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Essais

Les industries des images en Asie de l'Est. Entre mondialisation et identités locales (Chine - Hong Kong, Corée, Japon, Taïwan)

Aborder les industries des images en Asie de l'Est (Chine/Hong Kong, Corée, Japon, Taïwan) invite à s'intéresser à la mondialisation vue d'ailleurs et à réexaminer les théories sur la mondialisation culturelle d'un point de vue comparatif. Il s'agit ici de remettre en question la grille d'analyse la plus répandue, qui aborde cette question sous l'angle de la seule domination économique nord-américaine sans envisager aujourd'hui l'hégémonie chinoise. Le contrôle économique d'Hollywood sur le marché mondial du cinéma ne signifie pas pour autant une hégémonie culturelle globale : le goût pour les programmes et les films nationaux, les appropriations et médiations diverses invitent à affiner l'analyse au niveau du local. Prendre en compte l'Asie de l'Est, relativement ignorée jusqu'ici sous cet angle, bien que drainant un milliard six cent mille habitants, permet de comprendre dans quelle mesure ces industries de l'image toujours dynamiques restent partagées entre mondialisation et identités locales. Une réflexion géopolitique sur ces frontières à l'ère numérique, oblige aussi à revenir sur les porosités entre industries culturelles et industries créatives pour mesurer un ensemble de pratiques évolutives et disparates. A partir de cas concrets, l'industrie des médias associée à un ensemble de supports (cinéma, documentaires, télévisions, jeux vidéos...) est ici étudiée sous l'angle de ses multiples interactions dans le cadre de marchés évolutifs et innovants. Cette culture filmique asiatique relève aujourd'hui bien plus de pôles éclatés que complémentaires, soucieux de préserver des entités culturelles locales et spécifiques, tout en s'inscrivant dans un contexte général de mondialisation. Comme ailleurs dans le monde, le cinéma populaire et d'auteur asiatique conserve une certaine attractivité, mais doit faire face à la forte concurrence des télévisions et des réseaux internet qui le diffusent dans la région. A cet égard, l'Asie de l'Est offre un champ d'expériences uniques traversé par de profondes diversités, qui morcellent ce marché des industries de l'image, clivé entre pôles régionaux. Tel est l'enjeu et l'originalité de ce numéro à partir de regards croisés d'un collectif de chercheurs issus d'Asie et d'Europe.

04/2021

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Ouvrages généraux

La Horde. Comment les mongols ont changé le monde

" Un livre captivant... Les Mongols étaient un peuple sophistiqué, doté d'une maîtrise impressionnante de l'art de gouverner et capable d'instaurer un rapport plein de sensibilité avec le monde naturel... Voilà un livre remarquablement documenté et intelligemment pensé. " The Times Les conquêtes initiées par Gengis Khan au XIIIe siècle permirent aux Mongols d'intégrer à leur empire le monde qui les entourait. Ce livre se concentre sur la Horde : un modèle social et économique inédit qui allait s'imposer et évoluer durant trois siècles pour unifier sous son égide un espace divisé aujourd'hui entre le Kazakhstan, l'Ukraine, la Russie et l'Europe de l'Est. Dans cet espace, le " peuple des steppes " créa des institutions qui transformèrent les rapports de force entre les hiérarchies locales et stimulèrent l'essor des villes. Ils oeuvrèrent à l'épanouissement de l'économie et, grâce à leur diplomatie orientée vers le commerce, leur influence s'étendit le long des routes du nord bien au-delà de ses frontières. Leurs khans dominèrent les princes russes et les begs turcs, résistèrent à la grande peste et s'adaptèrent à la géopolitique mouvante du XVe siècle. Ce grand livre met en lumière le rôle historique des nomades longtemps réduit au cliché de l'envahisseur pillant les richesses et saccageant les récoltes. En rupture avec la vision conventionnelle de l'Empire mongol, l'auteur montre que la Horde sut mettre en place une administration mobile et sophistiquée, capable de faire cohabiter les communautés religieuses dans leur diversité. Les Mongols remodelèrent en profondeur l'espace slave, contribuèrent à l'épanouissement de l'Islam et forgèrent de nouvelles alliances avec les Mamluks, les Lituaniens, les Polonais, les Italiens et les Allemands. Ils sont à l'origine de l'une des premières mondialisations. Une fresque d'envergure portée de bout en bout par une plume fluide. " Les Mongols ont été desservis par l'Histoire, victimes d'un mélange malheureux de préjugés et de perplexités... Si la Horde a pu prospérer, selon l'histoire-récit neuve et convaincante que nous en propose Marie Favereau, c'est précisément parce qu'elle n'avait rien de la meute monomaniaque et meurtrière de la légende. " The Wall Street Journal.

02/2023

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Militaire

L'armée de Terre française du 10 mai 1940

Au sortir de la Première Guerre mondiale, l'armée française est la plus puissante au monde. Elle dispose de nombreux armements éprouvés, de soldats expérimentés et bien entraînés, et d'une industrie de guerre puissante et efficace. Alors comment est-il possible que 22 ans plus tard, elle subisse la plus cuisante défaite de son histoire ? Les causes d'une telle défaite sont trop souvent résumées par un commandement supérieur suranné, une stratégie et une doctrine d'un autre âge, ou des troupes sans esprit combatif. Mais l'étude détaillée et minutieuse des archives et documents d'époque démontre que tout n'est pas si simple et que rien n'était perdu d'avance. En effet, l'armée de Terre française de 1940 n'avait rien à envier à celles de ses ennemis et, dans bien des cas, elle disposait même de moyens incroyablement modernes et performants, dont la seule faiblesse était souvent de ne pas exister en nombre suffisant. Son artillerie était probablement la plus puissante au monde, la ligne Maginot déployée aux frontières franco-allemande et franco-italienne était un redoutable système défensif bétonné inégalé à l'époque, et l'expérience du combat démontrera que le soldat français de 1940 était capable de se battre avec le même courage que celui de 1914-1918 lorsqu'il était solidement encadré et commandé. Il semble donc nécessaire de retracer dans le détail et sans complaisance l'histoire de cette armée de Terre et de ses moyens, afin de proposer au lecteur une vision objective s'affranchissant des poncifs simplistes souvent évoqués depuis des décennies. Cet ouvrage se veut aussi être un devoir de mémoire envers les quelque 60 000 soldats morts pour la France en 1939 et 1940, ainsi qu'à leurs camarades souvent meurtris dans leur chair et dans leur âme. Après s'être attaché à l'étude de la Wehrmacht de 1940, Eric Denis nous propose celle de l'armée de Terre française, presque exclusivement basée sur les archives, les documents et les témoignages d'époque. Fruit de plusieurs années de travail, cet ouvrage apporte une vision moderne et la plus juste possible des troupes françaises de 1940, qui seront parmi les premières à s'opposer à l'Allemagne de Hitler.

05/2021

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Cinéma

Images d'après. Cinéma et génocide au Rwanda

En 1994, aux yeux du monde et malgré les " plus jamais ça ", l'inimaginable s'est de nouveau produit au Rwanda, théâtre d'un génocide où près d'un million de Tutsi et de Hutu modérés ont subi le déferlement de la violence la plus extrême. Comme pour les autres crimes de masse qui ont marqué le XXe siècle, il n'existe que très peu d'images de cet événement. Pour témoigner de l'horreur, le cinéma apparaît donc comme un défi risqué mais reste, dans sa dimension fictionnelle surtout, un outil privilégié, voire primordial pour suggérer l'indicible. Cette étude consacrée aux représentations cinématographiques du génocide rwandais s'inscrit dans le foisonnement littéraire, plastique et visuel qui a émergé après le drame de 1994. Si de nombreux documentaires ont donné la parole aux rescapés, établissant la vérité historique du génocide et interrogeant la possibilité du " vivre ensemble ", dix films de fiction ont jusqu'ici tenté de reconstituer la folie collective qui s'est emparée du Rwanda. Ils contribuent, à leur manière, à construire et à transmettre la mémoire internationale du génocide des Tutsi. La mise en fiction d'un phénomène aussi traumatisant soulève de nombreux enjeux, aussi bien éthiques qu'esthétiques. Elle dévoile les frontières de la représentation, pose la question du témoin et du regard, tout en présentant une garantie d'authenticité vis-à-vis des survivants, exhortés à se confronter de nouveau, pour les besoins de la caméra, à leurs bourreaux d'hier. Le film de génocide se révèle également un moyen thérapeutique, à la fois pour alléger la culpabilité des Occidentaux et pour exprimer le traumatisme des rescapés dont certains contribuent aujourd'hui à l'émergence du cinéma rwandais. En empruntant aussi bien à l'histoire qu'à l'anthropologie et à la psychanalyse, le présent ouvrage revient en détail sur la place des fictions cinématographiques dans le corpus artistique issu du génocide rwandais et démontre, au-delà des questions de représentation, la responsabilité d'un art comme le cinéma - documentaire et de fiction - dans la construction de la mémoire d'un événement historique majeur de notre temps.

