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Récits de voyage

Dans l'Inde du Sud. Volume 2, Le Carnatic & le Maduré

Maurice Maindron (1857-1911) a beaucoup voyagé à travers le monde. Dans le dernier quart du XIXe siècle, il a parcouru la Malaisie et la Nouvelle Guinée, le Sénégal, le sud de la péninsule indienne, Java et Sumatra, la baie de Tadjourah, la côte du Sindh et Mascate. Dans l'Inde du Sud qu'il visita une dernière fois en 1901, il consignait au jour le jour ses notes de voyage dans des lettres qu'il envoyait régulièrement en France et qui furent réunies en un ouvrage publié plus tard à Paris. Le lecteur ne trouvera pas, dans ce récit, de transpositions littéraires brillantes ou fantaisistes, au contraire il aura le plaisir de savourer des impressions authentiques, des renseignements vrais sur l'Inde tamoule du début de ce siècle, que l'auteur a regardée en archéologue et en naturaliste, rapportant fidèlement ses observations sur les paysages, les hommes, les monuments et aussi la flore et la faune. On sera particulièrement sensible à la description des vieilles forteresses qu'il a étudiées avec la compétence d'un spécialiste d'architecture militaire. A Genji où, parmi les décombres de palais et de temples, il tente d'établir la chronologie des remparts, il conte l'émouvante ballade de Desing, lente et tragique mélopée que l'on chante encore dans les environs de la grande place d'armes, célébrant le sacrifice du fier chef radjpout, mort sur le champ de bataille pour ne pas s'abaisser devant le nawab musulman, et de sa jeune épouse, la belle princesse, qui se livra aux flammes avec lui sur le bûcher funéraire...' A Genji où, parmi les décombres de palais et de temples, il tente d'établir la chronologie des remparts, il conte l'émouvante ballade de Desing, lente et tragique mélopée que l'on chante encore dans les environs de la grande place d'armes, célébrant le sacrifice du fier chef radjpout, mort sur le champ de bataille pour ne pas s'abaisser devant le nawab musulman, et de sa Dune épouse, la belle princesse, qui se livra aux flammes avec lui sur le bûcher funéraire...

01/1992

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Littérature française

Dinard. Essai d'autobiographie immobilière

"Je suis venu au monde à Dinard, dans le cours de l'année 1953, pendant la projection d'un film d'actualités - celles-ci légèrement différées - illustrant le couronnement de la reine d'Angleterre. Par un phénomène extrêmement rare, et que je ne m'efforcerai pas d'éclaircir, je suis né de ma grand-mère (ma mère, qui vivait alors au Congo, étant dans l'impossibilité de me donner le jour à Dinard), et âgé déjà de plusieurs années : peut-être trois ou quatre, j'en ai perdu le compte, et d'ailleurs je n'attache personnellement aucune importance à ces détails. En revanche, il n'est pas indifférent de savoir que le couronnement d'Elizabeth II fut le premier spectacle qui s'offrit à moi, dans cet état de nouveau-né - je me souviens encore, aussi nettement que si j'avais été présent sur les lieux de la cérémonie, des merveilleuses robes à balconnet que portaient en cette circonstance sinon la reine elle-même, du moins ses demoiselles de compagnie -, ou qu'en première partie du même programme figurait un documentaire sur "La vie dans les grands étangs" . Car toute mon enfance, et dans une moindre mesure les étapes ultérieures de mon existence, devait être placée sous le double signe d'une anglophilie malaisée - tant il y a de la difficulté à éprouver une prédilection pour cette nation qui de son côté nous méprise - et d'un goût prononcé, bien que non exclusif, pour la faune aquatique : les oiseaux en particulier, mais aussi les poissons - au cours de mes premières années, j'ai pêché plus de perches et de brochets, à la cuiller ou au vif (mais surtout au vif) que la plupart des hommes pendant toute la durée de leur vie -, les batraciens, et tout ce qui s'ensuit". Jean Rolin.

05/2012

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Histoire de France

L'économie française au XVIIIe siècle

Profondes transformations. L'héritage d'un XVIIe siècle, aux horizons assombris par "les tristesses des campagnes" et les crises de la fin du règne de Louis XIV peut être vu comme facteur d'immobilisme prolongé. Il faut pourtant retenir la réalité d'un renouveau des économies maritimes et industrielles qui porte la croissance du XVIIIe siècle. L'histoire économique de la France de Louis XV n'offre pas l'image d'une évolution retardée par rapport à celle de l'Angleterre. Croissance commerciale et croissance industrielle vont de pair pour donner sa vitalité à l'expansion française. La prospérité du siècle souffre-t-elle d'un fort ralentissement dans "le malaise pré-révolutionnaire" ? L'observation des faits dans leur diversité régionale, paraît ne plus pouvoir privilégier la notion d'intercycle de contraction. L'activité agricole a été améliorée avec les progrès des cultures nouvelles et spécialisées, avec une productivité du travail supérieure dans les grandes exploitations, même si la productivité des sols paraît inchangée. L'élargissement des marchés donne toute sa vigueur à l'expansion des façades maritimes mais n'ignore pas les arrière-pays, grâce à l'amélioration de la circulation des produits et de l'argent. Dans un cadre traditionnel majoritaire et sous un capitalisme commercial dominateur se dégagent le dynamisme de la production drapière et l'apparition de nouveaux textiles répondant aux changements du goût. Le Pouvoir semble mettre en danger cette prospérité par sa politique de guerre exigeant des prélèvements croissants de la richesse nationale mais la guerre nourrit aussi l'économie, ouvrant de nouvelles routes commerciales, stimulant des activités industrielles. Capables de promouvoir un mercantilisme rénové, de Trudaine à Calonne, de grands commis préparent des réformes appelées à un succès ultérieur.

02/1993

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BD tout public

L'agent secret

"L'Agent Secret a été écrit en 1906, à une période charnière de la carrière de Joseph Conrad. Dans l'esprit de Conrad, le développement de cette nouvelle en feuilleton puis sous sa forme romanesque définitive constitue avant tout un espoir de salut financier. Mais cette tragi-comédie macabre, trop dure et sarcastique pour ses lecteurs edwardiens, connaît à sa parution un échec commercial. En réalité, L'Agent Secret est en avance sur son temps d'une bonne vingtaine d'années. Il faut attendre Greene, Moravia ou Koestler pour mesurer l'importance de ce livre fondateur, qui jette les bases d'un genre moderne, le thriller psycho-politique, où se confrontent la conscience individuelle, les desseins criminels et les soubresauts de l'histoire immédiate, et qui ramène au coeur de la société sa frange la plus mélodramatique - la pègre, le terrorisme - pour démontrer que la trahison, la violence, le cynisme sont des questions morales qui nous concernent tous et non de simples colifichets de la fiction. [...] Etude en plan serré de la faillite morale et du fiasco individuel, L'Agent Secret brosse aussi le tableau visionnaire d'un Londres annonçant la sauvagerie des métropoles modernes. C'est cette dualité qui légitime pleinement l'intervention graphique de Miles Hyman. Son art intemporel, la poésie minérale de son trait, le flou particulier de sa manière, faite de précision délibérément estompée laissent planer sur tout ce qu'il donne à voir une part de doute et de malaise aussi appropriée à la description de l'affreux petit monde gravitant autour de l'échoppe équivoque de M. Verloc qu'à la représentation de ce que Conrad lui-même appelle "la vision d'une ville monstrueuse, cruelle dévoreuse de la lumière du monde". Jean-Luc Fromental.

