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Désorientation

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Pléiades

Romans et récits

Rassembler, pour la première fois, les ouvres narratives de Bataille en un volume, c'est leur donner une nouvelle chance d'exercer toute leur force - de scandale, de libération, de désorientation. Mais ranger, avec ce que cela suppose d'ordre et de clarté, les écrits de Bataille dans des catégories « conventionnelles » n'est pas un exercice innocent. Ses textes échappent aux genres traditionnels. Bataille, pourtant, emploie lui-même ces termes, roman, récit, et il s'interroge en ouverture du Bleu du ciel sur « ce qu'un roman peut être ». Il y définit la fiction par ses fonctions : exprimer la rage de l'auteur, faire franchir au lecteur les « limites imposées par les conventions », dire l'excès, provoquer la transe. Chaque roman, chaque récit de Bataille est « un don de fièvre » (Ma mère). Ces romans et récits - érotiques, bien sûr, mais « il n'y a pas de mur entre érotisme et mystique » (Sur Nietzsche) -, sont ici « au complet ». Quand il existe plusieurs versions d'une même ouvre, on trouve en appendice au texte définitif la version originelle : notamment celle de l'Histoire de l'oil publiée en 1928, ou celle, manuscrite et inédite, du Bleu du ciel de 1935. Le projet Divinus Deus, vaste ensemble inachevé, a été réexaminé. Au corpus, enfin, s'ajoutent trois récits de jeunesse inédits. Et les illustrations d'André Masson, Pierre Klossowski et Hans Bellmer sont reproduites dans le texte lui-même, ou dans ses appendices.

11/2004

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sociologie du genre

Queer Phenomenology. Orientations, objets et autres

En se concentrant sur l'aspect " orientation" de l'" orientation sexuelle ", Sara Ahmed examine ce que signifie pour les corps le fait d'être situés dans l'espace et le temps. Les corps prennent forme lorsqu'ils se déplacent dans le monde en se dirigeant vers ou loin des objets et des autres. Etre " orienté " signifie se sentir chez soi, savoir où l'on se trouve, ou avoir certains objets à portée de main. Les orientations affectent ce qui est proche du corps ou ce qui peut être atteint. Selon Sara Ahmed, une phénoménologie queer révèle comment les relations sociales sont organisées dans l'espace, comment la queeresse perturbe et réordonne ces relations en ne suivant pas les chemins acceptés, et comment une politique de désorientation met à portée de main d'autres objets, ceux qui pourraient, à première vue, sembler dérangeants. Dans cet ouvrage fondateur de la réflexion sur le genre écrit en 2006, Sara Ahmed propose qu'une phénoménologie queer puisse étudier non seulement comment le concept d'orientation est informé par la phénoménologie, mais aussi l'orientation de la phénoménologie elle-même. En développant un modèle queer d'orientation, elle combine des lectures de textes phénoménologiques - de Husserl, Heidegger, Merleau-Ponty et Fanon - avec des idées tirées des études queer, de la théorie féministe, de la théorie critique des races, du marxisme et de la psychanalyse. Grâce à Sara Ahmed, la phénoménologie queer a orienté la théorie queer dans de nouvelles directions audacieuses qui éclosent aujourd'hui.

06/2022

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Critique littéraire

L'odyssée des plaisirs

Autonome, inventif, persévérant, la tradition classique fait d'Ulysse un idéal d'humanité tourné tout entier vers l'accomplissement de sa mission et la perfection de soi. Mais cette lecture laisse dans l'ombre toute la " matière anthropologique " que l'Odyssée transforme en récit épique, à savoir l'attachement ambivalent de l'homme au plaisir. Car l'Odyssée est bien l'épopée des plaisirs. La réussite d'Ulysse ne repose pas sur des choix rationnels guidés parla maîtrise de soi et des autres. Ulysse polutropos, complexe, insaisissable, parvient à ses fins parce qu'il s'appuie sur les effets que produisent ses récits ; il est efficace car il plaît et prend un plaisir immodéré à plaire. Culturellement exceptionnelle, l'Odyssée contredit l'idée profondément ancrée dans la pensée occidentale selon laquelle le plaisir serait assimilé au seul souci de soi. Dans l'Odyssée, le plaisir peut provenir de l'insouciance dangereuse de l'oubli (les Sirènes), de l'obéissance aux recommandations (Circé), de la soumission à une épreuve (signes de reconnaissance de Pénélope), de la confusion physique et intellectuelle. Cette désorientation causée par le plaisir est potentiellement destructrice. Elle est aussi, pour Ulysse, la possibilité d'une intelligence augmentée, acquise dans la fréquentation d'êtres et de lieux qu'il ne maîtrise pas. Anthropologiquement fécond, cet essai interroge le sens de l'efficacité dans un univers changeant et imprévisible. Il met en lumière différents aspects de la pensée classique délaissés par la tradition des Humanités, comme le lien entre intelligence et plaisir, le rapport à l'altérité, ou encore le désir de chacun de nous de ponctuer son existence de mots, de récits et de fiction.