11/2010

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Histoire de l'Eglise

Deux mille ans d'évangélisation et de diffusion du christianisme

Engagé depuis les années 1970 dans l'effort collectif commencé par des historiens universitaires pour proposer une lecture scientifique du fait missionnaire, Jean Comby (1931-2020), professeur aux Facultés catholiques de Lyon, publie en 1992 un manuel à visée pédagogique intitulé Deux mille ans d'évangélisation. Il y dresse un bilan des connaissances à la lumière des travaux qui ont renouvelé dans la deuxième moitié du XXe siècle la vision de la diffusion du christianisme. Soucieux de ramener le lecteur aux sources, il ponctue chaque chapitre de documents, d'autant que la crise des missions et la mise en cause de leur rôle s'accompagnent dans le contexte postcolonial de controverses où les idées reçues prennent souvent le pas sur la fréquentation des archives. Il entreprend de mettre à jour l'ouvrage au début des années 2000 pour une seconde édition qui restera à l'état de manuscrit non publié. Claude Prudhomme, Professeur émérite des universités, Université Lumière Lyon 2, spécialiste de l'histoire des religions et des missions, propose ici, sous le titre Deux mille ans d'évangélisation et de diffusion du christianisme, un ouvrage qui reprend pour l'essentiel la deuxième rédaction de Jean Comby mais en l'augmentant considérablement. En effet, conformément au souhait qu'avait exprimé ce dernier peu avant sa mort en 2020, des mises à jour systématiques et des compléments ont été introduits dans le texte. Ils visent à intégrer les acquis récents de la recherche sur l'histoire des missions, à conduire le récit jusqu'à nos jours et à renforcer la part réservée au protestantisme dans l'internationalisation du christianisme contemporain. Le but n'est cependant pas de tendre à une exhaustivité illusoire, et forcément provisoire, ni d'atteindre une objectivité qui transcenderait les frontières confessionnelles et les divergences d'interprétation. Il est plus modestement de rendre compte avec justesse et mesure d'une histoire qui retrace les étapes de la diffusion du christianisme dans l'espace et dans le temps tout en mettant l'accent sur les modèles d'évangélisation promus au cours de l'histoire, sur les acteurs et les moyens mobilisés pour les mettre en oeuvre, sur les questions soulevées et les réponses apportées.

01/2022

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Géopolitique

Ces guerres qui nous attendent, 2030-2060. Saison 3

Deux scénarios terriblement probables qui pulvérisent les frontières Face à l'Hydre. (2027-2045) La militarisation de la société civile, c'est le sujet de ce palpitant scénario malheureusement réaliste. L'eshu, implant d'un nouveau genre mis au point en 2027, permet l'assimilation instantanée de nouvelles connaissances et capacités dans tous les domaines pour tout individu (en commençant par les enfants). Ces connaissances réversibles n'altèrent en rien les volontés individuelles. Peu à peu, ces implants se diffusent et leur utilisation se généralise dans certaines régions du monde. Ils deviennent aussi des leviers de création ad hoc et immédiate d'une armée à partir de populations civiles par l'injection de savoirs militaires. Cette armée a pour nom l'Hydre, empruntant à l'animal mythologique sa capacité à se renouveler à l'infini : chaque individu volontaire pouvant s'implanter à tout moment des connaissances adéquates selon le besoin et son environnement. Progressivement, les capacités de l'eshu s'étendent et ouvrent la voie à la possibilité d'une action collective : les individus dotés d'un eshu communiquent les uns avec les autres de manière décentralisée et instantanée, voire symbiotique. Ce qui assure à l'Hydre une domination stratégique dans les régions où elle s'est implantée. La ruée vers l'espace (2035-2075) L'accès à l'espace s'est considérablement démocratisé à la suite d'innovations technologiques. Les ressources spatiales tant sur la Lune que dans les ceintures d'astéroïdes plus lointaines deviennent abordables et nourrissent les appétits industriels et économiques d'acteurs étatiques et privés. Des rapprochements s'opèrent, des alliances se créent pour assurer l'exploitation des minerais stratégiques, source principale d'énergie, au point que les grandes nations et leurs partenaires deviennent dépendant de l'économie spatiale. La compétition entre deux méga-consortiums soutenus par les agences publiques se traduit par des pratiques de sabotage et de déni d'accès, avant d'escalader vers une confrontation spatiale ouverte. Dans cet univers spatial, dans ce nouveau Far West qui échappe à la loi des états, quel sera le seuil de déclenchement d'une guerre spatiale??

02/2024

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Histoire de la philosophie

Une institution sans condition. Brève histoire du Collège international de philosophie

Publié à l'occasion du quarantième anniversaire du Collège International de Philosophie, ce livre en retrace pour la première fois son histoire afin de rendre compte des conditions historiques d'où procède cette institution paradoxale, en décrire les principales mutations et en indiquer la situation actuelle. Cette histoire est retracée par Julie Clarini sur la base de nombreux documents et d'entretiens inédits avec, en particulier, des textes, des fondateurs François Châtelet, Jacques Derrida, Jean-Pierre Faye, Dominique Lecourt, ou encore d'Alain Badiou et Vladimir Jankélévitch. Il est accompagné d'une préface de Barbara Cassin et Michèle Gendreau-Massaloux, qui sont également à l'origine du projet, ainsi que d'une postface du directeur actuel Alain Patrick Olivier évoquant le moment présent en rapport à l'avenir, au passé. Le Collège international de philosophie est né, il y a quarante ans, en 1983, pour répondre à une commande du Président de la République François Mitterrand et du ministre Jean-Pierre Chevènement. Ses missions sont définies dans le texte fondateur, dit Rapport Bleu. Sa fonction explicite est de développer la recherche philosophique dans un esprit d'ouverture, en dehors des systèmes cloisonnés ; de contribuer au rayonnement international de la philosophie ; de participer au développement des connaissances scientifiques comme des productions artistiques ; de réfléchir de façon critique sur les paradigmes scientifiques et d'assurer les transferts entre les sciences ; d'étendre l'étude de la philosophie au-delà de l'enseignement secondaire. Le Collège ignore les frontières, s'étend sur des terres inconnues, des domaines, ouvre un espace de liberté, trace des sillons pour reconfigurer le champ du pensable. Le Collège se forme dans un moment politique singulier de l'histoire intellectuelle française. Il répond à une demande de l'Etat, mais il répond également à d'autres aspirations venues, en particulier, du monde enseignant et du monde étudiant contestataire. Le texte de Julie Clarini sur l'histoire du Collège montre combien celui-ci procède de l'esprit de résistance, issu des mouvements de pensée, des mouvements des corps, des tentatives et désirs d'institutionnalisation, contre et dans l'université, après l'événement Mai 1968. Quarante ans après, rien n'est acquis, tout demeure à inventer semblablement aux premiers jours.

03/2024

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Préhistoire

La Préhistoire du Jura et l'Europe néolithique en 100 mots-clés (5300-2100 avant J.-C.). 3 volumes

Avec trois millénaires de défrichements et d'agriculture céréaliers -de 53 000 2100 av. J.-C. - le Néolithique préfigure les problèmes de société actuels, illustrés par des épisodes de croissance ou de chute démographique, d'inégalités sociales parfois criantes et de déplacements de population, où les crises et la violence étaient loin d'être absentes. Deux anciens chercheurs au Centre national de la recherche scientifique, formés à l'etnnoarchéologie en Nouvelle-Guinée, proposent une nouvelle lecture de la trajectoire historique de ces communautés d'agriculteurs, où les micro-régions - ici le Jura et les plaines de la Saône - étaient profondément intégrées à des réseaux complexes de circulation d'objets-signes et d'idées. A l'échelle de l'Europe occidentale, ces transferts à longue distance étaient soutenus par la compétition sociale, l'affichage des inégalités et l'imaginaire religieux. En dépassant les limites des spécialisations scientifiques, ces deux néolithiciens se saisissent de 100 mots-clés du vocabulaire archéologique pour explorer différentes interprétations sociales qui se cachent derrière les objets, les outils et les comportements des populations néolithiques. En raison de leur extraordinaire conservation, les villages littoraux de Chalain et de Clairvaux - inscrits en 2011 au Patrimoine mondial - sont considérés comme emblématiques du Néolithique du Jura ; il est cependant impossible de les comprendre par une simple approche régionaliste. En dépassant les frontières actuelles, l'ouvrage permet au contraire de réfléchir à l'échelle de l'Europe, en intégrant inventaires et cartes de répartition inédites, afin de replacer le Jura dans des systèmes de pensée d'une complexité encore sous-estimée. Cette publication constitue donc un état des lieux original, au moment où s'accélère la destruction du patrimoine archéologique tandis que les spécialisations scientifiques et la segmentation des connaissances rendent plus difficile la compréhension des fonctionnements sociaux. Avec une illustration abondante et différents niveaux de lecture, l'ouvrage s'adresse au lecteur qui ne se satisfait plus du mythe de la croissance technologique et économique illimitée. Quant aux érudits, aux étudiants et aux chercheurs, ils pourront découvrir nombre de documents inédits ou peu connus, confinés dans l'obscurité des réserves de musées ou dans des collections confidentielles.

