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Fred Dervin, Andreas Jacobsson

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Littérature française

Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive

Qui se souvient de cette folle ambition : le cinéma va changer le monde ? Démiurges au centre de l'intrigue, un trio de meilleurs amis qui vont devenir les beaux-frères ennemis : Jean-Pierre Rassam, Claude Berri, Maurice Pialat. La soeur du premier, Anne-Marie, épouse le deuxième, dont la soeur, Arlette, vit avec le troisième. Ils ne vieilliront pas ensemble. Autour d'eux, Christophe Donner fait tourner la ronde non autorisée des seventies : Raoul Lévy, Brigitte Bardot, Jean Yanne, Macha Méril, Jean-Louis Trintignant, Eric Rohmer, Sami Frey... La grande histoire crève le grand écran : Mai 68 terrorisant le festival de Cannes ; Rassam et Berri à bord de la Mercedes de Truffaut allant sauver les enfants de Milos Forman dans une Prague envahie par les chars soviétiques ; l'improbable épopée de Godard dans les camps d'entraînement palestiniens. Et puis, gueule de bois : après la grande bouffe des utopies, tous y en ont vouloir des sous ! Cinéastes grandioses, producteurs têtes brûlées, alcool à haute dose, parties de poker, de sexe et de drogue : des vies qui sont des films, des films qui mettent la vie en danger. Car on se tue beaucoup en ce temps-là, quand on joue encore vraiment sa peau avec l'art... Orson Welles peut lâcher sa malédiction ironique : "Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive".

08/2014

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Psychologie, psychanalyse

LA-BAS COMME ICI. Le paradoxe de la représentation

D'abord Diderot, car le théâtre concentre sur sa scène le paradoxe de la représentation. Représenter, en effet, c'est se substituer à un absent, vouloir lui assurer une présence effective. Transparence : la représentation s'efface devant ce qu'elle montre,, c'est comme si la chose était là. Mais opacité aussi bien : en supplantant et en éclipsant la chose, la représentation en redouble l'absence. Alors, déception de lâcher la proie pour l'ombre, de substituer des fantômes à la chair, ou jubilation d'avoir gagné au change ? À moins que l'illusion ne soit inverse et que nous ne soyons victimes de la croyance en la chose même, en une présence sans médiation qui pourrait se passer de mots, d'images, d'idées. Le paradoxe de la représentation n'a cessé de tourmenter la philosophie, de Platon à Wittgenstein. Freud, en différenciant représentation de mot et représentation de chose, en affirmant l'existence de représentations inconscientes, accentue l'écart entre absence et présence. Avec lui c'est l'âme des hommes qui est scindée, vacance de soi et exil en l'autre. Serions-nous voués, comme cet enfant qu'il a su observer, jouant à faire disparaître et réapparaître une bobine tenue par un fil, à tenter que là-bas soit comme ici? La représentation, la pensée, le langage seraient-ils notre inlassable Fort-Da ?

09/1998

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Psychologie, psychanalyse

Le plaisir et la répétition. Théorie du processus psychique

La clinique de la souffrance narcissique-identitaire contraint la psychanalyse à un travail de reprise des fondements de la théorie de la psyché, qui avait été élaborée à partir de la clinique de la névrose, de l'hystérie, de la névrose obsessionnelle, et qui affirmait le primat du principe de plaisir. Pour étayer cette autre clinique, la rendre intelligible, réfléchir aux aspects techniques qu'elle implique, la théorie doit explorer, " au-delà du principe de plaisir ", les modèles des fonctionnements psychiques où règne la contrainte de répétition. C'est l'enjeu de ce qu'on a pu appeler le " tournant de 1920 " dans l'histoire de la pensée de Freud, et c'est l'enjeu que ce livre se propose de clarifier et de préciser. Car il ne suffit pas d'introduire la notion d'une contrainte de répétition aux fondements du fonctionnement de la psyché pour adapter la théorie aux besoins de la clinique. Il faut aussi en tirer toutes les conséquences et reparcourir les principaux piliers de la théorie antérieure pour en étudier la nécessaire évolution. C'est en reprenant l'histoire de la construction de la théorie freudienne, en l'articulant avec l'apport de Winnicott concernant la transitionnalité, que cet ouvrage essaye de dégager les fondements d'une théorie du processus psychique utilisable pour comprendre et traiter aussi bien les souffrances névrotiques que celles narcissiques-identitaires.

09/2001

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Psychologie, psychanalyse

La pulsion et ses tours. La voix, le sein, les fèces, le regard

La pulsion, terme de la langue courante et du corpus psychanalytique, est abordée par ses traits et ses composants, au nombre de quatre : une force qui pousse, d'où elle tient son nom de pulsion, une source du corps dont elle émane, un objet sur quoi elle porte et un but : l'obtention d'une satisfaction. L'enjeu théorique de la pulsion consiste à prendre appui sur le corporel et à représenter ce dernier sur la scène psychique. Sa particularité est de faire le tour d'un objet pour qu'apparaisse de nouveau le sujet que nous sommes. Soutenu par l'expérience clinique, les textes littéraires et analytiques dans le sillage de Freud, Lacan, Dolto et Winnicott, ce propos vise à produire le concept de pulsion, non pas sur l'axe chronologique des phases orale, anale et génitale, mais selon une perspective qui l'ordonne à notre condition d'êtres parlants incarnés. À cette fin, sont retenus quatre objets délimitant les registres pulsionnels : la voix, avec le cri, pour la pulsion invocante ; le sein pour la pulsion orale ; les fèces pour la pulsion anale et le regard pour la pulsion scopique. Ces quatre pôles suffisent à circonscrire l'exercice pulsionnel affectant le sujet du désir et de la parole, non sans omettre un débat ouvert sur la pulsion de mort.