01/1992

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Psychologie, psychanalyse

Psychanalyse de la destructivité

Le clinicien ne peut que s'incliner devant la réalité contraignante de la destructivité. Intrapsychique ou intersubjective, s'exprimant somatiquement ou psychiquement, souvent énigmatique, elle questionne et fait théoriser nous laissant dans de nombreuses incertitudes. La névrose traumatique et son syndrome central : la compulsion de répétition, les résistances dans les cures sans fin et l'observation d'un enfant qui joue en mettant en scène la disparition de sa mère constituent les hypothèses cliniques qui vont permettre à Freud d'introduire en 1920 le concept de pulsion de mort qu'il nomme d'emblée pulsion de destruction. Tout au long de son travail il insistera de plus en plus sur l'importance de cette pulsion. Ainsi écrit-il dans Le malaise dans la culture : " Je ne peux pas comprendre comment nous avons pu négliger l'universalité de l'agression non érotique et de la destruction. " La pulsion de mort est alors définie comme une manifestation de la tendance à la réduction absolue des tensions, au retour vers l'état inorganique, vers la mort et rend compte de la compulsion de répétition dans la vie psychique qui se place " au-delà du principe de plaisir ". Elle représente ce qu'il y a en nous de plus originaire, d'élémentaire et de pulsionnel. Elle pousse à la déliaison, à la séparation. Elle sera aussi considérée par Freud comme pulsion d'emprise et volonté de puissance. Partant de cette conceptualisation, des cliniciens, pour la plupart psychanalystes, s'interrogent sur la destructivité psychique. Serait-elle un représentant de la pulsion de mort, un signe de désintrication pulsionnelle, une marque de l'agressivité primaire ? Les auteurs de cet ouvrage proposent différentes réponses et en tirent les conséquences pour leur pratique.

06/2006

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Sciences historiques

Réintégrer les départements annexés. Le gouvernement et les services d'Alsace-Lorraine (1914-1919)

Annexée à L'Empire allemand à la suite du traité de Francfort signé en 1871, l'Alsace-Lorraine devient une question politique de premier plan Lorsqu'éclate, au cours de l'été 1914, la Première Guerre mondiale. La prise de Mulhouse Le 7 août 1914, si elle suscite un bel enthousiasme et accrédite un temps l'idée d'une victoire rapide sur l'Allemagne, représente aussi l'occasion d'un premier contact entre les troupes françaises et les Alsaciens-Lorrains. Tandis qu'une partie de la Haute-Alsace est désormais administrée par les armées françaises, cette confrontation avec le terrain permet de prendre la mesure des problèmes administratifs et juridiques que soulèverait un retour à la France des pays annexés dans leur totalité. Par "services d'Alsace-Lorraine", on entend l'ensemble des administrations civiles chargées des affaires de ce territoire. L'histoire de ces institutions, chargées d'abord d'un travail de préparation et de prévision, investies au lendemain de l'armistice du 11 novembre 1918 d'un pouvoir d'administration, constitue la matière de cet ouvrage. Les institutions mises en place à partir de 1914 ont-elles accompli La mission qui leur était impartie ? De par leur organisation et les personnalités sur lesquelles elles se sont appuyées, étaient-elles suffisamment qualifiées ? Peut-on apprécier la part des erreurs administratives dans la montée du "malaise alsacien-lorrain" au printemps 1919 ? L'étude des organisations chargées d'administrer les "pays annexés" nécessite toutefois de considérer l'arrière-plan historique et institutionnel dans lequel elles s'inscrivent : celui d'un territoire intégré tant bien que mal à l'Empire wilhelminien, au coeur d'une imagerie française sentimentale et teintée de revanchisme, celui d'un possible laboratoire des réformes institutionnelles engagées par une IIIe République tentée parla voie de la régionalisation et de la réforme de l'Etat.

11/2019

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Littérature étrangère

Idiopathie. Un roman d'amour, de narcissisme et de vaches en souffrance

Idiopathie [idjopati] n f : Maladie ou état qui apparaît spontanément ou dont la cause est inconnue. Qui va mal dans le roman de Sam Byers ? Tout le monde, à commencer par Katherine, qui n’aime rien ni personne, et surtout pas elle-même. La trentaine, coincée dans un job minable, enchainant les déceptions amoureuses, elle se demande s’il n’est pas temps de tirer un trait sur les hommes, et sur le bonheur en général. Ou bien Daniel, son ex, qui semble avoir tout pour lui : il vit confortablement avec Angelica, sa nouvelle petite amie, et occupe un poste important dans une unité de recherche biologique. La vie en rose, peut-être, mais sous la perfection des apparences, quelque chose cloche sérieusement. Ou encore Nathan, qui fut leur ami proche, et qui se remet d’un séjour en hôpital psychiatrique, épisode douloureux dont sa mère s’est emparée sans scrupule pour écrire un témoignage en passe de devenir un bestseller. Avant, Katherine, Daniel et Nathan étaient heureux — c’est-à-dire malheureux, mais au moins, ils l’étaient ensemble. Lorsque Nathan réapparaît après une longue absence, il provoque des retrouvailles forcées, une soirée à trois qui ne peut que mal finir tant il y a de comptes à régler. Et les vaches dans tout ça ? Elles vont mal elles aussi, succombant à une étrange épidémie dont les symptômes, tels que tristesse et éloignement du troupeau, ne sont autres qu’une métaphore du malaise général. Idiopathie est une comédie cinglante qui dresse le portrait d’une génération — les trentenaires des années 2000 — et d’une société — la leur, la nôtre — à la dérive. Styliste hors pair et maître dans l’art de l’autodérision, Sam Byers dissèque les failles d’une époque qui se laisse aller à la mélancolie, même si ce n’était guère mieux avant.

