, Amitié de Gide Hermann Hesse, Souvenirs d'André Gide Ernst Jünger, André Gide Ernst Jirgal, Elégie de Gide Archibald Mac Leish, Dans les grandes générations...John Steinbeck, Un grand romancier de notre temps Justin O'Brien, Deviens qui tu es Irwin Edmon, Entre tant d'écrivains...Raymond Mortimer, Lettre Dorothy Strachey Bussy, Quelques souvenirs Enid Starkie, A Oxford Blaise Allan, André Gide et Neuchâtel Taha Hussein, Ce grand don de conversation et d'amitié...Ennio Francia, Nous, qui étions prêts à le repousser...Giacomo Antonini, André Gide et l'Italie Emilio Cecchi, Contre certains malentendus Gianna Manzini, Sur une photographie des obsèques d'André Gide Giuseppe Ungaretti, A Rome Gide dans les Lettres : Saint-John Perse, Face aux Lettres françaises (1909) Marcel Arland, Gide reste présent Jean Cocteau, On ne peut se permettre...Paul Léautaud, Une certaine grandeur...R M Albérès, Gide considéré comme esthète André Ruyters, Unité de Gide François Mauriac, Les catholiques autour d'André Gide Jean Grenier, Le problème de l'expression Henri Mondor, Premier tournant André Julien, Les Faux Monnayeurs et l'art du roman Marc Beigbeder, La grande force d'André Gide Robert Mallet, L'équilibre dans le doute Henri Thomas, La leçon difficile Jacques Brenner, Reconnaissance Jean Paulhan, La mort de Gide n'a pas été si mal accueillie André Gide tel que je l'ai vu : Maria Van Rysselberghe, Depuis que vous n'êtes plus...Dominique Drouin, 1904-1914 Roger Martin du Gard, Notes (1913-1951) Jean Giono, Lundi André Chamson, En reste avec André Gide Albert Camus, Rencontres avec André Gide Julien Green, Rencontres Pierre Mac Orlan, André Gide et Melun Albert-Marie Schmidt, A Pontigny Louis Guilloux, D'un voyage en U R S S Robert Levesque, Le compagnon de voyage Léon Pierre-Quint, Un entretien avec André Gide Pierre Sichel, Portrait d'un portrait Henri Bosco, Trois rencontres Denis de Rougemont, Un complot de protestants Monique Saint-Hélier, Deux visages d'André Walter Etiemble, Avec Gide en Egypte Claude Mahias, Instants Richard Heyd, Révérence parler Béatrix Beck, La sortie du tunnel Jean Lambert, Il y a un an Yvonne Davet, Le plus irremplaçable des êtres...Jean Delay, Dernières années Textes inédits : André Gide, Pages - A propos de La Symphonie pastorale Dominique Drouin, >«C'est en 1890, dans l'appartement qu'il partageait avec son frère rue Vineuse...»André Gide, Lettres d'Italie à Marcel Drouin - Quelques lettres à Paul Valéry Paul Valéry, Quelques réponses à André Gide André Gide, Deux fragments de Et nunc manet in te

10/1990

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Critique littéraire

François Rabelais

François Rabelais (1483 ou 1494 ? - 1553) est l'un des auteurs français qui a fait couler le plus d'encre. Ses écrits, sur lesquels la recherche littéraire la plus avancée ne s'est, aujourd'hui encore, pas toujours mise d'accord, ont déclenché de nombreuses polémiques passionnées, qui ont souvent dépassé les frontières du monde littéraire proprement dit. Des sciences humaines aux sciences de la nature, tous se sentent concernés par cette oeuvre totale. Aux nombreux commentateurs s'ajoutent encore ses admirateurs, imitateurs, continuateurs, adaptateurs à l'usage de la jeunesse, illustrateurs, metteurs en scène. Tout un chacun, dans la société française, se sent capable de prendre la parole, un jour, sur Rabelais. Car plus qu'un homme de lettres, plus qu'un auteur de la Renaissance, l'homme, par son oeuvre, est devenu une sorte de figure portée au rang de mythe français, comme l'atteste le gigantisme de cette bibliographie. Le présent volume passant d'abord en revue les éditions et les traductions, fort nombreuses du XVIe siècle à nos jours, a essayé de rendre compte du foisonnement et de l'hétérogénéité des écrits consacrés à Rabelais, en France comme ailleurs... Une telle entreprise, que la Librairie de Saint-Victor n'aurait pas refusé d'accueillir dans ses rayonnages, aurait sans doute amusé Rabelais lui-même.Guy Demerson est Professeur honoraire de langue et littérature de la Renaissance à l'Université Blaise Pascal (Clermont II). Il a publié notamment, avec la collaboration de Michel Renaud, et, pour les oeuvres latines, de Geneviève Demerson, une édition des Œuvres Complètes de Rabelais. Avec le concours de ses étudiants, il a annexé à cette édition une translation de l'oeuvre en français moderne (Paris, Seuil, 1973, révisée en 1995). Il a consacré à cet auteur un ouvrage d'ensemble (Rabelais, Paris, Fayard, 1992) et une étude sur son esthétique (L'esthétique de Rabelais, Paris, SEDES, 1996). Quelques-uns de ses articles sont recueillis dans Humanisme et Facétie (Orléans, Paradigme, 1994).Myriam Marrache-Gouraud, Agrégée de Lettres Modernes et Docteur ès Lettres en Littérature française de la Renaissance, enseigne à l'Université de Poitiers. Elle a publié une étude remarquée sur Panurge (Hors toute intimidation. Panurge ou la parole singulière, Genève, Droz, 2003), ainsi que de nombreux articles portant sur la fiction rabelaisienne. Elle participe au Dictionnaire des objets merveilleux de la littérature (articles sur Rabelais). Parallèlement, ses recherches ont porté sur l'étude des procédés esthétiques et rhétoriques qui sont à l'oeuvre dans les cabinets de curiosités (articles et co-édition scientifique, avec P. Martin, du Jardin et cabinet poétique de Paul Contant [1609], Presses Universitaires de Rennes, 2004).

01/2011

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Littérature française

La jouissance ordinaire

Quelques mots de La Jouissance ordinaire, tels des germes de chapitres possibles qui pousseraient dans le terreau du récit : La Panne / L'attente / L'odeur du neuf / Le tramway de Rio / La trace chaude / Genius loci / Silence et obscurité / Le café au soleil / L'éclipse / L'oiseau du matin / Le pinceau et le rouleau / La guérite verte / La ligne de partage des eaux / La mandragore / Le cri de joie / L'air de l'ombre / Les mains de l'épicière / L'eau vive / Le chemin buissonnier/ L'homme patient / Les montures mécaniques / La balise de pierre / L'empire des sens / Les caresses douloureuses / Le cliquetis des ciseaux / Le peuple des absents / Le milieu et l'équilibre / La solitude peuplée / L'épaisseur de l'ombre / Le recoin du silence / L'alignement des chaises / Penser avec ses mains / L'image dans la vitrine / Bäti sur des ruines / La tache blanche / Une soudaine jalousie / Le bureau sentimental / Le chemin vers le siphon / L'arbre électrique / L'affolement du poisson / Le parquet mouillé / Le manège de chevaux de fer/ La sensation visqueuse / La sueur des arbres / L'odeur du travail / Les stimulations sauvages / Ce qui est fini est infini / L'enclave raisonnable / La précision, c'est de l'imprécision qui se réforme / Le chapeau qui s'envole / La crainte facette du désir / La maison immobile / La grasse matinée inutile / La plaisante vacuité / L'extraction du point noir/ Le premier reniflement/ L'ombre des portes cochères / La sensualité du propre et du sale / L'élastique autour de la liasse / Le respect du boucher / L'omniprésence du sang / Pousser les murs / La revanche / D'un pays à l'autre / Le klaxon dans le tunnel / La promesse du jambon / Quand les chiens se taisent / La lumière verte du congélateur / C'est pour demain / Les insectes triomphants / Le cadeau de l'épuisement / Le fil d'Ariane / Sur le point de partir.