06/2021

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Histoire internationale

L'ascension et la chute de Bachir Gemayel. Les secrets de l'enlisement d'Israël dans le bourbier libanais

De nombreux ouvrages ont été écrits sur la première guerre du Liban qui a éclaté en été 1982. "? L'ascension et la chute de Bachir Gemayel - Les secrets de l'enlisement d'Israël dans le bourbier libanais ? " a vu le jour à la suite des critiques que cette guerre a soulevées en Israël et au-delà de ses frontières. Il traite principalement du personnage de Bachir Gemayel, commandant de la milice chrétienne et presque président et de son rôle dans la prise de position des chrétiens, leur influence sur l'état libanais et leur relation avec Israël. Gemayel était un personnage charismatique. Il connaissait de près la classe dirigeante israélienne : le Premier ministre Begin, le ministre de la Défense Sharon, le chef d'Etat-Major Eitan ("? Rafoul ? ") ainsi que nombre de généraux et autres officiers de Tsahal qu'il appelait par leurs prénoms. Certains étaient tombés sous son charme. Il réussit à entraîner à sa suite un nombre non négligeable d'Israéliens, parmi lesquels des hommes du "? Mossad ? " qui l'admiraient. Au cours des années qui ont précédé la première guerre du Liban, l'Etat d'Israël a porté une attention particulière aux différentes factions chrétiennes du Liban, et principalement à la communauté Maronite. Ce fort intérêt pour les chrétiens ne leur laissait que peu d'attention, voire pas du tout, pour les autres communautés ethniques et sectaires au Liban. Le manque d'informations relatives aux chiites du Liban ne concernait pas uniquement les services des renseignements israéliens. Les recherches académiques n'étaient pas non plus particulièrement fructueuses. A la veille de la première guerre du Liban, il existait peu d'études pouvant apporter un peu de lumière sur cette obscurité. Israël s'est enfoncé dans le bourbier libanais pendant 18 ans et a mené une lutte désespérée contre le Hezbollah - milice chiite constituée par les iraniens sur le sol libanais. Après de longues effusions de sang, Israël a été forcé, sous la puissance des tirs du Hezbollah, de se retirer pour la première fois d'un territoire qu'il avait conquis à un pays arabe.

09/2019

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Littérature française

De l'impossibilité de devenir français. Nos nouvelles mythologies nationales

« La France est un grand pays, ma fille ; elle a réhabilité le capitaine Dreyfus ». Ainsi parlait mon père, Juif d’Istanbul amoureux de la France parce qu’elle était pour lui le pays des droits de l’homme, et aussi celui de la liberté et de l’égalité. Ce qui ne l’empêchait pas de continuer en me citant quelques vers de Shakespeare… Ainsi dus-je, dès ma prime enfance, apprendre le français, avec une préceptrice arménienne, ce qui me valut longtemps de parler la langue du pays rêvé avec un accent arménien. Je pris ensuite, comme il se devait, le chemin d’une école congréganiste pour m’initier aux finesses de la culture qui avait produit Molière et Zola (et aux bonnes manières). Longtemps, la France a incarné des valeurs qui faisaient rêver des populations entières hors, et parfois très loin, de ses frontières. La Révolution, la République et ses principes, les lettres, la culture françaises avaient investi les imaginaires au point que pour beaucoup la France était devenue le symbole même de l’Occident « civilisé ». Ce pays qui avait émancipé ses Juifs avant toutes les autres nations européennes était l’espérance en marche. Ainsi les Juifs français n’eurent-ils pas de mal à conjuguer harmonieusement les valeurs de la République avec celles des Prophètes bibliques, créant ce « franco-judaïsme » qui permit à des générations entières de s’intégrer à ce qu’ils tenaient réellement pour leur patrie. Plus tard, à leur tour, les immigrés juifs d’Europe orientale diront cela en une formule pleine de saveur : « heureux comme Dieu en France ». Que s’est-il donc passé pour que la France ait cessé d’être ce pays rêvé et peine à intégrer ses immigrés ? Le patriotisme français lui-même s’est délité avec la fin du rêve, un délitement touchant autant les Français « d’origine » que les autres. Les guerres coloniales, une décolonisation non digérée, les ruptures, telle Vichy, du contrat passé par la République avec ses minorités, la non-adaptation aux nouvelles conjonctures économiques, le rabougrissement des élites, le vieillissement du pays ont progressivement terni son image. En fait, ceux qui l’habitent, nationaux ou « étrangers », ont cessé de croire en lui et dans son énergie créatrice. Comme le reste de l’Europe, et plus peut-être que d’autres pays européens, la France semble frappée d’une sénescence aggravée. Elle n’insuffle plus d’énergie. Les récents débats sur l’identité nationale ont montré que les vieilles recettes barrésiennes et maurrassiennes elles-mêmes ne parviennent pas à donner un peu de substance au type de Français imaginé par la xénophobie ambiante. Une xénophobie qui, à défaut de vrai projet de société, s’érige en pure rhétorique politique. Cette xénophobie a connu ses beaux jours d’abord à la fin du XIXe siècle, puis dans l’entre-deux-guerres, principalement sous sa forme antisémite. Aujourd’hui, c’est l’islam qu’elle prend pour cible. Alors que chacun sait qu’elle a mené à l’une des plus immenses catastrophes du XXe siècle, elle resurgit cette fois pour viser une population arrivée massivement pendant les Trente Glorieuses, et s’attaque sans vergogne à ses descendants, nés sur le sol français, et français de nationalité. Au lieu de nourrir le terreau d’où devrait naître le Français de demain, la xénophobie l’assèche, l’appauvrit, l’asphyxie. Elle pousse les Français « de fraîche date » à se replier dans leur « communauté », en un mouvement exactement parallèle à celui du nationalisme qui enferme lui aussi dans un entre-soi fatal les Français « de bonne souche », créant ainsi plusieurs catégories de citoyens, et les hiérarchisant, « aristocratie » légitime d’un côté, vassaux suspects de l’autre. Dans cet environnement d’Ancien Régime restauré, et de surcroît agressif, les valeurs de la République s’étiolent évidemment. Et beaucoup de ceux qui s’en réclament encore les convertissent en idéaux d’un fanatisme cherchant à mieux humilier ceux qu’on considère comme des Français de second rang. Républicanisme et laïcisme en sont les dérives les plus patentes. Et pourtant, être français aujourd’hui pourrait être bien autre chose : redevenir un citoyen du monde, aimant la planète et tous ceux qui la peuplent, œuvrant pour la « résurrection » d’une France internationale, cultivant plusieurs identités, traversant les frontières, tout en restant un vrai patriote, fier de sa culture, de son pays et de son ouverture. On n’est pas français parce qu’on est né dans ce pays. Et même lorsqu’on y est né, on le devient, en le réinventant sans cesse, en le recréant non dans l’isolement et le rejet, mais dans un flux incessant, dans le paradoxe et les contradictions, dans la reconnaissance et la promotion d’une pluralité ethnique, culturelle, religieuse, sexuelle, de genre, qui est sans doute la clé d’un vrai progrès et d’un rayonnement authentique. Être français, c’est vouloir une France combattive, renonçant à son pessimisme, ouvrant largement ses fenêtres, avec l’avenir en vue, non cette France repliée sur elle-même qui, à force de remâcher ses vieilles rengaines, dégage une inquiétante odeur de renfermé.

01/2012

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Littérature française

Boza !

Le périple bouleversant d'un adolescent migrant à la conquête de sa liberté. Enfant de Bonaloka, un bidonville de la banlieue de Douala au Cameroun, Petit Wat est un jeune homme haut en couleurs, qui fait les quatre cents coups avec ses copains de quartier. Mais le jour où ses parents ne peuvent plus payer sa scolarité, ses perspectives s'écroulent. Sans avenir chez lui, il décide de partir et de prendre la route de l'Europe pour accomplir ses rêves, malgré la douloureuse séparation et les pleurs de son frère. Avec un petit sac troué, une paire de Converse rose et une immense foi en lui-même, Petit Wat découvre la réalité de cette route migratoire avec ses yeux d'adolescent. Il tremble à chaque contrôle, effrayé par les frontières, tandis que les convoyeurs payent les policiers pour passer. Abandonné par un passeur aux portes du Niger, il doit affronter seul ghettos et déserts. Face aux violences et horreurs, il peut compter sur les mains tendues d'inconnus qui l'aident à traverser ces épreuves. Leurs mots, leur courage et leurs prières redonnent de l'humanité à une route qui en manque tant. Arrivé au Maroc, Petit Wat entre rapidement en forêt. Des centaines de jeunes déshérités se regroupent au Gourougou et s'organisent pour affronter le " monstre à trois-têtes " : des barrières massives séparant l'Afrique de l'Europe. Peuvent-ils vraiment vaincre le monstre et faire boza, soit passer en Europe ? Et de l'autre côté, quel sort les attend ? Dans Boza ! , Ulrich Cabrel et Etienne Chambron proposent un nouveau regard sur les réalités migratoires, sans cliché ni bien-pensance. L'entrain et la verve des personnages contrastent avec les enfers qu'ils traversent, offrant à ce texte initiatique une tonalité inattendue. Roman d'aventures du réel, il décrit pourtant l'une des plus violentes tragédies de notre époque. Ce roman présente la singularité d'avoir été co-écrit par un jeune expatrié et son hébergeur solidaire en Bretagne. Il parle de l'accueil et de l'intégration, il en est aussi un résultat - une rencontre des mots et des visions du monde. C'est pour mieux se connaître et se comprendre que Ulrich Cabrel confie à Etienne Chambron le " roman de sa vie ". Ses expressions désopilantes et son regard épicé sur la société française font rire et réfléchir.