08/2013

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Droit

La conscience

"Satisfais aux lois et sois honnête homme" : cette sentence, prêtée à un magistrat par Diderot, attesterait-elle l'indifférence du droit à la conscience, cette faculté qui permet à l'homme de juger de la valeur morale de ses actes, une telle notion étant tenue pour plus philosophique que juridique ? Cet ouvrage prouve le contraire : l'analyse du droit positif a permis de mettre en valeur la reconnaissance et la protection, par le système juridique, d'une véritable liberté civile. L'État, d'une part renonce à contraindre l'individu dans les domaines relevant de la juridiction de sa conscience, d'autre part fait respecter la compétence ainsi reconnue par les autres citoyens, ce qui l'amène d'ailleurs, le cas échéant, à arbitrer entre les consciences qu'il rassemble, arbitrage malaisé pour un État laïc. Le droit protège ainsi l'autonomie de conscience. L'auteur analyse les trois développements juridiques de cette autonomie. Il dégage, d'abord, un principe d'indifférence du droit à la conscience de l'individu dans la détermination des devoirs juridiques : le droit ne s'attache pas au verdict de la conscience du débiteur lorsqu'il décide de conférer à un devoir la contrainte juridique. L'auteur étudie, ensuite, les diverses objections de conscience concédées par le droit : le système juridique reconnaît en effet exceptionnellement à l'individu la faculté de se soustraire à l'application du droit strict en excipant de sa conscience. L'auteur, enfin, met en évidence la véritable consécration, par le droit, de l'autonomie de conscience religieuse. Cet ouvrage montre toute la difficulté qu'éprouve le système juridique à protéger la liberté de conscience, cette liberté civile fondamentale à laquelle aspire chaque individu, sans méconnaître pour autant l'existence d'une société et les contraintes qui en découlent.

12/1993

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Actualité et médias

Le destin de la Grèce moderne

Nombre de débats et discussions acharnés n'ont cessé et ne cessent de se succéder sur l'ainsi dénommée "crise grecque", alors même que se profile, à mesure qu'on en prend conscience, une crise européenne de plus large ampleur. On avance ainsi des chiffres, élabore force plans de sauvetage, négocie des taux d'intérêts bancaires au nom de "marchés" anonymes et tout-puissants, sans bien comprendre ce que cette crise recèle. Pourtant, des voix s'élèvent, de plus en plus audibles, qui s'efforcent d'identifier et de diagnostiquer les causes profondes de ce qui se révèle progressivement comme une crise plus vaste, qui touche non seulement à l'identité grecque, mais à un véritable malaise de notre culture, qui outrepasse le seul "cas" grec. En juillet 1954, alors qu'il venait d'avoir trente ans, exilé en France et dans l'impossibilité de retourner en Grèce, Kostas Axelos publie ce texte prémonitoire et d'une lucidité accablante, s'efforçant de scruter les origines profondes du mal-être grec. A peine sorti de la Résistance et d'une sanglante guerre civile, le jeune Axelos s'attaque ici au Destin de la Grèce moderne, en y posant des questions cruciales. Assurément, il n'y a pas à en douter : le destin de l'Hellade est bien "moderne". Plus encore, "elle ne peut être sans destin au sein du monde moderne dominé par les grandes puissances". L'interrogation fondamentale concernant la Grèce demeure ici d'une étonnante actualité : "Comment établira-t-elle l'harmonie entre sa puissance et son impuissance ? Et pour s'approprier son être ne vendra-t-elle pas son âme au diable ? S'assurera-t-elle sa place dans le monde sans abandonner sa nature et saura-t-elle maintenir l'équilibre entre la physis et la technè ?".

01/2013

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Photographie

Kanak. Portrait de groupe

Patrick MESNER est parti entre 1996 et 2001 en Nouvelle Calédonie. Durant cinq années, c'est une véritable immersion dans la société kanake qu'il réalise ; immersion qui le conduit à la découverte des facettes parfois antagonistes de cette culture, en ce tournant de siècle. Lors de son périple il parvient à saisir des séquences de vie à la portée significative très forte allant bien au delà de la scène figurée. Les images photographiques qu'il réalise ne laissent pas indifférent. Elles font surgir des interrogations, créent souvent un certain malaise car interrogent notre passé et les conséquences de l'impérialisme colonial français. Le travail documentaire de Patrick MESNER dénote une volonté d'embrasser l'ensemble du monde kanak contemporain. 1988, c'est la signature des "accords de Matignon" qui mirent fin à la guerre civile entre kanaks et caldoches. 1998, la signature d'un nouvel accord, "l'accord de Nouméa" . Ce dernier durera vingt ans jusqu'à deux référendums d'autodétermination ; 2014, puis 2018. Les calédoniens de toutes races devront alors choisir leur destin commun. Rester dans l'ensemble français ou devenir indépendants avec toutes les conséquences inhérentes. 1996/2001, c'est l'édification du centre culturel Tjibaou et, ainsi, la reconnaissance de la culture kanake. C'est la mise en place du premier gouvernement de Nouvelle-Calédonie ; l'entrée de kanaks en son sein. Ce sont, enfin, les premiers transferts de compétence de l'état français au territoire calédonien. La démarche de l'artiste se situe donc à une époque charnière de l'histoire kanake. La dimension historique particulière qui ressort de cet ensemble photographique constitue la grille de lecture de chaque oeuvre, mêlant ferments culturels ancestraux et occidentalisme. Un livre inédit, puissant de part la force des photographies. Une oeuvre rare. Une exposition accompagne l'ouvrage.

01/2011

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Philosophie des sciences

Michael Polanyi. Le scientifique qui voulait ré-enchanter le monde

Né à Budapest en 1891, Michael Polanyi est l'un des intellectuels les plus atypiques de sa génération. Après une brillante carrière de chimiste à Berlin puis à Manchester, il se tourne vers la philosophie et développe une conception tout à fait originale de la connaissance. Pleinement engagé dans les combats intellectuels de son siècle, il luttera toute sa vie contre une vision nihiliste et désespérée du monde à la source, selon lui, des totalitarismes. Son diagnostic est limpide : ce malaise de la modernité tire son origine d'une idée erronée de la science qui en nie les valeurs et croyances essentielles à sa vitalité. Devant ce constat, Polanyi met sur pied une théorie ambitieuse de la connaissance qui place au premier plan ses dimensions tacites tout en réintroduisant le sujet dans toute sa complexité. Réfutant l'impasse d'un savoir purement objectif, il nous invite à reconnaître la primauté de la croyance et de l'engagement au sein de toute proposition portant sur la réalité, bouleversant ainsi l'approche traditionnelle de la science comme un savoir vrai et détaché. Si sa philosophie a naturellement été l'objet de violentes critiques, elle ne cesse encore aujourd'hui de gagner de l'aura. Sa théorie de la "connaissance personnelle" permet non seulement de mieux comprendre le fonctionnement de la science telle qu'elle se pratique, mais elle pave le chemin d'un ré-enchantement du monde, enrichi de la signification et des valeurs des individus qui cherchent à le connaître. Plus qu'une introduction, ce livre offre une synthèse des idées de Polanyi et convie les lecteurs, qu'ils soient scientifiques, philosophes ou simples curieux, à s'approcher d'une autre vision de la science et de la connaissance capable de bouleverser notre rapport au monde.

