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Kapka Kassabova

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Critique

La poétique de l’horreur dans l’œuvre romanesque de Jean-Pierre Martinet. 1970-1980

A la différence de la peur des récits fantastiques, qui est liée à des phénomènes surnaturels et à l'idée de l'étrange, la peur "martinetienne" peut être rattachée à un malaise existentiel, et à une question de conscience de la fragilité des systèmes régissant la vie de l'homme moderne. On peut ainsi rapprocher l'oeuvre de Martinet de celle de Kafka, en rupture avec le monde fantastique. Humains, les personnages souffrent pourtant d'un manque d'altruisme engendré par leur environnement existentiel qui suscite l'impression horrifique. Cette angoisse est permanente chez tous les protagonistes. Il ne s'agit pas d'une mélancolie passagère, mais bien d'un profond désespoir exprimé à travers l'humour noir. Ainsi, la narration, espace de tension extrême, devient une marge fictionnelle, où se jouent, burlesquement, des destins tragiques. Et la tension narrative, jamais relâchée, explique les tendances meurtrières chez le sujet, de même que son désir de mort, ou de suicide. L'écriture fébrile de Martinet n'atteint jamais son acmé et perdure, hantant durablement le lecteur. Enfin, l'alternance entre plusieurs voix, par le biais d'un "je" à tendance schizophrène, apporte une dimension intrigante aux récits de l'auteur. Et le rêve de J. -P. Martinet d'écrire un bon polar ou un scénario pour le cinéma apparaît, en filigrane, à travers ses textes, avec des perspectives du genre policier parodié.

04/2024

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Tchéquie, Slovaquie, Prague

Prague et ses environs. Edition 2024-2025. Avec 1 Plan détachable

Nouvelle mise à jour du Routard, le guide de voyage n°1 en France ! André Breton disait de Prague qu'elle était " la capitale magique de l'Europe " . Découvrez cette ville éminemment romantique, imprégnez-vous de son incomparable patrimoine architectural et artistique en déambulant dans son centre-ville, classé à l'Unesco. Dans Le Routard Prague, mis à jour par nos spécialistes, vous trouverez : - une première partie en couleurs pour découvrir la ville à l'aide de photos et de cartes illustrant les coups de coeur de nos auteurs ; - des itinéraires thématiques et géographiques, avec toutes les infos et astuces dont vous avez besoin pour réussir et profiter pleinement de votre séjour ; - des activités (assister à un concert de musique classique, faire la tournée des clubs, marcher sur les pas de Kafka...) des visites (la Maison municipale, le pont Charles, la colline du château royal...), à partager en famille, entre amis ou en solo ; - plus de 10 cartes et un plan détachable de la ville avec toutes les bonnes adresses du Routard positionnées ; - et, bien sûr, le meilleur de la destination et des pas de côté pour découvrir Prague hors des sentiers battus... Merci à tous les Routards qui sont solidaires de nos convictions depuis 50 ans : liberté et indépendance d'esprit ; découverte et partage ; sincérité, tolérance et respect des autres.

02/2024

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Littérature française

Tu n'écriras point

" Mademoiselle Albertine est partie ! " Juin 1986 : dix ans après le départ de son " Albertine ", le narrateur de ce livre revient sur les lieux de la disparition. Il retrouve son Midi, son village des Corbières, et sa maison familiale, comme si rien - ou presque - n'avait changé... lorsque s'annonce le retour de la Fugitive. Doit-il l'attendre ? Doit-il, à son tour, la fuir ? Il consulte les vieux livres de chevet (Proust bien sûr, qui semble l'inviter à retrouver le temps, mais aussi la comtesse de Ségur), ces livres que sans doute il n'a pas su lire, puisqu'il découvre (un peu tard...) qu'ils auraient pu lui servir de conseillers, de guides, voire d'oracles ; et il interroge des images : sept cartes postales oubliées, représentant le village d'autrefois, qu'il recompose comme les morceaux d'un impossible puzzle, dans l'espoir qu'elles lui racontent à nouveau une histoire qu'il n'a toujours pas comprise. Ce voyage dans le temps le replonge au milieu des années soixante-dix : l'époque où Bayreuth célébrait son centenaire, et où les metteurs en scène revisitaient - magnifiquement, et sarcastiquement - les œuvres du passé. L'époque où régnaient le " second degré ", l'esprit critique, l'ironie - celle d'une génération stérilisée à la fois par sa culture et son ironie. Au radical défi de Kafka, " Dieu ne veut pas que j'écrive, mais je sais que je dois écrire ", comment répondre aujourd'hui ?

08/2003

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Littérature étrangère

Le temple étrusque

Les conseillers municipaux d'une petite ville d'Italie dénuée de toute attraction touristique décident d'y faire élever un petit temple étrusque. Personne cependant ne sait à quoi peut ressembler un temple étrusque, et l'indispensable main-d'oeuvre étrusque fait manifestement défaut. Pressés de suivre les habitants de la ville que la canicule chasse, qui vers la mer et qui vers la montagne, les conseillers désigneront comme maître d'oeuvre un jeune postier venu réparer le téléphone, Atanassim, qui les convainc sans peine qu'Oscar, Astor et Ménius, trois nègres campant dans les bois proches, pourraient faire de très présentables Étrusques. Les travaux commencent dans la ville désertée. Atanassim multiplie sur le papier tous les dessins imaginables du futur monument, le trou s'approfondit, devient cratère, et, d'écroulement en écroulement, la ville est bientôt entièrement détruite... Composé de dix-huit rapides chapitres au centre desquels prend place une majestueuse paraphrase de l'Épopée de Gilgamesh, ce roman de Wilcock n'est rien de moins, sous la forme d'une sotie froidement délirante, qu'une tentative de mythologie de certains traits du monde actuel. On a souvent nommé Swift, Kafka ou Borges à propos de l'auteur. La démesure humoristique de ce dernier livre en même temps que la précision extrême d'un style narratif où le moindre détail surprend par son insolite justesse font également penser, cette fois, à Jarry aussi bien qu'à Raymond Roussel.