01/2000

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Critique littéraire

Boîte aux lettres

Dernière étape de l'exploration de l'épistolaire dans le monde lusophone, les articles réunis dans cette " Boîte aux Lettres " interrogent échanges authentiques, lettres-chroniques, témoignages, confessions ou documents. Pour le Portugal, les études portent sur l'évolution de la correspondance privée, du XVe au XVIIIe siècle, où la marque du hiéronymite Frei Heitor Pinto s'impose ; sur la lettre-document, journal de voyage informatif et didactique, envoyée d'Éthiopie en 1603 par le Père jésuite Pêro Pais ; sur les missives de la marquise d'Alorna révélatrices de son apprentissage intellectuel au siècle des Lumières ; sur les échanges entre les poètes Fernando Pessoa et Sâ-Carneiro éclairant une hétéronymie naissante ; les lettres poèmes ou exercices spirituels que Sophia de Mello Breyner Andresen adresse à des amis morts ; la communication dans le roman épistolaire d'Almeida Faria. Pour le Brésil, les travaux concernent les " lettres-causeries " de la presse du XIVe siècle, l'épistolaire didactique du roman de Julia Lopes de Almeida, la missive en tant qu'objet scénique dans la dramaturgie de Coelho Neto, les échanges entre Monteiro Lobato et une jeune inconnue, révélateurs dune écriture littéraire ou entre Mario de Andrade et Luis da Câmara Cascudo, révélateurs de la construction de la brésilianité ; enfin la correspondance " confession " entre Samuel Rawet et Renard Perez. On se rend compte que l'épistolaire, moyen de communication privilégié, est d'une richesse inépuisable.

12/2004

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Psychologie, psychanalyse

L'amour dans les psychoses

"Chacun des cas présentés dans le volume nous apprend quelque chose sur l'amour, mais aussi sur ce lien d'amour si particulier que constitue le transfert, et que certains aujourd'hui voudraient voir rejeté de toute psychothérapie au nom du scientisme et de la thérapie on line. Lacan a pu dire que l'amour était possible dans la psychose, mais qu'il était un amour mort. Ce caractère mortifère ou mortifié est-il lié au fait que, là plus qu'ailleurs, le sujet n'aime que lui-même, ou un idéal qu'il substitue à la réalité du partenaire ? Ou bien est-ce que le sujet psychotique aime un Autre, tellement Autre qu'il ne peut être incarné dans un être vivant, mais doit l'être dans une fiction délirante ? Ou encore, le sujet psychotique n'aime-t-il que son délire, selon le mot de Freud ? L'amour dans les psychoses nous enseigne sur l'amour en général. Les multiples traits qui nous servent à spécifier l'amour dans les psychoses au regard d'un amour "normal" ne s'appliquent-ils pas, implacablement, à l'amour comme tel ? " Les dix-huit cas présentés et commentés dans ce volume illustrent la diversité et l'authenticité de l'amour dans la psychose. On appréciera le soin mis par chaque psychanalyste à les transmettre au lecteur.

05/2004

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Philosophie

Bachelard et la culture scientifique

Bachelard est connu notamment comme le principal représentant de l'épistémologie telle qu'elle s'est développée, de façon singulière, en France, au XXe siècle. Il s'est fait amplement l'écho des révolutions théoriques et expérimentales qui secouent la physique et la chimie au début de ce siècle, exhortant les philosophes à comprendre que, plus que jamais, " la science crée de la philosophie ". Comprendre cette exhortation ne saurait conduire seulement à saisir, sous le nom de " rationalisme appliqué " ou de " matérialisme rationnel ", le sens d'une nouvelle doctrine méthodologique des sciences. Le présent ouvrage se propose donc de ressaisir, par l'étude de la notion bachelardienne de " culture scientifique ", un projet d'ensemble bien plus vaste : l'esquisse d'une philosophie de la culture par laquelle l'éducation politique et morale, le progrès de l'humanité puissent se donner un idéal et des moyens plus puissants. La reproduction d'un texte de Bachelard, inédit en France, intitulé " Valeur morale de la culture scientifique ", est l'occasion de reprendre tout le rationalisme bachelardien du point de vue d'une " anthropologie complète " ; et, en analysant le dialogue avec de grands penseurs (Descartes, Spinoza, Kant, Hegel, Comte, Freud, Husserl), l'occasion, aussi, de dégager des thèses nouvelles et mal connues, sur la psychologie, la politique et la morale.