05/2020

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Histoire internationale

Alioune Blondin Beye et la paix en Angola. Un long fleuve tumultueux

Cet ouvrage retrace le chemin parcouru par Alioune Blondin Beye durant les années de braise du conflit angolais, l'une des conflagrations militaires et civiles, voire géopolitiques, les plus sanglantes de récente mémoire. Présentés sous la forme de mémoires, les souvenirs détaillés ici par Kadiatou Sall-Beye sont une sorte de fil d'Ariane montrant les différentes facettes de ce diplomate au talent hors pair qui a su assumer l'héritage mufti-séculaire de son Mali natal et les grands principes de résolution des conflits légués parla célèbre Déclaration de Kouroukan Fouga bien avant la Déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen. Ces mémoires sont aussi un miroir du rôle joué par les principaux protagonistes de la guerre et de la construction étatique en Angola : le peuple angolais, les Nations Unies, les Etats africains, les grandes puissances parties prenantes du conflit ainsi que les forces hégémoniques impliquées dans l'exploitation des fabuleuses richesses de ce pays d'une beauté exceptionnelle. Chemin faisant, l'auteure offre des pages captivantes du processus de négociation pour la recherche et le maintien de la paix en Angola par maïtre Alioune Blondin Beye. Cette illustre personnalité, en négociateur chevronné, a conduit avec brio des négociations de très haut niveau, dans un environnement socio-politique très complexe et dans un contexte politico-sécuritaire dominé par les rivalités des grandes puissances. Grâce à la ténacité besogneuse de l'auteure de ces mémoires, les souvenirs de cette guerre éprouvante à tous égards sont restitués à travers des anecdotes jusque-là inconnues du grand public et un éclairage où perle l'humanité de tous ces héros anonymes et connus qui ont courageusement sauvé l'Angola du naufrage. Le lecteur découvrira dans cet ouvrage le dévouement et l'amour d'une épouse à la fois soucieuse de l'aboutissement de la noble mission confiée à son époux et admiratrice de ses succès dans l'accomplissement de ses tâches multiples de facilitateur, de négociateur, d'homme de paix et de concorde.

06/2019

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Histoire de France

Les enfants de papier. Les Juifs de Pologne immigrés en France jusqu'en 1940 : l'accueil, l'intégration, les combats

Vu de la Pologne juive de la première moitié du XXe siècle, Paris était capitale de la tolérance, de la culture et de la douceur de vivre. Dans une perspective de huit siècles, l'immigration des juifs polonais en France fut aussi un retour aux sources du monde ashkénaze : l'émancipation décrétée en 1791 avait marqué la libération de l'exil. Rejetés par les rois catholiques, ils étaient réintégrés par la Révolution. Aujourd'hui, la France est encore le seul pays où une prière récitée le samedi dans les synagogues passe par l'affirmation en hébreu de artsenou, notre pays, la République française, et de amenou, notre peuple, le peuple français. De cette Pologne qui ne leur offrait aucun avenir, qu'ils ont quittée les poches vides, sans un regard en arrière, ils n'avaient que de mauvais souvenirs d'antisémitisme, de pogromes et de misère, qu'ils ont celés et gardés pour eux-mêmes. Ils ne les ont pas transmis à leurs descendants, car ils voulaient les protéger de la souffrance et du pessimisme. Pour eux, ils n'espéraient que l'intégration dans cette autre Terre promise de Liberté qu'était la France, à l'instar de Jérusalem, New York ou Moscou. Reconstituer la saga de l'immigration juive polonaise en France n'est pas une sinécure : mémoire occultée, documents détruits pendant la guerre pour que la Gestapo, la police française, la milice, n'aient pas accès aux listes qui auraient pu leur simplifier la tâche. Car l'Allemagne nazie et le régime de Vichy ont tenté d'anéantir le yiddishland que les immigrés juifs polonais avaient constitué en France. Ne restera-t-il de leurs romans de vie que des miroirs blêmes et des flammes mortes ? Non, ce monde partiellement englouti n'en finira pas de briller, car il y aura toujours des pyromanes de la mémoire, comme l'auteur de ce livre, prêts à attiser la braise vacillante mais si chaude, pour la mettre à l'abri de l'oubli...

02/2002

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Musique, danse

Du mouvement à la danse. Une histoire d'amour avec la Terre

"C'est l'élan qui fait tout", ai-je jadis lancé du haut de mes quatre ans, proclamant une foi qui ne m'a jamais quittée et qui sans doute propulse l'humanité : l'adhésion au mouvement, à la vie. Pourtant la civilisation occidentale a longtemps été fascinée par l'immobilité, que la plupart des Anciens assimilaient à l'éternité. Mais elle s'est lentement laissée gagner par l'émerveillement face à un univers où tout est en mouvement, en perpétuelle auto-organisation. De même, à son échelle, l'individu humain s'auto-construit, stimulé in utero par le mouvement qui, après la naissance, se développe en un langage de gestes et de vocalisations, premiers appels à l'autre, première expression du désir, première expression corporelle. La conscience, dès lors, se développe en se dédoublant. Elle se déploie et s'élève à partir d'elle-même comme une spirale ascendante. Et les partenaires de cette sorte de danse de la conscience sont le mouvement d'autrui, le mouvement des choses, le mouvement du monde. Lorsqu'il joue de cette musicalité mobile pour elle-même, pour le seul bonheur de cultiver ses liens à l'environnement, à l'autre et à lui-même, l'être humain se fait danseur. Il peut alors, par imagination et par identification, épouser tous les modes d'exister de la matière, à travers les règnes, minéral, végétal, animal. Haute école d'empathie et exutoire à la violence, la danse plonge au plus profond des corps et aux tréfonds de la matière. Elle incarne les tragédies et les espoirs de notre temps, de notre Terre tant aimée, mal aimée, malmenée. La joie de danser pousse sur le lourd terreau de l'existence. Sondant la gravité de la vie, elle y puise sa force d'envol, sa jubilation. Jusqu'au grand âge, le corps danseur, forge intime d'espace-temps, entretient sous la braise le foyer de ses flamboyances, qu'un souffle suffit à raviver, à projeter en étincelle d'éternité.

