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Littérature étrangère

LE GENTLEMAN TZIGANE

Dans Larengro. La première partie de ses souvenirs publiée ici 1996. George Borrow racontait son enfance et sa jeunesse ; Avec le Gentleman tzigane (1857), qu'il sous-titre sans ambiguïté. Suite de Larengro, il reprend son récit à l'endroit exact où il l'avait laissé : mais sans changer ni de propos ni de style, il affine son angle de vision. Dans l'édition originale en trois volumes de Larengro, le premier évoquait la vie de l'auteur jusqu'à la mort de son père et courait sur vingt et un ans : le second, qui couvrait son séjour à Londres et ses travaux alimentaires dans l'édition, s'étendait sur plus d'une année : le troisième - son voyage à pied dans l'ouest de l'Angleterre et ses aventures d' "homme aux semelles de vent " - ne représentait guère qu'un mois ou deux. Le Gentleman tzigane accuse encore cet effet de "zoom " puisqu'il est tout entier consacré aux semaines de ce périple - mi-juin.fin juillet 1825. Mais qu'on ne s'y trompe pas : tout ce qui faisait le charme de Larengro est bien là - personnages inattendus et situations cocasses, réflexions imprévues et pleines d'originalité sur la vie et le monde, désarmant mélange d'érudition et de naïveté, fraîcheur touchante des sentiments - et ne fait que gagner en précision et en profondeur. Quel bonheur, au détour d'un chemin creux, de retrouver la troupe des Gypsies - Jasper Petulengro et Tawno Chikno, bien sûr. Pakomovna... mais aussi de découvrir de nouveaux visages : Ursula, Sylvester, d'autres encore - de surprendre Francis Ardry qui descend de voiture dans une cour d'auberge, ou de renouer connaissance avec Murtagh, le vieux camarade d'école, bien mal en point mais promis à un grand avenir ! Quelle joie aussi de retrouver l'indomptable Isopel Berners et d'apprendre comment tournera cette idylle étonnante ! Rien en soi d'extraordinaire dans ces épisodes, mais grâce à la magie d'un style à la fois simple et savant, lumineux et ouvert sur le rêve. Borrow parvient à emporter son lecteur dans un monde étrange - et ce faisant, il lui montre comment transfigurer la réalité la plus quotidienne et charger son propre regard de poésie.

07/1998

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Psychologie, psychanalyse

ENTRE BLESSURE ET CICATRICE. Le destin du négatif dans la psychanalyse

Blessure : les souffrances psychiques inacceptées qu'imposent au narcissisme l'individuation, la différence des sexes, celle des générations, bien d'autres violences encore issues de l'histoire personnelle et des deuils de la vie. Cicatrice : les dénis, les idéalisations rigides et toutes les compulsions défensives qui voudraient celer à l'homme ses souffrances, ses impuissances, ses vertiges. De l'un et de l'autre côté, une immense perte d'énergies - ici répandues et là bloquées - qui a pour source la non-élaboration de l'expérience négative du manque. Entre blessure et cicatrice, la psychanalyse propose depuis son origine à la négativité un autre destin, dont, après bientôt un siècle, les voies continuent à étonner nos contemporains. Jean Guillaumin soutient dans ce livre deux thèses, qui font mieux comprendre l'originalité et la force toujours intacte du dispositif freudien face au négatif. Nouvelles, ses vues se rattachent cependant à l'un des courants les plus vivants de la recherche psychanalytique actuelle. L'auteur montre d'abord que la psychanalyse n'élabore l'expérience négative qu'en lui opposant, comme pour la capter dans un miroir, une pratique elle-même organisée en son centre par ce qu'il nomme un " opérateur négatif ". Faite de mise en suspens, de distance prise, de retrait et de désidentifications partielles, elle agit par effet d'écart, de défaut, dans la parole ou le silence. Mais cette négativité-là est au service de la vie : aménagée en foyer au cœur du travail interprétatif où elle est insérée, elle demeure contenue dans l'identification d'alliance qui l'enveloppe. Jean Guillaumin soutient aussi l'hypothèse hardie que le système lui-même des notions théoriques qu'a engendrées la pensée de Freud est accordé et homologue au dispositif praticien qui le fonde et dont il demeure le garant. Les concepts malheurs de la théorie analytique véhiculent en effet une épistémologie des limites du représentable, dotée d'une cohérence spécifique, qui lance un défi à l'illusion positiviste, toujours portée à ôter du discours sur l'homme ce qu'elle n'en peut réduire à des schèmes opératoires.

01/1987

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Littérature étrangère

Le vent dans les roseaux

"Mr. Pierce, qu'avez-vous fait aux heures les plus sombres de la Nouvelle-Orléans ?", m'interrogeait ce gamin du futur. Je lui répondrai que le désastre Katrina m'a révélé les choses et les gens que j'aime. Il m'a révélé quel garçon j'avais été, quel homme j'étais, et celui que je voulais devenir. Il m'a fait revenir chez moi, à la Nouvelle-Orléans, pour honorer mes ancêtres et les habitants de ma ville natale, les morts et les vivants, en donnant tout ce que je pouvais pour relever et reconstruire notre chère communauté. 29 août 2005. La tempête Katrina frappe La Nouvelle-Orléans et dévaste tout sur son passage, privant des milliers d'Américains de leurs foyers. Plus de 1500 personnes perdent la vie. Quelques temps après s'élève une voix des décombres : celle de Samuel Beckett au travers de Wendell Pierce interprétant un Vladimir prophétique. Vladimir : J'ai cru que c'était lui. Estragon : Qui ? Vladimir : Godot. Estragon : Pah ! Le vent dans les roseaux. Car alors que tout s'est effondré, Wendell Pierce joue cette pièce au milieu d'un paysage apocalyptique, parmi des spectateurs effondrés à qui il veut offrir une catharsis, un répit. S'il est connu pour ses rôles d'inspecteur Bunk dans The Wire et du tromboniste Antoine Batiste dans Treme, on sait moins qu'il est également un artiste et un homme engagé, qui a grandi à Ponchartrain Park, première banlieue afro-américaine construite après la seconde guerre mondiale. Dans Du vent dans les roseaux, Wendell Pierce livre un récit poignant et passionnant sur sa Nouvelle-Orléans, en nous plongeant dans son histoire familiale. Des champs de cannes à sucre aux lois ségrégationnistes de Jim Crow, il dépeint l'élévation sociale qui a été la sienne et dessine en creux le portrait de la lutte des noirs américains contre la discrimination, passée et présente. S'autorisant des digressions truculentes où il revient sur son expérience d'acteur, il nous offre du même coup une véritable ode à l'art qui "nous apprend qui nous sommes et nous dit qui nous devons devenir".

10/2016

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Critique littéraire

Lettres à une dame d'Amérique, Mina Curtiss

Cette édition est à lire comme la suite d'autres correspondances déjà publiées dans la même collection, notamment Saint-John Perse et ses amis américains, Courrier d'exil édité en 2001 par Carol Rigolot. Son intérêt particulier est de nous ouvrir la porte sur la dernière partie de la vie et de l'œuvre du poète, celle du retour si longtemps différé en France, de son installation aux Vigneaux dans la presqu'île de Giens, mais aussi de son mariage, du prix Nobel et, parallèlement, de Chronique, Chanté par celle qui fut là, Chant pour un équinoxe, Nocturne et Sécheresse. Ces lettres, de 1951 à 1973, nous apportent comme toujours leur brassée d'informations biographiques et psychologiques, mais la chance a voulu que la destinataire, Mina Curtiss, ne soit pas seulement une riche mécène. A travers son portrait en creux, nous nous attachons à cette femme musicologue, écrivain, voyageuse, collectionneuse de manuscrits et de tableaux, d'une patience et d'une générosité sans faille à l'égard d'un Léger séducteur et avare de lui-même. Grâce à elle, la statue s'humanise, une relation s'invente sous nos yeux et s'organise autour de tout un monde partagé, réseau amical, lieux familiers, complicité au sujet d'une grille de fer forgé, de chats ou d'un opéra de Mozart. Pour elle qui a su l'entraîner vers des films d'épouvante ou des westerns à New York, Léger devient parfois affectueux, touchant, dans son retour vers l'enfance antillaise, ou drôle. Mais il a semblé bon aussi de faire lire ces lettres en regard de celles adressées dans la " Pléiade " à Mrs Henry Tomlinson Curtiss, pour, à travers quelques exemples, tenter de comprendre les enjeux et la portée de cette entreprise inédite de réécriture, elle aussi réalisée aux Vigneaux. On trouvera aussi en annexe un document d'importance, une correspondance conservée par Mina (on peut donc supposer qu'elle en fut l'instigatrice) qui marque le début d'une campagne américaine en vue de l'attribution du prix Nobel de littérature à Saint-John Perse.