05/1993

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Critique littéraire

Aux confins des ténèbres. Les fous littéraires du XIXe siècle

Exhumés des profondeurs de la Bibliothèque nationale, hissés au jour, époussetés et sertis dans un texte à organisation encyclopédique et à approche psychanalytique, voici les écrits d'une cinquantaine de "fous littéraires" du XIX ? siècle que Raymond Queneau voulait, en 1934, offrir à ses lecteurs. Individus oubliés, dont les idées insolites ne se rattachaient à aucune doctrine et ne furent reconnues de personne. Certains ont fait des découvertes dans le domaine des "sciences inexactes" : les principes organiques du cercle, la nature excrémentiel du soleil, la langue universelle... La vie d'autres - princesses, prophètes et messies, persécutés et revendiquants, tous convaincus de leur mission - esquisse une "histoire paranoïaque" de la France de leur siècle. Déçu dans son attente de découvrir des "génies méconnus" , Queneau tâcha de comprendre la folie de ces individus à travers leurs ouvrages. Il les analysa à la lumière de Totem et tabou et du complexe d'Odipe de Freud, dont les oeuvres venaient d'être traduites en français, ainsi que du "complexe de mission historique" de W. Stekel et crut trouver dans les rapports conflictuels père-fils l'origine de leur déséquilibre mental. Le lecteur qui reconnaîtra des passages de ces textes pour les avoir lus dans Les Enfants du limon pourra consulter ici pour la première fois le commentaire que Queneau rédigea pour les accompagner - l'explication de texte qu'est Aux confins des ténèbres.

05/2002

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Poésie

John Coltrane (Méditation)

Musicien culte, considéré comme le saxophoniste le plus révolutionnaire et le plus influent de l'histoire du jazz, John Coltrane n'a cessé de mener une quête fascinante. Du be-bop au free-jazz, transcendant toutes les étiquettes, annonçant toutes les avant-gardes, il a porté sa musique à un niveau d'expression jamais atteint. Comme disait Miles Davis : " John Coltrane s'est lui-même transformé en diamant. " Multipliant les aventures musicales les plus singulières, il a inventé une modernité radicale, creusant paradoxalement dans les traditions de l'Inde et de l'Afrique. Explorant des sentiers toujours plus vertigineux, jouant jusqu'aux confins du possible, ce " Prométhée sonore " meurt en 1967, foudroyé par un cancer du foie. Par un monologue poétique, Zéno Bianu s'attache à restituer le phrasé à la fois charnel et spirituel, dense et volubile, de John Coltrane. Fasciné par les grandes figures-limites de l'art, d'Antonin Artaud (Variations Artaud, Dumerchez) à Marina Tsvétaïéva (Le ciel brûle et Insomnie, Poésie/Gallimard), de Van Gogh (Le Battement du monde, Lettres Vives) à René Daumal et Roger Gilbert-Lecomte (Les Poètes du Grand Jeu, Poésie/Gallimard), Zéno Bianu nous livre un long chorus, tendre, sauvage, foisonnant, qui tente de remonter à la source même du son coltranien. Un torrent de notes entrelacées au milieu des étoiles.

03/2012

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Littérature française

La piste étroite

Daisy Ver Boven est née à Aarschot en 1925. Elle vécut au Congo-Belge de 1947 à 1961 avec son mari qui était agent territorial. Elle est la maman de quatre enfants, dont trois sont nés au Congo. Journaliste free lance, elle est également l'auteur de nombreux romans et nouvelles, publiés en français et en néerlandais, dont les romans coloniaux "Mayana" et "Gevierendeeld" pour lesquels elle reçut plusieurs prix. la Piste Etroite raconte la vie d'une jeune femme de bonne famille, Ingrid, enseignante en Belgique, arrivant au Congo-Belge pour s'y marier avec un jeune chef de poste, Jacques qui, las de sa vie solitaire au plus profond de la brousse, lui a demandé sa main sans l'avoir rencontrée auparavant mais avec lequel elle a entretenu une correspondance assidue pendant quelques années. Après avoir épousé le jeune homme le lendemain de son arrivée, elle prend le chemin de l'arrière-pays. Elle décide de le suivre dans ses nombreux déplacements, convaincue comme lui des bienfaits de la mission civilisatrice dont il a été chargé. Petit à petit l'amour entre eux grandit de même que celui, définitif, pour ce fabuleux pays... la Piste Etroite est son premier et unique roman écrit en français en 1960. Il décrit remarquablement les conditions de vie très difficiles des "broussards".

09/2017

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Histoire internationale

Histoire de la pensée au Pays de Liège. Tome IV, XIXe-XXIe siècles

Après la perte de son indépendance, la Principauté de Liège ménagea un nouvel essor de la pensée en se fixant d'abord sur la question du langage — en lien avec l'apprentissage chez les sourds et muets, la naissance du comparatisme en philologie, et la formation d'un pays neuf : la Wallonie. La création de l'Université donna l'occasion d'inviter des penseurs comme Schmerling qui, le premier, découvrit l'homme de Néandertal élargissant ainsi considérablement l'histoire humaine, ou comme Schwann qui venait d'établir la nature cellulaire de tout le vivant. Quant aux travaux de Delboeuf, ils furent remarqués par William James, Freud et Bergson, tandis que Louis Verlaine initiait à la psychologie animale et Bobon à la psychopathologie de l'expression. En outre, le développement considérable des sciences appliquées favorisa l'ouverture particulière à la Russie (dont témoignera encore Georges Simenon) et à la Chine. La vie sociale fut repensée avec l'émergence du concept de justice sociale et de droit international du travail, illustrée par le cinéma des frères Dardenne. La vie religieuse manifesta sa vitalité avec la formation d'une nouvelle religion (l'antoinisme), ainsi que la rénovation radicale de l'esprit oecuménique. L'ouverture à l'univers allait trouver un développement soutenu grâce à l'Institut d'Astrophysique et au Centre Spatial de Liège.