11/2022

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Littérature française

Dans la peau d'une femme. Le secret enfoui de Rym

Tout cela aurait pu passer, s'il ne m'avait pas touchée. Il se mit à jouer avec ma main, la regardant, la serrant, la relâchant. Puis, il s'approcha de moi, un rictus nerveux s'emparant de sa figure malsaine. Je me relevai. Il maintint ma main et me ramena vers lui. Tu es malade ! eussé-je seulement le temps de dire. Après, tout alla très vite. Il saisit ma taille. Je reculai. Il continua d'avancer. Plus je reculais, plus il avançait. Je reculai jusqu'à ce que le mur heurtât mes épaules. Et sa carcasse alors m'encadra. Laisse-toi faire ! ... Qu'est-ce que tu fais ? Dans la siccité de son regard, dans l'impulsion de ses gestes, se lisait une détermination de plus en plus impétueuse. Je te veux ! ... Ses mains soulevaient ma robe, fouillaient mon corps : Laisse-toi faire ! ... Ce contact répugnant de ses lèvres sur ma peau ! ... Je luttais avec force pour m'arracher à cette étreinte, lançant des coups de tête en arrière, des coups de pied en avant, des ruades, que la bête encaissait sans branler. Laisse-toi faire ! ... Tu vas aimer ! ... Plus je faisais d'efforts, plus l'étau se serrait. Pour dominer mon corps contre ce malaise envahissant, j'essayais de me convaincre que ce n'était là qu'une situation embarrassante qui faisait partie de la vie courante entre la femme et l'homme. Mais les mains impatientes s'insinuaient encore et encore, fouillant ma poitrine, mon ventre, mon intimité, accentuant davantage cette sensation de nausée. Je te veux ! Il fit glisser son pantalon, me découvrant ainsi sa virilité menaçante. Tu vas aimer ! Son corps, malsain, tremblait. Tu vas aimer ! ...

09/2022

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Gestion

Poste stressante. Une entreprise en souffrance

Le 28 février 2012, un cadre de La Poste se défenestre à Rennes. Il laisse une lettre où il raconte les insupportables pressions exercées par sa hiérarchie. Quelques jours plus tard, un autre employé du groupe se donne la mort, après avoir lui aussi rédigé une lettre accablante pour sa direction… qui déclare que ces suicides sont des cas isolés, sans lien avec un quelconque malaise au sein de l’entreprise… Pourtant, plus de 100 salariés du groupe se sont donné la mort depuis 2011, et la série noire continue… Pour comprendre ce qui arrive à La Poste, il fallait enquêter sur ce qu’elle est devenue. Dans ce livre, Sébastien Fontenelle raconte comment un service public cher au coeur des Français a été transformé en une entreprise exclusivement dédiée à la recherche du profit et de la rentabilité. Il raconte ainsi la planification par le gouvernement socialiste dans les années 1980, d’une "nécessaire" modernisation des PTT "qui ne peuvent plus ignorer les lois du marché" et ce qui s’ensuivit : la réforme de 1992 et la scission des PTT en deux entités distinctes et la création de France Telecom, le développement de l’activité bancaire au sein de La Poste (vente de produits financiers) les destructions d’emplois (plus de 70000 en dix ans, "un par heure" !), la fermeture massive de bureaux de poste, la précarisation des statuts (des CDD… d’une heure !), le développement de la sous-traitance, etc. On l’aura compris, La Poste est devenue en quelques années un laboratoire managérial où les salariés se retrouvent cyniquement sacrifiés sur l’autel de la rentabilité, payant au prix fort le démantèlement programmé d’un grand service public.

10/2013

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Histoire ancienne

Polémiques entre païens et chrétiens

Cet ouvrage redessine les contours des relations polémiques entre les païens et les chrétiens sous le règne de Théodose (379-395), en s'inscrivant notamment dans les perspectives ouvertes par l'identification de l'auteur de l'Histoire Auguste en la personne de Nicomaque Flavien senior (334-394) et en apportant à cette thèse de nouveaux arguments. Un certain nombre d'intellectuels païens de l'Antiquité tardive (IVe et Ve siècles) avaient entrepris une guerre à mots couverts contre la pensée chrétienne en train de s'installer. Au coeur de ce jeu antagoniste se place la figure complexe et polymorphe de Nicomaque Flavien senior. Les chrétiens en avaient fait l'un de leurs adversaires privilégiés. Placé par ses fonctions officielles auprès de Théodose au centre du système judiciaire, il fut un juriste avisé, rédacteur de lois pour le Prince mais aussi habile propagandiste, dans l'Histoire Auguste, de thèmes idéologiquement très proches des positions de l'aristocratie païenne, par exemple en matière de morale sexuelle ou de gestion des patrimoines. L'analyse de documents méconnus permet en outre de penser que l'homme fut un adepte du néo-platonisme, ce qui n'avait jamais été établi jusque-là. La crainte de la répression policière l'a conduit à crypter son message politique et religieux en recourant de manière systématique aux ressources inépuisables de l'art de la fiction. L'auteur propose une analyse originale de ce qu'il appelle " le malaise païen ", fondée sur le constat que les païens comme les chrétiens privilégiaient dans l'expression et la défense de leurs convictions religieuses des formes littéraires élaborées. Fiction et religion constituent ainsi deux thématiques communes à tous les intellectuels de l'époque et elles ne sauraient être dissociées dans l'approche d'une période aussi riche.

01/2012

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Généralités médicales

Dites-moi la vérité, docteur. Hôpital : un grand chirurgien brise le silence

" Un médecin malade, et malade dans sa propre spécialité, c'est absurde, un peu ridicule, presque une insulte au savoir médical, quasiment un conflit d'intérêts " écrit Alain Deloche. Après avoir opéré plus de vingt mille cœurs, ce chirurgien de réputation mondiale a dû, à son tour, confier son cœur au bistouri de ses collègues : opéré dans son propre bloc pour un triple pontage coronarien ! Dans un étrange jeu de miroir, le soignant devenu soigné porte sur l'hôpital public un double regard. Et c'est une exceptionnelle plongée-vérité dans le monde de l'hôpital public. Alain Deloche nous invite à un voyage dans les coulisses opaques de l'institution. Il nous confie les secrets de presque quarante ans de pratique dans un récit ponctué d'histoires, parfois cocasses, parfois tragiques, vécues par lui et par d'autres - patients, soignants, chirurgiens, mandarins. Au fil des pages se dessine le malaise existentiel de l'hôpital. Car l'hôpital est malade. Malade du découragement des médecins, malade du manque de vocations, malade d'une administration envahissante. Malade aussi de ses déficits financiers face à une médecine de plus en plus performante, mais excessivement budgétivore. La chirurgie a été bouleversée : finis les grands patrons, le chirurgien est devenu un technicien de santé. Vocation, sacerdoce. Ces mots d'autrefois ont-ils encore une signification ? Aujourd'hui, les jeunes ne choisissent plus la chirurgie, ou alors certains s'en vont exercer aux États-Unis, en Australie, ailleurs encore. Alain Deloche lance ce cri d'alarme : si la France ne parvient pas à retenir ses talents et susciter de nouveaux enthousiasmes, qui sera dans le bloc demain ? Laissera-t-on s'éteindre un phare de la société ?