11/2003

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Revues de psychanalyse

Les Lettres de la Société de Psychanalyse Freudienne N° 44/2021 : Destins du père. L'enfant et la psychanalyse dans le monde contemporain

Destins du Père Quels destins pour le Père ? Quels destins pour un père, pour le mot, pour le signifiant père ? La psychanalyse, comme la culture et la société, porte la trace de ces destins. Les évolutions, les émancipations, les transformations et conquêtes sociales se réfèrent toutes, d'une façon ou d'une autre, au père. Elles le préservent, le sauvent, le restaurent ou le réduisent à une fonction dès lors distincte de la personne qui l'incarne. Ce dossier ouvre une réflexion sur les destins du Père : pères humiliés et relève du fils, destin du Nom-du-Père en sont quelques figures. La psychanalyse commence avec le deuil du père, une mort dont Freud lui-même relève les conséquences dans L'interprétation du rêve. L'analyse est un des destins du père, ce n'est pas le seul. L'enfant et la psychanalyse dans le monde contemporain L'invention freudienne a une date, le début du XXe siècle. L'analyse du petit Hans, de sa phobie des chevaux a été publiée il y a cent dix ans. Aujourd'hui, les enfants ne rencontrent plus de chevaux de trait et sont informés de la différence entre filles et garçons. Pour autant, complexe d'oedipe et fantasme de castration sont toujours à l'oeuvre. Les psychanalystes sont confrontés à des troubles qui n'apparaissent pas dans la clinique freudienne des origines. De nouveaux symptômes amènent un enfant à consulter. Les enfants ne sont plus des êtres soumis, des lecteurs de livres choisis ; ce sont des consommateurs, parfois happés par les écrans et une technique qu'ils maîtrisent mieux que leurs parents. Ils ne sont plus des mineurs irresponsables, mais ont des droits et des devoirs qui évoluent tout au long de l'enfance. Le psychanalyste ne peut ignorer cette évolution. Les auteurs de ces articles repèrent les invariants qui structurent l'écoute analytique, les distinguent des adaptations techniques de la cure. Ils tâchent de séparer ce qui révèle d'une nouvelle sémiologie, de l'apparition de troubles jusque-là inédits, afin d'espérer comprendre comment un enfant et son psychanalyste peuvent s'inscrire dans le monde contemporain.

06/2021

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Poésie

La source de lumière

Depuis plus de trente maintenant, grâce à ses très nombreuses publications, ouvrages analytiques, articles d'art spécialisés, et principalement recueils de poèmes, Nina Živancevic nous offre la sagesse de sa pensée, dans une créativité prolixe. Ses mots sont comme des rires, des cris qui soulagent au milieu des désespoirs et des sanglots quotidiens du monde. Sa poésie sonne et raisonne, elle prend l'intensité de la parole vraie qui parle au réel. Comme si elle inventait chaque fois une nouvelle langue au rythme imprévu de la réalité. Elle écrit comme elle vit dans la force du mouvement. Impromptue, surprenante, psychédélique et surtout émouvante, sa poésie ne finit pas de nous toucher au plus profond de notre être par la sincérité et la lucidité qui inspirent cette poétesse en permanence. Stavroula Bellos. Nina Živancevic poursuit dans son nouveau recueil de poésie La source de lumière le chemin de ses receuils précédents mais avec cette fois-ci avec un souffle politique semblable à celui d'Allen Ginsberg (dont elle fut l'assistante). En sa qualité de poète transnationale, elle évoque sa vie à Paris, marquée par la réalité française concernant la situation des migrants tout en se souvenant de son passé à Belgrade et de la Yougoslavie et de ses guerres civiles. Elle nous parle aussi de New York, des Etats-Unis confrontés à la question de la gentrification, mais aussi des évènements en Syrie et en Afghanistan. Nous sommes enfin émerveillés par ses pensées sur la Grèce Antique, sur les philosophes comme Nietzsche, Freud, Hannah Arendt, etc. Biljana D. Obradovi ? . Parfois poésie dit ‘didactique', parfois poésie-essai, parfois poésie d'images, parfois poésie du quotidien, presque toujours poésie dédiée à d'autres - l'écriture comme conversation, réponse, ouverture d'un dialogue futur. Cette compilation de textes par l'auteure Nina Zivancevic reflète une vie de rencontres intellectuelles, de rencontres produites à travers la musique (Lou Reed et John Cage) et des livres (Walter Benjamin ou de Kafka). Ses poèmes nous ouvrent sa porte, nous invitent à entrer et à voir et revoir ce que les livres, la musique, la cuisine, l'art plastique et les idées d'autres artistes ont légué à la poésie contemporaine. Jennifer K Dick. Illustration de couverture : Mihailo Stanisavac

09/2021

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Littérature étrangère

La confusion des sentiments et autres récits

Retraduire est une donnée nécessaire et paradoxale. Nécessaire parce que toute traduction vieillit et doit s’adapter aux époques et à la langue qui évolue. Paradoxale parce que, si l’œuvre originale vieillit aussi, elle échappe par nature à toute tentative ou tentation de modification. En 2013, une très grande partie de l’œuvre de Zweig tombe dans le domaine public, événement d’une grande importance littéraire et éditoriale, puisqu’il permet d’engager de nouvelles traductions, souvent pour le plus grand bénéfice de l’oeuvre. Celle de Stefan Zweig est déjà largement traduite en français, ce qui en fait l’un des auteurs de langue allemande les plus lus en France. Mais certaines traductions remontent à plus de quatre-vingts ans – quelques-unes ont même été publiées du vivant de l’auteur – et beaucoup méritaient d’être rafraîchies ou adaptées aux critères d’aujourd’hui. Cette édition regroupe la quasi-totalité des récits de Zweig, un genre littéraire dans lequel il excellait. Ses meilleurs écrits sont, en effet, des formes brèves. Ces 35 récits, confiés à une équipe de huit traducteurs sous la direction de Pierre Deshusses, sont présentés ici, pour la première fois, de façon chronologique, ce qui permet de mieux saisir l’évolution de l’écriture de Zweig et les répercussions de la maturité sur l’analyse des problèmes qu’il traite, parfois très actuels. Certains de ces textes, pratiquement inconnus, comme Rêves oubliés, Deux solitudes, Une jeunesse perdue, La croix… vont révéler au lecteur des aspects nouveaux de l’auteur. On retrouvera aussi les œuvres les plus connues : Amok, La Confusion des sentiments, Le Joueur d’échecs… L’ensemble évoque, sur un mode souvent aux antipodes du naturalisme, les destinées le plus souvent tragiques de créatures fragiles et menacées, la puissance démoniaque de la passion. L’intérêt pour la psychologie des profondeurs de celui que Romain Rolland disait un « chercheur d’âme » est tel qu’on l’a souvent considéré comme un émule de Freud. Cette affirmation mérite d’être nuancée, mais il est vrai que Zweig attache plus d’importance au caractère de ses personnages qu’au milieu dans lequel ils s’inscrivent. Il nous offre ce qu’on appelle une « typologie des formes de la passion ». 81