07/2020

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Essais

Je. Une traversée des identités

Il y en a aujourd'hui qui haïssent le "Je" , qui déclarent sa fin prochaine, ou même sa disparition accomplie. Il y en a qui préfèrent le "Nous" , l'identité qui peut se partager ; d'autres encore qui préfèrent le "Il" scientifique, l'identité qui peut se compter. Comment alors continuer à être "Je" lorsque l'époque tend à faire disparaître la nécessité d'un rapport subjectivé à son existence ? Le narcissisme de masse se présente paradoxalement comme un effort pour continuer à exister en première personne dans le monde uniforme de la mondialisation. Mais ce narcissisme de masse n'est-t-il pas un autre piège ? Le déchaînement des passions sur les réseaux sociaux, la mise en scène de sa vie privée, le partage de son intimité, nous aident-ils vraiment à retrouver notre singularité perdue dans l'univers irrespirable de la quantification de soi et de la marchandisation des expériences ? Parier sur le "Je" offre une autre voie que le narcissisme. Parier sur le "Je" , c'est accepter de miser sur la parole et le langage, c'est continuer de croire avec Freud et Lacan dans les messages de ses rêves et de ses cauchemars, c'est ne pas suturer la dimension de l'inconscient. Parier sur le "Je" , c'est faire une traversée : la traversée des identités.

09/2023

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Sociologie politique

Psychologie politique du populisme. Trump, Poutine et les ressorts de l'humiliation

L'assaut du Capitole à Washington le 6 janvier 2021 et la guerre lancée par la Russie contre l'Ukraine en février 2022 révèlent une dérive inquiétante de la démocratie vers une forme nouvelle de populisme. C'est cette pathologie sociale que François Bafoil interroge ici, en analysant les dynamiques qui sous-tendent les orientations politiques de Trump et de Poutine. A la lumière des perspectives théoriques de Freud et d'Elias sur les ressorts pulsionnels de la masse et sur les traumatismes sociaux causés par la recherche d'une souche originaire manquante, les politiques populistes de Trump et de Poutine s'éclairent à nouveaux frais : façonnées par l'amour et par la haine, elles se nourrissent des frustrations et du ressentiment des masses, et poussent à la violence. L'exacerbation de cette violence constitue même, pour ces chefs, une forme de promesse de renouvellement de la démocratie. Une démocratie du peuple et pour le peuple, une démocratie mise au service des masses, qui se fonde sur une conception de la vérité une et pure, source d'apaisement et de bien-être, et qui exclue tout étranger. Etant donné l'influence de ces postures politiques et idéologiques sur de nombreux autres politiciens dans tous les coins du globe, il est urgent d'en comprendre la logique pour mieux s'en préserver.

02/2023

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Psychologie, psychanalyse

Crises et traumas à l'épreuve du temps. Le travail psychique dans les groupes, les couples et les institutions

La clinique psychanalytique contemporaine est en partie tributaire des mutations profondes survenues dans le cadre social et culturel des sociétés hypermodernes. Nous vivons des crises complexes dont nous ne connaissons pas ou peu l'envergure, les enjeux et les voies de dépassement. Nous sommes dépositaires d'héritages collectifs impensés, de souffrances psychiques innommables dont une des sources se trouve dans les grandes mutations des cultures, des techniques, de l'économie et des sociétés, dans les violences meurtrières perpétrées au cours des guerres et des génocides du siècle dernier. Les socles de la vie psychique en sont ébranlés, tout comme les liens sans lesquels nous ne pouvons pas constituer notre subjectivité. Dans ces crises multipolaires, nous nous découvrons à la fois sujets de la culture et sujets de l'inconscient. Face aux formes du malêtre psychique dans les sociétés hypermodernes, le travail psychanalytique de groupe, et plus généralement les dispositifs qui réunissent dans une même situation plusieurs sujets (un couple, une famille, une équipe soignante) ouvrent de nouvelles perspectives à l'analyse et au traitement de ce que Freud nommait les "souffrances psychiques d'origine sociale". Ils donnent accès à l'impensé de ces souffrances, ils en soutiennent l'élaboration. Ils permettent de penser autrement la construction de la subjectivité et les ressources créatives que libèrent les crises de cette ampleur.

03/2015

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Psychologie, psychanalyse

Penser vient de l'inconscient. La méthode de l'entraînement mental

La méthode de l'entraînement mental a été élaborée dans les maquis du Vercors, par une population mêlée où des ouvriers, des intellectuels de tous bords, des chercheurs, des journalistes, des comédiens, des musiciens et autres "résistants", après la bataille perdue de 1940, échangeaient ce qu'ils n'avaient pas... découvrant ainsi de nouvelles manières d'analyser, avec le plus d'exactitude possible, les situations de la vie réelle. L'objectif de la méthode est de s'affranchir des préjugés et des idées reçues pour sauvegarder une pensée libre, une pensée non aliénée aux discours dominants de l'univers politique et marchand qui sacrifient bien volontiers l'être aux valeurs de l'efficacité et du rendement. Porteuse de rigueur épistémologique et éthique, elle ne se réduit pas à un simple instrument ni à une technique opératoire. Elle est comme une carte du tendre qui nous confronte à divers chemins. Charlotte Herfray appuie son utilisation de l'entraînement mental sur une théorie, celle de Freud, qui se réfère à l'inconscient, renonçant à la définition de l'humain comme un être rationnel. Elle nous met en garde contre les techniques du "fonctionnalisme" et du "pragmatisme" américains, où la communication remplace la parole et l'analyse des comportements des êtres humains suffit pour connaître le "parlêtre" sans écouter sa parole !