04/1985

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Littérature française

Il n'y a pas d'Indochine

Paru en 1995 aux Belles Lettres, Il n'y a pas d'Indochine est composé de 25 histoires dont chacune se passe dans un lieu particulier. New York, Le Caire, Athènes, Londres, Lille, Strasbourg... Sous la conduite du narrateur, nous faisons ce que l'on pourrait appeler des visites d'idées. La postérité, le génie, l'idéalisme, les prétendus grands hommes, l'apparition du marbre blanc dans la sculpture grecque, les chansons de variété, les aquariums, tout cela surgit à Tunis, dans les jardins de la Fontaine à Nîmes ou en buvant un café à Vienne. Il n'y a pas d'Indochine est le livre d'un Charles Dantzig méconnu, celui d'avant son Dictionnaire égoïste, d'avant son Encyclopédie capricieuse. Pourtant, c'est déjà lui : les compagnons de voyages sont les créateurs, écrivains (Proust, Kafka, Pasolini, Wilde), cinéastes ou peintres (Coppola, Klimt, Van Gogh). On trouvera ses premières listes (comme la liste de la parade en l'honneur de Nelson Mandela à New York), ses fictions mêlées à l'essai (comme dans le chapitre où le narrateur se transforme en Arc de Triomphe et décrit Paris arrondissement par arrondissement), son style alerte, ses aphorismes et sa désormais célèbre irrévérence. Il n'y a pas d'Indochine, cela veut dire : il n'y a pas d'exotisme. Comme l'écrit Charles Dantzig : "Arrivé en Chine, on cherche encore l'Asie. On a trouvé des hommes".

10/2013

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Littérature étrangère

Moscou-sur-vodka

Soliloque d'un pochard lyrique dans le train de banlieue qui l'emmène pour le week-end chez sa bien-aimée, récit canularesque d'une soûlerie colossale - si colossale que le voyageur se retrouve finalement à son point de départ... -, ce roman paraît tout à fait singulier dans une littérature soviétique qui s'est toujours voulue littérature sérieuse, traitant de problèmes sérieux. Ici, rien n'échappe à la dérision. Ni les gloires consacrées, ni les dogmes de l'histoire officielle, ni les clichés du marxisme-léninisme. Non plus que d'autres idées reçues, comme les valeurs religieuses, la sollicitude envers le moujik ou la sanctification de la Russie. L'irrespect étant le propre de l'ivrogne, celui-ci s'abandonne à la joie sacrilège de secouer tous les cocotiers. Pourtant, en appelant "poème tragique" cette gigantesque farce qui, en effet, finit mal, Vénédict Erofeiev nous invite à ne pas en négliger la substantifique moelle. Le rire où nous entraîne ce crescendo de fantasmes se révèle, au bout du compte, dérision lui aussi. Car il n'exprime rien d'autre que le désespoir absolu auquel un univers clos réduit quiconque tente de s'en évader. Alliant la démesure de Rabelais, l'acuité de Gogol, la cruauté pathétique de Kafka, Moscou-sur-Vodka est l'oeuvre clandestine d'un auteur resté mystérieux jusqu'à sa mort en 1990. Sa parution aux Editions Albin Michel en 1976 fut un véritable événement.

01/1976

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Essais

La topologie psychanalytique en question

On trouvera dans les dix textes du présent volume, leur pré-face, préliminaires, et le texte de Bentham qui leur est une sorte de postface, l'exposition de tout un jeu de retournements de surfaces sur elles-mêmes, de coupes et de coupures, de variations, de passages à l'infini, mais aussi de suturations, de coutures, dont la psychanalyse s'est servie ces sept ou huit dernières décennies dans sa pratique et ses explications. Elle n'en est pas encore le classement si jamais il sera possible un jour ; mais si cette présentation est encore très loin d'en systématiser les formes, elle est aussi désormais très loin de se contenter de la métaphore de l'enfilade des pièces - salon / antichambre / chambre - dont Freud avait usé dans son Introduction à la psychanalyse pour figurer l'inconscient dans son rapport avec la conscience et le préconscient. Les "techniques" que nous venons de citer se sont considérablement enrichies, en un demi-siècle, en s'inspirant délibéré-ment du travail que les mathématiciens ont effectué, sous le nom de topologie, en analysis situs, en algèbre et en probabilité. Ce qui ne signifie nullement, comme on le verra avec Kafka, Mi-chaux, Quignard, mais aussi dans Grothendieck, un abandon de la littérature, dont les scènes qui, pour exprimer le rapport au corps, l'anorexie, l'obsession, sont aussi, à leur façon, des coupes, des coupures et retournements, ne sont pas sans devoir à la pensée rigoureuse des mathématiciens.

03/2023

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Critique littéraire

Le suicide de l'Allemagne. Sur le Moïse de Thomas Mann

En 1943, exilé aux Etats-Unis, Thomas Mann publie une longue nouvelle, La Loi, qui ouvre un recueil collectif intitulé Les Dix Commandements. Décrivant cette oeuvre méconnue et la replaçant dans son contexte, Jean-Michel Rey mène alors une enquête passionnante sur le statut de la culture juive dans une Europe hantée par les fantasmes d'un retour aux Grecs. Ce qui est décrit et analysé, c'est le suicide de l'Allemagne : la manière dont cette nation s'est privée d'une part essentielle d'elle-même, à savoir l'"esprit juif". Thomas Mann rejoint ici certains propos de Heinrich Heine, de Franz Kafka et les développements poétiques de Nelly Sachs dans les mêmes années. Il est proche également des préoccupations de Freud, en 1939, dans L'Homme Moïse et la religion monothéiste - avec qui il entre dans une rivalité amicale et admirative. Thomas Mann retourne le vocabulaire accaparé par les nazis - le "peuple", la "pureté", le "salut". Il démontre que c'est la langue même qui, avec le nazisme, a été dénaturée. Déployant des analyses d'une grande finesse sur la catastrophe en cours depuis 1933, il nous permet de comprendre que ce qui s'est joué dans la dernière guerre ne saurait être oublié. Occasion de se demander pour quelles raisons un pays fut amené à se détruire, à se priver d'une partie de ce qui le constituait, avec une rapidité si surprenante.