02/2013

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Management

Conter et compter

Gérard Schoun, à qui l'on doit déjà des réflexions sortant des sentiers battus, comme " Capital Humain versus Humain Capital " ou " Diriger Après Vivre Avec ", s'interroge ici sur la force que confie à l'entreprise une raison d'être, sur la difficulté à mesurer une performance autre que financière, et sur les mutations d'une gouvernance soucieuse du bien commun. Dans sa préface, Patricia Savin salue un " ouvrage puissant, inspirant et prospectif ". Daniel Corfmat (Président de l'Association des Dirigeants et Administrateurs d'Entreprise) : " La gouvernance, en prise avec les grandes interrogations que suscite un monde de plus en plus incertain, est centrale pour relever de nombreux défis, dont celui du sens. Le dernier opus de Gérard Schoun met en exergue cet impératif, à la fois économique et moral. " Bertrand Desmier (Senior Advisor Tennaxia) : " Un livre passionnant... Je retiendrai son emprunt au prologue de Saint Jean " au commencement était le Verbe, pas le tableur Excel " à mettre en perspective avec " tenir un compte de faits plutôt que de nous susurrer un conte de fées ". Et c'est bien là toute l'ambiguïté ; si les entreprises ont besoin de récits pour forger et donner du sens à leur raison d'être, les parties prenantes ont néanmoins besoin du chiffrage des actions mises en ouvre pour jauger la pertinence des stratégies déployées. " Victor Gherardi (Directeur Les Mots en entreprise) : " Un livre important, enthousiaste, et sans idéologie... En creux, ces lignes sont aussi la démonstration de ce que seul le récit permet : donner une profondeur de champ, tracer un sillon, et offrir un remède contre la désillusion. " Julie Petithomme (Directrice ESG du Groupe Colisée) : " Comme l'expose Gérard Schoun avec adresse et philosophie, la mesure extra financière n'est pas chose aisée et demeure un défi d'aujourd'hui et de demain. Bravo pour ce bel ouvrage. " Martin Richer (Président de Management & RSE, Directeur de l'Executive Master Trajectoires Dirigeants de Sciences Po) : " Gérard Schoun. puise à toutes les sources, la philosophie, les sciences sociales, le management et même la psychanalyse, pour nous interpeller et nous donner à voir l'entreprise et le leadership de demain. " Ingrid Vaileanu (Rédactrice en chef d'Interview Francophone) : " Une véritable diversité de savoirs réunis ici avec intelligence et audace. "

10/2023

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Poésie

Aimer grand jour

A l'encre rouge, en lettres capitales. Aimer, grand jour. Quoi de plus simple, de plus décisif, de plus sincère ? Aimer serait une évidence... ? A travers les fragments qui composent ce livre, Florence Saint-Roch explore et révèle ce qu'on pourrait nommer la quintessence de l'amour. Non pas seulement, c'est essentiel, le sentiment amoureux, mais bien l'acte d'aimer. Le poème met en lumière le chemin déjà parcouru et, dans le même temps, continue d'interroger, avec discernement et courage, le couple. La poétesse parcourt cet espace du couple dans une quête continuelle de l'autre et d'elle-même. A lire ses vers, on ne peut que sentir et se laisser imprégner de la confiance, de la sérénité, de la lucidité, de l'humilité, qu'implique la volonté d'un tel cheminement. C'est une aventure banale mais pourtant elle révèle ce que le coeur humain peut avoir de plus extraordinaire. Car il faut tenir. Toujours. Malgré tout. Se rapprocher encore et encore. Et pourtant aussi tenir à la différence de l'autre. Soigner dans l'union l'altérité. Pour créer un tout supérieur à la somme des parties. Le livre de Florence Saint-Roch est moins une déclaration, une promesse, qu'un dépassement de soi et une invitation continuelle. Accomplir chaque jour ce "grand jour" , dans le doute et dans la faiblesse, de toute sa volonté et de toute sa liberté. Une multitude d'acte pour un seul, une multitude de mots pour un seul, transcendant, aimer. Au creux de ces vers, le hasard n'a plus sa place, seule agit la parole créatrice. Elle manifeste la présence par un mouvement continuel : elle libère, elle conduit, elle édifie, elle accompagne, elle protège, elle désire... Pourquoi offrir un poème ? L'office de la parole, a écrit Juarroz, est un acte d'amour, créer de la présence. Aimer grand jour n'est par un acte isolé, c'est un don au monde. Ecrire et publier (rendre public), annoncer au grand jour. Alors, le poème, cet acte d'amour, quitte l'espace intime, le secret du coeur, se trouvera répété à chaque lecture, réponse à son invitation.

12/2014

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Théâtre - Pièces

Chaque âge à ses plaisirs. Marivaudage en trois actes

Pièce de théâtre sans doute écrite à la fin des années 1940 ou au début des années 1950, oeuvre de jeunesse donc, elle ne peut manquer de surprendre déjà ceux qui connaissent Gilbert Durand en tant que philosophe et anthropologue. Sans doute, il est vrai, une autre oeuvre théâtrale, L'oeuf de Pâques, aura déjà pu attirer leur attention sur cet aspect méconnu de son activité intellectuelle et littéraire. Mais elle est peut-être plus surprenante encore, dans la mesure où l'on y retrouve bien des thèmes qui seront développés plus tard dans ses livres qui ont fondé les études sur l'imaginaire et les mythes. Dans cette pièce de théâtre qui se veut légère, six personnages sont réunis autour des plaisirs liés à chaque âge de la vie et surtout autour de celui de l'amour qui les transcende tous, comme un septième personnage, très allégorique. Or, le principal souci de la plupart des personnages dans la recherche de l'amour est avant tout celui de la séduction, qui s'achève là où l'amour commence. Ce sont plusieurs des schèmes de la séduction et autant de codes sur lesquels elle repose qui sont ici décrits. Il y a plus encore toutefois. C'est aussi le fondement sur lequel Gilbert Durand construira sa théorie qui est déjà esquissé ici, en l'occurrence l'hypothèse que le projet imaginaire, la création d'images que toute activité humaine, directement ou indirectement, suscite, n'est jamais que la compensation apportée à l'angoisse de l'homme devant la mort. On le voit, cette pièce de théâtre, au travers, ou au-delà, du marivaudage dans lequel elle s'est placée, livrait déjà en creux bien des aspects de ce que sera la réflexion de l'anthropologue et ouvrait bien des pistes pour une recherche qui n'attendait plus qu'il lui fournisse des méthodes. Et, en attendant qu'elle puisse trouver une adaptation sur la scène théâtrale ou lyrique, sa lecture ne peut que constituer une merveilleuse introduction, ludique tout autant que didactique, aux études sur l'imaginaire.

03/2023

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Langages informatiques

Windows PowerShell. Administration de postes clients Windows, 4e édition

Ce livre s'adresse bien sûr aux administrateurs système Windows, mais également à tous ceux qui souhaitent administrer et gérer un parc informatique en entreprise avec le langage de script PowerShell. Cette quatrième édition de l'ouvrage est basée sur la version 5. 1 de Windows PowerShell (mais est compatible avec la dernière version PowerShell 7) et l'auteur présente l'administration de postes clients sous Windows 11. Les opérations d'administration décrites sont également compatibles avec Windows 10. Les nom­breux exemples proposés vous permettront de développer vos propres scripts afin d'automatiser de nombreuses tâches administratives et d'augmenter la productivité et l'efficacité de vos actions quotidiennes. Après un rappel des commandelettes PowerShell de base sur la manipulation de ressources (fichiers, registres, certificats, etc.), l'auteur décrit de nombreuses cmdlets permettant d'administrer le système d'exploitation Windows (incluant ses paramètres et la sécurité), mais aussi la gestion des logiciels ou encore celle des périphériques connectés à l'ordinateur (réseaux, stockage, imprimantes). Un chapitre est dédié à la recherche et la collecte d'informations : recherche de fichiers, variables d'environnement mais aussi exploitation de WMI pour la récupération des innombrables informations qui peuvent être utilisées pour monter des structures conditionnelles dans les scripts, ou plus simplement pour auditer des postes de travail. L'auteur développe également l'installation d'applications via le gestionnaire de paquets qui facilite la préparation des postes de travail dans un milieu professionnel. L'administration à distance des postes clients avec la fonctionnalité PowerShell Remoting est décrite, permettant ainsi aux administrateurs d'envoyer des commandes, mais aussi des scripts sur un ou plusieurs ordinateurs distants. La partie scripting n'est pas oubliée : l'auteur présente le développement et le débogage de scripts dans Windows PowerShell ISE, mais aussi le déploiement de scripts par GPO. De nombreux conseils et recommanda­tions sont décrits, comme l'utilisation de fichiers XML et JSON pour stocker les infor­mations relatives aux différents environnements d'exécution des scripts. Les scripts présentés dans le livre sont en téléchargement sur le site www. editions-eni. fr et peuvent être adaptés à votre infrastructure.