05/2012

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Rock

Les politiques du rock. Les années 1950 - 1990

De Woody Guthrie et des Protest-singers new-yorkais... Du mouvement hippie aux formes les plus radicales de contestation à travers les Yippies ou les Black (et White) Panthers... Des communautés freaks du sud-ouest londonien jusqu'à la rébellion punk et le rock indé des Dead Kennedys... Sans parler des univers voisins : free-jazz, reggae, kraut-rock, rock de l'Est... Le rock a toujours été très politique, au moins dans les années 1960 et 1970, même s'il l'est devenu beaucoup moins et que d'autres formes musicales (rap ou slam) ont pris le relais, avec plus ou moins de bonheur par la suite. Il ne sera pas question de ces musiques ici, mais modestement de raconter l'histoire du rock en la restituant dans son contexte politique, au long de trois décennies qui ont failli ébranler le monde. Rock et politique, ou Les politiques du rock, vise, sur le mode de l'épopée, à revenir sur ces quelques années où les rockers, avec leurs guitares en baïonnettes, se sont jetés à l'assaut du ciel ou, plus exactement, du monde capitaliste de la marchandise et du spectacle. Ils n'ont pas réussi à déloger le Léviathan, à déboulonner la statue, mais ils auront essayé. Et il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre.

05/2023

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Histoire des religions

Philosophie et religion. Nouvelles approches

Alors que les notions de croyances et de rationalité sont souvent renvoyées dos à dos, ce livre montre leur intrication et la richesse de leurs rapports Alors que les notions de croyances et de rationalité sont souvent renvoyées dos-à-dos, cet ouvrage collectif s'intéresse aux rapports et à l'intrication entre philosophie et religion en en montrant la richesse à la lumière de grands penseurs (principalement Nietzsche mais aussi Marx, Freud, Schopenhauer, Feuerbach...) qui ont largement contribué à instaurer des ruptures fondamentales dans la pensée philosophique en général et sur le religieux en particulier. L'ouvrage montre que la religion chrétienne a façonné l'individu occidental d'aujourd'hui (croyant ou non) et que la pensée contemporaine aurait sans doute beaucoup à perdre en récusant totalement cet héritage. Christophe Bouriau est professeur en philosophie à l'Université de Lorraine et membre des Archives Henri-Poincaré - Philosophie et recherches sur les sciences et les technologies (CNRS, Université de Lorraine, Université de Strasbourg). Ses travaux portent principalement sur la philosophie allemande. Yves Meessen est maître de conférences habilité à diriger des recherches en théologie et membre du laboratoire Ecritures (Université de Lorraine). Ses travaux portent principalement sur la philosophie et la théologie. Florian Larminach est professeur certifié de philosophie au lycée Cormontaigne de Metz, docteur en philosophie et chargé de cours à l'Université de Lorraine.

04/2023

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Poésie

Gadjo-Migrandt

Sans le savoir nous allons de lac en lac. Nous croisons des figures en route : Ghérasim Luca et Gustav Mahler ; Jean Arp ou Séndor Ferenczi ; Sigmund Freud mais Làszlé Moholy-Nagy. Les remous cristallisent des co-incidences. Le flux nous entraîne au milieu d'affluents, jusqu'aux bouches du texte. D'autres entrent aussi en protagonie : Stefan Wolpe, composant d'un exode l'autre ; John Howard d'abord, arpentant de prison en prison. Le narré est notre nef autant que sa sonde. L'Europe demeure une prison. Le narré serait une clef vers l'élargissement Il aura fallu travailler les enchaînements et plonger, encore. Un acte dans la mémoire. Enact. Reenact La pelote de temps se dévide aux parages du Bauhaus et de l'Ecole de Vienne. Quand ses acteurs échappent à la réclusion, ils inventent l'inouï et l'inédit au bord du lac Eden, avec : John Cage ; Charles Olson ; Hilda Morley, etc. La post-histoire est une résurgence, nous ne craignons ni les sources ni leurs pertes. Le meuble érode l'immeuble. La langue du mobile heurte l'identité immobile. La forme taraude le conforme. La culture rromani chorégraphie les caillots de crise. Leos Janàcek et Elias Canetti se portent caution solidaire. Nous allons dite ente du savoir. Parfois, des étangs en pleine forêt Ormonde.

01/2014

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Psychologie, psychanalyse

Jouissances, du sein au meurtre

L'auteur s'intéresse à deux institutions, les camps nazis et les salles de réanimation, et aux gens qui y souffrent et qui y meurent. Pour les camps, sa réflexion s'appuie sur la lecture de plusieurs écrivains dont il a visité l'oeuvre. Zalmen Gradowski, sonderkommando à Auschwitz, dans Au coeur de l'enfer, crie vers nous douleur et vengeance. Les Allemands ont été écrasés par le nazisme jusqu'au creux de leurs nuits, Charlotte Beradt a recueilli leurs rêves pour en témoigner. Retenue contre son gré au camp de Ravensbrück, Germaine Tillion, ethnographe, en a réalisé une étude es qualité. George Orwell, avec 1984, apporte la lumière de la fiction sur la destruction du langage et de l'humain. Pour les salles de réanimation, l'auteur s'appuie sur son expérience. Neurologue en blouse blanche et analysant perpétuel, il a accompagné les réanimés au lieu même de leur souffrance. Les salles de réanimation sont faites pour redonner la vie et y parviennent avec brio, mais à quel prix ? Telle est la question à laquelle il tente de répondre. Après avoir exploré, en compagnie de Freud, les répétitions tragiques qui peuvent nous asservir, il nous parle de nos fantasmes de meurtre et aborde le problème de l'euthanasie, cette éraflure que d'aucuns voudraient faire à l'interdit du meurtre.