10/2019

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Philosophie

La saga des intellectuels français. Tome 1, A l'épreuve de l'histoire (1944-1968)

Nul n'était aussi bien armé que François Dosse pour relever le défi : une histoire panoramique et systématique de l'aventure historique et créatrice des intellectuels français, de la Libération au bicentenaire de la Révolution et à la chute du mur de Berlin. Son Histoire du structuralisme en deux volumes, son attention à la marche des idées, ses nombreuses biographies (de Michel de Certeau, Paul Ricoeur, Pierre Nora, Cornelius Castoriadis) lui ont donné, depuis vingt ou trente ans, une connaissance assez intime de la vie intellectuelle de la seconde moitié du XXe siècle pour lui permettre de couronner son oeuvre par une tentative de cette envergure. Le premier volume, 1944-1968, couvre les années Sartre et Beauvoir et leurs contestations, les rapports contrastés avec le communisme, le choc de 1956, la guerre d'Algérie, les débuts du tiers-mondisme, l'irruption du moment gaullien et sa contestation : un temps dominé par l'épreuve de l'histoire, l'influence du communisme et la progressive désillusion qui a suivi. Le second volume, 1968-1989, va de l'utopie gauchiste, de Soljenitsyne et du combat contre le totalitarisme, à la "nouvelle philosophie", l'avènement d'une conscience écologique, la désorientation des années 80 : un temps marqué par la crise de l'avenir et qui voit s'installer l'hégémonie des sciences humaines. Ce ne sont là que quelques-uns des points de repère de cette saga, qui embrasse une des périodes les plus effervescentes et créatrices de l'intelligentsia française, de Sartre à Lévi-Strauss, de Foucault à Lacan. Le sujet a déjà suscité une énorme bibliographie, mais une fresque de pareille ampleur est appelée à faire date.

09/2018

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Philosophie

La saga des intellectuels français. Tome 2, L'avenir en miettes (1968-1989)

Nul n'était aussi bien armé que François Dosse pour relever le défi : une histoire panoramique et systématique de l'aventure historique et créatrice des intellectuels français, de la Libération au bicentenaire de la Révolution et à la chute du mur de Berlin. Son Histoire du structuralisme en deux volumes, son attention à la marche des idées, ses nombreuses biographies (de Michel de Certeau, Paul Ricoeur, Pierre Nora, Cornelius Castoriadis) lui ont donné, depuis vingt ou trente ans, une connaissance assez intime de la vie intellectuelle de la seconde moitié du XXe siècle pour lui permettre de couronner son oeuvre par une tentative de cette envergure. Le premier volume, 1944-1968, couvre les années Sartre et Beauvoir et leurs contestations, les rapports contrastés avec le communisme, le choc de 1956, la guerre d'Algérie, les débuts du tiers-mondisme, l'irruption du moment gaullien et sa contestation : un temps dominé par l'épreuve de l'histoire, l'influence du communisme et la progressive désillusion qui a suivi. Le second volume, 1968-1989, va de l'utopie gauchiste, de Soljenitsyne et du combat contre le totalitarisme, à la "nouvelle philosophie", l'avènement d'une conscience écologique, la désorientation des années 80 : un temps marqué par la crise de l'avenir et qui voit s'installer l'hégémonie des sciences humaines. Ce ne sont là que quelques-uns des points de repère de cette saga, qui embrasse une des périodes les plus effervescentes et créatrices de l'intelligentsia française, de Sartre à Lévi-Strauss, de Foucault à Lacan. Le sujet a déjà suscité une énorme bibliographie, mais une fresque de pareille ampleur est appelée à faire date.

09/2018

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Droit

La condition politique

Il n'y a pas plus difficile à penser que la chose politique. Son évidence nous trompe. Quelle est sa place au juste dans le fonctionnement de nos sociétés ? Nous vivons à cet égard sur une illusion que la prophétie marxiste du dépérissement de l'Etat n'a fait que porter à ses dernières conséquences. La société est destinée à se suffire à elle-même en se débarrassant du carcan du politique. Le marxisme est mort en tant que théorie révolutionnaire, mais sa prophétie est en train de gagner dans les esprits. Ne nous répète-t-on pas tous les jours qu'à l'heure de la mondialisation et de l'économie sans rivages les Etats-nations ont fait leur temps et sont voués, sinon à la disparition, du moins à la marginalisation ? La post-modernité se veut post-politique. A l'opposé de ce nouveau sens commun, ce livre plaide l'idée que le politique continue d'être ce qu'il a toujours été : ce qui tient les sociétés ensemble. Il l'a été, simplement, selon des manières et par des voies très différentes. Ce sont ces configurations fondamentales qu'explorent les études réunies ici, du refoulement initial du politique par le religieux jusqu'à ses transformations modernes et ultramodernes sous l'effet de l'orientation vers l'avenir et de la dynamique de la société et de l'histoire. La mesure de cette diversité permet de mieux apprécier le rôle caché qu'il remplit aujourd'hui. L'éclipse du politique est au cœur de la désorientation actuelle des démocraties. Elles n'en sortiront pas sans se délivrer de la chimère de son dépassement. Ce dont nous avons le plus besoin pour nous orienter au milieu de ce désarroi, c'est une intelligence renouvelée de notre condition politique.