10/2011

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Histoire de la population

Un long siècle d’exils. Proscrits, évacués, apatrides, réfugiés, expulsés, déplacés, (r)apatriés des années 1870 à 1980

"Crise des migrants" , "crise des réfugiés" , "crise de l'asile" , "crise de l'hospitalité" . Toutes ces expressions traduisent un malaise des sociétés contemporaines face à l'accueil de populations qui, sous la contrainte, souvent dans l'urgence, quittent leurs pays d'origine pour trouver refuge. L'histoire permet de mettre en perspective les situations actuelles et d'observer à quel point certains discours et pratiques révèlent une forme de continuité, ou à l'inverse, des moments de rupture dans le domaine de l'accueil ou du non-accueil des personnes déracinées. Cette recherche s'appuie sur des exemples concrets, puisés notamment dans les archives départementales des Hautes-Pyrénées, et plus largement, dans le grand Sud, qui fut à diverses reprises une zone de passage, d'hospitalité, mais aussi de relégation. Le fil conducteur est l'idée que les exilés et leurs itinéraires heurtés et discontinus en disent autant, si ce n'est plus, sur les pays qu'ils quittent que sur les Etats et les sociétés de transit ou d'accueil. Le point de départ de l'analyse est les années 1870, où l'idée de nation s'enracine en France délimitant ainsi plus strictement un "nous" et un "eux" . Les années 1980 où la gestion de l'asile connaît un basculement majeur, riche d'enseignements pour comprendre les dynamiques actuelles, constitue la période finale et conclusive de ce livre. L'étude proposée en allant, parmi d'autres, des carlistes espagnols aux boat people en passant par les rescapés du génocide arménien, les républicains espagnols, les (r)apatriés d'Algérie, tente de donner à réfléchir sur les responsabilités de l'Etat, mais aussi de chacun dans son rapport à cet inconnu, notre semblable, qui vient chercher de l'aide, un temps de répit, un lieu de refuge.

02/2022

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Beaux arts

Ouvrir Vénus. Nudité, rêve, cruauté

Botticelli, poète et orfèvre de Vénus : c'est ainsi que nous regardons encore, et à juste titre, le célèbre tableau que Laurent de Médicis commanda au peintre vers 1484, La Naissance de Vénus. C'est ainsi que nous nous représentons l'idéal du nu que la Renaissance florentine fit revivre à partir de modèles antiques, telle la Vénus des Médicis. Ce livre propose un contre-motif : Botticelli, bourreau de Vénus. A travers un réexamen des sources littéraires, le lecteur découvrira comment, dès le Quattrocento, l'image de la nudité forme un ensemble impur, inquiet, menacé et menaçant tout à la fois. Humiliation ou damnation chrétiennes (Botticelli a écouté les sermons de Savonarole, illustré l'Enfer de Dante), sadisme ou métamorphoses des thèmes païens : une analyse de quatre panneaux illustrant un conte cruel de Boccace fera découvrir comment, chez le grand peintre, la nudité se tresse de cruauté et la beauté de malaise, en un travail formel qui puise dans le rêve et dans le fantasme ses opérations fondamentales. Botticelli repensé avec Freud, avec Bataille, voire avec Sade ? L'anachronisme n'est qu'apparent. Car c'est d'un même instrument que le peintre se montre tout à la fois l'orfèvre et le bourreau de Vénus : c'est bien avec son style qu'il incise et qu'il ouvre, froid et cruel, l'image du corps féminin. De plus, l'humanisme médicéen, dans la longue durée de son histoire, révèle ici toute son ambivalence, déjà notée par Aby Warburg : entre la Vénus des Médicis du musée des Offices et la Vénus des médecins du musée anatomique de Florence (1781) il n'y a que le mouvement structural, historique et esthétique d'une nudité offerte transformée inexorablement en nudité ouverte.

11/1999

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Littérature française

Une petite robe d'organdi

Garance se réveille en cette fin d'été, elle vient d'avoir cinquante ans. Son esprit est un peu confus, elle a encore fait ce rêve étrange. Qu'importe, elle a rendez-vous avec son amie Edwige pour passer une belle journée à l'atelier de peinture chez Jeannine. Pourtant un petit épisode au cours de cette journée s'apprête à lui proférer un léger malaise ; une singulière sensation qu'elle ne peut décrire. Mais Garance n'est pas du genre à se laisser contrarier comme ça par des chimères. Il semble cependant que cet évènement ravive quelque chose d'imperceptible dans l'esprit de Garance : un voyage dans l'inconnu, un dédale flou qui l'amène vers le néant et la laisse sans réponse. Sans bien comprendre pourquoi, elle va accepter l'idée que lui suggère son amie Edwige : aller revisiter le fil de sa vie ; sa vie qui, jusqu'à ce petit déclic, lui offrait plutôt quiétude et sérénité. Cet anniversaire serait donc l'amorce d'un prodigieux chavirement... Corinne Cosserat-Delorme a passé une enfance tranquille entre les Yvelines, la Lorraine où habitaient ses grands-parents, les vacances d'hiver à la montagne et celles d'été à visiter la France. Après l'adolescence, elle obtint un premier emploi de secrétaire Boulevard des Capucines, qui lui permit de découvrir Paris. Par la suite, une fabuleuse expérience de vie en montagne lui fit aimer davantage la nature et ses paysages majestueux. Dotée d'un esprit rêveur, parfois imaginatif, aimant flâner au gré de ses envies, elle effectua quelques voyages enchanteurs qui accentuèrent son attirance pour l'art en général. Le mot liberté - qui pourrait caractériser son état d'esprit - la conduit de temps en temps à réaliser des rêves qu'elle croyait inaccessibles.

07/2022

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Littérature française

Au fil des jours et autres nouvelles

Dans un entretien de 1984, le poète Giorgio Caproni manifestait son intérêt pour la prose à laquelle il s'était consacré surtout entre la fin des années 1930 et celle des années 1940 : "J'ai toujours gardé la nostalgie des nouvelles - admettait-il - et je crois avoir été l'un des premiers poètes à avoir donné une dimension narrative à ses vers". Les dix-sept nouvelles de ce recueil ont pour la plupart été publiées dans des journaux et des revues et seule "Au fil des jours" , qui donne son titre à ce volume, est parue du vivant de l'auteur chez Rizzoli. Ces textes, traduits pour la première fois en France, offrent un large échantillon du travail de Caproni narrateur, notamment en raison de la variété des sujets abordés : la guerre et l'expérience dans la Résistance, l'après-guerre avec ses promesses et ses désillusions, la mer et les aventuressingulières qu'on y vit... Si différentes qu'elles soient, ces nouvelles ont en commun une certaine vision de l'être humain. En effet, les personnages de Caproni se ressemblent, ils partagent tous une difficulté à trouver leur place dans la société, un malaise existentiel, une rage qui est à l'origine de leur action mais surtout de leur inaction. Mettant en scène des épisodes qui n'ont souvent rien de sensationnel, l'auteur nous plonge dans l'intimité de ses personnages, fait de nous les témoins de leurs doutes, de leurs émotions, de leurs changements d'humeur soudains. Plus que la réalité que nous observons à travers leurs yeux, c'est leur vérité intime qui nous est livrée. Une vérité minutieuse, quotidienne, qui nouslaisse toutefoisl'impression de noustenir au bord d'un abysse.