05/2014

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Littérature étrangère

De toutes les nuits, les amants

Fuyuko a trente-quatre ans, correctrice elle travaille en free-lance pour l'édition, vit seule et ne s'imagine aucune relation affective. Elle ne se nourrit pas de ses lectures : elle décortique les mots, cherche la faute cachée, l'erreur embusquée. Elle n'écrit pas, ne connaît pas la musique, s'habille sans la moindre recherche. Mais Fuyuko aime la lumière. Elle ne son la nuit qu'au soir de ses anniversaires en hiver, seule, pour voir et pour compter les lumières dans ce froid qu'on peut presque entendre si l'on tend l'oreille, dans cet air sec et aride mais quelque part fertile. Timide, introvertie, Fuyuko va néanmoins laisser entrer deux personnes aux abords de sa vie : Hijiri, son interlocutrice professionnelle, et M. Mitsutsuka, un professeur de physique qui lui offre un accès d'une autre dimension vers la lumière : le bleu a une longueur d'onde très courte, elle se diffuse facilement, c'est pourquoi le ciel apparaît si vaste. Voyage au pays de l'apparente légèreté des femmes, de leurs peurs minuscules ou béantes, de leurs renoncements et de leurs excès, de leurs choix et de leurs libertés, ce livre est d'une gravité toute poétique et d'une modernité absolue. Il convoque et défie tous les a priori et vibre, riche et puissant, d'utopies scintillantes et de rêves oubliés.

03/2014

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Littérature étrangère

Nous les Eitingon

Les Eitingon. Une famille hors normes, emblématique du xxe siècle, car trois de ses membres en ont incarné les principaux courants de pensée?: capitalisme, communisme et psychanalyse. Au départ simples marchands juifs de Biélorussie, la fortune va leur sourire grâce à Chaïm, qui ouvre un comptoir de vente de peaux à Leipzig, en 1891. Mais aurait-il pu imaginer que trois Eitingon occuperaient après lui une place de choix dans l'Histoire? Le premier est Motty, celui qui reprend le flambeau de l'import-export de la fourrure et étend son empire jusqu'à New York, où il s'installe en 1919. Quels accords a-t-il passés avec les Bolcheviks pour ne pas être coupé de ses sources d'approvisionnement? La réponse se trouve peut-être chez Leonid, le deuxième Eitingon célèbre. Un cousin éloigné, talentueux agent secret soviétique, qui pilotera l'assassinat de Trotski. entre autres missions?! Quant à Max, le troisième, il devient très jeune un proche de Freud dont il admire le travail et finance généreusement les projets. Quel fil rouge relie ces trois-là? L'argent de Motty? Un sens de la famille à toute épreuve? Une alliance avec le régime soviétique? Mary-Kay Wilmers entrelace faits historiques et événements familiaux, rapports officiels et correspondance, pour tisser cette incroyable saga familiale.

10/2013

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Philosophie

Apologie du doute. Réflexions sur les temps passés et actuels

Rien n'est plus précieux dans notre littérature "que la lucidité implacable de ce regard, plus que la sincérité courageuse de cette voix qui ne s'est rien caché par timidité et qui n'a rien dissimulé par prudence des tares de la société", écrivait Marcel Jouhandeau préfaçant Les Caractères ou les Moeurs de ce siècle de La Bruyère. Cette appréciation est tout à fait transposable au livre de Monique Charles qui, pour ce qui est du style, serait quelque chose ou quelqu'un entre La Bruyère et Céline, donc littérairement inclassable (Freud et Lacan sont passés par là !), mais terriblement efficace. C'est vivant, buissonnier, digresseur (mais on ne regrette pas les détours imprévus qui, changeant le décor, font rebondir la réflexion). De l'expérience, de la faconde, du souffle. Des réflexions intéressantes sur le deuil, l'amour, les rapports entre les sexes, le couple, le mariage, le problème du Mal, la douleur, le désir, les passions, la psychologie du Tueur... Et pour clore ce parcours du combattant à cloche-pied sur tant de faits, d'idées, de drames, arrêtons-nous à celui-ci : Non la femme n'est pas celle qui tire l'homme vers le bas, "l'éteignoir de l'homme". Monique Charles les réveillerait plutôt ! Elle a enseigné avec passion. Maintenant il faut la lire.