12/2023

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Romans historiques

Une relation viennoise

La première page s'ouvre sur un questionnement : qui est donc l'auteur de cette " relation " ? S'agit-il d'Eugen W., autrichien et journaliste de son état, ou de quelque autre ? Et qui l'a adressée, par simple courrier, au " traducteur " français ? Sans réponse certaine du manuscrit, nous embarquons avec Eugen et son cercle d'amis pour une destination alors peu courue, une île de Dalmatie, possession austro-hongroise au temps de la grandeur des Habsbourg. Le groupe de complices a en effet décidé de s'y livrer à une curieuse recherche. Nous sommes à l'automne 1912, et les jeunes Viennois s'intéressent beaucoup plus à Sigmund Freud ou à leurs premiers émois qu'aux réalités du continent européen. Eclate bientôt la crise dans les Balkans, et en quelques semaines, l'atmosphère de villégiature cède la place aux interrogations lancinantes, aux incertitudes que suscitent également dans leurs âmes inexpérimentées les confidences d'un surprenant médecin. Le séjour tourne au drame, tandis que se profilent la Première guerre mondiale et la fin de l'Autriche-Hongrie. Quand le manuscrit et les amis abordent à l'entre-deux-guerres, à ces années qui commencèrent folles, une Europe nouvelle est apparue. Eugen couvre les tractations diplomatiques préludant aux accords de Locarno, ceux que les peuples crurent le ciment d'une paix qui durerait. Où mèneront ses amours avec l'amie retrouvée - mariée à un diplomate de la Société des Nations ? Et cet imbroglio international qui mêle la France, l'Angleterre... et la Lithuanie ? Toute trace en a aujourd'hui disparu des archives européennes... Alors, fiction ou réalité, selon les termes mêmes de l'avertissement que nous a laissé le " traducteur " en préambule de l'ouvrage ? Le Second conflit mondial vient en tout cas rattraper, dans les confins de la Baltique, des personnages de plus en plus impuissants devant le déchaînement de l'Histoire. La guerre totale, et les violences exercées sur les populations de pays comme la Lithuanie, achèvent de donner au récit une densité et un intérêt dus pour partie à la perspective historique adoptée par l'auteur, dans une Europe meurtrie où l'esprit de Locarno et les rêves de paix ne sont décidément plus que pâles et lointains souvenirs.

02/2006

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Actualité et médias

Militants

Pour la première fois en France, les 9 et 16 octobre 2011, des « primaires ouvertes » permettront à tout citoyen inscrit sur les listes électorales de désigner le candidat du Parti socialiste à l’élection présidentielle de mars 2012. Mais aujourd’hui, l’inquiétude grandit : ces primaires dépossèdent-elles les adhérents du choix traditionnel de leur candidat ? Font-elles peser sur eux une pression trop forte ? L’affaire Strauss-Kahn redistribue-t-elle les rôles et les enjeux ?Ces questions, et bien d’autres, les militants se les posent déjà sur le terrain. Mais qui sont ces dizaines de milliers d’hommes et femmes de l’ombre ? Quelle histoire personnelle, familiale ou professionnelle les a conduits à s’engager à gauche ? Quels sont leurs héros ? Leurs motivations ? Qu’ils tractent ou débattent, les militants parlent rarement d’eux-mêmes.Partir à leur rencontre dans toute la France est l’objectif de ce livre conçu à la façon d’un carnet de voyage. Prendre le temps d’écouter, remonter la pente des souvenirs, s’ouvrir aux rêves et faire un bout de chemin avec eux le temps d’une réunion de section, d’une balade dans une région, d’un repas, d’une fête. Recueillir des histoires de famille, d’amour, d’amitié, d’inimitiés, de batailles perdues ou gagnées ensemble permet de dessiner par sa base le portrait en creux du Parti socialiste. Et celui d’une France militante trop souvent laissée de côté. Le parcours débute à Jarnac lors des commémorations des quinze ans de la disparition de François Mitterrand, passe par l’Île de Ré, Carmaux – la terre de Jaurès –, Lille, Alençon, l’Aveyron, la Corse, le quartier de La Courneuve ou la très chic section du vie arrondissement de Paris. Au fil des régions, les territoires historiques de la gauche succèdent aux « terres de mission ». « À quoi reconnaît-on un militant socialiste ? Il est enseignant, barbu et cotise à la Camif », répond en forme de boutade un adhérent de longue date. C’est un tout autre profil qui émerge à l’occasion de ce voyage au coeur de la France militante. Des figures, des caractères, et une véritable foi dans le politique que l’on croyait à jamais disparue

10/2011

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Philosophie

La plus belle histoire de la philosophie

C’est une longue épopée, engagée depuis l’Antiquité, qui se poursuit encore aujourd’hui, une aventure pleine de passions, de révoltes, de revirements et de coups de génie. Telle est l’histoire de la philosophie, vue et racontée par Luc Ferry : une conquête obstinée, menée au fil des siècles par une poignée d’explorateurs qui, soudain, trouvent une nouvelle clef pour donner un sens à la condition humaine et bouleversent fondamentalement notre manière de penser. Pourquoi et quand s’est-on mis à philosopher ? Comment les grands concepts se sont-ils succédé au fil des siècles ? Comment et pourquoi Platon, Descartes, Montesquieu, Hegel, Schopenhauer, Marx, Nietzsche, Freud, Heidegger, et quelques autres – les grands défricheurs de la pensée ne sont pas si nombreux – ont-ils eu soudain l’intuition qui a tout changé ? Dans un dialogue limpide et sans jargon avec Claude Capelier, Luc Ferry déroule le fil chronologique depuis les origines antiques jusqu’à nos jours et décrit les six grandes étapes décisives qui nous ont ouvert un nouvel univers. On le verra, l’histoire de la philosophie, comme celle de l’art, n’aime pas la ligne droite, elle connaît des zigzags, des revirements, parfois des errances, et les grandes idées d’autrefois n’ont pas forcément perdu leur pertinence. Pourtant, Luc Ferry le raconte ici, elle semble quand même avancer dans un certain sens – oserait-on même parler d’un certain progrès ? Plus on explore, plus on défriche et plus on s’approche de l’intime, de l’essence de l’homme. Et c’est la grande originalité de ce livre que de nous faire apparaître la philosophie comme une quête essentielle, à la fois millénaire et furieusement actuelle. Où en est-on à l’heure de la globalisation, des espaces virtuels et des intégrismes recyclés d’un autre âge ? Comment répondre à notre désarroi face à un monde qui, une fois encore, nous glisse entre les doigts ? Par l’amour, suggère le philosophe, ce concept à la fois si banal et si complexe, susceptible de nous offrir une meilleure compréhension de notre temps, et peut-être de nous-mêmes.

01/2014

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Psychologie, psychanalyse

Généalogies

Dans ce livre, je raconte mes origines, mon enfance, ma formation intellectuelle, ma rencontre avec les maîtres qui m'ont donné le goût de la recherche : Gilles Deleuze, Michel de Certeau, Louis Althusser, d'autres encore. Au-delà de l'exposé de la méthode qui m'a permis de collecter les archives nécessaires à mes travaux sur le freudisme, j'ai l'impression de témoigner pour une génération : celle qui trouva dans le structuralisme, dans cette alliance particulière de la littérature, de la linguistique, de la philosophie et du marxisme, de quoi alimenter un engagement distinct de celui de Sartre. J'ai prolongé ce travail généalogique par un développement consacré à la genèse du troisième volume de l'histoire de la psychanalyse en France : Jacques Lacan. Esquisse d'une vie, histoire d'un système de pensée. J'y explique l'état de l'historiographie freudienne dans le monde, les difficultés posées par le traitement des archives, la crise des institutions psychanalytiques et le développement d'un courant " révisionniste " lié en partie à la question américaine de la political correctness, du culte des minorités, de l'anti-universalisme. J'y réponds aussi aux critiques qu'a inspirées cet ouvrage et aux questions toujours plus personnelles qui m'étaient posées dans les débats consacrés à la place de ce maître paradoxal dans la descendance des interprètes de la découverte de l'inconscient. En contrepoint, ce livre propose une chronologie du freudisme depuis le 6 mai 1856, date de la naissance de Sigmund Freud, jusqu'à nos jours. On y trouve, année après année, les événements qui ont marqué l'histoire de la psychanalyse dans le monde, immergés dans l'histoire générale, politique et intellectuelle. Ces annales, qui dépouillent le freudisme de ses légendes et de ses rumeurs, forment la trame à partir de laquelle j'ai rédigé les 2500 pages de mes travaux sur la question. Historienne, docteur ès lettres, Elisabeth Roudinesco est directeur de recherche à l'université de Paris-VII, chargée de conférences à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, vice-présidente de la Société internationale d'histoire de la psychiatrie et de la psychanalyse.