09/2023

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Psychologie clinique

Le Souffrir. "Le droit d'être un homme"

L'auteur invite le lecteur à participer aux questionnements qui ne sont nullement théoriques : n'a-t-il jamais ressenti une émotion religieuse profonde ou de l'effroi ? N'a-t-il jamais pris le chemin du doute et du désespoir ou éprouvé de l'angoisse face à l'étrangeté de l'étranger ou de son propre monde ? N'a-t-il jamais été confronté à la violence humaine ou même à ce sentiment de malaise d'être exilé en soi-même ? Choc, insolite, étonnement, autant d'épreuves qui nous invitent à déchiffrer le sens de la vie humaine et donc de la souffrance. Ce petit ouvrage, qui s'appuie sur quelques-uns des visages disparates déployés sous les yeux de l'auteur aujourd'hui, cherche à mettre en lumière ce que la souffrance dévoile ou fait éclore. De sa place de clinicien, il montre que ce qui est révélé, c'est-à-dire le Souffrir pris dans son sens henryen du terme (pure épreuve de soi), est porteur d'universalité puisqu'il définit notre humanité. Le point de départ comme le point d'arrivée est ici l'homme. En définitive, l'auteur tente de répondre à cette question qui traverse l'ouvrage : que faut-il avoir souffert de l'autre pour reconnaître cette exigence éthique ? Car selon lui, cette question n'a de sens, en vérité, que si nous allons au plus profond de la quête de soi pour y trouver ce qui, en chaque homme fait tout homme : le "droit d'être un homme" , de se sentir un de Nous. Il confirme aussi l'apport essentiel de la phénoménologie, de la littérature, de la psychopathologie ou encore de l'anthropologie philosophique à la compréhension de l'expérience humaine. Cet ouvrage ne s'adresse pas qu'aux initiés. Il échappe aux frontières murées.

05/2021

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Littérature française

Province terminale

Une année de terminale condensée en huit dates, huit moments fulgurants écrit par un adolescent dont on ne connait pas l’identité, dans une ville de province indéfinie, mais qui ressemble férocement à toutes ces banlieues cossues et bourgeoises qui environnent les grandes agglomérations françaises. Fils ainé d’une famille de notable de confession catholique, le personnage essaie en vain de trouver des explications à son indifférence aux autres, à son incapacité à ressentir le moindre événement… Cependant, un regard, une musique, ou l’atmosphère de la campagne alentour lui signifie qu’il y a quelque chose à trouver, là, près de lui, quelque chose de vital, de l’amour peut-être… Seul ou avec sa bande d’amis, il croit s’affranchir par sa fréquentation d’activistes d’extrême droite, et se laisse entrainer dans des situations de plus en plus nocives. Ce parcours initiatique le fait sombrer progressivement dans une réalité effrayante et insoupçonnée qui réveille le personnage des cauchemars de son enfance (un clown sinistre) et le confronte d’une manière d’abord elliptique, puis de plus en plus fatale aux agissements de son père… Province terminale est le roman d’apprentissage d’un adolescent qui s’éprouve dans le pire pour se confronter aux choses, pour essayer d’entrer dans la vie, la ressentir dans son corps. L’histoire se déroule pendant une année de terminale, de septembre à juillet, et nous entraine progressivement dans un univers mélancolique et désarçonnant. L’écriture est éthérée, les lieux et les choses rarement nommées, créant un climat de malaise qui renforce cette étrangeté au monde. C’est aussi un roman sur la perte de l’enfance, sur l’impossible filiation, et sur l’identité sexuelle. Désespérée et dérangeante, cette vision du monde se révèle aussi très juste et salutaire.

01/2012

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Littérature française

Journal. Tome 4, 2003-2011

TOMME IV. (Les provinciales.) Après les années d'apprentissage et les premiers succès, c'est l'homme mûr que ce 4e tome du Journal nous découvre : Richard Millet continue son exploration intérieure en déroulant la période la plus prestigieuse de l'écrivain dont tous les livres sont désormais publiés chez Gallimard (notamment La Confession négative, 2009) et qui entre au comité de lecture de cette maison. Mais ces années (2003-2011) ne sont pas les plus heureuses, puisqu'il ne croit pas à ces prestiges et que sa lucidité donne au contraire à son regard sur les cuisines de la pauvre littérature dont notre siècle est capable une acuité qui lui sera fatale. " Depuis le début, élu au "comité", cela ne semble être qu'un "malentendu." " Il verra son " sentiment de la langue " se changer en malaise et sa répugnance à l'égard du milieu éditorial parisien mener à sa fatale éviction. " L'anecdote a, dans mes cahiers, une valeur politique ", écrit-il et ici en effet, " chez Gallimard ", c'est " la banque centrale " qui produit elle-même la " fausse monnaie ". C'est l'époque des Bienveillantes, qu'il est chargé de publier et de " mettre au propre ", et d'un autre prix Goncourt qui ne lui auront pas servi de sauf-conduit, lorsque commencera " l'affaire Richard Millet ". " Très tôt, chez Gallimard, j'ai senti puis compris la fragilité de ma position. " Voici donc " presque un anti-journal, ou un contre-journal... Choses vues, réflexions, sismographie du moi, références à des oeuvres littéraires ou musicales, fragments pour une autobiographie depuis longtemps rêvée, tentation aphoristique... " Cependant, " un écrivain n'apprend rien à son lecteur ; il ne fait que lui rappeler ce qu'il sait déjà – tout en faisant mine de ne pas le savoir. Le style est l'instrument de cette transaction à demi mensongère. "

10/2022

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Religion

Prêtres. Enquête sur le clergé d'aujourd'hui

Au début du XXIe siècle, dans une France largement sécularisée, les prêtres ne font pas la une des médias. Pourtant, dans les moments fondamentaux de la vie - la naissance, le mariage ou la mort -, les Français se tournent encore vers eux. Et chaque année, des hommes jeunes n'hésitent pas à répondre à l'appel du sacerdoce, choisissant une vie à rebours de l'air du temps. Qui sont-ils ? Qu'est-ce qui les motive ? Comment vivent-ils ? Quels sont leurs doutes, leurs questions, leurs convictions ? Quel regard portent-ils sur l'Église, sur la société ? Que pensent-ils du " retour de la messe en latin " ? Monique Hébrard a longuement rencontré cinquante d'entre eux pour un dialogue sans tabou. Ils parlent très ouvertement, aussi bien de la manière dont ils vivent leur sexualité que de leur malaise à propos de la position de l'Église sur les divorcés remariés. Tous témoignent, à travers des parcours d'une grande diversité, d'un immense désir d'être au service des hommes et des femmes de notre temps, pour les accompagner et leur manifester concrètement le message d'amour de l'Évangile. Il ressort de ces rencontres que les caricatures ne sont pas de mise : ceux qui portent le col romain ne sont ni " traditionnalistes " ni "papistes" ! Et les "vieux militants" ne sont ni désabusés ni dépourvus de spiritualité. Si les vocations se font plus rares, si le vieillissement du clergé est indéniable, les prêtres qui s'expriment ici récusent l'idée d'être " les derniers des Mohicans " ; ils apparaissent plutôt comme des " défricheurs d'avenir ", totalement engagés dans la vie de la société pour répondre aux aspirations de l'homme contemporain. En 2006, la France comptait 20 523 prêtres (dont 5 083 appartenaient à une congrégation ou à un ordre religieux)