10/2020

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Histoire de France

Napoléon à Sainte-Hélène

Sur le confiné le plus célèbre du monde, une vue à couper le souffle. L'épopée napoléonienne ne s'est pas terminée à Paris avec l'abdication du 22 juin 1815. Dans un tout autre cadre, un rocher au milieu de l'Atlantique-Sud, et dans un registre intime, celui du confinement de quelques Français dans une demeure humide, elle s'est poursuivie pendant six années, dont Las Cases, dans le Mémorial de Sainte-Hélène, n'a donné qu'un aperçu biaisé sur les premiers mois. Ce ne fut pas une extinction lente et passive. Jusqu'à sa mort le 5 mai 1821, Napoléon mena un combat rude et solitaire contre la fatalité. Jamais, placé dans des circonstances exceptionnelles, il ne renonça à l'espérance et à la gloire, qui l'avaient animé toute sa vie. En dépit de la paranoia de ses geôliers et des petitesses de son entourage, il ne renonça à rien, et suscita aussi des complicités inattendues, au point que sa captivité aurait pu tourner autrement. L'empereur n'aimait pas les histoires écrites d'avance. Sans doute est-ce pour cela aussi qu'il continue de fasciner. A partir de sources ignorées ou inédites, Pierre Branda traite des différents aspects matériels, politiques et moraux, de l'existence de l'illustre exilé et de ce qui s'y rattache. Tous les acteurs du drame, des compagnons les plus proches aux témoins les plus humbles, des gouvernants aux anonymes, prennent consistance et mouvement, à Sainte-Hélène mais aussi à Londres, à Paris, et partout où le sort de Napoléon obsède, inquiète ou apitoie. Toutes les situations, tous les incidents, sont passés au peigne fin et rendus à leur signification véritable. Il en ressort des éclairages insolites, des portraits toujours justes et parfois sévères, des remises en perspective et, au fil de jours parfois interminables, un récit saisissant, comme si le lecteur n'en connaissait pas la fin.

01/2021

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Policiers

A l'ombre des dollars

Retrouvez Alexandre Vartanian et Mirella Conti dans une très belle histoire d'amour qui se déroule en France et en Amérique en plein été de l'année 1979. Un roman haletant où l'ennui n'a pas sa place, une intrigue originale basée sur une histoire vraie de la mafia italo-américaine. Alexandre Vartanian sort de prison, à sa sortie sa fiancée, la fille du plus gros parrain de la mafia sicilienne, l'attend dans une sublime Cadillac Eldorado. Pendant leur séparation la belle Mirella Conti n'a pas perdu son temps, puisqu'elle est devenue une des plus efficaces cambrioleuses de France, accompagnée de la soeur de son amoureux, Anouche Vartanian. Jeune femme au regard de braise qui allume tous les hommes qu'elle côtoie, cette arménienne au coeur d'or est toujours partante pour de nouvelles aventures. Alexandre rencontre un truand excentrique dans un hippodrome de Maisons-Lafitte, un deal est rapidement conclu, chaparder à Genève le plus gros diamant du monde, baptisé Eros, à un joaillier Suisse prétentieux qui se croit tout permis. Ces péripéties mèneront le duo infernal de Paris à Miami. Sous le soleil brûlant de Miami Beach, là où les créatures de rêve hyper sexy et glamour pullulent, tous les mauvais garçons veulent leur part de soleil. Ce couple français attire l'attention du FBI. Alors commence une traque sans merci, où se mêlent un parrain de la mafia sicilienne, prêt à tout pour retrouver sa fille chérie qu'il adore plus que tout et un juge anti-mafia qui rêve de voir le clan Conti au grand complet sous les verrous. Un très bon polar écrit remarquablement par un auteur français inspiré par les USA. Des jours et des nuits effrénés d'où l'on ressort époustouflé, une intrigue originale et des scènes inédites. Où le lecteur n'a qu'une envie : que l'Amour triomphe.

07/2018

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Beaux arts

Les jardins de Bagatelle à Paris. Histoire et secrets

Situé en bordure du Bois de Boulogne le domaine de Bagatelle bénéficie de la ferveur du public, ne serait-ce qu'en raison de la tenue annuelle du Concours international des roses, lequel tétera son centième anniversaire en juillet 2007. 9000 rosiers issus de 1100 variétés, s'offrent en une vision kaléidoscopique de chair veloutée aux couleurs chatoyantes et dont les effluves subtils et variés parfument l'espace, procurant une délicieuse ivresse apte à nous faire oublier le temps qui passe. Et c'est bien ce qui fait le charme de ce site, où tout n'est qu'harmonie, calme et poésie, procurant un intense sentiment de délocalisation. Véritable joyau, enchâssé dans un écrin de verdure, Bagatelle a été témoin de trois siècles d'histoire que nous vous invitons à revivre à travers les portraits de ses propriétaires successifs, les vicissitudes de la Révolution, les fastes de l'Empire, sa période anglaise et son rachat par la Ville de Paris. Pour la plupart des historiens, le nom de Bagatelle demeure associé à la volupté, voire à la luxure, aux rendez-vous galants; selon eux, il s'agissait d'un lieu dédié à la licence et au plaisir, en trois mots... à la bagatelle. Mais ne s'agit-il que de cela ? Vous serez sans doute surpris d'apprendre que le château servit de décor à un superbe roman, intitulé Peter Ibbetson, et contant la plus belle et la plus envoûtante histoire d'amour du patrimoine littéraire mondial. Munis de ce guide, vous découvrirez que Bagatelle est une Demeure philosophale, autrement dit que tout son agencement a été conçu en fonction d'un symbolisme précis, destiné à vous entretenir des secrets de l'Art d'Amour, auquel Jean de Meung consacra son " Roman de la Rose ". Ces secrets, nous vous invitons à les découvrir en un parcours soigneusement balisé, faisant la part belle aux anecdotes.

06/2006

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Religion

Vers une résolution de la question franciscaine. La Légende ombrienne de Thomas de Celano

La tradition intellectuelle française a distingué et parfois opposé deux étapes du métier d'historien : la quête des sources et la quête du sens. Distinction opératoire, voire salutaire, si elle ne s'accompagnait d'une distribution des rôles et d'un jugement de valeur. Qualifiée du terme d'" érudition ", la première se devait de fournir le matériau susceptible d'alimenter la seconde. Les disciplines érudites se trouvèrent réduites au rang de " sciences auxiliaires " de l'histoire. Une telle partition fonctionnelle marque de manière rémanente le paysage universitaire français et, parfois encore, les esprits. Fort heureusement, elle est le plus souvent réfutée par la pratique des gens de métier. En voici une très éloquente illustration. À propos d'un sujet d'une extrême complexité, la " question franciscaine " (sur quelles bases solides peut-on écrire la vie de François d'Assise ?), le médiéviste Jacques Dalarun ouvre au lecteur la porte de son atelier : son livre met longuement en oeuvre les ressources de l'érudition, puis vient la tentative de résolution historique du dossier. Elle n'assène pas une vérité définitive ; elle ne s'abrite pas plus derrière de multiples conditionnels. Elle se présente comme trois scénarios alternatifs énoncés avec une égale conviction. Cette irruption incongrue de ce qu'on appelait jadis le " nouveau roman " dans un livre d'histoire ne procède pas d'une coquetterie littéraire. Elle est le moyen, le seul, qui est vent' à l'historien de dire la difficulté d'écrire une histoire par nature en quête de vérité, au moment où il lui a fallu quitter le sentier balisé, rassurant dans sa rigueur même, de la recherche et de l'établissement des sources pour basculer dans l'espace infiniment plus incertain de leur interprétation. Cela n'infirme en rien la conviction selon laquelle l'historien doit, sans pour autant en confondre les étapes, réconcilier par la pratique les diverses facettes du métier. Mais disons que le transfert et le dépassement d'un clivage opérationnel et, par suite, institutionnel dans une pratique individuelle petit parfois prendre des allures de psychomachie.