01/1994

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Musique, danse

Au coeur du punk US. Les archives du Iggy Pop Fan Club

Gilles Scheps est un de ces gamins parisiens dont l'existence va être changée à jamais par le rock. II devient assidu des concerts dès 1970 avec les Rolling Stones. Deux électrochocs majeurs alimentent la suite de sa vie : Brain Capers de Mott The Hoople et Fun House des Stooges. Juste avant l'ère punk, Gilles décide qu'il faut absolument soutenir le leader des Stooges, Iggy Pop, alors au creux de la vague. Il fonde le fan-club français du chanteur, puis son organe de promotion auquel participera activement son ami Olivier Lalo : le fanzine I Wanna Be Your Dog Afin de l'alimenter en matière fraiche, Gilles Scheps parcourt les Etats-Unis ã la rencontre du punk américain naissant et de ses pionniers Ramones, New York Dolls, Flamin'Groovies, Ron Asheton... Dès la fin de l'année 1976, Gilles Scheps est au coeur du mouvement punk avec son fanzine, que ce soit en France ou en Grande-Bretagne. C'est l'époque de l'Open Market, de Starshooter, Little Bob Story, des débuts de Police, des concerts en Europe de Johnny Thunders et de ses Heartbreakers... Mais c'est aussi celle du grand retour d'Igge Pop sur disque et sur scène, grâce à raide de David Bowie. Très impliqué, Gilles Scheps réussit à publier, grâce à ses contacts, l'unique album du groupe post-Stooges de Ron Asheton : The New Order. I Wanna Be Your Dog ale plaisir d'accueillir de nombreuses collaborations issues de la presse spécialisée française de l'époque : Francis Dordor de Best, Philippe Manoeuvre et Daniel Vermeille de Rock & Folk, Alain Pacadis de Libération... Le punk secoue la scène rock mondiale, et le siège du Iggy Pop Fan-Club est l'un des lieux où se croisent les meilleurs artistes du mouvement à Paris. Les auteurs vous invitent au coeur du réacteur punk. Cet ouvrage retrace l'aventure de Gilles Scheps, de sa découverte du rock à nos jours. L'aventure du Iggy Pop. Fan-Club et de I Wanna Be Your Dogy est généreusement retracée. Vous y retrouverez les rencontres aux Etats-Unis et en Europe, des interviews, chroniques et articles, ainsi que de nombreuses photographies, toutes rares et inédites.

12/2019

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Critique littéraire

Cahiers 1894-1914. Tome 10, 1910-1911

Les années 1910-1912 constituent dans l'œuvre de Valéry une période charnière. Cahiers, blocs-notes et carnets mettent en évidence les voies diverses où il commence à s'engager. Relégués désormais les grands registres, les cahiers de petit format prennent la relève en 1910. Recueils de notes rédigées, ils ont presque le statut d'œuvre à publier. Valéry s'installe dans le texte en fragments d'allure littéraire. Il écrit ou ébauche des pages qui paraîtront dans les années vingt : ainsi le " Log-book de M. Teste " -Teste, héros jamais perdu de vue; ainsi les fragments recueillis dans la plaquette Au crayon et au hasard. puis dans Rhumbs en 1926, et le Cahier B 1910, d'abord reproduit en phototypie. Le manuscrit original, calligraphié. porte les marques de la première lectrice : dans les années vingt, Catherine Pozzi (Karin) sigla de son paraphe CK (ici reproduit) les passages qu'elle appréciait. Rythmant le texte, cette effraction est la trace de l'aventure intellectuelle et affective qui s'est alors jouée. En 1911 Valéry revient, dans des blocs-notes, aux grands axes de sa réflexion : la relation esprit-corps, le langage, le temps, et surtout le rêve dans le cahier " Somnia ". S'il connaît alors sans doute. de seconde main, le Freud de la Traumdeutung révélée par des comptes rendus, Valéry ne cherche pas une " interprétation " des rêves, mais des lois conduisant à une théorie générale liée à sa conception combinatoire du fonctionnement de l'esprit. Deux carnets de poche éclairent cette période et apportent des repères biographiques. Ils montrent un Valéry au quotidien notant des achats, des adresses d'amis, des rendez-vous. Appartenant à un corpus naguère ignoré, ils révèlent les impressions, idées, formules de premier jet qui sont germes de textes. Gênes et ses rues animées, Florence et ses édifices célèbres s'inscrivent dans le carnet " Genoa " rédigé durant un séjour en Italie, et riche de croquis : des statues de Michel-Ange, un portrait de Raphaël, le palais Pitti. Le vécu personnel, sensoriel, affectif, intellectuel s'y inscrit, donnant bientôt naissance à des proses poétiques. Ce qui se cherche ou se pressent, dans ces années, c'est l'expression plus libre d'une sensibilité affleurant au sein même de la pensée abstraite.

06/2006

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Cinéma

Espace négatif

««Dieu merci, je suis athée», aimait à dire Bunuel dans l'une de ces boutades malicieuses dont il avait le secret, qui sert de titre à un tableau de Manny Farber en 1981. Peut-être faut-il nous en souvenir à notre tour pour pouvoir suivre ce dernier (aussi original comme peintre que comme critique), ainsi que sa compagne Patricia Patterson (elle a coécrit une partie de ce livre), sur la voie inattendue de la mobilisation aventureuse du cinéma et de ses auteurs, qui l'a mené de la découverte, dans les années cinquante, des «films souterrains» de Hawks, Fuller ou Siegel, alors méprisés par l'ensemble de la critique américaine, à la défense pas toujours évidente là-bas, dans les années soixante-dix, de ceux de Godard, Fassbinder ou Chantal Akerman. Mais peut-être faut-il surtout, plutôt que de rappeler une fois de plus ses combats longtemps solitaires en faveur des séries B et de leur style bas de casse (à l'encontre des prétentions arty d'un certain cinéma hollywoodien et européen), revenir aujourd'hui avec lui à ce qui, ici et là, n'a toujours pas été enseveli sous les oripeaux du Grand Art. En substituant ainsi à la transcendance «éléphant blanc» de l'auteur l'immanence «termite» de la politique, à la fixation sur le nom propre de l'un la ligne de fuite anonyme de l'autre, à l'avenir majoritaire du tout-à-l'auteur le devenir minoritaire des films eux-mêmes, aux filiations internes du cinéma les alliances externes avec le réel, aux héritages critiques de la cinéphilie les contagions cliniques des alliages artistiques, et aux invariants religieusement entretenus de la politique des auteurs les variations chaotiques de ses ritournelles funky, Manny Farber, le critique termite, a su faire flèche de tout bois pour s'en prendre au bois même de l'arbre de la cinéphilie, à ses racines les plus profondes autant qu'à ses branches les plus apparentes. Plus encore qu'un terrier, on l'aura deviné, la galerie termite est un rhizome en creux, en négatif, qui prolifère tel un bienheureux chiendent à l'orée, dans les interstices et sous la surface du bâti cinématographique.» Patrice Rollet.

03/2004

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Littérature française

Etudes de tristesse

Cartographie du parcours sentimental et spirituel d’un certain Félix Ouvaroff, Etudes de tristesse narre le voyage intérieur d’un enfant “né du vide”, qui pose sur des souvenirs choisis dans les trente premières années de sa vie un regard doux-amer. Un roman du désir et de la beauté, conduit avec tendresse dans une langue élégante et ciselée. “D’un pays jamais nommé, qui sent la neige, la sacristie et l’encens, à la terre des onnagata, en passant par celle de Botticelli ou du mouroir de Kalighat”, Etudes de tristesse conte le voyage spirituel d’un homme que le lecteur accompagne pendant les trente premières années de sa vie. Abandonné à sa naissance, adopté par une famille que lui-même n’adopte pas totalement, Félix Ouvaroff n’aura de cesse de rechercher le “pays perdu”, une sorte de paradis dont il aurait été exclu dès sa naissance. “Tendues par une certaine logique du flou, du déracinement”, les Etudes tentent ainsi de retenir les pans d’une vie dans laquelle le personnage flotterait inconsciemment. Christian Dumais-Lvowski y dessine, en creux, le portrait d’un personnage infiniment sensible et pudique, témoin de vies mélancoliques ou sacrifiées, dans lesquelles les questions de la mystique et de la finitude courent en filigrane. C’est en effet au contact de la peine des autres et dans l’empathie qu’Ouvaroff construit ou reconstruit son identité et son intégrité. Au fil des étapes (Inde, Japon, Angleterre, France, Italie…) de ce parcours initiatique où est suggérée la “ présence” de quelques figures tutélaires, se dessine peu à peu un chemin qui va du sentiment de manque à la possibilité d’offrir, de la conscience de l’abandon à la volonté d’adopter. Par des chapitres brefs où s’inscrit le mémorial de chaque destin, l’auteur capture l’image fugitive des corps désirés ou perdus, désirables ou déliquescents, et la troublante clarté du religieux et de l’érotique, du deuil et de la sensualité. Sous le signe du “Christ mort” d’Holbein, suspendu au-dessus des mots dès le début du livre, ces Etudes de tristesse interrogent, dans une langue précise et délicate, tout à la fois la douceur et la douleur de notre précaire passage en ce monde.