02/2020

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Droit

Entrée, circulation en France et dans l'espace "Schengen"

Les barrières qui se dressent devant celtes et ceux qui souhaitent entrer en France sont multiples. Des mois, parfois même des années peuvent s'écouler jusqu'à l'obtention du visa, de l'acte d'état civil, du passeport qui conditionne cette entrée, en raison des tracasseries imaginées par les diverses administrations en charge de ta délivrance de ces différents documents. Une fois franchi ce premier obstacle, l'accès au territoire français peut encore être refusé par la police aux frontières. Pour échapper à ces embûches ou du moins tenter d'en réduire l'impact, il est important de connaître les conditions qui, en fonction du but du voyage, peuvent être légalement exigées pour l'entrée en France ainsi que les moyens de se défendre contre tes comportements abusifs de l'administration. Pour un court séjour limité à trois mois ou pour un transit, l'entrée en France - parce qu'elle équivaut à une entrée dans l'ensemble de l'espace " Schengen " relève principalement de règlements de l'Union européenne. Mais dans d'autre cas, notamment lorsqu'il s'agit de circuler en outre-mer ou d'entrer en France pour s'y établir, c'est le droit national seul qui 'applique. La réglementation est donc complexe et elle est aussi changeante, ce qui explique que le présent Cahier juridique soit le quatrième consacré à ce sujet depuis dix ans. Depuis la précédente édition qui remonte à 2009, il a fallu tenir compte de, l'impact renforcé de la réglementation européenne et de la loi du 16 juin 2011 relative à l'immigration ainsi que de diverses réformes des procédures. Après une présentation rapide du contexte de la circulation des personnes en France et en Europe, ce Cahier expose d'abord les conditions d'entrée dans l'espace "Schengen " pour un court séjour et les règles spécifiques qui régissent le cas échéant l'entrée en France métropolitaine ou en outre-mer, puis les règles applicables aux personnes qui veulent entrer en France pour y résider ou qui, déjà autorisées à y résider, souhaitent circuler hors de France. Des développements particuliers sont consacrés aux hypothèses où l'on se heurte à un refus de délivrance d'un visa ou à un refus d'entrée en France et aux différentes possibilités de recours. L'ensemble est complété par des annexes où l'on trouve notamment des modèles de recours.

01/2013

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Littérature française

Oeuvres complètes. Volume 17, Essais Tome 3 (1936-1943)

" Je regarde une fois de plus tout au travers de ce pays qui est le mien, des sources du Rhône à un de ses bouts, et jusqu'à l'autre de ses bouts, où le Rhône quitte ce pays, étant bleu et jaune entre des falaises. De l'endroit où il est encore à son berceau, et sort le pied timidement de son berceau, s'agitant entre des rideaux de soie verte et de dentelle blanche ; jusqu'à l'endroit de son adolescence, où il part en sifflant, les mains clans les poches, à la découverte du monde " (Besoin de grandeur). A la suite de Taille de l'homme (1933) et de Questions (1935), Ramuz publie en 1937 Besoin degrandeur. Il y scrute fiévreusement son pays et les réactions que suscite la montée des totalitarismes en Europe ; avec des accents parfois angoissés, l'écrivain, alors au sommet de sa notoriété aussi bien en Suisse qu'en France, cherche une espérance différente de celle que prétendent offrir les idéologies de son temps. Il en appelle aux valeurs paysannes de ceux qui vivent encore au contact de la nature, à leur " grandeur cachée " qu'il aimerait voir s'exprimer. Les textes réunis clans ce volume ont en commun l'attention portée au pays : leur fonction est à la fois identitaire - ce qui contribuera à faire de Ramuz le " chantre " d'une société largement idéalisée - et poétique. Car le pays, aux frontières variables mais toujours inscrites dans la topographie, est aussi l'espace de l'imaginaire et de l'écriture, le rêve d'une langue capable de dire le contact immédiat avec les choses - et de le faire partager. Et si l'écrivain admet, à demi-mot, qu'il s'est inventé le pays dont il avait besoin, il revendique également et par-dessus tout le droit à l'invention et à l'expression, un droit fondé sur les yeux et le cœur Ce volume contient trois textes écrits pour des livres de photographies, La Suisse romande (19.36), Pays de Vaud et Vues sur le Valais (les deux de 1943), ainsi que Besoin de grandeur (1937), Une province qui n'en est pas une (1938) et L'Année vigneronne (1940), commentaire du film homonyme de Charles-Georges Duvanel.

01/2011

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Littérature française

L'histoire et ses méthodes

Les 25, 26 et 27 novembre 1980 s'est tenu à la Maison Descartes un colloque franco-néerlandais sur le thème L'histoire et ses méthodes, sous la présidence d'Emmanuel Le Roy Ladurie du côté français, et d'Henri Baudet du côté néerlandais. L'histoire est une discipline qui ne disposait, jusqu'à une époque récente, que d'un mot pour se désigner elle-même et désigner son objet. Les historiens positivistes du XIXe siècle et d'après pensaient faire une histoire "objective", leur discours étant supposé être un double conforme du fait. Les beaux jours de la transparence ne sont plus, et notre "ère du soupçon" a montré que les historiens d'autrefois traduisaient en termes de "faits" historiques une théologie, une philosophie ou une vision politique. Mais, disposant de l'immense travail de rassemblement et de classement entrepris à cette époque, et s'appuyant sur les découvertes des sciences humaines, les historiens d'aujourd'hui peuvent proposer une réinterprétation des faits. Plutôt qu'à l'Etat, à la politique en haut lieu, aux hommes ou partis imminents, ils s'intèressent à l'étude des sociétés et des mentalités. Notre époque pose à l'histoire certaines questions nouvelles, en fonction de préoccupations dont il faudrait analyser l'idéologie. L'une des méthodes les plus caractéritiques de la Nouvelle Histoire est la constitution de séries. C'est elle qui permet à l'historien de sortir de l'anecdotique, de l'événementiel, de l'élitisme pour atteindre le général, le social, la structure et, pour employer l'expression de Fernand Braudel (l'un des historiens majeurs des Annales) : la longue durée. Ce qu'on est convenu d'appeler "l'Ecole des Annales" n'en est cependant pas une en fait. Elle ne propose ni une méthode qui serait la bonne, ni des objets qui seraient les seuls dignes de l'attention des historiens, ni des influences qui seraient les seules légitimes. Mais elle a montré la validité d'une critique de l'histoire classique et ouvert les frontières de ce territoire quelquefois menacé qu'est celui de l'historien. L'histoire s'est ouverte aux sciences économiques, à la psychanalyse, à l'anthropologie, elle s'est ouverte aussi à ce que la tendance politique, nationaliste et ethnocentriste avait systématiquement exclu : l'histoire du Tiers-Mode. Ce colloque exemplaire en a donné la preuve.

01/1982

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Musique, danse

Les fils de Bach

Bach ne s'est pas contenté d'être l'immense génie que l'on sait ; il est également parvenu à transmettre à ses quatre fils ayant mené une existence adulte cette fibre musicale qui fit d'eux quatre compositeurs importants. Exemple unique dans toute l'histoire de la musique de semblable continuité, d'autant plus remarquable que chacun d'eux sut développer une personnalité artistique propre qui, si elle dut beaucoup à l'enseignement du père, ne s'affranchit pas moins très vite, sur le plan stylistique, de sa puissance emprise. Ces quatre individualités de tempérament fort différent dont la vie et le parcours musical empruntèrent des chemins non moins divers connurent des destins très variés qui ne se croisèrent qu'en de rares occasions. A l'aîné Wilhelm Friedemann (le Bach de Dresde), au caractère fantasque et instable, formidable organiste qui termina sa vie presque dans la misère, s'oppose son cadet de quatre ans, Carl Philipp Emanuel (le Bach de Berlin), musicien au contraire très en vue à son époque, lié aux écrivains et aux philosophes d'Allemagne du Nord, pionnier de la musique pour clavier, et à ce titre admiré par Haydn et Beethoven. Les deux suivants, issus du second mariage de leur père, et donc considérablement plus jeunes que leurs aînés, présentent ce même profil contrasté : le discret et sédentaire Johann Christoph Friedrich (le Bach de Bückeburg), auteur d'une oeuvre abondante aux frontières du baroque et du classicisme, a peu à voir avec son puîné, le très mondain et voyageur Johann Christian (le Bach de Londres), qui fut le seul des quatre à composer des opéras et à cultiver assidûment le style galant : raisons pour lesquelles Mozart l'appréciait tant. Injustement tombés dans l'oubli, au fur et à mesure que grandissait la gloire de leur père et que Haydn, Mozart et Beethoven devenaient des références incontournables, les fils Bach font l'objet d'un intérêt croissant. Ce livre, le premier à leur être entièrement consacré, rend compte tout à la fois de leur carrière, de leur entourage et de leur production. Auteur d'un livre somme sur Haydn couronné de nombreux prix, ainsi que d'ouvrages sur Mahler et Sibelius, Marc Vignal a par ailleurs assuré la direction du Larousse de la musique et participé à de nombreux ouvrages collectifs.