06/2007

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Beaux arts

Fenêtre jaune cadmium ou les Dessous de la peinture. Essai

Plutôt qu'un panorama de la peinture contemporaine, ce livre en propose une traversée, parmi d'autres possibles. Amorcé il y a plus de vingt-cinq ans sous l'invocation de Mondrian, l'itinéraire est balisé par une série de noms dont la succession, elle-même chronologique à une exception près, obéit en fait à une logique qui ne devait se révéler qu'après-coup, et par une vue rétrospective de l'ensemble du parcours. Piet Mondrian, Jackson Pollock, Jean Dubuffet, Paul Klee, Saul Steinberg, Valerio Adami, François Rouan : autant de fils prélevés dans une même tresse, inlassablement renouée, comme le révèlent encore deux coupes transversales pratiquées dans son épaisseur, l'une sous le titre de l'"informel", et l'autre sous celui des "stratégies" qui structuraient la scène artistique des années cinquante, de part et d'autre de l'Atlantique. Un fil en dessus, un fil en dessous : la tresse propose un modèle d'histoire plurielle, où le fil qui fait surface et occupe l'oeil à un moment donné n'a de sens, et de tenue, que par rapport à ce qui vient en dessous, avant que de lever à son tour. L'abstraction et la figuration, le dessin et la couleur, la figure et le fond, l'image et le tableau, le voir et le lire : ces jeux d'oppositions binaires, s'ils en dessinent le champ, ne suffisent pas à rendre compte d'un travail dont on a pu croire qu'il retournait la peinture sens dessus dessous, alors qu'il ne prétendait à rien d'autre qu'à la mettre à plat et tout donner à en voir. Au risque pour le spectateur de ne plus s'y reconnaître et, pour le peintre, de se laisser prendre à une tâche proprement infinie, interminable. Et le désir là-dedans, ou la femme (comme parlait Balzac) là-dessous ? On n'en finira pas de relire Le Chef-d'oeuvre inconnu, lequel fait le prétexte de cette traversée, en même temps qu'il lui sert, tout au long, de phare.

10/1984

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Poches Littérature internation

La dispute ou Le testament de Gaston de Puyparlier

Dans le dernier récit de Javier Torneo qui débute en 1874, il importe surtout de savoir si le fameux Gazon de Puyparlier, improbable hobereau tard saisi par le démon de midi, fut ou non capable, peu d'heures avant sa mon, de Tire le testament qu'a venait de dicter à son fidèle notaire. Le reste importe peu ou bien est fonction de ce que cela peut apporter à l'éclaircissement de cette grande inconnue primordiale. De ce que le juge décidera dépend le destin ultime d'une colossale fortune. Commence ainsi une bataille juridique acharnée où chacune des parties en litige tente d'apporter de l'eau au moulin de ses intérêts, et lorsque les intéréts ne incident pas, ne coïncident pas non plus les vérités respectives. Avec une verve digne du Château de la lettre codée, Tomeo nous embarque dam un univers sans pitié ni remords où les masques tombent avec une logique et une rigueur implacables dans un jeu de massacre réjouissant à nous faire douter de lu nature humaine. Une nouvelle fois Tomeo est saisi et nous saisit par le vertige de son verbe : chicanes, arguties, preuves et contre-preuves, témoignages et contre-témoignages, correspondances douteuses, doigts crochus, effets de manches, roublardise et stratégies finaudes. Le tout baigne dans un funèbre joyeux, on y meurt sans faire de sentiment et les corbeaux s'agitent, docteurs, gouvernantes, avocat et notaires, antiquaires véreux, tous en noir, surtout les pseudo-veuves derrière leurs voiles de crêpe, si bien que n'apparaît vivant que le défunt, le fameux Gaston de Puyparlier. C'est à un Daumier à l'aragonaise qu'on pense, un faux, où lieux et gens seraient un peu brouillés, irréels, dérisoires. Parmi ces masques qu'il anime pour le plaisir des mots Javier Tomeo guide le lecteur dans un drôle d'embrouille, hors du temps, hors des normes du récit balisé. Et le lecteur est pris, rit, s'étonne. Le plaisir, cela se partage.

03/1999

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Littérature française

La paix avec les morts

"Une petite fille nous aborde : Qu'est-ce que vous cherchez ? Elle a un regard joueur et curieux, je lui explique. Ici, il y a des années, sous le régime khmer rouge, c'était un hôpital, et j'ai enterré de très nombreux corps dans des fosses. Puis l'eau a englouti ce lieu, et on a bâti des maisons. Elle joue avec un petit bout de bois, un peu gênée : Je sais. On dort sur les morts. La nuit, parfois, on les entend parler. J'insiste un peu : Mais tu as peur ? Elle sourit : Non, on n'a pas peur, on les connaît." C'est à un voyage hors du commun que nous convient Rithy Panh et Christophe Bataille, huit ans après leur livre L'élimination - un voyage vers l'enfance et vers les rizières où furent tués, par l'idéologie, la faim et la violence, 1,8 millions de Cambodgiens. Le grand cinéaste cherche les lieux où furent enterrés les siens : le tombeau de son père, dans la glaise ; la fosse où furent englouties sa mère et ses soeurs. Mais aussi le grand banyan où il s'abrita, désespéré, à treize ans, avec ses boeufs - sur cette colline, les khmers rouges n'osaient pas s'aventurer. Rithy Panh et Christophe Bataille roulent à travers le pays, s'arrêtent, parlent avec les bonzes, questionnent les villageoises âgées, grattent la terre et trouvent des ossement, des tissus ensanglantés. L'oubli guette, et la négation. Et Rithy Panh poursuit son chemin, cherchant la paix avec les morts et tissant un rapport unique avec les vivants, qu'il côtoie, victimes, bourreaux, complices, anciens cadres khmers rouges : le travail de connaissance ne cesse pas, à hauteur d'hommes. D'une conversation écrite avec Noam Chomsky à des échanges avec le père Ponchaud, d'un entretien avec Robert Badinter aux lettres enfantines rangées dans une sacoche de cuir, d'une méditation sur l'idéologie aux visites aux femmes-devins, les auteurs nous offrent un grand livre.