03/2011

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Théâtre

Plein coeur

C'est une histoire inventée, dictée par les courants. Une histoire enfouie au creux des océans. Celle de Joy, fleur de pavé en mal de douceur, arrachée à son bitume pour être envoyée là où elle ne gênera plus, vers ces Antilles aux parfums de vanille qui, elle l'espère, lui ouvriront grand les bras comme une Mama créole. Celle de Caron, passeur de peu de mots qui met le cap sur les îles malgré l'ombre du kraken, le chant des sirènes et le souffle des noyés pour y livrer sa cargaison. C'est l'histoire d'un face-à-face. D'un voyage entre deux eaux. Le dernier. Mais ça, Joy ne se l'avoue pas vraiment. Elle préfère s'accrocher à la promesse d'une vie plus belle, à cet amour qui l'attendra, elle en est sûre, au terme de la traversée. Alors, seulement, ses racines repousseront... C'est une pièce sur l'exil. La solitude. Les quotidiens à réinventer et les proches qu'on laisse derrière soi. C'est une pièce sur la joie. Les souvenirs qui tiennent chaud et les rêves qui donnent la force de continuer. C'est une pièce sur l'enfance. Comme elle fait mal... Comme nous aspirons pourtant à la retrouver. C'est une pièce sur les femmes, leur talent pour la vie, leur soif de liberté. La nécessité de faire des choix et d'être la seule à savoir ce qui est bien pour soi. C'est une pièce sur les mots et leur pouvoir autoréalisateur. Comme ils nous détruisent... Comme ils savent si bien nous rafistoler. C'est une pièce sur les faiseuses d'anges, les ailes qu'on déploie et les âmes qu'on dit soeurs. Les regards dont on s'éprend et les rencontres qui chamboulent une vie. C'est une pièce sur tout ce que nous avons en commun. Nous, êtres humains. Quels que soient la couleur de notre peau, notre âge, genre, culture, religion, revenu et sexualité. C'est une pièce sur la vie. Et la fin du périple. Là-bas, de l'autre côté

10/2018

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Sciences historiques

Le fléau de Dieu. Au temps des Sarrasins

Damien Tracqui évoque le Moyen Age en poète inspiré : son roman, limpide et tourmenté, grave et étourdissant de verve, est à l'image de ce Xe siècle où s'épanouit l'amour parfait d'Eldrine et Colomban : âge de ténèbres et de lumière, rayonnant de foi et terrifié par la damnation, pénitent et paillard, confiant aussi bien en la sainte figure de Landry qu'en l'énigmatique sorcier meneur de loups ; immense nuit de violences que déchirent des éclairs de pure compassion où la fulgurance des miracles... Dans ce monde noir comme l'enfer, bleu et or comme les yeux de la Vierge que peint Jean-Chrysostome à l'abbaye de la Novalaise, une troupe de guerriers sarrasins, emportée par la fièvre de l'aventure et la passion des armes beaucoup plus que par l'ardeur à servir la foi musulmane, débarque en Provence et remonte vers les Alpes. Passant châteaux altiers ou hameaux crasseux, ils vont allégrement leur chemin semé de viols, de rapines et de crimes, et se fixent dans la Haute vallée de la Maurienne, terre hostile, mais place de choix pour rançonner les pèlerins qui se rendent à Rome par le Mont-Cenis. Là ils dressent leur bastion, entre Lanzo (Lanslevillard) et Beczano (Bessans). Au fil des ans, quand la noblesse du cœur parle plus haut que la différence de race et de religion, des amitiés indéfectibles se nouent, des amours se tissent entre sarrasins et montagnards - et naissent des enfants marqués au creux des reins de la tache bleue mongolique qui signe leur ascendance sarrasine. Lorsque les Maures doivent refluer, chassés par une vaste croisade, ils ne s'en retournent pas tous vers leur pays... L'Histoire ou la Légende ? Du côté de Lanslevillard et de Bessans, " on a toujours dit " que les sarrasins sont venus et ont fait souche ici. On a toujours dit... A l'heure où s'éteint la flamme tremblante des veillées, Damien Tracqui relaie la Tradition orale, insuffle à la mémoire l'éternité que confère l'écrit et donne à son pays natal la geste qui lui manquait. Eldrine et Colomban, avec leur ami Slimane le sarrasin s'unissent pour marquer la Légende du sceau de l'Histoire.

07/2006

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Poésie

Vous étiez ma maison

Je suis entrée chez vous. Comme dans un terrier. Je me souviens du feu dans l'âtre. Vous. Votre maison. Votre allure de fée. Une odeur de résine, de sauge et de plantain. Des bougies sur la table. Les flammes dans la cheminée. Des tissus, des tapis, des flacons. Un piano. Et des icônes de Marie. Vous. Votre douceur d'aïeule. Et mon corps qui se dénoue un peu, qui replie griffes et crocs. Vous me regardez dans les yeux. Vous me lisez. En creux. En silence. Au milieu. Violaine Lison guide ses lecteurs comme au travers d'un conte. Une narratrice voyage des rues pavées de la ville aux sentiers sinueux des forêts, entre les arbres et les fougères, parmi bêtes et plantes. Elle y croise une femme âgée, mi-fée, mi-sorcière, figure bienveillante qui rapièce et protège, joue du piano et de la machine à coudre. Cette dernière invite la visiteuse à passer le seuil de sa maison, à s'entourer de ses objets, de ses odeurs, des ronronnements du chat et des craquements du feu de cheminée. Une relation dense se tisse entre les deux femmes. Les lundis deviennent leur rendez-vous régulier avec la forêt et la vieille machine à coudre. Les vêtements, comme des secondes peaux, sont réparés avec soin, les blessures cicatrisent et les coeurs s'allègent. Votre maison appartient à la forêt. Il n'y a pas de frontière, pas de douane. Vous habitez les bois. Et les bois vous habitent. Des châtaigniers mangent à votre table. Votre potager a le pouls régulier d'un bocage. Mais lorsque la maison se vide sans prévenir, c'est un terrible silence qui s'installe. Questions et doutes refont surface : vers qui se tourner quand les repères disparaissent, quand les lieux familiers deviennent lointains et que les gestes rassurants perdent leur sens ? comment appréhender un tel héritage ? à nouveau la nature bienveillante sera le refuge... L'écriture à fleur de peau de Violaine Lison nous emmène, au rythme des nuits et des chapitres, à nous perdre en forêt et à y découvrir des chemins cachés, des clairières secrètes ou des cabanes de sorcières, pour mieux s'y retrouver ou pour se construire un lieu à soi.