07/1998

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Gestion

Les mondes sociaux des TPE et PME. Modèles et logiques d'action

L'entrée par les mondes sociaux met en exergue la très grande diversité des micro-entreprises, des TPE et PME qui rend souvent difficile leur analyse. En contrepoint, une connaissance spécifique de ces entreprises s'impose car elles sont à la charnière des débats sur la flexibilité, les dynamiques du marché du travail et, les disruptions du système de formation professionnelle. Si les politiques publiques ont fait de la création d'entreprise et des TPE et PME un aggiornamento pour soutenir la croissance de l'emploi, ces entreprises peinent néanmoins à embaucher et à garder les personnels qualifiés nécessaires. Comment recrutent-elles ? Quelles sont dans ces structures les formes spécifiques de gestion de la main-d'oeuvre ? Assiste-t-on à l'émergence d'une gestion modernisée des ressources humaines ? Dans les mondes sociaux des TPE et PME, le dirigeant détermine largement la stratégie et le fonctionnement de l'entreprise, l'organisation du travail et des RH, la nature des conditions de travail. Toutefois, l'accès à de nouvelles connaissances en faveur de l'innovation, induit des formes de management différenciées où le dirigeant doit composer avec la construction d'expertises et des échanges plus horizontaux. Quant à l'acquisition et la transmission des savoirs et des savoir-faire, elles constituent un pilier indissociable à la survie de ces entreprises. En outre, la formation sur le tas, en situation de travail, l'autoformation restent pour la plupart des salariés et des dirigeants, les modalités principales d'acquisition de nouvelles compétences. Parallèlement, le développement de ces entreprises repose sur les conditions liées à leur contexte local porteur de délitements et de recompositions que celles-ci soient spontanées ou liées à l'action publique. Leur engagement dans des réseaux où la coopétition est de mise invite à préciser les types de proximités, de territoires et d'identités qu'elles contribuent à définir. Enfin, les mondes sociaux des TPE et PME se nourrissent tout autant qu'ils contribuent au changement technologique et à la transformation de nouveaux modèles productifs dont ceux liés au développement durable. Dans ce continuum, les frontières habituelles entre innovation technologique, activités de conception, diffusion et appropriation de technologies s'estompent. Il en est de même pour les normes associées à l'émergence de nouveaux modèles avec des chaines de valeur parfois courtes où hiérarchies et mobilités des savoirs sont bouleversées.

01/2019

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Histoire de France

Histoire monde, jeux d'échelles et espaces connectés. 47e Congrès de la SHMESP (Arras, 26-29 mai 2016)

L'histoire globale est à la mode. Certains le déplorent, au nom de la défense d'une identité nationale qui ne pourrait être conçue que dans le cadre des frontières de ce qui est devenu aujourd'hui la France, ou éventuellement de la " chrétienté ", pour y trouver d'hypothétiques racines historiques. D'autres en font un nouveau terrain de réflexion, au risque de comparaisons hasardeuses ou de connexions artificielles. Les historiens français, et les médiévistes plus encore peut-être, ont tardé à s'emparer de ces sujets venus à la fois du monde anglo-saxon et des nouveaux pays émergents. Peut-être parce qu'ils se satisfaisaient de l'héritage, pourtant ancien et maintenant questionné, de Fernand Braudel. Peut-être aussi en raison de cloisonnements académiques entre l'histoire européenne et méditerranéenne largement représentée à l'université, et celle des mondes plus lointains qui s'épanouit dans d'autres cadres institutionnels. Les mondes médiévaux sont pourtant profondément connectés, parfois à très longue distance, et il n'a pas fallu attendre les Grandes Découvertes et la modernité pour voir des hommes et des femmes se déplacer et échanger, parfois au loin. Il appartenait donc à la communauté des médiévistes de réfléchir sur les modalités de ces connexions, non pour revendiquer l'existence précoce d'un " village global " ou pour nier l'existence d'espaces et de mondes qui ont leur propre cohérence interne à une époque donnée, mais pour réfléchir aux conditions épistémologiques d'une telle approche. A quelle échelle doit-on penser les phénomènes historiques ? Telle est la question, centrale pour toute recherche, que pose ce 47e congrès de la Société des Historiens Médiévistes de l'Enseignement Supérieur Public. Les communications réunies dans ce volume d'actes s'ouvrent donc sur des horizons vastes, vers l'Asie Centrale et l'Extrême-Orient, vers l'Afrique sub-saharienne et l'océan Pacifique, sans négliger pour autant des espaces européens et méditerranéens qui nous sont a priori plus familiers, en interrogeant leurs connexions et en menant des comparaisons fécondes. C'est donc à une histoire globale et connectée du Moyen Age, largement ouverte sur le monde, qu'invite la lecture de cet ouvrage. En témoignant de la vitalité de la recherche française et de sa diversité, il pose à nouveaux frais la question, tant débattue, des " racines " de nos mondes contemporains.

10/2017

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Histoire de France

Les corps francs de 1814 et 1815. La double agonie de l'Empire, les combattants de l'impossible

Du Moyen Âge à nos jours, des troupes irrégulières (corps francs, partisans, francs-tireurs, résistants, etc.) ont secondé les armées officielles. Interceptant vivres, armes et courriers, tendant des embuscades, attaquant les arrière-gardes, leurs actions de guérilla n'ont toujours eu qu'un objectif : inquiéter l'ennemi. On se souvient encore des corps francs du conflit franco-prussien de 1870. Suite aux décrets du 8 janvier 1814 et du 22 avril 1815, pour freiner l'invasion étrangère, Napoléon délivra des brevets de colonel à ceux qui levaient à leurs frais des corps francs, créés dans toute la France mais surtout aux frontières de l'Est, armées de bric et de broc, regroupant d'anciens militaires (dont des retraités et des invalides), des déserteurs, des civils de tous âges. Leurs effectifs s'étoffèrent avec l'arrivée de douaniers et de gardes forestiers. Indisciplinés par nature, les corps francs devaient affronter la méfiance des administrations et la réticence des populations locales qui craignaient des représailles. Leurs chefs venaient d'horizons fort divers. Des opportunistes voyant là une occasion de gagner du galon, des pillards sans foi ni loi, mais aussi de fervents bonapartistes ainsi que des patriotes voulant à tout prix repousser l'envahisseur. Les actions de ces corps francs furent à l'image de leurs chefs. La seconde Restauration chassa sans pitié ceux auxquels on reprochait d'être restés fidèles à l'Empereur. Des têtes tombèrent. Certains de ces combattants s'exilèrent pour échapper aux cours prévôtales et aux assises. D'aucuns, forts de leur expérience, offrirent leurs services aux démocraties naissantes, de la Grèce à l'Amérique du Sud. La grande épopée du Premier Empire et ses héros ont éclipsé ces soldats de l'ombre, ces résistants de la dernière heure. Même si leur action est restée limitée, il convient de rendre hommage à ces combattants de valeur, tels que Damas, Frantz, Viriot, Brice, Simon, Wolff, etc., qui eurent le courage de tenter Y impossible ! Exhumer ces délaissés de l'histoire, dresser un panorama de leur recrutement et de leur combat, tel a été l'objectif des auteurs qui, durant des années, ont conduit des recherches rendues difficiles par la rareté des archives ou des récits déformés s'apparentant à des légendes. L'aventure éphémère des corps francs appartient de plein droit à la tragédie de la fin de l'Empire.

07/2011

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Littérature française

Souvenirs d'une fille du peuple, ou La Saint-Simonienne en Égypte, 1834-1836

Souvenirs d'une fille du peuple. Suzanne Voilquin Date de l'édition originale : 1866 Née à Paris d'un père républicain ouvrier chapelier et d'une mère catholique pratiquante, Suzanne Monnier (1801-1877) reçoit une éducation religieuse dont elle s'éloigne alors qu'elle découvre à travers ses lectures, en autodidacte, la philosophie des Lumières. Elle connait par la suite une vie ouvrière en tant que brodeuse et rencontre Eugène Voilquin, un maçon qu'elle épouse en 1825. Elle rejoint en 1830 le mouvement saint-simonien, une utopie libertaire collectiviste qui revendique la justice sociale pour tous à travers l'industrialisation. En quête d'émancipation et de liberté, souhaitant se battre pour l'affranchissement des femmes, elle écrit dès 1832 pour l'hebdomadaire La Femme libre : créé par Marie-Reine Guindorf et Désirée Véret, ex-saint-simoniennes portées par un féminisme prolétaire, c'est le premier journal féministe français, entièrement écrit par des femmes. Suzanne Voilquin fi nit par en prendre la direction et le re baptise La Tribune des femmes : elle donne voix à de nombreuses journalistes qui dénoncent l'emprise du patriarcat tout comme la soumission et l'exclusion des femmes, tant dans la vie politique qu'intellectuelle du pays. En 1834, elle met fin à ce journal après avoir publié un texte qui se fait remarquer par son courage et son engagement, Ma loi d'avenir, écrit par une autre figure incontournable du féminisme, la passionnée Claire Démar. Désirant porter la parole saint-simonienne au-delà des frontières, elle se rend en Egypte en 1834. Dans Souvenirs d'une fille du peuple, Suzanne Voilquin s'adresse ainsi à sa fi lle adoptive et à sa nièce : elle y compile ses mémoires et le récit de son voyage en Egypte, livrant ses observations sur la condition des femmes orientales. Ces textes sont autant le témoignage d'une saint-simonienne que celui d'une femme engagée et humble qui voulait laisser une trace à ses descendantes : " Puisse le jugement des femmes m'être bienveillant ! car c'est pour elles, et pour toi, mon enfant, que j'ai osé prendre la plume, arrivée à la fin d'une longue carrière de travail. " Ce livre, réimprimé en fac-similé par Hachette-BnF, est identique à la publication originale de 1866 conservée à la Bibliothèque nationale de France. Pour découvrir tous les titres du catalogue, rendez-vous sur www. hachettebnf. fr.