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Vivre en couple

Mon programme de thérapie de couple. Comment reconstruire mon couple sans me perdre

Vivre à deux est rarement simple ! L'amour ne gomme pas les différences et nous avons trop souvent tendance à vouloir changer l'autre. L'originalité et la force de l'approche d'Andrew Christensen et de Neil Jacobsen est de rejeter cette volonté de changement seul au profit du changement et de l'acceptation de l'autre de manière simultanée ! Accepter que l'autre n'est pas soi, qu'il est différent, c'est là une richesse sur laquelle construire une relation harmonieuse. La thérapie comportementale intégrative de couple s'inscrit pleinement dans la troisième vague des thérapies cogntivo-comportementales et propose un modèle efficace de résolution ou d'apaisement, à long terme, des problématiques de couple. Nos différences ne sont pas forcément incompatibles. A nous de les accepter pour ce qu'elles sont, juste des différences, et de faire preuve de compréhension et de tolérance. Ce titre s'adresse tout autant aux couples qui souhaitent transformer leurs situations conflictuelles qu'aux professionnels de la relation d'aide grâce aux nombreux exemples et outils qui y sont présentés. La postface explicative du modèle de la Thérapie comportementale intégrative du couple intéressera tout particulièrement les thérapeutes. Voici un passionnant manuel, où clinique et théorie se mêlent en un alliage parfaitement équilibré. Un vrai travail d'alchimiste, qui va aider le lecteur à transformer le plomb du conflit conjugal en or : l'or de l'acceptation authentique de nos différences. Car l'acceptation n'a rien à voir avec la passivité ou la résignation : elle est, dans un couple, la voie royale vers le changement. Christophe André, psychiatre, Paris. Cet ouvrage est un apport majeur aux thérapies de couple, qui développe l'approche par les contextes, fondamentale en thérapie familiale. Il repose sur des expériences cliniques de premier plan, et sur une démarche de recherche qui balise de manière pertinente le champ clinique où les interventions thérapeutiques deviennent performantes. Jacques Miermont, président de la SFTF (Société Française de Thérapies Familiales)

03/2024

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Poésie

Alcools. Poésies et poèmes de Guillaume Apollinaire

Alcools est un recueil de poèmes de Guillaume Apollinaire, paru en 1913. Ce recueil, qu'Apollinaire mit 15 ans à élaborer, annonce la quête de modernité, de jeu avec la tradition, de renouvellement formel de la poésie de l'auteur. Alcools est un recueil pluriel, polyphonique, qui explore de nombreux aspects de la poésie, allant de l'élégie au vers libre, mélangeant le quotidien aux paysages rhénans dans une poésie qui se veut expérimentale, alliant un travail sur la forme et sur l'esthétique à un hermétisme et un art du choc. Alcools montre le poète déchiré par ses ruptures amoureuses (avec Annie Playden, avec Marie Laurencin), ruptures qui résonnent au travers de poèmes tels que Mai2, Les Colchiques3 et, surtout, La Chanson du mal-aimé. Au sein de ses poèmes, Apollinaire abolit la temporalité interne classique mise en vigueur par Ronsard : le passé, le présent, le futur se mêlent en un seul et même univers de vin et d'ivresse. Le poète distille aussi l'espace, en mettant en scène l'univers de son enfance. Il modifie la perception poétique classique du temps et de l'espace : La Chanson du mal-aimé, Zone. Il se distingue comme le dieu poète en établissant une cosmogonie personnelle. Il réécrit les mythes fondateurs avec Orphée. Il se réclame d'Apollon. Mais il réinvente aussi la forme poétique dans son style : il détruit la conception classique syntaxique de Ronsard. Il est le précurseur du surréalisme et consacre une nouvelle poésie d'ivresse et de mythes. C'est après avoir assisté à une lecture par Blaise Cendrars de sa future publication, La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France, qu'Apollinaire aurait décidé de transformer à son tour son futur recueil. Il y plaça Zone en ouverture, ce qui lui donna valeur de manifeste, et supprima toute trace de ponctuation, s'inspirant de l'innovation de Cendrars. Alcools ayant été publié avant la Prose du Transsibérien, on attribue souvent à tort la primeur de la suppression de la ponctuation à Apollinaire. Selon lui, en poésie, le rythme du vers et de la respiration suffisent. Au-delà de cette considération, cette suppression lui permit de faire naître des images inédites en rapprochant certains termes comme par accident. On pense par exemple au vers de Zone : "Ils croient en Dieu ils prient les femmes allaitent des enfants" où, dans une première lecture, à cause de l'utilisation transitive du verbe "croire" , l'absence de ponctuation conduit à lire le verbe "prier" comme étant lui aussi transitif, "les femmes" apparaissant alors comme complément d'objet direct du verbe. Ce procédé crée également des ambiguïtés de sens, enrichissant les lectures possibles.

02/2023

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Fantasy

Le Sorceleur. Le Continent

Un voyage à travers les lieux emblématiques du Sorceleur dans un ouvrage foisonnant d'illustrations. Sous la plume d'Andrzej Sapkowski, Geralt De Riv, Jasquier, Yennefer et Ciri ont traversé les quatre coins du Continent : de la forteresse cachée de Kaer Morhen aux mystères engloutis d'Ys-sous-les-eaux, en passant par la majestueuse Cintra et l'impénétrable forêt de Brokilone. La richesse de la saga repose sur l'histoire du Continent, mais aussi sur les relations complexes entre ses peuples et ses royaumes. Depuis la Conjonction des Sphères et l'arrivée des différents peuples sur le Continent, les nations naissent, grandissent et disparaissent, laissant derrière elles de simples vestiges ou d'impressionnantes cités. Le Sorceleur - Le Continent est un guide sans pareil pour les découvrir. Un compagnon indispensable pour découvrir en images les grandes étapes de la saga littéraire. Faisant suite au Codex paru en 2021 qui dressait un portrait des personnages et créatures emblématiques de la saga, Le Sorceleur - le Continent répertorie cette fois les lieux majeurs de l'action et en propose une vision illustrée d'après les descriptions faites dans les romans d'Andrzej Sapkowski. Les soixante-quatorze superbes illustrations spécialement réalisées pour cet ouvrage par sept artistes de talent nous emmènent au coeur du Continent. Le livre s'ouvre sur une explication des fondations du Continent, l'arrivée des premiers peuples et la Conjonction des sphères. Il se poursuit avec les royaumes, leurs capitales, les lieux et autres événements majeurs qui restent en mémoire de tout lecteur, tels la purge de Kaer Morhen ou la bataille de la Iaruga. Il se conclut enfin par une description des frontières inexplorées du Continent qui renferment maints dangers et mystères. Ce livre est un outil indispensable pour pouvoir se plonger pleinement dans la mythologie créée par Andrzej Sapkowski. 152 pages en quadrichromie - 74 illustrations - format 178 x 254 mm

11/2023

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Littérature française

Paris en miettes

Un essai ludique et déjanté sur la présence de Paris dans les romans de grands auteurs québécois. Un regard grinçant et amusé sur le malaise culturel que les Québécois éprouvent à l'égard de la grande culture française. Des romanciers québécois ont parfois pris le risque (mais c'est de plus en plus rare) d'emmener leurs personnages à Paris pour qu'ils essaient (désir, velléité, épreuve ? ) d'y vivre, sinon une vie parisienne, une vie ailleurs, leur imaginant une existence dans la vieille ville de Voltaire, de Vian. Yan Hamel, lisant ces romans que signèrent Anne Hébert, Marie-Claire Blais, Jacques Poulin, Michel Tremblay, Gail Scott, Jacques Godbout, Victor-Lévy Beaulieu, la Manitobaine Gabrielle Roy et l'Acadienne France Daigle, n'a pu que constater les tristes inappétences de ces émigrés romanesques, un certain malaise, un mal-être nourri d'un sourd et profond sentiment de servitude culturelle. Car les deux solitudes ne sont pas toujours celles qu'on pense, et le Canayen, le pas sortable, le forestier, pour paraphraser Gaston Miron, ne peut s'empêcher de se sentir dépaysé, gauche, empêché, quand il débarque à Paris, cette mère perverse et narcissique. Le choc culturel n'en est que plus grand et pernicieux, parce que nous portons en nous un amour inné pour la France et que nous nous berçons de l'illusion d'une " langue partagée ", qui se révèle au contraire le plus implacable de tous les instruments de division. Ce livre est un essai ludique, car au milieu d'une pénétrante analyse des textes coule un filon poétique qui joue de toutes les tonalités et de tous les accents, allant du joual à l'argot, et qui creuse tout l'inavouable du malaise qui nous gagne infailliblement quand nous foulons les trottoirs de la Ville Lumière. Devant ce constat, Yan Hamel s'emporte et se fait, en héraut tocard, le ramasse-miettes de ces agapes ratées.