01/2018

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Littérature Allemande

La catacombe de Molussie

Les lecteurs de Günther Anders connaissent déjà la Molussie, pays imaginaire auquel il fait souvent référence dans ses ouvrages philosophiques. Il s'agit d'un pays totalitaire où, dans les sous-sols de la prison d'Etat, des détenus se transmettent de génération en génération un savoir exposé sous forme d'histoires -? jusqu'au jour où il pourra remonter à la surface et éclairer celles et ceux qui seront enfin prêts à l'entendre. Seul grand écrit romanesque d'Anders, achevé en 1938, La Catacombe de Molussie est un mélange de littérature et de philosophie unique en son genre. Elaborées hors du temps, dans l'obscurité d'une cellule sans fenêtre, les histoires qui composent cette dystopie doivent autant à Brecht qu'à Swift, tout en rappelant Kafka et en annonçant Orwell. A travers la description de la Molussie, l'auteur révèle les dispositifs d'aliénation, de mise au pas et de propagande à l'oeuvre dans la société industrielle et coloniale de son époque. Il y pose les bases de sa critique de la société de consommation, dont il ne cessera de dénoncer le totalitarisme à partir des années 1950. Traduit pour la première fois en français, ce texte d'une admirable lucidité apporte un nouvel éclairage pour comprendre non seulement les dérives et travers de notre monde, mais aussi l'oeuvre d'un des penseurs majeurs de la technique et de la culture de masse.

10/2021

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Pensée positive

Grandeur de l'attente

Dans ce monde ultrarapide, qui honnit le silence et l'absence, l'éloge de l'attente... qu'on n'attendait plus ! Un ouvrage éclairé, étayé par de magnifiques références littéraires, d'Homère à Buzatti. Une suspension vitale par l'une des grandes auteures spirituelles d'aujourd'hui. " Heureux ceux qui connaissent encore la joie d'attendre - une lettre, une rencontre, une éclaircie, voire la vie éternelle. " Qu'y a-t-il de commun entre le peuple hébreu marchant dans le désert pendant quarante ans, la reine Pénélope dont l'époux, Ulysse, est absent depuis si longtemps, la Belle au bois dormant, l'arpenteur de Kafka, la sentinelle de Buzzati ? ou encore l'amour lointain chanté par les troubadours et le long désir qui brûle les mystiques ? Ici et là se manifeste une manière d'attendre - dans la paix, la détermination ou le doute, dans la confiance et la ferveur, avec parfois une joie intense. Immense et mystérieuse, l'attente tisse toute une existence et elle élève l'être humain jusqu'à l'infini. Un livre empli d'espérance. Ecrivain, Jacqueline Kelen a publié de nombreux livres qui étudient les grands mythes de l'Occident, les figures de la mystique et les richesses de la vie intérieure. Aux Editions du Cerf ont paru Le diable préfère les saints, Les compagnons de sainteté, et Histoire de celui qui dépensa tout et ne perdit rien (prix de la liberté intérieure 2020).

10/2021

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Littérature étrangère

Histoire de la littérature tchèque

La seule Histoire de la littérature tchèque écrite en français, celle de Hanus Jelinek, date des années 1930 et n'est accessible que dans de rares bibliothèques. Pourtant la littérature a toujours joué en Bohême un rôle extrêmement important, non seulement comme miroir du pays et de ses aspirations, ou comme l'expression d'une quête esthétique, mais également comme un catalyseur de ses forces intellectuelles. Ce n'est pas un hasard si, après la " Révolution de velours ", le président de la Tchécoslovaquie - puis de la République tchèque - est l'écrivain et dramaturge Vaclav Havel. Le fait qu'on associe les noms de Jaroslav Hasek et de Franz Kafka à celui de Milan Kundera, par exemple, témoigne d'un des aspects fondamentaux de la culture en Bohême : la frontière entre ce qui est tchèque et ce qui est étranger est floue. Le pays est le lieu de rencontres de diverses ethnies, idéologies, conceptions philosophiques, esthétiques et éthiques. Il en résulte de nombreux conflits qui dépassent parfois les frontières de la Bohême, mais également une richesse de l'imagination et de la pensée dont on trouve des échos dans toute l'activité intellectuelle et artistique. En essayant de saisir ces divers méandres intellectuels et esthétiques, cette Histoire de la littérature tchèque fournit non seulement des informations bio-bibliographiques, mais aussi des matériaux pour une réflexion sur la culture d'un pays qui a vécu des événements révélateurs du développement sinueux et conflictuel de la pensée humaine.

12/2001

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Théâtre

Vie d'artiste

Les auteurs qu'il monte, d'Euripide à Cixous, sont les classiques d'hier (Racine, Tchekhov, Claudel) ou d'aujourd'hui (Duras, Brisville, Dubillard). On lui doit la mise en scène d'une quinzaine d'opéras aussi différents que Le Grand Macabre de Ligeti, Le Ring de Wagner ou La Flûte enchantée de Mozart. Il a dirigé, outre sa compagnie, deux grands théâtres nationaux et, depuis 2007, le Conservatoire national supérieur d'art dramatique. Au théâtre, au cinéma ou à la télévision, il a été Napoléon, Berlioz, Léon Blum, Descartes et même Billy the Kid... Acteur viscéral, metteur en scène effervescent, auteur et récitant, Daniel Mesguich est tout cela. Au fil de ces entretiens, il évoque son enfance dans l'Alger de Camus, les années sans le sou à Marseille, la découverte simultanée de Sartre, Dylan, Ferré, Marx et Gérard Philipe, l'arrivée à Paris et l'amitié d'Antoine Vitez, ses premières mises en scène de Kafka et Marivaux, les années de triomphe et de scandale d'Avignon à Pékin. Mais aussi son travail avec François Truffaut, Romy Schneider ou Bernard Rapp et la rencontre sans cesse répétée, sur la route d'Elseneur, d'un certain Hamlet, prince de Danemark... Plus qu'un iconoclaste, animé par la passion de "faire penser le texte", Daniel Mesguich se révèle un amoureux du verbe, des acteurs et de leurs rêves. Un artiste, avant tout.