04/2008

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Littérature grecque

On a sa fierté

On a sa fierté (1964), Le sarcophage (1971), Le seul héritage (1974) : trois livres qui forment un tout. Mêmes lieux — la Thessalonique des jeunes années de Ioànnou, les lieux où il part enseigner, comme la Libye, où il passe deux ans — ; même période — la guerre, la guerre civile, la dictature des colonels — ; même personnage central : l'auteur ; même attention extrême à soi-même et aussi aux autres (la famille, les voisins, la ville entière), dans un va-et-vient perpétuel entre le je et le nous ; même façon de raconter, loin de toute chronologie, par brèves plongées dans un passé douloureux, comme on tapote à petits coups une plaie. C'est dans ce livre inaugural que les tourments intimes sont les plus aigus. Isolé par ses origines (ses parents sont nés hors de Grèce), par son malaise d'intellectuel qui n'aime que les gens du peuple, par son homosexualité surtout — qu'à l'époque, on ne saurait vivre ou seulement dire —, Ioànnou se débat dans une terrible solitude. Il étouffe de ne pas pouvoir se confier, se confesser, se disculper. C'est ce besoin de tout dire et en même temps de tout cacher qui donne aux trois livres une tension particulière, d'où vient en grande partie leur force et leur charme. Avant ce coup d'essai, Ioànnou était un homme de trente-cinq ans qui n'avait rien fait encore de sa vie, l'auteur presque inconnu de deux minces recueils poétiques ; dix ans plus tard, il sera reconnu, fêté, imité. On peut soutenir que grâce à lui la littérature grecque, le plus souvent extravertie jusqu'alors, s'est davantage autorisé l'introspection, le discours sur soi ; qu'elle a appris à s'exprimer de façon moins frontale, plus indirecte et fine.

11/2021

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Poésie

Poèmes suivis de Trois poèmes secrets (1933-1955)

"Cher Georges Séféris, si proche du plus malaisé - du plus vrai - de chacun de nous, que signifie cet impossible dont vous parlez dans votre poésie vigilante, à quelle contradiction ultime emprunte-t-il son malheur ? A votre histoire sans doute, pour une part, et il serait facile de reconnaître dans les hasards qui ont déterminé votre vie les éléments comme rassemblés à dessein d'un théâtre de la dissociation du réel. Il n'est pas indifférent qu'un enfant ait vécu à Clazomène l'été, entre des pêcheurs et la vigne, et à Smyrne, grand port "retentissant" où l'Europe et l'Asie, l'intemporel et le siècle, les rituels et les marchandises se mariaient richement pour la conscience charmée ; puis, que l'exode de tout un peuple, dans le sang et les larmes du désespoir, l'ait séparé à jamais de l'heureuse terre natale : Tout ce que j'ai aimé a disparu avec les maisons Neuves l'autre été Qui ont croulé sous le vent d'automne, a écrit Séféris, et ce n'est pas là qu'une image. Mais tout aussi décisif fut que la nouvelle patrie, à la fois la même et si différente, l'Attique au passé trop présent, au présent trop grevé d'absurdités et de drames, n'ait guère eu à offrir au jeune homme qui lui venait que sa tristesse d'alors : que la "souffrance", dirent tant de voix, d'être grec. Et encore la guerre, et toutes sortes d'exils. Georges Séféris a passé une grande part de sa vie à être grec - à servir la Grèce - dans les pays étrangers, et il a bien été ce voyageur empêché de rentrer au port qu'il évoque dans ses poèmes. " Yves Bonnefoy (1963).

02/1989

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Histoire internationale

L'impensable rencontre. Chroniques des "Sauvages" de l'Amérique du Nord (récits des premiers contacts)

Au temps des "découvertes" et de l'exploration du monde, navigateurs et voyageurs européens rencontrent des peuples aux moeurs déboussolantes. Certains suscitent leur admiration. Ils en décrivent avec bonheur l'hospitalité, la générosité, l'élégance, la douceur... D'autres en revanche les horrifient : ils sont oisifs, malpropres, agressifs, se mangent entre eux, pratiquent la torture, ont une sexualité débridée... Au Nouveau Monde, continent "imprévu", qui ne figurait sur aucune carte, les visiteurs venus d'Europe s'avouent particulièrement troublés. La radicale étrangeté de ceux qu'ils nomment "Indiens" par erreur, les conduit à se demander s'il s'agit là de vrais humains. A moins qu'ils ne soient des démons ? Ou encore des rescapés de l'Age d'Or ? Le "Bon Sauvage" ne serait-il pas finalement un "affreux Barbare" ? Ces ambiguïtés s'expriment dans de nombreux textes hauts en couleurs, chroniques vécues de ces premiers regards : carnets de voyage, rapports d'expédition, ethnographies sommaires, relevés topographiques et naturalistes... Une même relation de voyage ou de terrain peut exprimer l'attirance, la répulsion, la réprobation indignée des moeurs "indigènes", sans perdre de vue les richesses sonnantes et trébuchantes dont ces êtres étranges semblent détenteurs. Rapacité, mais aussi malaise, flottement, impuissance à traverser l'océan de la différence...Un choix de textes qui permet de saisir les sociétés indiennes quasi intactes, à la veille d'une destruction de très grande ampleur, ainsi que la perplexité des Européens en Amérique du Nord, confrontés pendant quatre siècles d'expansion à diverses populations de ",Sauvages", ainsi qu'on les appelait encore, il y a peu. De Christophe Colomb et Samuel de Champlain à George Catlin et Edward S Curtis, c'est à un formidable voyage dans l'histoire de l'Amérique et de celle des mondes indiens que nous convie Marie-Hélène Fraïssé.