03/2023

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Littérature française

Rêveurs

Avons-nous chacun un double de nous-mêmes, s’agitant quelque part sur la Terre et menant une vie parallèle à la nôtre ? Alain Blottière dispose ainsi les deux jeunes héros de ce roman sur les deux registres alternés d’une intrigue où ils se font face sans se connaître. Nathan, un adolescent de 16 ans dont la mère est morte dans un accident de voiture un an plus tôt, vit avec son père dans une banlieue bourgeoise de l’Ouest parisien. Il est assez gâté, blasé, un peu paumé. Il plaît aux filles, Justine d’abord, Manon aujourd’hui, et aux garçons, notamment à son ami Raph qui en est franchement épris. Mais il s’ennuie. Son vrai plaisir, il le trouve en pratiquant le fameux et dangereux jeu du foulard, qui consiste à s’étrangler un court instant pour plonger dans d’étranges visions, comme en autant de fragments empruntés à un univers caché. Dans un autre monde, à Dar es Salam, un quartier misérable du Caire, le jeune Goma, 16 ans, vit les premières heures de la révolte anti-Moubarak. Goma et son ami Ragab se méfient des sbires de la police qui bouclent le quartier et réservent un sort particulièrement cruel aux petits émeutiers pauvres qui tombent entre leurs mains. Lui aussi vit le meilleur de son temps en rêve, loin d’ici, dans un pays sans faim ni violence. Il arrive que les parallèles se croisent. À l’occasion de courtes vacances en Égypte, Nathan se baigne en compagnie de Goma dans le Nil. Ils ne parlent pas la même langue, ne savent pas qu’ils sont dans le même livre. Nathan a la sensation éblouissante de rencontrer son double, un moment magique qui ne peut qu’annoncer sa mort. Puis l’auteur sépare à nouveau leurs destins, renvoie les personnages à leur solitude, à leurs fantasmes.

09/2012

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Histoire de France

Le Régent

Sauvegarder la grandeur de la France tout en faisant le bonheur des Français : le défi qu'eut à relever en 1715 Philippe d'Orléans, neveu de Louis XIV, était redoutable. Il s'en acquitta avec un sérieux et un succès que l'on a longtemps niés, oubliés ou dénigrés. Si nul aujourd'hui ne s'avise plus d'en faire un ambitieux ayant empoisonné une partie de la descendance du Grand Roi pour s'emparer du pouvoir, on le voit encore volontiers sous les traits d'un libertin veule, blasé de lui-même et de son rang, se désintéressant de l'Etat, bref comme ordonnateur des plaisirs d'une société raffinée mais corrompue, alors que se multipliaient les signes avant-coureurs de la Révolution. Ce cliché reste bien léger. Comment ne pas voir que le Régent, personnalité complexe et insaisissable, fut un prince à l'intelligence lumineuse, aux dons aussi surprenants que multiples, curieux de tout, et aussi un travailleur acharné, un soldat brillant en même temps qu'un politique d'une habileté extrême ? Au-delà d'expériences comme la polysynodie (gouvernement des Conseils) et le " système de Law " (tentative pour assainir les finances), les années qu'il passa au pouvoir (1715-1723) resteront dominées par la recherche de la paix à l'extérieur _ le rapprochement avec l'Angleterre _ et la quête de l'apaisement _ politique, social, religieux _ à l'intérieur. Cet Orléans, assurément digne de figurer dans la galerie des grands Bourbons, sut à merveille innover et restaurer, panser les plaies et faire fructifier les réussites du règne de Louis XIV. Jamais auparavant historien ne l'avait démontré avec autant de science et de virtuosité. Né en 1944, Jean-Christian Petitfils, diplômé de Sciences Po et docteur en science politique, licencié en droit et en lettres, est l'auteur d'une dizaine d'ouvrages dont certains sont consacrés à l'histoire des idées politiques et d'autres à l'histoire des XVIIe et XVIIIe siècles.

01/1996

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Religion

Baiser à baiser

Le titre de ce livre fait écho à l'ouverture du Cantique des Cantiques (1, 2) que Guillaume de Saint-Thierry, moine cistercien du XIIe siècle, a commenté ainsi : Qu'il me baise d'un baiser de sa bouche ! C'est fini ! Je ne veux plus de baisers étrangers (Dieu qui lui parle par l'Ecriture, et les prophètes). J'exige d'être enseigné ouvertement sur Dieu, face à face, les yeux dans les yeux, baiser à baiser. Béatrice de Nazareth, moniale cistercienne contemporaine de Guillaume de Saint-Thierry, prolonge ainsi sa réflexion : L'âme aimante ressent alors que tous ses sens sont unifiés dans l'amour et que sa volonté est devenue amour, et qu'elle est tout entière devenue amour : la beauté de l'amour l'a assimilée, la puissance de l'amour l'a dévorée, la douceur de l'amour l'a absorbée, la grandeur de l'amour l'a engloutie, la noblesse de l'amour l'a embrasée, la pureté de l'amour l'a ornée, la dignité de l'amour l'a exaltée et l'a tellement unie à lui qu'elle doit lui appartenir tout entière et ne peut s'occuper que de lui. De Solitude graciée, le premier livre du moine cistercien Yves Girard qui allait faire découvrir au public un grand mystique de notre époque, à Baiser à Baiser, l'auteur nous aura offert un parcours original et essentiel de la spiritualité chrétienne et ses thèmes fondamentaux : le pardon, la réconciliation avec soi, le don de l'amour divin, la tendresse du Père, le désir amoureux de Dieu, en un mot tout ce qui donne sens à nos attentes, à notre pèlerinage à travers chemins de lumière et parfois sentiers interrompus. Baiser à baiser est le couronnement d'une activité d'écriture qui a nourri l'intériorité des milliers de lecteurs habité par une vérité consolante : toute recherche spirituelle à son sommet est un Cantique des Cantiques, un chant d'amour.