09/2022

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Histoire de la peinture

Traité de peinture

Christian Bonnefoi (1948-) est un artiste peintre et théoricien. Il a présenté de nombreuses expositions personnelles, depuis 1977, à Paris, Cologne, New-York, Berlin, Londres, Tokyo... Docteur en histoire de l'art (Sorbonne), il est également l'auteur de nombreux articles et écrits sur l'art qui jalonnent son parcours depuis plus d'une cinquantaine d'année. Figure marquante de la peinture contemporaine en France, l'oeuvre de Bonnefoi s'est élaborée patiemment dans une reprise de la question du tableau et du pictural dont il s'est efforcé de repenser à nouveau frais les fondements. Comme l'écrit le philosophe Michel Guérin dans la préface : "Plus que le motif, le moteur de l'écriture de Christian Bonnefoi, c'est la construction d'un concept du tableau, dont la fin n'est pas de se substituer finalement au tableau réel mais d'en partager l'incertaine condition" . Attentive aux opérations que la peinture et le tableau mettent en oeuvre, la pensée de Bonnefoi prend appui sur des auteurs de prédilection et forgent des concepts clés. Le lecteur du Traité de peinture trouvera ainsi convoqués Bergson, Freud, Proust, Benjamin, voisinant avec les Pères (Tertullien, Augustin) ou le théologien Albert le Grand, mais aussi Léonard, Michel-Ange, Mondrian, Picasso, Matisse, et pour les artistes plus contemporains, Jean-Pierre Pincemin, Philippe Rivemal, Saverio Lucariello et d'autres pour construire une série de notions, telles "l'Obscur" , "l'Inachevant" , "machines" , "dispositifs" , "épaisseur" , "mémoire involontaire" , etc. Le premier tome du "Traité de peinture" se compose de trois sections : la première regroupe des textes qui s'efforcent de poser à nouveau frais les conditions d'une pensée du tableau dans l'espace pictural contemporain. La seconde section propose une incursion dans ces problèmes esthétiques en prenant pour point d'attention la question de savoir : "comment faire une composition en forme de récit ? " . Enfin, la dernière section, intitulée explicitement "Exempla", regroupe des textes en grande partie consacrés à des artistes contemporains dans la proximité desquels l'oeuvre de Bonnefoi se construit. L'ouvrage, richement illustré, constitue une ressource précieuse dans le domaine de l'esthétique contemporaine.

04/2023

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Aventure

Djinn Tome 4 : Le trésor

Comme Jade, qui fut la sulfureuse favorite du sultan d'Istanbul avant de devenir son aïeule, Kim Nelson détient maintenant le pouvoir magique qui lui livrera le secret d'un fabuleux trésor disparu comme par enchantement. Ce sésame ouvre, aux confins d'un désert, une bien étrange salle des coffres... Accompagnée de Malek, le jeune Turc dont elle s'est éprise et qui l'a protégée tout au long de son initiation aux sortilèges de l'Orient, la jeune Anglaise Kim Nelson s'est engagée dans le désert afin d'y retrouver le fabuleux trésor mystérieusement disparu que le sultan d'Istanbul voulait offrir aux Allemands pour financer leur armement à la veille de la Première Guerre mondiale. L'accompagne également l'aventurier Amin Doman. Selon lui, la clé du secret de la cachette se trouvait dans le journal intime que la jeune femme a hérité de Jade, la favorite du sultan devenue sa grand-mère. Kim n'a de cesse de connaître toute la vérité sur celle qui fit succomber son grand-père par de subtiles manoeuvres érotiques. Grâce à la puissance de l'hypnose, elle a pu revivre le destin brûlant de Jade. Elle a pu remonter dans son intrigant passé, jusqu'à l'intérieur du troublant harem où sa beauté fatale envoûtait et où elle régna avant de s'enfuir avec Lord Nelson. Elle a pu surtout, au terme d'un torride parcours initiatique qui a libéré des pulsions enfouies au plus profond d'elle, découvrir des vérités dont celle sur le fameux trésor. Ce trésor, seule Jade a pu l'approcher. Tous ceux qui ont tenté de se l'approprier n'en sont pas revenus. Investie des pouvoirs magiques de Jade, Kim détient à son tour la formule qui y donne accès. Soudain se lève une violente tempête qui dresse devant elle et ses compagnons comme un mur de sable. Une première faille leur permet de le traverser. Puis, une seconde porte leur ouvre une caverne au creux de laquelle siège un curieux banquier, gardien d'une série de coffres dont les numéros semblent être ceux d'une loterie dangereuse...

04/2021

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Acteurs

Scandaleuse Sarah. La folle vie de Sarah Bernhardt

Pour les 100 ans de la mort de Sarah Bernhardt, Elizabeth Gouslan retrace l'incroyable parcours de ce monstre sacré, une féministe avant l'heure qui fit scandale à son époque. L'incroyable destin de Sarah Bernhardt, disparue il y a cent ans Elle a vécu au triple galop, à cheval sur deux siècles, exportant sa légende sur cinq continents. De Paris à New York, de Londres à Moscou, tous ont célébré sa beauté, son culot unique et son ambition. Cocteau parle de " monstre sacré " pour la définir et même Freud suspend son portrait dans son cabinet ! De sa naissance en 1844 à sa mort en 1923, la diva a dicté les règles de la vie mondaine, arbitré les élégances, anticipé l'Art Nouveau... Pionnière et narcissique, elle a fabriqué le star system. Seule Sarah Bernhardt sut faire de son quotidien une telle mise en scène, et de sa vie un tel roman à rebondissements. Née dans le ruisseau, d'une mère néerlandaise et d'un père inconnu, elle ne doit sa survie qu'aux largesses du duc de Morny qui entretenait la tante de Sarah. Le dandy donne le coup de pouce qui permet à la sauvageonne d'entrer au Conservatoire et de faire ensuite une carrière sur les planches, à la Comédie française puis au théâtre de l'Odéon. Parcours fulgurant : Sarah, bulldozer à la voix d'or, écrase toutes ses rivales, décroche les rôles titres qu'on ne pensait même pas lui confier, affichant à son palmarès plus de cinq cents spectacles, des dizaines de tournées dans le monde entier et un capital à faire pâlir les plus fortunés. Féministe avant l'heure, Sarah Bernhardt a su tracer sa route dans un monde d'hommes, damant le pion aux machos qui tiraient les ficelles - quitte, notamment, à les mettre dans son lit. Nul doute que cette tornade brune a ouvert la porte à une galaxie d'étoiles. Car, de Bette Davies à Edith Piaf, de Barbra Streisand à Amy Winehouse, de la Callas à Madonna, ces amazones de la scène, à bien y regarder, on toutes quelque chose de Sarah Bernhardt.

02/2023

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Essais

En finir avec l'hystérie (prétendument) féminine

L'hystérie est la plus ancienne maladie psychique du monde occidental, avec la mélancolie. Mais qui sait vraiment ce que cela signifie ? Attribuée à l'utérus, puis au cerveau, et enfin aux nerfs depuis la fin du XVIIIe siècle, l'hystérie est la bête noire de la médecine moderne, et est quasiment devenue une insulte du langage courant. On a du mal à comprendre pourquoi elle subit un traitement si péjoratif sinon par une explication malheureusement simple : l'hystérie serait une " folie femelle ". Honteuse, indigne. La psychiatrie actuelle l'a fait disparaître de son vocabulaire, pourtant l'hystérie exprime une problématique essentielle de l'être humain : en faisant du corps l'expression des souffrances de l'âme, elle souligne bel et bien l'essentielle connexion de l'âme et du corps. De nos jours, les neurosciences ne cessent par ailleurs de l'éclairer de connaissances nouvelles. Assignée depuis toujours aux femmes, l'hystérie ne leur est pourtant aucunement spécifique. Non, l'hystérie n'est pas féminine. Les choses changent : aujourd'hui, elle n'est plus la névrose spécifiquement féminine décrite par Freud en 1895 mais une pathologie sans genre ni âge. De quelle façon se dégenre-t-elle depuis une quarantaine d'années ? A travers des cas de patients, des oeuvres de fiction et des personnages célèbres, tout en s'appuyant sur des travaux scientifiques riches et variés, cet ouvrage explore cette question. Alors qu'on avait pu la croire vaincue par le narcissisme triomphant et les confinements, l'hystérie trouve une nouvelle jeunesse sur les réseaux sociaux, où se joue une séduction généralisée sur fond de tyrannie du paraître, soulevant par là-même des questions sociétales fondamentales. Marqueur de notre besoin d'exister dans le regard des autres, elle reste le fascinant sismographe de notre vivre ensemble. Les femmes n'ont pas fini de se battre pour avoir " un corps à soi ", comme Virginia Woolf revendiquait il y a presque un siècle " une chambre à soi ". Un corps avec lequel être soi plutôt qu'être mal, un corps désirant plutôt que perfusé au désir d'autrui : n'est-ce pas pour les femmes la meilleure façon d'en finir avec cette hystérie qu'on leur accole encore ?

10/2023

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Sociologie

L'atelier du Tripalium. Non, travail ne vient pas de torture !