11/2012

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Ethnologie

Praga magica. Voyage initiatique à Prague

Livre baroque sur Prague, ville labyrinthe et carrefour de l'Europe, résidence au XVIe siècle du roi de Bohême et de Hongrie, maître de l'Autriche et empereur romain, témoignage d'un illustre passé et d'une résistance souterraine à l'oppression, cet essai d'anthropologie culturelle tient du voyage initiatique. Avec un humaniste exceptionnel, Angelo Ripellino, le lecteur ébloui entretient une brillante conversation littéraire et historique. Dans cette capitale mythique de l'Europe centrale se côtoient et s'interpénètrent trois courants de pensée : tchèque, allemand et juif hassidique, en une référence pragoise au démonisme. L'ambiguïté de cette ville musée réside dans son combat séculaire pour défendre une identité nationale complexe. Ville de théâtre et de musique, elle a reçu Mozart. L'œuvre de Kafka ne peut être dissociée de la vieille cité. La personnalité d'un des plus grands écrivains du siècle fait la trame de Praga magica. Hasek, Rilke, Apollinaire, Tichy, l'astrologie, le golem de Rabbi Löw, le docteur Faust, les soleils nocturnes, les chattes murmurant dans la nuit, le célèbre et mystérieux quartier juif : dans un savant itinéraire, le lecteur découvre les arcanes d'une histoire tourmentée que traversent les œuvres majeures de la pensée européenne. Ce livre est le premier " Terre Humaine " qui se consacre, dans la tradition du célèbre voyage de Goethe en Italie, à une des villes phares de la civilisation occidentale et qui l'étudie comme une société humaine.

02/2005

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Poésie

Elégies de Bierville. Edition bilingue français-catalan

En avril 1938, le général Franco abroge le statut de la Catalogne. Alors que les troupes franquistes s'approchent de Barcelone, Carles Riba, le 14 janvier 1939 passe la frontière avec Antonio Machado. Le 26 janvier, Barcelone tombe. Riba est accueilli par Marc Sangnier au château de Bierville. Fondateur du journal Le Sillon et pionnier en France des Auberges de Jeunesse, il y a organisé des camps de la paix rassemblant des milliers de jeunes français et allemands. L'un des chefs-d'oeuvre de la littérature catalane naît donc à Bierville. Ce n'est qu'en 1951 que les Elégies pourront paraître officiellement en Catalogne – et ce n'est qu'en 2017 qu'elles paraissent enfin en français. Né en 1893, Riba a connu les vicissitudes des pionniers du mouvement national catalan. Brillant polyglotte et helléniste, il a traduit dans sa langue aussi bien Homère, que Hölderlin, Poe ou Kafka. A la fin de sa vie, il était le plus prestigieux représentant de la culture catalane en Espagne. Dans ses douze Elégies transparaît son immense culture mais surtout le drame de l'exilé face au désastre imposé à sa terre. Elles témoignent aussi dans cette situation désespérée d'une expérience spirituelle intense, de "moments d'une joie ineffable". Ecrites alors que la barbarie déferlait sur l'Europe – en Espagne avec le concours militant de l'Eglise –, ces Elégies sont un témoignage de résistance spirituelle contre les totalitarismes et les intégrismes.

01/2017

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Littérature étrangère

L'homme à la clef d'or. Autobiographie

Voici un ouvrage spécial «deux en un» : il est de G K Chesterton et sur G K Chesterton, ce qui nous offre l'opportunité de constater quel homme remarquable fut son auteur. Chesterton a été l'un des écrivains les plus stimulants et appréciés du XXe siècle. Borges le considère comme l'un de ses principaux maîtres. D'autres plumes de talent comme Bertrand Russell, George Bernard Shaw dont il était l'ami ou encore Franz Kafka, Ernest Hemingway, Jean Paulhan et bien d'autres ont témoigné une grande admiration pour son oeuvre «de géant» : récits, nouvelles, romans, essais, articles et pièces de théâtre, sur une très grande variété de thèmes. Ce maître des aphorismes et du paradoxe, brillant et drôle, est à ce jour l'auteur le plus cité parmi les écrivains modernes. Voici donc Chesterton par lui-même dans un livre qu'il avait dans un premier temps refusé d'écrire pour se prêter finalement à l'exercice à la fin de sa vie, devant l'insistance de ses amis et admirateurs. A la mort de Chesterton, le critique Sydney Dark a écrit que la chose la plus heureuse sans doute de toute la vie extraordinairement heureuse de l'écrivain est qu'il avait achevé cette autobiographie quelques semaines avant sa mort. Cette autobiographie excitante, drôle et humble est pétillante, enivrante comme une coupe, ou plutôt plusieurs coupes de champagne littéraire versées les unes après les autres.