09/2021

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Droit

Crises des réfugiés, crise de l'Union européenne ? Colloque, Nice, 9 et 10 juin 2016

Face à une pression migratoire sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, l'Union tente d'apporter une réponse européenne à un drame humain qui plonge principalement ses racines dans l'effondrement moyen-oriental. Sur fond de "polycrises", la crise des réfugiés est devenue "une priorité absolue", pour reprendre les termes du discours sur l'état de l'Union prononcé par Jean-Claude Juncker le 9 septembre 2015. De fait, les institutions européennes ont lancé toute une série d'initiatives pour renforcer la protection des personnes et procéder à la relocalisation ou à la réinstallation des réfugiés sur des bases équitables. Des fonds importants ont été débloqués pour aider les Etats se trouvant en première ligne à assumer leurs obligations. Ces efforts n'ont pas été couronnés de succès, loin s'en faut. La crise des réfugiés a mis à nu les failles du système commun d'asile, l'incomplétude de la surveillance des frontières extérieures, les faiblesses de la politique migratoire de l'UE envisagée tant dans son volet interne qu'externe, l'inadaptation à l'urgence des procédures de prise de décision et l'incapacité de l'Union de peser sur le règlement du dossier syrien. Cependant, le défi le plus redoutable auquel est confrontée l'Union est l'explosion des égoïsmes nationaux, alimentés par la montée du populisme partout en Europe. La méconnaissance par les Etats de la solidarité, à la fois principe et objectif constitutionnel de l'UE, revêt une dimension inédite dans l'histoire de la construction européenne. Elle rejaillit sur l'Union dans son ensemble, dont elle ternit l'image en tant qu'entité soumise au droit et respectueuse des droits fondamentaux. A force de pratiquer le chacun pour soi, les 28 sont condamnés à des solutions de repli, illustrées par la déclaration UE-Turquie du 18 mars 2016, qui comportent des aléas à la fois en termes de légalité, d'autonomie d'action et d'efficience, sans compter leur coût financier. L'objet du colloque est d'analyser ces différentes problématiques juridiques sous-jacentes à "la crise des réfugiés". Il s'agit non seulement de procéder à leur identification mais de mettre en relief leur interconnexion ainsi que leurs implications concernant l'Union. La réflexion collective porte également sur les nouvelles orientations qu'appellent les diverses politiques concernées et sur l'inévitable refondation de la construction européenne.

11/2017

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Histoire des idées politiques

Les origines du pangermanisme - 1800-1888

C'est bien involontairement que l'empereur Napoléon Ier participe à la naissance du nationalisme allemand. Après la disparition du Saint Empire en 1806, il crée le 12?juillet de la même année la Confédération du Rhin qui regroupe seize Etats allemands sous la "protection" de l'Empire français, puis une vingtaine l'année suivante dont la Saxe et la Bavière. Dans un premier temps, les élites intellectuelles allemandes furent sensibles aux idéaux véhiculés par les philosophes français des Lumières. Ce sentiment allait rapidement s'effacer. Napoléon et ses armées s'estimant en terrain conquis firent subir pillage et humiliation aux populations locales. L'occupation française fit naître alors un irrépressible besoin d'union qui pourrait s'illustrer par le dicton l'union fait la force. Sur un plan pratique, l'unité allemande débute en 1834 avec le Zollverein, c'est-à-dire la suppression des barrières douanières dans la Confédération. Mais c'est Otto von Bismarck, premier ministre de Prusse qui, après la victoire sur la France en 1871, proclame à Versailles la naissance de l'Empire allemand. Le Pangermanisme agissant couvre la période s'étalant de 1800 à 1945. Il fait office de ciment idéologique. Ce mouvement d'idées parfois contradictoires, accompagne la montée en puissance de l'Allemagne dont les caractéristiques sont les suivantes : dynamisme économique, fort taux de natalité, aspiration à occuper une place de tout premier plan au niveau mondial. Contrairement à la philosophie des Lumières, le Pangermanisme n'a pas de vocation universelle, bien au contraire, reposant sur l'idée de la supériorité de la race germanique, il ne s'adresse qu'aux Allemands ethniques ou assimilés. Il est aussi teinté d'un fort antisémitisme. Le Pangermanisme est la vision d'un monde parfait et harmonieux qui reste la plupart du temps hypothétique. Hitler incarne le Pangermanisme dans ce qu'il a de plus extrême. Ce dictateur est le seul homme politique allemand à avoir réalisé l'unité de la Grande Allemagne. Mais en 1945, ce rêve d'unité tourne vite au cauchemar et propulse une Allemagne en ruines plusieurs siècles en arrière quant à ses frontières. De plus, elle est à nouveau divisée. Il faudra attendre octobre?1990 pour qu'elle soit à nouveau réunifiée. Comme bien des entreprises humaines, le Pangermanisme portait en lui les germes de sa propre destruction.

07/2022

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Littérature française

Bleu nuit

#SelectionPrixPorteDoree23 – " Je marche sur un fil. Je suis le funambule sur le fil tendu au-dessus des abysses de la mémoire. Il ne faut pas que je tombe. Je suis sur le fil qui menace de rompre au moindre faux pas. " Pendant des années, l'auteur de cet intense monologue est parvenu à tenir en laisse ses souvenirs.

Tétanisé à l'idée d'affronter le monde extérieur, celui qui était devenu journaliste vit cloîtré dans son appartement, tout en parvenant à donner le change à sa rédaction. Un appel téléphonique fait basculer son existence : Alma, la seule femme qu'il ait aimée, vient de mourir. Le lendemain de son enterrement – auquel il s'avère incapable de se rendre –, il sort enfin de chez lui, décidant de vivre dans la rue après avoir jeté ses clefs dans une bouche d'égout.

Dans un périmètre bien délimité autour du cimetière du Père-Lachaise, il change d'emplacement tous les soirs, cherchant à conjurer les violentes réminiscences qui malgré tout le hantent : ce bleu profond de la mer qui l'obsède, ce soleil écrasant... Réfugié dans sa nouvelle errance, il ponctue ses semaines par des échanges fugaces, mais quotidiens, avec des femmes ou des jeunes filles, toujours les mêmes, dont le prénom rime avec celui de son Alma disparue.

A son insu, comme si ces figures le révélaient à lui-même, des images refoulées de vergers en fleurs, des odeurs d'iode, d'anis ou de jasmin le submergent... Renonçant à lutter contre l'insoutenable déferlante du passé, que ni les rituels, ni la drogue, ni l'alcool n'ont pu contenir, il baisse la garde...

Ses nuits tourmentées, sur lesquelles veille la fidèle Minuit, une chienne rencontrée sur une tombe, il va les consacrer au récit du cauchemar éveillé dans lequel il se débat depuis si longtemps, et qu'il avait pourtant essayé de fuir en venant s'installer de l'autre côté de la Méditerranée. Bouleversant portrait d'un homme en proie à ses fantômes, Bleu nuit est un livre d'une puissante humanité, celle de ces laissés-pour-compte rencontrés dans la rue, et celle d'un magnifique personnage, sombre et lumineux à la fois, luttant de toutes ses forces pour échapper au pire.

