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#SalmanRushdie – En juillet 1986, Salman Rushdie s'est rendu au Nicaragua à l'invitation du gouvernement pour une visite de trois semaines. Ce livre est donc la description d'un " moment " crucial dans l'histoire de ce petit pays d'Amérique centrale. Dès le début, Salman Rushdie nous prévient : il n'est pas allé là-bas comme un observateur neutre, " une page blanche " : " Je suis moi-même l'enfant d'une révolte victorieuse contre une grande puissance, ma conscience est le produit du triomphe de la révolution indienne. " Mais, à chaque instant, il s'interroge : " je connaissais bien la tendance des révolutions à se dévoyer, à dévorer leurs enfants, à devenir ce qu'elles avaient pour but de détruire. " Aussi, quand il parle avec les paysans, les écrivains, avec le président Daniel Ortega ou ses ministres, avec la directrice de la Prensa, le journal d'opposition interdit par le pouvoir, il s'informe, il demande, il questionne. Partout, à chaque instant, il y a la présence obsédante de la guerre, des attaques de la Contra, " l'armée révolutionnaire que la CIA a inventée, réunie, organisée et équipée ", le blocus exercé par les Etats-Unis, le rationnement, les morts. Mais partout aussi, la poésie, la religion et la révolution étroitement mêlées, la fierté d'être libre, de se construire un nouveau destin. Inspiré d'une comptine anglaise - où un fauve dévore la jeune fille qu'il portait sur son dos - le titre du livre, Le Sourire du jaguar est ambigu. Si la jeune fille est une révolution de sept ans, pleine d'idéalisme, alors le jaguar représente les Etats-Unis. Mais si la jeune fille est le Nicaragua, alors le jaguar n'est autre que la révolution... Le livre reparaît aujourd'hui avec une nouvelle préface de l'auteur.
06/1997
Littérature étrangère
02/1988