01/2015

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Littérature russe

Pages du journal d'un fou

Nicolas Gogol (1809-1852) a vingt-cinq ans lorsqu'il entreprend d'écrire la nouvelle Pages du Journal d'un fou (selon le titre original qu'il lui donna, ici restitué). Cette prose parut pour la première fois un an après sa rédaction, en 1835. Ecrite à la première personne, elle se présente sous la forme de pages, semble-t-il retrouvées, d'un journal intime tenu par un petit fonctionnaire pétersbourgeois de quarante-deux ans dont le nom complet – Aksenti Ivanovitch Poprichtchine – ne nous est révélé qu'à la fin. On y voit, entre drôlerie et réalité des plus tragiques, une éblouissante mise en lumière de l'évolution de la folie (et du sens qu'elle donne au réel), allant du 3 octobre d'une année non spécifiée a une date pour le moins délirante, le narrateur ayant perdu jusqu'à la notion du temps. Gogol est le premier, du moins dans la littérature russe, à avoir ainsi donné vie aux "petites gens", et ouvert la porte à la cohorte des invisibles qui peuplent les villes. Le monde, sans bonté, se refusant au sens que la folie lui donne, apparaît lui-même fou, grotesque, sinon comme chez Kafka, absurde. Dostoïevski, qui lui vouait une grande admiration, aurait dit : "Nous sommes tous sortis du Manteau de Gogol ! " Et avec Andrei Biély, qui lui consacra un ouvrage en 1934, on peut dire qu'il a élevé la prose au rang de la poésie.

04/2021

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Critique Poésie

Poésies. Une saison en enfer. Illuminations de Rimbaud illustrées par la peinture moderne

" Rimbaud ne raconte rien, il donne à voir. " C'est ce que souligne Stéphane Barsacq, éminent spécialiste du poète, dans son introduction L'un et l'autre Rimbaud. Les 121 poèmes rimbaldiens appellent l'illustration, les 184 peintures modernes présentées dans cette édition répondent à cette invitation. La langue de Rimbaud, qui s'ouvre à la modernité en destructurant le vers traditionnel, dessine la plénitude d'une vision, née de ses émotions, de son envie d'évasion, de ses sensations. Rimbaud partage ses plus grandes angoisses, ses pires tristesses et pourtant sa poésie est source de lumière et de vivacité. Son oeuvre est traversée par une quête existentielle, spirituelle et poétique qui nous incite à nous extraire de notre condition pour imaginer un monde qui serait autre. Un monde où l'on n'est pas sérieux quand on a 17 ans. Arthur Rimbaud exprime dans sa poésie ce que verront Mondrian, Dix, Kupka ou Picasso dans leurs peintures. Tous ces peintres ont recomposé le réel, non en fonction des règles, mais en fonction de ce que le réel leur dictait, dans la distorsion, l'éclatement ou la brisure qui ont accompagné une époque nouvelle. Notre ouvrage rassemble 83 peintres impressionnistes, expressionnistes, fauvistes, futuristes, surréalistes ou orphistes. Klee, Kandinsky, Klimt, Munch, Derain, Vallotton, Redon, Schiele, Franz, Soutine, pour ne citer qu'eux, traduisent la sensation pure par la couleur et la luminosité, par le mystère et le symbole, par le choc de l'abstraction.

09/2022

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Java

Java Spring. Construisez vos applications réactives avec une architecture micro-services en environnement Jakarta EE, 2e édition

Ce livre sur le développement d'applications réactives et de streaming s'adresse à toute personne (programmeur, tech lead, architecte...) amenée à travailler sur un projet basé sur Java Spring (en version 6. 0 au moment de l'écriture). Il a pour objectif de donner les connaissances nécessaires pour appréhender les problématiques liées aux nouvelles architectures réactives avec la programmation asynchrone. Pour profiter pleinement de la lecture de ce livre, il est nécessaire de bien comprendre les mécanismes de Java EE et de la programmation Java en général. Des connaissances de base sur le framework Spring sont également un plus. L'auteur commence par présenter les éléments fondamentaux pour la programmation réactive. Il présente ensuite les librairies reactor-core, la stack web réactive Spring avec WebFlux et les WebSockets et RSocket. La gestion des bases de données réactives est ensuite étudiée avant d'explorer les reactor(s) spécialisés pour Netty, RabbitMQ et Kafka. Les extensions pour Kotlin sont également détaillées. La suite du livre aborde la programmation des microservices et des applications dans le cloud ainsi que des éléments comme le DDD, l'event sourcing, l'architectures Hexagonale et le CQRS. L'auteur présente pour conclure une étude des applications générées par JHipster. Tout au long du livre, l'auteur s'appuie sur des exemples concrets d'utilisation. Les éléments nécessaires à la réalisation de ces exemples sont disponibles en téléchargement sur le site www. editions-eni. fr

02/2024

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Revues

L'atelier du roman N° 115, décembre 2023 : Léo Perutz. Sous le signe du merveilleux

Contemporain et collègue de Kafka, admiré par Musil, Greene, Hitchcock, Borges, Caillois et Calvino, le romancier tchèque Leo Perutz (1882–1957) est l'un des représentants typiques de la grande famille des romanciers centre-européens. Mobilisé à la Première Guerre mondiale, il est gravement blessé. Durant sa convalescence, il écrit son premier roman, La Troisième Balle (1915). L'histoire se déroule au Mexique au temps des conquistadors européens. Le succès fut immédiat. Et il a été répété à la sortie de tous ses autres romans (tous traduits en français). Chaque roman de Perutz est différent. Tant en ce qui concerne la composition et l'époque que le genre. Mais tous sont le fruit du même génie romanesque. Personne mieux que Perutz n'a su marier l'humour avec le scepticisme le plus profond. Issu d'une famille juive, il décide, en 1938, l'année de l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne, de s'exiler en Palestine. Il ne revient à Vienne qu'en 1953 ; une ville où aucune des valeurs qui avait nourri son art n'avait survécu au désastre. Dans le reste de la matière, à part nos chroniques venues du Québec, de l'Italie et de la France, à part aussi nos articles critiques des romans d'aujourd'hui et d'hier, nous revenons sur Mikhaïl Boulgakov, le grand romancier du Maître et Marguerite à qui L'Atelier du roman a consacré son 52e numéro en décembre 2007.