11/2005

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Histoire du sport

L'étiquette olympique. Précieux conseils pour entrer dans la légende du sport

Quand l'important n'était pas (toujours) de gagner. Savez-vous que les Jeux olympiques modernes ne furent pas créés par Pierre de Coubertin, mais initiés par un docteur anglais, William Penny Brookes, en 1850 ? Que le bois de Boulogne, lors des JO de 1900 à Paris, fut jonché de cadavres sanglants de volatiles, à cause de l'épreuve de tir aux pigeons vivants ? Connaissez-vous George Eyser, vieillard de trente-trois ans qui décrocha six médailles en gymnastique en 1904, malgré son très léger handicap : une jambe de bois ? Ou encore Shizo Kanaguri, coureur japonais qui prit le départ du marathon aux JO de Stockholm en 1912, ne franchit jamais la ligne d'arrivée et s'évanouit dans la nature... avant de revenir finir sa course en 1966 (gagnant ainsi le titre de plus lent coureur de l'histoire du marathon aux JO) ? Enfin pourquoi le rugby, après la désastreuse expérience de 1924, ne figure plus dans la liste des sports olympiques ? Cette trentaine d'histoires authentiques, savoureuses, étonnantes, cocasses, couvrant plus d'un siècle de Jeux olympiques, révèlent l'essence même du sport, dans sa dimension réellement humaine, vue plus souvent du côté des "losers" que des "winners" (même si l'on y croise, entre autres champions excentriques, Johnny Weissmuller ou Cassius Clay). Elles sont ici narrées avec passion, humour et esprit par le sportif et érudit Thierry Beauchamp. Né à Paris en 1969, Thierry Beauchamp est un parfait inconnu pour la plupart de ses contemporains. Il a fait ses humanités dans le surréalisme et ne l'a jamais regretté. Collaborateur de France Culture, il s'y efforce de faire partager son goût pour la poésie vagabonde et les histoires ineptes. Amateur de sports oubliés, il est aussi le théoricien incompris de la course de désorientation, qui consiste à partir d'un point A pour atteindre un point C sans jamais passer par le point B que l'on s'était fixé comme destination. Il revendique également le droit pour les animaux de participer aux Jeux olympiques.

05/2021

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Poésie

Second jardin

Second jardin (drugi vrt) forme le troisième volet d'un triptyque avec les deux recueils précédents de Lou Raoul, Most et Otok, tous les trois tournés vers la Croatie. Après Else et Kim, c'est le personnage Beris que l'on suit, une fois encore avec des repères temporels et spatiaux incertains et une écriture marquée par des décalages et des ellipses, tant sémantiques que syntaxiques, à même de transcrire le chamboulement de la mémoire - et de l'aujourd'hui qui en découle. L'absence de ponctuation (sauf quelques virgules), de majuscules (sauf aux noms propres), et, comme une basse continue, l'emploi du croate (et de l'anglais) contribuent aussi à cette désorientation. Ainsi l'enfance donnée dans les premières pages en pointillés, au présent, est pourtant "comme si loin d'ici" . Juste quelques bribes - Nadia Comaneci, Khrouchtchev ou Youri Gagarine, les maisons sans étage (qui reviendront au fil des pages) - pour évoquer l'attrait partagé avec le frère aîné, mort, pour ce monde situé derrière "le rideau de fer" . Alors il s'agira (c'est d'abord au futur) d'emprunter le chemin vers l'Est sur les traces de cette aspiration, de fouler cet autre jardin. Ce chemin peu à peu se précise dans la deuxième partie, dans la confrontation réelle à la Croatie que Beris découvre progressivement. On glisse alors dans un temps brouillé, un présent d'observation mêlé, suspendu au conditionnel. Les images du présent et du passé se superposent, tant des faits, lieux, personnes resurgissent, telle une cohorte de fantômes ("du bagage de celle qui revient / débordent une maison / et ceux qui ne sont pas morts"), et que "les couleurs des souvenirs elles aussi changent" . C'est qu'il y a aussi là-bas les traces douloureuses de la guerre récente, face auxquelles Beris ne peut que s'arrêter et se tenir, "muette" - "si vingt-cinq ans est le temps pour oublier et pour pouvoir survivre" ? Mais, "s'il n'y a dans ce jardin aucun remède à la puissance de la mort / dans les griffes des ronciers / elle se tient debout" , Beris s'égratigne pour faire "des coupes des clairières des encores" , elle "élague entre les années" . C'est au prix de ce cheminement qu'il sera possible de continuer : "si Beris consent / [... ] à pouvoir oublier ou l'inverse / à pouvoir exister c'est une autre ce sera" .

06/2022