04/2019

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Littérature française

La Mère, la Sainte et la Putain. Lettre à Swann

" La Mère la Sainte et la Putain : ce sont les trois visages d'une femme qui raconte la gestation d'un enfant fait de mots, car ici, le texte est sa première mise au monde, avant l'être à venir . On suit toutes les étapes traversées par cette amazone libre, entre le moment où elle tombe amoureuse (l'errance puis la « chute d'organes, le cour tombé dans l'estomac ») et celui où elle va enfanter : ces étapes, ce sont les trois statuts du titre de ce bref roman en forme de cri, violemment imposés au corps féminin dans un monde décrit sans concession.« La faculté d'adaptation de la femelle humaine est un miracle de la nature. C'est à ce jour la seule espèce qui sait muter en quinze jours de prédateur à invertébré. »« Les mots naissent de l'inconfort, de la plaie, de là où ça fait mal. Les mots sont le hurlement de l'animal blessé, le cri du soldat pendant la bataille, le rugissement de la lionne affamée. Les mots ne surgissent pas de la tranquillité. »« Parce que les mots sont plus grands que la chair, parce qu'ils lui préexistent et qu'ils lui survivront, parce que l'odeur d'une peau ça s'oublie, et que les mots ça se relit. Parce que le souvenir se floute, quand les mots ont fixé pour toujours les contours des corps entre les draps. »« La mère porte le fils de l'homme, la sainte lave les péchés. La putain baise la lie de l'humanité. Puis est venue Marie-Madeleine, qui a sanctifié le métier. Depuis elle, les putains jouent les infirmières, essuient les pieds de Jésus condamné, sèchent les larmes, noient dans leur ventre le mal de vivre, les vices et la fureur, consolent le cour des amants empoisonnés. Les putains appartiennent aux hommes, mais ne portent pas leur descendance. À elles la douleur du monde, aux autres celles d'enfanter. »"

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Religion

L'âme Cristal. Des attributs divins en nous

Jean-Jacques Olier est né le 20 septembre 1608. Fondateur de la Compagnie de Saint-Sulpice, il a beaucoup écrit mais peu publié. Inédit, cet écrit mystique publié par Marie Mazzocco constitue une vraie découverte. Dans L'Ame cristal, on retrouve un vocabulaire de la simplicité proche des grands maîtres de la mystique chrétienne, tels Eckhart, Tauler, Ruusbroec, Jean de la Croix... Jacques Le Brun écrit dans sa préface : Sous une forme d'apparence classique, la pensée de M. Olier était d'une grande hardiesse. Son intention était moins d'exposer une doctrine Des attributs divins en nous que de saisir en une écriture, donc des mots, ce qui est insaisissable : le rapport entre Dieu et l'homme et les effets de ce rapport. D'où une dialectique entre " l'être abyssal et suressentiel de Dieu ", cet être " suréminent ", " sublime, surnaturel " et l'homme dont l'être doit être anéanti pour qu'il n'y ait " plus de nous en nous " et qu'il n'y ait " plus qu'un Dieu en nous ". Faisant fi des frileuses prudences de l'orthodoxie, M. Olier écarte l'idée d'un rapport qui ne serait que " d'imitation ", pour parler d'" union et d'unité ". Rapport proprement impensable d'un " désir sans désir ", d'un " amour sans ardeur ", par une pureté et nudité (sans forme, sans figure) qui, à l'absolue pureté de Dieu, répondent par une passivité paradoxalement agissante. L'insistance sur l'anéantissement, la négativité qui traverse tout le chemin d'une pensée et d'une expérience (négation de la sensibilité, de la propre raison, du désir, de l'être même, des actes de la vie chrétienne, voire des sacrements) est aussi le signe de la présence et de la vie de Dieu en l'homme, de Dieu qui " se baise en l'homme ", tel le divin Narcisse qu'à la même époque et sous d'autres cieux, chantait Sor Juana Inés de la Cruz.

09/2008

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Critique littéraire

Correspondance avec Tristan Tzara et Francis Picabia. 1919-1924

"Voici la correspondance échangée entre les trois principaux meneurs de Dada à Paris. Nous sommes au coeur de l'organisation de la révolution. Par chance, chacun ayant la manie de la conservation, nous avons eu accès à quasiment toutes leurs lettres. Ils utilisent peu le téléphone, et ne se voient qu'au moment du coup d'éclat. Quelles sont leurs motivations ? Comment s'impliquent-ils ? Comment voient-ils leur coup d'Etat ? Quelle stratégie envisagent-ils ? Paradoxalement, on ne lira pas le journal à plusieurs voix d'artistes révolutionnaires, mais plutôt un échange étrangement sentimental, ponctué par des accusations, des séparations suivies, à plus ou moins long terme, de rabibochages. Ces lettres sont rien moins que dadaïstes. Chacun use d'une langue très policée, selon les conventions de l'époque. Comment feront-ils donc pour tuer l'art ? Par le spectacle, par l'action publique. Aussi discrètement que possible, l'annotation brosse le panorama sur lequel se détachent ces échanges, évoquant les deux saisons Dada à Paris, le Procès Barrès, la préparation du Congrès de Paris, mise en échec par Tzara, la soirée de L'Oeil cacodylate offerte par Picabia, sa revue insolente, 391 ; les vacances prises en commun au Tyrol, la rencontre ratée de Freud par Breton à Vienne, puis, plus tard, la mise en accusation de Dalí, les défis que la société leur lance. Car, au fond de tous ces débats, c'est toujours de création qu'il s'agit, d'un nouveau langage poétique et pictural. Faudra-t-il s'allier à un parti politique pour faire émerger l'homme nouveau ? La psychanalyse ou, plus précisément, l'automatisme verbal, offre-t-il une solution d'avenir ? A moins que ce ne soit le spiritisme, l'hypnose ? C'est le temps où se préparait le surréalisme, dont le nom n'est jamais prononcé, qui se profile à travers Les Champs magnétiques et tant de réflexions esthétiques. "Dada ne fut qu'une bombe, me disait Max Ernst, vous n'allez pas vous amuser à en recueillir les éclats !". Eh bien si, justement, car, aussi éphémère fût-il, il donna du grain à moudre à plusieurs générations, jusqu'à ce jour. Et la braise ne s'est toujours pas éteinte", Henri Béhar.

12/2017

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Correspondance

Lettres à Milton Hindus (1947-1949)

"Je ne crée rien à vrai dire - Je nettoye une sorte de médaille cachée, une statue enfouie dans la glaise - Tout existe déjà c'est mon impression - Lorsque tout est bien nettoyé, propre, net - alors le livre est fini. Le ménage est fait - On sculpte, il faut seulement nettoyer, déblayer autour - faire venir au jour crû - avoir la force c'est une question de force - forcer le rêve dans la réalité - une question ménagère - De soi, de ses propres plans il ne vient que des bêtises - Tout est fait hors de soi - dans les ondes je pense - Aucune vanité en tout ceci - C'est un labeur bien ouvrier - ouvrier dans les ondes". "Comment se fait-il que Céline, après quelques lettres amorçant cette correspondance, se livre en 1947 et 1948, avec finesse et précision, sur l'intimité de son travail stylistique, à un inconnu de la veille, Milton Hindus ? Nulle part ailleurs, avant les Entretiens avec le Professeur Y, nous ne rencontrons avec autant d'explications métaphoriques, soumise à des variations d'une rare beauté, un aussi magistral cours de littérature de la part de Céline. Bien entendu, Hindus étant juif et américain, il est un atout précieux dans le cercle restreint des soutiens de l'écrivain en exil, et Céline ne peut manquer de chercher à en tirer profit. Cela ne suffit pas cependant à expliquer le ton constamment confiant et patient sur lequel il répond, pendant plus d'un an, à son correspondant, ni surtout les remarquables confessions de l'artiste au travail. Confiance, patience et confession qui ne résisteront pas à la visite de Milton Hindus à l'exilé : le jeune universitaire, après avoir rendu tant de bons offices, dont le principal est d'avoir été à l'origine de cette correspondance, retourne sa veste en même temps qu'il regagne les Etats-Unis et quitte le domaine de la littérature pour écrire un terrible pamphlet, sous forme d'impressions de voyage au Danemark. Cette édition, qui compte 97 lettres (dont 13 partiellement ou totalement inconnues) et de nombreux documents inédits, donne des rapports entre Céline et Hindus une image neuve". Jean Paul Louis.