12/2023

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Pléiades

Théâtre complet

Le théâtre Ionesco est en définitive une mise en scène des figures de la rhétorique. Ses personnages vont de catachrèse en chiasme comme d'autres vont -dans un théâtre plus classique - de la passion extrême à la jalousie meurtrière. Il s'y recontait une histoire. Chez Ionesco, il n'y a pas de récit, il n'y a pas de conte qui se raconte, mais des figure figures sorties d'un Füssli. Ionesco va chercher dans ses cauchemars ces monstres qui tentent de penser l'inconcevabl l'inconcevable, monstres faits de morceaux de bêtes et de morceaux d'hommes qui, assemblés, mettent au jour une bien inquiétante étrangeté. C'est en se fondant sur la répétition qui, à se reprendre, démontre que le même est une tentative désespérée que le comique de Ionesco devient un pur tragique tragique. Le procédé est souvent subtil, qui consiste, par par glissements successifs mais imperceptibles, à passer du « comme » de la métaphore à l'être dont celle-ci n'évoquait qu'une figure possible. Certes Kafka est passé pa par là, et les bouleversements de l'histoire personnelle de Ionesco ont laissé des traces dans son imaginaire. Mais on n'a pas osé dire que ce théâtre procurait aussi une nouvelle ontologie, celle d'un homme dérisoire, pris dans les boues de la mort. Ce volume rassemble tout le théâtre de Ionesco ; il révèle de plus deux pièces inédites : La Nièce-épouse et Le Vicomte. On a voulu aussi procurer les notes des principales mises en scène qui retracent l'histoire de ces pièces.

01/1990

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Littérature française

La chambre blanche

" En dépit des efforts que nous faisions pour marcher droit, chaque pas nous soulevait du sol, nous projetant l'un contre l'autre, et les chevaux ailés du pont et les réverbères à trois branches, la coupole transparente du Grand Palais et les grands troncs des marronniers avec leur haut feuillage sombre, toutes ces formes s'élançaient dans le ciel pâle, étirées, dansantes, allègres comme notre démarche, tandis que nous croisaient des passants sans épaisseur ni consistance, simples figurants dans notre rêve éveillé. La vie. Être présent à la vie, intensément. Notre amour nous la révélait. Peut-être sa splendeur se tient-elle "prête à côté de chaque être", comme Kafka l'avait écrit dans son Journal, mais - j'avais lu ces lignes avec nostalgie - "voilée, enfouie dans les profondeurs, invisible, lointaine". Je pensais ce jour-là que l'amour est bien cette magie qui nous dévoile l'autre monde - le monde d'au-delà du monde, celui qui en permanence se tient prêt à nos côtés, mais que d'ordinaire nous ne savons pas voir. " Lorsque Camille rencontra Julien, elle pensait que rien ne la prédisposait à la passion. C'est pourtant une véritable cérémonie qui se célèbre dans la chambre blanche où les amants se retrouvent. Désirant la possession et s'en défiant tous deux, ils deviennent les acteurs d'un théâtre dont ils croyaient ne devoir être que les témoins. La narratrice, à laquelle, Camille confie son secret et son manuscrit, réfléchit sur l'absolu et le lyrisme de toute passion et l'écueil de la réalité.

01/2003

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Littérature étrangère

Et si le cheval se mettait à parler

Le grand retour de l'auteur du best-seller Ambiguïtés. " Je suis absolument terrifié à l'idée de perdre un boulot que je déteste absolument. " Comment survivre sans trahir votre éthique dans un monde fou, immoral et cruel, à la Kafka ? Stephen Maserov est " absolument terrifié à l'idée de perdre un boulot qu'il déteste absolument ". Marié à sa collègue Eleanor, il a dû se réorienter (leurs salaires de profs ne suffisant pas à honorer les crédits contractés). Avocat junior au sein du tout-puissant cabinet juridique Savage Carter Blanche, il travaille non-stop. Ce qui ne l'empêche pas d'être en danger permanent de se faire licencier. Pour ne rien arranger, Eleanor, épuisée de porter seule l'éducation de leurs deux petits garçons, l'a mis à la porte. Comment garder ce travail qu'il déteste, payer les traites de leur maison et sauver son mariage ? Acculé, Stephen va prendre une initiative aussi folle que celle du bouffon de la fable très ancienne qu'il raconte à ses enfants pour les endormir. Or, dans la vraie vie, quelles sont les chances du bouffon de l'emporter contre le roi ? Face à l'absurde, à l'arbitraire, l'humour est la meilleure des armes, l'empathie la plus efficace. Tel est le pari de cette réjouissante parabole contemporaine de David contre Goliath qui nous entraîne dans une grande comédie sociale et humaniste contre le cynisme de notre époque et ses conséquences sur nos vies. " Elliot Perlman est le Zola australien, le classique de demain. " Lire

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Critique littéraire

Résumons-nous

Pendant un demi-siècle, Alexandre Vialatte a cultivé l'art de la chronique. Ses oeuvres constituent une sorte d'encyclopédie des activités humaines vues au travers du kaléidoscope d'un observateur malicieux qui sait résumer d'une sentence, lapidaire et drôle, le fond de son propos. Nourri de textes inédits, ce recueil témoigne des différentes formes journalistiques pratiquées par Alexandre Vialatte, des années 1920 à sa mort en 1971. Il apprend son métier en collaborant à La Revue rhénane, en même temps qu'il s'initie à l'Allemagne, découvre Goethe et Kafka, et suit de près l'actualité du pays. Dans Le Petit Dauphinois, comme dans l'Almanach des quatre saisons, autre florilège de sa fantaisie, Vialatte s'en donne à coeur joie, avec la plume d'un poète, l'imagination d'un conteur, l'humour d'un savant désabusé. Les chroniques cinématographiques parues dans Bel Amour du foyer constituent un volet inattendu de son oeuvre de journaliste. Vialatte s'amuse à y distiller ses conseils et ses opinions sur des films dont il raconte l'histoire à sa manière, toujours singulière et décalée. Il a aussi tenu pendant près de dix ans une chronique dans Le Spectacle du monde, constituée de promenades littéraires plus que de véritables critiques. Là comme ailleurs, il exprime ses goûts, ses admirations avec une intelligence savoureuse, une virtuosité et une liberté de ton qui n'ont cessé d'enchanter ses innombrables lecteurs et lui valent d'occuper aujourd'hui une place prépondérante dans notre histoire littéraire.