 

#PrixFrontieres23 - Roman sélectionné pour le Prix Frontières - Léonora Miano 2023 

01/2022

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Pédagogie

Et si on recommençait l'Europe par l'école ? Plaidoyer franco-allemand

Il n'est plus temps aujourd'hui d'être pour ou contre l'Europe : elle est une réalité. L'Europe n'est plus une question du pourquoi, mais du comment. Si les Français veulent rester dans la course, ils devront s'ouvrir aux autres, apprendre à entendre d'autres langages. La France défend la diversité culturelle dans le cinéma ou la chanson contre l'américanisation qui avance sous couvert de mondialisation. Mais en même temps, nous sommes acquis à l'idée que " l'anglais suffit " et boudons l'apprentissage d'autres langues européennes non universelles. Pourtant, diversité culturelle et diversité linguistique sont l'avers et l'envers d'une même médaille. La langue n'est pas un simple moyen de communication. C'est le reflet d'une vision du monde spécifique et irremplaçable. L'âme d'un peuple passe par sa langue. Un Français et un Allemand qui communiquent entre eux en basic English se comprennent-ils vraiment ? La question est simple : souhaitons-nous qu'en 2030 1e français, l'allemand ou l'italien soient encore compris hors des frontières nationales ou qu'ils aient acquis le statut du breton ou de l'occitan ? Il faut un changement de cap. Pourquoi ne pas recommencer l'Europe par l'éducation ? S'initier aux cultures d'autres pays européens par l'apprentissage précoce des langues. Créer un cours de " civilisation européenne " dans les collèges. Susciter une mobilité d'enseignants au sein de l'Europe. Ce livre développe un projet d'européanisation de l'école. Il s'adresse à tous ceux, parents, professeurs, élèves, politiques, qui s'interrogent sur l'état de notre système éducatif et sur l'avenir de l'Europe. Ce livre est à Ici croisée de deux idéaux en crise : l'Europe et l'Ecole. Le rejet de la constitution européenne par une majorité de Français le 29 mai 2005 montre que l'idée de l'Europe a vieilli. L'idéal européen de l'après-guerre n'a pas été transmis aux jeunes générations. Quant à l'idéal intégrateur et de promotion sociale de l'Ecole, il est en plein questionnement. Le projet, développé dans ce livre, d'européanisation de l'école peut à la fois donner une base concrète à l'Europe, en formant de véritables citoyens européens, et fournir an projet pédagogique mobilisateur pour moderniser l'école.

01/2006

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Droit international public

Le cyber-espionnage en droit international

Bien que les Etats s'espionnent depuis des siècles, l'émergence d'intemet a favorisé une intensification des activités de renseignement. Dans cet espace qui se joue des frontières — et où triomphent l'anonymat, une prise de risque décrue et un accès potentiel à de multiples informations — le fragile équilibre autrefois atteint par le droit international à l'égard des formes traditionnelles d'espionnage vole en éclat. En effet, l'espionnage per se n'a jamais été expressément interdit ou autorisé par le jus gentium, et les Etats se sont longtemps contentés d'une régulation indirecte de cette activité, par le prisme de différentes règles : souveraineté territoriale, droit des relations diplomatiques, lois de la guerre. Leur essence et leur raison d'être reposaient, toutefois, sur la présence de l'espion en territoire étranger ou en zone ennemie, et la possibilité de l'appréhender. "Servir et périr" : bien souvent, c'est au risque de sa vie qu'un agent défendait les intérêts de son pays. En cas de capture d'un espion, ce dernier se devait d'assumer le poids de sa condamnation ou de sa déclaration persona non gram ; l'Etat d'envoi, d'en essuyer l'infamie. Or, le cyber-espionnage bouleverse ce cadre, puisque l'agent peut désormais remplir sa mission à partir de sa propre juridiction. A l'exception du cyber-espionnage mené contre les documents diplomatiques, il s'avère désormais que cette activité échappe en grande partie au droit. En reposant sur un corpus inédit de pratique étatique — élément, essentiel à l'interprétation de régies existantes et à l'identification de règles coutumières nouvelles — cet ouvrage démontre que le cyber-espionnage est sujet à un évitement normatif. Cette activité n'est pas interdite — car les Etats ne commettent aucun acte internationalement illicite lorsqu'ils s'y livrent—mais n'est pas pour autant "permise", "autorisé" ou constitutive d'un "droit", puisqu'ils sont libres également d'adopter des mesures pour prévenir et contrer les activités de cyber-espionnage menées par d'autres Etats. Or, cet état de la régulation n'a rien de fortuit : les Etats souhaitent en effet profiter de cette absence d'interdiction, sans pour autant que d'autres aient un droit à mener de telles activités, susceptibles de léser leurs propres intérêts.

08/2021

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Aquitaine

Abécédaire amoureux de Sarlat

Sarlat est une petite cité dont la réputation et le prestige ont, depuis longtemps, dépassé les frontières même de l'hexagone. La capitale du Périgord noir cumule tellement d'atouts : une densité patrimoniale exceptionnelle, une gastronomie unique, un marché vivant, une nature environnante épargnée.Sarlat, c'est ma ville.Parcourue en tous sens depuis l'enfance, j'ai longtemps habité son secteur sauvegardé et j'y travaille depuis près de trois décennies. Après en avoir même été l'élu, la cité périgourdine constitue l'épicentre de mes paysages intimes, le coeur de mon petit bout de planète qui comprend aussi une portion de la rivière Dordogne, quelques pechs boisés et une poignée de villages de la vallée. Espace minuscule qui fonde pourtant en partie l'identité d'un homme. Cet enracinement assumé permet de s'ouvrir tranquillement sur autrui et sur le monde car "L'universel, c'est le local moins les murs" comme l'écrivit joliment Miguel Torga. Certes il y a les belles pierres blondes, incandescentes au soleil couchant. Mais à mes yeux, Sarlat est avant tout précieuse par les générations successives de femmes et d'hommes qui forgèrent ici une manière de vivre singulière, authentique, réconfortante.Le poids de l'histoire millénaire incite à une certaine modération en même temps qu'à un profond désir de justice et de liberté. Belle leçon immortalisée par La Boétie dont le propos audacieux irrigue encore la pensée de tous ceux qui ne veulent pas se rendre. La beauté, partout sous nos yeux, nous rend particulièrement sensible à sa préservation sourcilleuse. Cette même beauté qui fonde notre attractivité touristique, donc notre richesse et beaucoup de nos emplois. Profondeur historique et goût des belles choses ne seraient rien sans le dernier élément du triptyque–la gourmandise–qui nous ramène aimablement à nos racines paysannes, à nos corps et à nos fraternités. Car la cuisine d'ici doit être partagée.En suivant l'ordre imposé par l'alphabet, ce livre se présente sous la forme d'une libre déambulation entre autobiographie, anecdotes historiques, portraits et perceptions sensibles. Un drôle de mélange entre passé, présent et...futur désirable. Un amour vache, parfois, mais une célébration sincère. Grâce aussi aux photographies de mon ami Andrea Polato et à la belle préface d'Anne-Marie Cocula-Vaillières, la grande historienne du Périgord, nous espérons faire vibrer votre "coeur intelligent" pour notre petit joyau calcaire

06/2021

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Littérature française

Les gens de Bilbao naissent où ils veulent. premier roman

#SelectionPrixPorteDoree23 – L'histoire commence en Espagne, par deux naissances et deux abandons. En juin 1943, une prostituée obèse de Bilbao donne vie à un garçon qu'elle confie aux jésuites. Un peu plus tard, en Galice, une femme accouche d'une fille et la laisse aux soeurs d'un couvent. Elle revient la chercher dix ans après. L'enfant est belle comme le diable, jamais elle ne l'aimera.

Le garçon, c'est Julian. La fille, Victoria. Ce sont le père et la mère de Maria, notre narratrice. Dans la première partie du roman, celle-ci déroule en parallèle l'enfance de ses parents et la sienne. Dans un montage serré champ contre champ, elle fait défiler les scènes et les années : Victoria et ses dix frères et soeurs, l'équipe de foot du malheur ; Julian fuyant l'orphelinat pour s'embarquer en mer.

Puis leur rencontre, leur amour et leur départ vers la France. La galicienne y sera femme de ménage, le fils de pute, gardien du théâtre de la Michodière. Maria grandit là, parmi les acteurs, les décors, les armes à feu de son père, basque et révolutionnaire, buveur souvent violent, les silences de sa mère et les moqueries de ses amies. Mais la fille d'immigrés coude son destin.

Elle devient réalisatrice, tombe amoureuse, fonde un foyer, s'extirpe de ses origines. Jusqu'à ce que le sort l'y ramène brutalement. A vingt-sept ans, une tarologue prétend qu'elle ne serait pas la fille de ses parents. Pour trouver la vérité, il lui faudra retourner à Bilbao, la ville où elle est née. C'est la seconde partie du livre, où se révèle le versant secret de la vie des protagonistes au fil de l'enquête de la narratrice.

Stupéfiant de talent, d'énergie et de force, Les gens de Bilbao naissent où ils veulent nous happe dès le premier mot. Avec sa plume enlevée, toujours tendue, pleine d'images et d'esprit, Maria Larrea reconstitue le puzzle de sa mémoire familiale et nous emporte dans le récit de sa vie, plus romanesque que la fiction.

Une histoire d'orphelins, de mensonges et de filiation trompeuse. De corrida, d'amour et de quête de soi. Et la naissance d'une écrivaine.