10/2014

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Histoire internationale

La Chine au XXe siècle. Tome 2, De 1949 à aujourd'hui

"Le peuple chinois s'est dressé. Les Chinois ne seront plus jamais un peuple d'esclaves", annonçait Mao le 1er octobre 1949, lors de la proclamation triomphale de la République populaire de Chine. Quarante ans plus tard, les grands espoirs soulevés par les débuts du "vent communiste" se sont totalement évanouis. En réalité, l'"âge d'or" du communisme n'apparut tel que par référence aux épisodes qui suivirent. Les Cents Fleurs, le Grand Bond en avant, qui marque le sommet de la collectivisation, furent - pour le peuple comme pour le Parti - des épreuves inutiles. Et la tragique Révolution culturelle, sous prétexte de purifier et régénérer la Révolution, n'aboutit finalement qu'à en dégoûter les Chinois. Bien avant le massacre des étudiants du printemps 1989, les manifestations du printemps 1976 où, pour la première fois, le peuple s'exprime contre Mao illustrent déjà la perte de légitimité du pouvoir. Certes, le régime de Deng Xiaoping connaît d'abord une relance de la légitimité en prônant les Quatre Modernisations. Mais si la modernisation progresse effectivement dans le domaine de l'agriculture, les difficultés économiques que le régime est incapable de résoudre provoquent un malaise social croissant. Wei Jingsheng réclamait une cinquième modernisation - la démocratie - faute de laquelle les quatre autres seraient vouées à l'échec. En fait, la dernière tragédie de Tian'anmen ne montre pas tant l'échec d'une révolution démocratique que l'archaïsme d'un Etat incapable de conduire la modernisation. Un Etat qui compte aujourd'hui un bon milliard d'habitants et où apparaissent plus évidentes que jamais l'arriération d'une société fragmentée et, sous-jacente au marxisme-léninisme, la persistance d'une morale et d'une idéologie confucéennes qui privilégient le rôle des élites.

10/1990

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Droit

QUI EST LE JUGE ? Pour en finir avec le tribunal de l'Histoire

Un mal hante l'époque : la manie compulsive de juger. Tout le monde semble vouloir juger tout le monde, comme si cette escalade judiciaire était de nature à pallier l'obscurcissement de la politique et l'affaissement du civisme. Pourtant, qu'il s'agisse des grands procès pour crime contre l'humanité ou de l'expérience des tribunaux pénaux internationaux, le jugement sonne faux. Sa justice manque de justesse. Des événements récents à fort retentissement médiatique permettent de prendre la mesure du problème. L'affaire Pinochet : à quelles conditions l'humanité peut-elle devenir source de droit et comment juger les dictateurs ? Les procès pour crime contre l'humanité : quel usage en faire, quand sa définition évolue tant ? Le procès Papon : comment, cinquante ans après, démêler les faits, distinguer les responsabilités individuelles de celles de l'Etat ? La table ronde des historiens organisée par le journal Libération pour soumettre à l'examen les accusations de Gérard Chauvy contre Lucie et Raymond Aubrac : peut-on éviter que l'expertise historique dégénère en instruction ? Ce malaise n'est pas seulement celui du droit, il est tout autant celui de l'histoire : plutôt que d'accepter la fragile incertitude du jugement humain, la tentation reste forte en effet d'en appeler à de vieux fétiches majuscules, l'Histoire ou l'Humanité, de glisser du jugement historique toujours en appel au tribunal définitif de l'Histoire. Contre cette tentation, je me suis efforcé tout au long de ce livre de définir les conditions politiques d'un juste exercice du jugement en matière historique, où mémoire, deuil et oubli contribuent chacun à sa façon à l'institution d'une société consciente et responsable. D. B.

03/1999

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Littérature française

Fugitifs

C'est Salomé qui lui avait donné cette idée des listes à faire, celle des fugitifs, les traqués de toutes sortes... Des ombres en cavale, et tout ce sang sur le sol desséché, tel est le souvenir d'Un bel été. Tous fugitifs dans ces nouvelles. Celui, Né à Kiev, qui se cache dans une maison, c'est le secret d'une enfant. La peur est partout. Où va le passant qui marche A reculons sur le trottoir d'une ville ? Quelquefois de la peur naît le rêve, du malaise le dérisoire, les dérives. C'est un lourd travail de devenir vieux, confiait Ingmar Bergman à un ami. Dans Une suite d'adieux, c'est un lourd travail aussi pour celui qui a rangé ses outils cette nuit, a épuisé les mots à la tâche. Tous en cavale, ceux qui fuient au loin ou se réfugient au plus près. La fugitive, une ombre s'est recroquevillée au bout de mon lit. Et Noureïev, animal divinisé, Rudolf pied léger, autre ombre immobile près d'une fenêtre. Tous enchaînés, tous ensorcelés, dans la liste de Salomé. Magique, le cinéma : le trac d'une comédienne au théâtre qui se rassure en rêvant à son image au cinéma, au tigre blanc et au sable d'une passion clans le désert. L'écriture est presque elliptique, elle est pour quelque chose dans la poésie et le côté énigmatique que l'auteur réussit à créer. On bascule dans le plus terrifiant le plus normalement du monde. Et la vie continue avec son impitoyable ironie, disait Scott Fitzgerald. Dans Qu'as-tu fait de toi ? celui qui a vendu son corps par fragments pour devenir œuvre d'art dans les biennales connaît l'extase à Florence devant le David de Michel-Ange... Extase et désespoir. Tous fugitifs, à bout de souffle.

05/2003

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Littérature française

Le pays où les arbres n'ont pas d'ombre

Trois femmes, Marie, sa mère Astrid et sa grand-mère Sabine, habitent ensemble dans la Plaine, à la périphérie de la Ville, où elles ont été déplacées pour une raison qu'on leur tait. Dans cette banlieue végète une population misérable qui travaille dans de grandes usines de recyclage pour alimenter en matières premières utilisables la Ville peuplée de nantis paisibles. La Ville et la Plaine sont séparées par un no man's land, la Zone, réputée infranchissable. Marie, Astrid et Sabine tentent de survivre, chacune à leur façon, dans une société qui empêche toute forme de solidarité. Sabine, passionnée par la botanique, est porteuse d'un savoir qui n'intéresse plus personne ; au fil des ans, elle transforme une ancienne usine en une serre immense où elle implante des végétaux glanés dans la Plaine. Astrid se nourrit des souvenirs de l'histoire d'amour qu'elle a vécue avec un homme marié, directeur de la plus grande bibliothèque de la Ville. Marie, 14 ans, travaille au tri dans l'usine de papier où elle vole des morceaux de livres et cherche une échappatoire à l'univers glauque dans lequel elle est enfermée. Chacune de ces trois femmes puise dans les ressources dont elle dispose pour sauvegarder ce qui continue de donner sens à sa vie : le monde du savoir pour Sabine, le monde des sentiments pour Astrid, celui de l'imaginaire pour Marie. Un jour, Astrid et sa fille décident de franchir la Zone pour rejoindre le père de Marie... On retrouve dans la maîtrise de ce récit polyphonique, aux temporalités juxtaposées, la marque d'un auteur très singulier. L'univers imaginé par Katrina Kalda, oppressant et désolé, possède une grande force d'évocation et un charme puissant, instillant chez le lecteur un malaise et une fascination qui ne se dissipent pas.

05/2016