02/2017

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Critique littéraire

Littératures

Littératures réunit l'ensemble des conférences données par Vladimir Nabokov entre 1941 et 1958 dans plusieurs universités américaines où il enseignait la littérature européenne. On y trouve, outre deux essais, " Bons lecteurs et bons écrivains " et " L'art de la littérature et du bon sens ", des réflexions et analyses originales et percutantes consacrées aux oeuvres de Jane Austen, Dickens, Flaubert, Stevenson, Proust, Kafka, Joyce, ainsi qu'à celles de ses compatriotes russes Gogol, Tourgueniev, Dostoïevski, Tolstoï, Tchekhov et Gorki. Ce volume propose enfin une longue étude, tout aussi iconoclaste, du Don Quichotte de Cervantès. Balayant la plupart des idées admises concernant ces chefs-d'oeuvre, Nabokov affirme avec superbe, humour et ironie sa propre conception de la littérature : rejet des approches historique, sociologique ou psychologique (Freud, le " charlatan viennois ", est constamment la cible de ses sarcasmes), suprématie de la structure, du style, du détail et de l'agencement des détails entre eux. " Caressez les détails, les divins détails ", tonitrue-t-il de sa chaire. Et encore : " La littérature est invention. La fiction est fiction. Appeler une histoire "histoire vraie", c'est faire injure à la fois à l'art et à la vérité. Tout grand écrivain est un grand illusionniste. " Préfacière de la présente édition, Cécile Guilbert écrit : " Ce que Nabokov dispense a priori avec largesse à ses étudiants ? Pas moins que la crème de la littérature, les moyens critiques de la reconnaître et d'en jouir. Un don au sens du "talent" comme de " l'offrande ", généreux et forcément aristocratique. "

02/2010

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Littérature française

Autoportrait en nature morte

Pourquoi l'auteur s'est-il un jour intéressé aux natures mortes, ces peintures, d'un genre longtemps qualifié de mineur, qui, de Pompéi à Picasso, rythment l'histoire de l'art ? Peut-être parce qu'elles ressemblaient à sa vie : depuis des lustres, hormis l'écriture, il avait cessé toute activité publique, et, avec une jubilation paradoxale, se comparait volontiers à une cruche, une pomme, une chaise. Mais pourquoi écrit-on, alors qu'on a tout quitté ? Pourquoi, quand on a choisi les catacombes, reste-t-on toujours sensible aux critiques éventuelles ? C'est à travers le parcours chaotique de l'histoire de la peinture et de l'histoire de sa vie, que l'auteur s'arrête sur toutes ces questions : il ne cherche pas tant à y répondre qu'à les ouvrir, à les laisser ouvertes, peut-être enrichies par une si curieuse attention. Ni récit ni essai (et tout cela à la fois), cet ouvrage pour le moins singulier, ne défend aucune thèse, n'interprète rien, c'est un cheminement solitaire qui parfois, par sa construction même, ressemble à un labyrinthe. On y croise aussi bien Mallarmé et Van Gogh, que Bernard Frank et Goya, Samuel Beckett et Zurbaran, Mme de Sévigné et Picasso, Proust et Morandi, saint Augustin et Matisse, Michel Leiris et Cézanne, Freud et Manet, Musil et Soutine, Talleyrand et Hammershoi, Kafka et la dynastie Tcheou, Borges et les dinosaures, et peut-être surtout l'auteur lui-même, ses fantômes, ses hantises, ses attentions, ses négligences et son grand amour depuis longtemps perdu.

02/2020

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Littérature française

A la piscine avec Norbert

A l'approche de la soixantaine, une femme doit faire des efforts pour atténuer les rides et bien choisir ses petites culottes, surtout quand elle n'a pas la silhouette d'Ursula Andress. Des efforts, l'héroïne de ce roman en fait encore, le soir, pour rompre sa solitude sur les sites de rencontre, livrée aux faux-semblants du virtuel. Avec Norbert (rencontré sur Meetic), elle baise, elle va à la piscine, elle parle de tout, de sexe, du salaire des patrons du CAC 40, des migrants, de #Me too, de sa future (toute petite) retraite. Elle lui parle de poésie, il répond T'as pas d'autres sujets en réserve ? Il cite la sélection de l'équipe de France, elle préfère Kafka, il la voudrait en robe, elle préfère les pantalons. A part ça, ils s'entendent bien. A la piscine avec Norbert est un texte cru, drôle et enjoué, une réponse féminine et féministe aux Houellebecq de tous bords. Née en 1960, Véronique Pittolo est poétesse et performeuse. Lauréate du prix de poésie de la SGDL en 2004, elle a notamment publié Gary Cooper ne lisait pas de livres (Al Dante, 2004), Hélène mode d'emploi (Al Dante, 2008), La Révolution dans la poche (Al Dante, 2009). Elle anime des ateliers d'écriture dans l'Education nationale, en école d'art, en maison d'arrêt, à l'hôpital. On sait pourquoi les renards sont roux (Le Temps des cerises, 2012) est le fruit d'un atelier réalisé avec des patients hospitalisés à l'Institut Gustave-Roussy.