Le "Travail" est une question centrale dans notre société et l'un de ses principaux thèmes médiatiques. En pleine mutation, il nous ramène également à nos besoins anthropologiques premiers. Savoir aimer et travailler résumait selon Freud, la réussite de toute vie. Hannah Arendt ajoutant que tout homme désire construire une oeuvre (opera en latin), autrement dit être "ouvrier" de sa vie. Avec cette vaste question, les choses ne sont jamais sereines. Comme les influenceurs les plus en vue, le Travail est adulé ou détesté. Coupable de tous les maux et de toutes les "pénibilités" , il est également celui que l'on pleure lorsqu'on est au chômage. Les travailleurs actuels désirent partir dès que possible à la retraite, mais dès qu'ils y sont, ils entament mille activités. L'oisiveté à l'antique, le droit bohème à la paresse sont remplacés par le workaholisme. Avec le télétravail, le bureau n'est plus nécessaire, pourtant la robe de bure d'où il vient étymologiquement semble toujours à la mode. Fort heureusement, contre tous ces maux, les mots sont là. Ils nous ouvrent des horizons. Ils nous aident à repérer les paradoxes, à comprendre les récits, à formuler les hypothèses. L'une d'entre elles, à titre d'exemple : quand nous disons Je vais taffer et non pas Je vais worker, est-ce parce que nous refusons l'anglicisme ou parce que nous gardons inconsciemment la mémoire du Taf, le butin du corsaire ? En explorant l'éco-système du Travail - ses synonymes, ses antonymes, ses versions étrangères, ses ancêtres ou ses jeunes pousses -, ce livre donnera quelques conseils de tri sémantique. A commencer par celui-ci : gardons la racine indo-européenne qui donne aussi bien en ancien français, Trabs, la poutre du bois qui "travaille" , que Trieb en allemand, la pulsion désirante ou en anglais Travel, le voyage... Mais refusons l'étymologie inventée par les moines du Moyen-Age avec leur fameux Tripalium... Le livre s'attachera ainsi à montrer que le Travail, le plus souvent négatif dans nos représentations, peut être joyeux. Baudelaire avait choisi, lui qui disait : "Le travail est encore la façon la plus amusante de passer sa vie".

05/2024

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Psychologie, psychanalyse

La Revue de l'hypnose et de la santé N° 14, janvier 2021

La Revue de l'hypnose et de la santé (n° 14) Quand vous aurez ce nouveau numéro de la Revue de l'hypnose et de la santé, peut-être serons-nous à la fin de cette pandémie historique (mais y a-t-il des pandémies non historiques ? ), peut-être que non. Qu'est-ce que cette pandémie va changer de notre monde ? Nous ne le savons pas. Pas encore. Pour le moins, nous avons à prendre du recul sur ce qui s'est passé. Ainsi, les autrices du dossier se proposent de revenir sur ses débuts, sur ce qui s'est mis en place très vite, puis progressivement, avec la place très particulière que l'hypnose a prise depuis. Notre pratique va-t-elle changer ? Nous lançons la réflexion. D'une manière ou d'une autre, "réenchanter la relation médecin patient" est et reste une nécessité absolue. Nicolas Perret, médecin généraliste, vous propose ses réflexions, concrètes, sur le sujet. Les hypnothérapeutes découvriront les propositions "pas à pas" du psychiatre Jacques Guinard pour optimiser la méthode de double dissociation dans la thérapie des traumas. D'une grande utilité par les temps qui courent ! Tous les lecteurs pourront apprécier le style imagé ericksonien de l'article de Jean-Claude Lavaud à propos d'une certaine histoire de démarrage, trouble sexuel masculin. Des excursions qui font du bien vous sont proposées : celle de Pierre Bouillon pour "Retrouver l'audace de notre enfance" ; la pratique du Miksang, technique de photo contemplative japonaise, et la question de l'âme avec une interview d'Oleg Poliakov. Et puis, vous découvrirez un nouveau Freud, défenseur de l'hypnose, avec l'article étonnant, voire "provocatif" , d'Antoine Bioy. Vous y tenez, et nous y tenons avec vous, une partie importante de la revue est consacrée aux ateliers cliniques, aux techniques hypnotiques et autohypnotiques, au travail thérapeutique, aux échos de ce que la recherche scientifique nous apprend de l'hypnose. En dégustation finale, dans son abécédaire, Gérard Ostermann nous propose la lettre S comme "Suggestion" . A lire d'une traite ou en commençant par la fin, le milieu, ou au hasard... Thierry Servillat

01/2021

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Beaux arts

Les entretiens de la Fondation des Treilles Tome 1 : De la mélancolie

Dans la médecine grecque, la mélancolie, la bile noire, est d'abord un liquide organique, au même titre que le flegme, la bile jaune et le sang. De l'équilibre de ces humeurs ou de leur déséquilibre dépend la santé ou la maladie des individus. Elles déterminent surtout le tempérament de ces derniers, l'esprit et le corps étant indissociables. Le tempérament du mélancolique a préoccupé, bien plus que les autres, non seulement les médecins, mais aussi les philosophes et les poètes, les peintres et les musiciens, car, depuis l'Antiquité également, il est le signe distinctif de l'homme d'exception, du génie. C'est ce qu'a mis en évidence pour la première fois dans la longue durée, l'exposition de Jean Clair, Mélancolie. Génie et folie en Occident. Elle avait réuni par centaines des oeuvres plastiques, des observations scientifiques, des documents imprimés, afin d'illustrer l'histoire mouvementée et les multiples facettes de ce sentiment - le seul qui pense - qui ne se confond ni avec la simple tristesse ni avec notre moderne dépression dont elle participe pourtant. Toutes les époques de la civilisation européenne - et d'elle seule, semble-t-il - ont connu cette affection du corps et de l'âme, cette fureur du créateur, ce désespoir de penser. Elle lui ont donné différents noms : taedium vitae, acedia, spleen, mal de siècle, lypémanie, névrose maniaco-dépressive. C'est à la suite de cette exposition, et pour en discuter une nouvelle fois les tenants et les aboutissants, que des médecins et des psychiatres, des historiens de la pensée grecque, des historiens et des critiques d'art, des historiens de la littérature se sont réunis à la Fondation des Treilles. Dans un esprit transdisciplinaire, ils reviennent ici sur les aspects les plus importants de la mélancolie antique, de l'acédie médiévale, des différentes formes de la mélancolie à la Renaissance et à l'âge classique, du mal du siècle romantique, du spleen baudelairien, des névroses contemporaines. Ces entretiens mettent en lumière la profonde unité de la mélancolie, d'Hippocrate à Freud, d'Aristote à Levinas, de Michel-Ange à Giacometti, des pères de l'Eglise aux cliniciens d'aujourd'hui.

06/2007

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Philosophie

L'EXPERIENCE DE LA LECTURE. Tome 1, La soumission

"Ce qui est risible, c'est la soumission à l'évidence du sens, à la force de cet impératif : qu'il y ait du sens, que rien ne soit définitivement perdu par la mort, que celle-ci reçoive sa signification encore de "négativité abstraite", que le travail soit toujours possible qui, à différer la jouissance, confère sens, sérieux et vérité à la mise en jeu. Cette soumission est l'essence et l'élément de la philosophie, de l'onto-logique hegelienne." Ces mots de Jacques Derrida ont fourni son titre au premier volume de L'expérience de la lecture. La soumission, qui montre que la tradition des métaphysiques occidentales a refoulé une théorie de la lecture, permet au moins trois parcours. Soit le lecteur assimilera cet essai à une longue note ajoutée au texte de Jacques Derrida qui a démontré que l'écriture a toujours été considérée comme seconde par rapport à la parole, elle-même premier signifiant d'un signifié transcendantal et qui a constaté que la lecture a été tenue pour un mode dérivé et imparfait de l'écoute et/ou de la vue. Soit le lecteur lira La soumission comme une approche généalogique ou a-généalogique de cette conception logocentrique de la lecture qui est tout d'abord analysée dans les textes de Platon, figure inaugurale de la métaphysique occidentale. Puis, dans les textes de Heidegger qui, à la fois répète la tradition occidentale et l'ouvre à son autre. Des textes de Descartes, Kant et Hegel sont convoqués pour montrer la filiation de Heidegger à une tradition qu'il ébranle néanmoins. Aux côtés de Heidegger apparaît Freud qui, lui aussi, dans le champ de la psychanalyse, met en évidence les présupposés métaphysiques relatifs à la lecture tout en ne pouvant éviter de les répéter. Quant à Levinas, bien qu'il apporte la richesse de la tradition hébraïque, il se voit néanmoins confronté aux apories d'une théorisation de la lecture prenant en compte la différence sexuelle. Soit, enfin, le lecteur tiendra ce livre pour un commentaire un peu long du court texte de Heidegger : Qu'appelle-t-on lire ?

10/1998