02/2012

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Philosophie

La démocratie et la raison

Les démocraties occidentales traversent une grave crise de légitimité. La montée des inégalités comme celle des idéologies identitaires menacent aussi bien nos institutions que les valeurs qu'elles incarnent. Si l'ampleur de ces évolutions continue de surprendre ceux qui, après la chute du communisme en 1989, croyaient à une "fin de l'histoire" et au triomphe définitif d'une " révolution libérale " dans un monde globalisé, la crise était, à bien des égards, prévisible. Face à cette évolution inquiétante, quels recours avons-nous ? Publiée en 1971, la Théorie de la justice de John Rawls (1921-2002) a révolutionné la pensée politique et économique avec sa conception anti-utilitariste de la justice comme équité. Pour Rawls, l'égalité et la liberté, loin de s'opposer comme le soutiennent bon nombre de libéraux comme de socialistes, sont compatibles à condition qu'elles oeuvrent pour les plus défavorisés (le " principe de différence "). On a souvent interprété cette approche comme un pur produit, aujourd'hui dépassé, des valeurs et des espoirs des Trente Glorieuses. La thèse ici présentée est tout autre. Plus que le contenu de la théorie, elle interroge l'actualité et la radicalité politiques de la démarche de Rawls — Habermas parle à ce sujet d'une "braise radicale-démocratique" — et la relation constitutive entre raison et démocratie qui la sous-tend. Fidèle à l'inspiration de Rousseau et de Kant, Rawls nous invite à comprendre les principes fondateurs de la démocratie comme l'oeuvre des citoyens eux-mêmes et de leur raison. Bien loin d'être historiquement contingents et arbitraires, ces principes et les raisons d'y adhérer peuvent être réappropriés par chacun et justifiés comme les conditions de toute coopération humaine, même dans un contexte pluraliste. Cet empowerment est constitutif de la citoyenneté et impose une critique vigilante des institutions comme des pouvoirs politiques. Oser cet appel à "la raison humaine libre" (Kant) pour défendre la démocratie et les principes de justice, d'égalité et de liberté contre leurs ennemis était un geste " philosophiquement raisonnable " en 1971. En ce début du XXIe siècle, ne serait-il pas devenu encore plus indispensable et " politiquement radical" ?

03/2019

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Bijouterie, horlogerie

Parure. Un langage universel

"C'est un fait bien connu que les objets de parure dans toutes les sociétés sont des signes et relèvent donc de la sémiologie. La parure est la première forme d'art et un marqueur d'humanité, puisque seuls les humains se parent. Il n'y a pas de société sans parures. Les systèmes de signes, cependant, ne sont pas tous humains. De nombreuses études ont été consacrées par les archéologues, les anthropologues, les ethnologues au symbolisme de la parure, à sa valeur dans les rituels, les croyances, les échanges, les alliances dans le cadre de cultures diverses depuis les origines de l'humanité. L'approche que j'adopte ici s'écarte de ce chemin bien balisé. Bien que les motivations du collectionneur soient très différentes de celles du chercheur, peut-être même incompatibles, ma formation universitaire m'a amenée à réfléchir sur la parure avec des outils qui sont ceux de la linguistique, ma spécialité. N'étant ni archéologue ni paléontologue mais linguiste, j'ai ainsi l'ambition de mettre en évidence une "grammaire" des parures pouvant recevoir par métaphore le même traitement que les langues. Les langues parlées dans le Monde sont diverses mais comportent néanmoins des caractéristiques universelles qui fondent l'unicité du langage humain. De la même façon les parures, tout au long de l'histoire de l'humanité et dans toutes les cultures, possèdent des caractères distinctifs qui permettent de les identifier et de les différencier. Mais en même temps on retrouve, à la fois dans la sélection des matières premières et dans les formes privilégiées ainsi que dans les agencements, des traits universels. C'est cette tension entre la diversité et l'unicité que je me propose d'illustrer à travers un choix d'objets de parure provenant de toutes les parties du Monde, depuis le Paléolithique jusqu'à nos jours. A l'exception toutefois des bijoux du monde occidental moderne et contemporain Cet ouvrage est consacré à l'examen des matières premières, des formes, des motifs et des agencements des parures. S'y ajoute la question des points d'application sur le corps".

10/2023

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Littérature roumaine

Comme si de rien n'était (éd. poche)

Dans les années 1980, pendant la dernière décennie de la dictature communiste en Roumanie, Cristina, passionnée d'écriture, s'éprend d'une autre femme. L'histoire commence à l'adolescence de Cristina, lycéenne dans une ville de province. Elle tombe amoureuse de sa meilleure amie, Nana, lui déclare ouvertement ses sentiments et découvre une réciprocité. Mais après un court moment d'euphorie, Nana s'éloigne brutalement et part à Bucarest pour devenir comédienne. Cristina suit de son côté le parcours balisé de la conformité sociale. Elle épouse Radu, le frère de Nana, et tente de négocier sa fine marge de confort matériel et moral, en naviguant entre les contraintes familiales, sociales et politiques. Elle essaie d'écrire, tout en sachant qu'il serait impossible de publier un texte sincère sur ce qu'elle pense et ressent. Puis elle renoue avec Nana, qui fuit de nouveau la relation et part en France. A l'aube de la quarantaine, les deux femmes, trouvent chacune le courage d'accepter et d'affirmer à voix haute leurs choix, leurs émotions et leur identité. Mais cet acte libérateur, par lequel Nana peut enfin vivre, ne suffit pas à sauver Cristina, toujours captive de l'étouffante société roumaine. Dans ce roman exceptionnel, les rouages de l'oppression sont mis à nu dans leurs aspects les plus subtils. L'un des rares textes roumains à traiter de l'homosexualité féminine sous Ceausescu. "Pour la énième fois elle se demande pourquoi ça retombe chaque fois sur elle, sur mille élèves en uniforme c'est toujours elle que l'on choisit d'éduquer, de redresser. A cause de son regard peut-être, il y a un truc qui cloche du côté de son regard, trop concret - elle avait cette mauvaise habitude de regarder pour voir - à moins que ce soit, allez savoir, cet air dont elle ne peut se défaire, de gamin de quartier qui sort prendre l'air et se met à taper la balle contre un mur, les genoux écorchés par les chutes en vélo, ce vélo dont la chaîne saute tout le temps". A. N.