01/2021

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Théâtre

RABELAIS

Rabelais a toujours été pour moi un objet de prédilection. Je retrouve en lui la présence de l'Ancêtre. Cela dépasse l'admiration. Est-ce atavisme paysan ? Peut-être. Je me sens biologiquement tellement français ! Or personne ne l'est plus que lui : défauts et qualités, faiblesse et génie. C'est pourquoi sans doute depuis quatre siècles l'honnête homme, «ce faible idéal, toujours si populaire dans la moyenne sagesse française» (Michelet), s'ingénie sinon à le tuer, du moins à le cacher comme un monstre un peu gênant pour la famille. Dans la pleine terre de Rabelais, il y a cette immense inspiration, cette totale liberté, cette délirante imagination, cette colossale effervescence. Ce qui me tentait surtout, c'était de servir la «théâtralité» de ce grand auteur qui composa les situations et ses dialogues pour ainsi dire à "l'état brut". Cependant pour rester fidèle à Rabelais et en donner un portrait qui ait des chances de lui ressembler, il fallait que l'entreprise fût folle. Il fallait le prendre dans sa totalité. Il fallait extraire un spectacle de ses cinq livres, de ses lettres, de ses pronostications : de son ouvre en entier. Rabelais est né soixante-dix ans avant Shakespeare. Son oeuvre, quand on l'approfondit, est savamment construite. Nous espérons que le «jeu dramatique» que nous en avons tiré fera penser à Molière, La Fontaine, Alfred Jarry, Aristophane, Kafka, à la Renaissance, au Cirque de tous les temps et ... à notre Epoque.» Jean-Louis Barrault.

11/1969

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Littérature française

Monsieur K

Monsieur K survit dans une ville méditerranéenne. Une cité trempée dans le formol. Il est jeune. Il n'est pas spécialement heureux. Il n'est pas malheureux non plus. De toute façon, il n'a pas d'ambition particulière. Il est absent à lui-même. Il observe et attend puisque la vie est déconseillée sous ces latitudes. Dans un taxi, il a une sorte de révélation. Il doit émigrer. Pour aller oùA ? Il n'en sait rien. Simplement l'appel de la vie, celle qu'on a " devant soiA ". Il va alors entreprendre un périple en quinze stations comme autant de chapitres, chacun portant le titre d'un roman ou d'une nouvelle du maître Franz Kafka. Il essaiera de construire son destin malgré les obstacles aussi multiples qu'ubuesques. Obstacles s'obstinant à le ramener à la case départ dans ce qui s'apparente au grand jeu de l'oie de la vie. Il découvrira la solidarité autant que la violence, l'amour et la vanité aussi, l'indifférence beaucoup, mais surtout un vaste champ où chacun doit fournir un effort surhumain pour se déplacer d'une seule case car il faut bien le dire, toutes les cases sont déjà occupées et personne ne vous attend jamais nulle part. Cette épopée de la migration chez les jeunes des pays du Sud est une véritable comédie humaine où le temps ne s'écoule pas comme ailleurs. Monsieur K va accomplir son parcours mais aussi le raconter. Il manie avec brio une analyse cynique pour ne pas sombrer dans la folie du désespoir.

07/2023

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Littérature française

Celle qui se métamorphose

Une femme peut en cacher une autre... Avec cette fantaisie littéraire, Boris Le Roy explore le mystère de la féminité et prône en creux la réinvention permanente de soi au sein du couple. Un beau matin, Nathan se réveille aux côtés d'une femme qui n'est plus " ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre " - en tout cas pas exactement la sienne, Anne, auprès de laquelle il s'était endormi la veille. Serait-il victime d'hallucinations ? Ou n'est-il pas naturel qu'un corps subisse quelques légères altérations au fil du temps ? Sauf que, chez Anne, altération ne veut pas dire dégradation, bien au contraire. En elle, tout est désormais plus affûté, ses traits semblent plus lisses, sa bouche plus pulpeuse, son corps plus musclé... Pourquoi s'en plaindre ? Les choses se gâtent lorsque Nathan découvre qu'Ann, en perdant la voyelle finale de son prénom, a également changé de statut : elle est maintenant sa supérieure hiérarchique. Une consultation psychiatrique s'impose pour le pauvre Nathan, d'autant que tout au long de l'histoire, Ann ne cessera de se métamorphoser (successivement en Nina, Haïna, Anna, Han, Hannah), jusqu'à se démultiplier, remettant en question toutes certitudes. Entre comédie psychanalytique, fable surréaliste et digression philosophique, ce roman, aussi inclassable que jubilatoire, convoque tour à tour les univers d'Ovide, de Kafka, de Freud et de Woody Allen, tout en mêlant la physique quantique et la transfiguration du Christ, pour le plus grand plaisir du lecteur. Rentrée littéraire Julliard 2021.

08/2021

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Histoire de France

La Shoah censurée. La sorcière de Nancy

Catherine Pederzoli-Ventura, professeur d'histoire, organisait chaque année un voyage de la mémoire de la Shoah au cours duquel les élèves du lycée étudiaient cet événement majeur de l'histoire contemporaine sur le site d'Auschwitz-Birkenau. Refusant les visites banalisées au pas de course, elle intégrait les voyages à son enseignement, situant la Shoah dans son contexte : le nazisme, la Seconde Guerre mondiale, et menant ses élèves sur les lieux de la vie juive, en Pologne et en République tchèque. Or, comme le héros du Procès de Kafka, Catherine Pederzoli-Ventura a dû, ce faisant, commettre quelque chose de grave puisqu'elle a été dénoncée de manière anonyme, harcelée et, à la suite d'une inspection menée telle une instruction judiciaire à charge, suspendue durant quatre mois. L'administration de l'Education nationale ayant usé de tous les moyens pour l'écarter de ces voyages et de l'enseignement de l'histoire. Après avoir affronté un véritable procès en sorcellerie, instruit au coeur de l'école laïque - où lui fut reproché jusqu'à l'emploi du mot «Shoah» -, Catherine Pederzoli-Ventura put enfin se défendre devant le conseil de discipline de l'académie de Nancy. C'est alors que, résultat de leur peu de solidité, toutes les accusations s'évanouirent. Aujourd'hui réintégrée dans ses fonctions, Catherine Pederzoli-Ventura récidive, avec la complicité du journaliste Simon Marty, en associant le récit de ses voyages de la mémoire de la Shoah à celui du harcèlement qu'elle a subi pour les avoir organisés.

05/2015