12/2011

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Psychologie, psychanalyse

Féminité singulière

Depuis toujours les discours ont construit des mythes universels du féminin. Ils parlent de la femme qui n'existe pas, non de celle qui existe : nulle femme n'est comme Eve sortie d'un homme, nulle n'a conçu comme Marie sans semence. Ces figures ont une fonction de symptômes, elles soutiennent le système symbolique en inscrivant ses points d'impossible, d'absurde, d'achoppement mais elles ne disent rien des féminités. Longtemps dessinée avant d'être dite, longtemps dite avant qu'elle ne se dise, la féminité reçut de Freud le nom de "continent noir". Pourtant elle n'habite pas l'Afrique, mais se situe tout près des discours. La conception d'un féminin en défaut est une grille de lecture historique, elle laisse maintenant place à ce qui prend en compte l'évolution des faits. Parce qu'une femme n'est pas toute dans la fonction phallique du discours, parce qu'elle ne veut pas tout de son offre et de sa prise, elle y intervient du dehors et travaille à tresser autrement les noeuds de l'amour. L'Histoire recèle les féminités comme jouissances hors langage des corps qui habitent le langage, la mystique a approché la logique féminine d'une manière qui fait énigme, la littérature en articule parfois des termes singuliers, l'expérience réelle les rencontre une à une.

09/2020

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Récits de voyage

Tropique du Bayanda. Une épopée africaine

Changer de vie ! A 25 ans, Virgile Charlot, jeune diplômé d'une école de commerce a dit non. Non aux vrombissements lumineux de la société post moderne, non à une vie bâtie à crédit, avec voiture et appartement digne des photos de magazines. En 2010, il décide de couper les ponts et de vivre ses rêves nomades. Son défi ? Traverser l'Afrique du Nord au Sud, en solitaire, à vélo soit plus de 22 000 kilomètres sur des pistes défoncées entre déserts et forêts tropicales. Cette aventure de calibre olympique, nous entraîne dans la quête vertigineuse d'un retour aux sources, loin des écrans plasma, du carbon free, de la 3G et l'Internet. Pour Virgile, le salut passe par l'exil, la course au vent, les repas de larves, de thermites, de singe et de porc-épic et d'eaux limpides puisées aux ruisseaux. On le retrouve sous la neige en Espagne, accueilli en plein désert par des militaires Mauritaniens, englué dans la boue de la forêt tropicale congolaise, piégé par les sables au Tchad ou engagé dans une conversation métaphysique avec des religieux du Cameroun. Son récit rabote notre vernis d'homocyber du XXIe siècle et raisonne comme l'appel à une liberté perdue sous le poids de l'enracinement et de la raison.

05/2012

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Psychologie, psychanalyse

Françoise Dolto et le transfert dans le travail avec les enfants

A l'heure où de grandes campagnes de marketing tentent de convaincre parents et professionnels de faire taire les plaintes et souffrances psychiques des enfants par toutes sortes de molécules et autres stratégies cognitivo-comportementales, des psychanalystes poursuivent leur travail d'écoute et d'accompagnement de ceux qui n'ont que leurs symptômes pour se faire entendre et le transfert pour opérer les remaniements psychiques nécessaires à leur développement. Dans cet ouvrage les auteurs montrent comment le transfert, concept central dans la théorie et la pratique freudiennes, est la condition de tout travail relationnel, quel qu'il soit, et en précisent la spécificité dans le cadre du travail psychanalytique avec les enfants mais aussi avec les bébés. Suite à l'invitation que Françoise Dolto adressait à ses élèves de continuer à explorer les pistes qu'elle a ouvertes et à mettre à l'épreuve de la clinique ses hypothèses, ils confrontent ici les élaborations de celle-ci relatives à la question du transfert dans le travail avec les enfants avec celles de Melanie Klein, d'Anna Freud, de René Laforgue, son analyste, de Sophie Morgenstern qui l'initia au travail avec les enfants, et de certains de ses contemporains dont D.W. Winnicott et Jacques Lacan. Ils y font également état de l'avancée de leurs propres travaux sur la prise en charge des bébés et des enfants...

12/2005

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Psychologie, psychanalyse

Narcissisme et perversion

La mise en perspective du narcissisme et de la perversion est désormais classique dans les travaux de psychopathologie psychanalytique : le risque serait plutôt de les associer de manière systématique au point de les confondre. Le présent ouvrage permet d'éviter cet écueil et de suivre l'évolution des deux concepts en en dégageant la spécificité dans des champs différents. La première partie s'attache plus particulièrement à une fine analyse du narcissisme et de la perversion et de leur devenir dans l'œuvre de Freud et de ses successeurs, et se termine par leur mise à l'épreuve dans l'étude du fonctionnement psychique d'auteurs d'attentats sexuels. La seconde partie offre une contribution clinique et métapsychologique tout à fait originale dans l'approfondissement subtil des représentations originaires touchant les modalités relationnelles avec la figure maternelle, en proposant une hypothèse forte, soutenue par l'expérience de l'analyse et du transfert. La troisième partie enfin est consacrée à l'étude du narcissisme et de la perversion à partir d'une œuvre littéraire, et montre les ressorts mobilisés dans le processus même de la création. L'ensemble du livre constitue une contribution substantielle et convaincante à l'élaboration clinique et théorique de ces problématiques et de leurs destins singuliers : dérives psychopathologiques majeures ou bien ouverture vers la sublimation.