 

#PrixFrontieres23 - Roman sélectionné pour le Prix Frontières - Léonora Miano 2023 

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Syrie

Comprendre l'imbroglio syrien. Histoire, Conflits, Géopolitique

C'est parce que l'histoire de la Syrie se confond avec l'histoire de l'écriture humaine que ce livre part du plus loin de l'histoire antique. Le temps syrien s'avère une épopée de la lenteur. Son chemin vers la souveraineté et la démocratie est sinueux et son résultat jamais acquis. La construction de cette nation se fait autour d'un socle culturel commun : une communion d'ethnies, de langues et de religions ayant appris à vivre ensemble sous le joug des différentes occupations. Son territoire fut par les siècles défini, mais malgré des décennies d'indépendance ses frontières demeurent contestées, floutées par des contingences politiques opposées. Intérieures comme extérieures. L'histoire plus récente fait se dégager des responsabilités plus claires quant aux problématiques subsistant à l'époque actuelle. L'indépendance survient après une lutte entre les puissances étrangères sur son sol - mandat français entre les deux guerres mondiales et concurrence avec les puissances anglaises et allemandes - comme si les Syriens étaient condamnés à subir l'ingérence à jamais. Différents acteurs politiques entrent en lutte pour le pouvoir lorsque Français et Anglais partent enfin en 1946, mais ce n'est que pour mieux revenir par la petite porte de la lutte d'influence ost-coloniale. Le pouvoir se dispute entre eux et de nouveaux acteurs : la gauche panarabe et nassérienne, les généraux sunnites et les laïques, les Frères musulmans enfin, s'imposant peu à peu comme les opposants principaux à un pouvoir qui se rapproche de plus en plus de Moscou. La prise du pouvoir par le parti Baath à partir de 1963 stabilise le pays, mais les oppositions se cristallisent. La guerre du Liban ensuite se révèle comme le déclenchement des rivalités politiques en jeu. C'est le moment assumé d'entrée dans le jeu des Etats-Unis, mais c'est pourtant Damas qui remporte cette guerre interminable, aboutissant à quinze ans d'occupation de ce pays revendiqué comme partie intégrante de la Grande Syrie. A la passation du pouvoir au dauphin Bachar alors qu'elle a perdu son allié soviétique, Damas se redécouvre un temps une amie avec la France de Chirac. Mais de nouveaux ennemis se profilent : al-Qaïda d'un côté et Washington de l'autre. Plus que jamais courtisée ou menacée par les puissances étrangères ou religieuses, les problématiques auxquelles la Syrie doit faire face en 2011sont indissociables de cette situation géopolitique complexe.

03/2023

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Histoire internationale

L'identité joola en question. La bataille idéologique du MFDC pour l'indépendance

Depuis les grandes monographies de Louis-Vincent Thomas en anthropologie et de Paul Pélissier en géographie humaine parues dans les années 1960, les sociétés joola ont fait l'objet de multiples travaux : historiens, ethnologues, sociologues, géographes, linguistes, juristes se sont succédé sur le terrain pour en explorer tour à tour telle ou telle facette, telle ou telle micro-région. Dès les années 1970, une première génération d'intellectuels natifs de la région réfléchissait sur les institutions, les traditions orales et les rituels villageois. Le conflit casamançais qui a éclaté en 1982, en focalisant l'attention de nombreux chercheurs sur les ressorts de la rébellion et la représentation des différentes populations au sein du MFDC, a semblé renvoyer à d'autres lunes l'intérêt et l'opportunité de poursuivre des recherches ethnographiques. Par la voix des idéologues du mouvement indépendantiste se répandait une nouvelle vulgate, construite sur des héros historiques, un royaume et une onomastique. Depuis 2002, date à laquelle Paul Diédhiou a soutenu sa thèse, d'autres travaux ont enfin exploré la question de la construction historique et politique d'une " identité joola ". Du lutteur, dont l'intellectuel natif du village est devenu la figure alternative comme porte-flambeau du village, Paul Diédhiou a toute la pugnacité. Ainsi s'attaque-t-il de front aux discours identitaires postulant une sorte d'identité essentielle et d'unité commune à tous les Joola, en les soumettant à une double critique : il rapporte ces arguments aux trajectoires sociales de leurs auteurs, villageois diplômés et émigrés en ville, d'une part, et, de l'autre, à la manière dont les habitants définissent eux-mêmes la nature et les limites de leurs appartenances. L'originalité et la véritable pertinence de son travail sont précisément de mettre en regard les conditions historiques de l'émergence de cette entité " joola " avec les modes locaux d'identification et de différenciation. C'est en partant des catégories endogènes, à commencer par l'interdit de crime sanglant entre co-villageois, et des modalités instituées d'inter-relations entre unités villageoises (coopération rituelle vs guerre) qu'il redessine les frontières, toujours mouvantes, entre identité et altérité. Loin de jouer au héraut villageois ou de faire valoir sa position de chercheur " issu du milieu ", il analyse avec une grande lucidité les fractures et les oppositions, ravivées par la guerre, entre habitants de la région.

01/2011

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Philosophie du droit

Mélanges en l'honneur du professeur Bertrand Mathieu. Pouvoir et contre-pouvoirs

Les Mélanges Pouvoir et contre-pouvoirs sont réalisés en l'honneur de Bertrand Mathieu, professeur à l'Ecole de droit de la Sorbonne - Université Paris 1. Agrégé de droit public en 1988 après une thèse consacrée aux validations législatives, le professeur Mathieu a enseigné à l'Institut d'études politiques de Lyon puis à l'Université de Bourgogne avant de rejoindre l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et d'y développer l'essentiel de sa carrière. Celle-ci se caractérise tant par la diversité des fonctions qu'il a exercées que par la richesse et la variété des thèmes de recherche qu'il a explorés, ceux-ci et celles-là s'alimentant mutuellement. Profondément universitaire, Bertrand Mathieu a toujours eu le souci de la transmission, d'une part en formant ses étudiants et en accompagnant ses doctorants, d'autre part en valorisant ses compétences au service de la société - il a ainsi présidé l'Association française de droit constitutionnel, il a siégé dans deux comités de réflexion sur la révision des institutions (la Commission Avril et le Comité Balladur), il a été membre du Conseil supérieur de la magistrature puis conseiller d'Etat en service extraordinaire, il est encore aujourd'hui membre de la Commission de Venise du Conseil de l'Europe. Ses thèmes de recherche, au coeur des confluences du droit constitutionnel et du droit administratif mais aussi du droit public et du droit privé, ont porté sur des sujets classiques (l'Etat, la démocratie, le pouvoir, les contre-pouvoirs, la liberté) qu'il a renouvelés par une approche personnelle et souvent avant-gardiste, inscrite dans les enjeux des évolutions contemporaines. Mais le professeur Mathieu est aussi reconnu pour avoir investi des questions nouvelles d'une grande profondeur, comme celles relatives à la bioéthique, qu'il a enrichies de son analyse de juriste rigoureux et de son regard d'humaniste. Le professeur Mathieu est ainsi un penseur émancipé des frontières du droit comme des classifications académiques, un universitaire engagé auprès de ses étudiants, de ses collègues et des différentes institutions qu'il a servies, un juriste libre et précurseur. La diversité des contributions au sein des Mélanges qui lui sont offerts témoigne de son rayonnement et du caractère stimulant de ses réflexions, que ses pairs, élèves et amis ont entrepris de prolonger pour lui rendre hommage.

12/2023

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Littérature française

Suite inoubliable

« En lui, la musique parlait français depuis qu'il l'avait vécue en France. En se livrant à la conversation avec Hortense, il avait la sensation d'interpréter un duo avec elle, sensation qu'il ne connaissait pas lorsqu'il s'exprimait dans sa langue maternelle, le japonais. »

Pamina, une luthière talentueuse, est la digne descendante d'Hortense Schmidt, qui avait exercé le même artisanat au Japon durant la période sombre de la Seconde Guerre mondiale. Intégrée dans l'atelier d'un luthier renommé à Paris, Pamina se retrouve en charge de la restauration d'un violoncelle d'une grande valeur, un Goffriller. Alors qu'elle démonte l'instrument pour le remettre en état, elle tombe sur une lettre cachée dans une partie du violoncelle. Ce message l'entraîne dans une quête qui la relie à des vies marquées par les conflits armés.

La lettre, écrite dans un double but de résistance contre l'ennemi et de préservation d'une histoire d'amour, a traversé le temps et les frontières. Elle sert de fil conducteur pour explorer les récits entrelacés des personnages créés par Akira Mizubayashi, tous unis par leur amour pour la musique. Chacune de ces histoires met en lumière les atrocités de la guerre, tout en soulignant le rôle salvateur de la musique comme antidote à la brutalité humaine.

Ce n'est pas seulement un instrument ou une mélodie qui relie ces personnages à travers les générations, mais également une langue commune et une passion partagée. La musique devient ainsi un moyen de communication qui transcende la mort, les époques et les conflits, unissant les individus dans une même quête de beauté et de sens.

Ce roman ne se contente pas de raconter une histoire captivante ; il sert également de méditation sur le pouvoir de la musique et de l'art en général pour apporter du réconfort dans des temps troublés. Il explore comment une simple lettre, cachée dans un violoncelle, peut déclencher une série d'événements qui changent des vies et traversent les décennies, tout en mettant en lumière la manière dont la musique peut servir de refuge contre les horreurs de la guerre et de lien entre différentes générations. En somme, il démontre que l'art et la musique sont bien plus que de simples formes d'expression ; ils sont des vecteurs de mémoire, d'histoire et d'humanité.

08/2023