08/2004

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Psychologie, psychanalyse

Le fantasme de fin du monde. Psychanalyse, destruction et création

Freud, dans son texte sur Schreber en 1911, a associé le délire de fin du monde au désinvestissement généralisé des objets d'amour. Quelles distinctions métapsychologiques, - topiques, dynamiques et économiques -, pourront être faites entre les délires de fin du monde, où " le monde entier qui disparaît sous la douleur ", - comme l'exprimait une patiente - est le signe avant coureur d'un effondrement et les rêves de fin du monde. Ces rêves sont-ils traumatiques ou réalisateurs de désir de destruction ? A partir de la notion de désinvestissement, il s'agira ici de filer les destins de cette libido désinvestie, énergie libre, en stase, source d'angoisse, de désunion des pulsions et de destructivité mais aussi de sublimation. Dans une perspective d'interaction entre psychanalyse et art, comment les artistes ont-ils figuré ce délestage des objets ? Le désobjectal ? Que pourra nous enseigner l'artiste peintre sur le fonctionnement psychique ? Sur les moyens de canaliser la destructivité en transformant ? Par exemple dans la déformation des formes chez Léonard de Vinci ; ou par l'abstraction, expression spécifique du XXe siècle comme l'a théorisée Kandinsky : " la logique d'une forme sans objet ", est-ce là la recherche d'une manière désinvolte de traiter l'objet pour s'en protéger ou en alléger son attachement ? Est-ce la fin de la représentation du monde ou même la fin de l'art ?

03/2002

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Critique littéraire

Arthur Schnitzler

Joué et lu en France depuis le début du XXe siècle, le grand auteur autrichien Arthur Schnitzler (1862-1931) a laissé une œuvre particulièrement riche, mêlant théâtre, récits et essais. Cet écrivain, docteur en médecine, que Freud désignait comme son double, a longtemps été assimilé à la décadence de " l'Apocalypse joyeuse ". Amant volage, accusé de pornographie notamment au moment de La Ronde, Schnitzler s'inspira de ses aventures amoureuses pour donner vie à certains personnages. Leur apparente légèreté et frivolité tout comme son approche psychologisante ont masqué une dialectique du désenchantement et de la désillusion, ainsi qu'une volonté farouche d'aller derrière les apparences. Dans un univers crépusculaire, ce maître des nuances joue sur une frange ténue de la vérité et du mensonge, du dire impossible et du secret, de l'opacité des relations entre hommes et femmes. Cette biographie tente, notamment grâce à l'étude des journaux intimes que Schnitzler a tenus sa vie durant, de cerner un homme vulnérable, hypocondriaque, angoissé par l'échec mais doté d'une exigence exceptionnelle dans la menée de son œuvre. Sa réputation ne lui a jamais épargné de permanentes attaques antisémites. Au sein d'une société viennoise où il frayait avec les plus grands musiciens, peintres et acteurs de théâtre, l'écrivain a vécu une vie emplie de polémiques, de scandales et de succès mais aussi de tragédie personnelle.

09/2007

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Psychologie, psychanalyse

Qu'est-ce qui vous amène ?

" Qu'est-ce qui vous amène ? ", c'est la question que pose, explicitement ou non, le psychanalyste à celui ou celle qui vient le consulter. Ils pressentent l'un comme l'autre que la vraie réponse sera longue à venir. Déjà, enfant, Martine Bacherich aimait se raconter des histoires. Devenue une psychanalyste d'enfants et d'adultes, ce goût d'entendre et de fabriquer des histoires ne l'a pas quittée. On pourrait dire d'une analyse qu'elle est une " invention du vrai ". Martine Bacherich s'inscrit à contre-courant de la plupart des analystes d'aujourd'hui qui se vouent à la théorie et se bornent à évoquer quelques " vignettes cliniques ". Elle s'inscrit en revanche dans la continuité d'un Freud tout étonné et un peu inquiet que ces histoires de cas se lisent comme des romans et manquent du " cachet sérieux de la science ". Autre singularité de ce livre : son style, un style d'une grande qualité littéraire, précis, subtil, d'où tout jargon est proscrit. Deux sections. La première, de loin la plus importante, relate une série d'histoires cliniques - cures d'enfants et d'adultes. Elle se conclut par un hommage savoureux à Françoise Dolto. La seconde section, brève, dévoile d'autres intérêts de l'auteur, pour la peinture notamment et, plus insolite, pour la lingerie féminine.

01/2006

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Histoire ancienne

Le sombre abîme du temps. Mémoire et archéologie

L'archéologie, pensons-nous spontanément, consiste à retrouver ce qui s'est effacé de l'histoire, à reconstituer les civilisations disparues, à dévoiler les trésors d'un passé enfoui. Mais ce n'est pas cela, l'archéologie. Elle met au jour des vestiges de ce qui a vécu. Le vestige est une archive, un document de mémoire bien plus que d'histoire. Les objets que l'archéologie " remonte " à la surface ne découvrent pas un passé disparu, mais l'énigme de leur existence, car il nous faut reconstituer leur signification la plupart du temps perdue. Du reste, l'archéologie couvre désormais toutes les périodes de l'histoire, y compris de l'histoire contemporaine quand elle fouille les tranchées et les charniers pour exhumer les vestiges des guerres et des massacres du XXe siècle... Abordant le passé à partir des résidus ou des déchets de l'histoire, l'archéologue est un "chiffonnier du passé". Il recueille le souvenir des temps anciens, que l'histoire a enfoui ou recouvert, mais qu'elle n'a pas effacé. Dans cet essai, où Darwin, Freud, Foucault, Derrida, Michel de Certeau, Walter Benjamin fournissent les clefs de l'interprétation, l'archéologie est une science des mémoires sans cesse recomposées, une discipline de l'étude des filiations. Elle devient la science humaine qui explore le "sombre abîme du temps" (Buffon) dans lequel le passé est englouti.

04/2008